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[Beltran/Irmingarde] Le feu aux poudres

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Héraut Irmingarde:
Début de la 8ème décade de Printemps

Le matin même, Irmingarde avait reçu un curieux paquet. Elle l'avait ouvert et y avait découvert avec ravissement une arbalète, pour elle, cadeau de Beltran. Elle avait du se retenir de sauter de joie en prenant l'arme en main. Comme pour son épée, elle pouvait voir qu'il avait passé du temps à la choisir, pour elle.
Avant même d'aller le remercier - de toute façon la journée il était débordé par son travail - elle était allée la tester dès qu'elle avait pu, en milieu d'après-midi, et elle s'était alors rendu compte à quel point elle s'était trompé en pensant que l'arbalète qu'elle empruntait au râtelier lui convenait. Celle-ci était légère, maniable, et d'une précision redoutable!

En fait, à tester son nouveau jouet, elle avait carrément oublié l'heure, et celle du repas était passée quand elle l'avait réalisé. Elle grignota des fruits qu'elle avait emporté dans son sac - qui contenait aussi ses vêtements pour la nuit et pour demain - puis se rendit chez Beltran. A cette heure là, Liane devait être couchée normalement, et elle devrai le trouver seul.
Ce n'est qu'une fois devant sa porte qu'elle se rendit compte qu'elle n'était - encore! - pas vraiment présentable. Ce n'était pas aussi important que le jour de sa rencontre avec Alem, mais son uniforme était loin d'être propre et elle avait de la boue sur sa joue.
Elle toqua quelques coups et attendit qu'il vienne lui ouvrir. Il lui avait dit qu'elle était ici chez elle, mais elle ne se permettait pas de débouler n'importe quand sans s'annoncer, elle débarquait déjà n'importe comment...

Beltran:
L'air fatigué, Beltran se leva de son bureau. Il détestait le côté administratif de son travail mais après des heures en réunion avec ses tacticiens et autres généraux, quelques temps à l'entrainement et des rencontres avec certains nobles, il avait malheureusement plusieurs papiers à lire, à rédiger, à envoyer et parfois même à détruire. Il venait de s'assommer littéralement avec le compte-rendu des pertes matérielles dues aux dernières attaques quand on frappa. Il était presque certain de savoir qui c'était. Il n'avait pas entendu le pas, généralement lourd, d'un soldat et à cette heure-ci, il avait une chance que sa jeune compagne ait décidé de le rejoindre. Il soupira. Pas qu'il était mécontent de la voir, au contraire, mais une visite d'Irmingarde voulait aussi dire une nuit quasi blanche et un effort nerveux considérable pour ne pas lui montrer qu'il rêvait de lui sauter dessus. Les paroles de Wylan lui tournaient d'ailleurs dans la tête à chaque fois qu'il voyait la jeune femme... mais comme son cousin l'avait prévu, jusque là le Capitaine s'était contenté de chastes caresses sans stresser la demoiselle.

Beltran alla donc ouvrir. C'était bien Irmingarde, peu apprêtée pour une fois. Il la trouva encore plus désirable au naturel. C'était de cette fille indépendante et qui se bougeait dont il était amoureux après tout. Il lui sourit largement:

"Entre donc. Je finis un document et je suis entièrement à toi. Fais comme chez toi, tu sais où tout est."

Il la fit entrer et au passage lui vola une bise retentissante - espérant bien sûr qu'elle le change en baiser. Langoureux de préférence.

Héraut Irmingarde:
Beltran vint rapidement lui ouvrir, l'air fatigué. Un coup d'oeil lui permit de voir derrière lui une montagne de papiers sur son bureau qui était certainement la raison des traits tirés du Capitaine.
Elle lui rendit son sourire bien volontiers, elle était de très bonne humeur, et grâce à lui. S'entraîner avec son arme avait libéré en elle pas mal d'endorphine.
Elle pénétra dans son bureau en plaisantant, haussant un sourcil mutin:

"Tout à moi? Intéressant..."

Il y avait un sous-entendu assez limpide dans sa remarque, même si elle n'arriva pas tout de suite à se décider s'il était voulu ou non. Puis, puisqu'elle ne revint pas sur ses mots, elle en conclu qu'elle savait parfaitement ce qu'elle insinuait. Pas une promesse, bien sûr, mais un pas en avant. Si il y avait une chose qu'elle avait bien comprit en parlant à Thalyana, c'est qu'il fallait qu'elle se mette de temps en temps un coup de pied aux fesses si elle voulait avancer. Parce que si elle continuait le surplace, elle perdrait Beltran. Et elle entrerai en combustion spontanée, aussi.

