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[Rp d'intro Béryl] Héraut cherche de nouvelles oreilles

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Héraut Wylan:
Fin de la 3e décade d'hiver 1481

Wylan était allé faire un tour du côté de la frontière avec le Rethwellan, afin d’entendre les rumeurs qui circulaient, et prendre le pouls de la situation. Il souhaitait savoir quelle proportion de la population soutenait le prince exilé, qui soutenait l’usurpateur et combien attendaient que la situation évolue pour se positionner.

Beaucoup craignaient de parler, de peur que leurs propos ne soient utilisés contre eux; l'Usurpateur ordonnait chaque jour de nouvelles exécutions. Une guerre s'organisait, les jeunes gens étaient réquisitionnés, les paysans étaient contraints de donner une partie de leur récolte à l'armée. Au printemps, les troupes attaqueraient Valdemar.

Si passer la frontière n'avait pas été difficile pour Wylan, le retour vers Valdemar fut plus compliqué. De fortes chutes de neige avait rendu le Peigne encore plus périlleux. Les routes étaient glacées et des avalanches se déclenchaient chaque jour.

Heureusement, Kyra avait le pas léger, et sa petite taille lui permettait de se faufiler sur des chemins que des Compagnons plus gros n'auraient pu emprunter. Elle et Wylan étaient habitués au froid et au manque de confort, aussi la traversée se déroula péniblement mais sans encombre.
Enfin, ils furent de retour à Valdemar.

Ils se hâtèrent vers le poste-frontière des Hérauts. Ils espéraient arriver avant que la nuit ne tombe.

La salle principale était pleine de monde: la neige avait mis fin aux entrainements et aux patrouilles, forçant les soldats et les Hérauts à se réfugier à l’intérieur.
Wylan était heureux d’avoir enfin chaud. Kyra, elle, écoutait les derniers ragots dans les écuries.

: Wylan, la petite ménestrelle, tu sais, la sœur de Elea, est là. Tu voulais la voir non? En plus, il semblerait qu’elle veuille se rendre à Haven, ça tombe bien. :

: Oui… j’imagine qu’il suffit de chercher une fille avec instrument. :

: Rousse, la fille. :

Le Héraut parcourut la salle des yeux. Beaucoup, dont Wylan, mangeaient ou faisaient la queue pour remplir leur assiette. Les têtes rousses n’étaient pas nombreuses, et après un rapide examen, Wylan localisa la ménestrelle. Non seulement elle était rousse, mais en plus elle tripotait une lyre toute en discutant avec une Héraut… sa sœur.

Wylan se leva et se dirigea vers les deux jeunes femmes, son assiette dans une main, son gobelet dans l’autre.

« Bonjour mes demoiselles. Puis-je me joindre à vous? »

Il s’assit sur le banc leur faisant face.

« Béryl, c’est ça? J’ai entendu dire que tu souhaitais te diriger vers Haven. J’y retourne demain, donc si tu as envie d’une escorte, on peut faire le chemin ensemble. »

Béryl Allirel:
Après une vie passée dans l'opulence protégée de la noblesse, Béryl avait prit la température des réalités de ce monde en les affrontant nez à nez. Et si la vie sur les routes était moins romantique à expérimenter au quotidien qu'à imaginer, elle avait fini par découvrir un aspect du voyage qu'elle n'avait pas envisagé: les rumeurs.
Malgré sa jeunesse dorée, elle savait que tout n'allait pas bien en sa terre natale comme ailleurs, mais les années de spectacles et de route l'avaient bien formée. Et lorsqu'elle avait fini par prendre conscience des enjeux de ce qui se mettait doucement en place, son idéalisme l'avait poussée à chercher à s'impliquer.
Ce n'était pas la première fois qu'elle en parlait avec Elea, mais comme toujours, son aînée désapprouvait.
Toutefois, la conversation qu'elles tenaient dans ce lieu publique était un peu plus légère, même si la Ménestrelle arborait malgré elle une mine grave. Elle ne vit pas le Héraut qui s'avança vers elles alors qu'elle répondait à sa sœur.

-... consciente, mais je ne comprends pas pourquoi tu dois rester ici...

Pour toute réponse, le Héraut qui se tenait face à elle secoua la tête en soupirant. Les deux sœurs étaient aussi obstinées l'une que l'autre et Elea sentait que cette manche ne serait gagnée ni par l'un ni par l'autre. Béryl ne voulait pas comprendre pourquoi elle avait prit poste à la frontière, et la suppliait de faire route à ses côtés pour Valdemar. Une part d'Elea était déchirée, son affection pour sa cadette la poussant vers le désir de céder, mais son sens du devoir primait. Elle était en mission, et ne pouvait s'y soustraire.
Béryl le savait. Ce qu'elle refusait en revanche, c'était d'accepter les risques qu'impliquaient cette décision.
Une part d'elle comprenait très bien la dévotion de sa sœur à leur royaume. Une autre ne pouvait pas admettre qu'elle mette pour autant sa vie en jeu.
L'arrivée du Héraut Wylan fut providentielle pour l'aînée qui eut du reste un peu de mal à cacher son sourire, alors que la musicienne sursauta presque, surprise de cette irruption qu'elle n'avait pas vue venir.
Elea l'invita d'un geste à prendre place après l'avoir salué et jeta un regard à sa benjamine qui semblait un peu perplexe.
Poliment, Béryl imita sa sœur et se tut, laissant parler le nouveau venu.

L'offre la surprit presque autant que la connaissance que cet homme avait de son identité. Après quelques instants de réflexion et un regard à Elea, elle convint qu'il n'était pas absurde que les Hérauts que d'autres Hérauts la connaissent par le biais de sa sœur. Pourtant, elle eut une très brève hésitation avant de sourire et de hocher la tête.

"Bonsoir... Eh bien, j'en serai enchantée, je vous remercie. Vous connaissez mon nom, mais à qui ai-je le plaisir?"

Le ton de sa voix était mélodieux, et se teintait d'une sympathie sincère, et son inflexion plus stable et sûre que ne l'avait été sa première réaction. Revenue de sa surprise, elle avait reconnu en l'homme un Héraut, et elle avait toute foi en cet ordre.
Pourtant, une part d'elle regrettait de ne pas avoir convaincu Elea de rentrer avec elle. Elle s'abstint de le montrer, affichant une bonne humeur qui n'était pas surjouée.
Après tout, le voyage serait plus agréable en compagnie d'un Héraut.
Il y avait plusieurs années qu'elle avait quitté Valdemar, et y retourner lui inspirait une vague crainte tout autant qu'une réelle impatience, celle de rentrer "chez elle"...

Héraut Wylan:
Wylan eut un sourire en coin. Visiblement, Elea n'avait pas prévenu sa soeur qu'elle s'était débrouillée pour lui trouver un chevalier servant sur son blanc destrier…

"Héraut Wylan, pour vous servir… ou plutôt pour vous conduire."

La petite avait une voix charmeuse. Avec un peu d'entraînement, elle serait sans doute capable d'obtenir à peu près tout ce qu'elle voudrait de n'importe quel homme, et probablement de la plupart des femmes, si elle savait y mettre une touche de modestie et d'innocence.

Riannon avait bien raison, les bardes et les ménestrels étaient des espions parfaits. Évidement, ils ne pouvaient pas faire le même travail que Wylan, mais ils faisaient de très bons agents de renseignement.

"Elea, tu en as pour encore combien, ici, trois dizaines? Tu rentres forcément avant le printemps…"

: Elle rentre dans quatre dizaines… :

: Rho, tu sais, moi et les dates… :

"Pardon, quatre dizaines…"

Il se tourna vers Béryl.

"Vous voyez, vous ne serez pas séparées trop longtemps. Mais c'est bien plus prudent pour vous de rentrer maintenant… Et ainsi Elea arrêtera de se faire du soucis."

Quelle idée aussi, en des temps aussi troublés, d'avoir une soeur fugueuse et ménestrelle dans les pattes. Wylan était content que ses soeurs vivent loin de la Capitale, à l'abri.

"Si cela vous convient, nous partirons demain à la première heure. Retrouvez-moi devant les écuries à l'aube, habillée chaudement."

Le Héraut se leva et bailla. Il avait vraiment hâte de dormir.


****

Sa première nuit au chaud depuis plusieurs jours lui avait semblée trop courte. Beaucoup trop courte. Mais cela lui avait donné l'occasion de dégeler ses orteils de et vérifier qu'aucun n'était tombé. Le matin, ils avaient même récupérés leur couleur normale. Une des petites joies du quotidien.

Wylan s'était levé une heure avant l'aube. Il s'était chaudement habillé et était allé préparer des rations adaptés au froid polaire qui régnait actuellement à Valdemar. Normalement, Béryl et lui dormirait chaque soir dans un Relais, selon l'itinéraire que Wylan avait choisi. Mais il était toujours possible qu'ils se voient obliger de s'arrêter sur la route à cause d'une blessure, d'une tempête ou d'un quelconque accident. Aussi le Héraut avait-il empaqueté une tente dans ses affaires.

Dans les écuries, Kyra l'attendait, prête à être sellée. Comme lui, elle était habituée à partir aux aurores. Il profita d'avoir un peu de temps pour la bouchonner et la câliner, à l'abri des regards. Il enfouit son visage dans la douce crinière de son Compagnon.

: Kyra, tu es vraiment la femme de ma vie… :

: Idiot… :

Mais sa voix était emplie d'amour.

Wylan resta un long moment serrée contre la jument. Un bruit soudain l'alerta et il s'écarta de Kyra, prenant l'air dégagé.

"Ah, Béryl, c'est vous? Vous êtes prête?"

Béryl Allirel:
[center:38djcod5]Béryl Allirel
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La dispute affectueuse entre les sœurs tourna court avec l'intervention du Héraut Wylan, Béryl se trouvant prise de court. Elea cacha un sourire discret qui trahissait un certain soulagement. Son homologue tombait à point nommé et son intervention avait eut l'effet désiré sur sa cadette. Car si Béryl avait su qu'elle lui réservait un chaperon, elle aurait été plus âpre dans ses revendications et aurait plus sûrement risqué d'envoyer gentiment Wylan sur les roses!
Le tempérament était de famille chez les Allirel, mais Elea avait quelques années d'expérience de plus que sa soeur sur l'art de tourner une situation à son avantage.
Et Béryl en goûtait non sans un peu d’amertume une bonne leçon. Mais, bonne joueuse, elle accueillait la perspective de son retour sous escorte d'un assez bon œil.
Un peu moins l'idée de laisser Elea seule derrière pour plus d'un mois, mais elle savait avoir perdu cette manche...
[center:38djcod5]***[/center:38djcod5]

Elle avait peu dormi et s'était levée à l'aube pour achever ses préparatifs. La silhouette souple de Méadren se détacha de l'ombre pour sauter lestement sur ses épaules, une habitude que le chat avait pris lorsque sa propriétaire reprenait la route. L'animal bien qu'ordinaire avait lié un lien profond avec la jeune femme et la suivait comme son ombre. Béryl lui avait même enseigné quelques tours simples et le traitait moins comme une propriété que comme un ami. Méadren avait rompu sa solitude à un moment où elle n'avait qu'Eléa dans sa vie, et de manière irrégulière.

Le froid était vif à l'extérieur et ne tarda pas à faire paraître des couleurs sur les joues claires de la jeune femme qui serra un peu plus sa pelisse contre elle. Un regard vers le ciel clair lui apprit qu'ils n'auraient au moins pas à craindre les intempéries.
S'empêchant de penser à Eléa et par là même de se donner des regrets, Béryl rejoignit les écuries en fredonnant légèrement, ne s'interrompant qu'en entendant une voix s'élever des stalles. Sans bien savoir s'il l'avait entendue ou non, elle rejoignit Wylan, gardant pour elle un sourire discret. La complicité du Héraut à son Compagnon ne lui avaient pas échappé. Non que la ménestrelle n'y ait porté jugement, mais le tableau lui rappelait sa sœur avec Derna.
Une part d'elle se surprenait à envier un tel lien, Béryl n'étant pas de nature particulièrement intéressée. Mais avec un lien aussi puissant, les Hérauts n'étaient jamais seuls en dépit de l'adage courant qui soutenait le contraire.

La vraie solitude avait un autre visage, elle l'avait apprit en l'affrontant.
Sans un commentaire, elle étrilla Merle avant de la seller, répondant au Héraut Wylan d'une voix calme et légère.

- Presque prête! Il ne me reste qu'à préparer cette brave fille et nous pourrons y aller.

Tapotant l'encolure de la petite jument noire, elle termina ses préparatifs, fixant son paquetage à la selle avant de prendre place sur sa monture. Merle était une jument vive, un peu trop nerveuse au goût de sa propriétaire qui avait parfois du mal à canaliser ses réactions, mais elle avait le sabot sûr et affrontait plutôt bien les sentiers de chèvres.
Flattant une fois encore sa jument, la jeune femme entreprit de la pousser au niveau du Héraut Wylan afin d'entamer la conversation.
Et de poser quelques questions le plus innocemment possible.

- C'est vraiment généreux de votre part d'avoir proposé de m'escorter! Je suppose que vous devez assez bien connaître ma sœur... Elle s'en fait trop pour moi vous savez. Je crois qu'elle prend bien plus de risques que moi en ce moment...

