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Sujets - Héraut Méra

Pages: [1]
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Haven / Club des crocheteuses du secret
« le: 03 septembre 2020, 21:42:49 »
Début de la 4e décade d'Automne 1485

Méra avait beaucoup réfléchi à ces histoires d'espionnage et de succession de Wylan. Et son opinion sur le sujet était la même que presque dix ans auparavant: elle n'avait aucune envie de succéder à Wylan. Travailler sous ses ordres lui plaisait. Mener des missions aussi. Mais la gestion totale du réseau, l'organisation, le stress, très peu pour elle. Elle n'était tout simplement celle qu'il fallait pour cela. Le problème était qu'il n'y avait personne d'autre de disponible.

Elle avait tenté d'en parler à Wylan, mais celui-ci était bien trop pris par ses missions à venir pour réellement prêter attention à ces récriminations. Or, Méra avait besoin qu'on l'écoute. Elle avait toujours estimé avoir une vision juste d'elle-même. Elle savait où étaient ses forces et elle avait parfaitement conscience de ses faiblesses. Elle était trop prompte à s'emporter, trop insouciante aussi pour avoir dans ses mains la sécurité du royaume. Pourquoi Alemdar et Wylan ne le voyaient-ils pas?

Finalement, elle avait décidé de se tourner vers la seule personne habilité à discuter de cela avec elle. Éloïse ne pourrait sans rien faire pour l'aider, mais au moins pourrait-elle écouter. Elle lui avait donc demandé une entrevue.

Ce qu'elle avait oublié, c'était qu'aller chez Éloïse, c'était devoir porter des habits civiles. Pire que cela, une robe!

Quand elle sortit de leur chambre à coucher, toute apprêtée et pomponnée, Jarhindel attendait sagement dans son fauteuil préféré. Il n'aurait raté le spectacle pour rien au monde, l'enfoiré. Et il manqua de s'étouffer de rire en voyant Méra s'avancer dans la pièce.

«Je te préviens, si tu dis un mot, tu fais une seule remarque, je t'écorche vif et j'expose tes parties intimes sur la porte de la salle d'armes!»

Méra se sentait ridicule. La robe - qui lui allait encore parfaitement - devait déjà être démodée quand elle en avait hérité, dix ans plus tôt. Si la couleur flattait plutôt son teint - elle était rose vif - la coupe était ridicule. Trop de fanfreluche et de dentelles à son goût.

Elle se dépêcha de se mettre en route. Alors qu'elle franchissait la porte, elle entendit l'éclat de rire de son amant. Il allait voir...

Une litière et quelques ampoules plus loin....

:On a pas idée de faire des chaussures aussi inconfortables! Une jupe passe encore, j'aime plutôt bien les larges que j'ai, en laine, pour l'hiver. Mais pourquoi des trucs pareils aux pieds?:
:Ah ça... c'est un outil s'asservissement comme un autre, ma chère.:


... Elle arriva enfin chez Éloïse. Elle sonna et attendit qu'on l'introduise. Enfin, elle se retrouva assise face à la jeune femme.

«Putain, Éloïse... je crois que je préfère encore retourner sur le front que de remettre un jour cette horreur!» Elle soupira. Au moins avait-elle réussi sa coiffure, un entrelac de fines tresses rehaussées de perles blanches et de rubans du même rose que la robe. «Bref... comment vas-tu? Et Leif?»


2
Ailes des Hérauts / Ils sont fous ces hommes!
« le: 24 août 2020, 19:41:33 »
6e décade d'été 1485

Méra n'était pas totalement remise de sa soirée de la veille. Mais quelle mouche avait donc piqué Jarhindel? N'étaient-ils pas bien, tous les deux, dans leur petite vie sans prise de tête? Pourquoi ce besoin de tout compliquer? Elle avait besoin d'en parler. Et elle ne voyait qu'une seule personne capable de comprendre son problème: Mina.

Malgré son caractère d'abord plutôt aisé, Méra n'avait pas tant d'amis que cela. Elle était presque plus proche des soldats qu'elle avait fréquenté que des autres Hérauts. La faute à son engagement auprès de l'armée. Et à la guerre. Elle avait perdu quelques camarades sur le front. Et malgré les années, elle n'était pas parvenue à se refaire des amis. Elle avait été trop occupée. D'abord par la fin de la guerre, puis par Jarhindel. Qu'elle pouvait qualifier d'amie ne restait donc que Mina. Elle aurait certes pu parler à Wylan, mais elle ne sentait pas encore prête à subir ses moqueries à lui.

Elle se présenta donc à sa porte armée de plusieurs bouteilles de cidre et d'un panier de chaussons à la viande subrepticement dérobés en cuisine.

«Mina?» Elle frappa deux brefs coups et entra. «Mina... tu croiras jamais ce qui m'arrive. Cet idiot de Jarhindel m'a demandé de l'épouser!»

3
Ailes des Hérauts / Flagrant délit(ce)
« le: 12 mai 2020, 09:06:59 »
9e jour de la 6e décade d'Été 1485 - chambre d'Irmingarde

Méra avait dû se lever aux aurores. Jarhindel dispensait un cours extraordinaire aux jeunes Hérauts en vue de l'attaque qui aurait lieu bientôt. Or, s'agissant d'une leçon qui n'était pas prévue par dans les plannings, il avait été forcé de l'organiser à la première heure du matin.

Quand Méra lui avait demandé la nature du cours, il avait parlé de leur enseigner le combat en duo ainsi que contre plusieurs adversaires simultanément. La brunette avait proposé de l'assister, mais le maître d'armes s'était déjà trouvé un assistant spécialisé dans le domaine pour l'aider - en l'occurrence Wylan. La jeune femme se retrouvait donc désœuvrée pour le moment.
 
