Dunwyd finit par hocher la tête, gagné par l'assurance de sa mère. Si elle aussi était d'avis que les autorisations n'étaient pas prioritaires, c'est bien qu'il devait y avoir un fond de vérité là-dedans, et puis, cela satisferait son penchant personnel à la facilité : si ça se trouvait, il n'y aurait même rien à faire.
Concernant la possibilité qu'elle devienne son enseignante, il resta un instant silencieux. Il n'avait pas réfléchi à tout cela, et comme bien souvent, n'avait écouté que son cœur. Mais il pensait malgré tout être capable d'y parvenir.
" Franchement, je ne peux pas te promettre que ça se passera toujours parfaitement… c'est vrai que ça fera beaucoup de choses à la fois, et puis, je ne sais pas ce que ça pourra donner, je veux dire, même indépendamment l'un de l'autre, apprendre à te connaître, et avoir un maître de magie rien que pour moi… Mais je crois qu'on pourrait arriver à s'entendre quand même. Et puis, maintenant que tu m'as dit ça, l'histoire de bien séparer, ben je sais que je devrai faire attention. Et toi aussi, si tu as l'impression que ça se mélange, tu pourras toujours me le redire. 'Faudra pas hésiter, même. "
Oui, cela faisait bien beaucoup de nouveautés dans lesquelles se plonger, mais Dunwyd en avait grande envie, et les conséquences ne l'inquiétaient pas. Sa mère ne pouvait qu'être quelqu'un de bien, elle avait l'air si digne et si attachée à lui malgré leur longue séparation, tout se passerait bien. Ses yeux brillèrent un peu plus vivement.
" En plus, ça m'a l'air franchement passionnant, tes recherches, et comme tu fais ça en voyageant, encore plus. J'avoue, j'ai pas super envie de me retrouver avec un vieux croûton qui voudrait jamais sortir de Haven et continuerait à me gaver de théorie ! Tu sais, quand la magie est arrivée chez moi, j'ai eu l'impression que ça faisait quasiment un monde nouveau qui s'ouvrait pour moi. J'aime bien les trucs nouveaux. "
Quant à la formalisation de cette affaire, en effet, ce ne serait probablement pas la partie la plus compliquée, et il eut un signe affirmatif.
" J'irai demander, comme ça, on sera fixés. "
Ce qui avait démarré comme une simple évocation de son ami devenait une conversation bien plus sérieuse. L'étonnement de l'apprenti dut se peindre sur son visage : il n'avait jamais envisagé les choses sous cet angle, même si, cette fois aussi, la manière qu'avait sa mère de percevoir l'existence des Bardes au sein de la société valdemarane ne semblait pas délirante outre mesure.
" Ben, je crois qu'ils sont quand même assez indépendants, enfin, je sais pas comment ça se passe vraiment, mais j'ai pas l'impression que le roi ou des gens comme ça se serviraient d'eux pour des mauvaises raisons. J'imagine qu'ils doivent quand même être assez indépendants… mais j'ai pas idée de s'ils ont des garanties, ou alors prêté un serment, enfin j'en sais rien. "
Il ne pouvait pas ne pas essayer de défendre les Rouges, mais les graines du doute s'étaient malgré tout implantées en lui, en témoignaient les hésitations dans son discours.
" La plupart du temps, ils permettent juste d'avoir un divertissement un peu plus coloré que si c'étaient des simples musiciens sans don. Ça fait que du bien pour ceux qui les écoutent. "
La suite lui fit oublier tout cela, et lui tira un large sourire.
" Ça, c'est parler comme une gentille maman ! "