Il commença par lui faire une chaste bise en guise de bonjour, qui la laissa songeuse, les sourcils froncés. Il l'avait prise pour une simple amie ou quoi?
De sa main libre, l'autre tenait son arbalète et supportait le poids de son sac, elle l'attrapa par la manche pour s'attirer vers lui - étant donné son poids et sa force, elle ne pouvait pas tellement espérer l'attirer à elle - et posa ses lèvres sur les siennes. Sa main lâcha son bras pour remonter contre sa joue.
Et c'était reparti! Cet incendie intérieur qui la dévorait des pieds à la tête. Qui lui faisait complètement perdre la notion du temps, des choses, de ses gestes! Elle finit par lâcher son sac qui chût sur le sol dans un bruit sourd, fit passer son arbalète derrière son épaule, puis sa seconde main enfin libre se perdit dans ses cheveux, tandis qu'elle se collait contre lui et approfondissait le baiser d'elle-même.
Avant de perdre définitivement le contrôle des évènements, elle se détacha de lui, à bout de souffle, comme à chaque fois, et lui sourit plus timidement, comme gênée de son audace:

"Bonsoir... Et merci, pour le cadeau."

Elle toucha l'extrémité de son arbalète pour illustrer sa phrase.

"Je... vais poser mon sac, le temps que tu finisses."

Elle ramassa son baluchon, ne lui laissant pas vraiment le temps de lui répondre, et traversa les pièces de l'appartement de Beltran pour le poser à côté du lit où trônait fièrement son oreiller. L'existence de celui-ci la touchait - il pensait à elle - et la terrifiait en même temps. Beltran prenait très au sérieux qu'elle soit entrée dans sa vie.
De la main, elle lissa la couverture qui n'en avait pas vraiment besoin, le Capitaine faisant son lit parfaitement, à la militaire. Elle le soupçonnait de ne pas vraiment dormir quand elle partageait son lit, trop tendu par sa présence. Elle s'endormait vite, et jamais elle n'avait entendu un souffle régulier prouvant qu'il sombrait dans le sommeil avant elle. Est-ce que sa pudibonderie le torturait?

Elle reparti en soupirant vers son bureau et croisa son reflet dans un miroir. Sa mise la fit sourire et elle s'excusa en rejoignant Beltran:

"Je ne suis pas très présentable désolée, j'ai perdu la notion du temps à cause de ton cadeau."

Elle se rendit compte qu'elle avait gardé dans son dos l'arbalète et la fit passer dans ses mains.

"D'ailleurs, tu es beaucoup trop généreux, qu'est-ce que j'ai à t'offrir en retour?"

Cette question l'avait pas mal secoué à vrai dire. Elle aurait voulu lui rendre la pareille mais d'une, n'en avait pas les moyens, de deux, n'avait aucune idée. Qu'offrir à quelqu'un qui possède tout ce dont il a besoin?
Distraitement, elle frotta la trace de boue tenace qui ornait sa joue pour l'enlever.

Beltran:
Non, elle ne pensait pas ce qu'elle venait de dire, se rassura Beltran. Elle ne jouait pas avec ses nerfs. Non. Pourtant le ton avait été clair et avec toute autre femme qu'Irmingarde, Beltran aurait interprété ses premiers mots d'une toute autre manière - une invitation, une promesse. Là, il ne devait le prendre que pour un trait d'humour et ravaler toute envie de se précipiter sur sa dulcinée pour un long et langoureux baiser qui approuveraient le terme "intéressant" de la conversation. Elle avait eu ce visage mutin et auréolé d'humour qui aurait pu le prendre en défaut, mais il la connaissait assez pour ne pas supputer qu'elle ignorait l'effet qu'elle produisait avec de simples mots. La vie était très dure. Alors, tendu, il se força à lui faire une simple bise légère et tendre et à ne pas saisir une perche qu'il ne pensait pas voir réellement.

Mais Irmingarde fronça les sourcils. Beltran réprima un frisson. Il était déjà allé trop loin?! Dieux que cette femme était compliquée! Mais soudain, la petite main saisit sa manche et il suivit le mouvement instinctivement pour retrouver une Mina collée contre lui qui l'embrassait à pleine bouche. Le cerveau du blondinet s'éteignit avec un "clac" probablement audible jusque dans le couloir. Il la laissa se débarrasser des poids morts et la serra contre lui, les deux mains fermement plantées sur ses hanches pour lui rendre avec passion le baiser qu'elle accentuait avec une pression des mains et de la bouche. Une seconde, le coeur de Beltran sembla exploser. Il était parfaitement heureux. Irmingarde l'embrassait volontairement et elle ne cachait pas que ce n'était pas un baiser amical. Ou alors il avait vraiment perdu la pratique et la théorie amoureuse.

Irmingarde rompit le baiser et s'écarta pour le saluer et le remercier. Beltran eut un sourire un peu niais et répondit, butant sur le premier mot:

"B.. Bonsoir. Je te l'avais promis. Elle te va?"

Une seconde plus tard, l'apprentie Héraut avait disparu dans la chambre, laissant le Capitaine seul avec le souvenir d'un baiser passionné. Il ne bougea pas pendant un long moment et il était toujours au même endroit quand son amie revint dans le bureau. Il hocha la tête, d'un air vague:

"Pas de problème. J'en déduis qu'elle te convient?" Puis il secoua la tête: "Tu viens de me donner la plus belle des récompenses... Et je te l'offre parce que je veux te l'offrir, pas pour avoir quelque chose en échange." précisa-t-il, inquiet qu'elle se méprenne sur ses intentions.

