Auteur Sujet: [Kley] On ne pourra pas dire que je n'aurais pas essayé.  (Lu 3127 fois)

Beltran

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[Kley] On ne pourra pas dire que je n'aurais pas essayé.
« le: 14 septembre 2010, 19:27:49 »
Beltran avait repoussé ce qu'il avait à faire. Il avait bien sûr mis ses affaires en ordre, avait repris les rênes de la garde, avait payé tout le monde, réorganisé les patrouilles en fonction des disparus, des blessés, des revenants, des alertes qu'on lui transmettait. Il avait assisté aux Conseils, écouté le Roi et interdit certaines actions, remercié ceux qui l'avaient aidé, avait augmenté Robin, son lieutenant, rendu visite aux blessés, parlé aux mercenaires qui n'étaient toujours pas parti n'arrivant pas à se décider pour un autre chef...

Il avait fait tout son travail de Capitaine sauf ce qui l'angoissait jour après jour. Kley.

Avaler le meurtre d'Ellia n'était pas chose facile. Avaler le fait qu'il n'ait rien pu faire était pire. Et savoir que le meurtrier n'était qu'en partie responsable lui donnait des envies de vengeance monstrueuses.
Mais il n'était pas homme à fuir ses responsabilités, et quand les guérisseurs lui annoncèrent que Kley pouvait quitter le Collegium des Guérisseurs, il l'avait fait transférer dans une chambre de la caserne, lui laissant une promenade d'une heure dans les jardins par jour, accompagné, escorté à toute heure même pour la deuxième heure qu'on lui permit pour s'entraîner un peu, et une paire de garde devant sa porte le reste du temps.

Il avait laissé sa rage se calmer. Une décade plus tard, en fin d'après-midi, il  salua les gardes en faction, et frappa.

"Kley, c'est le Capitaine Beltran. J'entre, j'ai à vous parler."

Et sans plus de cérémonie, il ouvrit la porte sur la chambre. Sobrement meublée, elle était surtout utilitaire mais on avait amené à l'homme à peu près tout ce qu'il demandait.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

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Re: [Kley] On ne pourra pas dire que je n'aurais pas essayé.
« Réponse #1 le: 14 septembre 2010, 21:53:27 »
Le jeune homme était resté allongé sur son lit, sa principale occupation, sauf lorsqu'il faisait ses exercices pour garder la forme, comme le lui avait enseigné son mentor. Ce qu'il s'était passé il y a maintenant quelques jours, le drame dont il était responsable à ses yeux, l'acte ignoble qui le déshonorait à jamais le hantait et Kley, malgré tout son courage, n'arrivait pas à savoir comment aller de l'avant. Les quatre murs qui l'encerclaient nuits et jours lui rappelaient sans cesse que rien ne serait plus jamais pareil, et son amnésie était désormais le cadet de ses soucis, même si l'angoisse et le sang lui avaient rappelé son premier matin. Son épée, sa seule et triste compagne depuis ce jour était dans son fourreau. Depuis son arrivée ici il lui avait préféré une autre lame d'entraînement, mais n'avait pu s'en défaire.

Le Capitaine Beltran était la dernière personne qu'il aurait cru voir ici même, et sans perdre un instant il se leva dès son entrée dans sa cellule improvisée. Le guerrier ne voulait pas plus accabler ou détourner le visiteur de son objectif premier, résoudre le problème qu'il représentait malgré lui, et c'est ainsi qu'il resta stoïque, ou tenta de l'être. Avant de se relever complétement, et d'un geste rapide, Kley passa un linge humide sur son visage afin d'être plus présentable et resta de marbre, n'osant pas fixer le regard de son interlocuteur, la honte le minant.

"Capitaine..."

Ce fut son seul salut, le seul mot qui voulait bien sortir de sa gorge.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Beltran

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Re: [Kley] On ne pourra pas dire que je n'aurais pas essayé.
« Réponse #2 le: 15 septembre 2010, 16:46:56 »
Quand Beltran entra, Kley s'était levé et le salua tout en se rendant présentable. Il ne s'était pas complètement laissé aller, mais on le voyait mal. Les regards qui l'évitaient avaient des accents coupables. Beltran évita de serrer les poingts, mais sa machoire inférieure se crispa alors qu'il se retenait de l'insulter.

