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[RP d'intro Justina] Terre d'asile

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Conteur:
1er jour de la 3e décade d’été — Camp au sud de Lisle, frontière avec Rethwellan et Mnemellith
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Nom du PNJ : Rafalentha Jadrevalyn
Âge : 20 ans

Rafalentha Jadrevalyn observait les soldats qui s’activaient en tout sens dans le soleil déjà chaud du matin. Il aurait dû les aider. Mais il ne parvenait qu’à les regarder en bâillant. Il ne parvenait pas à dormir correctement, à cause de la tension ambiante. Et Alemdar lui manquait. Il n’aurait jamais pensé être dépendant à ce point de son grand frère. Mais il ne l’aurait plus jamais à ses côtés. Pas maintenant qu’il avait été Élu Héraut du Roi. Rafalentha était jaloux d’Arthon de Haven qui possédait maintenant des droits sur son meilleur conseiller, son grand frère, son presque père.

Il soupira. Ses pensées étaient puériles, et il devrait être heureux pour son frère d’avoir trouvé sa place. Et heureux que le souverain de sa terre d’asile ait maintenant un si bon conseiller. D’autant que si tout ce passait comme prévu, Stefenson, le puîné, allait se marier avec quelque noble de Haven.

Rafael ne dirigeait pas officiellement ce camp. Mais c’était à lui qu’on venait le plus souvent rendre des comptes. On reconnaissait ses talents de stratège, durement acquis grâce à Alem.Aussi, quand une patrouille ramena un groupe hétéroclite de villageois dirigé par un être au genre indéterminé, c’est à lui qu’on les présenta.

Surpris, il ne put que dévisager le... la... le soldat qui se trouvait devant lui. Il interrogea le sous-officier qui les avait guidé à lui. Celui-ci lui répondit, en valdemaran :

« Elle s’est présentée sous le nom de Justina Alera. Elle et les autres demandent l’asile. Ils viennent de Rethwellan. »

Rafael acquiesça et observa attentivement la jeune femme. Elle était plutôt belle, bien que dépouillée de tout ornement qui aurait pu la faire paraître féminine. Il rit intérieurement d’imaginer Alemdar face à ce soldat si particulier. L’armée de Rethwellan n’accueillait en son sein aucune femme. Si elle en portait l’uniforme, c’était qu’elle l’avait volé — mais son attitude toute martiale démentait cette possibilité — ou qu’elle s’était fait engager en cachant son sexe.

« J’imagine que tu parles pour les autres. Je me présente, je suis Rafael. J’ai moi aussi demandé l’asile en arrivant ici. Et comme tu le vois, maintenant, j’aide à défendre ma terre d’accueil. »

Le sous-officier à son côté parlait suffisamment la langue de Rethwellan pour réaliser que le prince ne s’était pas présenté sous sa vraie identité, et il ne put retenir un petit sourire amusé. Rafalentha donna quelques instructions pour les pauvres villageois, qui semblaient perdus, fussent nourris et amenés dans un endroit tranquille. Puis il se tourna vers la fille pendant qu’on emmenait les autres.

« J’ai entendu que tu demandais l’asile. Pour toi, mais aussi pour ceux que tu accompagnes. Ta désertion rend effectivement impossible ton retour au pays pour le moment. Pourquoi l’as-tu fait ? »

Rafael aurait aimé pouvoir prendre l'air sévère. Mais il était d'un tempérament conciliant, et il était sincèrement intéressé par le récit de la jeune femme. Aussi c'est avec un sourire aimable qu'il écouta sa réponse.

Justina Aléra:
Justina n'avait pensé qu'à mettre les villageois en sureté, ceux qui avaient voulu la suivre, elle et le guérisseur. Ce n'était qu'une fois arrêter par une patrouille qu'elle avait réalisé qu'elle ne reverrait sans doute jamais Rethwellan. Elle avait eu du temps, ensuite, pour réfléchir à son avenir. La frontière lui était maintenant fermée, mais elle se rendait compte que ce qu'on lui avait demandé de faire ne lui avait laissé aucun autre choix. Elle ne pouvait pas cautionner ce genre d'actes barbare. Son pays ne l'était plus, souiller par tout cela, elle se souvint des rumeurs qui courraient sur la disparition de l'Épée, sur le fait qu'elle n'avait, en vérité, jamais chanté pour l'oncle du prince. Elle était restée dans l'armée malgré les rumeurs, parce qu'elle se battait pour protéger des innocents de bandits et autres truands du même acabit. Jusqu'à la guerre, elle avait toujours su où était son devoir, où était le bien...

