[Elbereth] Une cité magique...

[Héraut Aranel]

Il n'existait pas de guilde des magiciens à Haven ni même dans le reste du pays d'ailleurs. Contrairement aux autres royaumes, Valdemar avait la facheuse tendance à former et à garder ses mages bien au chaud pour les utiliser avec parcimonie et force prudence. Il n'y aviat pas non plus d'école de magie comme on pouvait en trouver à Valdemar. Les rares mages indépendants étaient étrangers et employés par les marchands ou les compagnies de mercenaires pour assurer leur protection.

Pourtant, dans la vieille ville, il était un établissement près de la guilde des tailleurs dont le but était de recenser les personnes aux Dons de Magie Véritable détecté. Chacun était répertorié selon son niveau et les plus méritants -les plus jeunes aussi- se voyaient parfois offrir une place au Collegium. L'homme qui dirigeait cette guilde se nommait Terence. C'était un gringalet à la coupe au bol, d'un naturel aimable et peu locace. Il faisait parfois le tour des tavernes à la recherche d'étrangers dans l'espoir de découvrir un nouveau nom pour sa liste.
On lui envoyait souvent des candidats également. Il se chargeait même de proposer des postes aux mages à la recherche d'un travail dont le niveau de formation éloignait tout risque d'accident.
C'est qu'à Valdemar on était pas coutumier de la magie. Elle ne faisait pas réellement partie du quotidien. La plupart du temps, les Mages étaient perçus comme des êtres mystiques, un peu dangereux qu'on préférait éviter. Depuis les Tempêtes Magiques qui avaient failli éradiquer le monde 90 ans plus tôt, l'avis de la plèbe avait peu évolué. La seule différence c'est qu'on pouvait de nouveau penser à la magie.

Ce jour-là, Terence n'avait pas grand chose à faire. Les petits boulots se faisaient rare et sa femme avait déjà balayé le pas de la porte trois fois depuis le matin. Il avait vérifié une énième fois son registre parfaitement à jour et se demandait s'il n'allait pas se boire une bonne pinte de bière à la Rose des Vents.

[A toi Elbereth   ]

[Elbereth]

Elbereth venait d'entrer dans la ville de Haven. Elle avait passé la matinée et une partie de l'après midi à marcher pour arriver aux abords de la cité. Le soleil avait dépassé le sud, et se dirigeait lentement vers l'ouest, où il finirait sa course de la journée... Ne connaissant pas du tout la ville, et n'ayant que peu de sous en poche, elle décida d'aller vers un endroit où on pourrait la renseigner sans trop de soucis, et son expérience lui avait appris que cet endroit était souvent la taverne. Mais la cité était grande, et en comptait plusieurs... La jeune fille se dirigea vers la première qu'elle aperçut, et entra. Sur la droite se tenait le comptoir, où un homme de corpulence assez importante essuyait des verres. Sur la gauche, on pouvait voir une dizaine de tables rondes en bois, où étaient installées quelques personnes qui bavardaient joyeusement. Entre elles passait une dame d'âge moyen, un plateau sur la main, et un chiffon sur le bras. Elbereth marcha donc vers le comptoir et s'adressa au monsieur, sûrement le patron :

-Excusez-moi Sieur, bien le bonjour. Je viens d'arriver à Haven, et je ne connais encore personne ici. J'aurai besoin d'un peu d'argent pour vivre... Connaitriez-vous quelqu'un qui cherche un mage d'un niveau inférieur, ou un apprenti-mage ?

L'homme, qui avait pris un air avenant au début de sa phrase, se durcit à sa question. Les personnes qui étaient proches d'elle suspendirent leur conversation et la dévisagèrent. Mal-à-l'aise, la jeune fille reprit :

-Pardonnez-moi si j'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas...

