Thalyana était elle aussi bien chargée, mais comme elle avait longuement économisé, il lui restait encore une jolie somme... enfin, pour une fille de la campagne qui n'avait jamais vraiment eu d'argent avant d'arriver en ville.
Elle paya la vendeuse, et fut heureuse de constater qu'il lui restait suffisamment pour son projet.
Elle prit son paquet et se tourna vers Enora.
" En fait, je cherche une jolie tunique d'homme... élégante... euh, pour mettre dans des occasions, comme des réceptions à la cour, ou ce genre de choses..."
Elle rougit. Il n'était pas facile pour elle de parler de ça, car elle n'avait toujours pas décidé de la conduite à tenir à ce sujet. Devait-elle en parler? Ou serait-il préférable de taire le nom de son "ami"? Et Kalaïd, lui, apprécierait-il qu'elle parle de leur relation autour d'elle? Elle n'avait pas eu l'impression qu'il la cachait, quand elle venait à la caserne. Mais en même temps, une partie des soldats avait assisté à la naissance de leur idylle, donc toute la caserne devait être au courant avant même qu'elle ne vienne pour la première fois.
Chez les Guérisseurs, seules quelques personnes vraiment très attentives avaient remarqué quelque chose... Alder, évidemment, le Tayledras qui enseignait le soin aux non-humains, et peut-être l'Intendante, qui avait dû constater qu'elle ne dormait pas très souvent dans sa chambre, ces temps.
Elle reprit.
" Comme il est lieutenant maintenant, il risque d'y être invité parfois... et même si je sais qu'il doit avoir quelque chose, j'aimerais bien lui offrir un bel habit. Je ne suis pas très riche, mais j'aimerais vraiment lui trouver quelque chose de beau..."
Elle sortit de la boutique, espérant de tout cœur que la Grise connaissait un magasin de confection masculine, car Thalyana, elle, n'en connaissait vraiment aucun.
Puis, elle avait encore le temps. Pour une fois qu'elle n'était pas de garde, elle comptait bien en profiter et se promener un peu, même si l'air était glacial. Avoir un peu de compagnie ne lui faisait pas de mal, car depuis son retour de mission, elle ne voyait que Kalaïd et ses patients, et parfois un professeur.