Auteur Sujet: Visite guidée  (Lu 5834 fois)

Yvelin

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Visite guidée
« le: 10 septembre 2016, 10:25:21 »
5e jour de la 1re décade d'hiver -  Suite des évènements racontés ici

«Je n'ai aucune idée du prix des cartes... il faut dire que la plupart des gens n'en utilisent pas. Valdemar a un réseau de routes assez... carré. Quatre grandes routes commerciales, partant de la cité en direction des quatre points cardinaux. Difficile de se perdre.»

Yvelin débarrassa son assiette sur le plateau prévu à cet effet et revint à sa place pour continuer la discussion avec Elke

«Mais non, je suis jamais sorti.» Il lui tint la porte pour sortir du réfectoire. «Tu sais, c'est souvent le cas des habitants des grandes villes... Pour partir en voyage, il faut avoir du temps. Et pour avoir du temps, faut être riche. Quand on vient comme moi de la classe des artisans, on a guère le temps pour les loisirs. À moins d'avoir particulièrement bien réussi... Mais les Fermes Familiales sont un endroit très joli... c'est tout près de la ville, mais c'est déjà la campagne. Et il y a des petits étangs et la rivière qui passe tout près. C'est très bucolique. On y va souvent avec les Bardes... pour les cours de poésie.»

Tandis qu'il parlait, il guida Elke en dehors du bâtiment. L'air était plutôt frais, et il fut vite évident qu'ils auraient besoin d'une cape.

«Je vais aller chercher ma cape... je te conseille de faire pareil. On se retrouve là?»

Il se dirigea à grandes enjambées (l'avantage de faire plus d'1m90) vers le Collegium des Bardes et sa chambre. Il récupéra sa cape courte et la passa sur ses épaules avant de repartir vers l'entrée où il avait laissé Elke. Dès qu'elle fut de retour elle aussi, il se remit en route.

Ils passèrent les portes de complexe et se retrouvèrent dans le quartier noble.

«Nous sommes dans le quartier noble. C'est là qu'on trouve les plus vieilles demeures de Haven. C'est aussi là que vivent les membres du Conseil et la plupart des nobles de la cour. L'été, elles sont majoritairement vides, car les nobles préfèrent passer la saison chaude à la campagne, dans le domaine qui leur vaut leur rang. Du coup, le quartier est assez dépeuplé en été. Ah, et ce quartier possède sa propre milice, payée par les gens qui y vivent. Dans le reste de la cité, c'est la garde qui est en charge.»

Elke

Re : Visite guidée
« Réponse #1 le: 21 septembre 2016, 13:59:44 »
Elke écoutait avec fascination ce que lui racontait le barde. Elle se sentait plutôt stupide avec sa carte maintenant, mais qu'importe ? De toute façon, ça lui servira bien un jour. S'il était vraiment si difficile de se perdre, elle trouvera bien une autre utilité à cette carte... Hum pour l'instant, elle n'en avait aucune idée, mais le temps viendra. Après tout, l'imagination était le fort des mages, non ? De beaucoup d'autres gens aussi, mais des mages pas moins ! Comme on le disait chez elle « les plus grands des mages vivent avec trois sorts et beaucoup d'imagination ».

« Vous fonctionnez presque pareil qu'à Rethwellan... », maugréa-t-elle en suivant Yvelin hors du réfectoire. « Quand vous n'avez pas d'argent, pour ne pouvez rien faire, c'est ça ? Pourtant si tu le voulais vraiment, tu pourrais partir d'ici... Rassembler deux ou trois pièces, tailler les routes, sentir tes pieds dans la gadoue et vivre des trucs ! La classe sociale, ça ne compte plus vraiment. Moi j'étais fille de fermier, tu vois. Enfin... j'imagine aussi que ça demande de gros sacrifices de quitter un endroit qu'on aime. Et t'as l'air d'aimer Haven. Bah, chaque chose en son temps, tu seras sur les routes bien assez tôt apparemment ! »

Effectivement, il faisait un peu frais en sortant. C'était incroyable cette façon de ne pas sentir le froid quand on était à l'intérieur du Collegium. Tu ne lui avais pas menti, ils avaient un système de chauffage assez impressionnant ! Tiens, ça lui faisait penser qu'elle aimerait bien voir comment ils arrivaient à faire ça... Tout chauffer, un endroit aussi vaste que le Collegium, ça devait valoir son pesant en énergie ! Et il fallait bien un système efficace et innovant, non ? Elle garda cette idée dans un coin de sa tête et acquiesça à la proposition du jeune homme. Maintenant qu'elle se souvenait plus ou moins du chemin menant à sa chambre, elle s'y retrouva rapidement. Le Collegium lui avait bien fourni de nouveaux vêtements, un peu plus adaptés à la mode de Valdemar, ainsi qu'une nouvelle cape, mais Elke préféra vêtir son ancienne. Elle était longue et délavée, et les bouts étaient un peu déchirés, mais eh, on ne changeait pas une équipe qui gagne ! Et puis, emmitouflée dans ces longues manches, elle ne risquait pas d'avoir froid.