Le tavernier répondit :

-Bonjour, Mad'maselle. Non, c'est qu'vous savez, les gens normaux, ici, y z'aiment pas trop ceux qui touchent à la Magie... C'pas dans nos habitudes... M'enfin, j'peux bien vous aider un peu. Y a bien un homme, Terence qu'il s'appelle. C'est lui qui s'occupe de ces affaires là ici... Faut avancer un peu plus dans la vielle ville, et là vous trouv'rez une auberge : "La Rose des Vents", il va souvent là-bas. Un petit, peu gringalet, une coupe au bol. Mais vous d'mandez au tavernier d'la taverne, il vous dira lui.

Elbereth esquissa un sourire :

-Je vous remercie Monsieur. Passez une bonne fin de journée.

Elle salua d'un signe de tête les gens qui la regardaient, puis sortit. La jeune femme retrouva avec plaisir l'air frais du dehors, et s'avança un peu plus dans Haven... Une ou deux fois, elle demanda son chemin, et finir par arriver à ladite auberge. En colombage, l'aspect extérieur était plutôt joli et elle avait l'air coquette. Elle poussa la porte d'entrée, et fit quelques pas en direction du comptoir, encore une fois. Un sourire aux lèvres, elle salua l'homme qui semblait être le maître des lieux :

-Bonsoir Sieur ! Je cherche un dénommé Terence... On m'a dit que je pourrai peut-être le trouver ici ?

Le tavernier haussa un sourcil et répondit :

-Bonsoir Damoiselle. Hé bien oui, Sieur Terence vient souvent par ici, mais ma foi, il n'est point encore là pour l'instant. Voulez-vous, en attendant, boire un petit rafraîchissement ?

Elbereth acquiesça :

-Je vous avoue qu'un verre d'eau serait le bien venu, la route a été longue, je vous remercie.

L'homme la servit, et ils discutèrent un peu, attendant que Terence viennent pointer le bout de son nez...

[Héraut Aranel]

Terence s'était finalement décidé à quitter son petit bureau pour la Rose des Vents. Il faut dire que sa femme l'avait pratiquement fichue dehors lorsqu'il avait commencé à faire les cents pas et à l'interroger sur le menu du dîner du soir. Il avait marché d'un bon pas en ne s'arrêtant que deux ou trois fois pour saluer de vieux amis.
Lorsqu'il poussa la porte, il avait l'air si ratatiné que l'aubergiste pouffa d'un rire gras.

"Terence, mon ami, j'te sers un verre. On dirait que ton fils est mort."

Terence vint s'affaler au comptoir, saisit le verre que le tavernier lui tendait et l'engloutit dans une grimace. Il avait l'air plus détendu une fois la boisson ingurgité et il rit à son tour.

"Lequel de fils ? J'te rappelle que j'en ai 9...."

L'aubergiste resservit sa vieille connaissance en s'accoudant au comptoir, s'essuya le nez d'un revers de main en reniflant puis se redressa avec beaucoup d'ironie.

"Allez, la fille ce sera pour le prochain !"

Terence haussa une épaule dépitée.

"C'est ce qu'on s'est dit... à chaque fois."

L'aubergiste ne put s'empêcher de rire à gorge déployée. Par ici on l'appelait Teddy-9-gars et tout le monde connaissait ses garnements.

"Teddy j'ai une cliente pour toi."

L'aubergiste désigna la table sur laquelle Elbereth était installée du pouce et lui lança un clin d'oeil. Terence, étonné, se leva et se dirigea vers la jeune fille. Il hésita un instant avant de l'aborder. Il n'était pas très à l'aise lorsqu'il fallait rencontrer des gens qui n'avaient pas fait le premier pas.

"Bonjour, je suis Terence. Je peux peut-être faire quelque chose pour vous apparemment."

Il tenta de lui sourire maladroitement et désigna une chaise face à elle du nez.

"Je... Je peux ?"

