Isibeal observa bien attentivement la plaie. C’était une étudiante très consciencieuse et appliquée. Puis elle énonça le traitement qu’elle jugeait approprié. Thalyana sourit.
« Effectivement, si nous étions en face d'un élève, d'un marchand ou d'un clerc, c'est aussi ce que je proposerai. » Elle consulta le soldat. « Mick... dites-moi, combien de temps réussirez-vous à rester tranquille ? »
« Avec la guerre, pas longtemps ma petite. Une décade. Après je me sentirai trop coupable pour rester à me reposer. »
Thalyana eut un sourire un peu triste, mais hocha la tête en signe d’assentiment. Puis elle s’adressa à l’élève.
« Il faut prendre en compte le patient autant que la plaie. Ceux qui comme Mick savent qu'il existe des moyens plus rapides ont rarement la patience d'attendre le temps nécessaire pour que la cicatrisation naturelle ait lieu. Surtout ces temps avec la guerre. Si un Héraut de terrain se présente avec une telle plaie, il ne faut pas hésiter à utiliser la Guérison. Par contre, pour un étudiant, il convient effectivement de suturer et peut-être d’engager le processus de guérison avec une petite intervention du Don. Les plaies risquent moins de s’infecter. Et il faut avouer que c’est pour cela que les gens viennent chez les Guérisseurs, et pas simplement chez un herboriste ou un barbier. »
Pendant leur première année, les étudiants utilisaient très peu leurs Dons. On leur apprenait d’abord les soins non magiques, l’hygiène, l’herboristerie, et des tas d’autres choses dont l’éthique. Ils entraînaient leurs Dons pendant des cours, apprenant d’abord à dresser des boucliers pour protéger leur Empathie, et ensuite, ils apprenaient à utiliser la Guérison. Mais ils ne participaient pas à de vraies séances de Guérison. On attendait qu’ils maîtrisent mieux leurs Dons. Il était donc normal qu’une étudiante entrant en deuxième année ne pense pas à utiliser la Guérison. Elle n’avait pas été habituée à y recourir.
« Nous allons donc poser quelques points, puis nous lancerons une séance de Guérison. Comme ça, normalement, d’ici quelques jours, on pourra enlever les fils, et il pourra retourner à l’entraînement d’ici une décade. »
Elle s’interrompit pour enduire un linge encore propre de teinture d’achillée et de sauge et commença à désinfecter la plaie.
« D’abord je nettoie la plaie avec la teinture d’achillée et de sauge. Pourquoi ai-je choisi cette teinture-là ? L’achillée stoppe les saignements, tandis que la sauge est antiseptique. »
Elle fit signe à Isibeal de prendre le relais. Puis elle s’occupa de préparer l’aiguille et le fil ciré qu’elle reposa sur le plateau. Quand l’étudiante eut terminé de nettoyer la plaie avec la teinture, elle lui montra l’aiguille.
« Tu as déjà fait des points aujourd’hui, non ? Sinon c’est l’occasion de commencer. Je t’en prie, vas-y. »