Après avoir profité de traînasser au lit - un bon quart de marque, au moins - elle avait commencé à s'ennuyer. Elle avait donc rejoint le réfectoire. À cette heure, seuls les plus matinaux étaient là. Et la plupart bâillaient à s'en décrocher la mâchoire. Méra, elle, n'avait jamais aucun problème à se réveiller. À peine sortie du lit, elle était aussi exubérante qu'en pleine journée.

Elle discuta joyeusement avec Joald qui était tombé du lit. Puis d'autres Hérauts vinrent les rejoindre. Et on commença à se partager les dernières rumeurs en date. Puis quelqu'un mentionna Mina. Méra écouta religieusement, de plus en plus amusée. Puis elle se dépêcha de finir son assiette avant de littéralement voler jusqu'à la chambre de son ancienne pupille. Elle donna un rapide coup sur le montant de la porte et n'attendit pas pour entrer.

«Mina, tu devineras jamais...»

Elle s'arrêta net. Mina était au lit avec un homme. Et d'après ce qu'elle voyait de sa plastique et de ses boucles, il s'agissait de Wilfried. Celui-ci leva vaguement la tête et lui adressa un sourire endormi.

«Ah si... je pense qu'en fait, tu devineras très bien!» Elle dut contenir un éclat de rire. «Très bon choix, Mina!»

Wilfried esquissa une petite courbette. Elle aussi avait en son temps connu quelques délices dans les bras du beau bouclé.

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Mini-Vallée / À la claire fontaine...
« le: 26 avril 2020, 18:20:03 »
5ème jour de la 2e décade d'été 1485

Méra
Shirryl avait réveillé Méra à une heure indue, car Ezarel l'avait avertie que sa Héraut était en grande détresse et qu'en plus, elle avait dormi dans l'étable. Méra s'était habillée en vitesse, avait attrapé deux serviettes et une tenue de rechange (une robe informe qu'elle mettait pour traîner chez elle) qui irait à Mina et s'était rendue aux écuries, un peu inquiète.

«Mina?»

Mina
Mina ouvrit un oeil cerné et bougonna.
Elle avait mal partout, ayant dormi dans une position impossible, moitié assise moitié couchée, la bouche sèche, de la paille dans ses cheveux, sa jolie robe froissée.

«Quoi? Méra? Qu'est-ce que tu fais là?!»

:J'ai aussi prévenu Bethaniel: prévint Ezarel.

Isabeau
Isa aussi avait mal partout, mais pas pour les mêmes raisons, surtout parce qu'elle n'avait pas assez dormi, le mariage s'étant terminé fort tard. Mais quand Bethaniel l'avait réveillée pour lui dire que Mina avait besoin d'aide, elle s'était extraite du lit conjugal avec grâce (non) et volupté (encore moins). Elle avait sauté dans un uniforme propre (non) et était descendue au champ.

«La question c'est qu'est ce que tu fais là? T'étais pas prête à étrangler Beltran, hier?»

Méra
«Étrangler Beltran? Mais qu'est-ce qui s'est passé à ce mariage hier?»

Elle dévisagea Mina un instant.

«Mhh... j'ai bien faire de prendre une serviette pour toi, Mina. Tu avais meilleure mine quand on dormait sous tente dans le Peigne.»

Mina
Isa et Méra. Ensemble. Carrément.
Mina trouvait qu'elle puait. Et en même temps, elle avait passé la nuit dans une étable. Dans de la paille pas forcément très propre.

«C'est l'impression que je donnais ? C'est ta mère que j'aurai voulu étrangler Isabeau, sauf mon respect.»

Elle se leva en grimaçant d'inconfort et regarda la serviette tendue par Méra.

«On va se laver où?»

Isabeau
Isabeau précisa ce qui s'était passé à Mera.

«Beltran a fait une grande déclaration à Mina. J'ai pas tout entendu, mais je soupçonne que ça parlait de mariage.»

Puis elle se sentit obligée de défendre sa mère:

«Ma mère a ses défauts, je peux comprendre que tu lui en veuilles, mais que je sache, elle a pas mis une épée sous la gorge de ton mec.»

Où se laver...?

«Y a une chaudière dans l'écurie, y a moyen d'y tirer un peu d'eau chaude... Sinon, y a les sources. À cette heure-ci, y aura personne.»

Méra
«Une demande en mariage?!?! Mais... il était ivre ou...? Et qu'est-ce que la mère d'Isa vient faire dans cette histoire?»

Imaginer Beltran faire sa demande à Mina faillit provoquer l'hilarité de la brunette. Elle dut se mordre la langue pour ne pas éclater de rire trop ostensiblement et finit par se tourner pour se calmer.

«J'avais les Sources en tête, elle n'y a encore jamais mis les pieds! Ce qui, en soi, est un scandale. Moi j'adore le petit bassin privé!»

Mina
Mina gémit de nouveau, mais pas de douleur. Pas physique du moins.

«Non, elle ne l'a pas forcé, mais d'après ce que j'ai compris, elle lui a fait toute une leçon sur le... le déshonneur que c'était que d'être avec moi sans que je porte son nom. Je sais que ça part d'un bon sentiment, je connais ta mère, mais elle a jute oublié que je ne suis pas... bref.»

La jeune femme attrape d'un geste vif une des serviettes et maugréé:
«Les sources? Bien. Depuis le temps que vous voulez m'y trainer. Mais je vous préviens, vous vous retournerez quand je me déshabillerai.»

