« Normalement, vous ne devriez même pas avoir eu de conversation. Les Compagnons ne sont pas censés être capable de parler à tout le monde. Mais bon, Kyra est… Kyra. » Il sourit. « Et oui, elle est très avisée, ma Kyra, même si parfois, elle peut être trop directe dans ses propos. »
Il caressa amoureusement la jument entre les naseaux. Malgré leurs incessantes chamailleries, il l’aimait profondément. Ils se ressemblaient de manière quasiment surnaturelle, et elle avait pris dans son coeur une place que rien ne semblait pouvoir occuper. Il soupira doucement, un léger sourire, un vrai sourire sur les lèvres.
L’air presque gêné, il se reprit, et son sourire redevint cynique. Alemdar semblait avoir excusé sans peine le manque de tact de Héraut, et mettait une partie de la faute sur son état psychique d’alors. Tant mieux!
« Ah ? J’aurais cru… sans doute votre état de soldat vous rend-il moins sensible à toutes ces causeries de boudoirs… »
Wylan était surpris en bien. Il avait pourtant été certain d’avoir blessé le jeune homme. Il était rassuré qu’il n’en fut rien (à son grand étonnement, d’ailleurs). Il se sentait mieux.
Mais celui-ci ne semblait pas être là uniquement pour sceller leur réconciliation. Il souhaitait aborder un sujet plus sérieux. Kyra lui avait sans doute dit qu’il était la personne à qui poser ses questions.
« Les réfugiés? Ceux de Rethwellan? Eh bien, certains ont simplement passé la frontière et se sont installés de l’autre côté du Peigne. D’autres, les intellectuels, les artisans, sont venus à Haven. Et des soldats, outre ceux qui sont arrivés avec vous, nous avons recueilli certains déserteurs. Mais… comment dire… ils nous sont plus utiles en restant à Rethwellan, voyez-vous…Quant à aller voir vos compatriotes, aucun problème en ce qui me concerne. Je peux faire circuler le mot parmi les réfugiés qui se trouvent en ville. Nous pourrions les accueillir pour une audience, je pense. Je dois bien sûr demander au conseil, mais je doute qu’il y ait un quelconque problème. »