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« le: 07 septembre 2017, 22:28:17 »
Un peu perplexe, le jeune homme répondit néanmoins à l'invitation du Doyen, et s'installa en tailleur là où on le lui indiquait. Un sourire qu'il ne parvint pas à retenir se dessina lentement alors que l'homme lui expliquait les raisons de leur présence commune en ce lieu. S'il avait fallu résumer sa pensée en un seul mot, cela aurait été un "enfin !" victorieux. S'il se débrouillait bien, il allait cesser d'être apprenti ! Et ne plus devoir porter ce vêtement d'un jaune innommable n'était pas ce qui le rendait le plus impatient, même si cela serait un effet collatéral agréable.
Un signe de tête respectueux vint, seul, en réaction aux paroles du Tayledras, à la fois pour en accuser réception, et pour le remercier d'avoir pris la peine de se pencher sur son cas. Le Doyen devait avoir bien d'autres affaires à traiter, et le natif de Haven ne savait trop comment interpréter son implication, mais elle lui apparaissait globalement comme une plutôt bonne nouvelle pour lui. Arbretempête K'Leshya ne se serait pas dérangé pour le dernier des cancres ou des incapables, n'est-ce pas ?
Concentré sur son ressenti depuis qu'il avait appris le pourquoi de sa convocation, Dunwyd perçut l'installation des boucliers, qui isolaient la pièce où ils se trouvaient du reste du monde. Puis, alors que son examinateur quêtait son approbation au démarrage de l'épreuve, il esquissa un léger sourire.
" Je pense pouvoir l'être complètement en quelques instants, "
répondit-il, l'air confiant. Oh, il avait bien quelques appréhensions, au fond de lui-même, mais il n'avait l'intention ni de les laisser apparaître à son vis-à-vis, ni de les autoriser à le distraire de sa tâche. Attentif à la voix de son aîné, il s'efforça en même temps de calmer l'excitation qui l'avait gagné depuis qu'il avait compris de quoi il retournait. Puis il dirigea son attention vers le pot de terre.
Fidèle à la manière de procéder qu'il avait adoptée pour la plupart des cas, il commença par observer, ouvrant ce sens particulier que tous ne possédaient pas, et qui lui permettait de percevoir la magie. D'abord de loin, il examina la totalité de la plante, en incluant même la glèbe nourricière qui l'entourait, puis entra peu à peu dans les détails, étudiant les fines radicelles, le bulbe, la toute jeune tige, et les relations qui les unissaient. Ce n'était pas le premier végétal qu'il détaillait ainsi, mais il prit le temps de bien regarder, pour ne pas risquer d'oublier un détail. Il jouait tout de même gros… et puis, il aimait se perdre dans ce genre de contemplation, et il s'y abandonna un instant, y trouvant une sérénité sans égale, avant de se reprendre.
Au terme d'un moment dont il aurait été bien en peine d'évaluer la durée réelle, il reporta donc son attention sur le Doyen. Il espérait que celui-ci ne lui tiendrait pas rigueur de la longueur de son examen, et repoussa fermement l'idée que cela seul était déjà un test. Un toussotement pour s'éclaircir la gorge, et il commença :
" Il y a une énergie assez importante dans l'oignon, mais elle n'est pas très active. C'est comme une réserve, en hibernation. Mais il y en a un peu qui va vers les petites racines, et aussi, un peu dans l'autre sens. De la terre vers l'oignon, par les racines. Et puis, surtout, il y a la tige qui prend de l'énergie à l'oignon. Il l'alimente, jusqu'au bout le plus petit de la pousse, et la plante a envie de grandir en l'utilisant. "
Du regard, il quêta un commentaire, une réaction, pour essayer de deviner s'il avait atteint le but souhaité, s'il en avait dit trop ou pas assez.
Ensuite, on passa à la pratique. C'était presque trop simple, mais l'apprenti s'astreignit à travailler sans hâte, observant toujours pour s'assurer que les différentes impulsions qu'il donnait conduisaient à l'effet souhaité. Il commença par faire grandir la tige, en hauteur et en diamètre. Il faudrait qu'elle soit forte, pour soutenir un bouton floral. Il accéléra donc le mouvement d'énergie de l'oignon vers la pousse, obtenant tout d'abord un succès mitigé*. La plante poussait, mais s'il continuait ainsi, Dunwyd n'aurait pas terminé avant la nuit. Attentif à ce qui se passait, il finit par comprendre qu'il en demandait trop au petit végétal, incapable de dépenser toutes ses réserves en si peu de temps. Le jeune homme apporta donc de son énergie personnelle pour aider la tulipe, qui forcit bientôt à plus vive allure.
Lorsqu'il lui sembla que c'était assez, il cessa progressivement son action, pour se concentrer sur l'extrémité verte. Il plongea son sens supplémentaire dans les cellules de la plante, éveillant d'une petite impulsion celles qui allaient déclencher la formation du bouton. Pour éviter de les brusquer, et de dépasser le stade requis, il ne puisa pas dans son énergie, mais activa le circuit qui allait de la terre à l'oignon, puis de l'oignon à la tige, puis de la tige à l'embryon de fleur. Peu à peu, une forme oblongue apparut à l'extrémité de la hampe de sinople**.
[HJ : * Dunwyd tige a obtenu 5 avec 1D10
** Dunwyd bouton a obtenu 7 avec 1D10]