[justify:1j26l8ez]Tant que cela ?
La voix de Barrn raisonna faiblement dans l’esprit de Keryne. C’était sa façon de “penser à voix haute”. La surprise l’avait prit de nouveau. Il ne se souvenait plus depuis quand la jeune femme n’était pas venue lui porter son repas. A bien y réfléchir, ce devait effectivement être cela. Sans aucun doute même, la jeune femme ne se serait pas trompée sur un tel sujet. Car, là encore il n’y avait pas à douter, l’évènement était trop important à ses yeux pour qu’elle se trompe.
Vous avez eu raison, c’est une belle surprise. Très agréable.
Son Election ne semblait cependant pas avoir changé Keryne. Elle paraissait toujours aussi timide, comme se sentant prise en faute. Cela faisait parti de son charme, cependant, et Barrn eut été déçu du contraire. Il devait bien se l’avouer, cela l’amusait beaucoup. Même si ce n’était guère charitable de sa part. La maladresse humaine l’amusait bien souvent. Hormis lorsqu’elle lui causait du tord et froissait sa fierté.
Barrn n’était cependant pas au bout de ses surprises. Certes, il aurait pu s’y attendre, mais il se trouvait que non, il ne s’y attendait pas. Le Compagnon de la nouvelle (tout est relatif, pour le kyree il s’agissait bien d’une nouveauté) Elue se présenta à lui sans prévenir. Ayant déjà côtoyé des Compagnons à quelques occasions, Barrn n’était pas sans savoir quelles étaient leurs capacités de communication. Elle n’était pas différente de la sienne au demeurant, une raison pour laquelle il se sentait à l’aise avec ces Avatars. Restait tout de même que discuter avec un être qui ne se trouvait pas au même endroit était quelque peu troublant. Mais Barrn restait fidèle à lui-même, il se montra tout à fait courtois.
Vous me voyez enchanté de faire votre connaissance, dame Kaya. Et je vous félicite pour le choix de votre Elue. Je ne doute pas qu’elle donnera entière satisfaction aussi bien à vous qu’à Valdemar.
Le kyree ne manqua pas de noter au passage que le Compagnon connaissait déjà son existence. Cela astiqua soigneusement son égaux de constater qu’il avait de l’importance, fut-ce pour une servante (pour Barrn, les rangs des humains importaient peu, il reconnaissait surtout leurs qualités) qu’il avait eut raison d’estimer. Apprentie Héraut… il ne l’aurait pas deviné mais n’était pas étonné au fond.
Quant à vous, Keryne, aucune excuse n’est nécessaire. Personne au Palais n’ignore à quel point les Hérauts comme les apprentis sont toujours occupés. Je ne suis plus une priorité pour vous, il n’y a pas à en rougir.
Keryne avait toujours su comment s’adresser au kyree. Si Barrn aimait particulièrement sa présence, ce n’était pas seulement parce que la servante avait été là pour l’aider lorsqu’il avait été dans l’incapacité de bouger. Elle l’avait visité et avait su éclairer un peu ses journées de pauvre convalescent infirme. Ainsi, elle était heureuse de le revoir, très heureuse. Pas de doute, elle savait le caresser dans le sens du poil.
Je vais très bien ma foi. Comme vous le voyez, lorsqu’il ne neige pas, je ne souffre plus de ces douleurs qui m’ont immobilisé durant si longtemps.
Barrn exagérait peut-être un peu. Mais en vérité, pour le bibliothécaire, cela avait été un véritable calvaire d’être demeuré loin de ses livres un temps. Fusse seulement quelques dizaines. S’il avait été complètement honnête, il aurait avoué que la mission pour laquelle il était parti originellement devait l’éloigner plus longtemps encore. Sans parler de ce à quoi il avait échappé en regagnant Haven avant que les choses ne se gâtent pour l’expédition à laquelle il appartenait.
Prenant exemple sur sa visiteuse, le kyree s’assit, oubliant le repas qu’elle était pourtant venu lui porter. Aujourd’hui, il accordait plus d’importance à l’humaine qui avait tenu le bol qu’au contenu de ce dernier.
Mais je crois que le plus important, aujourd’hui, ce n’est pas mes articulations. Dites-moi tout. Je n’ai rien su de votre Election, vous devez me raconter comment Kaya est venue à vous.
L’on pouvait l’oublier, ou pas. Barrn était empli d’une curiosité qui semblait sans borne. Les seules limites auxquelles il était sujet étaient celles de la bienséance. Mais Keryne n’échapperait pas au flot de questions concernant sa nouvelle vie. Oubliait-elle donc que les kyree aimaient les histoires ?[/justify:1j26l8ez]