Auteur Sujet: Débit de polisson  (Lu 8493 fois)

Héraut Wylan

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Débit de polisson
« le: 15 août 2017, 20:54:23 »
4e décade de printemps 1485 —Au Petit Creux - suite de Recel d'informations

Deux jours plus tard, Wylan arriva en début d'après-midi à l'endroit de son "rendez-vous". Et en effet, il ne lui avait pas été difficile de trouver le lieu indiqué par Jehanne. Et il avait bien ri en découvrant qu'il s'agissait de l'endroit tenu par sa famille.

Devant son armoire, il avait longuement hésité. Uniforme ou habit civil? Wylan détestait la tenue des Hérauts. Malgré sa coupe irréprochable, il se sentait déguisé quand il la portait. Mais cela aurait été un moyen facile de rassurer Jehanne tout en s'attirant les bonnes grâces de sa famille. Il aurait pu enfiler la tenue qu'il portait habituellement avec Isibeal, un ensemble bien taillé, dans les tons gris foncé, avec une chemise de fine toile blanche. La tenue d'un bourgeois fortuné, ou d'un petit noble. Mais il craignait d'avoir l'air déplacé dans un endroit aussi familial. Finalement, il avait opté pour ses vêtements habituels. Il avait simplement veillé à ce que sa chemise soit propre et son haut-de-chausse exempt de trous. Il espérait qu'arriver à dos de Compagnon suffirait à se mettre la famille de sa belle dans la poche. Ou en tout cas à éviter qu'on le mette dehors comme un malpropre.

À peine arrivé, il commanda une bière au comptoir et chercha Jehanne des yeux. Il ne la vit pas, mais il ne doutait pas qu'elle soit là. Elle devait se trouver dans la cuisine, la réserve, ou n'importe où dans les environs.

Il s'installa à une table au milieu de la pièce, ce qui était totalement contraire à ses habitudes. De par son métier, son instinct, il choisissait habituellement une place hors de vue, ou proche de la sortie arrière. Mais il n'avait rien à cacher, et vu que Jehanne avait décidé de l'inviter sur son terrain à elle, il allait jouer selon ses règles.

Il avait longuement repensé à la réaction de la jeune femme, deux jours plus tôt. Il était maintenant persuadé qu'elle avait fui non pas parce qu'elle ne l'appréciait pas, mais au contraire, parce qu'elle avait réalisé qu'elle avait trop apprécié qu'il la touche. Kyra soutenait qu'il prenait ses désirs pour des réalités, mais la jument était toujours la première pour se moquer de lui.

En fait, il avait envie de voir jusqu'où il pourrait aller. D'une certaine manière, il cherchait à se prendre une baffe. Le jeu serait alors fini et il pourrait retourner à sa vie. Et si la baffe n'arrivait jamais, eh bien, il improviserait.

Spoiler: montrer
Kyra, elle, espérait que la baffe viendrait vite. Elle connaissait son Héraut. Et elle craignait qu'il ne s'implique trop. Il accordait déjà trop d'importance à ce qui n'avait été qu'un bref contact. C'était mauvais signe. Ce genre de petits jeux, cette avancée prudente vers l'autre, il ne s'y était adonné qu'avec une seule femme jusque là. Et cette femme était maintenant morte, emportant avec elle l'unique preuve que Wylan pouvait aimer. Kyra n'avait pas envie qu'il retombe amoureux, car elle n'avait pas envie qu'il souffre.


Enfin, il vit Jehanne. Il ne lui fit pas signe, il se contenta de l'observer de loin. Avait-elle parlé de sa venue? Son frère allait-il la prévenir de son arrivée?
« Modifié: 22 mars 2020, 12:00:50 par Héraut Wylan »

Jehanne

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Re : Débit de polisson
« Réponse #1 le: 15 août 2017, 22:04:31 »
La "discussion" de Jehanne et Wylan, pour courte qu'elle ai été, créa pas mal de remous au poste. "Le héraut du lieutenant" est désormais le petit nom sur toutes les lèvres.  Ses hommes ont beau se gausser de l'histoire elle est prête à parier qu'ils n'y croient pas vraiment. La jeune femme a trop souvent rejeté les demandent diverses pour penser qu'elle peut être attirée par un uniforme, fut-il blanc. Jehanne elle-même en vient parfois a se demander ce qu'elle a put trouver au bonhomme alors même qu'elle peine à se souvenir de ses traits. Elle est certaine que ses yeux sont gris. Mais il lui semble parfois qu'ils sont bleus. Une femme amoureuse est capable de se rappeller de son amoureux quand même ! C'est un signe. Elle a juste eu une montée de désir, normal pour une femme de son âge. Voilà. Et Wylan et elle en rigolerons quand ils se reverrons. Tels deux amis et puis c'est tout.

N’empêche elle a bien fait de ne pas l'inviter à revenir au poste de garde.

Comme souvent lorsqu'elle est de repos, Jehanne en profite pour venir aider au bistro. Elle n'a de toute manière que peu d'activité en dehors de son boulot. Et trouver des sourires au lieu des sales gueules habituelles est reposant. Elle n'a absolument pas eu besoin de tergiverser devant son armoire ce matin-là pour se vêtir. Une solide robe de tous les jours en toile simple et de couleur oscillant entre le brun et le beige. Accompagné d'un bracelet et d'un collier de perles de bois peints. Sans compter le tablier marron ceignant sa taille. Et dans sa poche un petit bout de papier si insignifiant.

Jehanne est persuadée qu'il ne viendra pas en blanc. En tout cas s'il souhaite garder plus qu'une relation de travail, il n'a pas intérêt. Et puis à quoi ça rimerait de s'être vanter d'être "le héraut qui n'est pas en blanc", s'il se désavouait ? Elle n'en a pas pour autant prévenu sa famille. Alma n'a rien dit. Elle pense surement que sa fille a été encore trop gentille. Elle a depuis longtemps abandonné l'idée de marier Jehanne et deux autres de ses fils.

Après avoir ramené des plateaux lourds de verres et de bols à la plonge et donné le tout à une Jalna très mécontente - Mais l'adolescente est toujours de mauvaise humeur en ce moment -, elle retourne en salle. Impossible de le manquer. Franchement son esprit aime à lui jouer de drôle de tour parce que maintenant qu'elle l'a sous les yeux elle ne peut douter que c'est lui. Passant les mains dans le dos pour défaire le nœud du tablier la jeune femme se dirige vers le comptoir et l'y dépose.

"je prends le reste de ma journée."

L'annonce fait hausser un sourcil à Caspian avant de lui tirer un sourire chaleureux. Véritable héritage de la famille ce sourire.

Jehanne s'approche de la table du Héraut et s'y assoit. *A oui ils sont bien gris.*

"Bonjour Wylan. Je me demandais si tu oserais entrer dans l'antre de la bête."

Glissant ses pieds sous la chaise elle prend appuie dans la même position que quelques jours plus tôt ; coudes sur la table et mains croisés et cet inévitable petit air doucement amusé. Pour un peu c'est juste comme s'ils continuaient leur discussion. Et Jehanne a besoin d'en savoir plus sur le héraut. Tout en reconnaissant la dangerosité d'un rapprochement. Elle craint autant les élans du corps que ceux du cœur.
« Modifié: 15 août 2017, 22:10:25 par Héraut Wylan »

Héraut Wylan

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Re : Débit de polisson
« Réponse #2 le: 15 août 2017, 22:37:44 »
Jehanne remarqua enfin sa présence. Elle enleva son tablier, sans doute pour signaler qu'elle n'était plus en service, et vint le rejoindre.

C'était la première fois qu'il la voyait habillée en robe. Habituellement, elle portait l'uniforme de la garde. C'était perturbant. Il n'était pas certain d'apprécier; il trouvait que les pantalons mettaient mieux en valeur la silhouette de la jeune femme.

Celle-ci s'installa en face de lui et lui lança une remarque qui le fit rire.

« Je ne suis pas certain que ton frère — ou ta mère d'ailleurs — mérite un tel nom. Ils sont sans doute l'un comme l'autre très sympathique.» 