Elle retrouva alors le barde qui s'était également vêtu, et quittèrent le complexe pour arriver dans le quartier qu'Elke avait déjà vu à son arrivée. De grandes demeures, de grands jardins, des belles routes... Elle avait bien deviné qu'il s'agissait là du quartier des gens riches, qui avaient le moyen de tondre leur pelouse avec des ciseaux argentés ! Elle avança d'un pas un peu rapide, pour ne pas être distancée par les longues jambes du barde, tout en regardant curieusement autour d'elle.

« Finalement, je n'aurais pas dû prendre cette cape, il fait trop chaud... » se plaignit-elle en relevant ses manches sans cesser d'écouter le barde. « Si c'est si vide, ça ne doit pas manquer de voleurs par ici, non ? Les maisons riches et vides... Si j'étais en quête de quelques pièces d'or et de deux trois colliers d'argent, je n'hésiterai pas, je crois. C'est pas une porte fermée qui m'empêcherait de rentrer. »

Bien sûr, loin d'elle l'idée d'aller chaparder quelques petites choses là-dedans, l'or n'avait jamais eu beaucoup d'estime à ses yeux. Pourtant, elle savait bien que son cas était loin d'être la majorité. Peut-être que cette milice privée ne suivait pas ces gens riches et qu'elle restait patrouiller dans le quartier, mais tout de même... Il y a beaucoup moins d'yeux, beaucoup moins de témoins. Comment font-ils pour empêcher ça ? Ou peut-être qu'ils ne l'empêchent pas et qu'ils s'en plaignent chaque année en se prélassant au soleil de campagne. Ah, ça devait être comique !

« Quand je suis arrivée à Haven, j'ai rencontré un soldat. Il avait une tête... hum, s'il était venu à me demander simplement son chemin, je crois que j'aurais flippé. Mais il était beaucoup plus sympa qu'il n'y paraissait ! Il avait une grande hache, là, et il s'appelait... Pims. Pins. Piztzz. Non, pas un « p »... C'était... raah, je n'ai plus son nom ! Je l'avais retenu pourtant, je ne le retrouve plus ! Zifz ? Bref. Tu le connais ? Il fait partie de la garde dans la cité, non ? Il m'a dit qu'il entraînait les nouvelles recrues de temps à autres. »

Et peut-être qu'il se trouvait parfois sur le champ de bataille, d'ailleurs. Ah, cette fichue guerre...

« Il y a des risques pour que la guerre se propage jusqu'ici ? Et à Rethwellan ? Je ne me suis pas tenue spécialement au courant des dernières avancées, je déteste les batailles. Mais les gens qui vivent ici, ils sont en sécurité ? »

Yvelin

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Re : Visite guidée
« Réponse #2 le: 23 septembre 2016, 13:06:05 »
Yvelin, comme beaucoup de très grandes personnes, marchait naturellement très vite. Et comme il se déplaçait la majeure partie du temps seul, il n'était pas habitué à devoir d'adapter au rythme des autres. Mais il n'était pas complètement aveugle non plus, aussi finit-il par réaliser qu'il marchait trop vite pour sa camarade.

«Excuse-moi si je marche trop vite pour toi.» Il ralentit un peu son pas. «Et non, il n'y a pas spécialement plus de voleurs ici. Parce que justement ils ont une milice privée.»

Parfois, Yvelin ralentissait devant une façade particulièrement intéressante ou un jardin superbement arrangé. Il prenait aussi le temps de nommer les familles propriétaires des demeures: Orthallen, Trevale, Girier — «eux sont en disgrâce... la maison est vide», Westmark, Villier, etc...

Puis Elke, suivant sans doute le cours de ses pensées, évoqua un soldat qu'elle avait rencontré à son arrivée.

«Euh...» Yvelin chercha dans sa mémoire l'image d'un garde qui collerait à la description d'Elke. «Une hache tu dis? Je ne le connais pas personnellement, mais je pense savoir de qui tu parles. Son nom c'est Fitz... en tout cas d'après la chanson. Mais il n'est pas garde de la cité. Il fait partie de l'armée. Et aucune chance que j'ai un cours avec une brute pareille! Jamais on ne lui confierait un Barde! Les mains d'un musicien sont son trésor le plus précieux... et ce type est tout à fait capable de te fracasser un bras par mégarde! Et ça le ferait rire!»

Quant à la guerre...

«La guerre? Ici? Non, je ne crois pas. Nous sommes tellement loin des lignes. En plus, la frontière avec Rethwellan est très accidentée. Ce serait difficile de lancer un assaut massif sur le pays. Cette guerre est déjà tellement absurde. Je veux dire... Valdemar et Rethwellan ont toujours été alliés. Nos familles régnantes sont liées par le sang! C'est totalement aberrant cette situation. J'espère que tout cela sera vite réglé...»

