Auteur Sujet: Jouer avec le feu  (Lu 3651 fois)

Yvelin

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Jouer avec le feu
« le: 27 avril 2020, 15:27:05 »
8e jour de la 4e décade d'Été 1485

Depuis que son père l'avait chassé de sa vie, Yvelin n'avait plus le cœur à rien. Il s'était forcé à travailler à son œuvre de compagnonnage, mais sinon, il errait comme une âme en peine. Liselle avait bien tenté de le consoler, mais elle savait que seul le temps pourrait vraiment guérir cette blessure. Elle s'assurait juste qu'il se nourrisse correctement.

Il n'avait pas osé mettre Micha au courant de ce que Firen avait fait. Il l'avait bien cherché, après tout et il ne voulait pas que celui-ci s'inquiète. Même si, à bien y réfléchir, Micha risquait de s'en faire davantage pour son propre secret que pour les souffrances d'Yvelin. Ce qui était parfaitement normal. À bien y réfléchir, peut-être était-il un peu injuste avec Micha. Il n'en savait rien au fond et n'avait pas l'énergie d'y réfléchir.

Il devait déjà composer avec les questions incessantes de ses collègues Bardes. Car Firen ne s'était pas contenté de le dénoncer à son père. Il avait largement répandu la nouvelle de son homosexualité, comme Yvelin l'avait découvert dès le lendemain de son entrevue avec ses parents. Il savait bien que les autres Bardes ne pensaient pas à mal en venant le questionner. Mais pour le jeune homme, qui avait toujours su tenir les autres à l'écart de sa vie privé, s'en était trop. À force de répondre toujours aux mêmes remarques, il en devenait méchant. Et il détestait ça. Il détestait ce que la situation faisait de lui.

Il s'enfermait dans sa petite chambre au Collegium dès que possible. C'était maintenant son unique chez lui, le seul endroit qu'il avait le droit d'appeler son foyer. Il ne sortait que pour rejoindre, discrètement de préférence, une des nombreuses salles d'études mises à la disposition des étudiants. Et quand il ne supportait plus de voir les autres, il s'enfuyait et se réfugiait dans le Champ des Compagnons, tout au fond, non loin de la petite forêt où vivaient quelques dyhélis. Il n'allait pas leur parler cependant. Il restait simplement seul, couché dans l'herbe, à fixer le ciel pendant des heures.

Cet après-midi-là, quand il entendit des pas s'approcher de lui, il eut envie de s'enfuir. Mais où aller si on le retrouvait même ici? Peut-être aurait-il dû céder à son impulsion première, et quitter Haven. Le temps d'accepter sa nouvelle situation, au moins...

Les pas s'approchaient toujours plus. Il se redressa et lança un regard las à la jeune Héraut qui se dirigeait vers lui.

«J'imagine que tu viens me rendre la monnaie de ma pièce pour avoir écrit cette chanson? Vas-y, je t'en prie, sens-toi libre, moque-toi... Sans doute que je l'ai bien mérité.»

Sa voix dénuée d'émotion et il baissa les yeux, prêt à encaisser les coups.
« Modifié: 29 avril 2020, 09:47:48 par Yvelin »

Héraut Irmingarde

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Re : Jouer avec le feu
« Réponse #1 le: 27 avril 2020, 17:45:32 »
Par nature, un Héraut passait une bonne partie de son temps avec son Compagnon.
Ces derniers temps, quand elle ne s’entraînait pas à rester en vie juchée sur un Griffon - au demeurant très aimable - Mina restait au Champ avec Ezarell. Là-bas, elle restait hors de portée de ses frères et soeurs de Cercles qui, sous l'impulsion de Méra probablement, s’échinaient à vouloir lui tenir compagnie et lui proposer de partager aussi repas et soirées.
C'était vraiment gentil de leur part, et Mina acceptait parfois. Mais même huit années à Haven n'étaient pas suffisantes pour combattre les habitudes de seize années de solitude.
De là à dire qu'elle se cachait...

:Si, tu te caches: démenti son Compagnon.
:Oui mais je suis avec toi: rétorqua Mina.
:C'est pour ça que je ne le reproche pas.:

Une après midi à chevaucher Compagnon et Griffon lui avait donné envie de simplement se dégourdir les jambes en marchant vers le coin des dyhélis.
Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant un tout autre genre de créature, couché à même le sol. Bien qu'il n'eut pas l'air en grande forme, elle reconnu tout de suite le corps tout en longueur et couronné de boucles d'Yvelin.
Le Barde attaqua directement Irmingarde, et celle-ci, douchée, lui répondit d'un ton sec:

"C'est une manie ces derniers temps de penser que j'aime me moquer des autres?"

A bien le regarder, il semblait pire qu'elle ne l'avait cru. Mina n'était pas une grande spécialiste pour décoder les gens, mais Yvelin semblait totalement abattu.

"Il est évident que j'ai traversé ce champ avec pour seul but de venir m'amuser à tes dépens." rajouta-t-elle d'une voix traînante.

Elle n'était pas vraiment d'humeur à gérer celles des autres, surtout quand elle n'avait rien demandé.
Mais enfin, elle ne pouvait pas non plus continuer sa route sans rien dire...

"Quant à ce que tu aurai mérité, comment le saurais-je si je ne connais pas ta faute?" demanda-t-elle alors d'un ton plus doux.
« Modifié: 27 avril 2020, 21:06:04 par Héraut Irmingarde »

Yvelin

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Re : Jouer avec le feu
« Réponse #2 le: 28 avril 2020, 08:53:34 »
Malgré la peur irrationnelle qu'il éprouvait envers Mina, Yvelin n'avait pas pu s'empêcher de lui sauter à la gorge à peine s'était-elle approchée. Ce qui était totalement suicidaire, quand on y réfléchissait. Mais peut-être était-ce le but recherché par Yvelin...

«Je pensais juste que tu sauterais sur l'occasion... vu que ton grand rêve est de me faire payer pour la fameuse chanson...»

Il réalisa cependant que la Héraut n'avait sans doute pas eu comme idée première de venir se moquer de lui. Après tout, le Champ était un endroit plutôt agréable pour une balade et les gens venaient volontiers jusqu'ici, dans l'espoir d'observer les Dyhélis. Ou simplement pour s'éloigner de l'agitation constante du Palais.

«Pardon... je... je suis juste sur les nerfs.» Il se couvrit le visage des mains. «Et je n'ai rien fait de faux... ce serait plutôt ce que je suis, le problème. Enfin... un sujet de moqueries. Ou de remarques déplacées.»

Il ne savait pas ce qu'il détestait le plus entre les questions indélicates, les taquineries ou les tentatives maladroites de se montrer compréhensif. Mais une chose était certaine, il n'en pouvait plus d'être au centre des discussions. Firen avait bien réussi son coup. Il avait rapidement compris comment atteindre Yvelin de la pire manière qui soit.

À nouveau, les images de l'entrevue avec son père s'imposèrent à lui. Il sentit sa gorge se serrer, la panique monter. Non, il ne voulait pas revivre cette scène encore une fois. Pas maintenant, pas en présence d'une quasi-inconnue. Il se mordit la langue pour tenter de repousser les larmes. En vain. Celles-ci vinrent perler au coin de ses yeux. Il ne prit même pas la peine de les essuyer. À quoi bon, d'autres viendraient bien vite.