Mhh, la belle humeur !
Irmingarde essaya de se dérouiller les jambes en se dirigeant vers les Sources. Il fallait admettre que c'était très joli.

Isabeau
«Ce sont ses convictions profondes. Je suis désolée que ça ait mal tourné, mais c'était à Beltran de lui tenir tête, sur ce coup-là.»

Isa sentait que ce n'était pas le moment, mais elle ne pouvait s'empêcher de défendre sa mère. Puis elles allèrent aux sources.

«Je sais qu'il est plutôt fait pour les amoureux, mais on serait pas bien dans le bassin secret? On risque pas d'être dérangées?»

Méra
«Attends... faut que je te résume... Donc, la mère d'Isabeau est allée parler au Commandant, pour lui dire qu'il devait t'épouser, toi, Mina, pour arrêter de te déshonorer, et cet imbécile l'a prise au mot et t'a demandé en mariage?»

Méra, cette fois, éclata d'un rire franc. Elle était sincèrement désolée pour Mina, mais elle trouvait la situation bien trop comique pour se retenir plus longtemps.

Et elle fut surprise d'une part que Mina accepte l'idée des Sources, et d'autre part qu'Isabeau appuie son idée et propose le bassin secret.

«Isabeau, je ne te savais pas intéressée par les trucs entre filles! À trois qui plus est! Et d'ailleurs, comment es-tu au courant?»

Mina
«Je sais pas ce qui lui a pris. Il avait pas bu pourtant, du moins pas beaucoup.»

Consternée, elle écouta l'échange de ses deux amies au sujet du bain secret.

«Si ça continue, je vais me laver au Collegium. Quand je pense que tu m'as soutenu que c'était pas du tout débauché comme coin.»

Elle lança un regard d'avertissement avant de commencer à retirer sa robe, non sans avoir vérifié avant plusieurs fois que personne ne pourrait la voir.

Avec un grognement de plaisir, elle s'enfonça dans l'eau chaude, posa ses coudes sur le rebord, puis sa tête en arrière.

«Je suis pas sûre de moi, mais je crois... je crois que j'ai en quelque sorte... rompu avec Beltran.»

Isabeau
«Gna gna gna. Raimon m'a montré.»

Ils avaient le droit, ils étaient mariés, d'abord.

«C'est pas (forcement) débauché, c'est secret. Mais comme tu veux.»

Isa se tourna le temps que Mina entre dans le bassin, puis elle leur tourna le dos et se déshabilla elle même. Elle était moins pudique que Mina, mais pas de beaucoup.

«Tu n'est pas... Sure d'avoir rompu?»

Méra
«Non, mais c'est pas moi qui te reprocherais de profiter de la vie... mariage ou pas.»

Méra leva les yeux au ciel devant la pudibonderie des deux jeunes femmes et se déshabilla rapidement, sans chichi.

Quand Mina annonça avoir peut-être rompu avec Beltran, Méra dut retenir un «enfin« enthousiaste. À la place, elle tenta une réponse plus diplomatique.

«Oh, vraiment? Quel dommage! Mais tu n'es pas sûre parce que tu veux te remettre avec lui ou pas sûre parce que tu ne sais pas s'il l'a compris ainsi?»

Mina
Mina avait passé sa probation avec Méra, alors son ton ne la trompait pas vraiment. Elle roula des yeux, puis finalement cacha son visage dans ses mains, et grommela:

«Je sais paaaaas. En fait je ne sais pas comment il l'a pris, lui. Moi j'ai demandé à réfléchir à l'avenir de notre couple, ça veut dire plein de choses, et je ne sais même pas quoi. Je sais pas où j'en suis... Je sais que je l'aime, mais j'ai l'impression qu'il n'a rien compriiiiiis.»

Isabeau
«Il faut que tu saches ce que toi tu veux. Si tu sais pas toi-même, il risque pas de comprendre.»

Méra
«Et s'il a compris que tu voulais rompre, c'est peut-être parce que finalement, c'était le mieux à faire à ce moment-là?» Méra soupira. «Regarde les choses en face. Il a quinze ans de plus que toi, mais c'est toi la pus mature... Il a peut-être besoin d'un peu de temps pour grandir.»

Mina
«Si moi je ne sais pas, et lui non plus, alors on est mal barrés...»

Elle plongea sa tête sous l'eau quelques secondes, ce qui acheva de la réveiller, mais pas de la mettre de meilleure humeur.

Elle regarda Mera, perdue.

«Tu crois ?»

En termes de conseil amoureux, elle ne savait pas trop qui écouter le plus. Isa était mariée, mais Mera en connaissait un rayon.

«L'âge n'est un problème que pour les autres et lui peut-être, pas pour moi. Mais je n'avais pas vu les choses comme ça... Je... Je lui ai suggéré d'aller voir ailleurs s'il ne trouvait pas mieux. Je sais pas s’il a compris. Est-ce que son fichu sens de l'honneur, une fois satisfait, sera suffisant pour le rendre heureux avec une femme qu' il aimerait moins que moi ?»

Mina espérait que non.

Isabeau
«À son âge, s'il a encore besoin de temps pour grandir, le temps qu'il soit prêt, il sera grabataire...»

Elle s'était peut-être levée du mauvais pied. Même si l'eau chaude la détendait.

«Tu lui as toi-même suggéré d'aller voir ailleurs? Ça explique son attitude. Il est allé inviter Ingrid, qui ne savait manifestement pas ou se mettre.»

Méra
«Isabeau, tu m'impressionnes là! Je ne te pensais pas si mordante!»

Méra savourait l'eau chaude et battait mollement des pieds.

«Tu lui as vraiment dit ça? S'il t'a écouté, c'est un idiot. Franchement. Tu mérites mieux.»