Il adopta, par jeu, une position assez similaire à celle de son interlocutrice : le coude sur la table, la mâchoire en appuis sur trois doigts et un sourire amusé aux lèvres. 

« Je dois avouer que j'ai ri quand j'ai découvert que tu m'avais invité à te rejoindre dans l'auberge familiale. J'imagine que je risque de me faire casser la figure par le patron si j'importune trop la jolie serveuse, c'est ça? En tout cas, tu le féliciteras pour sa bière. Elle est très bonne. Et je sais de quoi je parle. Je viens d'une famille qui vit littéralement de sa capacité à fabriquer de bons alcools. »

Pour appuyer ses dires, il avala une grande gorgée de bière.

« Dis-moi, ma colombe, pourquoi choisir la garde quand tu aurais pu t'associer à ton frère pour reprendre cet endroit? Les journées doivent être plus paisibles. Bon, j'imagine que, par contre, une aussi charmante tenancière que toi recevrait encore plus de déclarations enflammées. »

Il ne fit pas remarquer qu'il était hautement improbable qu'à son âge une aubergiste ne fût par mariée. C'était évident. Les femmes célibataires trentenaires et respectables étaient soit Héraut, soit Barde, soit Guérisseuse, soit garde. Toutes les autres s'étaient dépêchées de se trouver un mari, un amant et de pondre quelques gamins.

« En parlant de déclaration... j'espère ne pas avoir suscité trop de commentaires à la caserne. Si tu veux, je peux faire un démenti public pour dire que mes raisons d'être là étaient strictement professionnelles. Ce serait mentir, évidemment. Mais que ne ferais-je pas pour de si beaux yeux. »

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Re : Débit de polisson
« Réponse #3 le: 16 août 2017, 08:59:40 »
Et bien, ça commence bien. Ils échangent déjà rires et sourires et ce mélange de complicité et d'intimité teinté d'humour

Bien sur que sa famille est sympathique ! Mais son devoir filial lui demande de lui présenter un tableau qui ferait fuir le prétendant pas sérieux. C'est pas comme ça que ça fonctionne ? Elle répond avec humour.

"Ne fâche pas ma mère quand elle a une cuillère en bois dans la main. Tout héraut que tu sois tu le regretterais."

Le sujet dévie plus sur son frère et elle rit à son tour en imaginant son étonnement.

"Maman m'ayant déjà fait promettre de venir, je ne me suis pas sentie le cœur de revenir dessus. Pas tout à fait sure non plus que tu sois sérieux. Tu devais fuir dans ce cas. Et Caspian est le plus doux des hommes. Je ne sais pas si c'est parce qu'il est l'ainé et qu'il avait des responsabilités envers nous les petits mais il a toujours été plus calme que le reste de la tribu. Il appréciera le compliment. Que vend ta famille ? Ça pourrait l’intéresser si ce n'est pas un produit de luxe."

Et la voilà agent commercial pour son frère ! L'idée la fait pouffer intérieurement. A moins que ce ne soit juste pour le faire parler sur lui et sa famille.

Mais qu'à donc Wylan avec les propositions enflammées ? Elle trouve son insistance là-dessus un peu suspecte. Serait-il jaloux de ces hommes ? Ou est-ce juste une façon de... chatouiller sa sensibilité par un compliment détourné.

"Je me ferrais surtout vite une réputation d'utilisatrice de gourdin sur les importuns et ça c'est mauvais pour les affaires. Quand à devenir soldat. Et bien. En partie pour faire comme mes frères qui ont eux-même suivit les traces de mon père. Il a été soldat un temps lui aussi. En partie parce qu'adolescente je ne supportais plus cet endroit. Un peu comme ma nièce en ce moment. Et puis. Et puis à une époque je voulais œuvrer pour la justice sous la bannière des Hérauts. Il se trouve que cela ne s'est jamais concrétisé. J'ai choisis ce qui s'en rapprochait le plus. Et d'autant plus ravie de me retrouver à la porte de l'Exil. J'y ai grandis. Et je dois avoir coffré la moitié de mes amis d'alors."

Jehanne aurait rit d'être traitée de "femme respectable". C'était là l'avis d'un Héraut. Il en allait tout autrement face à une partie de la population n'aimant pas voir une femme armée.

"Oh ! Par les dieux ! Abstiens toi surtout. Ils se demanderaient pourquoi tu tiens tant à faire ce démentit. Et ils en concluraient que c'est tout sauf professionnel." Elle pointa un doigt accusateur vers Wylan. "A moins que ce ne soit justement ton intention vilain. Me faire tomber de mon piédestal devant mes hommes. Je te pensais plus fin diplomate que cela."

Il vaut mieux changer de conversation. Obliger le héraut à se dévoiler.

"Que produit ta famille exactement ? A Haven ou ailleurs ? Tu as des frères et des sœurs ? Je parierais que oui. Moi cela n'a surprit personne dans la famille quand je me suis engagée mais toi, quand tu as été élu ?"

Héraut Wylan

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Re : Débit de polisson
« Réponse #4 le: 16 août 2017, 13:04:05 »
« Un produit de luxe? Non... mais j'imagine que ton frère fabrique lui-même une bonne partie de ce qu'il vend. »

En fait, les alcools Greenfield avaient pris beaucoup de valeur, depuis que quelques malins s'étaient amusés à spéculer dessus. Mais ils s'étaient assuré de toujours fournir à des prix normaux les auberges qui avaient été leurs premières clientes. Le seul produit de luxe qu'ils vendaient était le fameux vin de glace. Même Wylan peinait à s'approvisionner.

Wylan fut touché de l'aveu de la jeune femme. Ce ne devait pas être évident d'avouer à un Héraut qu'on avait rêvé d'être à sa place. Était-elle un peu jalouse? Il ne l'espérait pas. Être un Héraut, c'était sans doute le pire métier du monde. Horaires de fou, salaire misérable, reconnaissance limitée et aucune possibilité d'évolution.

« Je comprends. Il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus, chez les Hérauts. Mais tu sais, les Compagnons n'élisent pas forcément toutes les personnes dont le cœur et le tempérament seraient adaptés. Il faut posséder un Don, pour être Élu. Et parfois, aussi, les Compagnons estiment qu'une personne peut faire un aussi bon travail dans la voie qu'elle s'est choisie que parmi les Hérauts. »

Il y avait, espérait-il, plus de gens aptes à devenir Hérauts que d'Élus. Les Compagnons allaient rarement très loin pour trouver leur Élu. À Haven, dans les environs de la ville. Il était plus rare qu'ils s'enfoncent dans les terres. Et à Haven même, sans doute élisaient-ils ceux qui ne pourraient s'en sortir sans eux, ceux qui avaient vraiment besoin d'une présence à leur côté, ou ceux que leur Don pouvait rendre dangereux.

Jehanne estimait sans doute avoir assez parlé d'elle-même, car elle le bombarda soudain de questions. Il caressa un bref instant l'idée de lui répondre évasivement, comme il le faisait souvent. Mais il se sentait d'humeur bavarde. Et il ne considérait pas sa famille comme un sujet particulièrement délicat.

« Ma famille possède un énorme verger. Et avant que ma mère ne se marie avec mon père, le domaine ne vivait que de la vente des récoltes. Comme tu l'imagines, on vivait mal. Les fruits, ça ne rapporte pas grand-chose. Puis, mon père s'est marié à une charmante jeune femme issue d'une lignée de bouilleuses de cru. Elle a très vite vu le potentiel. À côté des fruits, ma famille s'est mise à produire de l'alcool, d'abord à petite échelle. Maintenant, je crois qu'on ne vend plus de fruits... Mon père et mon frère s'occupent du domaine, et mon frère parcourt les routes, surtout à la mauvaise saison, pour vendre nos alcools. Ma mère gère la production, avec mes trois sœurs. Enfin, Kalia, la plus jeune, ne s'en occupe plus tellement de ça. Elle s'investit plutôt dans les affaires de son mari. Quant à la nouvelle génération... je ne saurai dire. Je les vois trop rarement. Ma famille est en train de devenir une véritable tribu... Dire qu'à la génération de mon père, il ne restait plus que lui. »

Il s'était débrouillé, un peu par hasard, pour éviter de révéler qu'il appartenait à une famille noble. Certes pauvre, mais avec un titre et un domaine. Il ne cherchait pas vraiment à le cacher. Mais il réalisait bien que cela ne parlerait pas en sa faveur.

