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Faute de grives...

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Héraut Alemdar:
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Alem aimait son "nouveau" pouvoir. La kinèse, c'était fun. Le problème c'était que comme souvent, dés l'instant ou il avait découvert ce pouvoir qu'il maniait instinctivement, sa maîtrise instinctive s'était pété la gueule. C'était précisément pour ce genre de raison qu'un compagnon n'était pas supposé cacher ses dons à son élu... Mais bons. Depuis sept dizaines, aidé par les profs de don du Collegium, il avait peu à peu réussi à en retrouver la maîtrise. Enfin presque. Parce que s’il maîtrisait désormais très bien son don a l'entraînement, il n'avait jamais eu à le tester en situation réelle, ce qui le chagrinait beaucoup. Alem n'avait pas fait la guerre. Mais à la tête de la garde de Pétra, il avait déjoué plusieurs tentatives d'assassinat, et il avait participé à quelques chasses aux bandits. Et il avait personnellement expérimenté la différence flagrante entre entraînement et réalité. Et la grosse différence que ça faisait sur vos capacités guerrières.

Mais l'occasion ne se présentait pas d'aller taquiner du bandit. Pas pour le moment. Ça chatouillait quand même pas mal le héraut du roi. Son poste était certes très... administratif, mais il se devait aussi de servir de garde du corps aux régnants. Et ça...

Pour le moment, il ne pouvait que s'entraîner. Si ça durait trop, il finirait par s’incruster dans une chasse aux brigands. Mais pas maintenant. Pour le moment, l'entraînement suffirait.

Il descendit à la salle d'arme pour avoir le plaisir de découvrir Jar en train de corriger deux prétentieux hérauts de dernière année. Deux prétentieux s'étant probablement dit que tout irait bien, ils seraient forcement capables, à deux de gérer le maître d'armes... erreur de bleu. Et finalement très commune dans toutes les salles d'armes du monde. Jar était donc occupé à les écraser pour leur faire rentrer dans le crâne que leur uniforme ou leur monture ne faisaient pas d'eux des surhommes et qu'un guerrier expérimenté n'était jamais à négliger.

Alem ricana au spectacle piteux des deux adolescents, apparemment encore optimistes sur leurs chances de vaincre le Maître. Il se glissa à côté de la seconde de Jar et ironisa sur les combattants.

"C'est mignon, tant d'optimisme... "

La classe des dernières années était réunie dans la salle pour profiter visuellement à la leçon de leurs camarades. Peut-être que Mera accepterait dans ces conditions...

"Mera? J'ai rendez-vous avec De Villiers dans deux heures, je peux pas tellement décaler mon entraînement. Tu accepterais de faire quelques passes d'armes avec moi?"

Héraut Méra:
«Ils n'imaginent que parce qu'ils ont fini leur apprentissage obligatoire, ils sont donc aussi doués que Jarhindel ou moi. Sérieusement, regarde-les... 'Rhindel pourrait les battre avec une main dans le dos.»Et elle aussi. «Le grand, je lui ai mis une raclée il y a une dizaine. Armée uniquement de mon stylet d'entraînement.»

Ce crétin l'avait sous-estimée. Parce qu'elle était une femme. Parce qu'elle était souriante et vive. Parce qu'avec ses jolis cheveux soigneusement coiffés, elle n'avait pas l'apparence qu'on attendait pour une combattante aguerrie. Il avait payé chèrement sa leçon. Elle l'avait croisé le lendemain, et il se traînait péniblement. Naïvement, elle avait pensé que l'épisode lui servirait de leçon...

Puis Alemdar lui demanda de remplacer Jarhindel pour une séance d'entraînement. Elle le fixa, un large sourire sur les lèvres.

«Tu sais que je suis censée aider notre honoré maître d'armes à donner son cours?» Elle jeta un regard amusé aux élèves. «Bon, en même temps, je pense que ça va durer encore un moment, vu que 'Rhindel s'amuse à les faire tourner en bourrique.»

Elle jaugea l'Attitré du regard. Elle ne devait pas prendre le risque de le sous-estimer. Il avait été un des meilleurs guerriers de son pays, et même s'il s'était un peu ramolli depuis son Élection, il restait un combattant d'exception. Méra, elle, pouvait tout juste prétendre au titre de femme d'armes la plus polyvalente du pays. Elle savait que ce n'était pas tant pour ses qualités de combattante que pour sa maîtrise d'armes très diverses qu'Alemdar avait pensé à elle comme seconde. Certes, elle était très bonne. Dans ses bons jours, elle parvenait même à tenir tête à Jarhindel. Mais elle était clairement désavantagée par sa morphologie. Elle était à la fois trop grande et trop mince. Plus petite, elle aurait pu jouer sur l'allonge. Plus lourde, elle aurait pu concurrencer les hommes sur la force. Alors elle avait opté pour une troisième voie et elle avait appris autant de techniques de combat que possible. Et Wylan lui avait appris à se battre salement. Il lui avait montré les pires coups bas, les techniques les plus viles. Méra s'était demandé à l'époque d'où le Héraut tenait un tel savoir. Car elle était à peu près certaine que ce n'était pas au Collegium qu'il avait appris cela.

