[Rp d'into Elke]Pan! dans un arbre.

[Arbretempête]

2e jour de la 1ère décade d'hiver 1482 — dans une rue de la ville moyenne

«Messire Arbretempête, c'est rare de vous voir en ville! Qu'est-ce qui vous amène ici de si bon matin?»

«J'ai un peu de temps, j'en profite pour me promener. Il paraît que Errold Cordey a reçu une nouvelle teinture indigo absolument superbe.»

On aurait pu être surpris d'entendre le Doyen des Mages s'intéresser à quelque chose d'aussi trivial que de la teinture. Mais tout doyen qu'il était, Arbretempête était aussi un K'Leshya, petit-fils d'un des Taleydras les plus coquets de tous les temps, et le goût des belles choses coulait dans son sang. Quand il avait entendu parler des succès de cet artisan et du nouvel indigo qu'il avait su obtenir, il n'avait su résister à l'envie d'aller voir ce qu'il en était.

Pour joindre l'utile à l'agréable, il avait décidé de faire par la même occasion une petite tournée de surveillance des lignes qui nourrissaient la Pierre-Cœur. Malgré leur écrasante victoire sur les mystérieux mages qui avaient tenté de tirer parti de la Pierre endommagée, il restait sans doute quelques éléments perturbateurs à Haven. Tous les mages de Collegium et du Palais à partir du niveau de Maître avaient été réquisitionnés pour surveiller les lignes de pouvoir à Haven, dans le but de repérer immédiatement toute anomalie.

Arbretempête salua encore une fois de la tête le garde qui l'avait salué et il se remit en route. Totalement pris par son inspection de la ligne qui passait sous ses pieds, il ne vit pas la jeune fille qui se tenait devant lui et la percuta. Il eut cependant le réflexe de lui saisir le bras pour l'éviter de s'étaler sur les pavés.

« Pardonnez-moi, jeune fille. J'étais distrait.»

[Alors que tu te trouves en ville, tu entends ce bref échange qui t'intéresse au plus haut point. Comme tu t'es renseigné sur le Collegium des Mages, tu sais que Arbretempête en est le doyen. Ta chance t'a mené droit à l'homme qu'il te faut. ]

[Elke]

Ah, la Pierre-Cœur. C'était quand même quelque chose ! Elke en avait longuement entendu parler pendant ses cours incessants, mais elle n'en avait jamais vu de ses propres yeux. Enfin... Plus elle s'avançait vers la source de cette magie, plus elle se rendait compte que ça lui était complètement inaccessible. Les murailles au loin...  elle sentait bien qu'elles ne l'autoriseraient pas à se rapprocher.

Certainement pour empêcher toute intrusion indésirable.

Elle haussa les sourcils, puis soupira. Bien sûr, quitte à avoir une grande source magique, mieux valait la garder dans sous-sol, cachée, pour que personne à part les propriétaires puissent s'en approcher ! Rien que de voir cette barrière lui interdire tout accès, Elke sentit en elle l'envie grandissante de franchir ces murs, juste par esprit de contradiction ! Mais il ne lui suffit que de faire un pas supplémentaire pour qu'elle comprenne réellement que c'était totalement hors de sa portée.

Dommage, ça aurait été intéressant, et sûrement très amusant.

Cela dit, peu importait combien cette Pierre-Cœur l'intéressait, ce n'était pas ça qui allait l'aider dans sa quête : trouver le Collegium des Mages, savoir si le professeur Therecer Calvan était passé par là, découvrir une piste...

Un petit peu à contrecœur, la jeune fille se recula d'un pas, puis entreprit de faire le tour des lignes qui semblaient guider la magie de la Pierre-Cœur ici et là. Une telle installation devait nécessiter de l'entretien, n'est-ce pas ? Des mages se trouvaient probablement ici, ou des gens importants, le genre de personnes qui auraient sûrement des réponses à lui apporter !

Ce fut à peu près à ce moment-là qu'elle entendit une conversation, plus loin. Quelque chose qui attira plus son attention que les brouhahas environnants. Et au départ, Elke se demanda bien pourquoi... rien ne l'ennuyait plus que de parler de teintures, de rideaux, de tapis ou ce genre de chose ! Mais il y avait ce nom : « Messire Arbretempête ». LE Messire Arbretempête ? LE Messire Arbretempête du Collegium ? La jeune mage se rapprocha rapidement en quelques enjambées. Elle n'avait jamais vu le Doyen des Mages en chair et en os, mais l'homme qui discutait là correspondait parfaitement à l'image qu'elle se faisait de lui. Grand, svelte, avec une certaine classe. Et il y avait... quelque chose de très imposant chez lui. Peut-être que c'était parce qu'elle était mage, mais rien qu'en le regardant, elle savait que ce n'était pas n'importe qui !

Un large sourire s'étira sur ses lèvres : elle ne pouvait pas tomber sur mieux ! Le Doyen en personne. Même sans les informations qu'il pourrait lui offrir, il devait sûrement en connaître un rayon en terme de magie. Et dans « rayon », il fallait entendre « l'équivalent d'une gigantesque bibliothèque » ! Cependant, lui-même ne semblait pas l'avoir vue : il la percuta quand il repartit, et n'ayant pas vu le coup arriver, elle failli tomber à la renverse lamentablement.

