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[Wylan/Irmingarde] Soirée studieuse
Héraut Irmingarde:
1er jour de la 1ère décade d'été 1481
Mina sortait très, très rarement de l'enceinte des Collegia, pour la simple et bonne raison qu'elle n'avait rien à faire au dehors. La dernière fois qu'elle s'y était risqué, c'était pour acheter une chemise de nuit, et cet achat s'était conclut par une conversation épique avec Isabeau.
Mais ce soir, elle s'était senti à l'étroit dans sa chambre et dans le Collegium. Le champs des Compagnons n'avait pas fait l'affaire non plus. Elle était donc sorti, à dos de Compagnon, faire un tour dans Haven, et avait laissé passer l'heure du dîner. Elle avait donc fouillé ses poches, trouvé des pièces, et s'était rendu à La Cloche pour s'y restaurer, laissant Ezarell au bon soin du palefrenier.
Assise devant une tourte au pigeon et un livre d'histoire qu'elle avait déniché d'occasion dans une petite boutique de la ville, Irmingarde s'était isolé dans l'angle droit au fond de la pièce principale de la taverne. De temps en temps, elle jetait un regard vers la porte pour voir qui rentrait, mais c'était tout.
L'endroit était bruyant et animé, et elle n'était pas la seule grise présente, mais elle avait décliné leur offre joyeuse de se joindre à eux, au grand dam de son Compagnon. Oh, elle les connaissait quasiment tous, au moins de nom, mais elle avait peur de ne pas savoir quoi leur dire, aussi, elle avait préféré se concentrer sur son livre - elle lisait lentement - qui contenait certaines aventures de Lavan La Tornade.
L'aubergiste lui avait proposé de la bière pour accompagner sa tourte - délicieuse - et elle n'avait pas su refuser. Une pinte rempli d'un liquide ambré trônait donc devant elle, mais elle n'y avait pas encore touché.
Spoiler: montrerWylan, si tu veux bien! Je n'ai pas encore d'idée de titre, si tu en a une, je t'en prie.
Héraut Wylan:
Wylan était satisfait d’être parvenu à ses fins et d’avoir su convaincre à la fois le Doyen d’autoriser la mission, et à la fois son élève de l’accepter. Comme il verrait Shandara pendant les prochaines décades suffisamment pour le reste de sa vie, il avait préféré s’éloigner du Palais, de peur de la croiser. Il aimait bien la petite sauterelle. Mais il n’avait pas envie de subir ses questions, ou même simplement de devoir lui faire la conversation. Pour le moment.
Quand il circulait en ville monté sur Kyra, Wylan adorait lire l’étonnement sur le visage des passants. Ils ne voyaient pas si souvent que ça des Héraut circulant sans leur précieux uniforme. Mais Wylan n’ayant en tout et pour tout que deux uniformes à sa taille, dont une tenue de cérémonie, il ne pouvait prendre le risque de les salir. Bien évidemment, son manque constant d’uniforme était de son fait. Ainsi, quand par hasard quelqu’un lui cherchait des noises à ce sujet, il pouvait honnêtement répondre à choix que son uniforme était sale, ou qu’il devait le garder propre pour une vraie occasion. Par exemple son prochain départ en mission “officielle”.
Normalement, Wylan évitait plutôt les lieux où se rassemblaient les gens des Collegia. Quand il descendait en ville pour boire un verre, il en profitait pour faire son travail. Mais ce soir, il profitait de son congé. Il avait formé suffisamment d’oreilles et d’espions pour écouter le murmure de la cité en son absence. Ils devraient donc pouvoir remplir leur tâche en sa présence aussi. Il décida donc de se rendre à La Cloche, l’établissement qui avait vu des générations de gris vivre leurs premières ivresses (ce qui n’était pas le cas de Wylan) ou leur premier baiser (dont le souvenir serra douloureusement le cœur de Wylan). Il alla installer Kyra dans ses quartiers pour la soirée, et entra, quasiment anonyme. Seul l’aubergiste le reconnaissait pour ce qu’il était, un Héraut. Les Gris levèrent la tête avant de reprendre leur conversation. Aucun Héraut n’était installé dans la salle. Ce serait donc une soirée d’ivresse solitaire pour Wylan. Sauf si...
Dans un coin, il avisa une grise bien précise.
: Hey ! Kyra ! Y a la petite braisette ici ! :
: Braisette ? Où as-tu été chercher ce nom-là ? :
: Je sais plus. Je trouvais ça mignon tout plein comme nom. :
: Justement... :
Wylan entendit le soupir mental de son Compagnon.