Il s'efforça néanmoins de dévier la conversation sur un sujet moins dangereux.

«Qui d'autre était persuadé que tu allais te moquer de lui?»

Héraut Irmingarde

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Re : Jouer avec le feu
« Réponse #3 le: 28 avril 2020, 16:50:22 »
"Mon grand rêve, rien que ça ? J'ai quand même d'autres ambitions, et de l'eau a coulé sous les ponts depuis cette histoire de chanson. J'ai accompli d'autres faits d'armes bien plus intéressants."

Mina n'était pas du genre à sa vanter, mais elle n'allait pas lui laisser dire que sa vie tournait autour d'une stupide vengeance pour une chanson grivoise, au point de traquer un Barde aux quatre coins de Haven. C'était aussi ridicule qu'insultant.
Ah il était sur les nerfs ?

"Je vois ça. Je me souviens de toi plus... fin dans tes attaques, et même plus juste"


C"était admettre à mot couvert qu'il avait eu raison lors de leur dispute il y a de ça deux saisons. Mais après tout, c'était la vérité. Il avait fallut juste beaucoup de temps à la Boutefeu pour reconnaître ses torts, un défaut qui lui compliquait bien la vie en ce moment même.

La suite fut plus délicate, quand elle vit le visage du Barde se décomposer, tant il était à deux doigts de craquer devant elle.
Elle savait qu'elle faisait peur, mais quand même !
Mais non, ce n'était pas ça. Il y avait autre chose. Quelque chose qui l'avait poussé à venir déprimer au fond du Champ. Quelque chose qu'elle-même ne pouvait pas ignorer.
Mais pourquoi ça lui tombait toujours dessus ? Tristan, puis Yvelin. Pourquoi les gens dans la peine se retrouvaient forcément sur sa route ? Elle était la Héraut du Feu, pas des larmes...

Elle s'appuya contre un arbre proche et croisa les bras.

"Je serai une amie bien ingrate si je dévoilais le nom des personnes qui me font des confidences."

Pas qu'elle serait tentée de le faire, mais elle imagina brièvement les ravages que provoquerai une rumeur du genre "Le Héraut du Roi pleurniche parce qu'on se moque de son Lien pour la Vie avec un autre homme".

"Quoiqu'il en soit, je ne me moque pas des personnes qui souffrent, ça c'est une certitude. En revanche, je sais parfaitement ce que c'est que d'être le centre de l'attention, et de détester ça."

Tout comme elle avait poussé Tristan à parler, persuadée que ça lui ferai du bien, elle poussa un peu Yvelin.

"Je t'ai connu bien plus flamboyant, j'ai du mal à imaginer ce qui a pu saper ta confiance au point de venir te perdre ici."

Pitié, pas une peine de coeur. Elle avait déjà le sien à panser.
« Modifié: 29 avril 2020, 12:40:44 par Héraut Irmingarde »

Yvelin

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Re : Jouer avec le feu
« Réponse #4 le: 29 avril 2020, 09:00:58 »
«Oui... tu as raison. Et ces temps, je crois qu'en effet, je manque de finesse. Et de bon sens. Enfin...»

Yvelin avait l'impression d'enchaîner les bourdes et les maladresses. De prendre des décisions hâtives qu'il finissait toujours par regretter. De dire des choses qu'il aurait mieux valu taire.

Irmingarde n'avait vraiment pas l'air d'avoir conscience de sa situation. Se pouvait-il que la rumeur n'ait pas encore atteint les Hérauts? Tant mieux, cela voulait dire que ni Raimon, ni Isabeau n'étaient au courant, et qu'ils ne pouvaient donc pas en parler par inadvertance à Micha.

«D'une certaine manière, c'est presque rassurant de savoir que tu n'es au courant de rien.»

Au fond, Yvelin ne tenait pas à savoir avec qui il partageait l'insigne honneur d'avoir accusé Mina à tort. Cela avait juste été pour lui un moyen de détourner l'attention.

«Ingrate je sais pas... mais c'est tout à ton honneur.»

Mina, d'ailleurs, ne se laissa pas prendre. Elle se montra étonnamment compréhensive et Yvelin dut faire un effort pour se souvenir qu'elle avait sans doute dû connaître aussi les affres d'une célébrité non désirée. Même si dans son cas, ce qui l'avait fait connaître était un acte plutôt impressionnant. Réussir à tuer un adversaire avec ses flammes, sans blesser l'homme qu'elle aimait, alors qu'elle n'était qu'étudiante... bien des Hérauts chevronnés ne pouvaient se vanter d'une telle prouesse.

Yvelin n'avait jamais un jour imaginé se retrouver au centre de l'attention. Il était discret et avait toujours pris garde à protéger ses secrets et sa vie privée. Certes, il avait eu des moments de gloire, mais c'était sa réussite professionnelle qui avait attiré l'attention, c'était des compositions, des prestations dont il pouvait être fier. Cette fois, il ne devait toute cette attention qu'à la méchanceté d'un homme et surtout, à sa manière d'être. Être connu de tous pour ses mœurs n'était pas le genre de célébrité à laquelle il s'était préparé.

«Je...» Il déglutit. «Je suis plutôt timide, pour un Barde. Ou non. Réservé. Même si je sais donner le change, je préfère les soirées en petit comité plutôt qu'à la taverne, les concerts intimistes aux grandes représentations, la solitude à la compagnie...Et jusqu'à maintenant, je suis passé plutôt inaperçu. Enfin, pas de mes professeurs, évidemment. Mais je me suis très peu lié avec les gens de mon âge. Et avec les autres Bardes en général. J'aime beaucoup mes collègues, mais souvent... pour le dire abruptement, ils sont bruyants.» Comment un introverti comme lui avait-il fini Barde resterait toujours un mystère. Sans doute le Don ne s'embarrassait-il pas du tempérament de ses élus. «Je pense que pour la plupart, je n'étais qu'une vague ombre qu'on croise dans les couloirs, un nom sur une liste. Certes, ils venaient me demander des conseils dans certains domaines ou la permission d'utiliser les chansons que j'ai recueillies pendant mon année comme troubadour errant. Mais voilà, je n'étais personne. Et... et j'aimais ça. L'anonymat, c'est la plus belle forme de liberté.» Il réalisait qu'il tournait autour du pot. Mais il savait que dès qu'il aborderait le cœur du sujet, il ne pourrait s'empêcher de pleurer. «Et tu vois, pour les gens comme moi, l'anonymat, c'est souvent l'unique manière de pouvoir vivre sa vie comme on l'entend. Quand personne ne s'intéresse à vous, il est facile de...» Sa voix s'éteignit. De quoi? De mener une vie que beaucoup considèrent comme sacrilège? «Enfin... récemment, je... disons que je me suis retrouvé en opposition avec un autre Barde. Le sujet de la dispute est un peu... mais en gros, j'ai refusé la main qu'il me tendait, parce que je savais qu'il n'agissait ainsi que par mesquinerie, et il l'a mal pris. Et ensuite, j'ai lui signifié de manière répétée mon opposition à ses actes. Tu vois, pour moi, ça ne concernait que nous. Je me suis toujours efforcé de ne pas afficher mes sentiments à son égard en public. Après tout, ça ne regardait personne. Et je pensais que...enfin, que malgré nos différences, nous avions suffisamment en commun pour ne pas qu'il fasse certaines choses.» Dieux, que c'était alambiqué comme explication. «Je suis désolé. Je réalise que ce que je raconte n'est pas très clair. Je vais essayer de me montrer plus explicite.» Il ferma les yeux et prit une grande inspiration. «Tu vois, pour se venger de notre dernière altercation, il m'a... il a...» Sa voix flancha, les larmes le prirent à la gorge. «Il a envoyé une lettre à mon père pour lui dénoncer mon... pour lui dire que je fréquentais des hommes. Et il s'est arrangé pour faire fuiter cette information au sein des Bardes...»

