Fleur avait mûrit. Plus jeune, en découvrant qu’elle avait raison au sujet de l’identité de sa nouvelle connaissance, elle aurait battu des mains de joie. A présent, elle se contentait d’un grand sourire satisfait.
La jeune femme semblait surprise qu’on la félicite de son élection. Fleur avait du mal à imaginer qu’on puisse être blasée. Elle adorait sa vie, mais être Héraut... cela remplissait sa tête de rêve et de projet impossibles, en particuliers en compagnie de Noam.
Cependant, ce qui ressemblait à un début de mélancolie fut balayé par les révélations fracassantes de la Grise.
Une demande en mariage ? Comme ça, sans aucune présentation officielle, ni préparation ?
Fleur aurait eu tendance à penser que cela devait venir d’un rustre, mais si elle l’avait vu ici, c’est qu’il devait jouir d’un certain niveau social. Pas que le palais soit fermé au petit peuple mais quand même...
"Une demande en mariage, à une Grise en plus ? Mais qui donc s’est montré assez téméraire" c’était là un synonyme mondain pour ne pas dire stupide "pour tenter ce genre de manœuvre ?"
Comme pour relier son interlocutrice à un nom de famille, Fleur fit tourner les rouages de sa petite tête blonde.
Quelle famille avait notoirement un fils à marier ?
Il y en avait plusieurs que l’on pouvait croiser à Haven en ce moment.
Les Bordebures, bien sûr, mais on pouvait les éliminer, évidemment.
Il y avait également les Wineboro, qui cherchaient des épouses correctes pour leurs jumeaux.
Mais aussi Sieur Foxton, bien sur son fils fut trop jeune.
Cependant, on ne pouvait pas éliminer les hommes plus vieux. Certes, ils étaient sencés savoir faire ce genre de demande seuls, mais les vieux célibataires endurcis désespéraient tant leur famille qu’il n’était pas rare que le patriarche s’en mêle pour enfin espérer voir sa lignée perdurer.
Elle pensa à Beltran de Greenhaven, et éclata de rire. Non, sa famille ne venait jamais ici.
Il y avait aussi le fils de Dame de Horn, mais en tant qu’amie, elle le lui aurait dit.
L’avantage, c’est que Dyalwen semblait bavarde à son sujet, et qu’elle avait bon espoir de l’apprendre de sa bouche.
"Il faut absolument que vous me racontiez cette histoire, on n’entend pas ça tous les jours !"
Elle passa familièrement son bras sous celui de la jeune Grise. Les Bordebures étant une famille de petite noblesse, Fleur lui était supérieure, de part son nom de naissance et marital. Elle pouvait se permettre de se montrer gentiment condescendante. Venant d’elle, ce n’était pas méchant, et les gens le sentaient. Fleur n’avait jamais vraiment conscience des dégâts qu’elle pouvait provoquer avec ses potins, car au fond, elle était la gentillesse incarnée.