[Elbereth]

Elbereth avait pris son verre d'eau, et était partie s'installer à une table laissant le tavernier travailler. Elle le sirotait tranquillement, appréciant la fraîcheur de l'eau, lorsqu'elle vit entrer l'homme qu'on lui avait décrit... Il avait l'air las et résigné. L'aubergiste prononça le nom de Terence, ce qui confirma ce qu'elle avait deviné, et la jeune fille tendit l'oreille, observant discrètement du même coup le nouvel arrivant. Un sourire étira ses lèvres lorsqu'elle entendit l'échange entre les deux amis. Ainsi il était père d'une grande famille... masculine. Elbereth n'avait pas eu la chance de connaître la compagnie d'un frère ou d'une sœur, elle ne pouvait donc qu'imaginer ce que cela pouvait être.

Elle sursauta légèrement lorsqu'elle vit Terence qui s'adressait à elle. En effet, perdue dans ses pensées, elle ne l'avait pas entendu arriver. Il avait l'air timide, comme mal à l'aise. Elle sourit :

-Bien sûr, je vous en prie, asseyez-vous. Je me présente, je me nomme Elbereth. Je viens des Monts d'Elenwë, où j'ai appris la Magie toute petite. Voilà deux ans que j'ai quitté mon peuple pour continuer à apprendre sur les routes... En arrivant à Haven, j'ai appris qu'il y avait une école, alors j'ai décidé d'en savoir un peu plus, et mes recherches m'ont menées à vous. Seriez-vous intéressé par un apprenti mage...? J'aime apprendre, découvrir, et j'aime la Magie. Je suis motivée, curieuse, enthousiaste...

Elbereth regarda l'homme dans l'attente d'une réponse, espérant que celle-ci serait positive.

[Héraut Aranel]

Terence s'intalla à la table en pianota un instant sur la table avant que l'aubergiste ne lui ramène son verre. Dans la précipitation il l'avait laissé au comptoir. Le petit homme chauve y plongea le nez avant de répondre.

"Enchanté Elbereth. Vous avez fait un long voyage ! Pourquoi avoir choisi Haven ?"

C'est vrai que la capitale de Valdemar étaient connue et reconnue comme un havre de paix et de quiétude... ou presque. Par rapport à d'autres grandes villes, le Collegium et ses Hérauts maintenaient un certaine harmonie.
Terence réfléchit un instant. Une jeune fille des montagnes n'ayant suivi aucune formation dans une école de Magie reconnue comme celles de Rethwellan ou auprès d'un maître valdemarien n'intéresserait pas grand monde. Personne ne prendrait le risque de l'employer.

"Quel âge avez-vous ?"

Elle semblait assez jeune. Ses voyages l'avaient endurci et elle semblait mature mais elle n'avait rien d'une femme faite. Le travail se faisait rare et les maîtres à la recherche d'apprentis encore moins. Mais il y avait peut-être une autre solution...

[Elbereth]

La jeune fille observa Terence, et fut surprise par sa question :

- A vrai dire, je n'ai pas, à proprement parler, "choisi" Haven. Disons que je n'ai pas trouvé de villes où je me sois vraiment plu jusqu'ici, mais si je suis restée plus longtemps dans certaines que dans d'autres... J'aime voyager, et chaque halte m'apprend quelque chose de nouveau chaque jour. Et puis j'ai entendu parler de cette grande ville, qui a attiré ma curiosité, alors je suis venue jusqu'ici. De toute façon, je n'ai rien à perdre, pas d'attaches, c'est pour quoi je me laisse autant de liberté dans mes déplacements.

L'homme l'évaluait, la jaugeait, elle le sentait. Elle répondit donc honnêtement à sa deuxième interrogation.

-Je ne dois pas être loin de mes vingts ans, mais pour tout vous avouer, j'ai oublié le jour exact de mon anniversaire.

Elle sourit. Puis scrutant son regard, elle demanda :

- Alors, vous croyez pouvoir faire quelque chose pour moi ? C'est possible ?

[Héraut Aranel]

Terence se tapota le menton de l'index, l'air songeur. Il cligna plusieurs fois des yeux avant d'acquiescer finalement. Le petit homme finit sa choppe d'une seule lampée, s'essuya la bouche du revers de la manche et se leva en tapant des points sur la table.

"Oui ! Je crois."

