Dunwyd commençait à connaître le professeur, et pourtant, il aurait bien aimé un peu plus de réactions à ses différents essais. Enfin, il n'était pas compliqué non plus, et il ne manifesta rien d'autre que le début de fatigue qui lui venait à force d'utiliser énergie et concentration.
La réponse de Chambral lui évoqua bien quelque chose qu'on avait dû tenter de lui apprendre au gré des (trop) nombreux cours auxquels il avait dû assister. Mais autant les séances d'exercices pratiques ne lui semblaient jamais trop longues, autant écouter un professeur donner ses explications n'était pas ce qu'il préférait, ni ce qu'il réussissait le mieux. Bref, il avait dû avoir perdu une bonne partie de son attention lorsqu'il avait été question de cela, mais l'appliquer enfin serait pour lui la meilleure manière de s'en souvenir à l'avenir. Il hocha donc la tête, et se concentra sur cette perception de la magie qui lui était encore assez peu familière.
Et comme par… magie, justement, les courants de puissance lui apparurent, à croire qu'une main éthérée les avait tracés à l'instant pour lui. C'était la première fois qu'il arrivait à les percevoir aussi nettement, et aussi rapidement. Il les considéra avec un œil neuf, s'en sentant très proche, tout prêt à les rejoindre, à leur emprunter un peu de force. Et il trouvait belles ces lignes de magie sinuant dans le monde, qu'elle complétaient de manière invisible à la plupart de ses semblables.
« Je les vois, oui, je les vois bien. Je… je peux vraiment prendre un peu, n'importe où ? »
Pouvait-il voir d'où venaient ces forces ? Il n'avait pas envie de prélever au mauvais endroit, et comme il n'avait encore jamais essayé, il craignait de ne pas savoir bien se mesurer… Sans se hâter, il approcha cependant son attention d'un de ces points, au hasard, et tenta d'en comprendre la nature. L'expérimentation était pour lui la meilleure pédagogie. Il lui sembla ressentir un fort ancrage un sol, une grande hauteur, et une immobilité sereine, en-dehors de quelques frémissements provoqués par le souffle du vent. Il observa encore, et finit par comprendre. Un arbre ! Il y en avait tellement tout autour d'eux, il pouvait certainement se servir un petit peu.
Avec une politesse de garçon bien élevé, il remercia mentalement la grande plante de lui céder un peu de sa force vitale, et tendit une main spirituelle vers le point de force, dont il recueillit précieusement une toute petite part, comme il aurait prélevé un peu d'eau dans ses doigts en coupe. Toujours concentré à s'en donner des maux de tête, il s'efforça de guider cette énergie, qu'il percevait comme une lumière aveuglante, vers la boule de métal, et de la diriger vers les petites molécules qu'il avait ré-assemblées. Rentrez à la maison, songea-t-il en lui-même, répartissant ses efforts entre conserver l'énergie de l'arbre pour mener sa tâche à bien, et empêcher le métal de faire n'importe quoi en maîtrisant ses déplacements, comme le chien de berger regroupe inlassablement le troupeau.