Il n'était pas là pour ça, et voulait lui donner le bénéfice du doute. Sinon il l'aurait fait exécuter depuis longtemps au lieu de le faire soigner et emprisonner.
Sèchement il apostropha son "invité".

"Je suppose que vous savez pourquoi je suis là. Nous vous avons fait ... plus ou moins confiance, et vous avez réussi à assassiner sous mes yeux le Capitaine Ellia. Quelles sont vos explications?"

Il croisa les bras, debout, et toisa Kley de toute sa hauteur, attendant la réponse à la question qu'il se posait depuis la mort de son amie.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

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Re: [Kley] On ne pourra pas dire que je n'aurais pas essayé.
« Réponse #3 le: 15 septembre 2010, 22:10:19 »
Malgré son repentir et la honte qu'il ressentait Kley ne se sentit pas intimidé, mais comprenait la réaction austère de Beltran. A l'écoute du capitaine il plongea enfin son regard dans le sien et se sentit soulagé de pouvoir enfin mettre des mots sur ce qu'il ressentait, pouvoir lui donner sa version. Presque étonné de la facilité qu'il avait à affronter ses yeux et le ton de sa voix, le prisonnier se rendit compte alors qu'ils faisaient plus ou moins la même taille.

Ce détail insignifiant, et le fait qu'il pense à autre chose qu'au meurtre dont il était malgré lui responsable lui redonna du courage et se décida enfin à véritablement aller de l'avant.

"Capitaine..."

Loin de bégayer, le jeune homme n'arrivait pourtant pas à dire autre chose, puis il se reprit, trouvant comme du réconfort dans le regard dur et plein de questionnement qui le fixait depuis son entrée.

"Je suis le premier déshonoré par tout ce qu'il s'est passé, et quoi que je dise je n'arriverai pas à me justifier ni à faire oublier..."

Les mots fuyaient son esprit, il n'arrivait plus à les rassembler, ni à leur donner un sens. Alors que l'occasion lui était donné de s'expliquer il perdait ses moyens, ce qui rembrunit encore plus son visage, mais sans plus d'hésitation le guerrier qu'il était tout de même reprit la parole.

"Mes gestes et ma volonté n'étaient pas les même, j'ai tenté de lutter et mon plus grand regret est d'avoir succombé et que l'on doive payer ma défaillance par une mort..."

A aucun moment il n'avait détourné la tête, les muscles de son corps tendus comme jamais, et à son tour il serra la machoire, conscient que rien de ce qu'il pouvait ou pourrait dire justifierait le meurtre du Capitaine Ellia.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Beltran

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Re: [Kley] On ne pourra pas dire que je n'aurais pas essayé.
« Réponse #4 le: 18 septembre 2010, 11:19:16 »
Beltran écouta sans rien dire ce que Kley lui expliquait. Lui, ces histoires de séparation de la volonté et de la conscience, ou du corps, ou de ce qu'ils voulaient, il n'y croyait pas. Chacun avait un cerveau qui marchait pour tout ce qu'il y avait dans le corps, y compris l'âme et la conscience. Kley n'allait pas s'en sortir en invoquant des disfonctionnements auxquels ne croyaient personne.

Personne sauf... personne sauf les mages qui avaient examiné Kley pendant sa 'maladie'. Des séquelles de sort - voire même encore des sorts pour ce qu'en avait compris le grand blond - enfermaient quelque chose dans l'esprit du jeune homme et servaient de "guides" à certaines actions. Comment était-ce possible? Beltran n'avait pas écouté les explications. Il s'en moquait - c'était l'affaire des sorciers et Mages, pas celle d'un soldat.
Sauf que Kley était la proie des Mages et des Soldats et il fallait concilier toutes les explications.

Ellia était morte, et Beltran lui devait bien de savoir ce qu'il s'était passé.

" Expliquez en détail ce que vous vous rappelez du moment de l'agression." exigea-t-il sans ajouter quoi que ce soit aux dires du jeune homme.