Mina
Mina lança un regard peu amène à Isa et Méra. D'aussi mauvaise humeur soit-elle, et triste, elle gardait quand même un minimum d'orgueil.

«Je peux te garantir qu'en privé, Beltran est tout sauf diminué par son âge!»

Si elle se permettait de faire une remarque presque osée, c'est qu'elle était vraiment exaspérée.

En revanche, quand elle apprit qu'il était réellement allé inviter Ingrid, Mina découvrit un sentiment nouveau: la jalousie.

«Il l'a vraiment fait? Oh. Et qu'a fait Ingrid?»

Elle enfonça son visage dans l'eau, ne laissant dépasser que ses yeux cernés.

Isabeau
Isa répondit à Méra d'un simple regard blasé. Évidemment qu'elle était mordante. Mais quelle image d'elle avait donc la seconde du maitre d'Armes?

«Je vivais très bien sans connaitre les performances privées de Beltran, merci Mina...»

Non, vraiment, elle n’avait pas besoin de ça.

«Elle voulait pas. Mais c'est Pluiechantante, la Kestra'chern, qui etait là, la Déesse seule sait pourquoi, qui lui a permis de refuser.»

Méra
«Et honnêtement, Mina, tu n'as aucun point de comparaison. Alors je prendrai ton témoignage avec des pincettes.»

Vu la tête du Commandant, elle était persuadée qu'il ne connaissait que deux positions et n'osait en pratiquer qu'une seule.

«Ha ha, j'imagine qu'elle a su trouver les mots pour le renvoyer à sa propre stupidité... c'est un peu son travail, quand même. Mais bref... d'ailleurs, qui est cette Ingrid?»

Mina
«Je t'en prie, c'était cadeau.»

Envers Mera, elle croisa les bras, comme une enfant outrée, relevant fabuleusement le niveau puisqu'on parlait d'âge mental.

«Et alors ? Je suis pas la seule dans ce cas, il me semble. Ça devrait m'empêcher de savoir... savourer ce que Beltran me donne? Et que je lui rends, parce qu'on est deux dans cette affaire! Alors merci pour moi.»

C'était probablement le discours le plus osé et le plus long que Mina avait jamais fait sur sa vie sexuelle.

Apprendre le refus d'Ingrid lui tira un sourire satisfait.

«La cousine d'Isa, la fille de son oncle qui porte le Titre familial. Une noble, une vraie.»

Isabeau
Isa n'avait pas grand-chose a dire de plus, aussi profita-t-elle plutôt de l'eau chaude. Elle ajouta juste à propos d'Ingrid:

«Oui, car moi je suis une contrefaçon.»

Méra
«Oula, du calme. J'espère bien qu'il te donne du plaisir, sinon, vraiment, je ne comprendrais pas trop ce que tu fous avec lui.»

Méra ricana à l'explication d'Isabeau.

«Ah... tu veux dire que celle, c'est une noble du genre dont c'est la profession au quotidien? Je suis sûre qu'elle est charmante.»

Mina
«Elle m'a paru gentille, dans son genre. Mais plus avec moi qu'avec Isa!»

Mina disparu à nouveau sous l'eau pour frotter ses cheveux. Quand elle ressortit sa tête, toute trace d'orgueil avait disparu, elle avait juste l'air... perdue.

«Qu'est-ce que je dois faire?«

Isabeau
«On a une relation compliquée, moi et Ingrid. Elle me trouve pas assez noble, je la trouve trop noble, mais manque de bol pour elle, c'est moi qui suis introduite à la cour. Et elle en est malade de jalousie.»

Enfin bref.

«Tu dois prendre du temps pour réfléchir à tout ça. Être toi même au point sur ce que tu veux pour décider ce que tu veux lui dire. Je pense.»

Méra
«Je suis d'accord avec Isabeau. Ça ne sert à rien de t'angoisser pour Beltran. Fais d'abord le tri dans ta tête, dans tes sentiments, et ensuite, quand tu sauras vraiment ce que tu veux, tu t'intéresseras à ses sentiments à lui, et à s'il te mérite encore. Et ne laisse personne s'immiscer dans ta décision. Parce que finalement, ça ne concerne que toi. On s'en fiche si les gens trouvent ça «dommage« ou «triste« ou s'ils t'en veulent. C'est avec toi que tu dois être en paix.»

Méra donnait rarement des conseils pour tout ce qui touchait aux relations sentimentales, mais elle sentait que Mina avait besoin qu'on l'aide à affermir sa position

Mina
Si ses deux amies semblaient d'accord sur la marche à suivre, c'est que ça devait être la bonne, non ?

«Je vais réfléchir. Je regrette déjà, certaines choses que j'ai dites... Et il avait l'air de vouloir faire en sorte qu'on oublie ce qu'il avait demandé. Mais comment je peux oublier ça moi? Pour que ça nous explose à nouveau à la tête dans quatre ans ?»

Mina regarda aux alentours puis sorti du bassin pour se sécher et enfiler la robe prêtée par Méra. Se faisant, elle continua :

«Désolée pour ce que j'ai dit sur ta mère, Isa. Elle ou un autre, Beltran aurait fini par me le demander, je le connais. Je regrette juste qu'il l'ait fait en pleine réception, et j'espère que Kate et Micha n'ont pas eu de soucis avec ça. Je ne comprends pas ce qu'il dans le crâne pour avoir pris ce risque. J'ai beau dire que je veux pas devenir Dame de Greenhaven, même moi je sais qu'en... société, il est dangereux de se comporter comme ça.»

