Auteur Sujet: Quand est-ce qu'on invente les effaceurs ?  (Lu 7443 fois)

Dunwyd

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Quand est-ce qu'on invente les effaceurs ?
« le: 25 octobre 2016, 17:54:16 »
[2ème décade d'automne 1484]

Le quotidien au Collegium n'avait pas grande originalité. On allait en cours, on mangeait, on effectuait telle ou telle corvée, on étudiait, on dormait. Cela ne dérangeait pas Dunwyd outre mesure, s'instruire sur la magie était déjà quelque chose de bien plus intéressant que la plupart des autres matières possibles, et puis, les moments de pratique, où on pouvait faire des choses vraiment incroyables rien qu'en se concentrant, compensaient totalement les périodes plus ennuyeuses qui ne manquaient pas de les précéder ou suivre.

L'apprenti en jaune était donc content de son sort, et déambulait sans autre souci que les tâches à accomplir pour la prochaine corvée de cuisine, ou l'interrogation de maître l'hibou, ainsi surnommé par ses ouailles pour ses grands yeux et son air ahuri, qui le faisaient ressembler à l'oiseau de nuit. Pour le moment, il lui fallait réviser le dernier cours de potions du dit maître, qu'il avait raté la faute à un mauvais coup de froid. Rien de bien méchant, mais maintenant, il avait un peu de retard, et étudier les notes prêtées par l'un de ses camarades lui semblait encore plus abstrait que d'habitude.

Il luttait donc contre une envie insidieuse de somnoler en s'efforçant de recopier le cours manqué, et il en avait accompli une bonne partie, mais la soirée s'étirait à mesure qu'il approchait de la fin, et le porte-plume lui glissait des doigts. Jusqu'à ce qu'il finisse, dans un mouvement maladroit, par faire chuter l'encrier au sol devant lui. Il lui sembla que tous les regards se tournaient vers sa petite personne, alors qu'il restait à regarder la tache noire au sol, saupoudrée de bris de verre. Le bas de son uniforme jaune avait lui aussi eu droit à quelques traînées sombres. C'était déjà un coup de bol que les feuillets prêtés par son collègue en soient exempts. Il se leva pour aller chercher de quoi nettoyer.
« Modifié: 25 octobre 2016, 17:55:50 par Dunwyd »

Elke

Re : Quand est-ce qu'on invente les effaceurs ?
« Réponse #1 le: 27 octobre 2016, 17:13:24 »
Ça faisait un moment qu’Elke était dans cet amphithéâtre où se déroulerait plus tard le prochain cours. Cependant, elle n’était pas là pour suivre quoi que ce soit ! Oh non, elle avait déjà gâché passé assez d’heures à écouter des professeurs discutailler de ci ou ça, comme s’ils prenaient plaisir à donner des pavés entiers à avaler alors que pour la jeune femme, la magie se ressentait, se vivait… Il n’y avait aucun sens à suivre des cours interminables sur la théorie des rotations et des transferts d’énergie entre sources magiques et non-magiques. Maintenant qu’elle était compagnonne, qu’elle avait passé ses épreuves, qu’elle n’était plus apprentie… eh bien elle était décidée de ne plus se flageller ici !

C’est pourquoi elle était là, la tête entre ses bras, les yeux clos. Elle avait passé la nuit à essayer un nouveau sort, et la veille, cette salle était le seul endroit où elle pouvait se concentrer. Enfin, elle avait tout de même fini par y dormir… Comme quoi, pas besoin d’un lit parfois pour céder à un sommeil trop pressant !

Hm. Un lit était quand plus agréable. Mais à défaut de lit, ses bras feront l’affaire.

Entendre les premiers élèves arriver la réveilla. Il fallait bien que ça arrive à un moment donné. Les premières dix minutes étaient dures, et de soudains maux de dos vinrent comme des petites fleurs, mais finalement elle leva la tête. Il y avait déjà quelques groupes, avec leurs tenues jaunes, et puis un garçon, plus loin. Seul. À vrai dire, même elle ne savait pas trop si c’était ça qui avait attiré son attention ou le fait qu’il soit blond avec des vêtements jaunes, mais elle leva son regard vers lui. Elle vit alors tous les détails de cette catastrophe : l’encrier tomba, s’écrasant sur le sol dans un bruit fracassant.

Ah bah au moins, ça l’avait réveillée ! Elle sursauta, puis se retourna vers l’élève… ce qu’elle regretta un peu : il avait l’air de vouloir s’enterrer six pieds sous terre. Tout était tâché, ruiné, et tout le monde le regardait. La jeune mage se leva alors, et escalada quelques rangées de bureaux pour s’approcher.

« Ça va ? »

Elle lui adressa un sourire compatissant. Ce genre de bêtise, ça arrive à tout le monde, même aux meilleurs ! Avec l’air d’un sort plutôt simple, les morceaux de verre jonchant le sol se soulevèrent seuls, pour finalement se regrouper entre ses mains, formant une petite boule de verre. De toute façon, l’encrier était foutu, et en refaire un, eh bien… disons qu’une boule c’était plus facile ! Moins de détails.

« Bon par contre, l’encre, je ne connais pas le truc par cœur… Oh attends, si ! J’ai une idée ! »

Un grand sourire s’afficha sur son visage, elle récita quelques mots, agita sa main, des petites étincelles dans les yeux pendant qu’elle utilisa la magie, et l’encre disparu. Presque.