: Tu préfères flammèche ? Ou flammerole ? :
Nouveau soupir.
: Heureusement que tu me respectes assez pour ne jamais m’avoir donné de surnom. :
: C’est pas une question de respect. J’ai juste trop peur du surnom que tu pourrais me donner en retour. Tu crois que je n’ai pas connaissance des noms que tu donnes à tes comparses ? Tu es pire que moi ! :
Kyra rit bruyamment dans la tête de Wylan, et son rire contamina le Héraut qui ne put se retenir. C’est donc un Wylan hilare qui vint s’asseoir en face de Mina. Il avisa le titre de l'ouvrage qui captivait tant la jeune femme.
« J’espère que tu ne comptes pas finir comme lui... » commenta-t-il en désignant le livre du regard.
Héraut Irmingarde:
Le bruit de la porte, un léger courant d'air, et Mina baissa une seconde son livre pour aviser le nouveau client. Elle ne reconnu pas Wylan, qu'elle n'avait que très peu vu finalement, et reprit donc sa lecture.
L'effort que lui demandait cette activité la coupait souvent du monde, mais elle n'eut pas eu le temps de replonger assez dans son récit pour ne pas sentir clairement que l'homme qui venait de rentrer s'approchait de sa table.
Il y avait quelques autres tables de libre, pourquoi diable se dirigeait-il vers elle en particulier? Enfin, elle pouvait tout aussi bien l'ignorer, cachée derrière son ouvrage.
Mais quand elle le sentit s'assoir, elle l'entendit rire, et l'espace d'un moment, elle craignit qu'il fut ivre et vienne l'ennuyer. Il s'adressa à elle, évoquant son livre, et elle ne reconnut pas sa voix tout de suite.
Soupirant, elle claqua son livre dans un coup sec, pour témoigner son agacement et répondit:
"Je vous demande par... oh, Héraut Wylan!"
Reconnaissant son interlocuteur, elle se composa une expression plus avenante. Pas étonnant qu'elle n'ait pas reconnu sa voix, elle ne l'avait quasiment entendu qu'en parole par l'esprit, la nuit de la mort d'Aranel, et personne n'était dans son état normal. Si tant est que Wylan puisse avoir un état normal, vu son don.
"Je n'espère pas non plus, merci bien. Et puis je suis loin d'avoir sa puissance, alors espérons que ça n'arrive pas!"
Elle posa son livre à côté de son verre, ç'aurait été très malpoli de continuer à lire en sa présence.
"Votre compagnon vous racontait une blague ou c'est moi qui vous fait rire?" demanda-t-elle, curieuse.
Elle l'observa un peu, surtout le visage qu'il avait pour elle. Elle n'y trouva aucun trait commun avec son cousin, plutôt avec un marchand qu'elle avait connu dans les Hold et qui avait été aimable avec elle. Cela remontait à tant d'années!
Il ne portait pas son uniforme, elle savait qu'il n'aimait pas ça. Curieux, elle qui rêvait de revêtir le blanc.
Héraut Wylan:
« Tu n’as pas non plus commencé ta carrière en mettant le feu à ton école. Et ce n’est pas qu’une question de puissance, mais de contrôle de soi. D’après mes souvenirs, Lavan partageait un Lien pour la Vie avec son Compagnon. Ça n’a pas aidé, non plus. »
Wylan eut une pensée pour Kyra. Il aimait beaucoup son Compagnon, plus que n’importe quel humain. Mais il était heureux de ne partager avec elle que des sentiments parfaitement conventionnels. Être Lié pour la Vie avec un cheval, aussi magique fût-il, devait être sacrément frustrant.
Quelle réputation il devait avoir si cette brave jeune fille pensait qu’il pouvait être en train de rire d’elle si ouvertement ! Il avait quand même un minimum de respect pour ses semblables. Vraiment strictement minimum. Mais on parlait là de la belle de son cher cousin.
« Je riais plutôt avec Kyra... On est pas du genre à faire des blagues, tu sais » annonça-t-il d’un ton très sérieux.
Irmingarde l’observa attentivement, et il se demanda pourquoi. Il eut très envie de lui demander si elle aimait ce qu’elle voyait, mais par égard pour Beltran, il s’abstint. Il ne voulait pas que son cousin pense qu’il courtisait sa petite amie. D’autant qu’elle le regardait comme on observe un phénomène étrange, et non comme on admire un homme.
