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Un bon chien ? {Barrn}

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Sou:
[les cuisines puis les appartements de Barrn - Le lendemain de la mort du roi - 3 jours après le rp d'intro de Sou.]

Les yeux encore gonflés de sommeil, Sou baillait ostensiblement à l'entrée de la cuisine. Sa nuit avait été peuplée de cauchemar plus vilains les uns que les autres. Elle serait bien restée à paresser au lit histoire de récupérer un peu. Et puis aussi parce qu'elle aimait bien rester blottie au chaud en écoutant les bruits de la maisonnée, enfin du palais maintenant. Mais pas ce matin, sa corvée l'attendait. Sou s'empara distraitement d'une tartine de pain beurrée. Elle allait bientôt devoir amener les plateaux couverts de brioches et de douceurs matinales des cuisines vers la grande salle. L'esprit encore embrumé et la langue occupée à savourer le gout du beurre, elle ne vit pas arriver les trois grandes filles. Des bleues. La première, une jolie blonde aux grands yeux - Sou lui trouva des yeux de chouette - fourra, avec une moue de dédain - un grand bol de porcelaine dans la main libre de la fillette.

"C'est pour Barrn. Dépêche toi de lui amener."

Sou en train de se débattre pour ne pas laisser tomber le lourd bol à terre n'eu pas le temps de répliquer que les filles avaient fait demi tour. Ayant rétabli l'équilibre entre sa tartine et le bol, la fillette, regarda en direction des bleues. Elles pouffaient de rire, semblant partager quelque farce. Hypothèse plus que probable, étant donné le contenu du récipient : de la viande crue. Qui demanderait de la viande crue au petit déjeuner ? Peut-être que les bleues avaient décidé de s'amuser au dépend de la petite nouvelle. Mais Sou n'était pas prête à se laisser faire comme ça. Elle accosta un jeune garçon, un petit page de corvée comme elle. Après quelques explications, elle apprit que "maitre Barrn" vivait dans le quartier des ambassadeurs et que la viande était bien pour lui.

Armée de quelques renseignements la jeune page se rendit jusqu'aux appartements du dénommé Barrn. Tout de même - pensait-elle - pourquoi vouloir de la viande au petit matin? Ça n'était pas ragoutant. Même si il y a peu de temps, elle-même n'aurait pas cracher contre ces quelques morceaux. Cuits bien sur. Avisant en chemin une noble suivie de son petit chien, elle comprit : C'était pour son animal de compagnie. Sou trouvait que c'était d'un luxe presque intolérable. Elle songeait qu'elle pourrait substituer quelques bas morceaux à la place de cette belle viande . Sa mère et sa sœur seraient ravies de ce petit luxe. Il faudrait qu'elle y réfléchisse. Du moins quand elle aurait vu comment se passait le repas de l'animal.

Arrivant devant la porte de maitre Barrn elle frappa respectueusement, attendant qu'on lui dise d'entrer pour le faire.

Barrn:
Barrn se réveilla quand la lumière entra dans sa chambre. Il ne fermait jamais les rideaux, cela lui plaisait beaucoup trop de se réveiller en voyant le monde extérieur. Depuis sa période d'inactivité forcée où son étrange maladie l'avait contraint à demeurer cloitré dans cette même pièce, dans la pénombre et l'obscurité du matin jusqu'au soir, il avait conçut une aversion pour la claustration et refusait de fermer les rideaux.
Le kyree se leva et sortit de son petit nid douillet conçut à même le sol et constitué d'un matelas accompagné de coussins et de couvertures. C'était par ailleurs le seul "meuble" de la pièce, après tout Barrn n'avait aucunement besoin d'autres mobiliers. Il s'étira consciencieusement, toujours attentif à ce que lui disait son corps, trop peu désireux de se retrouver de nouveau hors service, et alla se poster à la fenêtre pour se donner le temps de se réveiller correctement avant l'arrivée du petit déjeuner qui serait suivit par le début de sa journée de travail.