« Quant à mon Élection... » Son sourire se crispa un instant. « Disons qu'elle est arrivée comme une délivrance. Pour moi surtout, mais je crois aussi pour les miens. Ils commençaient à avoir peur de moi. » Ses yeux se perdirent dans le lointain. Avait-il vraiment envie de lui révéler son Don? Elle risquait de prendre peur. Mais s'il le cachait, ce serait pire ensuite. « Avec la puberté, mon Don est apparu. Et c'est un Don... envahissant. Rare. Précieux aussi. Dangereux, sans doute. Tu vois, j'ai réalisé un jour que j'entendais mon frère penser. Il se repassait ses exploits sexuels. Enfin... entendre. On n'entend pas les pensées comme on entend avec les oreilles. Ni même comme on entend quand on parle par l'esprit. C'est beaucoup moins linéaire, moins articulé. Ce sont des images, des mots épars, des sensations. L'Empathie est sans doute ce qui s'en rapproche le plus... Bref, je commençais à devenir fou. Je m'isolais, je redoutais les repas en famille, le moment du coucher, en fait toutes les activités qui laissaient à mon esprit le temps de se brancher sur les pensées des autres. Et là, Kyra est arrivée. Et avec Kyra, j'ai appris comment barricader mon esprit. C'est la première chose qu'elle m'a apprise. Elle n'osait pas me faire entrer dans Haven sans ça. Imagine, un garçon élevé au milieu de nulle part, capable de lire dans les pensées des gens, entouré tout d'un coup de plusieurs milliers de personnes. Il y avait de quoi devenir fou. » Il eut un sourire pour Jehanne. « Mais rassure-toi, la stricte éthique des Hérauts m'interdit d'utiliser ce Don en dehors de mes missions pour le pays. » Pris d'une soudaine et stupide inspiration, il ajouta : « Mais tu dois savoir que je ne peux jamais totalement couper ce Don. Ma tête est en permanence envahie d'un léger bruit de fond, comme le murmure d'une foule entendu de loin. Et... disons que les contacts physiques renforcent encore ma capacité à entendre les pensées de l'autre.» Son cœur battait rapidement. Il ne parlait pas volontiers de cela, et il s'étonnait d'avoir pris l'initiative de le faire. «C'est pour cela, que malgré ce que tu peux penser, je ne suis pas du genre à prendre et à jeter.»

:Je... :
:Tu ? :
:Vingt-huit ans que je partage mon esprit avec toi, et tu parviens encore à me surprendre. Pourquoi lui as-tu raconté tout cela? Elle va flipper, c'est certain. :
:Je ne sais pas. Et si elle flippe, bah tant pis. Cela mettra fin à cette délicieuse et platonique idylle. :
« Modifié: 16 août 2017, 13:36:44 par Héraut Wylan »

Jehanne

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Re : Débit de polisson
« Réponse #5 le: 16 août 2017, 20:46:02 »
Bon visiblement elle n'est pas un bon agent commercial, Wylan ne lui sort pas de contrat de vente sous le nez. Tant pis pour Caspian.

Jehanne laisse Wylan tenter de la rassurer. Il y a longtemps qu'elle en est arrivée à la même conclusion. Pas besoin de Don envahissant ou de canasson élaboré pour bien faire son travail. Qui serait surement une perte de temps et d'énergie pour un Héraut. Et son sourire ne laisse aucune place à la jalousie ou à la rancœur. Wylan ne sait pas que le plus beau compliment qu'il lui ai fait c'est sous son personnage d'Alan qu'il le lui a offert. Héraut des putains. Cela lui convient parfaitement. Les belles de nuit ont aussi besoin de quelqu'un qui puisse veiller sur elles.

Elle s'amuse de la similitude de parcours entre leur deux familles. Des petits marchants qui à force de travail et d'ingéniosité se hissent un peu plus haut sur l'échelle sociale et commerciale.

Un instant Jehanne regrette d'avoir posé la question de son élection. Elle n'aime pas cette tension qu'elle lit dans ses gestes. Elle le sent déjà éluder les détails. Aussi est-elle encore plus étonnée devant cette véritable logorrhée et ses révélations. Jehanne est... fascinée. Comprenant que trop bien le jeune garçon incapable d'échapper à ces pensées parasites. Au moins elle, quand elle espionnait ses frères c'était par jeu. Comme toutes capacités non contrôlée un Don peut être une calamité. Wylan peut ranger ses craintes au placard. Elle estime être une femme parfaitement équilibrée et sans secret autre que ceux que tout à chacun peut avoir, ni plus, ni moins. De plus elle en a côtoyé quelques uns des ces hérauts aux pouvoirs étranges, des mages aussi. Ce n'est jamais le pouvoir qu'il faut craindre mais l'utilisateur et ses intentions. Elle n'a donc aucune peur. Elle n'en serait certainement pas là ou elle est autrement. Sa hiérarchie aurait mis le frein à son assention. Et si Wylan affirme qu'il maitrise son Don, elle le croit. 

Pour répondre à sa dernière phrase la jeune femme rit doucement.

"Il ne fonctionne pas très bien sur moi ton Don alors. - ses yeux fixent un point devant avoir son origine derrière l'oreille de Wylan - Ce n'est pas de toi dont je doute. Mais de moi. Enfin plutôt, je me fais confiance pour barricader - elle fait un X sur sa poitrine - mes sentiments afin de ne pas risquer de souffrir. Plutôt idiot."

C'est ironique. Elle n'a aucun doute sur leur complicité, ni sur ses sentiments à lui. Celle qui n'aime guère les mensonges est la seule à feindre une absence d'attirance. Et encore ! Très mal.

Jehanne prend une grande inspiration et s’efforce de retrouver le sourire ainsi que la légèreté de leur conversation précédente. Mais tout ce qui lui vient à l'esprit n'est pas forcément des plus intelligents.

"Cela doit être épuisant à la longue ce bruit de fond. Je comprends que tu sois près à plonger dans le mien, c'est un peu vide parfois."

Quelle idée fascinante tout de même que d'imaginer un ami... un amant... capable de recevoir des images d'elle et de les mettre en pratique sans qu'une seule parole ne soit prononcée. Et quelle douleur pour lui si on le rejette.

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Re : Débit de polisson
« Réponse #6 le: 16 août 2017, 22:23:29 »
« Tu as peur de moi ou des sentiments que peut-être...? »

Il esquissa un sourire amusé. La demoiselle semblait aussi peu douée que lui en matière de relations. Avait-elle eu le cœur brisé par un prétendant, autrefois? Ou cette simple perspective suffisait-elle à la refroidir? Avait-il vraiment envie de le savoir? Et s'il n'y avait eu personne avant lui, se sentait-il capable de porter une telle responsabilité?

Jehanne sembla comprendre instinctivement le problème auquel Wylan était confronté avec un tel don. Sa dernière remarque fit cependant froncer les sourcils au Héraut.

« Vide? Je ne pense pas que ton esprit soit vide... J'en doute même fortement. Même un pilier de bar a l'esprit plein de choses. » Mais elle avait mis le doigt sur un élément important. Wylan avait tendance à chercher les relations charnelles, car, effectivement, elles lui permettaient d'atténuer le brouhaha qui occupait son esprit. Ou à défaut il buvait. « À t'entendre, je cherche à te séduire uniquement pour pouvoir faire taire mon Don. Je t'assure qu'une bouteille d'alcool Gr... de ma mère serait bien plus efficace. »

Il tendit une main timide vers Jehanne et lui effleura le poignet. Il s'attendait encore à être repoussé, voire à recevoir une claque.

