Auteur Sujet: T'as de beaux yeux, le monstre  (Lu 12982 fois)

Dunwyd

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T'as de beaux yeux, le monstre
« le: 09 novembre 2016, 21:24:03 »
6ème décade d'automne 1484, 7ème jour - enquête "des yeux dans les ténèbres"

Les yeux qui brillaient dans la nuit de Haeven étaient sur toutes les lèvres, de toutes les conversations au Collegium. Et même aux Collegia. Au début, Dunwyd n'avait pas prêté grand crédit à cette rumeur : la possibilité qu'une créature malveillante se tapisse dans l'obscurité de son quartier résistait trop mal à son caractère pragmatique. Sans doute s'agissait-il d'une histoire d'ivrogne, qui avait pris pour autre chose une lanterne éloignée, ou n'importe quoi d'aussi normal. Un peu de brouillard, et le tour était joué. Et puis, il savait bien que certains bardes cherchaient tellement un sujet attirant pour leurs histoires, qu'ils pouvaient fort bien avoir exagéré un incident qui n'avait rien de très extraordinaire.

Cependant, au lieu de se taire, la rumeur n'avait fait qu'enfler, devenir de plus en plus inquiétante, jusqu'à ce que son père lui-même lui recommande la prudence lorsqu'il retournait à ses pénates après ses régulières visites au Griffon, alors que la nuit était déjà tombée. Dernièrement, Gwyon avait tenté de le persuader de rentrer plus tôt, ou de venir moins souvent, pour ne pas risquer de rencontrer « les yeux »… Dunwyd n'y croyait toujours pas trop, mais admettait qu'il devait y avoir quelque chose. Pas de fumée sans feu… et il devenait urgent d'étouffer les flammes avant que les habitants de Haeven ne suffoquent d'une terreur dont la cause restait invisible.

Aussi, quand il avait été question dans les Collegia de lancer une expédition pour tirer les choses au clair (ou à la bestiole, si elle en avait), l'apprenti mage s'était immédiatement porté volontaire. Ce soir, il se trouvait donc sur la placette désignée pour se retrouver, non loin de l'entrée de leurs lieux de savoir. Il n'y avait personne, et il se demandait s'il ne s'était pas trompé de jour… peut-être était-il un peu en avance, le crépuscule assombrissait à peine les toits. A moins qu'on n'ait voulu lui jouer une mauvaise blague en le tenant éveillé plus que de raison ? Il avait pourtant passé l'époque des bizutages, et depuis longtemps. Finalement, une petite silhouette apparut, et sembla se dirigea vers le lieu de rendez-vous déserté. Un autre courageux chasseur de monstre ?
« Modifié: 22 novembre 2016, 21:26:44 par Dunwyd »

Jeremahiam

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Re : T'as de beaux yeux, le monstre
« Réponse #1 le: 09 novembre 2016, 23:39:45 »
L'installation de Jeremahiam s 'était bien déroulé, et c'est dans un état d'euphorie douce que le jeune prince avait pris ses quartiers dans le Collegium des Non-Affiliés. Il avait beau avoir fait le beau devant son Attitré d'aîné, ça lui faisait tout drôle de se retrouver dans une petite chambre. Mais l'avenir qui s'ouvrait devant lui était bien plus stimulant que devoir rentrer à Petras vivre dans l'ombre de Raf.

Bien entendu, comme n'importe quel étudiant, il avait entendu parler de cette histoire de créature étrange qui effrayait tout le monde. Une expédition s'était organisée, moitié pour vraiment retrouver la bête, moitié pour se faire peur, et Jerem avait sauté sur l'occasion qui lui était donné de se faire des amis, et de visiter les ruelles de Haven. Il avait fait donc savoir qu'il était partant, et on lui avait communiqué une heure et un lieu de rendez-vous.

Plein d'entrain, il s'y rendit et réalisa en s'approchant qu'une seule autre personne était là à attendre, alors que lui-même accusait un léger retard.
Il entra dans la lumière de la place du rendez-vous et observa son co-équipier, un jeune homme plus âgé que lui qu'il ne connaissait pas du tout.

"Bonsoir! Nous sommes seuls? Les autres participants se sont dégonflés?"