Héraut Irmingarde

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Re : Jouer avec le feu
« Réponse #5 le: 29 avril 2020, 21:36:21 »
Philosophe, Irminarde haussa les épaules:

"On ne peux pas toujours tout contrôler."


Elle avait beau jeu de dire ça quand elle-même manquait tant de souplesse.

"Je ne suis pas un exemple malheureusement. Je fais peu de cas des racontars, et évite de les écouter, surtout en ce moment."

La séparation de Beltran et Mina alimentait en effet les conversations, autant que le début de leur relation. Un autre effet secondaire des plus déplaisants.

"Mais mon Compagnon ne semble pas au courant, et c'est une terrible commère!"
:Plait-t-il?:

Quand Yvelin parla d'honneur, il ne pouvait pas savoir ce que cette valeur pouvait exaspérer la Boutefeu en ce moment, mais elle ne dit rien. C'était lui qui avait visiblement besoin de confier ce qu'il avait sur le coeur, pas elle. Et quand les mots sortirent enfin, ce fut une vraie logorrhée, des déclaration qui semblaient sans queue ni tête, mais qui touchaient Mina plus qu'elle ne l'avait prévu. En fait, Yvelin et elle se ressemblaient à bien des égards.

"Oui, l'anonymat est une des choses qui me manquent le plus, je comprends ça." commenta-t-elle.

Les gens comme lui ? Un début d'idée germa dans l'esprit de Mina, et la suite confirma ses soupçons. Yvelin était shaych. Si le fait d'aimer quelqu'un du même sexe avait troublé la Boutefeu à son arrivée à Haven, ce n'était maintenant plus le cas, et bien qu'elle conçoive qu'on ne soit pas à l'aise avec l'idée, elle ne comprenait pas en revanche qu'on se permette de critiquer et pire, rejeter les gens pour cette raison.
Vu la réaction d'Yvelin, son père devait être des plus intransigeants. Elle se senti désolée pour lui, et choquée par les bassesses de celui qui avait trahit la confiance du jeune homme en le livrant aux railleries de ses pairs, et au rejet de son père. Elle s'en assura néanmoins:

"Ton père, je suppose qu'il n'a pas apprécié apprendre cette nouvelle, puisque tu lui cachais ?"

Plus que jamais, Mina appréciait à sa juste valeur l'avantage de n'avoir aucune famille à décevoir. Aux Sadare, elle ne rendait aucun compte, mais si ça avait été le cas, ils n'auraient sans doute pas aimé apprendre qu'elle avait rejeté la demande en mariage de l'Héritier de Greenhaven. Quoique si leur opinion avait de l'importance, ça aurait voulu dire qu'ils auraient eu un rôle dans sa vie, et alors, même bâtarde, ils lui auraient probablement inculqué l'importance d'un bon mariage pour une jeune fille. Pfft...

"J'ai du mal à comprendre. Ca ne me regarde probablement pas, mais cette altercation, elle a du être grave pour que ton tourmenteur en vienne à ces extrémités?"


Oui, même après toutes ces années et une guerre, Irmingarde faisait toujours preuve d'une grande naïveté.

"Pas que je pense que son attitude soit justifiable d'une quelconque manière, mais ce qu'il a fait est... abjecte, et je suppose que le différent qui vous oppose doit être grand, alors il faut que tu saches que si cela relève du droit commun, tu peux en référer à un Héraut. Je peux te renseigner sur qui aller voir si tu le souhaites. Pour tes pairs, je ne peux malheureusement rien. Comme tu en parles je suppose que cette révélation a provoqué des tensions ? Ca me surprend, je pensais que les mentalités étaient aussi libres que dans mon Cercle, mais visiblement je me trompe ? En as-tu parlé à ta doyenne, Riannon ? C'est quelqu'un de juste, elle saura régler le problème. Je suis persuadée qu'elle ne plaisante pas avec la diffamation."

Cela faisait bien longtemps que Mina n'avait pas croisé la mère de Liane.

"A moins que... j'ai l'impression que c'est plus le poids des regards qui te pèse plutôt que des brimades ? Je sais très bien ce que c'est. Un ami m'avait conseillé, à l'époque, un peu abruptement, c'est dans sa nature. Il m'avait fait comprendre que je n'avais pas vraiment le choix et devait apprendre à faire avec. Je suppose que je peux partager sa... sagesse avec toi."

:Wylan adorerait savoir que tu le considère comme un être sage:
:Raconte ça à Kyra, ça les fera probablement rire:


"Dans ton cas, le temps fera son oeuvre. Tout se tasse, et un... pardonne moi du terme, scandale chasse l'autre. A moins que les règles soient différentes dans le milieu shaych? Je l'ignore."


Yvelin

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Re : Jouer avec le feu
« Réponse #6 le: 30 avril 2020, 10:55:04 »
La rumeur n'avait donc pas atteint les Hérauts. Ce qui, finalement, n'avait rien de très surprenant. En effet, la raison pour laquelle la révélation de Firen avait tant fait jaser, c'était justement parce qu'elle concernait Yvelin, un barde si discret, si effacé. Et inévitablement, les gens en étaient venus à se demander si par hasard Firen et lui n'avaient pas été amants.

«Je crois que si on avait pu parler de moi pour une composition ou une prestation particulièrement réussie, j'aurais pu m'en accommoder.»

Oui. La célébrité, il la désirait, au fond, comme tous les Bardes. Il rêvait que son nom se retrouve au côté de ceux des grands compositeurs des temps passés, qu'on parle de lui avec du respect dans la voix, qu'un jour, on étudie ses œuvres. Mais se retrouver au centre de l'attention de ses pairs parce que Firen avait trahi son secret, c'était insupportable.

Quand Mina mentionna son père, Yvelin se mordit les lèvres pour tenter de contenir le flot de larmes. Peine perdue, il ne parvenait pas à s'arrêter de pleurer. C'était trop douloureux encore.

«Il m'a dit... que je n'étais plus son fils. Il m'a interdit de revenir à la maison...»

Dieux, que c'était douloureux! Il se repassait en boucle la scène. Peut-être s'il avait nié? Peut-être s'il avait donné à son père ce qu'il désirait, s'il avait prétendu satisfaire des hommes pour de l'argent ou par contrainte. Mais alors, Maric aurait exigé le nom de cet homme et l'aurait accusé publiquement d'abuser son fils. Non...Il préférait encore la situation actuelle. Se sauver en sacrifiant Micha, c'était pire que tout.