Il avait l'air plus jovial qu'auparavant. Non seulement le peu d'alcool qu'il avait ingurgité l'avait rendu plus joyeux mais il savait ce qu'il allait faire du reste de la journée et ça le mettait de bonne humeur. Chaque nom sur son registre lui rapportait de quoi faire vivre sa famille car il recevait une petite solde du Collegium ou des guildes marchandes.
Terence alla régler sa note auprès de l'aubergiste qui lui tapa dans le dos à lui faire perdre l'équilibre puis il clopina jusqu'à Elbereth pour la conduire jusqu'à son échoppe.

"Suivez-moi, suivez-moi. Je dois vous inscrire dans mon registre et envoyer un messager. Je connais quelqu'un qui pourrait certainement... Enfin ! Nous verrons ! Venez donc. Ma femme faisait des biscuits pour le dessert."

Il lui sourit d'un air confiant et s'engouffra dans la rue. L'air était encore frais malgré les jours qui rallongeaient et sentaient bon le printemps. Le petit homme resserra son veston contre lui et jeta un coup d'oeil par dessus son épaule.

" Les Monts d'Elenwë, hein ? Connais pas du tout. C'est un truc comme euh... loin au Nord non ? Vous devez pas avoir froid par chez nous."

Déjà l'échoppe se profilait au bout de la rue. Trois garçonnets aux godillots crottés jouaient devant. Ils avaient les joues rebondies et rosies par l'air frais, les cheveux en bataille et l'oeil vif. Ils n'étaient pas mal nourris et bien qu'ils fussent d'une nature simple, ils semblaient d'un naturel joyeux.
Terence les apercevant claqua la langue et mit les mains sur les hanches.

"Louis, Titou, Gawen ! Qu'est ce que vous faites là garnements ? "

Terence s'adressa une nouvelle fois à Elbereth en tentant de dissimuler son sourire aux enfants.

"Mes fils. Trois filous qui devraient être EN TRAIN DE FAIRE LEURS CORVEEES !"

Les garçons déguerpirent sans demander leur reste et laissèrent le champ libre à leur père qui alla jusqu'à la porte pour l'ouvrir à la volée et inviter Elbereth à entrer.

[Elbereth]

Elbereth fut surprise du coup de poing de Terence, et sourit à sa réponse. Elle se leva à son tour. En l'observant, la jeune fille se rendit compte qu'il semblé moins las et résigné qu'en arrivant, presque heureux. Elle paya son verre à l'aubergiste, le remerciant chaleureusement pour son aide, puis suivit l'homme, qui finalement proposait de la mener chez lui.

Elle retrouva avec plaisir l'air du dehors. Le soleil caressait sa peau de ses rayons dorés. La jeune femme ferma les yeux un instant et inspira profondément. Elle marchait d'un pas tranquille, derrière Terence, tout sourire, et répondit à sa question dans un rire léger :

-En effet les Monts d'Elenwë sont situés au nord-est pour être plus précise. C'est une chaîne de hautes montagnes, avec d'une part les forêts et plaines qui mènent jusque chez vous, et d'autre part un immense désert, où vivent des peuples touaregs, bien que nous ne les connaissions beaucoup. Vivant en moyenne altitude, j'ai très vite appris à résister au froid. Cependant, au cours de mes voyages, j'ai aussi appris à apprécier la chaleur. Et là, je trouve le temps bien agréable pour un début de printemps !

Tout en racontant cela, ils étaient arrivés au bout de la rue. Elbereth aperçut alors les trois garçons. Son regard s'attendrit un moment ; elle leur lança un "Bonjour !" jovial. Elle sourit discrètement à Terence, qui tentait vainement d'avoir l'air fâché.

-Eh bien ! Neuf fils, ça doit représenter une certaine somme de travail ! Et ils sont mignons comme tout !

La jeune fille entra timidement, passant devant l'homme qui lui tenait la porte, le remerciant avec un petit sourire.