Au fur et à mesure qu'ils descendaient la pente, les demeures se faisaient moins anciennes, moins grandes, mais aussi plus modernes et douillettes. À cette période de la journée, les rues étaient animées même dans ce quartier. Des livreurs de toutes sortes se bousculaient devant les entrées de service, des serviteurs de livrées se pressaient pour remplir les missions confiées par leurs employeurs. Yvelin décida d'obliquer dans une ruelle moins fréquentée. Il réalisa bientôt qu'ils étaient seuls dans une étroite allée. Sans qu'il ne comprenne pourquoi, cela le mit mal à l'aise. Que c'était compliqué, ces émois adolescents! Le moindre évènement le chamboulait. Sans raison souvent, comme en ce moment. Elke était une femme. Une femme! Elle n'avait rien qui pourrait intéresser Yvelin. Il n'y avait rien d'ambigu à ce qu'ils soient seuls dans une rue déserte.

*Alors maintenant, du calme là-dedans!*

Heureusement pour lui, ils débouchèrent de nouveau dans une plus fréquentée.

«On arrive dans le quartier des marchands aisés. Les maisons sont un peu moins... fastueuses, mais souvent elles sont plus confortables que les demeures des nobles, car elles ont les commodités modernes.»

« Modifié: 25 septembre 2016, 17:42:46 par Yvelin »

Elke

Re : Visite guidée
« Réponse #3 le: 24 septembre 2016, 16:53:13 »
Au fur et à mesure que le barde lui présenta les différentes maisons, toutes avec une architecture qu'Elke jugeait digne d'un château, la jeune mage l'écoutait religieusement. Enfin, elle ne retiendrait peut-être pas la moitié de ces nom, mais ça avait l'air d'être de sacrées familles ! Même les Girier, en dépit de leur disgrâce. Leur façade avait quelque chose d'assez imposant et spectaculaire, c'était assez impressionnant.

« Fitz, c'est ça ! » s'écria-t-elle quand Yvelin lui rappela son nom. « Par les dieux, comment un nom aussi simple peut-il être aussi difficile à retenir ? Et il est dans l'armée... Ah, j'avais cru que la garde et l'armée, c'était plus ou moins la même chose. Leurs quotidiens doivent se ressembler certainement, non ? Et- »

Elle s'arrêta d'un coup, et esquissa un grand sourire. Une chanson ? Il y avait une chanson ? Ha, elle donnerait cher pour savoir ce qu'elle disait, cette chanson. Elle n'avait vu Fitz que quelques instants, mais elle n'avait pas réalisé d'à quel point il devait être quelqu'un d'important, surtout s'il y avait un chant sur lui.

« J'aimerai bien entendre ça, tu la connais ? Est-ce qu'il y a des chansons sur chaque personne ici ? Et sur messire Arbretempête ? Maintenant, tu ne peux plus prétexter que tu manges pour éviter de me chanter un truc ! »

Oh elle avait bien compris que cette perspective gênait un peu Yvelin, mais jusqu'ici, elle n'avait pas entendu un des chants qui faisaient la fierté des bardes... c'était bien dommage ! Surtout après tout ce qu'il lui avait raconté. C'était comme si un mage refuserait de faire un sort pour prouver combien la magie peut être cool.

« Enfin... » Elle essaya de se rattraper, ne voulait pas mettre le jeune barde plus mal à l'aise qu'il ne l'était déjà. « Si tu ne veux pas, je ne me vexerai pas, tu sais ! »

Finalement, parler de la guerre n'était pas une bonne idée. Elke s'estimait assez chanceuse pour ne pas avoir à traverser de front les champs de bataille tout en esquivant les recrutements très insistants qu'on faisait dans les villes et les villages aux alentours. Elle était mage : aux yeux de son pays natal, elle avait des responsabilités de guerre à prendre, non ? Et puis imaginer les batailles, les cadavres, les souffrances d'un champ en ruines que ce soit à Valdemar ou Rethwellan, ça n'aidait pas à profiter de cette belle journée.

« J'espère aussi... »

Mais si les choses empiraient, que se passerait-il ? Serait-elle toujours admise ici alors qu'elle était née à Rethwellan ? Elke n'était pas autant attachée à son pays que l'étaient d'autres mages ou même d'autres membres de sa famille.

