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[Devant le Palais] Ce qui lui pendait au nez...

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Héraut Wylan:
Dernier jour de la 3e décade d'automne 1481, fin de l'après-midi - couloirs du Palais puis porche du Palais - suite des évènements racontés ici

« J’ai besoin d’un verre… »

En fait, la réserve d’une auberge de bonne taille n’aurait pas suffi à le remettre d’aplomb. Il venait de subir un choc bien trop important. Une fille. Il avait une fille. Lui.

Certes, il s’était toujours douté qu’il devait avoir des enfants, quelque part dans Valdemar. Mais il s’était toujours satisfait de n’en avoir rencontré aucun. Et si un de ses enfants devait un jour faire surface, il s'était toujours imaginé que ce serait un fils. Il réalisait bien que c’était une attitude rétrograde et condamnable. Ici, au Collegium, hommes et femmes étaient égaux. Dans sa famille aussi. Mais traditionnellement, un homme se devait d’avoir un fils pour perpétuer son héritage. Si au moins la petite avait été Élue, il aurait pu se consoler en se disant qu’elle serait sa digne héritière ici, à Haven. Mais comble de malchance, il avait hérité d’une Guérisseuse.

Au fond de lui, il savait bien qu’il se trouvait des excuses pour ne pas accepter cette soudaine paternité. C’était ce qui expliquait l’absence d’intervention de Kyra. Son Élu avait besoin de réfléchir. Seul.

Que devait-il faire maintenant? Normalement, il aurait dû repartir en mission le soir même. Peut-être devrait-il s’en tenir à son planning initial. Cela lui éviterait quelques conversations gênantes avec d’autres Hérauts. Car Kyra n’avait sans doute pas raté une si belle occasion de se moquer de son Élu.

Heureusement, Beltran n’était pas un Héraut, lui. Il n’était peut-être pas encore au courant. Sa belle par contre… il fallait qu’il parte avant qu’ils aient eu l’occasion de se parler.

Inconsciemment, ses pas le menaient hors du Palais, vers l’écurie des Compagnons. Il voulait fuir. Il devait fuir. Partir loin, le temps de remettre de l’ordre dans sa vie.

: Attends que Alem te trouve… et Arthon…:
: Kyra… repartons. Je préfère affronter tout Rethwellan qu’avoir cette conversation…:
:Trop tard… il arrive. Hilare je crois.:

Héraut Alemdar:
Effectivement, Alemdar apparut bientot, retenant un rire moqueur. Il envoya à son ami une grande claque dans le dos en s'écriant avec une discrétion inexistante :

"Mazel Tov! C'est une fille!"

Bon, la première réaction du Moine, quand la rumeur de la paternité de Wylan l'avait atteint n'avait certes pas été le rire. Il y pouvait rien, lui, la bâtardise, il trouvait que c'était un sujet assez sérieux. Mais une ou deux questions plus tard, Taver lui avait assurée que la fille en question était une guérisseuse déjà bien établie. Bon. Il allait pouvoir se moquer tranquillement de son pote et de son allergie chronique à l'engagement. Et bon sang, une gamine, bel engagement! Bon, cela dit, y avait pire, lui avait fait remarquer Mère (avec qui il déjeunait alors): le couffin devant la porte.

Il en aurait fait une attaque!
Kyra en aurait rit encore plus fort!
Déjà que...
On a du l'entendre à Petras!

Et donc, une fois que Taver (et la rumeur) l'avait rassuré sur la pauvre gamine, Alemdar avait rangé (largué sur une autre pile) le dossier qu'il étudiait, il était passé chez lui prendre une bouteille de tord-boyaux Rethwellan (chèrement et totalement illégalement importé au marché noir) (mais s'pas sa faute s'il y a la guerre quand même) (Ok, p'tet un peu, mais chut, j’essayais de raconter des trucs).

Bouteille qui atterrit entre les mains de Wylan:

"Et t'en fait pas pour le boulot, hein! Je t'ai mis en congé paternité!"

Héraut Wylan:
: Eh merde :

«T’as rien de mieux à faire que de venir te moquer de moi? Il fait plaisir à voir, le Héraut du Roi... deuxième figure du royaume.»