« Mais effectivement, c'est épuisant. Et après, les gens s'étonnent que je boive autant. »

Il termina sa bière presque d'un trait et fit signe pour qu'on lui en resserve une autre. Il capta aussi le regard amusé et curieux du frère de Jehanne qui se demandait (et Wylan n'avait pas besoin de Don pour le savoir) qui pouvait être l'homme qui semblait accaparer sa sœur.

« Tu ne bois rien, ma colombe? Je vois, tu veux me saouler pour profiter de mon pauvre corps sans défense. »

Il remercia l'aubergiste d'un sourire quand il déposa une nouvelle chope devant lui et attendit qu'il s'éloigne pour reprendre la parole. Mais rien ne vint. Il ne savait pas quoi dire. Ses révélations avaient jeté un froid sur la conversation. Il avait envie de lui poser des questions sur sa vie à elle, et de l'entendre rire à nouveau. Mais il craignait que la transition soit trop abrupte. Il décida de continuer à parler de ses Dons.

« Et tu auras sans doute remarqué, mais il est très difficile de se souvenir de mon visage. C'est un autre Don. Un de ces Dons étranges qui apparaissent parfois et dont on ne sait pas trop d'où ils viennent. Dans mon cas, c'est comme si j'influençais involontairement l'esprit de mes interlocuteurs pour brouiller l'image qu'ils gardent de moi. Mais je te rassure, cela s'estompe, avec le temps. » Il rit, « Bientôt, tu seras capable de te souvenir de ma sale gueule et tu regretteras l'époque où je ne te laissais qu'une impression vague. Enfin, bientôt... si tu me permets de revenir te revoir pendant tes congés. » Il but un peu de bière. «Dis-moi, passes-tu tous tes congés ici? Tu aimes tant que ça récurer les casseroles sales et mettre dehors les poivrots? Ne sors-tu jamais de la ville, en balade, jusqu'aux fermes familiales, par exemple? Ou à la rivière, en amont de la ville, pour te baigner?»

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Re : Débit de polisson
« Réponse #7 le: 17 août 2017, 08:56:39 »
Non elle n'a pas peur de lui. Mais oui pour les sentiments que peut-être. Jehanne se connait bien. Elle se sait passionnée sous ses dehors de femme raisonnable. Passionnée par son métier d'abord. Et un jour passionnée par un homme. Et c'est là qu'il ne faut pas qu'elle se trompe.

Sa tentative d'humour tombe à plat. Le sujet tient peut-être trop à cœur à Wylan. Ou bien il n'aime pas qu'elle se déprécie. Mais le voir si désabusé lui fait étrangement mal. Elle préfère nettement son rire et son bagout habituel.

Et revient cette timidité dans son geste. Jehanne tourne sa main paume vers le haut et laisse ses doigts effleurer les siens. C'est de sa faute. Depuis qu'elle a comprit qu'il était sérieux, elle s'est fermée. Ils se sont enlacés en pleine rue, il s'est appuyé sur elle. Elle l'a vu dénudé - en deux fois c'est vrai. Un comportement hautement osé. On dirait qu'ils font les choses à l'envers tous les deux. Elle s'agace de constater qu'elle apprécie autant son côté bravache et impudent que cette tendre timidité.

Elle sourit tendrement. Aucune gifle n'ayant fusé ni aucune fuite cette fois. Elle secoue la tête quand il lui propose à boire.

"Tu m'as percé à jour. Je ne pouvais pas le faire dans la grange à cause de Kyra. Mais la cave est douillette tu verras."

Wylan continue à dévoiler ses dons. Qui explique comment elle a pu oublier la couleur de ses yeux et les traits de son visage. Une nouvelle fois elle secoue la tête.

"J'aime bien ta sale trogne."

Wylan revient sur des sujets plus légers. Se sentant démunie et incapable de l'aider elle lui en est reconnaissante.

"Ah ! Mais j'aime récurer une casserole bien attachée. Comme mes mains sont occupées mon esprit peut vagabonder à sa guise. Tu ne devineras jamais le nombre d'idée que j'ai pu avoir ou d'énigme que j'ai pu résoudre ainsi. Et non je ne passe pas tout mon temps ici. Je fais des courses, je vais au théâtre
(je ne sais pas si ça existe ça ou une variante, sinon biffer la mention inutile.), assister à des représentations de chants ou de poésie. Je lis, beaucoup et je dessine, un peu. Je vais voir des amis ou d'anciens camarades, ce sont souvent les mêmes d'ailleurs - et parfois des tombes ou des veuves - . Je vais au temple ou bien je me ballade en ville. J'avoue je pense rarement à sortir de la ville."

Pour Wylan la campagne doit être reposante. Le bruit de fond se faire moins fort. Il faut qu'elle garde cela en tête pour leurs prochaines rencontres. En attendant... En attendant elle va cesser d'être une biche effarouchée parce que sinon elle va finir par se fâcher avec elle-même.

Jehanne se lève et tend une main à Wylan avec ce sourire joyeux et mutin qu'il doit commencer à bien connaitre. Il peut refuser de la toucher et elle ne le prendra pas mal.

"L'après-midi est loin d'être terminée. Je te laisse choisir ou tu souhaites aller."

Héraut Wylan

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Re : Débit de polisson
« Réponse #8 le: 18 août 2017, 09:27:22 »
La répartie de Jehanne aurait eu plus d'impact si elle avait su l'énoncer avec plus de conviction. Wylan sentait bien qu'elle n'avait répondu ainsi que par réflexe, voir obligation. Aucun sous-entendu n'avait percé dans sa voix, et du coup, l'échange tombait à plat. Lui qui comptait détendre l'atmosphère avec sa plaisanterie de mauvais goût... 

Ce fut donc avec un sourire un peu désabusé qu'il conclut:

« Ah? Je me réjouis de la tester alors. Voir si elle entre dans mon top 3 des caves. »

Un instant, Wylan se demanda s'il n'avait pas fait une erreur en venant ici. La garde semble éteinte, perdue. Il s'attendait à ce qu'elle se moque de lui, le remette à sa place s'il se montrait trop pressant. Et c'était cette Jehanne-là qu'il voulait voir. Était-il un tel incapable qu'il ne puisse que la perturber et l'angoisser?

:En même temps, tu es passé du mec plein de bagou, sûr de lui, frimeur, à un type sensible, qui a souffert et qui lui affirme qu'il est sérieux. Normal qu'elle ait la trouille. Et tu devrais aussi! Sérieusement, tu fous quoi là ? :
:Je passe l'après-midi avec une femme qui m'a invité ? :
:Arrête de te foutre de moi, Wylan. Tu ne fais pas que "passer l'après-midi". Tu espères plus... quoi d'ailleurs? Tomber amoureux, te mettre en couple avec elle, faire des projets d'avenir? Arrête de rêver. Tu vois bien qu'elle ne veut pas d'un relation! Elle te l'a dit. Elle ne veut pas souffrir.:
:Entre ce qu'on dit et ce qu'on veut, la différence est de taille. Et si elle me dit que je la dérange, je partirai sans insister.:


Wylan entendit un long soupir dans son esprit. Pourquoi Kyra réagissait-elle aussi vivement? Ce n'était pas la première fois qu'il cherchait à mettre une femme dans son lit. Même si cette fois, il devait s'avouer que la mettre dans son lit n'était pas ce qu'il voulait le plus.

Puis Jehanne affirma aimer son visage, mais c'était un compliment que Wylan ne pouvait accepter. Il savait qu'elle l'appréciait forcément, elle n'avait pas vraiment le choix. C'était ça aussi, le désavantage de ce putain de Don. Sa bouille était forcément rassurante, familière.

Heureusement, il avait réussi à changer la direction de la conversation, et la jeune femme sembla s'animer à nouveau. Elle répondit sans détour à ses questions.