Définitivement, personne d'autre ne se cachait dans les alentours. Il tendit la main à Dunwyd avec affabilité, et un peu de hauteur:

"Je suis Jeremahiam de Rethwellan. Et toi?"

Dunwyd

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Re : T'as de beaux yeux, le monstre
« Réponse #2 le: 11 novembre 2016, 15:39:30 »
Sans afficher la moindre impatience, Dunwyd avait regardé approcher l'autre jeune homme. Un gars, au moins, pas une bleuette qui s'enfuirait au premier miaulement venu. Restait à voir de quel bois son compagnon de recherches serait fait. Il esquissa un léger sourire de bienvenue, qui se figea de surprise lorsqu'il reconnut l'étudiant. Le seul autre à  avoir osé aller au bout de cette affaire, c'était le petit prince de Rethwellan, rien moins que cela ! Il finit par se reprendre, et par sourire plus franchement. Après tout, ils étaient entre étudiants, maintenant, pas un prince et un fils de tavernier.

« On dirait bien, ouais. J'pensais pas qu'il y en auraient autant qui préféreraient rester au chaud. Quelle bande de… mollassons. »
Il avait tout de même hésité, et jugé plus prudent de ne pas choquer les royales oreilles par un terme trop coloré. Puis, franchement amusé par la réaction pleine de dignité du jeune bleu, même s'il s'efforça de ne montrer que camaraderie envers un autre membre des Collegia, il serra la main tendue.
« Dunwyd, tout court. Apprenti mage. J'suis d'ici, à la base, donc je connais un peu les rues, on devrait pas trop se paumer. T'avais une idée de par où commencer ? Je me disais qu'on pourrait juste aller au hasard, du côté de chez les artisans. Vu qu'on n'est que deux, on va pas pouvoir faire des groupes par secteurs plus précis… et puis, si on croise du monde, on pourra toujours leur demander s'ils savent quelque chose. »
« Modifié: 11 novembre 2016, 15:44:52 par Dunwyd »

Jeremahiam

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Re : T'as de beaux yeux, le monstre
« Réponse #3 le: 11 novembre 2016, 18:49:56 »
Jerem avait l'habitude que les Valdemaran marquent un temps d'arrêt en le reconnaissant. A son arrivé ici, il n'était pas beaucoup sorti de ses appartements, possession magique oblige. Ensuite, incertain quant à son avenir, il s'était investi dans ses études, mais guère plus. Mais depuis que le Conseil avait accepté son statut, il sortait bien plus, ne serait-ce que pour explorer.

"Ah ça, pour parler, il y en a qui sont forts, mais pour l'action..."

Jerem n'aimait pas les beaux-parleurs, qui se révélaient souvent être des pleutres, comme le prouvait cette expédition. Pour lui, une parole engageait autant qu'une signature.

"D'accord Dunwyd-tout-court. Je suis heureux que tu connaisses bien les rues, j'ai hâte de découvrir les recoins cachés de Haven. J'avais très envie de tout visiter, mais je n'en ai pas eu le temps, donc je te suivrai où tu iras!"

Il avait les yeux brillants d'impatience, et sa réponse avait rendu ses manières moins hautaines. Jerem était orgueilleux parce qu'il était un Prince, et qu'il avait certaines habitudes, et une éducation qui allait avec, mais il n'avait pas du tout un mauvais fond. Solitaire par la force des choses mais pas par goût, ses rapports avec les autres étaient encore emprunts d'un manque d'habitude qui pouvait passer pour de la vanité.

Il fit un tour sur lui même pour embrasser du regard les ruelles adjacentes.

"Heureux de savoir que tu es un mage, on ne sait pas que quoi on va tomber après tout. Moi j'ai pris ça au cas où..."

Il lui montra un couteau glissé dans sa ceinture. 

Dunwyd

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Re : T'as de beaux yeux, le monstre
« Réponse #4 le: 13 novembre 2016, 21:24:00 »
D'un signe de tête accompagné d'une expression désabusée, Dunwyd exprima son accord sur le caractère fort en gueule, mais en rien d'autre, de nombre de leurs camarades. Le petit prince n'était pas si confit dans sa supériorité, finalement, et le jeune mage entendait bien faire son possible pour qu'ils s'entendent, malgré l'énormité de leur différence sociale.
« On verra peut-être une autre fois pour la visite touristique, ça risque d'être pas très pratique à faire en même temps que la chasse à la bêbête, et puis il fait trop noir pour qu'on voie bien. Mais ouais, j'dois pouvoir guider un peu. »

Au moins, il était motivé, le jeunot. Et prévoyant, en plus. Son aîné regretta de n'avoir pas eu semblable sagesse : il était là quasiment les mains dans les poches. Il fallait dire aussi, qu'il n'avait pas imaginé qu'ils ne se retrouveraient qu'à deux… Il approuva cependant.
« Bonne idée, ça. J'sais pas si j'pourrais faire grand chose en cas de vraiment grand danger, par contre. Mais bah, j'crois pas qu'il y ait tant de risques que ça. A mon avis, c'est surtout un gros écran de fumée qui cache pas grand chose. Enfin, raison de plus pour mettre fin à cette histoire, j'comprends pas que la garde ait fait chou blanc. »
Il haussa les épaules, parce qu'au final, ça n'avait pas grande importance. Et quelle fierté si eux parvenaient à trouver le fin mot de cette histoire ! Pressé de se mettre à l'action, lui aussi, il fit signe à Jeremahiam, et se mit en marche.

« On n'a qu'à commencer par aller jusque chez les bourreliers. J'connais bien, j'étais en apprentissage là-bas avant d'entrer au Collegium, »
confia-t-il très naturellement, avant de tenter de mettre en place un semblant de stratégie.
« A mon avis, on a intérêt à ouvrir l'œil. Enfin, j'vois pas trop ce qu'on pourrait faire de plus pour le moment. Si tu veux, j'regarde plutôt de ce côté, et toi, de celui-là, d'accord ? »
proposa-t-il en désignant d'abord sa gauche, puis sa droite. Chacun scrutant son bord de rue, ils avancèrent un moment en silence, Dunwyd menant la marche en direction de l'atelier de son ancien maître.

Conteur

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Re : T'as de beaux yeux, le monstre
« Réponse #5 le: 18 novembre 2016, 22:29:15 »
[Les rues sont étonnamment tranquilles. Les gens semblent se barricader chez eux (ce que vous n'avez pu confirmer que maintenant, car en vivant au Collegium, vous êtes finalement assez peu au courant de ce qui se passe en ville). Vous croisez une patrouille de la milice, plus grande que d'habitude, et équipée de lanternes, faisant un boucan de tous les diables. Vous rencontrez aussi quelques courageux, souvent des hommes rentrant du travail, qui vous demande ce que vous fichez encore dehors à cette heure-là, et qui ne vous laissent tranquilles qu'une fois satisfait par vos explications/mensonges.
Au fur et à mesure que vous vous approchez de l'atelier de l'ancien maître de Dunwyd, vous croisez de moins en moins de monde. Finalement, le silence et les ténèbres vous enveloppent quand vous arrivez. L'échoppe du bourrelier se trouve à l'endroit du point rouge (je ferai une jolie carte de la ville à l'occas, ça manque)]

« Modifié: 27 mars 2020, 22:04:13 par Conteur »

Jeremahiam

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Re : T'as de beaux yeux, le monstre
« Réponse #6 le: 25 novembre 2016, 22:05:22 »
Jerem n'avait rien à opposer à ce que proposa Dunwyd. Il était Valdemaran, et avait de surcroît grandit ici, il devenait donc de facto le meneur de leur petite expédition.
Ils avancèrent, et le jeune prince regardait comme prévu tout ce qui se trouvait à sa droite. Peu habitué à traquer quoique ce soit, il avait de la chance que les rues soient assez désertes, car en temps normal, il serait déjà rentré dans une bonne dizaine de passants.
Il était d'ailleurs surprenant que dans une ville si peuplée, il y ai si peu d'habitants dehors. Ils n'étaient plus dans les quartiers nobles ou la nuit tombant, l'activité était très réduite.
Il régnait une ambiance... de peur?  Jerem n'était pas forcément très porté à l'empathie, son sens de la terre le rendant bien plus sensible à ce qui n'était pas humain, mais même lui le sentait.
Un bruit tonitruant annonça une patrouille ridiculement grande et le jeune garçon lança un regard étonné à son acolyte d'un soir.

"C'est beaucoup de soldat, non?"

Quant aux hommes qui les questionnaient, Jerem laissa Dunwyd répondre, n'ayant aucune envie que son accent Rethwellan très prononcé ne leur porte préjudice.
Il préférait se concentrer pour que sa vision s'adapte à obscurité, une obscurité qui l'étonna.

"Haven est très bien éclairé en temps normal, il y a des soucis de... maintenonce?" murmura-t-il en écorchant le dernier mot de sa phrase.

Il cherchait un peu de frisson, et il avait l'impression qu'il allait en trouver.

Dunwyd

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Re : T'as de beaux yeux, le monstre
« Réponse #7 le: 28 novembre 2016, 21:28:08 »
Dunwyd observait, tout entier à son rôle d'apprenti enquêteur. Il n'avait pas réalisé à quel point cette histoire avait influé sur le comportement des habitants de Haven : si peu de passants, alors que le soir venait tout juste de tomber… Il confirma d'un hochement de tête l'impression de son camarade sur la patrouille, et attendit que les soldats soient passés pour commenter plus avant :
« On dirait qu'ils ont mis les moyens… honnêtement, je pensais pas que cette histoire était rendue si loin. A moins qu'il y ait autre chose ? Mais je crois pas, pourtant. On l'aurait su… »

Il comprit les réticences du jeune Rethwellanais à répondre aux questions qui leur étaient posées, et s'y plia de bonne grâce. De toute façon, c'était lui l'aîné des deux… Alors, il servit à tous la même fable : la sœur de l'un était prête à accoucher, et son compagnon, frère de l'autre, n'était pas encore rentré de son travail dans le quartier des bourreliers, alors, ils allaient le chercher pour le faire se hâter. Naturellement, ils avaient été les seuls à pouvoir s'en charger, leurs autres parents étaient restés assister la future mère… C'était un petit mensonge pour la bonne cause, et Dunwyd n'en concevait pas tellement de honte, d'autant que cela leur permit de continuer leur aventure du soir.

Le jeune mage connaissait bien ces rues-là, et continua à cheminer vers le but qu'il s'était fixé, totalement au hasard, il fallait bien l'avouer. Mais comme chacun sait, le hasard fait bien les choses, et il semblait bien qu'ils approchaient de quelque chose… de moins en moins de passants, de plus en plus d'obscurité. Dunwyd n'était pas franchement rassuré, mais il ne comptait pas le montrer, surtout face à son camarade moins âgé. Ce qui ne l'empêcha pas de lui répondre sur le même ton bas, comme si on risquait de les entendre :
« Je sais pas… y'a pas de raison. Pas d'habitude, en tout cas. Y'a vraiment quelque chose de pas normal ici… »

Bon, c'était pas très malin de n'avoir rien emmené pour s'éclairer. Peut-être pourraient-ils rattraper un peu l'affaire en toquant chez maître Lerek ? Au pire, ils lui poseraient quelques questions qui les mettraient peut-être sur une piste plus précise… à moins que l'homme ne soit plus ici, mais ce serait bien étonnant. L'ancien apprenti s'avança jusqu'à la porte de l'atelier, et prévint son camarade de ses intentions :
« C'est ici que j'apprenais. Je vais voir si le maître est là. Il aura peut-être quelques trucs à nous dire, et puis, ce serait pas mal si on pouvait lui emprunter une lanterne… D'habitude, il travaillait presque toujours après la tombée de la nuit. »
Pourtant, ce silence… Bah, ils allaient bientôt être fixés. L'apprenti mage toqua fortement à la porte, en s'annonçant à voix bien haute :
« Maître Lerek ? C'est Dunwyd ! Vous êtes là ? Il y a quelqu'un ? »
« Modifié: 28 novembre 2016, 21:30:09 par Dunwyd »

Jeremahiam

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Re : T'as de beaux yeux, le monstre
« Réponse #8 le: 02 décembre 2016, 16:30:50 »
Dunwyd troussa un mensonge très convainquant avec une efficacité et un naturel qui impressionna grandement Jerem. La surprise du Prince passa d'ailleurs certainement pour de la panique aux yeux des gens qui les interrogeait, ce qui était normal pour le jeune frère d'une femme sur le point d'accoucher.

Le jeune mage confirma que l'ambiance était pour le moins étrange, ce qui rassura Jerem sur ce qu'il ressentait.

"Si ce n'est qu'une rumeur, elle est efficace pour en arriver là. C'est même surprenant. Tu ne sens rien de... magique dans l'air? "

Autant de servir de ses atouts !
Ils arrivèrent à bon port, et quand Dunwyd évoqua leur besoin de lumière, Jerem trouva aussi stupide qu'aucun d'entre eux n'y ai pensé.
Un couteau, c'était bien, mais dans le noir, il ne saurait pas où viser!

Il attendit que l'ancien maître de son compagnon arrive, avec une impatience inquiète, se balançant d'un pied à l'autre. Il avait les mains moites, et un filet de transpiration coulait dans sa nuque.

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Re : T'as de beaux yeux, le monstre
« Réponse #9 le: 04 décembre 2016, 09:06:22 »
PNJ: Maître Lerec

La porte s'ouvrit brusquement sur un homme à l'air renfrogné.

«Qu'est-ce que tu fiches là? À cette heure? Quand on sait ce qui se passe ces jours!»

Il dévisagea son ancien apprenti d'un air sévère avant jeter un coup d'œil à celui qui l'accompagnait.

«Et c'est qui, celui-là?»

Grommelant, il leur fit signe de le suivre à l'intérieur. L'endroit sentait fortement le cuir, mais aussi l'huile un peu rance, la cire, et quelques odeurs impossibles à identifier pour qui n'était pas versé dans l'art de traiter le cuir.

Maître Lerec désigna deux petits tabourets et fit assoir les garçons, lui-même restant debout pour les toiser avec autorité.

«J'attends. C'est quoi cette idée de se promener en pleine nuit dans la rue?»
« Modifié: 27 mars 2020, 22:04:22 par Conteur »

Dunwyd

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Re : T'as de beaux yeux, le monstre
« Réponse #10 le: 05 décembre 2016, 20:59:50 »
Le jeune Rethwellanais fit appel à son sens de mage pour, peut-être, déceler quelque chose d'étrange, et il secoua d'abord la tête négativement.
« Là comme ça, rien… il faudrait que j'essaye de me concentrer plus, mais… j'ai pas trop confiance de faire ça directement, là, dans la rue… »
avoua-t-il après une hésitation. D'accord, Jerem veillerait, mais si quelque chose se mettait en tête de leur sauter dessus pendant qu'il focaliserait toute son attention sur les courants magiques ? Il n'était pas plus rassuré que son compère, finalement, même s'il le cachait peut-être mieux.

La porte s'ouvrit rapidement, à son grand soulagement. Le bourrelier n'avait pas l'air ravi, c'était le moins qu'on pouvait dire. Dunwyd prit son air de gentil garçon parfaitement innocent, et eut l'air de tomber des nues.
« Bonsoir, maître Lerek. Hein, mais qu'est-ce que vous voulez dire ? Qu'est-ce qui se passe ? »
Sur son visage succéda un soupçon d'inquiétude. Comme s'il venait vraiment de découvrir que quelque chose d'étrange se déroulait dans ces rues.
« C'est vrai que c'était drôlement calme, en venant, on s'est demandé s'il y avait quelque chose, mais… »
Il haussa les épaules en guise de conclusion.

« C'est un collègue Bleu, »
trancha-t-il rapidement à la question suivante, préférant ne pas donner le nom de l'autre, si jamais il préférait rester incognito… quoique, prince de Rethwellan, ça pourrait leur servir, aussi. Mais bah, ce n'était pas à lui de faire ce choix-là. Dans tous les cas, ils allaient bien se débrouiller pour trouver une histoire vraisemblable, même si celle de la sœur sur le point d'accoucher ne pourrait être resservie cette fois.

Il entra à la suite de l'homme, se retournant juste pour faire un clin d'œil rassurant à son compère, du style « ça va, je maîtrise la situation ». Ce qui n'était que partiellement vrai, mais peu importait. Il ne retint pas son sourire en retrouvant les odeurs qui lui avaient jadis été si familières, et s'assit docilement là où le bourrelier le décida. Il prit un air un peu ennuyé pour s'expliquer.
« On se promenait pas, maître Lerek, on venait en urgence chez vous… »
Il échangea un regard avec Jerem, et pas besoin de faire semblant cette fois, pour avoir l'air de deux complices qui n'avaient pas tout à fait la conscience tranquille. Rien de tel qu'un peu de vérité pour mieux faire passer un mensonge… Il inspira, hésitant apparemment, puis se décida.

« On a voulu faire une course, à cheval, tous les deux, et on en a empruntés aux écuries… Sauf que, je sais pas pourquoi, quand il a sellé le sien, »
continua Dunwyd en désignant son compagnon d'aventure d'un geste léger,
« la sangle s'est cassée… on a essayé de réparer avec ce qu'il y avait là-bas, mais on a rien trouvé qui tienne et puis… qui se voit pas trop. Donc je lui ai dit que ici, on trouverait tout ce qu'il faut, et que même, sûrement, on pourrait trouver un truc encore plus solide que ce qu'il y avait avant. »
Il conclut en échangeant un autre regard avec Jerem, en espérant que celui-ci ne ferait rien, volontairement ou non, qui puisse mettre à mal cette nouvelle explication.
« Modifié: 05 décembre 2016, 21:02:47 par Dunwyd »

Jeremahiam

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Re : T'as de beaux yeux, le monstre
« Réponse #11 le: 07 décembre 2016, 22:27:04 »
Jerem était partagé sur la réaction à adopter. Le prince en lui lui criait de se faire connaître comme tel, ainsi que son côté orgueilleux. Mais avoir été possédé le poussait de façon générale à plus de prudence avec les inconnus.
Il ne rajouta rien aux présentations de son compagnon, attendant de voir si sa véritable identité pouvait être utile plus tard, et suivit Dunwyd et son ancien maître dans la maison.
L'odeur lui fit plisser le nez et seule sa bonne éducation l'empêcha de lâcher un soupir dégoutté. Dieu que ça puait! Plutôt raidement, il s'assit sur le bord du tabouret.
Ah, Jerem pouvait avoir des envies d'aventures, pour le moment, il lui serait difficile d'essayer de se faire passer pour autre chose qu'un petit noble! Surtout quand la remarque bourrue du bourrelier lui donna envie de le remettre à sa place.

Il essaya de garder un air naturel en écoutant le mensonge qu'inventait Dunwyd, en espérant de celui-ci passe pour vrai aux oreilles de quelqu'un qui avait si bien connu l'apprenti mage. Avec application, en essayant de parler assez distinctement pour que son accent ne soit pas trop prononcé, il ajouta:

"Je ne sais pas comment j'ai fait pour le casser, je n'ai pas du faire attention..."

Il releva légèrement le menton et endossa pleinement son rôle de fils de riche:

"Nous aurions pu demander réparation en temps normal, mais cette course, elle était pas vraiment heu... autorisée."

Thalyana

Re : T'as de beaux yeux, le monstre
« Réponse #12 le: 11 décembre 2016, 11:52:29 »
PNJ: Maître Lerek

«Comment ça, qu'est-ce qui se passe? Vous n'êtes pas au courant? Tu ne vas pas me faire croire que vous n'en avez pas entendu parler au Palais!»

Lerek, comme la plupart des habitants de la ville, avait entendu parler de la mystérieuse créature, des attaques qui avaient eu lieu. Il avait senti le climat de panique s'installer petit à petit, surtout dans les quartiers où les incidents se seraient produits.

Les deux jeunes gens entrèrent et s'installèrent comme il l'avait demandé. Dunwyd ne donna pas le nom de son camarade, comme si celui-ci n'avait pas d'importance. Lerek ne put s'empêcher de le regarder d'un air soupçonneux. De qui ce jeune homme était-il le fils pour qu'on garde son identité secrète? Un noble très en vue sans doute.

L'histoire que lui offrit Dunwyd ne le convainquit pas, et il ne s'en cacha absolument pas.

«Au Collegium, alors qu'il y a un bâtiment entièrement destiné à la Sellerie, il n'y avait pas de quoi réparer? Han han...» Il eut l'air profondément dubitatif, mais se retint de faire un commentaire. Son ton en disait assez long.
 
«Et j'imagine que le but de cette chevauchée "pas vraiment autorisée" était une taverne mal famée dans les bas-quartiers?»

Maître Lerec avait lui aussi été jeune, et il avait fini quelques soirées dans des tripots mal famés.

«Et où est donc cette sangle que je dois réparer? Qu'avez-vous fait des chevaux?»

Dunwyd

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Re : T'as de beaux yeux, le monstre
« Réponse #13 le: 12 décembre 2016, 21:41:44 »
Dunwyd guettait les réactions de l'un et l'autre du coin de l'œil, en s'efforçant de se faire discret. Le Rethwellanais ne semblait pas très à l'aise, et il se demanda s'il devait regretter de l'avoir embarqué dans cette histoire. Lorsque Lerek renchérit qu'ils devaient forcément être au courant, il regarda de nouveau son camarade, l'air indécis.
« Ah, ben on est un peu loin de ce qu'y se passe dans la ville, au Collegium… mais c'est vrai qu'il y avait des histoires sur soit disant une bestiole bizarre qui se promènerait dans les rues, et qu'aurait fait peur à quelques-uns… m'enfin ça avait vraiment pas l'air très sérieux. C'est quand même pas ça, le problème ? T'as entendu autre chose, toi ? »
fit-il en s'adressant au bleu. Ça, c'était presque pas un mensonge… mais le suivant ne passa pas comme il l'avait espéré.

Son ancien maître connaissait mieux le Collegium qu'il ne l'aurait cru, mais il ne se démonta pas pour autant, gardant juste l'air embêté de celui qui a voulu faire quelque chose de pas trop permis, mais rien de vraiment méchant. Il haussa donc les épaules.
« Bah, vous savez ce que c'est… on a beau avoir plein de matériel, il manque toujours juste le truc qu'il nous faudrait. Y'avait pas de lanière pour remplacer celle qui a cassé. Et puis, on sait pas à qui 'faut demander quand il manque un truc, surtout qu'on nous aurait demandé pourquoi on voulait ça… »

Il baissa de nouveau le nez alors que le bourrelier enfonçait le clou en faisant des suppositions sur leur prétendue destination. Pourvu que ça lui suffise, comme réponse, et qu'ils aient l'air suffisamment coupables pour n'avoir aucune question plus précise ! Cependant, Lerek ne perdait pas le nord, et continuait de chercher la faille dans l'histoire présentée.
« On est venus à pied, la sangle s'est cassée avant qu'on soit partis, et on a préféré tout laisser là-bas… en fait, ce qu'il nous manque, c'est juste un bout à peu près de cette largeur, »
continua l'apprenti mage en écartant pouce et index pour montrer ce qu'il leur fallait soit-disant, puis faisant de même en écartant les deux mains,
« et long comme ça, en gros. C'est du cuir foncé, et puis épais, bien sûr. Enfin, de quoi sangler une selle, quoi. »
« Modifié: 12 décembre 2016, 21:45:18 par Dunwyd »

Jeremahiam

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Re : T'as de beaux yeux, le monstre
« Réponse #14 le: 20 décembre 2016, 15:22:15 »
Jerem acquiesça vaguement à la remarque de Dunwyd sur les bruits de couloirs des Collegia et ajouta précautionneusement:

"J'ai entendu que de plus en plus de gens prétendaient avoir vu... la créature."

L'histoire montée de toute pièce de l'apprenti Mage ne leurra pas vraiment son ancien maître qui ne cacha pas ses doutes. Mais heureusement, Dunwyd ne manquait pas de répondant, ni d'imagination et broda autour de son mensonge. Jerem prit un ton un peu graveleux et en rajouta une couche:

"Je crois qu'on devrait se spécialiser dans certaines choses si on veut éviter à devoir demander de l'aide à l'avenir."

L'imagination de Jerem allait de pair avec un bon talent d'acteur, mais chez lui, à Rethwellan. Composer un mensonge en Valdemaran c'était autre chose!

"On a du tout laissé oui, on a entendu un bruit, c'était plus... prudent."

Son nez s'étant un peu habituée aux odeurs ambiante, Jerem se mit à observer l'intérieure de l'échoppe. Avec un air qu'il espérait naturel, il continua de parler:

"Et ce serait vrai, ce qu'on dit à propos du monstre?"