Wylan, ne sachant comment réagir dans cette situation, préférait attaquer directement. C’était une position plus confortable pour lui. Attaquer, il savait faire. Même si dans le cas présent, la pique était totalement injustifiée. Les horaires d’Alemdar n’avaient rien à envier à ceux d’Arthon. Tous deux passaient de longues heures dans leur bureau respectif à gérer des montagnes de dossiers, et le peu de temps qu’il leur restait, ils le gaspillaient en réunion d’État-Major pour rassurer les nobles.

Il grinça des dents quand Alem le taquina avec un prétendu "congé paternité".

«Tu as précisé que l’enfant en question a déjà 17 ans? Parce que je doute que ça s’applique dans ces cas-là.»

Il réceptionna la bouteille avec un haussement de sourcil. Cet alcool n’aurait pas dû se trouver à Valdemar, encore moins à Haven dans les mains du Héraut du Roi. Il était certes mal placé pour critiquer, mais ce n’était pas l’envie qui lui manquait.

De guerre lasse, il se dirigea vers le premier banc à proximité et s’y laissa tomber dans un bruit de ferraille.

«Bordel... 17 ans... J’ai même pas le temps de m’habituer à cette idée. À 17 ans, on veut tout, tout de suite. On n’a pas la patience d’attendre qu’un vieux con se fasse une raison.» Il soupira. « Un bébé, il n’a pas besoin de toi tout de suite. Tu as le temps de t’habituer à l’idée. Et quand enfin il lâche le sein de sa mère, tu es prêt à être père, à t’en occuper un peu.» Avec l’aisance que confère une longue pratique, il déboucha la bouteille d’alcool et la porta à ses lèvres. «En plus, sa mère est morte...» Il s’interrompit pour passer la bouteille au gamin. «Tu te rends compte qu’elle m’a cherché? Sa mère savait que j’étais un Héraut, et elle lui a donné mon nom. Une description aussi j’imagine, même si ça ne lui a visiblement servi à rien.» Il eut un petit rire désabusé. «Mon nom non plus n’a pas dû énormément l’aider. Vu ce que je fais, c’est très difficile d’obtenir la moindre information sur moi. Mais la rumeur a quand même circulé un peu, parmi les Compagnons, qu’une jeune fille cherchait à me parler. Si ça se trouve, la moitié a dû penser que c’était une de mes conquêtes!» Il reprit la bouteille des mains d’Alem et but une nouvelle gorgée. « Pourtant, je répète bien assez souvent que j’ai pour principe de ne jamais sortir avec des femmes pour auraient l’âge d’être mes filles. Je réalise maintenant à quel point c’était sage.»

Il poussa un grand soupir.

«C’est pas à toi que ça risque d’arriver ce genre d’histoires...»

Héraut Alemdar:
Le très occupé héraut du roi éclata d'un rire sadique à la faible riposte de Wylan

"Ta ta ta... Bien sur que j'ai mieux a faire... J'ai trop a faire! Comme tout le monde! Mais tu ne voudrais pas que le Heraut de ton roi succombe à l'épuisement professionnel, hein? Il faut que je me détende. Et me moquer de toi fera paaaarfaitement l'affaire!"

Haaaan! Il avait grincé des dents a l'idée d’être en congééééé! Trop drôle! Pour le coup, Alem aurait vraiment du le mettre en congé. Le roi n'aurait sans doute pas été trop difficile à convaincre de l'absolu nécessité de l'établissement de liens pere-fille solides, gaga de ses enfants comme il l'était... Malheureusement, la guerre ne laissait pas cette possibilité à Alem. Dommage. Mais pas question d'admettre encore son bluff!

"D'autant plus à 17 ans! C'est l'age bête. La présence paternelle est d'autant plus critique. A son age, moi, je complotait déjà pour m'assurer une bonne place a la cour. Bon, au moins, à l'époque mes projets fratricides étaient déjà mis de coté, trop peu discret. On m'aurait tout de suite soupçonné."