Elle tourna la tête vers Yvelin, voulant parler d'une autre chose, mais il n'avait plus l'air très à l'aise. C'était vrai que la ruelle était un peu serrée, mais elle ne voyait absolument pas ce qu'il y avait de gênant : l'idée que ça puisse être ambigu d'être avec un homme dans un lieu non fréquenté ne lui effleura même pas l'esprit. Elle le regarda, haussant un peu les sourcils, puis avança. Peut-être qu'il se sentait un peu mal d'être aussi compressé par deux murs. Ça arrivait parfois, des gens en avaient peur. Mais Elke n'avait aucune idée de ce qu'il fallait faire dans ce genre de situation. Bah, il sembla se reprendre rapidement quand ils arrivèrent dans une plus grande rue, bien plus animée.

« Allez, ça va mieux ? » lui demanda-t-elle en lui tapotant gentiment le dos. « Fais comme moi, respire un grand coup ! En plus, ça sent bon. Je ne sais pas ce que c'est, mais ça sent bon. »

La jeune mage avança alors de quelques pas dans la rue, et en parfaite touriste, elle se mit à lever la tête vers tout ce qui pourrait piquer son intérêt. Effectivement, ces maisons semblaient un peu différentes, mais l'idée que ça puisse être plus confortable que les maisons des nobles l'amusait. Quitte à être riche, pourquoi ne pas se payer ce qui se fait de mieux en matière de confort ? Si elle était noble, elle n'hésiterait pas une seconde à abandonner les belles façades pour de l'eau chaude et courante ou des petits luxes qui changent la vie.

« Est-ce que tu crois qu'il y a des boutiques de magie dans le quartier ? Quitte à être dans une rue marchande, mieux vaut ne pas faire les choses à moitié ! Et puis... peut-être que quelqu'un a entendu parler de mon professeur. Et dans le pire des cas, eh bien ça ferait une belle balade ! Ah, je n'imaginais pas Haven comme ça ! »

Yvelin

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Re : Visite guidée
« Réponse #4 le: 25 septembre 2016, 20:36:31 »
Yvelin n'avait jamais réfléchi aux similitudes entre la garde et l'armée. Pour lui, de toute manière, mercenaires, gardes, soldats, miliciens, tous faisaient partie du même lot. Mais il connaissait vaguement les différences d'attribution des deux corps principaux. C'était nécessaire pour comprendre le fonctionnement du pays. Et aussi à qui il devait s'adresser en fonction des informations qu'il récoltait.

«Alors il y a la garde de la ville et l'armée... Ce sont deux entités différentes. Mais ces temps, avec la guerre, l'armée patrouille aussi en ville. En gros, l'armée se charge de tout ce qui concerne le militaire, la garde plutôt de courir après les voleurs et de mettre les bagarreurs au trou.»

Elke mit quand même quelques instants à réaliser qu'il avait parlé d'une chanson. Sur Fitz. Sa réaction fit beaucoup rire Yvelin. Elle aurait encore beaucoup de surprise si elle s'étonnait à chaque fois qu'elle découvrait qu'il existait une chanson sur tel ou tel sujet.

«Oui, je la connais. Mais elle est très très longue. C'est une espèce d'énumération de figures notables de l'armée... Le couplet sur Fitz va comme ça:»

♫Avec sa hach' sur son épaule,
on le redoute jusqu'aux pôles,
Faut dire qu'il la manie fort bien,
le soldat Fitz, ce galopin!♫



La mélodie était rapide et entraînante, presque une marche militaire. On sentait bien qu'il ne s'agissait là que du travail d'un étudiant, et non d'un Barde confirmé. Mais c'était plutôt amusant quand même. Et chantée par un Barde, même encore étudiant, n'importe quelle chanson devenait magnifique. C'était l'avantage... et le désavantage du Don. Et Yvelin avait un Don des Bardes* plutôt puissant.

«Et, pour répondre à ta question, il n'y a pas de chanson sur tout le monde ici. Simplement que quelqu'un s'est amusé à composer une chanson sur des personnages étranges du coin. Faut bien qu'on s'entraîne à écrire des chansons, alors autant utiliser la matière qu'on a sous la main.»

Elke remarqua le malaise d'Yvelin alors qu'ils parcouraient la ruelle étroite. Il se sentit d'autant plus ridicule. Il aurait donné son théorbe... disons plutôt son luth, pour ne plus avoir à subir tous ces émois hormonaux. Combien de temps cela allait-il durer encore? Il avait dix-sept ans mais il se sentait aussi peu confortable avec sa sexualité qu'un garçon de treize ans.

«Oui oui... juste euh... un vertige?»

Il aurait pu trouver une meilleure explication, mais rien de lui vint.

Elke semblait trouver passionnant de visiter la ville. Yvelin, lui, ne s'émerveillait plus longtemps. Il y était trop bien habitué. Néanmoins, parfois, il lui arrivait encore de découvrir de petites merveilles, tels un petit bas-relief sculpté, un jardin particulièrement harmonieux ou une fontaine au cadre enchanteur.

La mage parlait décidément beaucoup de son mentor. Cela semblait être son seul réel sujet d'intérêt. Elle semblait vouloir le retrouver à tout prix. Yvelin ne comprenait pas une telle loyauté. Il n'avait jamais vraiment admiré personne.