Ce qui ne se passa pas. Le Doyen tenait fermement son bras dès qu'il se rendit compte de son erreur.

Il fallut bien deux ou trois secondes pour que les événements reviennent dans l'ordre dans la tête d'Elke, soit bien assez pour qu'elle reprenne son équilibre et que le Doyen la lâche. Son regard se balada tout autour, et elle ne remarqua que maintenant qu'il lui avait adressé la parole.

« Ouah, Messire Arbretempête... ! Je, c'est un grand honneur ! J'ai lu aucun de vos bouquins, mais j'adore ce que vous faites. »

Elle rit légèrement, plus de gêne qu'autre chose, avant de se racler la gorge pour avoir l'air un peu plus sérieuse. Ce n'était pas le moment de perdre en crédibilité ! Mais, ouah...  Messire Arbretempête, rien que ça ! … Est-ce qu'il avait écrit des livres, au moins ? Elke n'en avait pas la moindre idée, elle n'avait jamais eu la patience de rester plus d'une demi-heure dans une bibliothèque.

« Merci pour... vous savez ! Le sauvetage de mon derrière. Le sol avait l'air dur... Je veux dire, évidemment que c'est dur, c'est le sol ! Mais merci quand même. »

[Arbretempête]

Arbretempête était quelqu'un habitué à ce qu'on le traite comme un quasi-dieu... ou en tout cas que le respect qu'on lui porte frise la vénération. Aussi ne fut-il pas qu'un peu surpris par l'enthousiasme candide dont fit preuve la jeune fille qu'il venait de renverser. Si elle avait été une étudiante du Collegium, elle se serait confondue en excuses, même si la faute revenait bien évidemment à Arbretempête.

Quant à l'expression qu'elle employa, "j'adore ce que vous faites", Arbretempête n'y avait jamais été confronté et il lui fallut quelques instants pour comprendre que c'était là un moyen d'exprimer son admiration.

«Hum, merci.»

Il avait cependant noté l'accent étranger de la jeune femme.

«Vous êtes de Rethwellan, d'après ce que j'entends. Vous êtes réfugiée? Vous avez dû faire un sacré voyage pour venir ici.»

Ce qui rendait encore plus étonnant le fait qu'elle le connaisse, ou qu'elle semble le connaître.

Arbretempête sentit soudain une pointe de méfiance naître au fond de son cerveau. Cette fille était-elle une espionne? Quoi de mieux qu'une jeune et jolie jeune fille pour remplir ce rôle? Personne n'irait la suspecter. Depuis l'attaque de la Pierre-Cœur et surtout depuis le combat mené contre les Mages noirs, le vénérable Doyen des Mages était devenu un peu parano. Il craignait que sa précieuse Pierre soit à nouveau la cible d'une attaque et il se méfiait maintenant de tout.

«Nous serions-nous déjà rencontrés? Je n'en ai pas le souvenir, mais ma mémoire des visages n'est pas infaillible.»

Comme ils étaient tous deux au milieu du passage, Arbretempête entraîna son interlocutrice au bord de la rue. Ce faisant, il jeta un regard en arrière pour vérifier que le garde était toujours à proximité. On n'était jamais trop prudent.

[Elke]

Pour dire vrai, Elke était bien à mille lieux de penser qu'on pouvait la confondre avec une espionne. Cette idée ne lui avait même pas traversé l'esprit, tant sa présence ici sonnait comme une évidence. Et puis, ce n'était pas comme si elle cherchait à cacher ses origines... Ce fut pourquoi elle ne sembla même pas étonnée quand Arbretempête devina d'où elle venait.

« Un sacré voyage, vous pouvez le dire ! » commença-t-elle en se souvenant de toutes les difficultés qu'elle avait eu pour passer les différentes frontières. « Est-ce que vous croyez qu'on peut attraper le cancer en marchant ? Parce qu'après avoir contourné exprès les affrontements par Menmellith et Karse, c'est exactement la sensation que j'ai à mes pieds. »

Tant elle éprouvait un grand respect pour les mages puissants comme Arbretempête, tant rester sur la retenue ne faisait pas partie de ses habitudes. Être timide, rougir, bégayer, s'excuser platement... Non, ce n'était pas elle. Malgré tout, chaque regard qu'elle avait sur le Doyen était empreint d'admiration et d'estime.

« Enfin, il serait surprenant qu'on se soit déjà vus, ça ne fait pas longtemps que je suis là... Et par « là », j'entends Valdemar ! C'est tellement grand que j'ai du mal à m'orienter. Et puis, je voulais vous parler, alors si on s'était déjà rencontrés, je vous aurai déjà posé la question que je m'apprête à vous poser. Mais... je suppose qu'il faut que je me présente avant, n'est-ce pas ? »

Elle tendit alors sa main droite face à Arbretempête, grande ouverte, avec un sourire sympathique sur le visage.