« Tu sais, ma sale tête n’en deviendra pas plus jolie si tu la regardes en détail... Au contraire... Sauf si tu cherches quelque chose de particulier sur ma figure... »
Il arborait maintenant son célèbre sourire en coin, celui qui donnait l’impression aux idiots qu’ils manquaient quelque chose.
Il fit un geste en direction de l’aubergiste, et celui-ci lui amena un petit verre qui fut bien vite rempli d’un liquide ambré. Wylan fit signe de laisser la bouteille et prit son verre dans la main. Il était connu dans de nombreuses tavernes et auberges, et partout on savait toujours précisément ce qu’il buvait. Sauf s’il demandait spécifiquement autre chose, on lui amenait toujours sa boisson habituelle. En l’occurrence, à La Cloche, c’était une prune produite par sa mère. Mis à part la bière, Wylan ne consommait que les alcools familiaux. D’une part parce qu’ainsi il soutenait financièrement l’exploitation, d’autre part parce que sa mère fabriquait les meilleures liqueurs du pays.
« Je vois que tu n’as pas encore touché à ta bière. Je te conseille de la boire vite. La bière tiède, c’est vraiment pas terrible. » Il leva son verre. « Santé, petite braisette. »
: Tu as osé ?!?!?! Beltran... :
: Tu crois qu’elle lui dira que je lui ai donné un surnom débile ? Je pense qu’ils ont autre chose à faire ensemble que de parler de moi. :
Héraut Irmingarde:
Wylan était d'un naturel déconcertant. Il arrivait comme un cheveu sur la soupe - dans ce cas-là sur la tourte - et se mettait à discuter de tout et rien comme si cela faisait des heures qu'il se trouvait en face d'elle. Ca avait le don d'être assez communicatif pour sortir Irmingarde de sa réserve.
"Non, j'ai juste failli mettre le feu aux cuisines, puis à une domestique, et enfin à... au Capitaine Beltran. Si c'est une question de contrôle, je crois que je vais commencer à me faire du soucis..."
Un pli barra son front, montrant qu'elle inquiétait réellement de ce que Wylan avait dit.
En revanche, elle ignorait que Lavan partageait un lien pour la vie avec son Compagnon, et s'en étonna:
"Vous voulez dire qu'il peut y avoir plus intense encore qu'un lien classique de Compagnon à Héraut? Je ne l'envie pas..."
Puis elle réfléchit à voix haute:
"Condamné à rester célibataire, fidèle à son Compagnon, c'est cruel..."
:Oui, ça l'est: commenta mentalement Ezarell. :Tout autant pour son Compagnon d'ailleurs.:
:J'espère que je ne te vexe pas quand je dis que je ne souhaiterai pas partager de Lien avec toi?" s’inquiéta son élue.
:Pas le moins du monde!: répondit son Compagnon avec humour.
Cela la rassura et elle répondit à Wylan qui lui garantissait qu'il ne se moquait pas d'elle:
"Ah ça, je ne savais pas, mais je vous crois."
Le Héraut Wylan avait beaucoup de charisme, et Mina n'était pas prête à mettre sa parole en doute.
"Je plaisante beaucoup avec Ezarell aussi, quoique c'est un humour assez caustique."
Puis elle l'observa et s’aperçut un peu tard que sa façon de le dévisager était loin d'être discrète! Ce qu'il ne manqua pas de lui faire remarquer et qui lui fit piquer un fard et un peu paniquer:
"Non non, j'ai jamais pensé que vous aviez une sale tête! Je me permettrai pas! C'est juste que je cherchais une ressemblance avec... bref... non, laissez tomber, c'est pas important, pardonnez moi, je suis pas très polie."
:Tu sais, Kyra m'a déjà parlé de son Élu, et à mon avis, il plaisante...: lui souffla Ezarell.
Le sourire en coin du Héraut semblait donner raison au Compagnon.
Mina n'eut pas le temps de creuser plus que Wylan commandait à boire. Bon, il était visiblement décidé à rester avec elle. Elle fut impressionnée de voir l'aubergiste lui amener sa consommation sans qu'il ait besoin de dire précisément ce qu'il voulait. Il devait souvent venir!
Il lui conseilla de boire sa bière, et elle attrapa la choppe, prête à en avaler une gorgée. Mais elle failli lâcher son verre quand il la gratifia d'un surnom ridicule.
"Petite quoi? Braisette? Je suis tout de même assez puissante pour faire mieux que faire rougir du charbon..." rétorqua-t-elle, moitié amusée, moité vexée.
Elle but une longue gorgée de bière et fit la grimace. Pouah, elle n'aimait pas vraiment ça.
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