L'idée d'une boutique de magie fit tiquer Yvelin.

«Des boutiques de magie? Ça existe? On y vend quoi? Ah! Mais c'est vrai qu'à Rethwellan la magie est bien plus... J'imagine qu'on y trouve des objets magiques? Mais tu sais, ici, la magie c'est pas quelque chose de très courant. Le seul endroit où tu trouves des mages, c'est au Collegium. Peut-être qu'il existe d'autres écoles de magie à Valdemar, mais je ne crois pas.»

Il sentait maintenant lui aussi la bonne odeur qui avait chatouillé les narines d'Elke. Il repéra bien vite d'où elle émanait. Une petite échoppe vendait des beignets frits tout chauds. Yvelin, se découvrant encore une petite place dans son estomac, s'approcha et acheta deux beignets dégoulinants. Il en tendit un à Elke et engloutit l'autre. Il était fourré à la pomme.

«On approche de la partie de la ville la plus... normale. D'où l'échoppe de beignets. On arrive dans la zone avec des artisans à la portée de notre bourse. Aurais-tu besoin de quelque chose par hasard?»

Spoiler: montrer
* Si jamais, le Don des Bardes ressemble à un Don d'empathie. Il permet de faire ressentir à l'auditoire les émotions de la chanson. Dans le cas présent, le Don des Bardes rend simplement la chanson meilleure qu'elle ne l'est: D (les deux notes symbolisent l'utilisation du Don des Bardes. Sans Don, on n'utilise qu'une seule note)

Elke

Re : Visite guidée
« Réponse #5 le: 26 septembre 2016, 17:25:09 »
À vrai dire, l’idée qu’Yvelin ne sache pas ce qu’est une boutique de magie la surprenait. Enfin, elle se doutait bien qu’il savait ce que c’était d’une manière littérale (les termes « boutique » et « magie » étaient plutôt évidents pour tout le monde), mais il n’y avait vraiment pas de tels commerces dans ce pays ? Il lui expliqua que les mages étaient bien plus rares sur ces terres qu’à Rethwellan mais Elke ne s’était pas attendue à ce que ce soit aussi vrai. Même pendant son temps à Pierre-de-Shor, la jeune femme n’avait pas beaucoup eu l’occasion d’en visiter, pour dire vrai… Il y avait tout ce qu’il fallait à l’intérieur de l’école, et pour avoir le luxe de faire des boutiques en ville, il fallait demander une autorisation de sortie à l’administration, puis une autorisation d’emprunter un cheval ou un quelconque moyen de transport – puisque la ville la plus proche assez importante pour compter des boutiques de magie n’était pas à côté – et enfin on pouvait avoir la joie de dépenser ses quelques sous. Ah, la magie de l’administration ! Bah, ce n’était que partie remise : même s’il n’y avait pas de boutique de magie, elle trouverait bien quelques échoppes intéressantes.

« Eh bien… On y vend un peu de tout, en fait ! De vieux livres poussiéreux, mais aussi des ingrédients, des artefacts, des petits machins… Tu savais que des mages étaient capables de faire de la divination dans des os de mouton ? J’ai reçu des cours de divination, je n’étais pas bien douée. C’est trop… spirituel. Je suis plus sur du concret ! Cela dit, s’il y avait des boutiques de magie, je n’aurais pas dit non à un ou deux trucs, des machins utiles. C’est dommage que ce ne soit pas si répandu que ça. »

Le Collegium avait vraiment le monopole de la magie ici. Ce n’était peut-être pas une mauvaise chose, mais il était vrai qu’Elke avait davantage l’habitude des petites écoles, ici et là, et d’une culture bien plus affirmée.

L’odeur sucrée se faisait de plus en plus prononcée, surtout quand la jeune femme vit plus loin l’échoppe qu’Yvelin avait fini par repérer. Cela dit, elle fut surprise de voir qu’il vint acheter deux de ses beignets. D’abord gênée qu’on lui a payé quelque chose, Elke lui répondit avec un sourire quand elle saisit la friandise entre ses doigts.

« Ah, merci ! » s’exclama-t-elle avant de mordre dedans.

Oh qu’est-ce que c’était bon ! Il ne fallut pas longtemps à la mage pour l’engloutir.

« À vrai dire, j’aurais bien espéré trouver un sac de voyage, ou quelque chose qui remplacerait ma pauvre besace en fin de vie. Ainsi que de quoi grignoter, de temps à autres ! La cuisine au Collegium est très bonne, mais… eh bien quitte à être ici, j’aimerai goûter les spécialités ! Les biscuits, ce genre de choses. Ah, ici par exemple ! »

Derrière Yvelin, elle vit une boutique, avec quelques petites confiseries à la vitrine. Elle s’en rapprocha, passant d’un produit à un autre. Oh il n’y avait pas de mal à se faire plaisir une fois de temps en temps avec des gourmandises. Elle connaissait celles de Rethwellan, maintenant elle connaîtra celles de Valdemar ! Ou du moins de Haven, si les régions étaient différentes les unes des autres. Elle avança, d’une boutique à une autre, appréciant d’être juste… quelqu’un de parfaitement normal qui faisait les magasins avec un ami. Oh elle adorait se revendiquer en tant que mage, mais voilà, ça aussi c’était amusant !

