- Je n'ai rien d'illégal, si toutefois mes armes ne sont pas ici considérées comme tel, répondit Kalaïd en déposant ce qu'il possédait au sol, exception faite de sa dague. Le reste est encore accroché sur les fontes de mon cheval dans la cour, conclut-il avant de se concentrer de nouveau sur le Hérault.
Il n'eut guère le temps de répondre à sa question, l'herbe sous ses pieds coupée par un Capitaine visiblement déterminé à savoir qui il était, et ce sous tous ses aspects. Chose que par ailleurs Kalaïd ignorait lui-même, il devait bien le reconnaître...
- Eh bien je suis face à un dilemme je dois bien l'avouer... Je voudrais bien vous répondre, mais je ne le peux plus parce que j'ai oublié la réponse à votre question il y a bien longtemps déjà. J'ai choisi de l'oublier, au début, mais maintenant ça a bel et bien disparu. Vous me dites que votre sort permettrait de faire resurgir ce passé ? Je ne suis pas sûr d'en avoir très envie... Je ne sais plus ce qui s'y est produit, mais il me semble que j'y ai beaucoup perdu... Et j'ai fais le choix de laisser tout ça aux oubliettes. Il doit sûrement il y avoir une bonne raison...
Bien plus qu'une simple réponse, Kalaïd était en fait en train de penser tout haut. Il commençait à ne plus vraiment savoir quel choix faire, partagé qu'il était entre la crainte de voir refluer d'anciens sentiments, de vieilles peurs et d'antiques haines, et l'obligation qu'il avait de ne pas fuir devant d'hypothétiques démons. Il ne savait véritablement plus à présent ce que ce passé avait capturé de son étreinte griffue, mais il se souvenait avoir était intimement persuadé à une époque que tout cela le rattraperait un jour. Peut-être était-ce jour précisément...
Peut-être devrait-il se plier à l'Enchantement, et ainsi trouver, voir même vaincre, son ennemi le plus redoutable : lui-même. Ce qu'il avait été subsistait sans doute là, quelque part dans les tréfonds de son esprit blindé par des années de refus systématique d'une vérité contre laquelle il ne pouvait malheureusement rien. Nul ne peux totalement renier son passé, puisqu'il existe, voilà tout. Impossible d'effacer ce qui est.
Pour cette raison le jeune homme savait qu'il ne serait jamais à l'abri, jamais totalement sûr que tout cela n'allait pas rejaillir à un moment où il n'aurait aucun contrôle.
Alors pourquoi ne pas essayer maintenant ? Là, ici dans ce bureau d'off, il avait la possibilité de confier son passé à quelqu'un qui saurait le maîtriser. Un Hérault...
A en croire Maelth, si lui ne pouvait pas le faire, personne ne le pourrait... Maelth... A sa pensée, le coeur de Kalaïd se durcit subitement. Maelth l'aurait fait lui, aucun doute à ce sujet. Il n'aurait jamais fuit, quoi qu'ai pu contenir son passé, quelque soit la douleur qu'il ait pu représenter. Au nom de l'honneur...
C'était jusqu'à la raison de sa présence ici, l'honneur. Et les Hérault en étaient la base d'après son mentor. S'il devait expérimenter tout ce que cette notion représentait de complexité, pourquoi manquer cette opportunité ?
Autour de lui tout sembla s'arrêter, comme si le temps lui-même s'était brusquement suspendu. Kalaïd sentit au plus profond de lui que quelque chose venait de céder, de se briser. Quelque chose de très lointain, de fort, mais de si éloigné... Quelque chose qu'il s'était promis de préserver, de garder, de cacher... Ne restait qu'à le ramener à la surface à présent...
Le visage du jeune homme devint subitement aussi impassible que du marbre. Il ne dégageait plus à présent qu'un seul sentiment : la détermination.
-Si votre sort peut faire ressortir ce que j'ai mis de côté depuis 13 ans, alors je suis prêt à l'affronter... Mais je ne saurai garantir le résultat, ne sachant pas moi-même ce que vous allez trouver...