« Je m'appelle Elke, Adepte de la Magie. Enfin, je le serai dans quelques années, mais d'ici-là, vous pouvez simplement me voir comme une mage. Et vous, il n'est pas difficile de savoir qui vous êtes quand on se renseigne un petit peu sur le Collegium. »

Cela dit, elle remarqua quand même combien les gens autour semblaient tendus. C'était parce qu'elle n'était pas aussi propre qu'eux ? Ils seraient probablement dans le même état qu'elle s'ils avaient fait le même voyage. Elke fit alors une légère moue et décida à remettre à plus tard ses questions sur son professeur.

« Dites... Est-ce que je viens d'interrompre quelque chose d'important ? Les gardes là-bas n'ont pas l'air très... dans leur assiette. Navrée, j'ai pas encore l'équivalent en valdemaran pour traduire ça. »

[Arbretempête]

Tant d'enthousiasme était... proprement ébouriffant, même pour l'impeccablement coiffé Adepte Arbretempête. S'il avait dû donner un nom Tayledras à cette jeune fille, il aurait été sans nul doute associé à la vivacité et à l'énergie.

«Je pense que la seule chose que l'on puisse attraper en marchant, ce sont des ampoules» commenta-t-il d'un ton docte, comme s'il n'avait pas totalement saisi l'humour dans la formulation de la jeune fille. Ce qui était effectivement le cas.

Le mage accepta la main tendue d'un air perplexe, d'autant que ladite main était loin d'être propre.

La jeune fille était donc mage elle-même. Elle semblait trop avenante et spontanée pour être une mage noire, mais on ne savait jamais. Il étouffa la petite voix au fond de son cerveau qui lui disait qu'il se faisait peut-être des idées. On n'était jamais trop prudent.

Arbretempête décida pourtant de continuer la discussion avec la jeune femme. Si elle était parfaitement honnête, ne pas lui répondre serait impoli, et si elle lui mentait, il pourrait rater une information importante en l'ignorant.

«Avec la guerre, tout le monde est un peu tendu, c'est normal. Et je crois que ce pauvre garde se demande s'il doit intervenir. Il n'est guère habituel que je me fasse interpeler de la sorte dans la rue par une jeune fille à la propreté douteuse et à l'exubérance quelque peu... mal à propos.»

Il lui sourit néanmoins pour tenter d'adoucir ses paroles.

«Et pourquoi me cherchiez-vous? Vous souhaitez rejoindre notre Collegium? Vu votre âge, vous devez probablement être déjà Compagnonne et à partir de ce rang-là, il n'est plus question de suivre des cours en groupe, mais de se trouver un maître d'accord de vous former. Je vous préviens, je prends très très rarement des étudiants.»

Alors qu'il parlait, il tendit le bras devant lui. Sous sa magnifique robe de mage, il portait une épaisse protection de cuir sur laquelle vint se poser un magnifique autour blanc, deux fois plus grand que ses congénères sauvages.

:Plus de surveillance? :
:Si si... je me suis juste arrêté pour discuter.:

[Elke]

Elke jeta un coup d’œil au garde, faisant une légère grimace quand elle se rendit compte qu'il ne la quittait pas des yeux. Elle avait l'air si louche que ça ? Quelque part, c'était vexant. Elle inspira longuement, espérant oublier qu'on la prenait comme une vulgaire criminelle – bien que ce n'était pas quelque chose qu'on pouvait mettre dans un coin de son crâne facilement – et elle fit un peu bouger ses pieds pendant qu'elle réfléchissait à comment organiser les mots de sa réponses.

Le Valdemaran n'était pas une langue facile, et bien qu'Elke savait se débrouiller, c'était loin d'être un automatisme. Alors entrer plus loin dans les discussions, eh bien ça lui demandait un peu plus de préparation. Est-ce que ce silence la rendait d'autant plus suspecte ? Si c'était le cas, ils seraient tous de dangereux paranoïaques.

« Oh ne vous flattez pas, je ne vais pas vous demander d'être mon maître ! »

Elle était peut-être jeune, sale et grossière, mais qu'un inconnu lui fasse la remarque, elle n'appréciait pas beaucoup. Bien qu'il s'agissait d'Arbretempête en personne ! La jeune fille croisa alors les bras, espérant secrètement qu'il ne se mettrait pas en colère... Elle n'était pas sûre d'assumer sa provocation s'il se mettait en colère ! Après tout, il était le Doyen. Et elle, rien de plus qu'une mage ordinaire. Foutue hiérarchie...

« Je cherche un mage du nom de Therecer Calvan. Vieux, ridé, sale caractère, toujours à tout critiquer... Je crois qu'il est venu ici, mais je n'en suis pas sûre ! Alors je me suis dit que quelqu'un au Collegium saurait quelque chose. Quelqu'un comme vous, en quelques sortes ! Et puis, il a beaucoup voyagé avant, il est forcément passé au Collegium à un moment de sa – longue – vie, c'est une piste. »

Enfin, plus elle en parlait, moins elle avait l'impression qu'Arbretempête pouvait l'aider. Ce n'était pas qu'elle commençait à douter de lui ou de son influence, mais elle avait plutôt le sentiment qu'il n'en avait pas vraiment envie. Est-ce qu'il connaissait le professeur Therecer, au moins ?