« Ah... je crois que c'est quelque chose qu'on retrouve chez tous ceux qui doivent travailler avec leur tête. Il est agréable de s'adonner à des activités plus physiques et répétitives pour permettre à son cerveau de se reposer et de remettre un peu d'ordre. Tu serais étonnée de découvrir combien de Hérauts qui siègent à la cour tricotent, dessinent, font de la vannerie. Tiens, j'y pense, je devrais peut-être conseiller à Bouclette de s'y mettre, lui aussi. Je trouve qu'il se laisse envahir par les soucis. Il va vieillir prématurément. »

Wylan rit en s'imaginant Alemdar tricotant devant un feu, ou fabriquant un panier. Il adorerait pouvoir se moquer de lui. Mais, au-delà de la plaisanterie, il pensait sincèrement que cela ferait du bien à l'Attitré de se trouver un hobby pour se vider la tête. Un hobby autre que de tenter sans succès de mettre une pâtée à Mera.

« Les gens de Haven oublient parfois qu'il y a tout un pays, derrière les murs de la ville. La plupart n'ont jamais quitté la ville et ne le feront jamais. Je crois qu'ils éprouvent une espèce de fierté à être des citadins, des vrais. C'est totalement incompréhensible pour moi qui suis un enfant de la campagne. »

Puis Jehanne se leva et lui tendit la main. Wylan regarda cette main un instant sans comprendre. Puis la jeune femme déclara qu'ils pouvaient partir en balade. Avait-il réussi le premier examen?

« Où je souhaite aller? » Il prit la main tendue. Elle était un peu froide, comme souvent chez les femmes. Dans le brouhaha ambiant, une voix se détacha soudain. Il ne cherchait à comprendre ce qu'elle disait, mais sa mélodie était rassurante. « J'aimerais beaucoup voir ce qu'on appelle la mer... mais je crois que c'est un peu loin pour une après-midi. »

Il se leva et fit un signe à l'aubergiste avant de se diriger vers la sortie, tenant fermement la main de la jeune femme. Il ne voulait prendre le risque de la lâcher.

« Tu sais grimper un peu? » Il regarda le ciel. « Mmmh... il fait encore trop clair pour le moment. Si on grimpe sur les toits, on va se faire engueuler. Allons plutôt à la rivière. Si on remonte un peu dans les beaux quartiers, on pourra marcher le long des berges. »

Délicatement, il changea la position de sa main pour entrecroiser ses doigts avec ceux de Jehanne. Étrangement, il rougit un peu. À quand remontait la dernière fois où il s'était promené main dans la main avec une femme?
« Modifié: 18 août 2017, 10:20:36 par Héraut Wylan »

Jehanne

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Re : Débit de polisson
« Réponse #9 le: 18 août 2017, 18:58:22 »
Jehanne a enfin retrouver tout son allant. Elle ne sait toujours pas si elle est en train de tomber amoureuse et si cela est souhaitable. Mais sans dénier le droit de Wylan d'être triste ou d'avoir besoin de parler de ses problèmes et souffrance, elle souhaite plutôt qu'il réussisse à simplement apprécier sa compagnie comme elle aime la sienne.

Elle a bien prit note de cette nouvelle référence à Bouclette. Cette personne est surement importante pour lui. Elle rit doucement. Il se détend et elle aussi. Elle engrange ses questions pour le taquiner un peu plus tard.

Quand Wylan prend sa main, Jehanne s'éclaire d'un sourire radieux. Avant de laisser son visage exprimer sa surprise. La mer. Combien de décade faut-il pour aller juste voir la mer ? Jehanne éclate de rire. Non pour se moquer de son rêve. Et d'ailleurs elle s'explique rapidement pleine de malice.

"En une après-midi ce serait ambitieux même pour le Grrrraaaand Wylan ! Programme nous cela plutôt pour une journée complète. Que nous ayons le temps d'y pique-niquer."


Wylan ne compte pas lâcher sa main et elle ne compte pas la lui retirer. Tout est parfait. Elle voit le visage stupéfait de Caspian et lui fait un clin d’œil. En filant maintenant pour ne repasser que dans quelques temps elle sait qu'elle s'évite bien des questions embarrassantes. Oui c'est une excellente idée.

Elle rit quand il envisage de jouer les monte-en-l'air.

"Les toits ! Je pratique bien assez à mon goût. Je préfère encore mes deux pieds sur terre. Tu me diras j'ai rarement l'occasion d'admirer le paysage citadin ou de simplement m'y promener. - elle fait un petit geste du menton - Je saurais me faire à l'idée de simplement flâner le long des berges."

Ils entrelacent leurs doigts et de nouveau elle lit cette timidité qu'elle trouve charmante pour un homme de son âge et de son expérience.

"Bien. Puisque que te voilà menotté, vaurien, - elle lève leur deux mains étroitement liées alors qu'ils commencent à marcher - j'ai encore bien des questions gênantes pour toi. Quel est le hobby du Héraut Wylan ? Se laisse t'il seulement le temps d'en avoir ? Le vin et les femmes sont hors thème je te préviens.
Et qui est Bouclette ? Un ami proche ? Tu fais souvent référence à lui tu sais. Si tu continus je vais devoir t'obliger à me le présenter."

Héraut Wylan

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Re : Débit de polisson
« Réponse #10 le: 19 août 2017, 09:06:04 »
« Non... même une journée. Trois jours, ça devrait être suffisant. »Il lui fit un clin d'œil. « Ceci dit, si tu veux aller à la mer, je connais un moyen. J'ai une amie qui est probablement la mage la plus puissante du coin. Je suis certaine qu'elle s'est déjà rendue à la mer. Sa compagne est originaire d'une région très loin à l'ouest, au bord de la mer, justement. Du coup, elle pourrait sans doute nous ouvrir un Portail pour nous y rendre. Je peux lui demander, si tu veux. »

: Une amie? Ce n'est pas bien de mentir, Wylan. :
: Sourcedésert est une connaissance si tu préfères. :
: Avec laquelle tu as couché. :
: Ce qui en fait une amie. Autant d'après sa culture que d'après la mienne. :
: Oui, mais pas pour Jehanne. Pour elle, cela en fait une amante. :
: Kyra, je ne sais pas ce que tu as aujourd'hui, mais tu es franchement désagréable. Va te faire tringler un bon coup, ça me fera des vacances ! :
: Par Taver, par exemple? Comme ça tu pourrais rester ici le temps de la grossesse pour voir où te mène cette histoire ridicule?:


Wylan ne répondit rien cette fois. Il avait enfin compris. Cette idiote était jalouse, simplement. Stupidement, idiotement jalouse. Que croyait-elle? Qu'il allait l'abandonner pour une autre?

: Kyra, ma chérie, tu sais très bien que tu passeras toujours avant n'importe quelle femme dans mon cœur. Alors, arrête de dire des âneries et laisse-moi profiter de mon après-midi. Est-ce que moi je te fais des crises de jalousie quand tu flirtes avec Bethaniel ou Gaelian? Retourne au Palais, et va draguer un peu. Cela fait trop longtemps que ces messieurs ont pas vu une vraie dame. :
: Humpf... si tu veux. Mais... Wylan ? :
: Oui ? :
: Je suis là, si ça se passe mal. Ne te ferme pas à moi. :
: L'ai-je déjà fait? L'ai-je fait juste là alors que tu te comportes comme la dernière des idiotes? Je t'aime, ma chérie. Allez, file. :


Heureusement pour lui, Wylan était un expert dans l'art de converser tout en parlant mentalement à Kyra, il ne parut donc pas trop déconcentré et parvint même à écouter ce que lui raconta Jehanne à propos des toits.

Il savait, pour en avoir discuté avec d'autres, qu'il échangeait bien plus que la moyenne avec son Compagnon. Mais la raison en était très simple : Kyra était sa meilleure amie, son âme, la meilleure partie de lui-même. Il lui parlait donc en permanence.

« Ce n'est pas la promenade sur les toits qui compte, mais la vue... J'aime beaucoup la vue que l'on a depuis certains points de la ville. Je m'y arrête souvent, pour réfléchir, me détendre, rêvasser... J'ai même réussi à y traîner Arthon, il y a quelques années... Le roi donc. Enfin, je l'y traînais souvent, quand on était ados. »

Et la raison qui l'avait poussé à traîner Arthon sur un toit lui revint de plein fouet. La mort d'Aranel, cela faisait 4 ans maintenant. Et Arthon qui n'avait pas su faire son deuil, le forçant à pratiquer cette "intervention urgente".

