En voyant les croquis et ayant entendue la demande de tissus de Saskia, Isabeau n'avait put retenir une petite larme. Oui, c'était cucul la praline, cliché et j'en passe. De toutes façons, mieux valait ca que le "Ah bas ce n’est pas trop tôt! Il attendait quoi, le royal loustic? La naissance? Le sevrage? L'adolescence?" C'était le genre de remarque qui, étonnamment, peut vexer. Isabeau ne voyait paaaaaas du tout pourquoi... Ah si! Parce que c'était fait pour! C'était ca! Elle se disait aussi...
Passons.
Isabeau avait regardé le croquis avec un sourire attendrit et avant que sa camarade n'ai put lui détailler sa demande de tissus, elle avait quitté la pièce. Pas longtemps, hein. Pas trop, en tous cas. Juste le temps de rejoindre sa chambre, d'ouvrir son coffre, d'en sortir une bourse et de revenir. Tout en sortant de la bourse un collier d'or blanc, elle avait expliqué à son amie que chez elle, on ne se mariait pas sans or à la peau. Que ca portait malheur. "Noce sans Or à la Peau, Mariage au tombeau" Ne sachant pas a quel point Saskia avait été coupée de son ancien rang, Isabeau avait décidé de lui offrir cette parure, comme cadeau de mariage, et qu'elle devait vraiment la porter le grand jour. Ou autre chose si elle avait, hein? Mais qu'elle devait porter de l'Or. Pour faire plaisir a Isabeau au moins. Parce qu'on ne crache pas sur la chance quand on épouse un héritier du trône. Le collier était donc d'or blanc, composé de maillons de deux ou trois centimètres de long en forme de feuilles de houx entrelacées Le collier descendait vers la gorge et au bout, tel un fruit, pendait un simple (mais gros) diamant taillé en cabochon. Les boucles d'oreilles étaient formées d'un maillon plus petit (un centimètre et demi) ou pendait de plus petit diamants. La broche qui complétait cette petite parure figurait une branche de houx portant quelques petits fruits. Avant de s'enfuir pour trouver les tissus que lui demandait Saskia, Isabeau marmonna timidement:
"Du houx... pas mal pour un Mariage d'hiver, non?"
Dés qu’elle eut acheté les tissus de Saskia, Isabeau récupéra un échantillon du tissu gris et fila chez un jeune et talentueux tailleur récemment allié à l’atelier de son père. Ok, elle ne voulait pas renouveler sa garde-robe, mais pour un mariage... princier en plus... Il lui fallait une robe neuve. Jouant sur l’intérêt qu’il avait de servir à sa guise la fille de son nouvel associé, surtout pour ce qui était supposément ses fiançailles avec le riche héritier de drapiers importants, Isabeau parvint à se faire prendre les mesures pour une robe qui devait etre prête cinq jours plus tard... Sauf que le lendemain, ce crétin d’Arthon annonça son mariage et que toutes les greluches de la cours se ruèrent sur la profession. Au pas de courses, Isabeau avait rejoint la boutique de son tailleur, une importante bourse en main. Elle lui avait remis la bourse et la promesse que s’il faisait passer des robes commandées après elle avant sa commande, elle s’arrangerait pour le détruire. Et si les de Girier n’étaient pas grand-chose à la cour, parmi le microcosme des Artisans de Haven... La fille unique de Maitre Sertan pouvait assurément faire du dégât. Par ailleurs, Isa avait tout de même des contacts parmi les bleues. Un mot désapprobateur sur le tailleur dans l’oreille au hasard... de Fleur pouvait faire du dégât.
Etait-ce à cause de la bourse ? Du pot de vin ? Des menaces ? En tout cas, la robe fut prête à temps. Quelques tons plus sombres que le gris de celle de la mariée, taillée dans un satin qui chatoyait à la lumière, elle était magnifique. Extrêmement satisfaite, et pour se faire pardonner ses menaces, Isabeau paya le reste de la somme avec un large supplément. Elle reviendrait ici.
Le jour ou Saskia les réunis, Isabeau souris gentiment en s’entendant annoncer « officielleusement » la nouvelle Et son rôle de témoin. Les étoiles dans les yeux, elle félicita Saskia et se retira vite, estimant avoir déjà eu le temps de féliciter la fiancée de la nouvelle (même si elle lui avait juste collé une parure entre les pattes). Et puis elle devais se renseigner sur son rôle.