[Héraut Aranel]

La pièce était en ordre et propre. De grandes poutres de bois supportaient le plafond et deux fenêtres à petits carreaux donnaient sur la rue à droite de la porte d'entrée. Le maître des lieux avait disposé près d'elles deux ou trois chaises munies d'un coussin passablement élimé pour faire patienter les potentiels clients. Face à la porte, un long comptoir de bois - griffé mais bien lustré - s'étendait sur un peu plus de deux mètres. Derrière un escalier en colimaçon permettait d'accéder au niveau supérieur, la partie familiale de l'échoppe d'où des cris joyeux se mêlaient.

Terence soupira à la mention de ses neuf fils mais son sourire contredisait sa lassitude. C'était un homme comblé qui n'avait pas peur de le montrer.

"Oh ne m'en parlez pas !"

Il secoua la main par dessus son épaule à l'adresse d'Elbereth et alla s'installer derrière son comptoir, se hissant sur un tabouret à trois pieds un peu bancal. La vision de ce petit homme presque chauve cherchant son équilibre les sourcils hauts était plutôt hilarante. Très vite, il sortit son registre, une plume et un encrier et s'appliqua à noter la date ainsi que le nom de la jeune postulante. Il s'empara ensuite d'un morceau de papier et griffonna quelque chose à la hate avant de lever les yeux vers l'étage.

"Rodrig!"

Le petit homme tapota le comptoir de la main, impatient.

"Rooodriiiiig !"

Le silence se fit à l'étage suivit par une cavalcade dans l'escalier par lequel déboula un préadolescent boutonneux. Il avait les cheveux en bataille, le nez retroussé et de grands yeux chocolats. Il ne ressemblait guère à son père et on aurait pu le prendre pour un ami de la famille si sa mère, enceinte jusqu'aux yeux ne le suivait pas d'un pas plus lent. C'était son portrait craché, les taches de rousseur mises à part. La bonne femme avait les hanches larges, un visage rond et amical et les oreilles légèrement décollées. Mais elle souriait à l'étrangère et portait un plat qui fumait encore.

"Teddy, tu allais faire attendre cette petite comme ça, espère de rustaud ?"

Elle cogna l'épaule de son mari qui manqua de tomber de son tabouret peu stable et se réajusta avec un sourire mi-attendri mi-contrit.

"Mais..."

La femme le fit taire d'un regard et alla jusqu'à Elbereth pour lui tendre son assiette de biscuits.

"Ma pauvre chérie, vous êtes tombée sur le dernier des malpolis."

Elle n'attendit pas que la jeune fille se serve et lui fourra un biscuit directement dans le bec. Toujours près de son père, le dénommé Rodrig commençait à se tortiller d'impatience. Terence leva les yeux au ciel et tendit à son fils le morceau de papier soigneusement plié, lui glissant quelques mots à l'oreille. L'adolescent chippa un gateau au passage et sortit sans demander son reste.
Le petit homme chauve couina pour attirer l'attention de sa femme qui leva le nez bien haut et vint finalement lui proposer un biscuit.

"Vous avez fait longue route ?"

La femme aux biscuits se tenait le ventre d'une main. Le terme n'était plus loin et le bébé remuait vigoureusement.

[Elbereth]

La jeune fille entra complètement dans la pièce, qu'elle observa. C'était simple, mais charmant. Elle aimait la joie de vivre et l'enthousiasme qui s'échappait d'au-dessus. Elbereth sourit à la réponse de l'homme et à son expression de bonheur.

-Au moins, vous n'avez pas le temps de vous ennuyer !

Un rire frais et léger s'échappa de sa gorge. Puis elle le suivit près du comptoir et l'observa alors qu'il écrivait. L'air concentré qu'il affichait tira un petit sourire à la jeune fille, qu'elle s'empressa de cacher, gardant son air confiant cependant. Elle-même était assez grande pour une femme, et une silhouette athlétique, due à ses longs voyages. Son visage pouvait paraître dur, mais dès que ses lèvres s'étiraient, cela lui donnait une expression rassurante et chaleureuse. Ses yeux brillaient souvent, que ce soit d'excitation, de curiosité ou de malice... Plongée dans ses pensées, elle sursauta légèrement lorsque Terence appela un certain Rodrig. Elle vit le petit papier qu'il avait à la main, et se demanda ce qu'il pouvait bien y avoir d'écrit. Elbereth salua ce jeune homme, qu'elle comprit être le fils de Terence, lorsqu'elle vit la femme qui le suivait. Qui, elle, devait être sa femme. Elle les salua d'une voix douce :

-Bonjour, je me nomme Elbereth, enchantée.