« Voilà, c’est invisible ! Plus qu’à attendre que ça sèche, et les gens n’y verront que du feu. Du génie ! C’est ça qui est beau avec la magie, on se démerde avec ce qu’on a et ça marche parce que la magie, waouh c’est génial ! Au fait, je m’appelle Elke. Et toi ? Tu es un apprenti, non ? Ah, comme je compatis… »

Dunwyd

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Re : Quand est-ce qu'on invente les effaceurs ?
« Réponse #2 le: 30 octobre 2016, 21:05:41 »
« Euh… »
ne put que répondre le coupable lorsque la compagnonne, qu'il n'avait pas repérée auparavant, vint s'enquérir de son état. Il ne pouvait pas franchement dire que tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais bah, c'était de sa faute… Pourtant, il fut immédiatement clair que l'arrivante avait de meilleures capacités que lui pour prendre les choses en main immédiatement. Il la regarda faire d'un air bovin, immobile.
« Eh ben, »
finit-il par réagir, avec dans la voix le signe que sa récente indisposition ne l'avait pas encore complètement lâché.
« on peut dire que tu es efficace. Merci, vraiment… »

Il balaya du regard l'ex champ de bataille, redevenu parfaitement dans la normalité d'une salle de classe quelconque. Il finit par esquisser un sourire à son tour, visiblement plus que soulagé par l'intervention de l'autre, et peut-être légèrement contaminé par son enthousiasme. D'ordinaire, il l'était assez lui aussi, mais là, avec ce rhume qui n'en finissait pas de se terminer, c'était différent. Il avait notamment besoin d'un temps de réaction sensiblement plus long que la moyenne.

« 'Faudra que tu m'expliques comment t'as fait, enfin, si c'est pas trop compliqué… on fait jamais des exercices sur des trucs utiles comme ça. Moi, c'est Dunwyd. Elke la sauveuse des apprentis maladroits ? Je devrais raconter ça à un ami barde, il serait fichu d'en faire une chanson. Oui, on est tous apprentis, ici, »
continua-t-il pour répondre à la salve de questions, en désignant d'un geste large la totalité de la salle. Il était passé automatiquement au tutoiement, c'était ce à quoi portait l'attitude de la jeune femme.
« Mais c'est pas si grave, hein. Bon, on a un examen à la fin de la décade, et j'ai loupé quelques cours, alors, j'essayais de rattraper… mais je crois que je ferais aussi bien de faire une pause. Et toi ? Je ne t'ai jamais vue avec nous en cours, et tu as l'air de te débrouiller vraiment pas mal, »
Il s'était levé, et avait rempilé ses feuillets. Il allait aussi falloir qu'il se trouve un autre encrier, de toute façon, donc autant en profiter pour prendre un peu l'air.

Elke

Re : Quand est-ce qu'on invente les effaceurs ?
« Réponse #3 le: 09 novembre 2016, 01:11:04 »
À vrai dire, Elke n’en était pas peu fière. Même si ce n’étaient que des petits tours de passe-passe (ça aurait été nettement plus impressionnant si elle avait purement fait disparaitre l’encre !), elle adorait qu’on lui fasse de tels compliments. Peut-être parce que ça n’arrivait pas souvent. Elle offrit alors au jeune mage un grand sourire avant de prendre place devant lui.

« La sauveuse des apprentis maladroits… J’aime bien ! Mais ce n’était pas un tour bien compliqué… Le truc, c’est de savoir ce que tu veux faire et ensuite, ce que tu peux faire. Personnellement, je ne sais pas faire évaporer autre chose que de l’eau… Pour l’instant ! » reprit-elle immédiatement. « Alors j'ai bidouillé. Tu sais, on bidouille beaucoup quand on est mage ! Ou alors c'est juste moi. C'est un peu comme un guérisseur avec le corps humain je pense : on essaie des choses, on déplace des machins, on voit si ça marche... Et quand ça marche, on dit "Hourra !" et quand ça ne marche pas on dit probablement… "Zut." »

Oh les examens… Cela rappela de mauvais souvenirs à la jeune femme. Elle n’avait jamais aimé réviser, répondre à des questionnaires, rédiger des mémoires... Ah, c’était d’un pénible ! Heureusement que c’était derrière elle, et c’est pourquoi elle plaignait réellement Dunwyd.

« Oh moi je ne suis plus une apprentie, j’ai passé les épreuves que je devais passer, et j’ai le bonheur de ne plus avoir le moindre cours ! À moins que je le veuille. Ce qui arrive, parfois. Pas toujours. S’il y a un cours ici dans pas longtemps, je crois que je vais pouvoir commencer à déménager mes affaires. »

De toute façon elle n’avait pas pris grand-chose, et elle n’eut qu’à se pencher sur la table pour attraper son sac qu’elle mit sur son épaule. Comme ça, elle était prête ! Surtout que l’apprenti sortit un moment de la salle, certainement pour remplacer son encrier. Il devait bien exister un sort pour en créer un à partir d’une plume – soyons fous – mais si c’était le cas, eh bien elle ne connaissait pas ce sortilège. Elle suivit alors le jeune homme, ravie de pouvoir se remettre à parler incessamment à quelqu’un.

« Tu es ici depuis longtemps ? Enfin, je veux dire… Dans une salle de cours on a toujours l’impression que le temps dure très longtemps, surtout quand ce n’est pas intéressant… Mais en termes d’années ? Ça fait déjà deux ans que je suis là, et j’ai l’impression de ne pas avoir encore rencontré la moitié des visages du Collegium. Fou, non ? »

Dunwyd

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Re : Quand est-ce qu'on invente les effaceurs ?
« Réponse #4 le: 11 novembre 2016, 15:38:32 »
Eh bien, Dunwyd était tombé sur une personnalité, c'était pour le moment tout ce qu'il arrivait à penser avec son nez encombré. Et bavarde, avec ça.
« Les professeurs nous expliquent pas vraiment les choses comme ça… mais j'ai l'impression qu'il y a intérêt à avoir pas mal d'imagination pour être mage. Enfin, moi je fais pas mal avec ça. On dirait que toi, c'est pareil. Mais j'ai pas trop l'impression qu'on nous encourage beaucoup à faire des trucs trop originaux… des fois que ça serait un peu dangereux. »
La comparaison avec les guérisseurs lui tira un petit rire. Elle l'amusait, au final, avec sa verve et son enthousiasme. Pas étonnant qu'elle n'ait pas apprécié plus que lui les cours, pendant lesquels il fallait juste se tenir tranquille et écouter…
« Oh, les verts doivent savoir quand même un peu ce qu'ils font avant d'essayer des trucs bizarres… on hésiterait à aller les voir, sinon. »