« J'ai décidé qu'il sera mon maître. Tout est planifié ! Quand je le retrouverai, je lui demanderai. S'il accepte, ce serait parfait. Mais s'il refuse, je lui redemanderai en ajoutant un « s'il vous plaît ». S'il refuse une troisième fois, ce sera avec un « s'il vous plaît beaucoup », et s'il refuse encore, je deviendrai la première Adepte à avoir ce titre en se formant en autodidacte ! Vous voyez ? Tout est planifié. »

Elle s'arrêta de parler – parce qu'elle pouvait continuer des heures – quand elle vit que le Doyen tendit son bras, et qu'un oiseau s'y posa. Enfin, « oiseau »... Il n'avait rien d'un volatile ordinaire ! Tout blanc, avec ses yeux et son bec de vautour, Elke fut subjuguée : jamais elle n'avait vu d'animal pareil. Il fallait avouer... que le vautour dégageait une certaine majesté, exactement comme Arbretempête. La mage eut alors l'impression qu'ils communiquaient, mais elle n'entendit rien, et elle n'était pas sûre que ça lui plaise. Elle fronça les sourcils, préparant un mouvement de recul au cas où, et releva son regard vers son interlocuteur.

« J'aime pas son regard... Il veut me picorer l’œil ? Il me regarde vraiment comme s'il voulait me picorer l’œil... »

[Arbretempête]

Arbretempête se sentit presque un peu vexé quand elle lui déclara d'un ton sec qu'elle ne voulait pas de lui comme maître. Il était pourtant un très bon enseignant et les étudiants se bousculaient pour espérer bénéficier un jour de ses cours. Quoi de plus prestigieux que d'avoir été l'élève du Doyen, petit-fils (non par le sang, il est vrai) du célèbre Flammechant?

Il feignit d'ignorer l'affront que venait de lui faire la jeune fille. Puis il se sentit un peu ridicule quand celle-ci expliqua qu'elle était venue jusqu'ici à la recherche d'un mage précis, qu'elle avait choisi pour être son maître. Cela expliquait tout! Et Arbretempête se sentit tout de suite mieux.

Le nom que la jeune femme cita éveilla un vague écho dans l'esprit du mage. Il l'avait déjà entendu, il lui était en tout cas familier. Tout en réfléchissant, il caressa Aërin d'un air distrait.

«Vous n'avez jamais vu d'oiseau-lige? Visiblement non. Aërin n'est pas un simple rapace, il est très intelligent et il ne risque pas de vous picorer les yeux, comme vous dites.»

L'oiseau se déplaça alors par petits bonds délicats jusqu'à son épaule et s'y installa.

«Ce nom éveille bien quelque chose en moi, mais rien de bien précis. Comprenez, s'il avait été étudiant chez nous, je me souviendrais bien évidemment de lui. Mais s'il n'a fait qu'un bref passage ici, par exemple pour faire des recherches ou échanger avec d'autres mages, je ne lui ai sans doute jamais parlé.»

Mais il était certain d'avoir déjà entendu ce nom. Les Adeptes étant relativement rares, il l'avait sans doute déjà entendu au détour d'une conversation, ou lors d'un échange de professeur avec une autre école. Pour offrir un enseignement aussi large que possible, Arbretempête avait mis en place un système d'échange avec Rethwellan. Évidemment, avec la guerre, les liens avaient été rompus et cela faisait plus d'une année au moins qu'aucun mage rethwellanais n'était venu.

«De quelle école venez-vous? Peut-être est-il venu ici comme professeur invité.» Il fronça les sourcils, songeur. «J'imagine qu'il serait possible de demander à l'intendante. Elle garde les noms de tous les gens de passage.»

L'enthousiasme et la candeur de la jeune fille avaient largement entamé sa méfiance et il répondait à présent avec un ton moins froid.

[Elke]

« Un oiseau-lige ? »

Elke regarda l'autour un peu plus attentivement, à demi-rassurée, puis fit une légère moue. Elle avait déjà entendu parler de ce genre de chose, mais elle ne s'était jamais réellement intéressée sur le sujet. Les animaux et elle, voilà... Disons qu'elle n'était pas à l'aise, et les animaux non plus, alors forcément, jamais elle n'avait eu un lien comme celui que partageaient Aërin et Arbretempête.

