Nom: Davel
Profession: Marchand
Davel errait. Perdu. Terrorisé. Ses genoux et ses mains en sang n'en étaient pas la cause. A chaque personne qui l'arrêtait, il racontait son histoire.
Le récit ne variait jamais. On aurait pu le croire appris par cœur. Il n'en était rien. A force de répéter son histoire, les mots s'étaient inscrits en lettre de sang et de larmes dans son esprit. Sa bouche était sèche, sa voix brisée, son ton monocorde. Mais il ne pouvait s'empêcher de raconter encore et encore.
Les gens qui le croisaient oscillaient entre le dégoût et la pitié. Ce qu'il racontait ne pouvait être vrai. C'était trop... invraisemblable. Trop effrayant. Personne ne pouvait accepter que la situation ait dégénéré à ce point.
Le marchand marchait mécaniquement. Un pied... le second... Parfois, il butait sur un pavé plus haut que ses voisins et s'étalait lamentablement. Il restait alors couché de longues minutes, jusqu'à ce que quelqu'un le relève. Il reprenait alors sa route, remontant lentement vers le Palais et la garde.
Davel trébucha encore. Mais cette fois, personne ne vint le relever. Il resta donc là, pleurant et gémissant. Une petite vieille qui l'avait repéré avait appelé la garde, effrayé par ce cadavre ambulant qui venait de s'échouer dans ses plantes.
L'homme revivait encore et encore les horribles événements de ces derniers jours. Il était prisonnier de ses souvenirs. Ceux-ci l'empêchaient de penser. Pourtant, au fond de lui, il savait qu'il devait en informer la garde, et c'était dans ce but, qu'à peine rentré, il s'était élancé en direction du Palais, bien vite ralenti par la peur et la douleur.
Il ne comprenait pas, il s'en voulait. Lui, si courageux, lui, si fier de ses talents de combattants, lui, si confiant envers sa patrie et des Hérauts qui la protégeaient, sentait maintenant complètement perdu.