N'empêche, un petit bout de femme avec une arbalète pointée sur lui, même non chargée, dans son bureau, voilà encore une situation qui pouvait porter à confusion.

"Tu veux que j'aille la ranger sur le ratelier avec les autres armes?" proposa-t-il alors. Il ajouta: "Liane est partie voir Riannon pour passer la soirée avec elle, je n'aurais qu'à aller lui faire le bisou de la nuit quand elle rentrera et nous serons définitivement tranquilles pour la soirée. Je n'ai pas encore demandé à dîner, veux-tu quelque chose en particulier?"

Héraut Irmingarde:
Mina eut envie de rire quand elle vit l'expression perplexe s'afficher sur le visage de Beltran alors qu'elle plaisantait sur sa disponibilité. Elle, elle était prête à aller de l'avant, mais visiblement, lui n'était pas totalement prêt à le comprendre. Le drame, entre eux, c'est que Beltran avait parfaitement comprit que son amie prenait tout au premier degré, et, très terre-à-terre et respectueux, il le prenait en compte à chaque fois, comme un acquis. Mais la séduction, en tout cas la forme de séduction à laquelle s'essayait Irmingarde, nécessitait le second degré, un second degré qu'elle ne savait quasi pas manier, et que le Capitaine n'identifiait pas comme tel.
Définitivement, il était temps qu'elle prenne les choses en main - sans mauvais jeu de mot.
Le baiser était de toute évidence un bon levier pour ça, plus efficace que les mots. Du moins, c'est ce que la jeune femme en conclut, à en juger par le sérieux qu'il mettait à y répondre, ses mains posées sur ses hanches comme pour la rapprocher encore plus de lui, même si, collés comme ils l'étaient, c'était impossible. Mais c'était agréable, terriblement agréable. Électrifiant. Brûlant.
Elle y mit fin de son propre chef, profitant d'avoir encore les idées à peu près en place, et alla déposer son sac, laissant Beltran pétrifié là où elle l'avait laissé, et sans répondre à sa question, déjà trop loin pour l'entendre.
Quand elle revint, il n'avait pas bougé d'un centimètre. Elle aimait décidément beaucoup ce pouvoir qu'elle avait sur lui. Beaucoup.

Quand il lui demande si son cadeau lui convenait, Mina fit passer sa main lentement sur son arbalète pour en apprécier tous les détails et soupira:

"Tu déduis bien, c'est assez vertigineux de s'entraîner avec ça, tu n'imagines même pas..."

Bon, en fait si, Beltran était quand même un peu beaucoup le Capitaine de la Garde, donc oui, il savait ce que ça faisait de se servir d'une arme parfaitement calibrée pour soi. Mais c'était une expression.
Mina secoua la tête quand il lui parla de sa récompense:

"Un bon repas contre tes bras, une arme contre un baiser... J'espère qu'il n'y a qu'avec moi que tu es aussi généreux contre ce genre de... cadeaux."

Elle conclut sa remarque par un sourire amusé, ne voulant pas qu'il pense qu'elle pouvait l'imaginer inconstant, infidèle. C'était tellement improbable. Le jour où Beltran manquerait à son honneur serait celui où Fleur de Trevale saurait garder un secret.

"Une épée, une arbalète... Beltran, tu as envie de faire de moi une femme dangereuse..."

:Il a surtout envie de faire de toi une femme tout court!:
:Mais! Ezarell je... sort de ma tête toi!:

Elle leva les yeux au plafond, choquée par la remarque de son Compagnon, et un peu amusée. Elle s'expliqua:

"Désolée, c'est juste qu'il y a dans mon crâne un cheval vraiment très grossier!"

Sur cette remarque, elle ferma provisoirement son esprit d'Ezarell, mais pas suffisamment vite pour ne pas l'entendre rire, preuve qu'elle ne prenait pas mal le fait de se faire traiter de vulgaire canasson mal élevé.

Mina tendit son arme à Beltran afin qu'il la range, essayant de l'imaginer en papa tendre souhaitant bonne nuit à sa fille. A fuir toute confrontation directe avec Liane et lui, elle ne le voyait presque pas se comporter en père.

"Merci, mais j'ai un peu mangé après mon entraînement, je piquerai dans ton assiette si c'est trop tentant. Mais fini ton travail d'abord, je ne veux pas t'en empêcher."

Avisant un fauteuil, elle s'y installa confortablement et ferma les yeux. En fouillant dans la bibliothèque, elle était tombée sur un livre traitant de la méditation et de la relaxation. Elle s'essayait depuis à quelques exercices destinés à l’apaiser, comme lui avait conseillé Thalyana. Concentrée sur sa respiration et les battements de son coeur, elle occulta le monde qui l'entourait pendant que le Capitaine vaquait sûrement à ses dernières occupations professionnelles de la journée.

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