« Je ne pense pas que professeur Therecer ait été élève au Collegium. Enfin, peut-être que si... Il les critiquait toujours quand il en parlait ! Vous savez... » Elle prit alors une voix de vieillard, très largement exagérée. « ''Ces mages, tous des enfants-gâtés !'' ou encore ''Ils ne forment que des bureaucrates et des incapables, personne ne connaît plus la puissance et la beauté de la vraie magie !'', et j'en ai encore des centaines comme ça. Mais il connaît un tas de choses, c'est tout bonnement incroyable ! Peut-être plus que vous, qui sait ? »

Une chose était certaine, Elke portait à ce professeur une affection particulière, quand bien même il serait le mage le plus détestable de la planète. Rien que de penser à la longue liste d'insultes et de critiques amères qu'il avait l'habitude de déballer à la moindre occasion, un petit rire s'échappa de sa gorge. Elle n'adhérait pas forcément, d'ailleurs ils avaient tous les deux des caractères complètement opposés, mais elle trouvait ça simplement amusant !

« Oh, vous avez une intendante qui fait ça ? Ouah. Valdemar, c'est vraiment un autre monde. Là où j'étais, les gens venaient et partaient, c'est tout. Enfin, je viens de Pierre-de-Shor, alors vous pensez, ce n'est pas du tout la même prestance. Rien à voir avec l'école des Vents Blancs. Nous, on était « l'école qu'on oublie facilement tellement qu'elle est petite ». Mais au moins, il y avait une rivière qui passait à côté, ça c'était sympa ! »

De fait, elle ne s'attendait pas à ce que ce nom lui dise quelque chose : chaque fois qu'elle parlait de son école, elle avait l'impression que personne ne savait de quoi elle parlait. Ou vaguement. C'était si petit et si méconnu que ça ? Bah, elle ignorait si ça avait un lien, mais elle était tout de même fille de paysan. Même dans la magie, il y avait encore de telles inégalités... Il faudra y mettre un terme, un jour !

« Donc... est-ce que vous pourriez m'indiquer où se trouve l'intendante ? Parce que vous savez, là, je ne sais même pas où est-ce que je suis. S'il n'y avait pas eu cette Pierre-Cœur pour m'emmener ici, je me serai réellement perdue ! Les rues se ressemblent toutes, et les maisons aussi. Vous pensez qu'il existe un sort pour s'orienter ? Quelqu'un y a pensé ? Par exemple, une lumière qui s'allume sur une carte pour vous montre l'endroit où vous êtes, et elle vous guide entre les rues pour vous emmener où vous voulez... Ah, c'est une idée, ça ! Attendez quelques secondes... »

Elke ouvrit alors le sac en bandoulière puis en sortit un carnet et un bout de charbon entouré d'un morceau de tissu. Après avoir gribouillé quelques symboles et noté quelques mots, elle rangea tout ça avec un large sourire sur les lèvres.

« La magie, c'est vraiment formidable, quand même... »

[Arbretempête]

«Oui, un oiseau-lige. Je suis Tayledras, Frère du Faucon. Dans mon peuple, chacun d'entre nous a au moins un oiseau-lige. C'est un peu comme un familier pour un mage, sauf que dans notre cas, même les non-mages en ont.»

La jeune femme était intarissable sur son futur - ou ex - mentor. Arbretempête doutait fortement que quiconque puisse en connaître davantage que lui. Il était bien plus âgé qu'il n'y paraissait et il avait appris avec les meilleurs. Sans compter qu'il avait bénéficié des enseignements de nombreuses écoles après celle reçue parmi les Tayledras. Mais il ne chercha pas à détromper Elke. Après tout, cette admiration frôlant la vénération était plutôt charmante.

L'accent et le rythme étrange qu'Elke avait en s'exprimant n'aidait pas le mage à la comprendre, et il faillit rater le nom de son école au milieu de tout son blabla.

« Le nom ne m'est pas inconnu. Mais Rethwellan recèle tellement d'écoles de magie différentes qu'il serait difficile de toutes les recenser. Et quelle type de magie enseigne-t-on là-bas? »

Il ne demanda pas pourquoi la jeune mage avait quitté son pays. La réponse était évidente: en tant que mage, même seulement compagnonne, elle risquait d'être enrôlée de force dans l'armée. Et quand on la voyait, si pur, si vive, il était impossible de l'imaginer dans l'enfer d'un champs de bataille...

Il tenta de répondre immédiatement à la question de la jeune fille concernant l'intendante («Mais... euhm...»). Mais ses pathétiques efforts ne servirent à rien, et elle repartit dans un long monologue.

Cette jeune fille était proprement ébouriffante. Et épuisante. Elle parlait, parlait, parlait, sans jamais s'interrompre, en sautant du kyree au hertasi à la moindre occasion. Il doutait de plus en plus qu'elle pût être une espionne. Elle était bien trop bavarde. Il y aurait eu trop de risques qu'elle laisse échapper quelque chose d'important au milieu de son babillage.

«Attendez, vous ne pouvez pas aller voir l'intendante comme ça. Pour pénétrer dans l'enceinte du Palais, il faut une bonne raison. Et il est certain qu'on ne vous laissera pas pénétrer comme ça. Surtout pas dans votre état actuel. »

Il fut néanmoins ravi de voir qu'elle ne savait pas faire que parler, car les quelques gribouillis qu'il déchiffra alors qu'elle écrivait lui semblèrent intéressant. Il allait d'ailleurs lui faire une suggestion quand un soldat vint l'interrompre.