Il avait conscience de ce qui tiraillait Kley jusqu'aux muscles de son visage, dans sa posture. L'homme était honteux, mal à l'aise, mais affrontait son destin, et c'était bien la chose à laquelle ne s'était pas attendu Beltran, croyant trouver devant lui un fou ou un homme appeuré mais pas honteux.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

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Re: [Kley] On ne pourra pas dire que je n'aurais pas essayé.
« Réponse #5 le: 18 septembre 2010, 12:02:50 »
Kley commençait à apprécier la façon de faire du Capitaine, direct, droit, efficace, et surtout juste, quel que soit son implication. Il eut l'intime conviction qu'il pouvait lui faire confiance, et de retrouver un homme d'honneur comme l'était son vieux maitre. Le jeune homme n'en fut pas pour autant soulagé, car il devait de nouveau, et plus intensément, revivre et détailler le fruit de sa faiblesse. Restant debout, il oublia de se détendre et continua de faire face, mais sa voix était alors plus assurée, moins effacée et sans égarements.

"Il m'ait arrivé d'avoir plusieurs absences juste avant la bataille, et pendant. Lorsque nous nous sommes rassemblés à la fin des combats, j'ai vu comme un visage mauvais, sombre, cruel, sans vraiment pouvoir le détailler, baigné d'obscurité. Et à ce moment là je me suis senti comme une marionnette grotesque, spectateur d'un acte impardonnable, contraire à tous mes codes et à mes convictions..."

Arrivé là il fit une pause, se demandant s'il devait vraiment tout détailler. Tout ceci ne pourrait passer aux yeux de Beltran que comme des excuses ignobles, une interprétation dictée par sa perversité... Le guerrier ne se démonta pas et se décida à conclure par une simple phrase.

"Mon corps n'obéissait plus à ma volonté et c'est la pire chose qui puisse arriver à un guerrier... Je ne voulais la mort d'aucun de vous, c'est là le plus important."

Kley se sentit mal à l'aise mais voulait également répondre au mieux des attentes de l'homme en arme qui visiblement cherchait à démêler tout ça.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Beltran

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Re: [Kley] On ne pourra pas dire que je n'aurais pas essayé.
« Réponse #6 le: 19 septembre 2010, 10:29:26 »
Beltran ne cilla pas et écouta Kley jusqu'au bout. Il cherchait sur son visage des signes de mensonge, mais à part cette honte et cette tension que lui-même donnait au jeune homme, il n'en vit pas une trace. Il devait croire les mages. Oui, il aurait dû mais il fallait que quelqu'un paye pour le meurtre d'Ellia non?

" D'autres détails? Un nom? Un son particulier? Une image de lieu? Qu'on puisse tenter d'identifier l'homme en noir? Pourrait-il s'agir de l'homme en noir du champs de bataille? L'Adepte ennemi était entouré de noir, autant vestimentaire que son aura..."

Il fit signe à Kley de s'asseoir.

"Les mages m'ont dit de vous croire. Vous êtes sous l'emprise d'un sort puissant. Nous ne pouvons y toucher pour le moment sans vous tuer. J'avoue que l'idée m'a traversé l'esprit mais si votre corps est coupable et pas votre conscience je ne peux punir les deux. Alors je vais demander quelque chose. Laisserez-vous un mage (ou plusieurs) tenter d'entrer dans votre esprit pour remonter à la source du sort? Cela sera sans doute douloureux et peut-être mortel. L'autre solution est de rester toujours sous surveillance rapprochée tant militaire que magique ou d'être exilé au plus loin."

Le Capitaine avait tout débité d'une voix neutre.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

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Re: [Kley] On ne pourra pas dire que je n'aurais pas essayé.
« Réponse #7 le: 19 septembre 2010, 14:41:31 »
Le jeune homme préférait rester debout, toutes ces journées passées couchées lui donnaient l'impression d'être plus fatigué à ne rien faire qu'à parcourir les bois à la chasse. Pourtant il décida après un court instant de suivre l'invitation à s'asseoir du Capitaine, et se plongea plus encore dans ses souvenirs afin d'y trouver une réponse à lui donner.

"Et bien en fait... Je ne me rappelle plus bien, c'était surtout un grand sentiment de vide, une émotion étrange qui m'envahissait, comme une impression de tristesse ou de désolation énorme, je ne sais comment m'expliquer, et les souvenirs de cette journée s'entrecoupent sans cesse..."

Kley écouta Beltran avec calme mais bizarrement le fait d'avoir un début d'explication ne le soulageait pas le moins du monde.