Elle se recoiffa rapidement et soupira:

«Je vais rejoindre ma chambre. Je n'y vais jamais, on va dire que ce sera l'occasion de l'investir. Le temps va me paraître étrange...»

Avec Beltran, Mina avait un quotidien et des habitudes rassurantes. Là, elle n'aurait plus rien. Qu'allait-elle faire de tout ce temps ?

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Mini-Vallée / Noyer sa joie
« le: 24 mars 2020, 14:49:02 »
1ère décade d'été 1485 - grand bassin

Cette fois, ça y était. Shirryl était enceinte, Maria venait tout juste de lui confirmer la chose. Le Compagnon était plus que ravi. Méra pas du tout. Elle n'avait jamais été favorable à ce projet en premier lieu et maintenant qu'il se concrétisait, elle en voulait à Shirryl de lui infliger cette nouvelle lubie. Mais, bien décidée à ne pas gâcher le bonheur de son Compagnon chéri, elle avait choisi de remonter ses barrières le temps de digérer la nouvelle.

Armée d'une bouteille volée chez Wylan, elle se rendit à la Mini-vallée, avec pour projet de s'enivrer et de profiter de l'eau chaude en paix. En effet, à cette heure, les bassins étaient vides. Elle avait les lieux pour elle.

Elle se glissa dans l'eau à grand renfort d'éclaboussure et fit quelques brasses. Puis elle revint s'installer au bord, dans un coin joliment aménagé pour les conversations intimes. Elle se saisit de sa bouteille, stratégiquement posée sur le rebord du bassin et prit une large gorgée l'alcool. Rien ne valait une eau-de-vie Greenfield pour oublier ses problèmes!

Elle se sentit vite plus détendue, et se mit à jouer seule dans l'eau, comme une gamine. Elle fit des exercices d'apnée, s'amusa à sauter depuis le rebord. Elle se prit à chanter à tue-tête des chansons de sa région natale. Elle eût soudainement le mal du pays et eut envie de courir se blottir dans les bras de sa mère.

*Heureusement que Shirryl ne peut pas m'entendre... j'aurais honte d'avoir de telles pensées en sa présence.*

Elle entonna, cette fois-ci volontairement, un air de son enfance qui lui donna envie de pleurer. Elle tenta de faire passer sa mélancolie d'une grande gorgée d'eau-de-vie, mais rien n'y faisait, les larmes continuaient de couler. Elle se sentait affreusement seule, mais en même temps, elle n'avait pas envie de parler à Shirryl. Pas encore. Pas tant qu'elle ne pourrait pas être sincèrement heureuse pour le Compagnon.

6
Champs des Compagnons / Moqueries salutaires
« le: 23 mars 2020, 07:42:20 »
2e jour de la 1ère décade d'été 1485 - quelque part dans le Champ des Compagnons

On entendit rire Méra dans le tout le Champ des Compagnons.

«Liés, vous êtes Liés?!?» Son rire redoubla.«Dieux, je vais mourir de rire. Toi et Alem. Le moine de service et le convens pur jus? Je ne savais pas que les Dieux avaient à ce point le sens de l'humour!»

«Méra, moins fort par pitié...»

«Non, mais faut pas avoir honte, Wylan... je veux dire, c'est pas honteux.»

«Tu envoies un peu des messages contradictoires, Méra.»

«C'est juste tellement drôle. Attends que j'en parle à Jar... il ne va pas en revenir!»

«Méra, sérieusement... ce n'est pas à toi d'avertir Jarhindel. Je sais que la perspective de ridiculiser Bouclette est très tentante, mais c'est son histoire...»

«Bien sûr, tu as raison...» Elle tenta de reprendre son sérieux. «Et vous avez demandé confirmation à... à qui d'ailleurs? À un prêtre?»

«Non... ce sont les deux bourriques qui ont confirmé. Ils étaient morts de rire, les imbéciles. Ils savaient depuis des lustres.»

«Mais comment est-ce possible, sérieusement? Je veux dire... tu as déjà eu envie de le mettre dans ton lit?»

«Vraiment, Méra?»Wylan soupira. «Non, jamais.»

«Tu en as parlé à Jehanne?»

«Oui. Elle est... amusée mais inquiète.»

«Tu m'étonnes. À sa place, je serais verte de jalousie. J'espère que votre couple va y survivre. Sincèrement. Je l'aime bien, ta colombe.» Elle lui donna une tape amicale sur l'épaule. «Ta famille? Dieux, ta mère...» Le fou rire de Méra reprit de plus belle.«Elle va insister pour le rencontrer et tu vas avoir le droit à plein de scènes super touchantes à base de "Maintenant que tu fais partie de la famille" et "notre fils qui enfin s'installe"... je voudrais pouvoir être là pour voir ça!»

«Le cauchemar. Elle va être encore pire que toi... Non, elle ne doit jamais l'apprendre. Il est encore temps d'enterrer cette info.»

«Trop tard Wylan, d'ici une décade au maximum, tout le palais sera au courant! À ta place, je me dépêcherais de me faire assigner une mission loin, très loin.»

Méra laissa son fou rire s'éteindre de lui-même et reprit son sérieux.

« Plus sérieusement, je suis là, si tu as besoin d'en parler. Ou qu'on se foute de toi pour te remettre un peu les idées en place.»

 Elle prit Wylan dans ses bras. Il eut l'air d'abord embarrassé, puis se laissa aller.

«J'avais pas signé pour ça...»
«Personne ne signe jamais pour ça, Wylan.»