Avant la guerre, Valdemar avait toujours été décrit comme un allié, elle avait adoré les contes de ce pays, avec les Hérauts et les compagnons, surtout ceux qui concernaient Kerowyn Veris. Maintenant, elle ne savait plus ce qu'elle devait croire, sinon qu'elle espérait sincèrement que les contes de son enfance avaient encore un fond de vérité. Elle en était là dans ses pensées quand la patrouille les guida dans un camp, si semblable à ceux où elle avait dormit ses dernières décades, sauf que tout était en bleu.

On la mena vers un homme de grande prestance, habillé comme un noble qui la dévisageait d'un oeil presque espiègle. Elle ne se gêna pas pour lui retourner son regard, restant digne et martiale, son propre regard bleu, bleu comme ceux de certain loup, planté dans celui de l'autre. Son apparence lui disait quelque chose, elle savait qu'elle l'avait déjà vu, mais le chef de patrouille les présentait déjà. Elle s'avança donc à l'avant du groupe, elle était responsable de leur sécurité et de leur fuite, elle se devait de l'assumer. Saluant l'homme comme elle l'aurait fait d'un officier supérieur, poings sur le coeur et courbant le dos.

« Je suis Justina Alera, ancienne écuyer du Chevalier Jullianyo Saren et voici des hommes, des femmes et des enfants qui ont été attaqués par les hommes même qui avait charge de les protéger sur l'ordre du Régent pour ne pas avoir envoyé leur enfant, frère, mari ou père se battre contre vous. Jugez-moi pour avoir cru faire mon devoir, mais offrez leur au moins l'asile, car ce sont des civils innocents.»

Elle ne savait pas ce que serait son avenir, elle espérait sincèrement pouvoir trouver un nouveau but dans sa vie, maintenant qu'elle avait réduit à néant son destin à Rethwellan. Elle ne voulait pas se battre contre ses compatriotes, mais elle comprenait maintenant qu'ils faisaient fausse route autant qu'elle l'avait fait. Pour autant, verser le sang de ses anciens camarades lui répugnait et elle doutait qu'on lui fasse suffisamment confiance pour qu'elle puisse conserver ses armes, peut-être même lui confisquerait-on Patience, ça plus proche amie et la monture qui l'avait fidèlement servi depuis qu'elle lui avait été donnée. Pour autant, elle espérait pouvoir gagner suffisamment leur confiance pour entrer dans la Garde et défendre les routes contre les brigands ordinaires. Elle savait au moins faire cela. Si ils avait accueilli les princes de Rethwellan, il y avait un espoir pour qu'il l'accueille elle.

Il se présenta alors, Rafael, comme un réfugié politique, puis ordonna que les villageois soit amener et nourris. Ina laissa les villageois être amener, soulager qu’eux au moins serait sauf. Elle n’avait pas entaché son honneur en usant de sournoiserie pour voir ses protégés retourné de l’autre côté de la frontière. Elle reporta alors son attention sur l’homme, qui titillait sa mémoire. Rafael n’était pas un nom Rethwellanais… Elle l’observa plus attentivement, soudain devenu méfiante. Ses manières et son accent était comme le siens, noble, raffiné, plus encore qu’elle ne l’avait jamais été. Cherchant pourquoi elle sentait au fond de ses tripes qu’elle devait découvrir qui il était, ressentant qu’elle allait passer à côté de quelque chose d’important, elle n’écouta pas vraiment ce qui se dit ensuite. Elle resta silencieuse, puis soudain, la lumière se fit dans son esprit. Elle l’avait aperçu une fois, quand elle avait été nommée écuyer, à la cérémonie officielle… le prince Rafalentha!

Alors qu’auparavant elle était ouverte, calme et polie, elle changea du tout au tout, elle devint louve furieuse. Elle ne réussit qu’à grande peine à ne pas empoigner le prince, à ne pas le toucher, s’avançant soudainement vers lui pour être à un cheveu de lui, ses yeux dans les siens, leur visage si proche qu’elle aurait pu lui frapper le crane avec le siens si tel avait été son intention.