« … Faut dire qu’il la manie fort bien… ♪ » chantonna-t-elle vaguement.

Elle ne s’en était pas rendue compte comme ça, mais le petit couplet qu'il avait chanté tout à l’heure, c’était si entraînant que ça lui était resté dans la tête. Il fallait dire qu’Yvelin chantait vraiment bien, bien mieux que tous les autres gens qu’elle avait entendu chanter avant. Peut-être que c’était parce qu’il était un barde, ou du moins encore un étudiant. Elke n’en avait pas encore croisé, avant lui. Et c’était vraiment quelque chose.

Quand elle trouva finalement dans la rue une librairie qui avait l’air assez ancienne, elle regarda un moment à l’intérieur. Autant les livres ne l’attiraient pas spécialement – elle n’avait jamais été une grande littéraire de toute évidence – mais la boutique en elle-même était sombre, un peu mystérieuse. Elle fit signe à Yvelin qu’elle y entrait quelques minutes, avant de finalement ressortir, l’air un peu penaud.

« Bon, le libraire ne connait pas de Therecer Calvan. Tant pis. Ça aurait été trop facile ! Doooonc… On peut continuer cette après-midi sympathique ! Tu as des impératifs, toi ? Ou bien tu es juste là parce que je t’ai kidnappé ? »
« Modifié: 26 septembre 2016, 17:35:52 par Elke »

Yvelin

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Re : Visite guidée
« Réponse #6 le: 27 septembre 2016, 12:50:56 »
Yvelin trouvait bizarre que l'on puisse vouloir dépenser son argent plutôt que de se nourrir gratuitement au Collegium. Surtout qu'il pouvait descendre aux cuisines quand il le voulait pour se ravitailler dans le placard à petit creux, comme il l'appelait. C'était le lieu de rendez-vous informel de tous les étudiants en croissance du Collegium, et Yvelin était un habitué.

«Tu sais que tu peux manger en dehors des repas aussi au Collegium? Y a un placard aux cuisines destinées à ceux qui ont faim. Tu peux te servir librement à toute heure, sans qu'on te pose de question. Et il y a de tout dedans: fruits, pain, fromages, biscuits...»

La demande quant au sac de voyage le surprit aussi, mais Elke semblait ne pas tenir en place, et elle avait donc sans doute besoin d'un sac pour la suivre partout dans ses déplacements.

«Pour le sac de voyage, il faut aller chez un maroquinier... ou alors si vraiment tu n'as pas trop d'argent et qu'avoir un sac informe te dérange pas, un bourrelier. Mais ça risque d'être un peu lourd pour une fille comme toi.»

Elke semblait décidée à faire du lèche-vitrine, activité qui passionnait moyennement Yvelin. Mais il ne fit aucun commentaire et se contenta de la suivre. Elle s'arrêtait méthodiquement devant chacune des boutiques, détaillait les objets exposés et repartait. C'était la première fois qu'Yvelin était témoin d'un tel comportement. Mais c'était aussi la première fois qu'il était embrigadé de force dans une virée de lèche-vitrine. Il n'était pas proche des filles qui auraient eu assez d'argent pour s'adonner à ce genre d'activités. Il fréquentait très peu les Bleus. Il les trouvait pour la plupart stupides et peu appliqués. Certains parvenaient à sortir du lot, mais c'était rare. Et ils étaient souvent mesquins. Et parmi les autres corps, la majorité provenait de milieu modeste, voire pauvre. Ces gens-là n'osaient simplement pas ne serait-ce que jeter un coup d'œil à toutes les merveilles qui se vendaient, de peur d'être tenté. IL n'y avait que pendant les foires que le peuple se laissait aller à rêver devant les merveilles présenter sur les stands (pour souvent se résigner à acheter des bibelots bon marché).

Il regarda sa camarade entrer dans une libraire qu'il connaissait bien. Il se demanda vaguement pourquoi elle avait choisi cette boutique en particulier pour s'arrêter. Elle ne resta pas longtemps à l'intérieur et lui annonça que le libraire n'avait rien à lui apprendre. Ça, il aurait pu le dire lui-même. Elle s'inquiéta aussi du programme d'Yvelin. Cela le fit sourire. C'était un peu tard pour cela, non?