[RP CLOS]


7
Caserne / [RP d'intro Gwyn] Trancher dans le vif
« le: 03 février 2017, 09:34:16 »
2e jour de la 6e décade d'hiver 1485 - Salle d'armes

Et donc, Méra était maintenant officiellement le bras droit du maître d’armes, Jarhindel. Elle avait fini par se résigner à accepter le poste proposé par l’Attitré, malgré l’angoisse que lui causait la situation. Elle n’avait guère le choix, de toute manière, si elle voulait rester à Haven et ne pas travailler dans une cour de justice. Et Shirryl ne l’aurait pas laissé repartir sur le terrain. Si elle n’était pas encore portante, cela ne saurait tarder.

À contrecœur, Méra devait admettre qu’elle aimait bien enseigner le maniement des armes. Elle tirait une certaine satisfaction à remettre à leur place les fils de nobles, persuadés qu’une femme ne pouvait rien leur enseigner. Souvent, ils commençaient par exiger que Jarhindel s’occupe d’eux en personne. Puis la Héraut leur donnait une leçon d’humilité faite de bleus et de bosses. Ils se montraient ensuite étrangement disposés à l’écouter.

Ce matin, en revanche, son travail serait tout autre. Elle devait accueillir une jeune fille fraîchement Élue, arrivée l’avant-veille, pour juger de son niveau dans le maniement des armes. On lui avait en effet transmis qu’elle avait quelques connaissances dans ce domaine, et Méra devait établir un programme adapté. Elle se réjouissait. Ce n’était pas si souvent qu’une fille arrivait au Collegium en possédant déjà quelques notions de combat.

Habillée d’un vieil uniforme blanc un peu trop grand, les cheveux soigneusement coiffés en couronne, la guerrière s’entraînait au lancer de couteaux en attendant l’arrivée de sa pupille du jour. Elle avait disposé plusieurs cibles le long du mur et faisait des longueurs, jetant un couteau quand elle passait devant une cible. Elle n’était pas aussi douée que Wylan, mais son score était tout à fait honorable. Sur dix jets, tous faisaient mouche, six allaient se loger dans le dernier cercle peint, et deux se fichaient en plein centre.

Elle en était à son quatrième passage quand enfin son élève arriva. Elle lança son dernier couteau, alla chercher sa serviette pour s’essuyer le visage et vint accueillir la nouvelle venue.

«Bonjour, Gwyn. Je suis Méra. J’officie actuellement comme seconde du maître d’armes, qui donne pour le moment un cours de tir à l’arc. Alors, il paraît que tu as déjà des bases. Raconte-moi ce que tu as appris, ensuite je te testerai.»

8
Aile royale / Planning Compagnonnal
« le: 23 janvier 2017, 13:08:47 »
5e jour de la 4e décade d'hiver 1485 — Bureau de l'Attitré

Mera s'était enfin décidée à aller voir Alemdar pour organiser avec lui la grossesse de Shirryl. Si elle avait cédé à son Compagnon sur ce point, elle avait refusé d'être prise au dépourvu le moment où cela arriverait. Elle voulait planifier les choses pour ne pas se retrouver coincée à Haven sans autre perspective que de devenir Héraut dans une cour. Elle était prête à faire des concessions pour son Compagnon, mais pas à devenir folle d'ennui. Elle comptait donc s'arranger pour avoir un poste intéressant avant même que Shirryl se fasse sau...

:Je suis choquée! :
:Engrossée? :
:Humpf.:
:Fécondée? :
:Admettons.:


Arrivée devant la porte du bureau d'Alemdar, elle toqua. Puis entra avant d'y être invitée. En temps normal, elle serait rentrée en trombe, un grand sourire enthousiaste sur les lèvres. Mais quand on venait solliciter une faveur, il était plus sage de ne pas se mettre son créancier à dos. D'autant qu'Alemdar avait déjà suffisamment de raison de l'emmerder. À son arrivée, une fois qu'il avait été clair qu'il était célibataire et qu’aucune poule noble ne semblait l'intéresser, Méra s'était essayé à le séduire. De manière répétée et fort peu subtile. Jusqu'à ce que Shirryl lui apprenne le peu d'intérêt qu'Alemdar portait à la chose. Elle avait alors continué, mais uniquement par jeu, parce qu'elle trouvait ça très amusant. Elle s'était bien entendu rapidement lassée — draguer quelqu'un qui ne montre aucune réaction n'a aucun intérêt — mais Alemdar avait dû subir ses attentions sans doute trop longtemps à son goût.

Comme d'habitude, le bureau de l'Attitré était recouvert de papiers et de dossiers. Méra vint s'assoir sur une chaise de libre, en face d'Alemdar.

«Je te dérange? J'aimerais te parler d'un truc. Ça concerne Shirryl.»

9
Champs des Compagnons / Paiement des gages
« le: 08 janvier 2017, 13:16:23 »
Suite des évènements racontés ici

Après avoir fait un crochet par l'écurie pour prendre sa selle et son harnais, Méra entraîna le garçon en direction du Champ. Shirryl les retrouva dès la rivière franchie. Le sol, gorgé d'eau, s'enfonçait sous leurs pas. Ils seraient tous trois bien crottés après leur petite séance d'équitation.

«Je te présente Shirryl.»

Méra laissa Dreyan sympathiser avec la jument tandis qu'elle la harnachait. Elle jaugea le garçon du regard et remonta les étriers de deux crans. Il était plus petit qu'elle d'une dizaine de centimètres environ, il faudrait bien ça pour qu'il soit confortable.

«Tu as besoin d'aide pour monter?»