Contre Alemdar, il lui faudrait cependant utiliser sa meilleure arme, la rapière. C'était une bonne occasion de l'utiliser. Elle restait au fourreau depuis trop longtemps. Méra préférait ne pas l'employer avec les manches qui lui servaient d'élèves. Ils auraient risqué de s'y blesser seuls.

«Attends-moi là, je vais chercher mon arme.»

D'un pas nonchalant elle se rendit dans les appartements de Jarhindel, qui étaient attenant à la salle d'armes, et revint avec un baudrier lesté de trois armes: à gauche, dans un fourreau ouvragé, une fine et élégante rapière, à droite, une longue dague dans une gaine râpée et dans le dos un stylet au manche usé, dans un étui plus simple. Elle finissait de le boucler autour de sa taille quand elle arriva à la hauteur d'Alemdar.

«On parle bien d'un entraînement à armes réelles, non? Ne t'inquiète pas, je vais mettre un bouchon sur la pointe de ma rapière. Sinon tu seras plein de petits trous partout.»

En effet, la rapière s'utilisait presque exclusivement en estoc. Sa lame fine et souple n'était pas conçue pour frapper de taille.

«Tu as besoin d'une tenue de protection?» demanda-t-elle, en enfilant ses gants de cuir.

Héraut Alemdar:
Le héraut du roi grimaça. Deux fois que ce jeune fou faisait le coup? Une fois c'était assez classique. Mais deux? Ca pointait un défaut de caractère. Impulsivité, probablement, ou, puisque sa première rouste lui avait été donné par Mera, qui n'étant qu'une femme, ne "comptait pas vraiment", une forme de sexisme plus ou moins tordue. Il faudrait en tenir compte. Il insérerait une note dans le dossier du jeune homme.

Tout de même amusé par le spectacle, Alem gloussa et s'adressa mentalement à Mera pour que les élèves ne l'entendent pas:

Ne le répète pas aux gamins, mais Jar et moi avons fait le coup un beau paquet de fois à notre maitre d'arme. Le pauvre homme, politiquement, n'osait pas nous rosser comme on le méritait. Me rosser surtout. Même avec les meilleurs raisons du monde, on n’humilie pas le fils du Roi à Petras. Du coup, on en profitait a mort. Mais au bout de quelques semaines Papa en a entendu parler. Il est venu avec touuuuute la cours assister au cours. Et il a encouragé le Maitre à nous éclater. On a finis bleus des pieds à la tête, sous une bonne couche de boue, de crasse et de sueur. Pire humiliation de ma vie!

Le ton guilleret d'Alem était en contradiction avec ses paroles, mais en fait, suite à cela, il avait calmé sa mégalo, ce qui lui avait permis de faire des progrès immenses en escrime. Et il adorait cette discipline. Pis franchement, avec le recul, ça devait avoir été super drôle.

Il se retint de faire remarquer que le cours était supposément finit. Généralement, Alem n'allait pas voir Jar quand il avait cours. Il n'avait pas le temps de faire des allers-retours inutiles jusqu'à la salle d'arme.

"On enseigne pas ce genre de leçons en comptant les minutes, c'est sûr."

Mera accepta cependant le duel et alla chercher ses armes. Alem grimaça en la voyant revenir avec une rapière. C'est vrai que c'était son arme de prédilection... A regret, Alem déboucla son propre baudrier. Son épée batarde, prévue pour la taille, n'était pas adaptée face à une telle lame. Pas en entrainement. Il ne faudrait pas abimer l'arme de sa collègue. En combat réel, il n'aurait pas hésité une seconde, en essayant bien sûr de bousiller la fine lame de son adversaire. Mais ce n'était pas le cas ici. Il se dirigea vers les râteliers pour sélectionner une lame et attraper un bouchon dans le bac prévu à cet effet. Il en lança un second à Mera:

"J'ai un peu négligé l'usage de la rapière, ces derniers temps..." soupira-t-il "Ca me fera pas de mal."

La jeune femme s'enquis de son équipement de protections. Le héraut tapota son thorax pour souligner la présence, en dessous de sa vielle tunique blanche, d'un justaucorps de cuir bouillis. Il enleva d'ailleurs cette surcouche servant essentiellement à signaler sa disponibilité à quiconque le croisait entre son bureau de la salle d'arme. Il la lança sur un banc et se mit en garde.