Songeur, il regarda les jardins s'éclairer peu à peu sous le soleil matinal. Ses pensées vadrouillèrent bien au delà des murs de cette suite.

Son estomac gronda, réclamant sa pitance. C'est qu'il n'avait pas mangé la veille au soir, Barrn lui avait refusé son repas sous prétexte qu'il voulait terminer ce qu'il avait commencé. Et il l’avait fait, mais n'avait pas ensuite subvenu aux besoins de son ventre, un repas manqué ne le tuerait pas. Pour preuve il était toujours en vie, mais il avait faim.
De timides coups frappèrent à la porte, ce devait être le serviteur et son petit déjeuner. Barrn se tourna vers la porte et répondit par l'esprit, son seul moyen de communication verbal.

Entrez

Sou:
*Alors voyons : Je pourrais certainement me procurer de bas morceaux auprès de Shalina une ou deux fois par semaine. Mais il faut que j'ai la permission de me rendre en ville, et ça c'est pas gagné. Ou alors je demande à Mali de venir la chercher. Il doit bien y avoir moyen de trouver un lieu d'échange discret dans ce palais. Oh oui surement.*

Comme quoi toute une vie de cambriole laisse des traces. Sou, perdue dans son monde de supercherie, comprit le sens du mot sans même comprendre qu'il n'était pas passer par ses oreilles. Elle ouvrait la porte avant même d'y penser. La main sur la poignée, passant seulement la tête dans la pièce pour observer, elle chercha du regard "maitre Barrn". Quel ne fut pas son étonnement de découvrir la pièce presque vide à part un tas de coussins au sol. *Gâchis d'espace* ne put s’empêcher de penser la fillette. Tout ça pour un chien ! Certes un gros chien, seule présence dans la pièce. En fait de chien, on aurait dit un loup. Du moins c'est ce que la fillette, enfant des villes, pouvait facilement prendre pour tel. Elle grimaça. Elle n'était pas à l'aise avec ces animaux. Elle gardait quelques souvenirs de crocs de chien de garde sur ses mollets ou ses bras. Dans l'ensemble elle trouvait la race canine bête et méchante et s'en méfiait. Sans compter que plus ils étaient gros, plus elle en avait peur.

Celui-là se tenait tranquillement assit, pour l'instant. Sou entra dans la pièce persuadée que le maitre du molosse ne devait pas être loin. Mais ses yeux ne quittaient pas l'animal et elle ne referma pas entièrement la porte, prête à s'enfuir au moindre signe d’agression.

"Salut" dit-elle tout bas au chien en s'efforçant de paraitre neutre. "Tu es un bon toutou, hein. Tu me mordras pas." Puis levant un peu plus la voix. "Maitre Barrn, J'apporte votre commande."

La petite page commençait à s'inquiéter de l'absence du maitre. D'autant qu'elle ne voyait pas ou il pouvait se cacher, la pièce étant lumineuse, il n'y avait pas de zone d'ombre ou se cacher. Même si elle, elle aurait su se cacher sous les coussins. Mais l'idée d'avoir à faire avec un homme se cachant sous des coussins, lui paraissait bizarre, voir dérangeante. Sans s'en rendre compte la fillette se balançait nerveusement d'un pied sur l'autre, ne sachant que faire. Dans le doute abstiens toi, dit le proverbe. Et elle le suivait très exactement.

Barrn:
Barrn fut étonné de voir entrer une enfant. En règle générale on chargeait les domestiques de venir le servir et non les pages. Ce n'était pas que le kyree avait tendance à manger le serviteur plutôt que ce que celui-ci lui apportait mais la vision d'un individu tel que lui était peu rassurante pour les jeunes esprits humains, non habitués à en voir dans le monde réel, en dehors des ballades ou des grimoires. Il devait y avoir du monde à la cuisine pour que l'on ait dû l'envoyer elle plutôt qu'un autre.
Le regard de la petite page confirma à Barrn qu'elle n'avait pas été avertie, plutôt que de s'offusquer de son manque de respect qui n'en était pas, il prit le parti de se moquer gentiment. Il s'approcha à pas légers et sans se presser, afin de ne pas l'effrayer et qu'elle reparte en courant avec son petit déjeuner.