10
Campagne / Hérauts on Ice
« le: 08 janvier 2017, 12:32:58 »
1er jour de la 1re décade d'Hiver 1485 - Suite des événements racontés ici

Après le petit-déjeuner, Méra guida sa compagne dans l'écurie des Compagnons. Elle trouva Shirryl qui l'attendait, bien au chaud sous une épaisse couverture. Elle l'harnacha et accrocha le pique-nique et les lames à la selle. Elle passa la seconde paire à Mina et s'assura qu'elle était prête à partir avant de monter sur Shirryl et de se mettre en route.

À l'intérieur du Palais, surtout près des écuries, on avait pris grand soin de dégivrer les chemins. Par contre, dès les portes passées, les pavés scintillèrent dans la faible lumière de l'aurore. Méra jura, mais Shirryl la rassura d'une pensée vague. Pour autant, elle n'aimait pas l'idée d'obliger un Compagnon aux muscles encore froids à se déplacer sur un sol glissant. Mais elle ne pouvait rien y faire et dut s'en accommoder. Elle jeta un coup d'œil en arrière pour contrôler que Ezarel s'en sortait elle aussi. Elle adapta son rythme en conséquence et bien vite, Mina et elle atteignirent les quartiers artisans, qui fourmillaient déjà d'activité. Elles restèrent ensuite sur la Route commerciale Sud jusqu'à la dernière enceinte de la ville. La traversée des faubourgs se fit rapidement. Elles sortirent de la grande route pour prendre une voie secondaire, qui les rapprochait de la Terilee gelée. Déjà, alors que l'annonce n'avait été faite que la veille, de nombreuses personnes étaient à l'œuvre pour installer la Foire. Méra choisit de quitter le sentier pour rejoindre la rivière un peu en amont du lieu de la Foire à proprement parler. L'herbe crissait sous les sabots des Compagnons et l'air, glacial, vibrait d'une lumière étrange.

La combattante adorait l'hiver. Elle adorait le vent qui rougissait les joues, la neige qui rendait les paysages magiques, le froid qui pétrifiait la nature. Elle aimait le son de la neige sous les pieds, l'odeur de l'hiver. Ce fut donc avec un énorme sourire qu'elle descendit de selle pour faire craquer l'herbe à son tour. Elle tendit les bras, esquissa une petite pirouette avant de libérer Shirryl des affaires qui étaient encore suspendues à la selle.

«Je pense qu'elles vont aller aux Fermes Familiales. C'est juste un peu plus bas, et là-bas il y aura des écuries chaudes et des gens pour leur enlever leurs selles et tout.»

:Exactement. En plus, on reçoit toujours des bonnes choses là-bas.:

Sur ces bons mots, Shirryl s'éloigna en trottinant.

«Bon... Je laisse le pique-nique là» déclara-t-elle en désignant un arbuste auquel elle accrocha le paquet. «Je vais mettre mes lames directement sur la glace.»

Elle se dirigea donc vers la rivière gelée. Elle descendit précautionneusement sur la glace et s'assit pour attacher ses lames. Elle se releva souplement et esquissa pas pour tracer un cercle.

«Alors, tu viens?»

11
Haven / Comité d'accueil
« le: 05 janvier 2017, 21:36:39 »
8e jour de la 1re décade d'hiver 1485 - Porte Sud

Méra ne savait pas trop si elle était contente de la mission qu'on lui avait confiée ou pas. Enfin, que Wylan lui avait confiée.

«Tu préfères te charger d'une mission pour moi ou être envoyée auprès des cours de Haven pour lancer l'Enchantement de Vérité?»

Wylan savait pourtant parfaitement que Méra détestait au plus haut point être assignée au tribunal. Le choix qu'il lui avait proposé n'en était pas un.

«Qu'attends-tu de moi?»

Avec un sourire, il lui avait donné ses ordres.

Ce qui expliquait qu'elle attende maintenant l'arrivée d'une femme soldate aux portes de la ville. Car cette femme était une ancienne noble de Rethwellan, et bien que son allégeance ne fasse pas tellement de doute, on n'était jamais trop prudent. Surtout lorsqu'on s'appelait Wylan et qu'on craignait pour la sécurité d'un tout jeune souverain. Ou d'un tout jeune Héraut du Roi. Ou d'un tout jeune noble étranger en formation. Son ancien mentor avait argué en outre qu'elle avait beaucoup en commun avec la jeune femme qu'elle devait "accueillir". Elle aussi avait choisi une profession masculine et vivait par son épée. Certes, Méra n'était pas noble, loin de là, mais elle était une femme soldate, en plus d'être une Héraut.

: Je me demande à quoi elle ressemble...:

Shirryl lui envoya l'image d'une femme très masculine, aux cheveux courts et à l'air revêche. Méra pouffa.
: C'est comme ça que tu me vois? :
: Toi tu es une exception. Tu arrives à être féminine tout en étant considérée comme un homme par tes collègues. C'est un talent assez rare! :
: C'est parce que je me comporte comme un homme. Littéralement. Du coup, malgré les coiffures mignonnes et les seins, ils ne réalisent pas que je suis vraiment une femme.:

Ce fut au tour du Compagnon de pouffer.

Malgré tout, Méra était contente de travailler pour Wylan. Plutôt lui que le Sénéchal. Elle détestait siéger, elle détestait s'occuper de paperasses. Elle aurait accepté d'enseigner, à la limite, mais le Doyen n'avait pas requis ses services. Or tant qu'elle n'était pas redéployée, elle était à la disposition de qui avait besoin d'elle.

Elle arriva enfin à la porte sud et se présenta au poste de garde.