Il se força à revenir sur Jehanne. Aranel était morte, la garde était bien vivante devant lui. Il eut un large sourire quand elle le bombarda de questions.

« Un hobby ? Comme ça, spontanément, je t'aurais dit le parcours d'obstacle et emmerder mes collègues, mais le premier répond à des exigences professionnelles et le second... même moi j'appellerais pas ça un hobby. Je n'y avais jamais réfléchi, mais je crois qu'en fait, je n'en ai aucun. Quand j'ai congé, j'aime bien descendre en ville boire un coup. Et tu sais, le vin, c'est un alcool de riches. Mon truc ce sont plutôt les eaux-de-vie.  » Il haussa les épaules.« Je n'y avais jamais réfléchi avant, mais il semblerait bien que je n'aie aucun hobby. J'ai croulé sous le travail pendant tellement longtemps que j'ai perdu l'habitude d'avoir du temps libre. Il va falloir que je réapprenne. » Il fit un clin d'œil à Jehanne. « Tu peux m'apprendre le tricot? »

Il s'attendait évidemment à ce qu'elle la question sur Bouclette. Au moins avait-elle compris qu'il s'agissait d'un homme, et non pas de son hypothétique femme ou ex-femme.

« Et Bouclette est le Héraut Alemdar. Le Héraut du Roi donc. Donc théoriquement mon supérieur hiérarchique. C'est d'ailleurs à lui que j'ai dû demandé pour être certain d'avoir l'après-midi de libre. Je le considère un peu comme un petit frère. Ou un fils que j'aurais eu à un fort jeune âge. Et si tu veux le rencontrer, il faudra t'armer de patience. Je crois qu'il est encore plus occupé de moi. »

Ils marchaient plutôt lentement, mais Wylan trouvait cela agréable. Ils n'étaient pas pressés, et la rivière ne risquait pas de s'enfuir. Le Héraut choisissait volontairement les rues et les ruelles les plus jolies, évitant les coupe-gorges et les coins mal famés. Il ne craignait pas vraiment pour sa sécurité ou celle de Jehanne. Mais il risquait d'être de fort mauvaise humeur si une petite frappe se décidait de perturber son rendez-vous en tentant de le dévaliser.

« Dis-moi, à part l'épée réglementaire, avec quelle arme te bats-tu? »

On faisait plus romantique comme question, mais Wylan s'intéressait beaucoup aux arts martiaux en général. Pas autant que son ancienne pupille, Méra. Mais il appréciait d'en parler.

« Je ne suis pas très doué pour parler d'autres choses que de conneries ou de boulot, je suis désolé. »
« Modifié: 19 août 2017, 09:09:23 par Héraut Wylan »

Jehanne

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Re : Débit de polisson
« Réponse #11 le: 19 août 2017, 11:34:29 »
Pourquoi n'est-elle pas plus étonnée que cela d'apprendre qu'une de ses connaissances est une mage puissante ? Peut-être parce qu'elle se doute bien qu'un espion royal a besoin de connaître beaucoup de personnes compétentes. Elle ne serait pas surprise de savoir qu'il connaît Beltran et a déjà déduit qu'il fréquente le couple royal et forcément Leur Héraut.

"Trois jours ! Je soupçonne que le pays va couler si tu t'absentes trois jours. - Et d'ajouter avec un sérieux malicieux - Moi je suis prête à prendre le risque, au pire je me ferais mercenaire. Mais toi. Ta conversion va être plus difficile. Et les survivants te traqueront et te jetteront des pierres."

Pourtant trois jours seule à seul. Ce serait l'occasion de... *soit raisonnable Jehanne*. L'occasion de mieux le connaître dans la vie de tous les jours et d'apprécier... *ne pense pas son corps*... leurs personnalités respectives. L'idée n'est pas pour lui déplaire. N'était peut-être le coût du portail en lui-même. Elle n'y connaît rien en magie.

Il est mignon quand il prend le temps de lui préciser qui est Arthon. Certes dans son cas elle fait précéder le titre avant le nom. Mais c'est un détail hiérarchique somme toute. Et la hiérarchie n'existe pas en amitié. Ils sont de même génération. Qu'ils aient fait leurs classes ensemble ne la choque absolument pas. Enfin leurs classes... et peut-être même les quatre cents coups.

Jehanne le relance sur les hobbys et il se prête volontiers au jeu. Elle rit quand il parle de ses collègues. Avec son esprit caustique et son sens de la répartie, voilà qui devait valoir le coup... En tant que spectateur uniquement. Et elle rit une seconde fois.

"Le tricot c'est niet. Par contre si tu veux te mettre à la dentelle. Comme j'étais sa seule fille, maman m'a appris. Je ne suis pas mauvaise, mais je préfère les casseroles. Je n'ai plus touché un métier depuis que j'ai quitté la maison."

Ce n'est pas sans un haussement de sourcil que la jeune femme apprend l'identité de Bouclette. Surprise, elle l'est surtout en apprenant que Wylan a fait tout ce qu'il pouvait pour être présent ce jour. Il aurait prétexté son boulot pour se dédire qu'elle aurait compris et ne lui en aurait pas voulu. Elle est touchée et ses doigts se resserrent un instant sur ceux de Wylan.

Pourtant elle attaque joyeusement sur un autre angle.

"Et dire que je me plaignais, intérieurement, d'être une "colombe" ! Franchement je préfère autant cela que Bouclette. Et commençant à connaître ta propension à emmerder tes collègues il est au courant de son surnom le pauvre. Ne dérange pas ce brave homme pour moi tu veux. Si je me mets à fréquenter trop de Héraut d'un coup ça va être mauvais pour ma réputation de dure à cuire."

Jehanne aime le frôlement de leurs corps alors qu'ils marchent tranquillement. Un pas de deux ce n'est pas comme le pas réglementaire. S'il lui arrive de prendre un pas d'avance, leurs mains enlacées lui évitent de s'élancer trop loin. Elle revient donc souplement au côté de son soupirant. Voire même n'hésite pas à se serrer contre lui afin d'observer ses réactions.

"La matraque est mon arme principale. Je trouve ça plus humain de les faire passer devant le juge avant de passer la corde au cou. Et puis ça évite les frais de guérisseur. Je me débrouille à l'épée, à l'arc court et à la lance. Quant au corps-à-corps... - Jehanne sourit de toutes ses dents. Un sourire qui tient un peu du carnassier - Que te dire sinon que j'ai quatre frères, que je me bats contre des hommes et que mon style est loin d'être académique, mais efficace. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai tendance à donner priorité à ma peau. Et toi ?"

La jeune femme passe une main dans ses cheveux. A oui ils ont ce point en commun. Guère étonnant.

"Ne le sois pas. Je n'ai pas non plus beaucoup d'expériences. Mais en parlant de connerie... Raconte-moi donc le plus gros mensonge que tu aies jamais sorti pour séduire une femme."


La main libre de Jehanne se pose sur le bas de Wylan alors qu'une fois encore elle se rapproche et pose sa tête contre son épaule. Sa voix se fait plus douce avec des accents plus tendres.

"Ou bien tu peux aussi te taire et me laisser me réjouir de ta présence."
« Modifié: 20 août 2017, 08:24:03 par Thalyana »

Héraut Wylan

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Re : Débit de polisson
« Réponse #12 le: 20 août 2017, 09:42:23 »
«Je me suis déjà absenté deux décades, une fois. On m'avait forcé à prendre des vacances. Mais c'est moi qui ai failli mourir. Vingt jours dans ma famille, c'est bien plus de temps qu'il n'en faut pour que ma mère m'exploite à mort.» Il souligna son propos avec force mimiques. «Mais je sens que la perspective de m'avoir trois jours à toi... comment dire... tes pensées deviennent extrêmement focalisées, même si je n'ai pas cherché à savoir sur quoi. Pure et délicate comme tu es, j'imagine que tu rêves de promenade les pieds dans l'eau au soleil couchant et ce genre de choses.»

Il l'avait prévenue, pourtant, que, s'ils étaient en contact physique, il serait très facile pour lui de lire dans ses pensées, même sans le vouloir. Et cette fois, Jehanne avait pensé avec tant de conviction qu'il n'avait pas pu s'empêcher d'entendre qu'elle s'efforçait justement de ne pas penser à quelque chose. Quelque chose le concernant.

Wylan partit dans un grand éclat de rire quand Jehanne lui indiqua savoir faire de la dentelle. Il n'arrivait absolument pas à imaginer la jeune femme assise bien sagement derrière un métier. Récurer les casseroles, activité ô combien physique, semblait bien mieux lui correspondre.

«La dentelle? J'aurais été du genre à parier qu'au contraire, tu ne faisais jamais dans la dentelle!»

Jehanne avait posé la question de l'identité de Bouclette et la réponse la fit froncer des sourcils. Wylan n'y avait jamais réfléchi, mais son dédain pour l'autorité se manifestait jusque dans ses relations avec ses supérieurs et sa manie de leur donner les surnoms les plus ridicules possible. Il appelait le roi Toto, dans l'intimité, et l'Attitré Bouclette. Saskia, la reine, avait pour le moment échappé à un nouveau baptême. Mais c'était parce qu'il n'était absolument pas proche d'elle et qu'il la méprisait même, au fond.

La garde se défendit de vouloir déranger Alem et lui signifia qu'il n'était pas indispensable qu'elle le rencontre. Elle prétendit que cela nuirait à sa réputation, mais Wylan y voyait plutôt là un signe de réserve, voire de timidité.

«Ah, je crois au contraire qu'il serait très curieux de te voir. Il m'a dit que si tu me faisais prendre des congés, tu méritais qu'on te donne une médaille.» Il n'avait pas exactement formulé les choses ainsi, mais l'essentiel y était. «Et tu sais, Bouclette n'est pas le pire des surnoms. Imagine ceux que j'ai pu donner à six ans. Beltran sera à jamais Bibi dans mon cœur! En fait, quand j'y réfléchis, le seul de mes proches qui n'ait pas eu le droit à un surnom débile, c'est Kyle, mon grand frère. J'imagine que ses menaces avaient suffi à me décourager, quand j'étais enfant, et après, il a toujours été Kyle pour moi. Mes sœurs sont respectivement Mignonette, Pucette et Cocolette. Je précise qu'il s'agit maintenant de leurs désignations officielles dans la famille.»

Wylan avait toujours eu une allure plutôt rapide. Et Jehanne, malgré sa très bonne condition physique, ne pouvait rivaliser avec ses longues jambes. Par moment, elle le retenait pour se porter à nouveau à sa hauteur. Une fois ou deux, elle vint même se serrer contre lui. Il trouvait cette attitude mignonne. Et elle contrastait de manière singulière avec leur nouveau sujet de conversation, les armes.

«Moi aussi je donne la priorité à ma vie. Je suis un spécialiste des coups en traître.» Il eut un sourire entendu. «Quant aux armes, la liste est longue! L'arme que l'on m'a assignée à mon arrivée au Collegium était l'épée bâtarde. Mais après, quand on m'a découvert une utilité précise, j'ai appris à manier toutes les armes possibles et imaginables. Mais je suis par exemple un plutôt mauvais archer. Par contre, j'excelle avec un couteau. Combat au corps-à-corps ou lancer. Contrairement à toi, je me bats rarement pour amener des gens devant la justice, et surtout pour défendre ma peau.»

Et il estimait s'en être plutôt bien sorti jusque là. Sa plus grosse blessure n'avait pas été le fait d'un adversaire et il était toujours parvenu à rentrer par lui-même à Haven.

«Mais j'aime assez l'image de toi avec un gourdin. Cela signifie donc que tu es très habituée à manier les matraques et autres objets allongés. Je me réjouis de te voir manier le mien.»

Wylan craignait qu'à force d'aborder des thèmes aussi peu "romantiques" la jeune femme se lasse. Mais au contraire, celle-ci le rassura et décida même de l'attaquer sur un sujet qui aurait dû être délicat pour elle, les anciennes conquêtes de Wylan. Et plus précisément, comment celui-ci les avait conquises.

«Le plus gros mensonge? Eh bah, tu vois, justement, je n'en dis pas tellement. Je mens souvent et sans problème pour le boulot, mais je n'ai jamais eu besoin de mentir pour emballer une femme. Donc je crois que je vais simplement suivre ton conseil et me taire.»

Il l'embrassa sur le front et profita de son corps contre le sien.

Il trouvait surprenant comme la jeune femme était passé d'un attitude défiante et pleine de réserve à ce quasi-abandon. Était-ce parce qu'il s'était ouvert à elle? Avait-elle moins peur maintenant qu'elle réalisait qu'il était sérieux, à sa manière au moins?

Ils arrivaient maintenant dans le bas du quartier marchand et l'air s'emplissait d'odeurs variées. La foule était plus dense, aussi. Après avoir manqué d'être séparé de Jehanne par un mouvement de foule, Wylan décida de lui passer un bras autour de la taille. Elle était si fine! Il pensait pouvoir faire le tour de sa taille avec ses deux mains, uniquement.

«Comment une fille d'aubergiste fait-elle pour être aussi menue? Tu n'es pas une bonne publicité pour l'établissement familial!»

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Re : Débit de polisson
« Réponse #13 le: 21 août 2017, 21:37:11 »
Les pensées. Jehanne sourit seulement d'avoir pensé un peu trop fort. Ou un peu trop à lui. A eux. Ainsi en pensant très fort à quelque chose il sera obligé de l'entendre et de comprendre. L'idée l'amuse. Par contre les épithètes de "pure et délicate"... Elle fait une grimace très expressive et réplique moqueuse.

"Tu te trompes. Je pensais à de folles cavalcades et des baignades de naïades avant de s'occuper de faire le feu et d'étaler les fourrures. A un mètre l'une de l'autre bien entendue. Hum. Tu es grand. Disons deux mètres. Cela m'aidera au moins à rester pure si j'en viens à perdre la délicatesse."

Jehanne se fait bien droite et dresse le menton tout en parlant. Elle fait trois petits pas, obligeant Wylan à ralentir, de "dame" avant de reprendre une marche plus normale.

Après l'éclat de rire de Wylan c'est le sien qui se fait entendre.

"Plaisante ! Plaisante ! Mais si tu continus je ressorts ce fichu métier et je le confis à tes pattes de vieil ours mal léché et on verra si tu rigoles encore."

La discussion continue sur l'Attitré. Que Wylan ai besoin que quelqu'un veille à ce qu'il se repose de temps en temps n'est pas une nouveauté. Sean l'a déjà assez bien fait comprendre. Elle tait soigneusement le nombres de jours de repos qu'elle n'a jamais prit. S'ils en viennent vraiment à se fréquenter régulièrement il y en a à qui cela va faire bizarre. Et donner un rythme étrange à leur vie. A fond quand Wylan ou elle-même seront sur une mission et beaucoup plus posé, prenant le temps pour eux, autrement.

"Très aimable à lui. Je lui en donnerais bien une de retour pour te supporter comme subalterne."

Ha ! Elle savait bien qu'il connaissait Beltran. Mais Bibi quand même... Jehanne n'est pas certaine de ne pas éclater de rire la prochaine fois qu'elle verra son supérieur. Les dieux fassent qu'elle arrive à se contenir. Il ne faudrait pas que ce vaurien l'entraine sur la mauvaise pente. Elle pose alors une question sur un air détaché.

"Et tu as donc des liens avec mon capitaine depuis l'âge de six ans si j'ai bien comprit ?"

Ils parlent aussi des armes. C'est comme de parler du boulot. Enfin si on ne compte pas la dernière saillie - c'est le cas de le dire - de Wylan. Jehanne éclate de rire non sans une légère rougeur aux joues. Elle ne se laisse pas démontée et répond du tac-o-tac.

