Elke écoutait avec fascination ce que lui racontait le barde. Elle se sentait plutôt stupide avec sa carte maintenant, mais qu'importe ? De toute façon, ça lui servira bien un jour. S'il était vraiment si difficile de se perdre, elle trouvera bien une autre utilité à cette carte... Hum pour l'instant, elle n'en avait aucune idée, mais le temps viendra. Après tout, l'imagination était le fort des mages, non ? De beaucoup d'autres gens aussi, mais des mages pas moins ! Comme on le disait chez elle « les plus grands des mages vivent avec trois sorts et beaucoup d'imagination ».
« Vous fonctionnez presque pareil qu'à Rethwellan... », maugréa-t-elle en suivant Yvelin hors du réfectoire. « Quand vous n'avez pas d'argent, pour ne pouvez rien faire, c'est ça ? Pourtant si tu le voulais vraiment, tu pourrais partir d'ici... Rassembler deux ou trois pièces, tailler les routes, sentir tes pieds dans la gadoue et vivre des trucs ! La classe sociale, ça ne compte plus vraiment. Moi j'étais fille de fermier, tu vois. Enfin... j'imagine aussi que ça demande de gros sacrifices de quitter un endroit qu'on aime. Et t'as l'air d'aimer Haven. Bah, chaque chose en son temps, tu seras sur les routes bien assez tôt apparemment ! »
Effectivement, il faisait un peu frais en sortant. C'était incroyable cette façon de ne pas sentir le froid quand on était à l'intérieur du Collegium. Tu ne lui avais pas menti, ils avaient un système de chauffage assez impressionnant ! Tiens, ça lui faisait penser qu'elle aimerait bien voir comment ils arrivaient à faire ça... Tout chauffer, un endroit aussi vaste que le Collegium, ça devait valoir son pesant en énergie ! Et il fallait bien un système efficace et innovant, non ? Elle garda cette idée dans un coin de sa tête et acquiesça à la proposition du jeune homme. Maintenant qu'elle se souvenait plus ou moins du chemin menant à sa chambre, elle s'y retrouva rapidement. Le Collegium lui avait bien fourni de nouveaux vêtements, un peu plus adaptés à la mode de Valdemar, ainsi qu'une nouvelle cape, mais Elke préféra vêtir son ancienne. Elle était longue et délavée, et les bouts étaient un peu déchirés, mais eh, on ne changeait pas une équipe qui gagne ! Et puis, emmitouflée dans ces longues manches, elle ne risquait pas d'avoir froid.
Elle retrouva alors le barde qui s'était également vêtu, et quittèrent le complexe pour arriver dans le quartier qu'Elke avait déjà vu à son arrivée. De grandes demeures, de grands jardins, des belles routes... Elle avait bien deviné qu'il s'agissait là du quartier des gens riches, qui avaient le moyen de tondre leur pelouse avec des ciseaux argentés ! Elle avança d'un pas un peu rapide, pour ne pas être distancée par les longues jambes du barde, tout en regardant curieusement autour d'elle.
« Finalement, je n'aurais pas dû prendre cette cape, il fait trop chaud... » se plaignit-elle en relevant ses manches sans cesser d'écouter le barde. « Si c'est si vide, ça ne doit pas manquer de voleurs par ici, non ? Les maisons riches et vides... Si j'étais en quête de quelques pièces d'or et de deux trois colliers d'argent, je n'hésiterai pas, je crois. C'est pas une porte fermée qui m'empêcherait de rentrer. »
Bien sûr, loin d'elle l'idée d'aller chaparder quelques petites choses là-dedans, l'or n'avait jamais eu beaucoup d'estime à ses yeux. Pourtant, elle savait bien que son cas était loin d'être la majorité. Peut-être que cette milice privée ne suivait pas ces gens riches et qu'elle restait patrouiller dans le quartier, mais tout de même... Il y a beaucoup moins d'yeux, beaucoup moins de témoins. Comment font-ils pour empêcher ça ? Ou peut-être qu'ils ne l'empêchent pas et qu'ils s'en plaignent chaque année en se prélassant au soleil de campagne. Ah, ça devait être comique !
« Quand je suis arrivée à Haven, j'ai rencontré un soldat. Il avait une tête... hum, s'il était venu à me demander simplement son chemin, je crois que j'aurais flippé. Mais il était beaucoup plus sympa qu'il n'y paraissait ! Il avait une grande hache, là, et il s'appelait... Pims. Pins. Piztzz. Non, pas un « p »... C'était... raah, je n'ai plus son nom ! Je l'avais retenu pourtant, je ne le retrouve plus ! Zifz ? Bref. Tu le connais ? Il fait partie de la garde dans la cité, non ? Il m'a dit qu'il entraînait les nouvelles recrues de temps à autres. »
Et peut-être qu'il se trouvait parfois sur le champ de bataille, d'ailleurs. Ah, cette fichue guerre...
« Il y a des risques pour que la guerre se propage jusqu'ici ? Et à Rethwellan ? Je ne me suis pas tenue spécialement au courant des dernières avancées, je déteste les batailles. Mais les gens qui vivent ici, ils sont en sécurité ? »