«Je suis là pour...»
: Justina Alera.:
: Merci ma belle.:

«Pour Justina Alera. On m'a dit qu'elle attendait mon arrivée.»
«Tout juste, Dame Héraut, Méra. Elle est dans la salle commune, là en bas. Je l'envoie chercher, ou vous descendez la voir?»
«Je vais descendre. Auriez-vous une pièce où nous pourrions discuter toutes les deux en paix?»
«Je pense que vous pouvez utiliser le bureau du chef. Il donne sur la pièce. La porte blanche. Mais il n'y a personne qui devrait venir avant au moins une marque.»
«Merci, soldat. Je vous laisse Shirryl. Si vous pouviez lui montrer où se trouve l'écurie.»

Méra récupéra sa sacoche de selle avant d'entrer dans le bâtiment. Elle descendit les escaliers d'un pas rapide et sauta les trois dernières marches. Elle ouvrit la porte de la salle commune avec énergie et entra. La pièce, agréablement chauffée par un poêle, comportait deux longues tables flanquées de bancs et ce qui devait être un vaisselier. Une femme était assise et semblait l'attendre.

: Raté! Elle est même plutôt jolie! :
: Oui, mais elle n'a pas l'air commode.:
: Ok, je t'accorde un bon point sur trois.:


«Bonjour à vous, ma Dame! Je me nomme Méra et je serai votre guide pour la journée... ou disons que les deux journées à venir!»

12
Ailes des Hérauts / Hérauts on Ice (Intro)
« le: 24 décembre 2016, 10:34:08 »
1er jour de la 1re décade d'Hiver 1485 — Chambre de Mina

«Allez, debout là-dedans! La rivière est assez gelée pour que la Foire se tienne dessus, c'est donc le moment idéal pour aller faire du patin tranquille. D'ici quelques jours, la rivière sera envahie par les échoppes et les badauds, et ce sera beaucoup moins marrant!»

Méra était entrée sans même frapper dans la chambre de son ancienne pupille et se dirigeait maintenant vers la fenêtre. Elle ouvrit les rideaux d'un coup sec. Cela ne changea pas grand-chose, le soleil n'était pas encore levé, à peine distinguait-on une lueur rosée au loin.

La tonitruante Héraut était habillée de vieux vêtements d'entraînements et portait sur le bras une vieille cape d'équitation qui paraissait très chaude. Elle avait rassemblé ses cheveux en deux nattes qui se balançaient joyeusement dans son dos. Elle parlait d'une voix enjouée et semblait parfaitement ravie d'être là.

«Je suis sûre que tu ne sais pas faire de patin non plus. Je pourrai donc y remédier, c'est mon devoir en tant que mentor. Tu verras, ce soir tu patineras aussi bien que les autres Hérauts et tu pourras prendre part à la course qui se tient pour l'ouverture de la Foire avec moi!»

Méra vint s'assoir par terre au milieu de la pièce le temps que la boutefeu émerge.

«On va passer à la cuisine pour manger un petit quelque chose et se prendre un pique-nique. Tu verras, ça va être génial!»

La veille au soir, lors du repas, Méra avait annoncé son intention d'aller faire du patin aujourd'hui, et elle avait cherché des volontaires. Parmi les borborygmes peu enthousiastes que sa proposition avait suscités, il lui avait semblé entendre (mais peut-être l'avait-elle imaginé) la voix intéressée de Mina. Elle avait donc pris cela pour un oui (cela l'arrangeait bien en vérité), ce qui expliquait sa présence en cette heure matinale dans la chambre de la jeune femme.

13
Cuisines et réfectoire / Maçons du cœur
« le: 20 novembre 2016, 21:48:32 »
6e décade d'automne 1484, milieu de l'après-midi - Réfectoire

« Rhaaaaa... mais merde ! »

Méra se retint difficilement d'envoyer la maison de poupées valser contre le mur. C'était la troisième fois que le pan gauche s'écroulait, entraînant le toit dans sa chute. Pourquoi avait-elle accepté de la réparer ? Elle n'avait pas la patience (ni les connaissances) nécessaire pour cela.

Devant la petite fille aux yeux brillant d'espoir, elle n'avait pas osé avouer qu'elle n'avait aucune idée de la manière dont on pouvait réparer une maison de poupée, et elle n'avait pas eu le cœur de briser les illusions de la petite sur les Hérauts. À ses yeux, ils étaient capables de tout faire, de se battre comme des loups, de danser comme des princes, de bricoler comme des ingénieurs. Or si Méra excellait au combat et était raisonnablement douée en danse, elle ne savait rien faire de ses dix doigts.

Quelques personnes s'étaient retournées en entendant son cri d'humeur. Elle s'était en effet installée dans la salle commune des Collegias, qui servait de réfectoire à l'heure des repas. C'était le seul endroit où elle avait la place nécessaire à manipuler la maison miniature. Elle eut un petit geste d'excuse pour ceux qu'elle avait dérangés. Elle entendit Kevin, un Barde, ricaner avant de reprendre sa conversation. Elle soupçonnait qu'une nouvelle ritournelle moqueuse verrait bientôt le jour, avec elle-même pour héroïne.

Méra poussa un énorme soupir en levant les yeux au ciel. Elle était énervée. Elle en avait marre. Elle était à deux doigts d'abandonner. Sauf qu'elle ne pouvait pas. Elle n'allait pas être vaincue par une stupide maison de poupées !

« Où sont les élèves ingénieurs quand on a besoin d'eux ? »

Elle tenta encore une fois de redresser la paroi gauche, s'abstenant cette fois de placer le toit directement. Les chevilles en bois s'emboîtaient parfaitement. Alors pourquoi cela refusait-il de tenir? Peut-être fallait-il coller le bois? Ou le clouer? Changer les chevilles?

« Mouais... si je tente de clouer ça, je risque de fendre le bois... »

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