« Toi! C'est à cause de toi cette guerre et toutes ses souffrances! Si tu avais pris tes responsabilités on n'en serait pas là! Tu aurais dû prendre l'Épée! Mieux aurait valu un tire au flanc comme toi que l'homme qui dirige notre pays aujourd'hui! »

Elle n'avait même pas conscience d'être repassé à sa langue maternelle, ni que des larmes perlaient à ses yeux, sans heureusement se mettre à couler, tant sa colère et sa détresse devant tout le gâchis de sa vie et de celles des innocents de son pays. Que n'avait-il pas pris ses responsabilités et monté sur le trône?

« Tu veux savoir pourquoi j'ai déserté!? Parce qu'on m'a demandé de battre et piller ces gens avant de les livrer à la justice sommaire des officiers pour trahison parce qu'ils n'ont pas voulu aller se battre sans formation contre un pays qui était notre alliés il n'y a pas si longtemps et qui le serait encore si tu ne nous avais pas abandonné! »

C'était sans doute injuste de l'accuser ainsi, mais toute la frustration, la peur et les horreurs qu'elle avait contenues en elle depuis le début de la guerre s'étaient cristallisées en colère quand elle avait compris qui il était. Ses yeux flamboyaient de frustration, tout son corps était tendu comme un arc et pourtant elle n'avait pas touché au prince, elle avait eu assez de retenues et de contrôle pour ne faire usage que de parole. Elle savait qu'elle n'avait plus aucune chance de recevoir l'asile après son explosion de rage, mais elle n'avait pas pu se contrôler à ce point. C'était tout simplement trop. Les gens de son pays souffraient, versait leur sang parce que l'Héritier n'avait pas eu le courage de monter sur le trône.

Conteur:
La jeune fille ne sembla pas écouter la question de Rafael. Elle avait la tête de quelqu’un qui avait un mot sur le bout de la langue, mais qui ne parvenait pas à le retrouver. Le Prince la regarda avec patience, imaginant qu’elle cherchait comment présenter les choses.

Puis elle explosa. Heureusement, elle parla dans leur langue, et non pas en valdemaran. Même si beaucoup d’hommes comprenaient quelques rudiments de rethwellanais, la plupart étaient incapables de suivre un tel discours.

 Brusquement, Rafael eut l’impression de se trouver face à Alem, ce frère dont il regrettait l’absence quelques instants auparavant. Les yeux s’agrandirent de surprise. Puis son regard se fit dur quand il prit connaissance pour la énième fois, des exactions commises par l’armée de son propre pays.

« Tu n’es pas la première à me dire cela, que j’aurais dû rester pour me battre.» Son ton était lasse. « Mais sache que la situation était compliquée, que je pensais sincèrement rendre service à mon pays en le confiant aux mains d’un homme plus expérimenté, et que je regrette ce qui se passe maintenant. Mais je ne regrette pas d’être venu ici.»

Il soupira.

Alemdar, une fois ses esprits retrouvés, et avec toute la mauvaise grâce possible, avait fini par admettre que oui, un prince malade aurait eu de la peine à conserver le trône face à une homme en pleine possession de ses moyens. Or les quatre fils de Gedric avaient soufferts d’une grave perturbation de leur Don de la Terre, les laissant faibles et souvent malades. Maintenant, ils étaient tous en pleine forme. Même Jeremahiam, qui redevenait chaque jour un peu plus le petit frère chéri de Rafael.

« Tu sais, si j’étais resté, je pense que je serais mort maintenant. Et si Thelarson m’avait épargné, il se serait débarrassé sans vergogne de mes petits frères. Il voulait le pouvoir, à n'importe quel prix. Moi... je n'étais pas disposé à le payer.»

Thelarson s'était attaché les services de mages noirs pour prendre le pouvoir. Il était même parvenu à faire du Don de la Terre, que Gedric et ses fils possédaient, une source de malheur et de souffrance. Rafalentha savait maintenant comment il s'y était pris. Il l'avait découvert quand il était revenu près de son pays. Les mages de son oncle avaient blessé la terre avec leurs sorts contre nature. Ils l'avaient meurtries. Par endroit, elle dépérissait. Et ça, Rafalentha le sentait dans sa chair.

Il regarda la jeune fille d’un air à la fois triste et sévère.

« Et toi, tu as suivi l’armée, ses ordres. Tu servais mon oncle. Il ne te semblait pas un tel monstre il y a peu! C’est facile de m’en vouloir, maintenant que tu as réalisé qui tu servais réellement. »

Sa voix était redevenue douce et calme. Rafalentha avait subi toute sa vie les remontrances de son aîné, et il s’en était accommodé. Maintenant qu’il était un homme fait, il supportait avec grâce les critiques et s’énervait bien peu.