« J'ai hâte aussi… je dis pas que les cours sont pas utiles, mais je trouve juste que… il y en a trop. J'aimerais mieux pratiquer plus souvent. T'inquiètes pas, il y a encore le temps avant le cours dans cette salle, on a un moment pour travailler par nous-mêmes, là… »
Mais pour lui, ce serait raté. Il n'avait plus envie de travailler, et discuter avec Elke lui semblait bien plus intéressant dans l'immédiat. Peut-être même que ça l'aiderait à mieux se concentrer ensuite, allez. C'était une excuse comme une autre.
« Deux ans ? Ouais, c'est étonnant que je t'aie jamais vue, mais tu dois pas trop être dans les mêmes endroits que les apprentis. On est pas si nombreux, quand même… Moi, je suis arrivé y'a presque trois ans. J'espère que j'aurai bientôt l'occasion de passer le cap, comme toi, pour pouvoir éviter… le moins passionnant. Mais alors, tu continues d'étudier quand même, tu fais quoi, toi ? Tu veux passer… les échelons d'au-dessus ? Bon, je grignoterais bien quelque chose, moi, avec une tisane bien brûlante. Ça te dirait de faire un tour aux cuisines ? »

Elke

Re : Quand est-ce qu'on invente les effaceurs ?
« Réponse #5 le: 20 janvier 2017, 01:12:49 »
Elke esquissa un sourire. À la base ce n’était qu’une discussion pour passer le temps, mais plus les minutes passaient, plus elle appréciait le jeune mage. Elle à qui on reprochait souvent son manque de réalisme, elle n’avait pas l’habitude à ce qu’on adhère aussi rapidement à sa façon de voir les choses. L’imagination, l’absurde, c’étaient ses carburants en matière de magie. Et ce n’était pas comme si son ancien professeur se souciait de ce qui était dangereux ou non – ce n’était guère étonnant qu’il ne soit pas très apprécié par ses collègues –.

« Je me sens un peu professeur à parler de ce genre de chose comme ça, ha ha… Enfin, je ne fais que répéter ce qu’on m’a dit ! Presque… Je n’ai pas une assez bonne mémoire pour te dire mot pour mot ce que j’ai entendu, mais l’idée est là ! Je ne supportais pas les cours à cause de… tu sais… toute cette prudence, ce côté ‘‘bla bla bla’’… La magie, c’est différent, étrange, génial, c’est presque comme si c’était un pouvoir sorti du rêve de quelqu’un. D'un dieu, d'une déesse... D'un humain. Ce serait quelque chose ! Brillant ! Alors voir autant de règles qu'on nous impose, simplement par peur que ça dégénère, c'est un peu dommage, non ? »

En fin de compte, elle ne savait pas trop comment parler de ça. Ça lui paraissait très clair dans sa tête, mais l’exprimer de vive voix, c’était une autre paire de manche. Bon évidemment, sous certains aspects Elke comprenait toutes ces mises en garde : personne ne voulait voir la fin du monde précipitée par un mage avide de puissance. Mais l’entendre sans cesse, sans même que ‘‘diriger le monde’’ fasse partie de ses projets, ça lui donnait parfois envie de… eh bien pourquoi pas diriger le monde. Ça pourrait être amusant. Juste par esprit de contradiction.

À moins que ce soit vraiment une mauvaise idée.

Cela dit, cette histoire de cuisine lui sembla d’un coup bien plus séduisante que discuter du ‘‘bon savoir vivre des mages’’ ! Cette simple évocation réveilla le léger trou qu’elle avait dans l’estomac. Pas qu’elle n’avait pas mangé, mais elle n’était jamais contre un petit grignotage.

Le sourire qu’elle adressa à Dunwyd en dit long sur combien elle aimait l’idée.

« Une tisane… hmm ! Avec des biscuits ! »

Elke était déjà prête, sac sur l’épaule, elle n’attendait plus que lui. Les gourmandises du Collegium, c’était quand même quelque chose. En quelques secondes, elle se trouva dans le couloir, souriant au jeune mage. La seule chose à espérer pour lui, c’était de ne pas manquer l’heure de son prochain cours. Si elle était à sa place, cela ne la gênerait pas de sécher, mais ce n’était peut-être pas le cas de Dunwyd.

« Et toi, tu comptes passer les échelons ? » demanda-t-elle, se souvenant qu’il avait posé la question. « De toute façon, j’ai l’impression que la vie d’un mage, c’est étudier sans cesse, alors haut grade ou non, en fin de compte… est-ce que c’est important ? »

Elle se tut deux secondes, avant de secouer légèrement la tête.

« Qu’est-ce que je raconte moi ? Bien sûr que oui. Ça a la classe d’avoir de beaux titres. »

Au moins, ce genre de discussion avait le mérite de tenir le temps d’arriver à l’objectif : ces portes d’où s’échappaient quelques légères odeurs sucrées.

Dunwyd

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Re : Quand est-ce qu'on invente les effaceurs ?
« Réponse #6 le: 31 janvier 2017, 22:57:07 »
L'apprenti ne se fit pas prier pour répondre au sourire d'Elke.
« Oh, t'en fais pas, t'as encore du chemin avant de ressembler vraiment à un prof… t'as pas encore développé ta capacité à donner l'envie de dormir rien qu'en parlant, je crois, »
supposa-t-il malicieusement.
« Ouais, je crois que je comprends. C'est vrai que ça devient sacrément rengaine, ce truc-là… et le côté barbant finit par casser le côté… magique, enfin de la façon que le disent les gosses. C'est ce que tu veux dire, non ? »
En tout cas, c'était l'opinion de Dunwyd. Mais peut-être avait-il interprété les paroles de la jeune femme à la lumière de sa manière de penser à lui.

