Enora hoche la tête à la suggestion de Raimond, et étrangement, elle a l'impression que les nuages dans le ciel ont bougé trop rapidement pendant un instant, mais le tout se stabilise. Sa vision aussi, est étrange, presque altérée. Comme s'il y avait des limites plus sombre aux coins de ses yeux. Elle ne peut pas vraiment les voir, mais c'est toujours en périphérie.
Concentré sur ce qu'elle doit faire, elle n'y prête pas tellement attention, elle écoute plutôt ce que les deux combattant aguerri lui disent. Bien sûr, elle aurait dû le savoir aussi, Méra n'était pas avec son compagnon, elle avait été évacuée. Comment avait-elle pu oublié un détail aussi important ? Pourquoi est-ce qu'elle se sentait aussi fatiguée tout à coup ?
Alors qu'elle met son pied dans l'étrillé, Enora n'arrive pas à monter sur Jorel. Ça deviens étrangement impossible pour elle de pousser sur sa jambe pour décoller son corps du sol. Ses doigts sont comme engourdis, ses pieds aussi. Elle n'est pas étourdie, mais c'est comme si elle n'avait plus vraiment de force.
::Enora ! Tu vacilles !::
La voix inquiète de Jorel pénètre son esprit et lui envoie presque comme une décharge. L'adrénaline la réveille, mais le mouvement de sursaut éveille aussi la douleur dans ses blessures. Elle baisse les yeux et remarque tous le sang qu'elle a perdu.
::Merde, je ne peux pas continuer... je peut même pas monter sur ton dos. Je serais un poids pour vous. Va sauver la pierre-coeur avec eux ! Prend Méra sur ton dos, vous irez plus vite. Le temps presse !::
::A condition que tu ailles voir un guérisseur, tu tiens à peine debout.::
Enora sourit à Jorel, les yeux dans ses yeux. Elle y lit tout son amour et son inquiétude, elle ne ressent que lassitude et regret de ne pouvoir se battre à ses côté. Elle a atteint ses limites, il ne sert à rien de pousser. Elle ne serait qu'une nuisance. Sauver Haven est plus important.
"Méra, Jorel accepte de te porter... le combat s'arrête ici pour moi. Je ne ferais que vous ralentir."
Elle est inquiète pour tous les gens qu'elle a l'impression de laisser tombé, mais elle a assez de maturité pour savoir qu'elle ne peut plus rien apporter de bien. Elle ne peut que prier pour que personne d'autre ne soit blessé gravement.
"Je peux encore marcher, je crois, j'irai rejoindre les guérisseurs les plus proches."