«Je n'ai pas de réelles obligations. Je pensais étudier un peu, mais je n'en ai pas vraiment besoin.»«Si ça t'intéresse, je peux te montrer le moulin à papier de Haven... si ce genre de choses t'intéresse évidemment. Il faut aller du côté de la rivière Terilee. C'est un peu plus bas dans le quartier des artisans.    Il suffit de bifurquer à droite, là-bas, et on y sera assez vite. J'espère juste qu'on ne sera pas réquisitionnés pour donner un coup de main. C'est toujours le risque quand on y va en milieu de journée.»

Il reprit la tête de leur petite expédition et prit la route qu'il avait indiquée plus tôt. Les boutiques et les maisons étaient de moins en moins cossues, tout en restant bien entretenues et propres. Les gens ici n'étaient pas riches, mais ils ne vivaient pas mal. Les peintures étaient régulièrement refaites, toutes les fenêtres étaient ornées de jardinières, qui, à cette saison, contenaient surtout des oignons et des herbes.

«C'est le quartier où j'ai grandi. J'ai été éduqué dans le temple, là-bas» indiqua-t-il en pointant un modeste bâtiment blanc du doigt. «C'est l'ordre du sage Scribor, le dieu des scribes, clercs, libraires, et tout ce qui se rapporte vaguement à l'écrit.»

«Et ça» continua-t-il alors qu'ils arrivaient devant une bâtisse construite presque sur l'eau «c'est le moulin.»

Le moulin était en fait une haute maison blanche flanquée d'une annexe plus basse. La roue se faisait entendre, même si elle tournait de l'autre côté de la maison. Le dernier étage de la demeure était percé de nombreuses ouvertures et on pouvait apercevoir le papier sécher sous les madriers.

Elke

Re : Visite guidée
« Réponse #7 le: 30 septembre 2016, 01:25:08 »
Elke aimait les objets, et plus encore, elle aimait voir et imaginer la façon dont ils avaient été faits. De toute évidence, ce n'était pas pour s'enjoliver ou pour se fournir en beaux vêtements propres qu'elle faisait du lèche-vitrine ; son apparence n'avait jamais été une de ses priorités et ça se voyait. Pourtant, faire le tour des boutiques comme ça, ça l'amusait. Ça avait quelque chose de puérile et d'absurde qu'elle appréciait tout particulièrement. Malgré tout, elle se doutait bien qu'Yvelin ne partageait pas son intérêt pour la chose, ce qu'elle comprenait tout à fait. Il devait connaître ces boutiques par cœur, à force de passer devant encore et encore, proposant sur les étales des produits qui ne l'intéressaient absolument pas. Effectivement, de ce point de vue-là, ça avait de quoi refroidir.

« Oh tu sais, je n'ai pas de grandes exigences pour ce sac ! Qu'il soit lourd et difforme, ce n'est pas un problème, tant que je peux porter tout ce que je veux. Enfin ne t'inquiète pas, finalement ça peut attendre ! Je ne suis arrivée que depuis deux jours, je ne pense pas repartir avant un moment. »

Ce n'était pas entièrement faux, la jeune mage ne se voyait pas plier bagage dans les jours à venir. Pas qu'elle comptait s'éterniser pendant des années – elle avait toujours quelqu'un à chercher – mais quelques jours ou quelques semaines de plus ne feraient de mal à personne. Et puis, peut-être que ça soulagera Yvelin de voir que cette séance de lèche-vitrine était terminée, qui sait ? De toute façon, cette perceptive de voir ce moulin à papier dont il parlait l'intéressait bien plus que d'acheter une bête besace. Plus elle avançait, plus elle trouvait l'endroit charmant. Pas du tout le genre de maison dont elle était habituée à Rethwellan, mais il y avait quelque chose de très authentique qui se dégageait de ces rues.

Et ce moulin... Elke n'avait encore jamais vu de moulin aussi blanc dans une ville. Elle fit quelques pas autour, entendant la roue tourner et espérant l'apercevoir derrière, sans quitter des yeux le papier tout en haut. C'était un peu éblouissant à cause du soleil qui se reflétait sur tout ce blanc, et la jeune femme ne put rester trop longtemps la tête en l'air. Dommage...

Le barde avait donc grandi ici. Dans cette rue et entre ces maisons. C'était amusant d'imaginer ça, Elke essaya alors de l'imaginer, petit garçon. Était-il du genre à courir dans les flaques ou alors avait-il toujours été aussi calme ? Elle le suivait du regard, essayant de voir ses petites joues rondes de l'époque où il était haut comme trois pommes. Rien qu'à cette pensée, un petit rire attendri s'échappa de sa gorge.

« Tu as toujours vécu avec les mots, donc... »

Loin d'être une critique ou quoi que ce soit, Elke était plutôt admirative. Elle mettrait sa main à couper qu'il étudiait les lettres bien avant qu'elle n'apprenne qu'elle possédait le don de magie. Et ça, peut-être que ça avait quelque chose de magique, qui sait ?