« Bon programme, »
approuva-t-il tout en se mettant en marche aux côtés de l'autre,
« de toute façon, c'est bien connu que la magie, ça draine les forces, alors il faut se les reconstituer… »
Pour le moment, il ne se souciait pas trop de son futur proche. Il ne pensait pas prendre suffisamment de retard pour rater les cours suivants, et Elke avait une vitalité rare qui lui donnait envie de passer un peu plus de temps en sa compagnie. Bon, il allait galérer à rattraper le retard qu'il était déjà en train d'essayer de combler avant, mais… un problème à la fois, il réglerait celui-là plus tard.

Et pour son futur plus lointain, il gérait selon à peu près le même principe. Il haussa donc les épaules à la question le concernant.
« Bah, plus être apprenti, oui, mais après, je sais pas trop… en fait, je crois que j'aime pas beaucoup faire des prévisions trop longtemps à l'avance. Je verrai comment ça tournera, si j'ai des occasions, ou si j'ai l'impression que ça peut m'être utile. Pour le moment, j'ai juste envie d'avoir un peu plus de… d'indépendance par rapport aux cours du Collegium, si tu vois ce que je veux dire. C'est pas qu'ils sont mauvais, pas du tout, mais ça fait trois ans que je me les coltine, alors, j'ai bien envie de voir un peu autre chose, et puis que quand j'y reviens, ce soit moi qui l'ait choisi. »

Il lâcha un rire enrhumé lorsqu'elle avança son argument sur le bienfait des jolis titres de haut vol, et réalisa qu'il avait bien compris qu'elle n'avait pas obtenus les siens, plus modestes, à Haven. Mais où ? C'était sans doute ses origines étrangères qui la faisaient paraître aussi… originale, justement, avec un point de vue sur la magie qui n'était pas celui dont on lui rebattait les oreilles depuis qu'il était entré au Collegium.
« Excuse-moi si c'est indiscret, te sens pas obligée de répondre si t'as pas envie, mais… tu viens d'où, au fait ? »
questionna-t-il la main sur la poignée de la porte, prêt à l'ouvrir (la porte, bien sûr) pour mettre fin au sujet si des fois Elke semblait le trouver gênant.
« Modifié: 31 janvier 2017, 23:00:15 par Dunwyd »

Elke

Re : Quand est-ce qu'on invente les effaceurs ?
« Réponse #7 le: 01 février 2017, 01:07:44 »
Elke ne comprenait que trop bien le jeune mage. L’indépendance, la satisfaction de profiter de la liberté qu’offrait la magie… C’était un domaine vaste et jamais personne n’en fera le tour, mais pendant tout son apprentissage, la jeune fille avait eu l’impression qu’on la forçait à mettre des œillères. À écouter Dunwyd, elle se souvint de la sensation de fraîcheur qu’elle avait eu le jour où elle avait mis les pieds en-dehors de Pierre-de-Shor ! Ah, quel bonheur ça avait été ! Cette libération ! Rien qu’en y repensant, un nouveau sourire se greffa sur son visage avant de redescendre un peu sur terre, marchant à côté du jeune homme.

Du peu qu’elle le connaissait, elle le trouvait adorable. Il était poli, un peu timide mais avec un bon sourire ! Le sourire, c’était important.

Elle ne pensait pas qu’il lui poserait cette question, sur ses origines. Ça faisait deux ans qu’elle avait cessé d’y répondre, principalement par habitude qu’autre chose. Les gens ne lui demandaient plus, ils savaient. Apparemment elle était trop bavarde et elle avait une sorte d’inscription « Mage pipelette de Rethwellan » collée sur le front.

« Indiscret ? Oh, non, ne t’en fais pas pour ça. Mes origines ne sont pas vraiment un secret, c’est la première question qu’on m’a posé quand j’ai posé les pieds dans cette cité. ‘‘D’où viens-tu ?’’, ‘‘Qu’est-ce que tu fais ici ?’’, ‘‘Pourquoi ?’’, et tout un tas d’autres questions… Je viens de Rethwellan ! Mais si tu te posais la question, même à Rethwellan on me demande d’où je sors, ha ha ! Ah… »

Elle poussa finalement un soupir pensif. Que ça lui semblait loin maintenant, comme si tout ce qui concernait son pays natal était consigné dans un chapitre passé depuis longtemps. Pierre-de-Shor, et même encore avant, l’époque où elle ignorait son don… Elke regarda un moment ses mains, des mains de mage, et esquissa un demi sourire.

« Enfin, les professeurs d’ici ont l’air un chouia plus ouverts que ceux que j’avais eu ! Ça, c’est vraiment bien. Dans l’école où j’apprenais la magie, c’était très difficile de sortir par exemple… Demander l’autorisation demandait un temps fou ! J’ignore si toutes les écoles sont comme ça là-bas, mais ce que je sais, c’est que Pierre-de-Shor était despotique. »

Même si, jugé à son regard malicieux, ce n’était pas le genre de chose qui l’avait empêché de n’en faire qu’à sa tête. Combien de fois avait-elle escaladé les murs pour faire l’école buissonnière ? Combien de fois s’était-elle fait sermonner pour ne pas respecter les règles ? Ce n’était même plus quelque chose qu’on comptait. Peut-être que si on l’avait laissée plus libre, comme ici à Haven avec cette histoire de Collegium, peut-être qu’elle se serait tenue plus tranquille. Ou peut-être pas.

« Si tu veux je t’en parlerai plus, mais uniquement avec des biscuits dans les mains ! » s’impatienta-t-elle un petit peu. « Et il faudra que tu me parles de toi, par la même occasion. Tu as l’air d’avoir grandi ici, je me trompe ? Tu as de la famille pas loin ? Tu as le don depuis longtemps ? »

Contrairement à lui, Elke ne s’embarrassait pas de savoir si ses questions étaient indiscrètes ou non. Peut-être devrait-elle s’en inquiéter, mais elle n’en avait jamais réellement trouvé l’utilité : si Dunwyd ne voulait pas répondre, alors elle ne se vexerait pas ! Elle était juste… maladivement curieuse. Et elle ne pouvait pas s’en cacher, elle aimait bien connaître la vie des gens qui l’entourent.