Elle cacha un petit rire, amusée par la scène du couple. Aucun doute, vu le regard qu'ils portaient l'un sur l'autre, ces deux là devait s'aimer d'un amour fort et solide. Elle tenta de protéger le pauvre Terence.

-Ne vous inquiétez pas Madame, il s'est très bien conduit avec moi, ne vous faites aucun sou...

Et avant qu'elle n'ait pu finir sa phrase, elle se retrouva avec un petit gâteau tout chaud dans la bouche. Elle croqua et avala un morceau, avant d'afficher une mine gourmande.

-Délicieux ! Vous avez l'air d'une cuisinière hors pair ! En même temps, avec autant de bouche à nourrir, vous devez avoir une sacrée expérience !

Elle sourit à nouveau, et observa le fils du couple partir, et Terence demander un gâteau.

-Oui en effet, voici deux ans que je voyage à présent, et je suis passé par bien des endroits. Je viens des Monts d'Elenwë, une chaîne de montagne au nord-est d'Haven. Je suis partie de ma dernière halte il y a six jours à présent.

En répondant, elle avait regardé le ventre de la femme. Elle sourit :

-Eh bien ! On dirait que c'est pour bientôt ! Peut-être une petite fille... ? Mais je ne connais pas votre nom...

[Héraut Aranel]

La bonne femme tendit le ventre en avant et le regarda d'un air mi-rêveur mi-résigné avant de sourire largement à Elbereth. C'est ce que tout le monde lui répétait... Une petite fille, ce serait peut-être enfin la bonne ! En tous cas celui-là profitait bien car la pauvre femme avait un ventre énorme.

"Que les Dieux vous entendent ! Moi c'est Shona mais mes amis m'appellent shishi."

Shona lança à la jeune fille un clin d'oeil complice. Elle poussa un soupir abyssal puis posa son assiette sur le comptoir avant de se soulager les reins, mains sur les hanches.
Elle n'eut pas l'occasion d'en dire plus car un bruit sourd retentit de l'étage suivi d'une longue plainte et de sanglots. La femme se dirigea à la hâte vers l'étage et tenta de monter les marches avec le plus de vélocité possible. Elle n'était plus à un aller-retour près !

"Liam qu'est ce que tu fais à ton petit frère ???"

Elle tourna simplement la tête vers Elbereth avant de disparaître à l'étage.

"Ravie de vous avoir connue !"

Terence sembla se rendre compte qu'il était seul avec Elbereth au bout de quelques instants de silence. Le petit homme sursauta et se regarda autour. La venue de sa femme avait été une aubaine car il était toujours un peu mal à l'aise en présence d'étrangers ce qui pouvait sembler très paradoxal lorsqu'on connaissait son métier. Remuant sur son tabouret, il sauta à terre et s'empara de l'assiette de biscuits pour en proposer un autre à la jeune fille.

Mais il n'eut pas l'occasion d'ajouter quoi que ce fut car Rodrig revenait déjà, en âge et le visage rouge mais satisfait d'avoir porté son message à bon port. Il portait une réponse qu'il tendit à son père, puis il prit un nouveau biscuit et repartit à l'étage pour reprendre le cours de ses activités.

Terence parcourut le bout de papier avec intérêt, son visage s'illuminant au fil des mots. Il sautillait presque lorsqu'il s'adressa à Elbereth :

"Hé bien mademoiselle, vous êtes attendue !"

Il tendit à Elbereth la missive, soigneusement rédigée. Elle portait un sceau bleu et argent : celui de Valdemar.