[Un nouveau perso entre en scène ]

[Fitz]

S'occuper des hommes c'était fait. Gérer les corvées de chiottes c'était aussi fait. Préparer les punitions pas de problème.

Alors pourquoi donc un garde avait-il débarqué en plein milieu de sa sieste ? Un truc se passait de pas normal dans Haven ? Et alors, c'était Haven non, des trucs pas normaux y'en avait tout les jours, il doutait même d'être normal lui-même !

Mais bien. Les autres gradés n'étant pas là, ses hommes avaient besoin de quelqu'un pour trancher (dans tous les sens du terme au besoin). Le voilà donc en route pour le centre-ville, et cette fois pas dans la finesse:
Son énorme hache en travers des épaules, décoiffé d'avoir été réveillé (le pauvre soldat verrait des patates pour les décades à venir), et pas forcément l'air à avoir envie de discuter longtemps.

Il aperçu enfin les personnes qu'il cherchait. C'était bien ce qu'on lui avait dit: le doyen des mages pris à parti par une fille un peu bizarre, pas très net, mais surtout très... Active. Il sentait déjà le mal de crâne poindre, voilà qui allait pas arranger son manque de sommeil.

S'approchant de la scène il se racla la gorge bruyamment afin d'attirer l'attention du duo étrange qu'il avait devant les yeux. Si la lune avait rencontré le soleil pour un dîner au chandelle la scène aurait parue moins cocasse que celle qui se déroulait devant ses yeux.


- Doyen. le mercenaire tenta une révérence toujours aussi rigide et ratée qu'à son habitude, son énorme hache cognant à l'arrière de son crâne Capitaine Fitz de la garde, pour vous servir. Cette... Jeune fille vous importune-t-elle ?

[Elke]

Oh ça non, elle ne pouvait pas s'empêcher de parler. Parfois trop. Et elle ne se rendait même pas compte combien elle pouvait être épuisante pour ceux qui l'écoutaient... En réalité, c'était plutôt le contraire : elle ne comprenait pas comment les gens pouvaient parler aussi peu alors qu'il y avait toujours tant de choses à dire ! Avec n'importe qui, dans n'importe quelle situation, il y a toujours des choses à dire. Bon, peut-être pas toutes les situations... Mais dans la plupart, oui. Et tout le monde passait son temps à se taire, c'est bien dommage.

En entendant la remarque d'Arbretempête, Elke haussa un sourcil, ne comprenant pas totalement où il voulait en venir. Une raison ? Son état ? Elle tendit le bras devant elle pour essayer de voir pourquoi est-ce que son état n'allait pas, mais même en voyant ses vêtements et sa peau sales, elle ne voyait pas ce qui bloquait. Oui, elle était poussiéreuse... et alors ? N'importe qui ayant fait un voyage pendant des semaines serait poussiéreux.

« Une bonne raison ? J'ai une bonne raison. Je veux dire... ce n'est pas normal pour un mage d'aller chercher son futur maître ? Ce n'est pas comme si... je ne sais pas ! Comme si j'allais là-bas pour espionner quelqu'un, et ramener des informations à Rethwellan. C'est un truc de fourbe, ça. Je ne suis pas fourbe. Donc aucun problème ! »

Elle voulut en ajouter davantage, mais la jeune mage n'en eut pas le temps : un homme s'avança, se racla la gorge... et il n'avait pas un visage des plus sympathiques. Peut-être que l'arme qu'il tenait dans son dos jouait un peu dans ce jugement ! Un peu. Un tout petit peu.

Le regard d'Elke ne cessa de faire des aller-retours de la hache, au capitaine, puis à Arbretempête, priant intérieurement et très fort que cette arme ne lui était pas destinée. Et puis, pourquoi demandait-il si elle l'importunait ? Elle n'importunait personne ! Enfin... elle espérait n'importuner personne.

Et puis... le capitaine de la garde, rien que ça ! Ce n'était pas le petit garde du coin de la rue, c'était le capitaine. Juste... le capitaine. Si jamais elle faisait une bêtise ici et maintenant, elle se retrouverait directement dans une de ces prisons sous terre, sans boire ni manger, où elle pourrira à petit feu jusqu'à ce que ses os servent de matelas pour le prisonnier suivant ! Elle avait entendu des histoires à ce sujet, et rien que d'y penser, un frisson d'effroi la parcourut.

Cela dit, cette référence qu'il venait de faire balaya en un instant son angoisse. Elke dû même étouffer au fond de sa gorge un rire soudain quand elle vit cette hache cogner sur sa tête. Est-ce que c'était fait exprès ? Probablement pas, mais au moins, ça avait le mérite d'être amusant. La jeune mage reprit rapidement son sérieux quand elle se rappela la position délicate dans laquelle elle était. Aussi comique que pouvait être ce capitaine... il restait un capitaine.