Dunwyd

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Re : Quand est-ce qu'on invente les effaceurs ?
« Réponse #8 le: 02 février 2017, 22:15:02 »
« Oui, je me doute qu'on a pas dû te laisser trop tranquille au début… il y a bien des gens qui viennent d'ailleurs, mais quand même, ça rend toujours curieux d'en voir de nouveaux. Et puis, vue la situation avec Rethwellan quand tu es arrivée, c'est sûr que pas mal de monde a dû se montrer méfiant… on dirait que ça t'a pas empêchée de faire ton trou. »
Elle semblait prendre la chose sous un angle positif, en tout cas. C'était très bien, Dunwyd ne se serait pas senti aussi à l'aise autrement : là, il semblait que rien de ce qu'il pourrait dire ne serait capable de l'ennuyer, ou de la vexer, et c'était franchement rassurant. Il termina donc le mouvement, ouvrant la porte de la caverne aux trésors (gustatifs), et continua la discussion en allant réchauffer une bonne quantité d'eau, puis en fouinant dans les étagères à la recherche d'herbes à tisane à son goût.

« Rhoo là là, mais c'était plus une école, alors, c'était une prison ! Vous étiez nombreux, là-bas ? Parce que, ça doit donner envie de fuir… »
Vu son air, elle avait dû faire le mur plus souvent qu'à son tour, mais d'après ce qu'elle en disait, ça n'avait rien d'étonnant. Elle réclama de la nourriture plus substantielle, et l'apprenti termina son choix d'herbes en quêtant son approbation :
« Ça te va, du thym et de la menthe ? Il doit y avoir du miel quelque part, aussi, pour sucrer… ah oui, et là, c'est le coin grignotage, »
termina-t-il triomphalement, en ouvrant un placard où étaient entreposées les douceurs mises à disposition.

Il la laissa choisir ce qu'elle préférait : avec son nez bouché, il ne risquait pas de profiter vraiment des goûts, ce qui l'ennuyait assez, mais il se rattraperait plus tard. Il sortit deux tasses, dénicha des cuillères et un pot de miel, et porta le tout sur la table la plus proche, tout en répondant sans se faire prier aux questions plus personnelles.
« Bien vu, je suis bien de Haven. Mon père tient une auberge en ville, Sous l'aile du griffon, ça s'appelle. Il en est très fier… et tout aussi déçu que je prenne pas sa suite, évidemment. Je suis venu au Collegium dès que la magie m'a fait sa petite surprise, donc, il y a à peu près trois ans. Personne ne s'y attendait, ni moi, ni la famille… Il y a ma grand-mère, aussi, qui vit à l'auberge, »
précisa-t-il après coup, histoire qu'elle situe bien qui il englobait dans le mot « famille ». Comme elle avait finalement fait son choix de petits gâteaux, il lui adressa un clin d'œil :
« Alors, et cette école de Pierre-de-Shor ? Tout était aussi terrible que cette histoire de sorties quasi-impossibles ? »
« Modifié: 02 février 2017, 22:27:02 par Dunwyd »

Elke

Re : Quand est-ce qu'on invente les effaceurs ?
« Réponse #9 le: 03 février 2017, 13:28:00 »
Elke lâcha un rire soudain quand le mage désigna Pierre-de-Shor comme une prison. Une prison ! Il n’y avait aucune moquerie, simplement ça l’amusait énormément. Certainement parce que c’était exactement ce qu’elle avait pensé pendant les années de sa formations, mot pour mot. Une fois qu’elle se fut un petit peu calmée, elle s’approcha pour venir l’aider. Pas que Dunwyd semblait en avoir besoin – c’était comme si le plan de cette pièce était gravée dans sa tête ! – mais elle ne voulait pas non plus le laisser tout faire. Tout en attrapant un biscuit qu’elle glissa tout de suite dans sa bouche.

« Thym et menthe ? Le mélange parfait ! » s’exclama-t-elle en finissant d’avaler. « Surtout pour les rhumes, n’est-ce pas ? »

Dans une petite assiette, elle disposa quelques biscuits comme ça… Au moins, elle avait apporté sa contribution, non ?

« Pierre-de-Shor, eh bien… Je ne sais pas si c’est le cas dans toutes les écoles de Rethwellan, je n’ai pas réellement fait le tour, mais il y avait une sorte d’esprit. D’atmosphère. Je ne saurais pas te décrire ça facilement… »

À ses yeux, les mages et les non-mages étaient deux catégories différentes. À Pierre-de-Shor, c’était la magie pour la magie, les mages pour les mages. Ce n’était peut-être pas une mauvaise façon de voir les choses, et la jeune mage était sûrement influencée malgré elle, mais ça lui avait toujours semblé bizarre. Tellement bizarre qu’elle était devenue le mouton noir.

« Disons qu’on partait du principe que si jamais on avait du temps libre pour sortir, on avait du temps pour étudier. La bibliothèque était immense, avec des livres qui montaient jusqu’au plafond… et imagine ! Le plafond était loin ! Quand je suis arrivée là-bas, je ne savais même pas lire. »

Ça n’avait pas été difficile de deviner que Dunwyd ne venait pas de loin. Il avait des manies, un visage, le genre de chose qu’Elke retrouvait beaucoup par ici. Elle trouvait toujours fascinant les histoires des gens, tout le monde. D’autant plus que celle du jeune mage faisait un peu écho à la sienne… Un petit peu…

« Tu as connu ta grand-mère ? Ah, tu en as de la chance… Des frères et sœurs ? Ah une auberge, ça doit être intéressant, non ? Tu as dû en rencontrer, des gens. Un peu de tout, non ? Sous l’Aile du Griffon, c’est vrai que ça a de l’allure ! Mais… hum… La magie a un trait héréditaire, non ? Pourquoi est-ce que personne ne s’y attendait ? Je veux dire… Ton père ou ta mère, ils n’ont eu aucun rapport à la magie avant ? »

Enfin, ça arrivait évidemment. Elle se doutait bien que si chaque nouveau-né mage était détecté, les écoles de magie dans le monde entier seraient bien plus remplies. Et puis, elle non plus ne s’y était pas attendue, Dunwyd devait avoir été aussi surpris qu’elle. Mais tout de même. Après avoir lancé un regard un peu intrigué vers son camarade, elle se leva tout de même pour servir l’eau brûlante dans les tasses, en poussant l’une d’entre elles vers lui.

