Le lieutenant fut surpris, posant la main sur la poignée de son arme, il détailla l'apparition avec soin. Sa tenue, son maquillage ne laissait que peu de doute au lieutenant. Elle était celle qu'il était venu chercher dans ces couloirs. Il remarqua ses armes, le risque potentiel qu'elle pouvait être pour lui. Et puis elle parla. Ce mot. Ce nom. Il ne l'avait entendu qu'une fois, et pourtant depuis tout cela tournait dans son crâne, question sans réponse. Lorsqu'elle s'approcha de lui, il se doutait déjà que sa main aurait une réaction. Il ne s'attendait pas pour autant à ce qu'elle soit aussi forte. Une chaleur intense qui se propageait le long de son corps, un sensation tendre et douce, qui le confortait dans son idée qu'il ne courait aucun risque. Lorsque son cou fut pris d'un frisson incontrôlable, l'homme présenta la paume de sa main devant lui, son regard fixait sur sa marque.
- Je pense que vous êtes la personne que je cherchai. Peu de gens m'appellent Le Glaive. Même si je préfèrerai que vous me nommiez par mon prénom. Je suis Fitz, honoré de vous rencontrer.
Les questions se percutaient dans sa tête. Par quoi commencer ? Comment engager la conversation? Que dire ? Il avait rêvé de cet instant, et maintenant il se sentait incapable de parler. Ses épaules s’affaissèrent.
- Mais vous savez déjà ce que je suis non ? Depuis que j'ai eu vent de votre existence, je rêve de vous rencontrer, je rêve de vous voir pour enfin avoir des réponses. Et maintenant que vous vous tenez devant moi je ne sais même plus comment commencer. Il y a tellement à demander, tellement à comprendre, qu'il m'est impossible de savoir ce qui est le plus important.
Le lieutenant restait là, debout, le regard fixait sur sa main tendue, comme un enfant perdu qui ne comprend rien. A cet instant il était redevenu le petit garçon qui affronte un monde qui le dépasse.
- Qu'est ce que je suis ? Et pourquoi ? Pourquoi moi, pourquoi pas quelqu'un de chez vous ? Que dois-je faire ? Qu'est-ce qu'on attend de moi ? Qui est-elle ? Je... Je...
Il secoua la tête doucement. Toute cette frustration de ne pas savoir. Cette soif de connaissance qu'il avait enfoui en lui depuis ce qu'il appelait l'accident, ressortait avec violence, les mots se déversant, flot discontinu.
- Je suis désolé. Je ne sais rien, et j'aimerai tout savoir. Il aurait été plus facile qu'une personne de votre peuple soit choisi, plutôt que moi. Moi, je ne suis personne, et voilà que je deviens "le glaive". Je... Désolé, je ne veux pas vous faire peur. Je sus juste... Perdu.
Son regard faisait des va et vient, de la marque sur sa main, toujours tendu dans le vide, jusqu'au dessins sur celle de l’émissaire.