Héraut Méra:
: J'aurais adoré être là. Voir le grand Alemdar se faire ridiculiser. Oui, définitivement, j'aurais payé cher pour voir ça.: Elle pointa du menton le grand dadais à qui Jarhindel donnait la correction de sa vie. : Certains sont moins prompts à apprendre leurs leçons. Ce petit crétin vient d'une famille de petits nobles du fin fond de la région de Kleimar. Il a été outré que ce soit une femme qui lui donne des cours d'escrime. Enseigner l'histoire ou l'étiquette, c'est tout à fait adéquat pour une femme, mais l'escrime? : Elle soupira. :J'ai beau savoir intellectuellement que cela existe, je suis à chaque fois surprise de croiser des jeunes aussi rétrogrades. J'ai toujours cru que les jeunes étaient plus progressifs que leurs aînés. Mais non, la plupart se contente de suivre très exactement le chemin tracé par leurs ancêtres.: Elle eut un sourire aimable pour l'Atittré. :Heureusement, d'autres s'efforcent de s'adapter aux mœurs progressives de Haven.:

Méra réalisa soudain que la cloche avait dû sonner la fin de la leçon, mais que personne ne l'avait entendue. Ou que personne n'avait osé le signaler. Heureusement, la plupart des étudiants de ce groupe avaient une période de libre après ce cours. Mais pas Kendrik et Stefan, qui devaient normalement rejoindre la classe de Aénor, pour des cours de diplomatie avancée. Ce serait donc double peine pour ces andouilles, bleus de la part du maître d'armes et réprimandes de la très sévère Aénor.

«Jarhindel a dû oublier que tu venais. Sinon il ne se serait jamais lancé dans une telle "leçon".»

Ou alors il n'avait pas su résister à la tentation. Cela faisait trop longtemps que ces deux idiots emmerdaient royalement le maître d'armes et sa seconde. Être Élu n'avait jamais empêché personne d'être un sale petit con.

Méra accepta donc de servir partenaire à Alemdar et alla chercher ses armes. La tête qu'il tira quand elle revint avec sa rapière à la main valait tous les discours. La seconde eut un sourire d'excuse. Dans sa joie d'utiliser enfin son arme de prédilection, elle avait totalement oublié que cela obligerait Alemdar à utiliser autre chose que sa propre lame.

«Ah! Je suis désolée! Je peux prendre une épée courte si tu préfères. Mais prends-le comme un compliment, si je me sens obligé de sortir ma meilleure arme face à toi. La dernière fois, c'était contre 'Rhindel.»

Et encore avant, sur le front. Mais Méra utilisait relativement peu son arme fétiche. La rapière n'était absolument pas adaptée à du travail d'éclaireur. Ce n'était pas assez maniable et discret. Pour cela, elle préférait le stylet, voir les poignards.

Alemdar lui assura ensuite être correctement équipé pour l'entraînement — il se débarrassa d'ailleurs de la tunique qui masquait son justaucorps de cuir — et se mit en garde. Méra se mit en position à son tour, épée tendue en avant et main gauche, libre pour l'instant, derrière le dos, et salua l'adversaire d'un bref signe de tête.

Puis elle attendit. Après tout, elle était là pour permettre à Alemdar de s'entraîner, elle n'allait donc pas entamer les débats.

Héraut Alemdar:
Oui, Jar' l'avait manifestement complètement oublié. Mais bon. Ce n'était pas dramatique. Les seconds c'est aussi fait pour ça.

Il gloussa en entendant le joli compliment que lui faisait Mera.

"Je suis très flattée, ma chère. Mais je t'en pris, garde ton arme. Ca me fera pas de mal de pratiquer une escrime plus... euh... Le terme valdemaran m'échappe. Hum... ritualisée? Non, ce n’est pas ça, ça sonne trop figé. Moins bourrine?"

Arg. Ca lui était plus arrivé depuis un bail, ça. Le Valdemaran de l'Attitré était très bon, mais il lui arrivait de manquer de certains termes un peu techniques qu'il n'avait jamais eu l'occasion de pratiquer avant son arrivée à Haven. Généralement, il usait de périphrases, histoire de ne pas laisser remarquer à ses interlocuteurs les rares imprécisions de langages qui trahissaient son métissage. Histoire de ne pas souligner son origine étrangère. Mais face à Mera, cela n'avait pas d'importance.

Alem testa machinalement la souplesse de sa lame et se mit en garde. Il se concentra et tenta d'arracher l'épée de son adversaire d'un coup de kinèse (1D10: 6). Mais Mera n'était pas une bleu. Sa lame, elle la tenait fermement. Alem n'attendit cependant pas que son éventuelle surprise se dissipe pour assener une séries d'attaques se terminant par un coup d'estoc vers la poitrine de Mera. Il y avait peu de chance qu'elle ne l'arrête pas, mais bon. On était encore dans les débuts du duel.

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