Dunwyd

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Re : Quand est-ce qu'on invente les effaceurs ?
« Réponse #10 le: 05 février 2017, 12:06:18 »
Il sourit à l'enthousiasme de la blonde concernant son choix herbeux, et opina à la supposition :
« Ouais, ça devrait être pas mal pour ça, et en plus, ça a un goût suffisamment fort pour que j'arrive quand même à le sentir… »
Il fronça les sourcils dans une tentative de compréhension de ce qu'elle essayait d'expliquer sur son école. Ça n'avait pas l'air simple à mettre en mots, mais il saisissait tout de même un petit peu.
« Il n'y avait vraiment que le travail qui comptait, c'est ça ? Et en théorique en plus ? J'aurais vraiment pas été à l'aise là-bas, moi non plus. Les bouquins… c'est pas trop mon truc. Si je peux pas voir en vrai à quoi ça sert, ce qu'on apprend, alors j'ai du mal à en retenir le quart »

Tout en continuant à s'expliquer et à écouter, il s'assit à la table.
« Oh, je la vois même à chaque fois que je retourne chez papa… c'est le dragon des cuisines, ça doit la conserver d'être toujours près des marmites ! »
Il se moquait un peu, mais gentiment, sans la moindre intention de méchanceté.
« Sinon, je suis tout seul, mais à Haven, on trouve vite plein de petits camarades de jeux dans les rues. Il y en a même un qui est ici, au collegium des bardes. C'est vrai, j'aimais bien l'ambiance, surtout quand il y en avait qui voulaient bien raconter des histoires sur leurs voyages, ça me faisait rêver… mais pas la comptabilité, par contre… »
Il eut une grimace éloquente. Non, ça, pas moyen, il n'avait pas pu.

Par contre, il s'était assis dos à son pot d'eau mise à chauffer, et il s'était si bien pris au jeu de raconter sa vie qu'il l'en avait complètement oublié. Heureusement, Elke veillait, et fit le service. Il la remercia d'un large sourire, et posa ses mains contre la tasse pour les réchauffer. Il n'avait pas si froid que ça, mais c'était toujours agréable. Puis il haussa une épaule, l'air un peu gêné, lorsque l'autre questionna l'origine de la magie en lui. Il y avait déjà pensé, mais les interrogations restaient sans réponse sur ce plan-là, alors, ça ne servait pas à grand chose, et il avait renoncé.
« Bah, je crois pas qu'il y ait eu quelque chose dans la famille de papa, ou alors, il y a trop longtemps pour que ça se soit transmis jusqu'à nous… l'information, je veux dire. Mais bon, ça pourrait bien sauter des générations, sûrement, comme les yeux bleus ou ce genre de trucs… ou peut-être que ça vient du côté de ma mère, mais je la connais pas, et papa n'aime pas en parler. »

Elke

Re : Quand est-ce qu'on invente les effaceurs ?
« Réponse #11 le: 07 février 2017, 10:37:23 »
« Ha ha, presque ! » rit un peu Elke en voyant les efforts que faisait le mage pour imaginer. « Il y avait beaucoup de pratique aussi, mais c’était… trop encadré pour moi. Enfin, ‘‘encadré’’… Disons que les professeurs n’aimaient pas les débordements. Ils nous apprenaient à nous contrôler avant de nous montrer ce qu’on était capable de faire ! ‘‘La magie doit servir l’homme et non l’asservir’’, c’était leur foutue devise. Ça ne ressemble pas à une excuse pour toi ? »

Certes, elle avait conscience de ne pas être objective quand elle parlait de Pierre-de-Shor. La mage avait clairement un parti pris, et ce n’était pas la meilleure version de cette école. Quand elle voyait le Collegium, si ouvert, elle se prenait à penser qu’elle aurait adoré se former ici. Dans l’optique où le professeur Calvan était là, bien sûr. Peut-être qu’il se serait bien entendu avec ses collègues d’ici, peut-être qu’il serait resté, et peut-être qu’Elke n’aurait pas eu à traverser des frontières pour le retrouver. Enfin, il était ridicule de parler en « si »…

La jeune femme esquissa un sourire quand Dunwyd lui parla de son ami du Collegium des bardes. Ça lui rappela sa rencontre avec Yvelin, peu de temps après son arrivée. Elle se demanda d’ailleurs ce qu’il devenait, depuis le temps… Cela faisait longtemps qu’elle ne l’avait pas croisé. Elle nota ça dans un coin de sa tête ; ce serait sympa de le revoir, il avait peut-être un peu changé depuis le temps. Enfin, il était certainement toujours aussi grand !

Mais elle revint sur terre quand Dunwyd reprit la parole, s’expliquant un peu plus sur la magie dans sa famille. Elke perdit légèrement son sourire : cette histoire était trop familière.

« Ah, je connais ça. Si si, je te jure. Je… Je suis désolée de l’apprendre pour ta mère, vraiment. »

Il ne la connaissait pas… Naïvement, Elke commença à penser qu’il lui était arrivé la même chose que la sienne. Avait-il eu un grand frère ou une grande sœur avant ? Oh elle espérait que non !

