Lamétoile était aussi présente, bien que discrète. Elle n'avait aucun fait d'arme à son actif depuis la guerre du Col, où elle avait été confrontée à beaucoup de problèmes, et notamment la mort de la Capitaine Ellia, qui était en partie de sa faute. Elle ne cessait de s'entrainer et de lire pour s'améliorer, mais chaque fois que quelque chose arrivait, elle se sentait de plus en plus dépassée. Elle n'avait personne à qui parler; elle avait entendu parler de la promotion qu'aurais Kalaid et ne voulais pas le déranger dans ses nouvelles responsabilité, elle n'avait alors pas osé aller lui parler. Elle n'avait plus qu'Etyan et ce dernier commençait à lui reprocher de s'isoler autant. Mais à qui d'autre aurait-elle pu parler? Elle était encore moins Valdemaranne que Kalaïd ou Fitz, elle n'en avait même pas l'apparence.
Elle n'avait pas mis son uniforme, elle n'était pas en service. Elle portait une tunique noire toute simple, avec des pantalons de suèdes noirs eux aussi, de facture éclectique, qu'elle avait l'habitude de porter lorsqu'elle n'était pas en armure avec sa mère. Ce qui lui donnait un air encore plus étranger. Elle avait laissé ses cheveux libres, une fois n'était pas coutume, autant parce qu'elle pouvait ainsi cacher son visage que pour éviter d'être reconnue, et esquiver les discutions et questions inutiles. Elle se tenait dans un angle de la pièce, en silence et faisant de son mieux pour rester discrète.
Elle avait besoin de trouver un but, quelque chose à faire pour se sentir utile, mais se refusait à déranger quiconque avec ses états d'âme, et de ce fait, se jetait chaque jour un peu plus dans l'entraînement, pour au moins avoir le sentiment d'accomplir quelque chose. Quand Fitz et Kalaïd furent nominés, elle sentit un pincement au cœur encore plus grand. Elle était vraiment contente que Kalaïd reste, mais, en même temps, elle aurait aimé pouvoir être aussi utile que lui. Elle voulait tellement pouvoir faire quelque chose pour aider au lieu d'être un poids mort qu'on gardait par pitié.
Elle était contente qu'Arthon soit nommé régent: moins les gens seraient laissés dans le brouillard, moins il y aurait de panique. Redonner de l'espoir pour que ses sujets aient une raison de se battre, pour qu'ils aient la force de croire en l'avenir. Elle ne pouvait nier que ce pays avait fait naître quelque chose qu'elle n'avait jamais ressenti avant, un désir franc et sincère de faire le bien, de faire quelque chose pour les autres. Un désir qui maintenant la rongeait, parce qu'elle n'avait jamais appris comment le faire, elle ignorait totalement quoi faire, comment se comporter. Et plus le temps passait, plus des gens réellement compétents se présentaient, alors qu'elle ne savait pas par où commencer, ni comment faire.
Elle regarda ses mains pendant un temps, ses mains qui savaient manier plus d'armes que la plupart des gens de son âge, mais qui ne savaient rien construire et si peu comment aider.Elle n'avait pas su que faire durant la campagne, su quoi dire et quand. Tout ce qu'elle savait faire passait par les armes. Elle s'attendait presque à voir le sang sur ses mains, elle n'avait pas participé à beaucoup de campagnes, mais suffisamment pour avoir du sang sur son âme, sang dont elle prenait de plus en plus conscience au fil du temps.
Un instant elle chercha son parrain David dans la salle, mais y renonça aussitôt. S'il avait eu du temps à lui consacrer, il lui aurait fait parvenir un mot ou serait venu la trouver durant les courts moments qu'elle passait avec les dyhelis dans le champ des Compagnons. Avec tout ce qui se passait, il devait être plus que débordé, s'il n'était pas en patrouille quelque part dans le royaume. Inutile de le chercher, cela ne ferait que lui faire plus de mal.
Elle amorça sa retraite vers la sortie dès la fin des nouvelles et autres annonces. Elle n'avait pas du tout le cœur à être entourée et elle avait son entraînement à continuer.
//Si quelqu'un veut interagir, n'hésitez pas, elle n'est pas encore sortie, elle se dirige simplement vers la sortie.//