Mina, songeuse, fronça les sourcils quand Isabeau évoqua son futur mariage avec.. impatience?
"Tu as... hâte?" demanda-t-elle, le sourcil gauche levé.
Elle essaya de ne pas rendre son ton insultant, car ce n'était pas du tout le cas. Seulement, Irmingarde ne comprenait pas comment on pouvait avoir hâte de se marier à quelqu'un que ses parents avaient choisis pour vous. Et cette incompréhension la peinait, mais surtout pour elle-même. Elle devait débloquer quelque part, non? Elle était née dans les Hold où être mariée à un inconnu était la normalité. Et elle vivait à présent à Haven, où la tradition du mariage arrangé était encore bien ancrée. Il fallait croire qu'elle était trop indépendante pour imaginer se rendre le coeur léger devant l'autel. Elle en venait à se demander comment elle avait pu être élue, être liée à un Compagnon pour tout le reste de sa vie, avec une telle façon de penser. Elle en était ravie, bien entendu, et le serait toujours, et même si son élection avait été le plus beau moment de sa vie et illuminait son quotidien, elle ne comprenait toujours pas le choix d'Ezarell.
"Je ne suis pas un être humain lambda moi, mon élue!" lui dit celle-ci. "Et toi non plus, d'ailleurs."
"Je sais bien que tu n'as rien à voir avec un humain. C'est fou le mépris qui suinte quand tu parles des humains!"
"Je ne suis pas très vieille, mais je connais l'histoire de ce pays, et les humains font toujours quantité d'erreur, ils n'apprennent même pas de leur passé, quelle suffisance!"
"Oui parce qu'il est évident que les Compagnons sont des êtres parfaits et irréprochables!" répondit Mina avec sarcasme.
"Pfft, l'essentiel, c'est que je sais que j'ai fait le bon choix avec toi. Point."
"Argument incontestable selon toi qui met fin à un débat gênant. Pratique."
Cet échange mental prit donc fin avec les complications de la future mère Wyet.
Le Héraut Maria arriva, et Mina la regarda faire avec admiration. Si la situation n'avait pas été aussi pressée, elle aurait même dû être gêné que cette admiration se lise autant sur son visage.
C'était quelqu'un, le Héraut Maria! Elle déboulait, tout de suite opérationnelle en pleine urgence, pas de politesses et de question inutile, juste de l'action, et cette énergie qui lui permettait de sauver des vies.
Elle la regarda faire et se plaça presque au garde-à-vous quand elle lui demanda d'aller chercher des couvertures et des chaussettes.
Quand Maria ordonna à Isabeau d'aller faire chauffer l'eau à l'autre bout du bâtiment, elle secoua la tête et proposa:
"Je peux faire un feu ici, rapidement, immédiatement, devant l'écurie par exemple, sur un tas de paille, on gagnera du temps. Il faudra juste de l'eau."
Puis elle parti au quart de tour, manquant de glisser sur la paille - le ridicule ne tue pas mais il devait être très douloureux parfois - et atteignit le coffre dont le contenu vola en tout sens tandis qu'elle cherchait ce dont elle avait besoin. Elle rangerait plus tard.
Les tissus dans les bras, elle resta debout, attendant d'apporter son aide. Mentalement, elle se prépara à utiliser son don si besoin. Elle ne le maitrisait pas parfaitement, en était loin encore, mais un petit feu sur de la paille sèche, ce devrait être simple, plus encore que tous les feux de camp qu'elle avait allumé lors de sa mission pour Valdemar.