« Dans ma famille, c’était pareil. Personne ne savait vraiment d’où sortait ma magie, c’était juste apparu comme ça… À un moment donné… Sans vraiment de logique et- Ah si, il y avait eu une logique. Ou quelque chose. J’étais très en colère, je m’en souviens… »

Sa voix s’était baissée, le regard un peu vague. Elle avait beau s’en souvenir, ce n’était pas pour ça que c’était resté très clair dans sa mémoire. Les années avaient passé et maintenant, elle se demanda comment quelqu’un comme elle pouvait se mettre autant en colère. Après tout, Elke était le genre de personne à toujours voir le verre à moitié plein, à esquiver les problèmes à son aise et à facilement prendre sur elle ce qui ne va pas. La colère était de loin le sentiment dont elle avait le moins de souvenir, de vécu.

Elle leva alors les yeux vers Dunwyd, un peu curieuse. Lui aussi semblait calme et patient, il avait le regard si doux… Avait-il un jour ressenti une émotion si forte que cela dévoila son aptitude à la magie ? Ou alors, est-ce que ça s’était passé différemment ? Apparemment, il semblait voir sa famille de temps en temps, alors ils devaient être en bons termes. Ça y est, son sourire revint sur son visage : elle adorait les histoires de famille qui se passaient bien au final.

La jeune mage prit alors une gorgée de la tisane, toute petite. Ah, c’était encore bien chaud ! Trop chaud ! Elle se rattrapa sur un biscuit à côté…

« Ah, ils sont vraiment bons ces trucs ! » s’exclama-t-elle à peine eut-elle fini d’avaler. « Qu’est-ce qu’il y a dedans ? »

Elle prit un autre biscuit entre ses doigts, le même que celui qu’elle venait d’avaler, et l’observa attentivement. Étrangement, elle avait toujours été intéressée par la cuisine et les petites gourmandises, mais ce n’était pas pour ça qu’elle allait aux fourneaux. Quand ça ne parlait pas de magie, Elke était la définition même de l’ignorance et de la maladresse.

« C’est sucré… Et salé… C’est bizarre. Il y a de l’eau de mer ? J’ai entendu parler de biscuits à l’eau de mer quelque part. Mais c’est vraiment délicieux ! »

Dunwyd

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Re : Quand est-ce qu'on invente les effaceurs ?
« Réponse #12 le: 12 février 2017, 19:12:05 »
Dunwyd laissa la jeune femme s'expliquer sur son école, jusqu'à ce qu'elle le prenne à partie. Pour le coup, il ne savait pas trop quoi répondre.
« Bah, ça sonne plutôt pas mal, vu comme ça. Je veux dire, ça a l'air de partir de bonnes intentions. Mais bon, si on vous le serine à longueur de journée, je comprends aussi que tu le supportes plus. »

Ses explications sur les potentielles origines de sa magie la firent se rembrunir, et il secoua la tête, l'air serein :
« Oh, non, y'a pas de quoi ! »
l'assura-t-il, puisqu'a priori, quand on était désolé de cette manière, c'était pour un disparu définitif.
« Je pense que... si elle avait voulu faire autrement, elle aurait trouvé un moyen. Apparemment, elle voyageait beaucoup. Souvent, je me dis qu'elle a préféré me laisser à mon père, parce que ce serait plus... plus sûr et plus tranquille pour moi. Je pense qu'une maman réagit comme ça, non ? Même si ça lui plaît pas trop, elle fait quand même ce qui est le mieux pour... pour ses enfants. »
C'était un peu personnel, comme discussion, et il s'en trouvait légèrement gêné. Et dire que tout ça partait d'un encrier renversé !

Elke, quant à elle, semblait un peu ennuyée aussi à l'évocation de sa propre magie. Il lui lança un regard interrogateur, mais pas davantage, et s'efforça de briser l'étrangeté qui s'installait dans l'ambiance précédemment bon enfant, avec un petit rire.
« Oh, pour moi, même si je sais pas vraiment d'où ça vient à l'origine, ça a été plus net et assez logique, le moment où c'est apparu... y'avait des mages dans le coin. A l'auberge de papa, en fait. Qui se battaient. Je sais pas exactement comme ça a débloqué mon don, mais... c'est quasiment sûr que c'est à cause de ça. »

Et les victuailles permirent de ramener totalement la légèreté qui semblait être bien plus naturelle à la compagnonne. Le plus jeune sourit de ce rapide revirement.
« De l'eau de mer ? Drôle d'idée. Nan, je pense pas. Ça serait tout un bazar, de ramener de l'eau de la mer jusqu'ici, juste pour faire des biscuits bizarres. Ils ont juste dû mettre un peu de sel dedans, ou alors du beurre bien salé ? A moins que ce soit une erreur. Il paraît que plein de découvertes se sont faites par erreur, au final. C'est pas moi qui les ai préparés, en tout cas. »
Lui se contenta de souffler sur sa tisane, en attendant qu'elle refroidisse. C'est pas que les biscuits ne lui faisaient pas envie, mais en manger quand on n'avait quasiment pas de sens du goût, ç'aurait été du gâchis.
« Modifié: 12 février 2017, 19:27:48 par Dunwyd »

Elke

Re : Quand est-ce qu'on invente les effaceurs ?
« Réponse #13 le: 17 février 2017, 01:22:24 »
Tout partait toujours avec de bonnes intentions, surtout l’école d’où elle venait. Pour autant, Elke fit tout de même une petite moue peu convaincue. Ça ne servait à rien d’avoir peur de quelque chose qui était de toute façon en nous. Enfin, heureusement qu’ici c’était différent ! On y respire au Collegium, tant de manière littérale que figurée.