« Importuner les gens, c'est mon deuxième talent spécial ! » déclara-t-elle avant de réaliser combien c'était une mauvaise idée de dire ça dans ce genre de situation. « E-Enfin non, je n'importune personne ! C'est, euh... contraire à la loi ? Je ne connais pas les lois de Valdemar. Mais de toute façon, que ce soit légal ou illégal, je n'importune personne ! Vraiment ! »

[Arbretempête]

Les gardes n'allaient pas laisser entrer une inconnue juste parce qu'elle voulait voir l'intendante du Collegium des mages. En tout cas pas si elle se présentait dans cet état là. Il fallait qu'elle se change, qu'elle se lave et qu'elle prenne l'air un peu plus sérieux.

«Je ne dis pas que vous n'avez pas vos raisons, je dis juste que les raisons que vous avez ne satisferont sans doute pas la garde. Pas ces temps. Mais si vous voulez...»

C'est alors qu'un soldat les interrompit. Arbretempête salua le nouveau venu d'un très léger mouvement de tête et Aërin poussa un cri pour accueillir l'homme. Celui-ci s'enquit de la situation d'Arbretempête.

«Hum... elle ne m'importune pas vraiment. Enfin je ne crois pas qu'elle cherche volontairement à m'importuner. C'est une mage, de Rethwellan. Je crois qu'elle me porte surtout un intérêt professionnel. Enfin...»

C'était une chose d'avoir des soupçons tout seul dans son coin, c'était complètement différent de devoir les confirmer devant un officier. Il se sentait un peu honteux d'avoir douté de la jeune femme. Après tout, ce n'était pas son rôle. Il était Doyen du Collegium des Mages. Son seul devoir était de former de jeunes gens à devenir des mages compétents. Or c'était justement ce que cherchait Elke. Elle voulait juste trouver une trace de celui qu'elle avait choisi comme professeur.

Mais en même temps, quel mal pouvait-il y avoir à ce que cet homme l'interroge? Comme ça, il serait fixé, et il n'aurait plus d'inquiétude à avoir. Et il pourrait aider Elke à trouver son mentor... ou lui en fournir un nouveau.

«Mais on est jamais trop prudent, n'est-ce pas?»

[Fitz]

La réaction de la jeune fille laissa notre mercenaire comme une truite hors de l'eau. Une loi contre l'importunage? D'abord ca existe ce mot importunage? Beaucoup trop de questions pour un seul mercenaire.

" Jeune fille ... heu... Quel est votre nom ? Bref, je disais. Non il n'y a pas de lois contre l'importunage," foutu mot qui existe ou pas" cependant nous parlons ici du doyen du collégium des mages, et vous comprendrez que sa sécurité, et celle de Haven, est notre priorité."

Au mot Rethwellan le capitaine se tourna vers le mage. Voilà donc ce qui pouvait être tracassant. Beaucoup de choses s'étaient produites, et rien de bon n'arrivait par manque de négligence.

"- Tout à fait Doyen. Prudence est mère de sureté."

Dans un bruit lourd le manche de sa hache se retrouva au sol, lame posée contre son épaule, le capitaine s'en servait pour s'appuyer, jaugeant rapidement la nouvelle venue les bras croisés. Elle ne semblait pas vraiment dangereuse, mais il avait déjà maté un espion qui ressemblait au quidam parfait, et ce n'était pas le seul à avoir infiltré leur rang. Il pourrait bien s'amuser à utiliser son don, mais son contrôle actuel risquait fort de cramer la jeune fille, et de salir la robe du doyen par la même occasion. Non mauvaise idée.

"- Une mage de Rethwellan alors ? Vous êtes bien loin de chez vous, et traverser n'est pas chose aisée de nos jours ! Je suis étonné que vous soyez arrivé jusqu'à nous entière, et j'aimerai bien savoir comment vous y êtes parvenue."

Il ne sentait pas de menace venant de la jeune fille, et sa marque n'avait pas réagi à sa présence. Fitz la fixa un instant au centre de sa main. Non, il en était certain, valait mieux ne pas l'utiliser et le faire à l'ancienne... Enfin... A l'ancienne, sans les couteaux, le sel, les seaux d'eau, et tout ce qui fait le piquant de son activité. Après tout si elle était innocente, il préférait ne pas abîmer son visage. Ni le reste d'ailleurs.

"- Doyen, vous préférez que je commence maintenant, ou que je la mène à la caserne histoire d'avoir une pièce..." il jeta un coup d'oeil à Elke "où nous serons plus tranquille ."

[Elke]

En entendant les questions du garde, et en voyant le regard d'Arbretempête, Elke n'était pas sûre d'apprécier ce qui était en train de se passer. On l'interrogeait ? Elle ? On la soupçonnait vraiment de s'être introduite ici ? Dire qu'elle avait lancé cette théorie justement parce qu'elle lui semblait parfaitement absurde et sans le moindre fondement. Certes, il y avait la guerre et les relations entre Rethwellan et Valdemar étaient vraiment déplorables... Mais c'était l'affaire des politiques, non ? Des champs de bataille !

« Votre priorité est la sécurité d'un des mages les plus puissants de votre pays... » fit-elle remarquer non sans un certain sarcasme dans la voix.