Bon, on l'avait soupçonné quand même de la mort du roi (à tort). Et de la Reine (à tort). Ah les ragots de cour... Plus c'est stupide, plus ça se répand... Bon, cela dit, il avait effectivement essayé de tuer son frère. Grands Dieux. Les rumeurs de cours porteraient donc une part de vérité? Non, il refusait de le croire, ce serait trop terrible...

Toujours un sourire moqueur aux lèvres, il pris la bouteille que son amis lui tendais et pris une petite gorgée au goulot:

"Plains toi. a 17 ans, elle te bavera pas dessus!"

La mention de la mère de la gamine fit venir une once de sérieux sur le visage du haut-fonctionnaire:

"Bien sur qu'elle t'a cherché... Quel gosse ne rechercherais pas son père. Je vais te mettre encore plus mal a l'aise: elle espérait probablement que tu épouse sa mère en plus.Les bâtards veulent toujours ça. Moi je le voulais en tous cas."

Il repris une vrai gorgée de gnôle puis il passa la bouteille. Il se disait intérieurement qu'encore heureux que Wylan ne couche pas avec les femmes de l'age de sa fille. y avait des limites quand même.

Puis Wylan remarqua qu'Alem ne risquait pas de rencontrer ce problème. L'immigré éclata de rire:

"Ah ça c'est certain! Enfin... Elles peuvent toujours essayer. Ce serait drôle!"

Héraut Wylan:
«Elle ne me bavera pas dessus, c'est certain. Par contre, elle m'a giflée quand elle a compris qui j'étais. Je croyais que les enfants se devaient de respecter leurs parents... la mienne me bat dès notre rencontre.» Évidemment, la petite gifle molle d'Isibeal ne lui avait même pas laissé de marques sur la joue. Mais Wylan n'était pas certain d'avoir compris sa réaction. Avait-elle agi par rage? Pour se venger de son absence? Pour attirer son attention? Cette gifle avait en tout cas obligé Wylan à prendre la situation au sérieux. «Sérieusement, j'aurais préféré une lettre. J'aurais pu me préparer à cette rencontre. Et puis...» Wylan n'était pas vaniteux, mais il aurait aimé être un peu plus à son avantage pour rencontrer son enfant. En tout cas, il aurait aimé être propre et reposé, et non pas couvert de boue et ivre de fatigue.


Le gamin semblait trouver les démarches de sa fille (*Par la Déesse, ma fille!*) parfaitement normales et attendues. Wylan avait pour sa part de la peine à comprendre.

« Oui, mais pourquoi chercher un père qui ne s'est pas manifesté jusqu'à maintenant? Plus logiquement, elle aurait dû me maudire et déclarer qu'elle ne voulait pas rencontrer un père aussi mauvais.» Il soupira. «Par contre, je ne connais pas définition du mot bâtard, mais n'étant pas marié, je ne crois pas qu'on puisse lui donner ce titre. Pour moi, c'est surtout une enfant-surprise. Tu te rends compte qu'elle est Guérisseuse? Comment un type aussi insensible que moi a pu engendrer une fille douée d'Empathie? Ça doit venir du côté de sa mère, parce que dans ma famille, l'Empathie, on connait pas. Et je ne te parle même pas de la famille éloignée...»

Une fois la bouteille de retour entre ses mains, le Héraut prit une longue gorgée, dans l'espoir d'oublier un peu ses malheurs. Mais une seule bouteille ne suffirait même pas à émousser un peu ses sens.

C'était certain, le peu d'intérêt d'Alemdar pour les femmes (et les hommes) le protégeait sans doute de maints problèmes. Mais Wylan doutait que la situation pût durer longtemps encore. À moins qu'il ne se barricade dans son bureau et qu'il ne sorte qu'accompagné d'une garnison, viendrait un jour où les femmes du Palais prendraient conscience de sa présence... et de son rang!

«Tu ris maintenant. Mais dès que tu seras moins occupé, tu auras des hordes de jeunes nobles qui feront la queue devant la porte pour t'inviter au prochain mal chez Truc, au prochain dîner chez Bidule... On verra alors comment tu résistes à la pression de la cour... et aux tentatives de viol de ces petites en chaleur. »

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