Elke comprit soudainement que finalement, Dunwyd n’avait pas le même vécu qu’elle. C’était un petit peu différent, sa mère était partie… Simplement partie. Ce n’était une image pour signifier qu’elle était passée ad patres, elle avait volontairement mis les voiles. Ayant peu d’expérience en matière de relation enfant-mère, elle ne pouvait pas être très formelle mais cette femme devait avoir une bonne raison. Si elle voyageait, et dans le cas où elle était liée à des choses pas terrible, ça pouvait peut-être s’expliquer. Éventuellement. Mais malgré tout, ça ne lui plaisait pas. Quand on a un enfant, on en prend la responsabilité, non ? On gère, on essaie de faire en sorte qu’il ne manque de rien, et en l’occurrence, qu’il ne manque pas de maman. Enfin, elle n’en savait trop rien. Ce n’était pas vraiment à elle de juger ce genre de chose, c’était quelque chose de sûrement trop personnel. Trop familial. Et Elke ne connaissait pas la famille de Dunwyd.

« Va savoir… » se contenta-t-elle de répondre.

Elle n’avait pas vraiment envie d’en parler maintenant, ça risquait de pourrir ce moment pourtant si serein et agréable avec un collègue de magie !

Pour se changer les idées, Elke s’efforça d’imaginer la scène où son camarade blond s’était découvert ce don. Cette bataille de mages – pourquoi des mages se battraient ? – dans une auberge bien tranquille, et d’un coup, un petit s’y met également ! Inconsciemment bien sûr. Plus elle y pensait, plus des petits détails vinrent s’y coller. Oh elle se détachait complètement de ce qui s’était réellement passé, mais c’était amusant de coller sur ces mages les visages de quelques élèves à Pierre-de-Shor qu’elle n’appréciait pas. Finalement, c’était une scène qui ne manquait pas d’humour, et les lèvres collées contre la tasse chaude, Elke lâcha un petit rire.

Ah zut ! Dunwyd allait sûrement se poser des questions si elle commence à rire sans raison…

Tiens non, il semblait davantage soulever l’idée de l’eau de mer dans les biscuits. C’était comme une porte de sortie !

« Tu penses que ça arrêterait les gens ? Ce bazar de l’eau de mer… Pourtant, ça ne me semble pas plus compliqué que cueillir des champignons quelque part et de les vendre au marché. Quoique pour trouver des champignons mangeables c’est déjà pas facile… L’eau de mer, ça doit être plus simple ! On n’a qu’à en prendre une bouteille dans la mer et voilà. »

Elle regarda le biscuit. Dunwyd avait sûrement raison, ça devait être du sel. C’était plus probable. Mais quelque part, c’était un petit peu décevant. En tant qu’étrangère, elle s’était attendue à trouver quelque part des spécialités culinaires bien bizarres ! Celles de Valdemar étaient bonnes, mais pas bizarres. Ou un tout petit peu bizarre.

Sur une échelle de un aux vers farcis aux pruneaux, ces biscuits valaient un petit trois, pour la note salée. Et encore, elle se trouvait généreuse ! Avec de l’eau de mer, ça aurait sans doute grimpé jusqu’au six et demi ! Voire sept s’ils avaient une couleur rebutante.

« Un jour il faudra qu’on essaie. De l’authentique eau de mer, ça doit bien se trouver ! Et faire des biscuits avec. On est mages, non ? Les bizarreries, ça doit être notre rayon, autant en profiter. Au pire, il y aura toujours les Guérisseurs pour réparer les dégâts ! Si on leur demande gentiment, ils accepteront certainement. »

Dunwyd

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Re : Quand est-ce qu'on invente les effaceurs ?
« Réponse #14 le: 20 février 2017, 21:21:31 »
Le sujet familial n'avait pas l'air d'intéresser Elke plus que lui, ce qui l'arrangeait assez, finalement. Tant mieux, il n'aurait pas beaucoup aimé qu'on vienne insister sur ce passé dont, au final, il ne se plaignait pas. Certes, les choses auraient pu être différentes, mais pourquoi s'encombrer de ce à quoi on ne pouvait plus rien changer ? Le récit de son arrivée à la magie semblait amuser la rethwellanaise, mais en effet, le gourmand s'intéressait plus aux idées de recettes originales.

« Ben, j'imaginerais surtout que ça devrait être une recette qui se fait dans les coins de bord de mer... c'est vrai que c'est pas difficile à récupérer, c'est même plus facile, parce que dans les coins à champignons, t'es jamais vraiment sûr d'en trouver, alors que la mer... faudra vraiment se poser des questions le jour où y'aura plus d'eau ! »
A son tour, il partit dans un petit rire, qui se termina en toux, laquelle mit quelques instants à passer. Il ressortit une grosse cuillerée de miel du pot posé sur la table, en laissa le plus gros fondre dans sa tasse, et lécha le couvert pour en ramasser les dernières traînées. Ah, ça allait un peu mieux !
« Mais ça fait lourd, à transporter, et juste pour de l'eau, ça paraît quasiment louche. T'imagines, à la frontière : c'est quoi, ces barriques ? De l'eau de mer. Les gardes feraient sûrement tout un bazar parce qu'ils s'imagineraient que le marchand cache quelque chose. Et puis, ça se vendrait pas cher, au final. Je crois pas que beaucoup de monde voudrait acheter de la flotte, même venue de la mer... »

Il sourit en constatant qu'elle avait vraiment l'air de tenir à son idée. Qui était amusante, il devait bien en convenir.
« Tu crois que je devrais demander à m'absenter pour voyager jusqu'à la mer ? Et quand on me demandera pourquoi, je répondrai : ben, pour aller prendre de l'eau là-bas et en faire des biscuits, évidemment. »
Le rire suivant réussit à ne pas dégénérer. C'est qu'en réalité, il aurait bien eu envie de voir du pays, mais il faudrait sans doute une meilleure raison que celle-là !
« Faudrait trouver quelqu'un qui y va de temps en temps. Au solstice, peut-être, quand tout le monde rentre dans sa famille ? Attends, qui est-ce qui pourrait aller vers là-bas... hum... faut que j'y réfléchisse, mais si je trouve, je te préviendrai ! On les fera ensemble. Enfin, euh, si tu comptes rester encore ici. »
Parce qu'après tout, il n'en savait rien. Elle n'était peut-être que de passage..
« Modifié: 20 février 2017, 21:30:40 par Dunwyd »