Une bonne manière de tâter le terrain pour savoir jusqu'à quel point Eléa avait pu discuter de son cas avec les autres Hérauts. Béryl doutait que sa sœur ait trahi l'intégralité de son histoire, mais elle voulait évaluer malgré tout ce que pouvait savoir le Héraut... sous réserve qu'il daigne lui répondre.
Si elle n'avait craint qu'il se braque, elle aurait posé ses questions ouvertement.
Est-ce ma sœur qui vous a envoyé jouer les chaperons? Qu'en est-il exactement de la situation actuelle?
Et surtout puis-je me rendre utile à la cause de la couronne?
Lorsqu'elle avait quitté le foyer familial en quête d'avenir, cette idée ne l'avait jamais abandonnée, même une fois hors des terres de son pays. Et cette volonté d'engagement n'avait fait que croître à mesure qu'elle prenait conscience que quelque chose de lourd et de menaçant pesait sur Valdemar. Peu à peu, entre rumeurs et informations diverses, elle avait réussi à se faire une idée du monstre tapi dans l'ombre qui guettait son pays.
Et elle se demandait ce que le Héraut Wylan allait bien daigner lui dire ou non à ce sujet...

Héraut Wylan:
Dès que Beryll eut fini de préparer sa monture, Wylan fit sortir Kyra de l'écurie et fit signe à la jeune fille de le suivre. Tout en montant en selle, il lui répondit:

"Je connais Elea surtout parce qu'elle est en poste ici, et que je passe souvent dans le coin. Il est certain qu'elle s'inquiète, mais ça me semble normal pour une grande soeur. J'ai moi-même trois soeurs et je suis certain que je ne dormirais pas la nuit si elles vivaient dans une région aussi dangereuse que celle-ci. Il est certain qu'elle prend des risques ici, mais elle a reçut un entraînement poussé…et cela fait partie du job, qu'on le veuille ou non. Je crois que ça l'arrangeait que je vous emmène avec moi…"

En fait, Elea et lui avait discuté une fois du désir de la petite ménestrelle de se rendre utile, chose qui lui était difficile dans une région aussi troublée. D'autant qu'elle n'avait bénéficié d'aucune formation qui pouvait justifier qu'elle reste là. Elle ne savait pas vraiment se battre, n'ayant bénéficié que des cours de bases dispensés aux Bleus. Elle ne savait pas non plus écouter, se fondre dans la masse, se déguiser. Bref, elle n'était utile ni aux soldats, ni aux Hérauts. Pour le moment.

La seule raison pour laquelle Wylan avait accédé au désir d'Elea était que la petite était ménestrelle et qu'elle semblait assez douée pour comprendre ce qui se passait autour d'elle. Enfin, il y avait une autre raison, Wylan comprenait parfaitement l'angoisse de la jeune femme. Avoir une jeune soeur dans les pattes alors qu'on prépare une guerre n'était pas idéal pour l'efficacité.

"Après, c'est surtout parce qu'en rentrant avec moi, vous bénéficiez de l' aura des Hérauts en plus de bénéficier des Relais. Ça revient moins cher et on risque moins de se faire dépouiller."

Bien sûr, pour lui, cela signifiait une perte de temps certaine. S'il avait fait le chemin seul avec Kyra, ils auraient foncé vers Haven, partant à l'aube, s'arrêtant bien après la tombée de la nuit. Il n'était cependant pas mécontent de faire le chemin en compagnie, pour une fois. Il passait la majeure partie de son temps seul, par choix autant que par devoir.

"Vous êtes prête? Alors on y va…"

Kyra se mit en route, trottant d'un pas léger. Elle n'était pas beaucoup plus grande que la jument de la ménestrelle, le Compagnon était vraiment de petite taille. Presque trop pour Wylan. Mais ils étaient bien assortis, tous deux bien musclés et agiles.

"Pour le moment nous allons suivre la route principale, même si elle ne va pas tout à fait dans la bonne direction. Je préfère rester sur les chemins surveillés par la garde. Je ne voudrais pas me retrouver face à des bandits alors que je suis avec vous. Je suis tout à fait capable de me défendre, mais je n'ai pas été formé pour la protection rapprochée."

Il sourit à la jeune femme.

"Prévenez-moi si nous allons trop vite, Kyra et moi. Nous ne sommes guère habitué à devoir ralentir l'allule."

Ils dépassèrent une courbe, et la caserne disparut derrières les sapins. La route, couverte d'une épaisse couche de neige, était rendue praticable par une couche de copeaux de bois. Il faudrait régulièrement s'arrêter pour ôter la neige des sabots de leur monture.

"Avez-vous une raison de vous diriger vers Haven en particulier? Ou c'est pour pouvoir y retrouver votre soeur par la suite?"demanda-t-il sur le ton de la conversation.

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