La pleurnicherie ambiante commençait sérieusement à courir sur les nerfs de la De Girier! Oui, bon, certes, Dame de Louhens c'était fait massacré c'était très triste, tout ca tout ca... ok. M'enfin, on n’était pas la pour parler de ca, mince! On était ni dans un salon de thé, ni dans un pleuroir. Pas plus que dans une garderie, d'ailleurs, ajouta-t-elle en voyant la moitié de l'assistance encore agglutiné autour du gosse. Par Sa Déesse! Ils avaient du boulot, non?
Réprimant un grognement d'agacement, La jeune femme se plongea dans le conte de Barrn, s'isolant de l'assemblée de commères dont elle avait été si fière de faire partie. Elle nota l'emploi de l'orthographe Vkaendis et la présence d'une Maya.
"Tiens? Dame Enju? Nous avons notre troisième peuple d'adorateur du dieux soleil, vous aviez tapé juste."
Puis elle relit plus attentivement le conte, notant plusieurs détails... La volonté D'Aanor à rejoindre le Dieux Soleil, ok... l'accouchement... On aurait dit une sorte de... métaphore de la renaissance. En même temps que son enfant voit le jour la mère reprend vie... très symbolique ca, surtout quand on voyait qu'elle "partait" après la puberté de sa fille. Dans un peuple classique, avec famille biparentale, elle aurait vu ca comme un conte d'encourageusement aux nouvelles veuves enceinte, qui devaient surmonter leur perte pour élever leur enfant...
Et ces allusions au vent... vent guérisseur, apaisant, maternel... elle coulât un regard vers l'ex proie de Fleur Arkadia. Il avait parlé a un truc dans ce genre la, non? Sa marque viendrait-elle d'Aanor? Sans doute, puisqu’ils se faisaient passer des petits mots divins... Intéressant. La jeune femme raya "déesse Shin'a'in" de sa précédente feuille de notes, ajoutant Aanor. Puis, saisie d'un doute, elle ajouta à coté jalousie? Apres tout, Celle-Aux-Yeux-Etoilés avait été compagne de Vkandis, qui sait si le monde n'était pas pris dans une "simple" dispute conjugale? Quoique ce soit peu plausible. Alors elle le nota en petit, avec un gros point d'interrogation.
Doucement, comme un chaton qui gratte a la porte d'abord doucement, puis plus fort, elle sentait sa tète s'alourdir. Sans y prêter attention, elle continua à examiner le conte. Soudain, Un passage lui sauta aux yeux. Ou plutôt... a l'esprit. C’était moins visuel que... obsédant. Comme lors de l'une de ses traductions, comme ce soir, déjà lointain lui semblait-il, avec Elsa.
'L'Orbe est au centre, et au centre est le pouvoir. La vie et la mort y sont réunis, pour toujours danger et espoir, ombre et lumière. Aanor garde en son sein l'Orbe et celui qui la possède tuera la lumière, chassera le vent, et ternira les esprits.'
Soudainement, le chaton s'était changé en troupeau de chevaux sauvages chargeant sous son crane. La migraine était insupportable, si seulement... Comme elle l'avait fait une fois, Isabeau s'arc-bouta contre la migraine et réussis à la faire refluer assez pour rester un minimum opérationnelle. Elle se racla la gorge:
"Mes Dames, Mes Demoiselles, Mes Sires... ah non mince... pas de femmes mariées ici. Mes Demoiselles, Mes Sires, donc. Permettez-moi de vous annoncer que si ces trois livres disent vrai, nous sommes dedans jusqu'au coup."
La jeune femme s'interrompit un instant, s'appuyant sur les tempes dans l'espoir un peu fout de diminuer sa migraine.
"L'orbe dont vous nous parlez, Messire Adepte, les livres l'évoquent aussi. Et Cerath ou un autre, elle a déjà été souillée. D'après le manuscrit trouvé par Messire Vlad,... Comment il dit, déjà?... Ah! 'Que le Noir s'en empare et le Vide règnera, tuant à coup sûr les Avatars et éteignant la Lumière.' Je parierais ma rente annuelle que c'est ca, la maladie des Compagnons. Et des autres, d'ailleurs. Quand a celui de Barrn... Il est encore plus clair: 'Aanor garde en son sein l'Orbe et celui qui la possède tuera la lumière, chassera le vent, et ternira les esprits.' Je ne sais si cette Chère Aanor est sous l'emprise de ces gens ou s’ils lui ont simplement piqué son orbe, mais en tout cas, l'orbe, ils l'ont. Nous somme dedans jusqu’au cou. Voir au delà."
Epuisée par le tambourinement sous son crane, la jeune femme plongea la tète entre ses bras:
"Y aurait-il moyen de me faire amener un remède anti-migraine? J’ai l'impression que tout les équidés de la ville, Compagnons compris, piaffent sous mon crane... Bref"
Courageusement, la jeune femme releva la tête et tenta de fixer son attention défaillante sur ce qui se passait autour d'elle. Elle allait comprendre, elle pouvait le faire. Ils avaient besoins de plus que ca! Son regard se posa sur la dernière phrase de sa toute première traduction... 'Que nulle peur cependant...'. Une solution? Le livre leur proposait une stratégie en cas de fin du monde par mort des envoyés divins? Elle devait savoir! Elle tendit le bras vers les manuscrits... et fut surprise de voir que le type à la main bizarre les voulait aussi... Et que Enju les lui refusaient.
"Par le Creuset Divin! Ne soyez pas Stupides! Ce sont juste des bouquins! Certes foutrement chiants, mais ca ne reste que de simples assemblages de parchemins! On a suffisamment de choses à craindre pour ne pas y ajouter nos seules sources d'information! Ne tombons pas dans l'obscurantisme primaire enfin!"
La douleur lui faisait apparemment perdre toute retenue. Jamais dans son état normal elle n'aurait osé verbaliser des choses pareilles, même si elles les auraient sans aucun doute pensées! Cependant sa retenue et sa...diplomatie étaient légèrement court circuité dans le processus de blocage de migraine. Elle poussa le manuscrit karsite vers le mercenaire et s'empara du valdemaran, qu'elle ouvrit a la page précédemment traduite, fixant les lignes suivant sa traduction, dans l'espoir qu'elle arrive a refaire son "truc", malgré la tempête sous son crane.