«Pour beaucoup de nobles, Thelarson est un souverain plus avisé que je ne le serai jamais. Très peu ont réalisé qu’il mène le pays à sa perte! Quand l’Épée a refusé de chanter pour lui, on s’est contenté d’ignorer ce fait, et on a fait disparaître la lame enchantée. Pour la plupart, je n’étais qu’un gamin écervelé et vain. Ils n’avaient pas tort. Mais ils ne m’ont laissés aucune chance de faire mes preuves. Et puis, Thelarson sait si bien manier les gens, leur dire ce qu’ils ont envie d’entendre. » Un sourire amer passa brièvement sur les lèvres du prince. « Jeune fille, raconte-moi plutôt ce qui t’a conduit ici. J’ai bien compris que tu avais déserté pour respecter ta conscience. Mais ça ne me dit pas comment tu as fais pour sauver ces gens. »

Justina Aléra:
Quand le regard du prince se fit dur, Ina fut certaine qu'il allait l'attaquer, certainement il l'avait amené à l'écart pour pouvoir la faire disparaitre si le besoin s'en faisait sentir. Pourtant, il lui répondit comme si elle ne lui avait pas crié dessus, comme si elle n'était pas à un cheveu de son visage, désarmant lentement sa colère. Il semblait fatiguer, déprimé. Elle eut soudain honte de son éclat. Elle ignorait pourquoi il avait pris les décisions qu'il avait prises. Lentement, elle se remit d'aplomb sur ses pieds pour mettre un peu de distance entre les deux exilés. Si il ne regrettait pas d'être venu, regrettait-il d'avoir laissé le pouvoir à Thelarson?

« Alors que vous avez des devoirs, le devoir de revenir pour reprendre votre trône vous rester seul avec moi! Et si j'étais une assassin!? J'aurais pu vous tuer!»

Oui, elle lui en voulait, elle le haïssait même un peu... et en même temps elle s'inquiétait pour sa sécurité parce qu'il restait le seul espoir pour son ancien pays. L'espoir de voir un Roi légitime de nouveau sur le trône.

Il lui expliqua alors, calmement et dans leur langue, pourquoi il était parti, plus il parlait, plus elle se sentait honteuse d'avoir reporté sa colère sur lui. C'était inacceptable, elle l'avait jugé sans savoir. On lui avait souvent dit que c'était l'un de ses plus gros problèmes. Elle resta immobile, à l'écouter, ses yeux bleus exprimant maintenant le remord, le regret et la peine.  

« J'avais des doutes... Mais vous avez raison, j'aurais dû, moi aussi, faire plus. Je croyais que malgré tout, j'aidais les innocents en défendant des villages contre les bandits et puis la guerre est venue... J'ai alors suivi mon chevalier, je ne voyais pas d'autre solution. Vous avez été plus sage que moi. Si vous devez me jeter en prison, je vous en pris, accorder au moins l'asile à ces innocents.»

Une fois calmée elle se sentait pleine de remord. Elle avait baissé la tête, soumise à leur jugement. Elle commençait à éprouver du respect pour son prince, pour son Roi en exile. Elle apercevait dans son calme le dirigeant qu'il pourrait être et espéra, avec douleur, que Valdemar gagnerais la guerre et pourrais placer le Roi légitime sur le trône.

« Je n'ai pas fait beaucoup, j'ai simplement fait de mon mieux pour blesser le moins possible les villageois et quand ils ont été rassemblés, durant mon tour de garde, je leur ai dit de se tenir prêt, que je ferais diversion pour qu'il puisse fuir vers la frontière.»

Elle repensa alors au guérisseur qui lui avait, hors de tout doute, sauver la vie. Elle ne savait pas encore si elle devait lui en vouloir de l'avoir convaincu d'user de méthode sournoise plutôt que noble et juste, mais elle savait que son devoir avait été de veiller sur les villageois jusqu'à cet instant.

« Le guérisseur m'a alors confié une poudre de plante qui endormirait les autres écuyers et le chevalier en charge de notre mission. Je l'ai mis dans la nourriture après mon tour de garde, quand tout le monde a été endormi, j'ai libéré les villageois et guider ceux qui voulaient tenter leur chance ici plutôt que de rester à Rethwellan.»