Mina semblait ne pas comprendre qu'une simple altercation mène à cela. Qu'elle était naïve, au fond. Et elle ne connaissait sans doute pas les Bardes. Contrairement aux Hérauts, qui étaient nobles et bien intentionnés ou aux Guérisseurs, qui se dévouaient tous entiers aux autres, les Bardes étaient guidés par leurs émotions, leurs passions. Ils se nourrissaient de la moindre querelle, de la plus petite des contrariétés pour produire ce qui était leur carburant, le drame. Si la situation s'était à ce point envenimée, c'était parce que Firen avait la maturité émotionnelle d'un adolescent avec les moyens d'un homme puissant, et parce qu'Yvelin était à peine plus mûr que lui et qu'il avait eu envie de prouver à l'homme qu'il aimait qu'il avait le courage de ses opinions.

Enfin, quand elle lui parla de droit et de diffamation, il laissa échapper un rire sans joie.

« Le sujet de notre différend est un autre homme. Un homme que Firen a aimé, et qui l'a quitté. Un homme avec lequel j'ai une liaison. Je...Firen avait très mal pris leur séparation, et disons qu'il a fait des choses pas très jolies suite à cette rupture. Et quand il a découvert que cet homme s'intéressait à moi, il a tenté de me dissuader de le fréquenter. Je dois avouer que je me suis montré un peu... sec. Mais, comme tu t'en doutes, le milieu Shaych est petit. Et ce que je savais des préférences de Firen était de nature à me dégoûter. Mais bref, par la suite, chaque fois qu'il s'en est pris à cet homme ou à moi, j'ai tenté de contrattaquer, pour le neutraliser, au moins. Il semblerait que notre dernière altercation ait eu raison du peu de dignité qu'il lui restait. Il savait... dans le milieu, on sait toujours qui est dans le placard, qui en sort parfois, qui s'affiche totalement. Même quand il s'agit de quelqu'un d'aussi discret que moi. Bref, il savait ce qu'il faisait quand il a écrit un courrier anonyme à mon père.» Il soupira. «Quant à Riannon... que veux-tu qu'elle fasse? Officiellement, il n'a pas écrit ce courrier. Et ce qu'il a fait ici, au Collegium, ne relève pas de la diffamation. Il a juste laissé échapper qu'il avait entendu dire que mon père m'avait mis à la porte, ce qui ne l'étonnait pas, vu que j'étais shaych et qu'en plus je séduisais des hommes plus âgés, peut-être pour obtenir leur soutien financier. Ou quelque chose du genre.» Yvelin tripota sa boucle d'oreille, comme pour y trouver du réconfort. «Je... je crois que c'est le pire. Quand la rumeur disait que je charmais les vieilles bourgeoises avec mon sourire et mes bouclettes pour qu'elles m'engagent, c'était plutôt amusant. Et pas si éloigné que ça de la vérité. Tandis que là... d'une certaine manière, il salit ma relation avec... cet homme.»

Heureusement, Firen avait eu la décence de taire l'identité dudit homme plus âgé.

Le remarque de Mina sur la célébrité le fit sourire. Elle avait visiblement finit par se résigner, ce qui était la seule chose à faire dans son cas.

«Les commentaires me fatiguent, les questions aussi. Mais... le pire, ce n'est pas que tout le monde parle de moi. Non, le pire est que je ne me sens plus chez moi, ici, et que je n'ai nulle part d'autre où aller. Firen a réussi à me priver de mes deux foyers.» Il essuya ses larmes du revers de la main. «Et le problème n'est pas le milieu shaych... je pense que si j'allais dans un de nos lieux de rendez-vous, je pourrais y trouver du réconfort. Peut-être même l'un d'entre eux me proposerait-il de m'héberger, le temps que cela se tasse. Mais... Mais si on l'apprend dans le milieu, cela remontera forcément aux oreilles de l'homme que je fréquente. Or, je ne veux pas qu'il l'apprenne. Enfin... pas encore. Il... a tellement de choses plus importantes sur les bras, ces temps. Et que pourrait-il faire? Je sais qu'il voudra se venger. Mais moi, j'ai perdu le goût de la guerre. Je l'avoue sans peine, Firen a gagné. Maintenant j'aimerais juste... je ne sais pas...» *disparaître, que tout s'arrête.*

Il n'osa pas dire les derniers mots à voix haute. Il savait que s'il le faisait, on l'enverrait sans doute parler à un gentil Guérisseur qui se montrerait très compréhensif et qui voudrait l'aider. Mais même pour cela, il n'avait plus l'énergie. Il voulait juste panser ses blessures en paix.
« Modifié: 30 avril 2020, 18:01:06 par Yvelin »

Héraut Irmingarde

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Re : Jouer avec le feu
« Réponse #7 le: 30 avril 2020, 18:30:07 »
Mina brûlait d'envie de répondre à Yvelin qu'elle non plus n'avait pas vraiment aimé qu'on chante ses louanges en évoquant ce qu'elle avait fait à Beltran, mais se retint. Elle avait après tout déclaré que c'était de l'histoire ancienne.

Le Barde pleurait, sans arriver à se calmer, et Mina ne savait pas trop quoi faire sinon l'écouter, et c'est ce dont il avait visiblement grand besoin.
Apprendre que son père l'avait renié lui serra le coeur. Mais que répondre à ça? En terme de famille, elle n'avait pas vraiment de conseils à donner.

"Je suis désolée pour toi. Le crois-tu fermé au point de ne jamais changer d'avis ? Et ta mère ? Tu n'en parles pas. Elle est du même avis? Sinon peut-être peux-tu continuer à la voir ? "

En évoquant un soucis de droit commun, Irmingarde avait fait fausse route, mais cela eut le mérite d'ouvrir définitivement les vannes et elle apprit toute l'histoire. Et surtout, erreur inattention ou acte manqué, Yvelin laissa échapper à trois reprises le prénom du coupable. Cela lui dit vaguement quelque chose, sans qu'elle sut quoi encore. Mais ce nom, elle ne l'oublierai pas, c'était certain.
Et c'était finalement bien une histoire de coeur. De coeur bien brisé, car il avait l'air d'être encore très amoureux de celui qui avait été l'amant de Firen.

"La différence d'âge hein? Tu sais..."

Elle n'avait pas prévu de se dévoiler, mais leurs histoires étaient si différentes mais si semblables qu'elle sorti de sa réserve naturelle.

"Beltran et moi avons... avions..." elle ne savait toujours pas comment conjuguer son histoire avec le Général des Armées "16 années de différences. Il est noble, riche, et puissant. Toute Boutefeu que je sois, je restais une Grise originaire des Holds et coincée. J'ai eu mon lot de commentaires plus que désobligeants à ce sujet, alors même que mon élection devrait me protéger de ce genre de rumeurs. Je sais combien c'est dur."

Dites tout haut, la situation lui paraissait sous un jour différent. En un sens, en l'épousant, Beltran voulait la mettre à l'abri de ça. Même si elle trouvait ça toujours aussi stupide, et injuste.
Mais au moins, cela la rassurait de savoir que le même problème se posait dans la communauté shaych.

"Mais c'est plus difficile pour toi parce que vivant cette relation dans le secret, ça la marque du sceau de la... honte ? C'est un peu gros comme terme, je sais, mais tu vois ce que je veux dire non ? Ce qui est caché est souvent scandaleux, aux yeux des autres."

:Oui, finalement, tu auras fini par comprendre le sens des conseils de Wylan, avec un peu de retard: railla Ezarell.

"Et si tes préférences étalées au grand jour n'arrangent rien, je suppose que l'homme plus vieux ne veux pas être connu non plus ? En tout cas, il a l'air réellement généreux, c'est un beau cadeau.".

Elle désigna d'un geste du menton la boucle d'oreille qu'il tripotait. Elle avait tout de suite vu qu'il s'agissait de qualité, et si elle ne s'y trompait pas, une création De Girier.

"Yvelin, c'est tout à ton honneur de ne pas vouloir te venger. Mais ça ne veut pas dire que cet homme a gagné. Tu sais ce qu'on dit, gagner une bataille mais pas la guerre. On a besoin de prendre du recul parfois. Pour réfléchir. Ca ne fais pas de toi quelqu'un de faible. Tu le ne serai pas non plus si tu en parlais à celui que tu aimes. J'ai tendance à croire qu'il devrait savoir ce qui rend si malheureux la personne qu'il a distingué. Mais si c'est impossible pour le moment, alors pars. Tu es un Barde, va sur les routes chercher du réconfort, et de l'inspiration. Ca n'a rien de honteux. Occupe-toi l'esprit d'autre chose."
« Modifié: 30 avril 2020, 18:56:41 par Héraut Irmingarde »

Yvelin

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Re : Jouer avec le feu
« Réponse #8 le: 01 mai 2020, 09:25:52 »
Parler de son père était difficile. Car malgré son rejet, Yvelin l'aimait et ne pouvait s'empêcher de lui pardonner son geste. Qu'attendre d'autre un homme qui pensait que sa réussite dépendait de la capacité de son fils à lui donner des successeurs? Et il n'était pas responsable de l'éducation qu'on lui avait inculquée. Il n'avait jamais eu la possibilité de la remettre en question, d'ouvrir son esprit à d'autres modes de pensées.

«Changer d'avis? Je... je ne pense pas. Peut-être. J'en sais rien... Quant à ma mère, elle était au courant. Pas depuis longtemps, mais elle avait fini par deviner. Et elle a gardé mon secret. Pour le moment, je n'ose pas la contacter. Je ne veux pas que mon père et elle se disputent. Je vais attendre qu'elle m'écrive. Je crois qu'elle le fera, bientôt.»

Il l'espérait de tout cœur. Même si les événements étaient encore récents, même s'il l'avait vue quelques jours plus tôt, elle lui manquait. Il avait toujours été très proche d'elle. C'était elle qui l'avait encouragé à passer les examens au Collegium des Bardes, quand il avait été convié à le faire. Elle avait été l'oreille attentive de ses premières compositions aussi. Elle était fière d'avoir un Barde dans la famille, et était même parvenue à convaincre son mari que c'était une bonne chose pour eux, pour le moulin.

Quand Mina commenta sa différence d'âge avec Micha, Yvelin lui trouva un ton différent. Elle semblait réellement compatir et cela s'entendait. Quand elle rappela sa différence d'âge avec le commandait Greenhaven, Yvelin acquiesça doucement. Si elle avait pu vivre un belle histoire avec un homme de seize ans son aîné, nul doute que les pauvres neuf ans qui le séparaient de Micha ne constituaient pas un obstacle insurmontable.

«Je sais bien que ce n'est pas si important, l'âge. D'ailleurs, à part quand j'angoisse, j'arrive à ne pas m'en soucier. Mais, c'était juste un moyen facile de me décrédibiliser. C'est comme partout, la différence d'âge, de statut, de milieu social suscite la méfiance. Et là... je crois qu'on les coche toutes. Il n'y a que mon statut que je peux espérer améliorer. J'y travaille. Mais quoi que je fasse, je resterai un jeune Barde issu d'un milieu plutôt modeste.»

Il se retint d'en dire davantage sur Micha. Sans soute en savait-elle déjà trop. Il ne pouvait prendre le risque qu'elle l'identifie, même s'il doutait qu'elle en parle autour d'elle. Mina était l'amie d'Isabeau, la sœur de Micha, ce qui la rendait vraiment dangereuse.

Mina parla ensuite de honte, ce qui laissa Yvelin perplexe.

«La honte? Non... je ne crois pas. Enfin... évidemment que j'ai honte. Mais pas de ma relation. J'ai honte de ne pas être parvenu à être le fils dont mon père rêvait. J'ai honte de l'avoir déçu. À choix, j'aurais préféré être convens. J'aurais pu épouser une femme, peut-être même une Barde ou une Ménestrelle.» Le sourire de Liselle lui vint à l'esprit. «Par exemple ma meilleure amie, et il aurait été heureux et comblé, et ma vie à moi aurait été plus simple.» Il réalisa qu'il n'avait pas vraiment répondu à l'affirmation de la Héraut. «Tu sais, chez les Shaychs, les relations secrètes sont monnaie courante. Et ma relation ne l'était pas, dans le milieu. Nous nous sommes affichés dans quelques-uns de nos lieux.»

En fait, c'était un équilibre complexe. Il fallait que seules les bonnes personnes soient au courant pour s'assurer un minimum de liberté, mais aucune autre, pour ne pas risquer que leur secret soit trahi. Ils avaient clairement échoué. Mais comment auraient-ils pu faire mieux? Firen restait malgré tout un membre de la communauté shaych, et Yvelin s'était attendu à ce qu'il respecte les règles tacites du milieu.

Pour la suite, Mina avait vu plus juste.

«En effet... ce serait même une catastrophe. J'espère que ce petit rat n'a rien tenté de son côté. Quant à son cadeau...» Il lança à un Mina un petit regard oblique, essayant de deviner si elle avait reconnu l'atelier qui avait produit sa boucle d'oreille. «C'est très beau, mais très voyant aussi.»

Il prenait un risque à se promener avec ce bijou à l'oreille, réalisait-il soudain. Certes, n'importe qui pouvait avoir commandé un tel bijou aux ateliers de Girier, mais cela donnait déjà trop d'indications sur la direction à suivre.

Quand Yvelin avait avoué qu'il n'avait plus envie de se battre, il s'attendait à ce que la jeune femme le rabroue et lui dise de ne pas se laisser arrêter par cet échec. Mais au contraire, elle valida sa décision, lui donnant des fondements logiques inattendus. Oui, il avait besoin de réfléchir, de faire le point. Mais pas pour mieux revenir au combat. Au contraire pour avoir la sagesse de ne plus s'y perdre.

«J'ai... envie de partir. Mais en fait, je ne peux pas. Ou plutôt, je ne me pardonnerais pas de partir maintenant, alors que je suis à deux doigts de passer compagnon Barde.» Il exagérait, en fait. Mais il approchait de la phase finale de sa composition. Après l'avoir soumise à ses pairs, il lui faudrait encore la faire jouer, la diriger, puis passer quelques examens divers de théories musicales (il y excellait), de pratique instrumentales (il se débrouillait honorablement) et de technique de son instrument de prédilection (il redoutait cette partie). «J'ai tellement travaillé pour cela. Trois saisons que j'y consacre presque tout mon temps. Si je pars maintenant, qui sait quand je pourrais passer mon examen? Et... ça m'occupe l'esprit. Le problème, c'est quand je suis trop fatigué pour travailler, ou en manque d'inspiration.»

Quant à en parler à Micha, c'était simplement inenvisageable. Il craignait plus que tout que l'orfèvre lui dise, ou même simplement lui sous-entende que la situation était de son fait, qu'il payait le prix de ses bêtises. Car finalement n'était-ce pas le cas?
« Modifié: 01 mai 2020, 18:58:32 par Yvelin »

Héraut Irmingarde

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Re : Jouer avec le feu
« Réponse #9 le: 01 mai 2020, 11:59:06 »
Ni optimiste, ni pessimiste, Mina était très terre-à-terre. Elle ne voulait pas donner de faux espoirs au garçon qui semblait sensible, ni prêcher la résignation.

"Accroche-toi à cet espoir. Elle et ton père sont mariés et se respectent, non ? Alors il n'est pas impossible qu'avec le temps, elle le convainque de te rouvrir sa porte."


Elle l'espérait pour lui, même si alors, il serait difficile de faire oublier à Yvelin qu'il avait été chassé de chez lui parce qu'il aimait les hommes. Il en garderai des traces profondes.

"Les gens qui cherchent à te blesser attaquent toujours là où c'est le plus simple, mais où ça fait mal. Quand on choisi la droiture, le chemin est toujours plus difficile. Mais bien plus gratifiant. Tu en sera fier plus tard."

C'était son cas. Mina méprisait tout simplement ceux qui parlaient d'elle sans savoir.

"Les parents... sont souvent aveuglés par leurs besoins dynastiques, ou les traditions. Si j'étais restée là d'où je viens, je serai mariée depuis huit ans, et j'aurai déjà au moins cinq enfants. Si tant est que j'ai survécu à ça. Je n'aurai jamais eu le droit de t'adresser la parole. Et mon... père aurait trouvé ça normal. Parce que c'est ce qu'il attendait de moi. Oui, tout serait plus simple si on pouvait tout choisir, mais tu es le premier à savoir que l'on ne choisi pas qui l'on est. Ton père rêvait que tu sois quelqu'un d'autre, et je te souhaite qu'un jour il rêve juste que tu sois heureux. Ce n'est pas honteux."

Elle ne savait pas trop quoi rajouter. La conversation devenait plutôt complexe pour elle, presque trop. Et elle ne connaissait pas grand chose aux études des Bardes.
Elle tenta de résumer:

"Tu as l'air coincé. Pas d'endroit où tu te sentes chez toi, pas de possibilité de t'éloigner... Tu as parlé de ta meilleure amie, elle ne peux pas te loger ailleurs qu'au Collegium ? Et ta détresse, elle ne t'inspire pas ? Je comprends que l'idée d'obtenir ton examen en chantant tes malheurs ne soit pas engageante, mais c'est peut-être une façon d'aborder les choses autrement?"

Pure supputation de la part de Mina, car elle-même n'avait absolument aucune culture musicale et ne s'y entendait absolument pas en création de chanson, de poème ou autre... Elle chantait parfois, mais quand elle était sûre d'être seule. Elle sentit son cœur se serrer. Beltran, lui, chantait devant elle de temps en temps. Et elle adorait l'écouter.
Elle rajouta, un peu plus sèchement :

"Et même si tu n'en parle pas, je réitère ce que j'ai dit au sujet de ton amant. C'est vers les gens que l'on aime qu'on va quand on est triste, non? Il a le droit de savoir. Tu crois qu'il appréciera apprendre dans quel état tu as été à cause de lui ? Parce que tu n'es pas le seul responsable Yvelin. Il a aussi ses responsabilité à prendre dans cette histoire. Il est protégé par sa position, lui, n'est-ce pas ? Il n'est pas la cible de moquerie de ses camardes, il n'a pas été mis à la porte de chez lui. Il te doit de l'aide, d'une certaine manière. Et s'il t'aime, eh bien je suis certaine qu'il serait d'accord avec moi."

Yvelin

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Re : Jouer avec le feu
« Réponse #10 le: 02 mai 2020, 08:41:21 »
«C'est facile d'oublier que tu viens des Holds, quand on te voit, tu sais. Tu as toujours l'air si décidée et si... je sais pas... sûre d'être là où tu dois. Pour être honnête, les femmes comme toi, je les admire.»

Yvelin en avait aussi un peu peur, mais jamais il ne l'aurait admis. C'était ridicule d'être intimidé si facilement.

«Quant à mon père, je ne sais que penser. Ma mère, malgré toutes ses qualités, n'est sans doute pas à la hauteur d'une telle tâche. Pour que mon père m'accepte, il faudrait qu'il revoie sa conception du monde. En plu, je crois qu'il s'est senti trahi. Je doute qu'il puisse si facilement pardonner ça.» Il renifla aussi discrètement que possible; on l'entendit sans doute dix mètres plus loin. «J'ai trahi ses espoirs et ses aspirations. Pourtant... pourtant j'ai une sœur aînée qui a déjà des enfants. L'un d'entre eux sera Barde, lui aussi, j'en suis certain. Il montre déjà certains signes du Don. Mais l'un des deux autres fera un apprenti formidable pour mon père. S'il accepte de le reconnaître. En ça, je sais que ma mère pourra aider. Après tout, c'est parfaitement raisonnable.»

Cela avait été leur plan, initialement. Attirer l'attention de Maric sur Jules, qui montrait déjà une belle habileté. Ou même sur Léa. Contrairement à sa mère, Yvelin ne voyait aucun problème à ce que son adorable nièce devienne un jour la propriétaire du moulin. De toute manière, même si Yvelin avait été Shaych, il aurait sans doute fini par se marier à une Barde ou une ménestrelle, et ses enfants auraient hérité de son Don, les excluant de fait de la liste des successeurs de son père.

«Quant à la droiture... je crois que tu me confonds avec un Héraut! Je suis un Barde. Jaloux, passionné, fier - enfin, non, ça pas trop. Je sais que je n'ai rien fait de mal, c'est tout. Et-» Il avait failli prononcer le nom de Micha. «Et lui non plus... l'homme que je fréquente. Je déteste juste les questions et les remarques. Certaines sont même gentilles. Les gens ne sont pas vraiment mal intentionnés. Mais le fait même qu'ils aient conscience que j'existe, c'est presque trop. En ce moment, je voudrais juste qu'on me laisse tranquille.»

Que ne donnerait-il pas pour redevenir un anonyme? Pour que tout le monde l'ignore, comme avant? Même quand les gens se seraient lassés de parler de lui, même quand les rumeurs se seraient éteintes, les gens pourraient toujours mettre un nom sur son visage, une histoire derrière son sourire. Ils se rappelleraient qu'il était shaych, qu'il couchait avec des hommes plus âgés, que sans doute il obtenait de l'argent pour cela. Finalement, il ne lui restait que l'espoir que quelque chose se produise rapidement, qu'un autre scandale éclate bien vite, éclipsant le premier. Il pourrait évidemment forcer le destin, révéler que Firen traînait au Page, ou qu'il avait sans doute usé de sa position pour se venger de son ancien amant, une première fois en diffusant une chanson à charge, puis en lui faisant du chantage. Mais Yvelin n'était pas Firen. Il avait beau réprouver les goûts de son concurrent en matière d'hommes, jamais il n'irait le dénoncer publiquement. Transmettre cette information à Raimon était une chose, le crier partout en était une autre.

