[HJ : Désolé du retard, légèrement overbooké ces derniers jours ]
Déçu. Enfin du moins c’est ce que la moue que fit Arsène lorsque la jeune femme lui annonça ses prestations semblait montrer. Il se leva nonchalamment se dirigeant vers la chambre, et d’une voix d’où ne transparaissait aucun sentiment lança à travers la porte.
« Mes dames, veuillez rassembler immédiatement votre argent et vos affaires, et quitter cette pièce. Vous vous habillerez dehors, je ne veux plus vous voir ici »
Alors qu’il reprenait place dans un fauteuil douillet, une femme vêtue d’une simple tunique sortie de la pièce, des billets plein les mains, les yeux encore hagards, suivi de très près d’une deuxième.
« Partez maintenant, je ne veux plus vous voir. Si besoin je sais où trouver le trou à rat où vous logez. »
Il n’aimait pas qu’elles soient là. Il aimait leur compagnie le soir, du moment qu’elles ne l’obligeaient pas à les voir le reste du temps. Après tout, ces femmes ne sont que des instruments, des mets, au même niveau qu’une volaille, et franchement, qui a envie de regarder gambader une poule dans un champ avant de la déguster à la broche ?
Portant son verre à ses lèvres, il claqua des doigts, et sa mère apparut de nouveau à ses cotés, comme une ombre toujours présente.
« Mère, veuillez vous occuper de ma chambre, et rapidement. J’aimerai que cette séance ait lieu dans le meilleur environnement possible, rechargez les huiles, les bougies, et faites le lit. Et vite, la fatigue me gagne.»
Le noble fut prit d’un bâillement forcé, pendant que sa mère partait en trottinant vers l’antre d’où se dégagait une chaleur, et une odeur de fauve particulièrement forte et tenace.
« Simple précaution, vous faites ce métier depuis longtemps bien sûr ? Ce n’est pas une lubie d’un soir qui vous a prise car vous avez entendu une voix venue d’outre-tombe n’est-ce-pas ? C’est bien une vocation ? Non car il se trouve que j’ai souvent entendu parler du… Talent de vos semblables, mais je n’ai jamais eu l’occasion et le plaisir d’y goûter. »
Cette phrase pouvait sembler banale, une conversation normale. Mais l’intonation du noble ne laissait absolument aucun doute. Son ton était avilissant et sale. On sentait qu’il connaissait parfaitement la nature des prestations que pouvaient offrir les Kestra’chern, et loin d’avoir un quelconque respect pour leur travail, ses mots appuyés et précis ne laissaient guère de doute. Pour lui ils n’étaient finalement rien de plus que les deux femmes qui venaient de quitter sa chambre.
« Bien une fois la chambre terminée, nous pourrons commencer. J’ai besoin d’un massage. Rien de plus. Mon dos est particulièrement fatigué, l’homme qui nous a conduit jusqu’ici n’avait absolument aucun talent pour son travail, j’éspère qu’il n’en sera pas de même de vous »
De toute façon pour aujourd’hui Arsène était rassasié, et il ne voulait rien de plus qu’un peu de relaxation. Il n’en serait surement pas de même si il y avait d’autres rendez-vous, pensa-t-il, laissant un sourire malsain naître sur ses lèvres.