Voir cette femme se gonfler d'importance en parlant de ses enfants était presque risible. Triste aussi, quelque part. Elle n'avait sans doute vécu que pour se marier, et maintenant qu'elle avait des enfants, elle ne vivrait que pour qu'ils s'accomplissent. Avait-elle des aspirations propres? Des rêves? Des désirs? Sans doute étaient-ils étouffés sous des années d'endoctrinement et d'attentes irréalistes.
«Les dignes héritiers? Je vois. Un louable objectif, bien que flou, à mon avis. Mais je ne doute pas que vous saurez juger ce qui convient ou non à votre nom.»
Yvelin plaignait ces enfants. Ne vivre que pour satisfaire les ambitions de ses parents était horrible. Combien finissaient écrasés sous la pression? Ou se désintéressaient de tout et devenaient de parfaits abrutis?
La conversation revint sur les détails pratiques de son engagement, au soulagement d'Yvelin qui commençait à se lasser d'aligner platitudes et compliments.
«Faisons comme cela, oui. Et non, vous me paierez à la livraison ma Dame. Après tout, je n'ai aucune raison de croire que vous seriez du genre à ne pas honorer vos dettes.»
Il remit son luth dans son étui. Puis il se leva et tendit son bras pour aider la jeune femme à en faire de même.
«Je ne voudrais pas accaparer davantage de votre temps précieux.»