"Vos... Mages... Sont capables de faire ça? Pénétrer et manipuler l'esprit?..."

Se rappelant que ce n'était pas lui qui posait les question il se reprit promptement :

"Je tenterai l'expérience!..."

Intérieurement il espérait que les gens de magie pourraient alors avoir une explication à lui donner sur son amnésie, serait-ce aussi simple?... Son désir le plus cher est de savoir qui il avait été avant sa rencontre avec son vieux mentor. Bien qu'il bénisse ce jour depuis lors la curiosité a toujours été la plus forte... Mais ce n'était pas le but de l'entrevue avec son visiteur du jour, et il garda alors le silence.

Si la situation avait été différente le guerrier qu'il était aurait eu plaisir à servir et combattre aux cotés de cet homme qui lui faisait face, et même si en l'occurrence il devait mortellement lui en vouloir, ses convictions lui dictaient une conduite droite et exemplaire. C'est toujours dans ses pensées qu'il se releva et se rapprocha d'une petite lucarne, le regard perdu dans le vague.

"Vous ne pouvez pas savoir à quel point j'ai hâte de savoir..."
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Beltran

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Re: [Kley] On ne pourra pas dire que je n'aurais pas essayé.
« Réponse #8 le: 19 septembre 2010, 18:42:57 »
Kley continuait à répondre. Beltran n'aurait pas dit qu'il était imperturbable, mais en tout cas il ne se laissait pas impressioner et c'était de son plein gré qu'il répondait et donnait les détails demandés. Il n'avait pas le choix, mais il le faisait tout de même par sa propre volonté. Beltran commençait à apprécier la manière de faire de Kley mais ne pouvait oublier que c'était avec son arme et ses mains qu'Ellia avait été tuée.

Le Capitaine donna ses solutions, et cela étonna Kley. En réponse à sa question, Beltran hocha simplement la tête. Lui aussi faisait partie des incrédules mais à travailler avec les mages et avec les horreurs vues pendant la campagne, il ne pouvait entièrement douter. Ils devaient leur faire confiance.

"Très bien. Glenn, l'un des deux mages de la campagne, viendra te voir plus tard. En attendant, tu as le droit de sortir d'ici quand tu veux, tant que tu reste escorté. Je te convoquerai pour la visite. Merci de m'avoir répondu."

Beltran avait la réponse qu'il voulait et il avait réussi à se convaincre du bien fondé des observations des mages à propos de Kley. Il ne puait pas la trahison. Alors soit il mentait particulièrement bien, soit il était innocent.
Le Capitaine salua et quitta la salle pour aller noter tout cela et parler au mage et à Arthon.

[Kley, tu peux maintenant te déplacer en "liberté surveillée" et faire des rp. Tu n'as pas le droit de sortir de Haven cependant et tu as toujours deux gardes avec toi. Je te laisse faire au moins un sujet libre et je te lancerai le "test" avec Glenn quand tu veux (tu m'envoie un mp). ]
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

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Re: [Kley] On ne pourra pas dire que je n'aurais pas essayé.
« Réponse #9 le: 20 septembre 2010, 16:51:01 »
Toujours perdu dans ses pensées, Kley se sentit soulagé et emplit d'une nouvelle assurance, tout en ayant toujours à l'esprit son acte honteux. Il pouvait désormais penser à l'avenir et aller de l'avant plus concrètement. Se pourrait-il qu'il sache enfin qui il était? Cette question l'obsédait à un point inimaginable.

Son épée le captiva soudain. La lame toujours dans son fourreau, elle n'avait pas bougé du mur depuis son arrivée. Le jeune homme s'était souvent dit que cet objet n'avait peut-être aucun rapport avec lui, mais c'était son seul bien matériel depuis son "réveil", sa plus vieille compagne de route et de solitude. Aujourd'hui elle était tout autant entachée que lui par le déshonneur, mais une lueur d'espoir éclairait enfin l'avenir du guerrier.

Après être resté un long moment silencieux et immobile, toujours à contempler son arme, il se décida enfin à se dégourdir les jambes et à aller respirer l'air frais. Il sortit donc après avoir frappé à la porte et alla goûter au peu de liberté qu'on lui accordait.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »