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Légères comme des plumes
Pluiechantante:
Fin de la 6e décade d’été 1481
Sourcedésert avait émis le souhait d’aller en ville pour trouver une boutique qui vendait des plumes. Or avec son bras, Pluiechantante n’osait pas la laisser faire seule. Elle craignait qu’elle se blesse sans s’en rendre compte, et qu’elle saigne pendant des heures. Ou encore qu’elle se coince le bras quelque part sans réaliser la gravité de la blessure. Ou qu’elle se brûle et ne le remarque pas. Bref, Pluiechantante avait peur pour son amie. De plus, les soins que Sourcedésert recevait régulièrement la fatiguaient énormément. La Kestra’chern craignait donc qu’elle se sente mal, sans personne à ses côtés pour l’aider. Par ailleurs, il se trouvait par le plus grand des hasards que Pluiechantante avait elle aussi besoin de plumes. Pour ses cheveux au moins. Voire pour autre chose, elle n’était pas encore décidée.
Pluiechantante avait donc insisté pour accompagner Sourcedésert, et ne lui avait guère laissé le choix d’accepter. Et elle avait envie de se promener en ville avec son amie. Entre ses ennuis de santé à elle et les problèmes de la Pierre-Cœur, elles n’avaient jamais eu l’occasion de sortir ensemble quelque part. Or, malgré ses dénégations intérieures, Pluiechantante était heureuse de pouvoir jouer “au couple” et de profiter de son amie dans un contexte plus léger.
Pour l’occasion, Pluiechantante s’était faite belle. Elle avait soigneusement choisi les nombreuses boucles qui décoreraient ses oreilles. Elle avait natté des perles et quelques plumes dans ses cheveux et avait passé une robe d’un bleu-vert très intense, décorée de broderies grises et noires. En se regardant dans le miroir, elle avait été surprise de se trouver aussi bien mise pour une simple sortie en ville. Avec un rire, elle avait haussé les épaules et était allé chercher son amie.
Elles descendaient maintenant le long d’une grande rue, et quittaient tout juste le quartier noble pour entrer dans le quartier marchand.
« Ahela, sais-tu où tu veux aller? Dans quelle boutique?»
Pluiechantante n’avait encore jamais cherché un magasin de plumes. Elle était arrivée avec un bon nombres de pennes ramassées sur la route, et c’était seulement maintenant que son stock s’épuisait.
Sourcedésert:
Source commencait a en evoir tellement mais tellement marre de son "infirmité"... Pas que ce soit fondementalement génant: entre sa magie et Solys, elle fonctionnait parfaitement au quotidien sans son bras droit. Mais elle en avait marre de la fatigue de la guerison magie, des la kiné magique et surtout marre de voir ses proche la couver a mort. Solys se bouffait le foie, Pluie refusait meme de la laisser aller en ville seule, elle était pas si fragile, bon sang! Elle était une adepte puissante et bien formée. Elle était capable de se sortir de toutes les situation, normalement.
Mais bon. Plus ca allait, moins elle était capable de s'opposer à une decision de Pluiechantante... En matiere de relation humaine, Sourcedésert n'amait pas le conflit et choisissait en général la voie de moindre résistance. C'était comme ca que Solys avait finit par régenter sa vie, d'ailleurs.
Le Petit Hertasis avait comme toujours décidé de rendre sa magicienne aussi grandiose qu'il la voyait. Elle portait donc une de ses habituelles robes de mages, evoquant un arbre abritant une multitude d'oiseaux multicolores. La robe était concu pour permettre de tenir son bras en echarpe, confortablement à l'interieur de la construction de tissus.Solys avait aussi coiffé sa poupée géante avec une broche oiseau.
Au moins tenait elle a peu pres la comparaison avec Pluie. Sinon il eu été probable que la surprise de la voir si jolie aurait fait fuir Source à l'abris de la porte rouge si bien lavée de ses appartements. Mais Solys avait veillé à ce que ses vetements soient à la hauteur et Source avait accosté Pluie avec une assurance correcte.
Un peu plus tard, en ville, Source désigna une direction:
"On m'as conseillé d'essayer les boutiques de faiseurs de robe. Ils en utilisent comme accessoires."
Car oui, la reserve de plumes de Source commencait à diminuer serieusement et bientot elle n'aurait plus que celles, précieuses entre toutes, de ses oiseaux lige. Celles là, elle n'aimait pas les porter inconsidérément et elle ne pouvait evidement pas les offrir à quelqu'un en guise de flirt...
Pluiechantante:
Sourcedésert était resplendissante dans sa robe. Solys (car ce devait être lui) avait fait des miracles. Il était même parvenu à cacher le bras diminué de sa maîtresse.
Alors qu’elles marchaient, Sourcedésert annonça leur destination.
« Ah oui... moi je me demandais si un facteur d’arc n’aurait pas de belles plumes. Peut-être moins exotique qu’un tailleur, mais plus... je sais pas, plus mettable. On va commencer par les robes. Qui sait, on trouvera peut-être même des vêtements à notre goût. »
Pluiechantante n’y croyait pas. Elle savait quelle était la mode de la capitale, et les formes ne lui plaisaient pas. Elle aimait les coupes simples et confortables, les couleurs vives, les broderies colorées. Elle portait rarement des robes, bien qu’aujourd’hui ce soit le cas. Elle préférait les tuniques portées sur de larges pantalons resserrés aux chevilles. Or à Valdemar, même si aux Collegia les femmes portaient des pantalons, c’était très rare parmi le reste de la population.
Elle guida Sourcedésert dans un quartier où elle savait que se trouvaient des boutiques de tailleurs. Elle désigna la première d’un geste de la tête.
« Celle-ci te semble bien pour commencer ? »
Elle s’avança et alla ouvrir la porte pour Sourcedésert. Elle sentait l’exaspération de la mage qui supportait de moins en moins la sollicitation dont tous faisaient preuve à son égard. Mais Pluiechantante avait d’autres priorités que la fierté blessée de Sourcedésert.
« Je t’en prie. Entre. »
Elle suivit la mage et salua le marchand.
« Je vous salue, maître. Nous cherchons des plumes. »
Sourcedésert:
"Des... Plumes?" l'air dubitatif du tailleur amusa Sourcedésert et elle ne broncha pas quand il détailla leurs tenues extravagantes, pour la ville. L'illumination dans les yeux du marchand fut si visible que même Sourcedésert ne réussis pas à la rater: "Oui, bien sûr, suivez-moi!"
L'homme les guida vers une table, au fond du magasin où il leur fit signe de l'attendre. Il ne lui fallut que quelques instants pour revenir avec une boite en bois dont il sortit plusieurs plateaux remplis de plumes de diverses couleurs. Au premier regard, elles pouvaient passer pour variée, mais aux yeux d'une Tayledras, il était évident que c'était là des plumes d'oies (pennes, duvet,...) joliment colorées.
"Vous n'avez que de l'oie?"
"Il y a un peu de cygne" dit-il en désignant un plateau. Puis, avant de se faire moquer le contenu de son stock, le marchand les laissa entre elles d'un "je vous laisse faire votre choix!"
Source se laissa absorbée par la recherche des plumes idéales, en mettant quelques-unes de côté (des non teintes. Solys aimait pas qu'elle utilise des choses non teintes par ses soins), puis leva les yeux vers son amie et... bafouilla un peu. Ce que Pluie pouvait être jolie dans cette tenue!
"Je... Tu trouves des choses? Tu as probablement raison, une boutique d'archerie serait sans doutes plus intéressante."
Admirant la coiffure de son amie, Source resta songeuse un moment.
"Tu veux rien d'autre de moi que de l'amitié, du sexe et des enfants, hein? Parce que je sais pas faire, tu sais."
Pluiechantante:
Pluiechantante regarda les plumes qu’on leur avait présentées. Elles étaient toutes très semblables, sans relief, sans personnalité. Les teintures choisies étaient assez peu intéressantes, et elle était certaine que les couleurs passeraient très vite.
À l’interpellation de Sourcedésert, elle leva les yeux et surprit l’admiration dans son regard. Elle sourit.
« Ils auront des plumes de rapaces, je pense. Ou au moins des plumes naturelles. Ces plumes, là, elles n’ont plus aucune structure. Je ne sais pas comment ils les teignent, mais ils brisent l’âme de la plume en faisant ça. »
Elle attendit que voir si Sourcedésert se décidait à acheter les plumes qu’elle avait mises de côté. Elle observa un peu la boutique autour d’elle. Puis à nouveau, elle remarqua le regard étrange de son amie. Puis vint la question étrange.
« Tu ne sais pas faire quoi ? L’amitié, le sexe et les enfants ? Pour les deux premiers, tu t’en sors bien pour le moment, je trouve. Ou bien tu parlais d’autre chose ? » Elle sourit. « Tu te demandes si je n’aimerais pas une plume de toi? Au moins une plume quelconque, si ce n’est celle de Fynal ? » Elle rit. « Ahela, notre relation n’a pas besoin de ces conventions pour s’épanouir, haï? »
Pluiechantante n’avait jamais vécu une telle situation. Elle la connaissait, parce que d’autres lui en avaient parlé, elle en reconnaissait les signes. Et c’était à la fois amusant et étrange. Sourcedésert semblait se demander si vraiment elle était prête à “s’engager” avec Pluiechantante. Comme si elles formaient un vrai couple.
Pleine de tact, elle changea de sujet.
« Alors, tu trouves ton bonheur ici ou tu préfères qu’on aille directement chez les facteurs d’arc ? Peut-être que là-bas ils ne nous dévisageront pas comme deux bêtes curieuses. »
Elle jeta un coup d’œil au tailleur qui les épiait depuis l’arrière-boutique. Puis elle fronça les sourcils et se tourna vers Sourcedésert.
« Dis-moi... tu trouves que mes vêtements ressemblent aux tiens en général ? Parce que les gens sont incapables de comprendre que je ne suis pas Tayledras. Il me semble pourtant que la mode est très différente entre nos deux peuples. Moi je porte des tuniques et des pantalons, dans des cotons colorés et brodés, parfois des robes, mais toujours taillés sur le même modèle. L’ensemble est à la fois pratique et seyant. Toi tu portes des grandes robes, des vêtements qui font penser aux arbres, aux oiseaux. Ils sont amples et aériens, et pas forcément toujours très pratiques. Bref, nos vêtements sont très différents. Comment cela se fait-il qu’eux ne voient pas la différence ? »
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