Enfin, le jour J. Euh... Le jour M. Isabeau venait d’enfiler sa superbe toilette neuve. Avec elle portait des bijoux plutôt simples, en or blanc aussi, ornées d’opales blanches. Elle avait évidemment plus complexe dans son coffre aux trésors, mais... Mais elle avait à cœur d’etre moins appétée que la mariée. Ca ne se faisait pas sinon.
...
Pour un mariage privé en tout cas. Lors de l’officiel, elle ne se priverait pas, pour le coup. Mais un mariage Royal était un événement de cours, ou il fallait etre vu a son avantage et écraser les autres sans soucis. Mais ce jour la, de toutes façons, elle veillerait a ce que Saskia éclipse tout le monde joalleriquement parlant (Père allait se lécher les babines quand il apprendrait que Saskia était d’accord pour porter du De Girier pour le Grand Mariage, officieusement pour le moment, certes, mais... Et si quelqu’un se pose des questions, non, l’amitié d’Isabeau pour Saskia n’avait jamais été totalement désintéressée, mais Isabeau ne s’en était jamais cachée.).
Alors qu’Isabeau se demandait comment elle allait lacer sa fichu robe, un page arriva. Paaaaaaaaarfait. Isabeau attrapa le gamin, le posa sur le lit et lui ordonna de tirer sur les lacets pendant qu’il délivrait son message. Saskia l’attendait, ok. Sachant que le gosse n’avait pas la dextérité pour nouer le lacet sans qu’il ne se desserre, Isabeau attrapa dans sa commode une pince prévue à cet effet et bloqua les lacets en place. Ca ne tiendrait pas la journée, mais jusqu'à ce que Saskia puise les lui nouer, oui. Elle enfila la cape assortie a la robe et une autre, noire et épaisse qui 1) la protègerais du froids 2) Camouflerais la pince à lacet. Laisser voir que votre robe est mal lacée, c’était d’un vulgaire...
Elle en était la dans ses réflexions quand elle arriva chez Saskia... et devint muette d’émotion. Saskia... Saskia portait la parure Houx. Irrésistiblement touchée, Isabeau crut qu’elle allait pleurer, mais elle se contint et les deux grises s’aidèrent mutuellement à s’habiller.
Avec les demoiselles d’honneurs, Isabeau escortât Saskia jusqu'à la petite église, en ville, retenue pour la cérémonie. La veille, elle avait étrillé Bethaniel à fond et il portait son harnachement de cérémonie, avec selle d’amazone, grelot et tout le toutim... Quand a Rinnerl, elle avait été (a son grand dam) shampouinée a fond et brossée complètement. Elle ne portait aucun ornement, car les seul qu’avait put trouver Isabeau étaient des colliers, mais Isabeau refusait le mettre un collier a Rinnerl. Suffisamment de monde la prenait déjà pour un chien. Mais Rinnerl avait eu une bonne idée. Elle lui ferait percer les oreilles pour la prochaine cérémonie.
Enfin, elles y étaient. Isabeau se demandait si elle devait aider Saskia à descendre, si c’était son rôle de témoin, mais Beltran résolut son dilemme. Il la conduisait à l’Autel ? Parfait ! Et non, ce n’était pas ironique. Honnêtement, qui mieux que cet homme qui les avaient protégées au péril de sa vie pouvait mener Saskia à l’autel ?... Oh, ca y est, elle versait une larmichette. Elle avait bien fait de ne pas se maquiller les yeux.
A son tour, elle démonta et se dirigea vers les filles. Elle avait peu parlé durant le trajet, la gorge un peu nouée, mais elle ne put s’empêcher de complimenter Mina si différente de d’habitude :
"Mina, tu es superbe, tu sais ?... En fait, vous est toutes superbes, je... Je ne me croyais pas si émotive."
Gênée, la pudique noblionne avança au pas de course vers l’entrée de l’église, mais au moment de passer la porte, Isa eut un coup au cœur en voyant Betha qui s’installait à l’abri de la neige.
Va ! Tu va prendre froids ici !
Toi aussi...
Je passe presque toutes mes nuits dehors, ou dans un bâtiment ouvert aux quatre vents, je survivrais. Allez ! Et ne t’en fait pas pour moi. Je regarde par tes yeux et ceux de la Puce.
La conversation avait pris à peine quelques secondes. Isabeau entra, Rinnerl à son coté et se plaça à sa place pour regarder Saskia et Beltran remonter la nef.
...
Elle avait ENCORE les yeux humides. Ce... c’était ridicule...