Il se pourrait que je morde si je n'obtiens pas mon repas rapidement, répliqua-t-il d'un ton amusé dans l'esprit de la fillette.

Il s'arrêta à quelques pas, distance raisonnable lui semblait-il pour qu'elle ne craigne pas une attaque sauvage du "bon toutou", et planta son regard ambré et intelligent dans celui de la page.

Je suis maitre Barrn, de toute évidence on ne vous a rien dit.

Sou:
Sou n'aimait pas, mais alors pas du tout la situation. Elle avait l'impression que quelque chose clochait. L'animal était bien trop calme. Ce que confirmait ses pas lents et mesurés vers elle. Elle savait qu'une bête intelligente pouvait être encore plus dangereuse que les autres. Surtout parce que leurs réactions peuvent être très différentes des chiens normaux. Elle avait déjà croisée un de ces chiens. Un jour qu'elle exerçait ses talents au beau milieux de la foule il n'avait cesser de la regarder. Pourtant elle n'avait marquée alors aucune peur, ni tensions. Elle faisait son travail avec détachement, ce qui la rendait invisible car les gens remarque la tension, malgré eux parfois. Mais ce chien lui, savait ce qu'elle faisait. Et il aurait alors été hors de question de s'approcher de son maitre ou d'un de ses amis. Sou avait même préférée changer de rue. Aujourd'hui l'animal en face d'elle la rendait tout aussi mal à l'aise.

Très nerveuse, la fillette sursauta quand une voix se fit entendre, les mots semblaient doux mais elle ne fit attention qu'au sens. Dans sa surprise le bol lui échappa des mains et il lui fallut toute sa dextérité pour qu'il ne tombe pas à terre ou renverse son contenu sur le sol. Cette chose avait faim ! Et cette chose pouvait la mordre. L'angoisse au ventre la page laissa ses réflexes travailler pour elle. D'un bond elle sortit de la pièce et claqua, plus qu'elle ne referma, la porte au nez de Barrn. La main sur la poignée et tremblante, elle veillait à ce que la bête qui parle ne puisse ouvrir l'huis.

A ça non, on ne lui avait rien dit. Sou ressentait un début de panique qu'elle jugula du mieux qu'elle put. On ne réfléchit pas bien sous l'effet de la peur. La fillette se força donc à faire un petit exercice respiratoire qui lui ramena un peu de calme, même si ses mains continuaient à trembler.

*Voyons, s'efforçait-elle de raisonner, c'est certainement un de ces animaux magiques, comme dans les histoires des ménestrels. Et s'il vit au palais il ne doit pas être dangereux... malgré ses crocs. Et il ne va pas me manger. C'est une chose intelligente. Il ne va pas me manger. Et il parle dans ma tête.*

Cette dernière réflexion lui fit froncer les sourcils, est-ce que la chose savait qu'elle l'avait traitée, et le traitait encore, de "chose". Il fallait qu'elle se reprenne, d'autant que derrière la porte le chien devait toujours attendre sa viande. Prenant une grande respiration, l'enfant rouvrit la porte et passa un bout de nez dans l’entrebâillement.

"Vous... vous êtes quoi ? Vous lisez dans ma tête ?"

Jusque là elle avait garder le bol de viande contre elle mais elle le tendit soudainement par la porte vers Barrn. Il valait mieux qu'il sente l'odeur de la viande plutôt que la sienne. Sa peur était encore trop palpable. D'autant qu'elle se méfierait encore plus d'un liseur de pensée. Les gens dotés de ce don la terrifiaient. Elle pensaient qu'ils pourraient lire tous ses secrets, tous ses méfaits et pour le coup, elle serait peut-être bien jetée en prison pour toute sa vie... et toute sa vie, ça lui paraissait trèèèèèèèèèèès long.

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