Elbereth, voici le contenu de la missive :

Nous attendons la postulante mage Elbereth des Monts Elenwë dans les délais qu'il conviendra d'appliquer. Présentez ce courrier aux gardes de la porte principale du Collegium. Nous lui feront passer les tests appropriés.

Arbretempête K'Leshya, doyen des Mages

[Elbereth]

Elbereth rit.

-Eh bien, si c'est une fille, elle aura du monde pour s'occuper d'elle ! Enchantée... Shishi !

La jeune fille lui rendit son clin d'œil complice. Elle leva les yeux au bruit qu'elle entendit à l'étage au-dessus, et sourit chaleureusement en voyant la mère de famille monter comme elle pouvait à l'étage. Décidément, cela ne devait pas manquer d'animation !

-Moi aussi, je suis ravie. Et je serai heureuse de vous revoir, à bientôt !

Puis, elle regarda Terence, qui avait l'air gêné, puis se saisit d'un gâteau lorsqu'il lui présenta le plat. Elle allait ajouter quelque chose, lorsqu'elle aperçut Rodrig qui rentrait de sa course. En voyant le petit papier, son impatience se transforma en excitation. D'autant plus quand elle vit la tête de Terence se réjouir. Avec un grand sourire, elle se saisit du papier.

-Attendue ?

Et se mettant, à lire, son sourire s'agrandit peu à peu.

-Oh merci beaucoup Terence ! C'est génial !

Elle lui saisit les épaules, et déposa un baiser sur chaque joue. Puis se recula, un peu gênée.

-Hum, pardonnez-moi, je suis un peu expansive de temps en temps. Par contre, je ne sais où se trouve les portes du Collegium. Vous m'accompagneriez ?

La jeune fille rayonnait, heureuse de pouvoir reprendre de l'activité dans une nouvelle ville...

[Héraut Aranel]

Terence acquiesça de la tête et sautilla vers l'escalier, pas le moins du monde destabilisé par la démonstration d'affection de la jeune fille. Son crâne dégarni semblait briller avec la même lueur de malice que ses yeux.

"Bien sur ! Laissez moi le temps de passer une pellerine et nous pourrons y aller."

Il disparut à l'étage pour revenir ensuite muni du par-dessus. L'air de la soirée qui avançait doucement mais sûrement l'avait convaincu de s'habiller plus chaudement. Dans une bonne dizaine de minutes ils atteindraient le Collegium et ceux qui y vivaient prendraient le relais. Il ne reverrait peut-être jamais la jeune fille mais quelque chose lui disait qu'elle reviendrait lui rendre visite tôt ou tard.

Note du MJ :
Elbereth, la suite de l'histoire c'est que vous vous êtes rendus au Collegium. Le petit homme t'a conduit jusqu'à la porte et t'a confié ta lettre puis vous vous êtes séparé. Il t'a invité à revenir le voir quand tu le désires et t'a fourré dans les mains quelques biscuits dans un linge (ordre de la maîtresse de maison !)

Au Collegium, un garde t'a conduit jusqu'au grand Hall principal et un jeune homme vêtu de bleu nuit est venu te chercher pour t'emmener jusqu'au bureau du doyen des Mages. L'homme qui t'a ouvert la porte avait l'air très exotique : de longs cheveux blonds parsemés de mèches blanches, un visage d'oiseau de proie aux pommettes hautes et aux joues creusées, des yeux d'un bleu perçant... Il te fait entrer et te met en confiance.

[C'est là qu'Arbretempête va reprendre le rp. Il va t'envoyer un MP pour te communiquer le lien. Bien que ton rp d'intro ne soit considéré comme achevé que lorsque tu auras eu cet entretien avec lui, tu peux dès à présent ouvrir des sujets libres et commencer à jouer par toi-même.   ]

[Elbereth]

Elbereth sortit une petite veste de sa besace, l'air s'étant rafraîchit... Elle attendit que Terence redescende. Lorsque ce fut chose faite, elle le suivit dans un sourire :

-Allons-y ! Encore merci pour tout Terence.

Ils partirent en direction du Collegium.