Elke avala nerveusement sa salive, hésitant réellement à coopérer. Certes, son admiration et son respect pour Arbretempête étaient toujours intacts, mais pourquoi était-elle la seule à se moquer des origines et des conflits entre les pays ? Si elle soutenait son pays, elle ne serait certainement pas là : elle se serait enrôlée elle-même dans l'armée, et elle combattrait en brandissant le drapeau rethwellanais !

Finalement, eh bien... elle céda. De toute façon, elle n'avait rien à cacher, et la façon dont le capitaine la fixait était vraiment dérangeante ! Vivement qu'il arrête. Qu'il soit un peu plus détendu. Ce serait certainement moins fatiguant que d'avoir une tête aussi sérieuse à longueur de journée.

« Je m'appelle Elke, et oui, je suis de Rethwellan. Du coup, oui je suis loin de chez moi et non, traverser les frontières n'a pas été facile ! Surtout que l'armée commençait à enrôler des gens, c'était vraiment quelque chose que de passer entre les mailles du filet ! Aussi paradoxal que ça puisse paraître, je suis bien contente d'être de ce côté de la frontière : ici, personne ne me demandera de grossir les rangs rethwellanais ! »

Bien qu'on pouvait lui demander de grossir les rangs de la prison locale... Enfin, la jeune mage préféra laisser de côté cette alternative.

« Et en arrivant à Haven, je me suis dit : ''Elke, tu n'es vraiment pas dégourdie, tu ne connais personne ici ! Comment tu vas faire pour retrouver le professeur Therecer ?'' Et c'est là que je me suis dit que je demanderai au premier venu. Alors j'ai marché, j'ai suivi l'énergie que dégageait la Pierre-Cœur sous la terre, et sur qui je tombe ? Le hasard, tout de même ! Sur... le premier venu ! »

Elle désigna alors Arbretempête, bien contente que le hasard lui fut aussi sympathique. Enfin... il suffisait qu'elle tourne la tête vers le capitaine pour se rendre compte qu'il n'était pas si sympathique que ça. Certes, elle n'avait rien raconté du tout sur la façon dont elle était partie, dont elle avait évité les champs de bataille, les réquisitions, et comment elle avait survécu à tout ça... Après tout, elle était jeune, elle n'était que compagnonne. Alors elle comblait, en racontant des banalités ! De toute façon, elle était là, et elle n'avait pas la moindre intention de servir les intérêts de son pays... qu'est-ce qui leur fallait de plus ? Mentir, trahir, ce n'était réellement pas son genre.

À la dernière remarque du capitaine à l'intention du doyen, Elke se mit à regretter rapidement de ne pas être entrée dans les détails. C'était trop suspect pour eux ? C'est injuste : elle n'avait rien fait pour les faire douter de sa parole !

« La caserne ? Euh... Par ''tranquille'', vous voulez dire ''tranquille'' ou l'autre ''tranquille'' ? Non parce qu'il y peut y avoir un sous-entendu qui me plaît moyennement dans ce que vous venez de dire. »

[Arbretempête]

Arbretempête n'était pas certain lui non plus d'apprécier le sous-entendu. Il fallait certes être prudent, mais était-il nécessaire de traumatiser une jeune fille pour cela? Valdemar était le pays des libertés, du droit, de l'honneur et il serait plutôt mal vu qu'un officier se mette à interroger de manière un peu trop musclée une jeune fille innocente. 

«Je ne suis pas certain qu'il soit nécessaire de l'emmener à la caserne... sauf si... vous le jugez indispensable. Après tout, chacun est libre d'aller à sa guise dans Haven, et même de venir me tenir la jambe...»

Évidemment, la jeune fille pourrait bien être une espionne. Mais pour le moment, elle n'avait rien fait d'illégal, et l'emmener à la caserne ressemblait un peu trop à une arrestation arbitraire à son goût.

«Et elle n'avait aucun moyen de savoir que je me trouverais en ville ce matin. Je suis sorti sur un coup de tête. Notre rencontre ne peut être que le fruit du hasard...»

Ou alors on l'espionnait. Et cette rencontre avait été organisée et mise en place à peine avait-il franchi les grilles du Palais.

Le pauvre Arbretempête ne savait que penser. La paranoïa était quelque chose de nouveau pour lui. Depuis plusieurs années il vivait loin des réalités du monde, ne s'occupant que de magie et de ses étudiants. La guerre, et surtout l'attaque de la Pierre-Cœur s'était chargé de lui rappeler qu'il existait quelque chose au-delà de Haven.

« Mais, jeune fille, je vous recommande vivement de répondre aux questions du capitaine Fitz. C'est son travail de s'inquiéter de la sécurité de la ville. Si... s'il est satisfait par vos réponses, je vous donnerai une lettre d'introduction pour pouvoir venir au Collegium des Mages y consulter les registres.»

[Je n'interviendrai que si nécessaire au cours des 2-3 prochains tours (en fonction de vos réponses). Vous pouvez donc poster sans m'attendre. Arbretempête reste là, il est silencieux et écoute attentivement.]