Sachant désormais qui était le mercenaire, Arthon s'attendait à la réflexion qui s'empara de Fitz. D'abord une approche simple: non, avant il n'y pensait pas; suivi d'un véritable approfondissement: maintenant oui. Voir cet homme, si sûr de lui, si potentiellement dangereux, s'attendrir en parlant d'une femme... C'était exactement ce dont avait finalement besoin l'Héritier: c'était une preuve que n'importe quel homme pouvait être emporté par l'Amour et qu'en cela, il n'avait pas failli lui-même. Que Fitz et lui avaient de grandes responsabilités, ce qui ne les empêchaient pas d'être humains, avec un coeur. Le Héraut se détendit un peu, amusé aussi de voir que son uniforme suffisait souvent pour que les coeurs s'épanchent, sans crainte qu'il ne les trahisse.
" Vous avez donné l'exacte définition de ce que j'ai ressenti..." souffla-t-il doucement, espérant ne pas se tromper sur l'honnêteté de son partenaire. S'il le trahissait...
Mais Arthon irait voir son père et son Roi avant qu'on ne le trahisse. Demain. Oui demain, il irait.
Il sourit à Fitz et confirma:
" Vous êtes amoureux. Est-ce réciproque?" demanda-t-il, subitement curieux et un peu commère sur les bords.
Sa curiosité égalait celle de Fitz qui osait enfin la question. Et là, doucement, Arthon hocha la tête.
" Très amoureux. Le problème n'est pas que je ne sois pas sûr de mes sentiments ou des siens. C'est encore et toujours la politique. Ne soyez jamais héritier de quoi que ce soit, et chérissez votre liberté, Fitz..."
Finalement, son sourire avait disparu pour un rictus peiné. Il fallait qu'il affute ses arguments pour l'entrevue qu'il prévoyait.