Irmingarde était décidément une femme à l'esprit très pratique. Sa proposition d'utiliser les événements pour nourrir son art parvint à lui arracher un sourire.

«La détresse? Je ne suis pas Firen moi, je n'écris pas de grands opéras débordants de sentiments absurdes. D'autant plus qu'il s'agit d'une œuvre instrumentale dont la composition est en grande partie achevée. En plus, je suis très mauvais pour écrire des pièces dramatiques. Moi j'aime les chansons simples, les paroles sans prétention qui offrent quelques bons traits d'esprit.» Il soupira. «Étonnamment, je n'ai pas de problème à composer ses jours. Au contraire, même. Quand je compose, j'oublie un peu la situation. Seule la musique m'habite. C'est agréable. Malheureusement, je ne parviens pas à composer 14 marques par jour. Et je dois bien manger.»

Malgré sa tentative pour esquiver le sujet, elle tenta de le convaincre une fois encore de parler à Micha. Or, sa manière de présenter les choses renforçait Yvelin dans sa décision. Même s'il était noble, Michan n'était absolument pas protégé par sa position. En fait, elle était même plus fragile que celle d'Yvelin. Quand son père l'avait chassé, il ne l'avait pas privé de son travail ni de son avenir. Si les parents de Micha désavouaient leur fils, il y perdrait son nom, son atelier, sa fortune.

«Le droit d'être au courant? Pourquoi? Parce que je l'aime, cela lui donne des droits? Et parce que nous nous fréquentons, cela lui donne des devoirs? Je ne crois pas. Nous ne nous sommes rien promis. Juste des bons moments. Les droits, les devoirs ne font pas partie de notre relation. Nous ne sommes pas un couple, comme tu l'entends. Le meilleur mot pour nous décrire serait sans doute celui d'amant. T'attends-tu à ce que l'amant d'une dame vienne lui demander de l'aide quand il se retrouve dans les ennuis? Non, parce que tu réalises bien que cette relation ne fonctionne pas sur les mêmes bases qu'une relation publique.» Au contraire, on attendait d'un amant qu'il se fasse discret et qu'il évite à tout prix que le scandale éclabousse sa dame.«Et il n'est pas responsable de la situation. Il m'avait mis en garde, il m'a dit de ne pas provoquer Firen. Je ne l'ai pas écouté. Je ne voulais pas courber l'échine. Et quel aide pourrait-il m'apporter? Peut-il effacer les souvenirs des gens? Peut-il me rendre l'amour de mon père? Je ne veux pas lui en parler. Pas maintenant. Je ne suis simplement pas prêt. Je n'exclus pas de l'informer de ma situation vis-à-vis de mon père, mais cela attendra une décade, peut-être deux. Je n'ai pas le courage d'en parler maintenant.»

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Re : Jouer avec le feu
« Réponse #11 le: 02 mai 2020, 17:57:18 »
"Ah oui?"

Mina s'était faite à l'idée qu'elle faisait peur aux gens. Quand on est capable de vous brûler vif, on intimide, il fallait bien le reconnaître. Mais qu'elle soit admirable ? Ce qu'elle avait sur le front était loin de l'être. Mais il n'avait pas besoin de le savoir.

"Je donne bien le change dans ce cas là, car tu n'as pas connu la gamine illettrée et terrifiée que j'étais en arrivant ici. Comme quoi personne n'est un cas désespéré. Et même si le fait d'être Héraut, et donc élue, aide beaucoup à se sentir... légitime, tu ne l'es pas moins que moi. Tu es Barde, tu a un Don, c'est du concret non ?"

Entendre Irmingarde faire l'éloge de la confiance en soi valait le détour !

:J'en connais beaucoup qui serait surpris de t'entendre:

"Quant à ton père, tu semble sûr de toi, et je ne peux pas prétendre le connaître mieux que toi. C'est possible qu'à son âge il ne change pas oui. Mais la raison, comme tu le dit, gagne parfois. Tu va avoir quelques années difficile devant toi je le crains. Qui ne prendront fin que par une réconciliation, ou l'oubli. Désolée, je ne suis pas la meilleure personne qui soit pour réconforter les autres."

Elle l'écouta parler de ses désirs d'anonymat presque total, et cela lui tira un mince sourire.

"Etonnante carrière pour un être comme toi. Mais comme tu dis, il faut bien que tu manges. Et donc que tu te produises. Je crois qu'ironiquement tu ne pourras prétendre à la tranquillité totale que quand tu seras assez connu pour vivre de tes plus gros succès. En je doute que ta chanson sur Beltran et moi te le permettent"

Elle avait dit ça avec un sourire, preuve que définitivement, c'était de l'histoire ancienne.
En revanche, son sourire disparu quand il prit a défense de son amant inconnu, et de leur relation.

"Mais bien sûr Yvelin! Sinon quoi?! Ce serait trop simple de se dire que parce qu'on vit dans le secret, ça excuse tous les comportements, du manque de soutien, à la trahison. Ce n'est pas parce que celui que tu appelles Firen se comporte comme ça que c'est une généralité. Vous ne vous êtes rien promis, très bien, mais vous êtes quand même assez accroché l'un à l'autre pour que tu sois malheureux comme les pierres à l'idée de le décevoir. Si c'est pas un devoir ça, toute cette énergie que tu a l'air de consacrer à ne serait-ce que mériter qu'il te regarde ! Et ce serait normal ? Désolée mais je ne suis pas d'accord avec ça. A partir du moment où tu aimes quelqu'un, tu deviens vulnérable. Et c'est à l'autre personne de te protéger, s'il a un minimum d'amour propre, s'il l'amour veut dire quelque chose pour lui. Tu es orgueilleux? Fort bien, je connais bien ça aussi. Et alors ? Ca voudrait dire que je n'ai pas le droit de demander de l'aide aux personnes à qui j'ai accordé ma confiance, et mon affection?"

Le ton de Mina était monté crescendo et elle avait du mal à s'arrêter.

"C'est vrai, je ne suis pas shaych, pas plus que coutumière des histoires de sexe, et même d'amour en général. Mais je sais ce que c'est que d'aimer. Et aimer, c'est tout sauf être seul, Yvelin."

Yvelin

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Re : Jouer avec le feu
« Réponse #12 le: 02 mai 2020, 22:02:11 »
«Oh... mais musicalement, j'ai confiance en moi. C'est pour tout le reste où j'ai des doutes.»

Rien de ce qu'il faisait n'était jamais assez bon, à ses yeux. Il aurait aimé être meilleur historien, meilleur linguiste, meilleur amant, meilleur ami, meilleur tout. Et ses attentes irréalistes étaient forcément déçues, ce qui expliquait qu'il peine à se considérer comme autre chose que médiocre.

Parler de son père, même si c'était douloureux, lui faisait du bien, il le sentait. Les larmes se tarissaient lentement et il avait l'impression de pouvoir à nouveau réfléchir.