Elle avait donné son explication comme l'on fait son rapport à un supérieur, seul son dégoût pour une méthode aussi sournoise paraissait dans sa posture, alors que sa voix restait professionnelle et neutre. Elle s'entraînait pour la chevalerie depuis si longtemps que le militaire était une seconde nature chez elle. De plus, elle voyait en Rafael son Roi véritable. Sans doute pas un Roi de légende ou de conte, mais un Roi réel. Avec ses forces et ses faiblesses, elle voulait y croire, avoir de l'espoir pour son ancien pays.

« Je suis une fille de la région, j’ai souvent jouer dans les bois, alors j’ai fait de mon mieux pour guider ses pauvres gens en sécurité derrière vos lignes. Nous avons été intercepté par une patrouille et voilà.»

Elle jeta un autre regard où les villageois avaient été emmener, elle ignorait ce qu'il deviendrait d'eux tous, mais leur destin divergeait là. Elle serait certainement mise en prison, questionner et ensuite juger pour les actes qu'elle avait commis durant la guerre, puis l'agression qu'elle avait posée contre le prince et eux, avec un peu de chance, trouveraient une nouvelle vie dans ce pays. Elle reporta alors son attention sur les Valdemaran et l'autre exilé, attendant leur jugement.

Conteur:
Non, décidément, cette fille lui rappelait trop Alemdar ! Elle venait de le tancer pour les mêmes raisons que son grand frère. Il manquait de prudence. Il se demandait ce que donnerait la rencontre des deux. Rien de bon, sans doute. Deux personnes promptes à s’emporter auraient tôt fait de se sauter à la gorge.

« Oui, tu as raison. » Il avait l’air d’un gamin pris en faute.

Après avoir exposé sa version de l’histoire, de s’être justifié auprès de cette jeune fille, Rafael attendit la réponse. Il se demandait si elle avait perduré dans la colère, ou si elle accepterait un peu au moins, son histoire.

Elle se repentit étonnamment vite. Elle semblait penser qu’elle était responsable de quelque crime justifiant qu’on l’enfermât. Rafael la dévisagea avec surprise.

« Te jeter en prison ? Sérieusement ? Pourquoi ferait-on ça ? Ce n’est pas trop la mentalité du coin, tu sais. Et pour le moment, tu n’as rien fait de répréhensible, il me semble. Si on devait jeter au trou tous les déserteurs, les prisons de ce pays déborderaient. » Il sourit. « Tu n’aurais pas pu faire beaucoup plus. Après tout, tu es jeune, et sûrement pas très au fait de la politique de ton pays. »

Il écouta ensuite ce qui avait conduit la jeune femme jusque dans ce camp, à Valdemar. Il approuva d’un signe de tête la méthode employée pour fuir et sourit. Il comprenait ce qui avait poussé Justina à déserter. Lui-même n’aurait pas réagi autrement. Mais beaucoup auraient serré les dents et auraient suivi les ordres. Ou auraient déserté à un moment moins dangereux. Même si pour une fille de la région, fuir par les collines était sans doute moins compliqué.

« Ce n’est pas une région très facile. Les hivers sont rudes, d’après ce que j’ai compris. Mais c’est mieux qu’une patrouille vous ai trouvé. Les soldats n’auraient pas apprécié de vous découvrir devant les portes du camp. Ils sont déjà bien assez à cran. »

La question était maintenant de savoir que faire de cette jeune fille. Les paysans et le guérisseur ne posaient pas le même problème. Il pourrait sans doute retourner dans leur village à la fin de la guerre. Et il n’était pas risqué de les laisser libres dans l’intervalle. La jeune soldate, en revanche, pouvait présenter quelques risques. Évidemment, il faudrait être fou pour se jeter ainsi dans la gueule du loup. À Valdemar, où la magie mentale était la norme, il était très facile de démasquer un espion. La jeune femme subirait donc sans doute une Enchantement de Vérité, et ensuite, on l’enverrait ailleurs. On n’attendait pas d’elle qu’elle tue ses anciens camarades. C’était déjà bien assez difficile pour lui, qui était plus qu’en partie responsable de la guerre. Il n’allait pas infliger ça à quelqu’un d’autre.

Mais avant tout, il avait besoin d’en savoir plus sur la jeune fille.

« Dis-moi, Justina... comment es-tu parvenu à t’enrôler. Mon oncle est-il si désespéré qu’il engage maintenant des femmes ? »

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