Il s’en doutait, l’homme était prêt, debout, et alerte. Il n’en attendait pas moins d’une personne de confiance.
-Merci ! Et je tiens à te féliciter aussi pour ta nomination. Visiblement, pour toi, comme pour moi, les missions ont modifié beaucoup de choses !
Depuis les différents départs, tous avaient vécu des choses plus ou moins dures, des épreuves, des réactions. Fitz le savait, il avait été promu à son retour, pour la maitrise et les choix qu’il avait su entreprendre à l’étranger. Rohan avait fait son rapport, et celui-ci avait surement mis en avant les capacités de l’ancien mercenaire.
En entrant, Fitz ne put que remarquer la beauté de la lame que Kalaïd portait, elle était propre et soignée, on voyait que l’homme y faisait attention, et c’était une chose qu’il appréciait chez ses camarades.
-En faite, je me suis dit qu’il était peut être temps que nous apprenions à nous connaître un peu. Nous sommes maintenant tout les deux lieutenant, et j’ai bien peur que l’avenir de Valdemar ne nous mène vers un combat où la confiance en nos hommes et nos camarades sera notre seule force. Les missions ont apporté de nouveaux alliés, mais aussi de nombreux ennemis, et de mauvaises nouvelles.
L’homme ne sortait plus sans ses armes depuis le retour des missions. Déjà qu’avant il portait toujours sur lui des lames courtes, mêmes dans les couloirs du palais, maintenant il se baladait avec son attirail complet. Ce qui était relativement encombrant il fallait le dire. Se promener avec une hache à deux mains ressemblant plus à une arme de bucheron qu’à une arme de guerre, et deux épées accrochées en croix dans son dos, n’aidaient pas à passer inaperçu. Mais ce n’était pas le but. Le but était justement d’être vu et bien vu. Il prit donc le temps de déposer sa hache dans un coin derrière la porte. L’arme était de plus en plus émoussée, ne coupait certainement plus énormément, mais finalement ce qu’il lui demandait n’était pas forcément de couper, mais plus d’écraser, et ca… Elle le faisait très bien. Il avait les yeux dans le vide, rivés sur son arme.
-Il y a des chose sque tu dois savoir sur moi, si nous devons monter au front ensemble. Il y a beaucoup de rumeurs sur moi, mais la vérité est tout autre, et il est important en tant que camarade que tu sois au courant.
Il n’était pas facile pour le mercenaire de parler de cela. Délicatement il enleva le gant qui protégeait sa main, et présenta sa marque à Kalaïd.
-Haven a changé énormément de monde, on le sait. Ce que je ne savais c’est qu’elle changerait profondément ma vision du monde. J’ai cette chose, cette marque, gravée par Aanor pour faire de moi son instrument. Elle m’offre un don, que je ne comprends pas, et que je ne gère pas, il me serait difficile de t’en dire beaucoup à ce sujet. Il était important pour moi que tu sois au courant de cette réalité. Je suis soit disant son Glaive, son envoyé, ou je ne sais quoi, je t’avoue que ca me dépasse.
L’homme resta un instant les yeux dans le vague avant de se reconcentrer.
- Désolé de te cueillir de si bon matin avec ce genre de choses, mais je voulais être sincère avec toi. Que tu connaisses le pourquoi de mes réactions, le comment. Je pense sincèrement qu'on a chacun nos bagages, notre passé, qui conditionnent notre façon de combattre. Je ne ressens que peu la douleur, tu peux donc aisément imaginer qu'être en tête dans une charge ne me dérange pas, et que je suis plus du genre tête brulée qui fonce dans le tas, plutôt qu'éclaireur agile.
Fitz adressa au lieutenant un sourire plein d'amitié.