«J'avoue que je ne sais même pas si je lui en veux ou pas, si je serais capable de le regarder en face après ce qu'il m'a dit. Alors, nous réconcilier... Pour le moment, la douleur est trop vive, mais je sens la colère en moi, quelque part.»

Oui, et il n'aimait pas la colère qu'il ressentait. Il n'aimait pas découvrir à quel point ce sentiment s'était emparé de lui récemment. Il n'en voulait pas, il voulait s'en débarrasser. La colère ce n'était pas digne de celui qu'il voulait être.

Mina en profita pour se moquer de ses rêves d'anonymat, alors qu'il était Barde. Pourtant, il était persuadé que ce n'était pas incompatible. Il existerait toujours des endroits où on ne saurait pas qui il est, même s'il devenait célèbre. Ce qui n'était pas gagné.

«J'aime bien me produire, pourtant. Et j'aime composer. Et que les gens chantent mes compositions. Mais j'aime aussi être tranquille. La majeure partie du temps. Et là, j'en ai plus que besoin.»

Oui. La solitude lui faisait terriblement envie. Et le silence. S'il n'avait pas tant tenu à passer le rang de compagnon Barde au plus vite, il aurait fui la ville le soir même où son père l'avait chassé. Mais il avait besoin de réussir, pour se sentir digne de Micha. Et aussi pour pouvoir redresser la tête.

Yvelin écouta Mina s'énerver avec une perplexité croissante. Il trouvait sa vision de l'amour très belle, et peut-être avait-elle raison. Mais elle ne parlait de que du type de relation qu'elle connaissait. Une relation bien établie, mutuelle, aux contours définis. Yvelin, bien souvent, réalisait à peine qu'ils étaient amants.

«Je crois qu'on a des visions très différentes de ma relation avec cet homme. L'aimer ne me donne aucun droit sur lui et vice-versa. Je n'attends de lui rien d'autre que des bons moments, du sexe et de la tendresse. Je... je sais que cette relation ne nous mènera jamais plus loin. Les circonstances ne le permettent pas. Et ça me convient.» De toute manière, il n'avait pas le choix. Il était heureux de ce qu'il avait, et il aurait l'impression d'être trop exigeant s'il en espérait davantage. «Et évidemment que tu peux demander de l'aide à tes amis, si tu en as envie. Mais c'est là le point important: je ne veux pas lui demander de l'aide. Je ne veux pas en parler maintenant. Je n'ai pas envie...» Comment formuler les choses pour qu'elle les comprenne. Comment même mettre des mots sur une peur aussi intangible? «Je... j'ai peur que si je ne parviens pas à me relever seul, si je m'appuie sur lui, jamais je n'arriverai à être debout sans son aide, jamais plus je ne pourrai me passer de son soutien.» Cet aveu lui arracha de nouveaux sanglots, et il dût faire de gros efforts pour arriver au bout de sa phrase. «Ça n'a rien avoir avec l'amour ou le fait d'être shaych. Ce serait tellement facile d'aller le trouver, de tout lui raconter. Il m'écouterait, me consolerait, sans doute même qu'ensuite, il saurait me faire oublier ma peine, pour un temps. Puis quand la douleur reviendrait... j'en serais au même point. Incapable de la gérer, de l'accepter, d'en faire quelque chose et d'avancer.»
« Modifié: 02 mai 2020, 22:07:56 par Yvelin »

Héraut Irmingarde

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Re : Jouer avec le feu
« Réponse #13 le: 03 mai 2020, 11:54:52 »
Mina avait toujours cru ne jamais rencontrer quelqu'un d'aussi peu sûr de lui qu'elle avait pu l'être - et l'était encore parfois - mais elle se trompait.
Cependant, parler semblait lui faire du bien. Et tant mieux, car la Boutefeu n'avait pas l'impression de lui apporter la moindre réponse à ses problèmes.

"Je crois alors que tu as trouvé la meilleure alternative en venant t'isoler ici en journée. Pour dormir en revanche, il a beau faire doux en cette saison, je suis pas certaine que ce soit très confortable."

Il était clair que leurs visions de l'amour différaient totalement. Après sa harangue au sujet du soutien mutuel, Ezarell réagit:

:Ma romanesque Elue...:

Mais ce que disait Yvelin ne manquait pas de son sens et donnait matière à réfléchir à Mina sur la dépendance affective, par exemple.

"Je t'ai donné mon avis sur la question. Je pense qu'on a assez de problèmes dans la vie pour s'en rajouter, et que la facilité, ça fait du bien parfois. Mais tu es le mieux placé pour savoir ce dont tu as besoin."

Elle observa la course du soleil:

"Je dois rentrer. Tu devrais retourner dans le tien aussi, quand tu seras prêt.'

Elle lui adressa un mince sourire.

"Tu vois, je n'étais vraiment pas venu me moquer de toi. J'espère avoir l'honneur d'entendre ce que tu auras composé pour ton passage de grade."


Elle reparti en sens inverse, gravant dans son esprit le prénom de celui qui était responsable de la situation d'Yvelin. Pour le moment, il n'y avait rien d'officiellement répréhensible, mais on ne savait jamais. Firen.
« Modifié: 03 mai 2020, 12:55:38 par Héraut Irmingarde »

Yvelin

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Re : Jouer avec le feu
« Réponse #14 le: 03 mai 2020, 13:09:41 »
«Oh, j'ai encore quelques heures de travail qui m'attendent, maintenant que j'arrive de nouveau à réfléchir droit. Mais ne t'inquiète pas, je suis trop douillet pour dormir par terre.»

Et il avait encore mal au dos de sa nuit passée recroquevillé sur son panier, dans le champ de foire.

Mina ne tenta pas de convaincre que sa vision très idéalisée de l'amour était la bonne. Sans doute avait-elle compris qu'Yvelin pouvait être très têtu, surtout quand il était persuadé d'avoir raison. Et il devait avoir épuisé sa patience, car elle déclara qu'il était temps pour elle de retourner au Palais. Mais, par politesse sans doute, elle fit mine de s'intéresser à ce qu'il composait.

«Non en effet, tu n'étais pas venu te moquer. Et tu es bien meilleure amie que ce que tu crois. Tu devrais arrêter de voir ta franchise comme une tare et plus comme quelque chose de précieux. Parfois, quand on va mal, on a moins besoin de paroles apaisantes que de vérités dites sans méchanceté.» Il soupira et essuya ses larmes. «Par contre, je doute que ma composition te passionne, mais peut-être donnerais-je un concert, si tout se passe bien. Si c'est le cas, je t'inviterai.» Il esquissa un petit sourire titre. «Passe une bonne soirée, Mina.»

Il la regarda s'éloigner, le cœur encore lourd, mais l'esprit plus léger. Il n'avait pas envie de rentrer, mais il savait qu'il devait se forcer à avancer. Il ne pouvait pas se laisser abattre. Pas si proche du but. Il s'était fixé un but et il était prêt à mettre de côté tout le reste pour y parvenir. Y compris ses souffrances.

Il prit le temps nécessaire à sécher ses larmes et à reprendre contenance. Hors de question d'offrir sa détresse en pâture à Firen. Quand il se sentit prêt, il reprit le chemin du Collegium et de sa chambre.

[RP CLOS]
« Modifié: 03 mai 2020, 13:10:05 par Yvelin »