"Prétentieux ! Je n'ai peut-être pas envie de faire joujou avec."

Et voilà que Wylan prétend qu'il ne ment jamais à ses conquêtes. Du coup elle se demande à quel genre de femme il s'intéresse. Elles ne lui posent jamais de question gênantes ces femmes-là ? Ou est-ce qu'elles sont comme elle-même et savent restées bouches cousues ? Mais est-ce vraiment le moment de se poser ce genre de question ? Ces considérations l’empêchent de voir venir le mouvement suivant.

Son premier réflexe est de s'éloigner. Habituée à ne pas laisser les gestes aller trop loin. Son second de se rapprocher. Habitée par l'envie d'aller plus loin. Encore cette ambivalence qui lui fait presque faire marche arrière. Être amie avec Wylan pourrait suffire. Il est encore temps. Et elle y perdrait alors cette tendresse qui l'émeut. Au final elle ne bouge pas, cligne un peu des yeux et sourit affectueusement.

Elle laisse le silence se poser sur eux. C'est aussi agréable que leurs échanges énergiques et leurs gestes délicats. On pourrait dire que Wylan le brise mais ce serait faire offense au silence qui s'efface obligeamment pour laisser place à son frère plus turbulent.

"Elle ne s’arrête jamais. Et au cas ou tu ne l'aurais pas remarqué, vaurien, je me fiche comme d'une guigne de l'établissement. Je suis un soldat. Et j'estime qu'un soldat n'a pas à être un poussa bedonnant et suant. Et tu peux parler. Ou est ton bel uniforme ? C'est jour de lessive ?"

La jeune femme plaisante pour ne pas se laisser troubler par cette main sur sa taille. Par leur proximité, pressés par la foule. Ce qui ne l’empêche pas de passer son propre bras dans le dos du Héraut.

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Re : Débit de polisson
« Réponse #14 le: 23 août 2017, 17:56:32 »
« Au moins deux. À ta place, je prendrais au moins dix mètres de marge. On pourrait faire deux feux aussi, si tu préfères. »

Il trouvait ce petit jeu amusant, d'autant plus amusant qu'il avait perçu suffisamment de l'esprit de Jehanne pour se douter qu'elle avait eu des pensées inavouables le concernant. Enfin, c'était un jeu pour lui. Il se doutait bien que pour la garde, c'était plus que ça, une défense contre... quoi? Lui? Le désir? L'amour?

À bien y réfléchir, il ne pouvait pas lui en vouloir de se montrer méfiante et réservée. Il n'aurait pas non plus accordé sa confiance à un type tel que lui. Wylan était louche. Il se vantait d'être un dragueur, un séducteur, un tombeur. N'importe quelle femme sensible aurait fui.

La demoiselle le menaça ensuite de lui mettre un métier à dentelle entre les mains, espérant sans doute lui faire peur.

« Tu serais surprise par mon adresse. J'ai grandi avec trois sœurs, je te rappelle. Trois sœurs dont je devais m'occuper, car mon frère aidait mon père et que ma mère travaillait aussi. Je suis extrêmement habile de mes doigts. » Il avait mis une intonation particulière sur ces derniers mots. « Pour faire des coiffures ou coudre une robe de poupée, par exemple. » Il eut un sourire en coin.

Plus il apprenait à connaître Jehanne, plus il réalisait qu'elle s'entendrait sans doute très bien avec Alemdar. Le pauvre était plutôt solitaire, et parfois Wylan s'inquiétait pour lui. Lui-même n'était pas à Haven aussi souvent qu'il aurait fallu pour divertir l'Attitré. Peut-être pouvait-il présenter la garde au Héraut et espérer qu'ils se lient suffisamment pour qu'elle pense à le faire sortir de son bureau, une fois de temps en temps? Cela méritait qu'il y réfléchisse.

« Il me supporte que parce qu'il n'a pas le choix. Toi, tu t'es portée volontaire. Tu mérites bien plus ta médaille que lui. »

Puis vint la question, posée l'air de rien, qui fit disparaître le sourire du visage de Wylan.

« Hum... oui. » Il regarda le sol un moment. Il s'était laissé aller, par enthousiasme, par envie de bien faire et surtout de faire confiance. Il n'allait pas pouvoir garder son petit secret plus longtemps. « Ça ne sert à rien de le cacher. Beltran est mon cousin. Enfin, cousin éloigné. Ma famille, la famille Greenfield, est une branche cadette de la sienne. Mon père étant fils unique, mes seuls cousins de ce côté étaient Beltran et Ronan. Beltran et moi avons le même âge, donc nous avons pas mal joué ensemble. Et j'aimais aller chez lui. Il y faisait chaud et il ne fallait pas courir partout pour mettre des seaux quand il pleuvait. » Il soupira. « Je suis né noble, mais d'une famille désargentée. Mais, avant que tu ne prennes peur ou je ne sais quoi, sache que comme la plupart des Hérauts dans ma situation, j'ai abandonné tous droits sur la succession. Je n'ai de noble que mon nom de famille. »

Wylan craignait vraiment que la jeune femme prenne peur en apprenant cela, qu'elle pense, à tort, qu'une roturière comme elle n'avait rien à faire avec un noble comme lui. Or, pour Wylan, les rangs, les titres n'avaient aucune importance. Il avait quitté la maison à 13 ans, il avait vécu la majeure partie de sa vie en tant que Héraut. La période où il avait réellement fait partie de la noblesse était très courte.

Heureusement pour lui, les sujets légers succédaient toujours aux plus sérieux et il se retrouva à plaisanter sur la capacité de Jehanne à manier des gourdins. Capacité qu'elle déclara ne pas vouloir utiliser pour manier le sien. Wylan, prit d'un élan soudain, la décoiffa gentiment de sa main libre.

« J'avais bien compris. Tu ne désires qu'une relation purement platonique. Mais j'ai le droit d'espérer, non?»

Prendre la jeune femme par la taille fut l'occasion pour Wylan de briser le silence qui s'en était suivi. Évidemment, comme toujours, son compliment s'accompagnait d'une gentille moquerie. À laquelle Jehanne répondit par une question qui avait manifestement pour but qu'elle puisse se moquer de lui.

«Je ne porte jamais ce fichu uniforme. Je suis un espion, je ne peux pas me balader avec un truc qui hurle : Je suis un Héraut, venez m'utiliser comme cible d'entraînement.» Il écarta brièvement les bras avant de reprendre Jehanne par la taille. «En fait, je ne le porte que devant le Conseil et pour les occasions officielles. Ça facilite aussi ma double vie. Pour beaucoup, je ne suis à Haven que lorsqu'ils me voient déambuler en blanc au Palais. Le reste du temps, je suis un anonyme.»

Avec n'importe quelle autre femme, Wylan aurait déjà tenté sa chance avec un baiser. Mais il avait bien compris qu'il devait agir contre ses habitudes, s'il voulait que cette relation se développe, ou même simplement existe. C'était difficile pourtant. Il sentait le corps de la jeune femme contre le sien et il rêvait de goûter ses lèvres. Sa seule consolation : après l'attente, la récompense n'en serait que meilleure.

La foule était dense et de nombreuses dames avaient décidé de profiter du beau temps pour faire des emplettes. C'était une véritable marée de chapeaux et de manteaux de toutes les couleurs. Wylan et Jehanne détonnaient sérieusement, tout d'un coup.

Sans regarder, une jeune femme, enceinte qui plus est, se jeta sur la trajectoire de Wylan. Celui-ci la percuta, mais la rattrapa par le bras. Il n'avait pas lâché Jehanne, et se fut donc la main dans le sac (ou plutôt le bras autour du sac) qu'il fut pris en flagrant délit par une des pires commères du Palais, Fleur de Trevale. Wylan jura entre ses dents.

« Dame de Trevale, quel plaisir de vous voir.»
« Modifié: 23 août 2017, 18:50:55 par Héraut Wylan »