« Tu as toujours aimé ça ? Je veux dire... C'est une passion qui a l'air de t'avoir pris très jeune si tu as étudié dans le temple qui se trouve dans la rue-même où tu as grandi. À moins que tes parents ne t'aient pas laissé le choix. »

À ces derniers mots, la jeune femme fit une légère grimace. Cette option ne lui plaisait pas trop, elle savait ce que ça faisait quand un parent décidait de la formation de son enfant. Ce n'était pas bien agréable. Elke ne cessait pas de le fixer, se demandait quelle genre d'enfance il avait vécu ici. C'était peut-être déplacé ou immature de sa part, sûrement les deux, mais elle ne pouvait pas s'empêcher de se poser la question.

« C'est vraiment tranquille ici, en tout cas. J'aurais adoré vivre ici quand j'étais gamine ! Tu as déjà escaladé les toits ? Je suis sûre qu'il y a moyen ! En passant par la gouttière là, ou bien la fenêtre, et... Ah il faudrait que j'arrête ça, je ne suis plus une enfant. Même si la vue doit être superbe. »

Elle fit alors quelques pas dans la rues, sans lâcher un instant son sourire.

« Tu sais, je crois que j'aime de plus en plus cet endroit. »

Yvelin

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Re : Visite guidée
« Réponse #8 le: 01 octobre 2016, 17:23:23 »
«À Valdemar chaque enfant doit apprendre à lire, écrire et calculer. Ce sont les temples qui sont en charge de l'apprentissage. Si j'ai été dans ce temple, c'est simplement que c'était le plus proche de la maison. Et comme dans beaucoup de villes, les corps de métiers parents sont rassemblés dans le même quartier, pour des raisons pratiques. Donc c'est assez logique de trouver le temple dédié aux arts scripturaux dans le quartier où tu trouves les papetiers, les relieurs, les faiseurs d'encre, etc.» Il sourit. «Mais j'ai toujours aimé les mots. J'ai appris à lire avec ma mère, pas au temple.»

Yvelin laissa la jeune femme admirer le paysage. Lui-même connaissait par cœur cette rue, l'agencement des maisons, les bruits, les odeurs. Il pourrait s'y diriger les yeux bandés. Il aimait le bruit de la roue dans l'eau, l'ambiance tranquille du lieu. Ici, aucun n'artisanat n'était bruyant, en journée, le quartier était plongé dans une ambiance studieuse et calme.

Elke semblait apprécier l'endroit. À tel point qu'elle aurait voulu escalader un toit pour mieux voir ce qui s'y passait. Heureusement pour lui, elle sembla réaliser qu'elle avait légèrement dépassé l'âge pour faire ce genre de choses et Yvelin put répondre à sa question.

«Escalader les toits? Non, pas vraiment. Il m'est arrivé d'escalader la roue à aubes, en été. Enfin... le but c'était de la nettoyer, mais souvent cela se terminait en concours de celui qui tiendrait le plus longtemps au sommet. Elle était évidemment à l'arrêt, sinon ce serait bien trop dangereux.»

Nettoyer la roue à aubes avait toujours été confié aux enfants du coin. En effet, en plein cœur de l'été, cette tâche devenait vite un jeu pour eux. Et c'était aussi l'occasion de faire des découvertes, intéressantes ou macabres. Yvelin se souvenait qu'une fois il avait découvert ce qui avait un jour dû être un chien coincé dans les pales... et que son père avait une fois dû appeler la garde, car un corps était venu se coincer dans l'arbre de transmission.

«Par contre, si tu veux, on peut monter sous les toits. Ça, c'est pas difficile. Il suffit d'entrer.»

Il se dirigea vers la porte d'entrée située dans la maison et non dans l'annexe. Il fit jouer la poignée, mais la porte était fermée. Il réfléchit quelques instants puis se dirigea vers une fenêtre dont il atteignait tout juste le rebord avec la main. Il fouilla à l'aveuglette quelques instants sous une jardinière avant de trouver ce qu'il cherchait: une grosse clef un peu rouillée. Il revint vers la porte et l'ouvrit.

«Y a quelqu'un?»

Seul le silence lui répondit. Sa mère devait être sortie. Quant à son père, il était forcément dans l'annexe. Mais il n'avait pas spécialement envie de tomber sur ses parents. Ils n'étaient pas forcément au courant des penchants d'Yvelin, et ramener une jolie jeune fille ne ferait que les embrouiller.

«Suis-moi... mais ne fais pas de bruit, je ne veux pas déranger mon père.»

Pieux mensonge que voilà...

Il lui indiqua les escaliers d'un geste, et dès qu'elle fut entrée, il referma soigneusement la porte. Il la précéda et la guida deux étages plus haut. Ils débouchèrent dans les combles, sous le toit. Un nombre incalculable de feuilles séchaient, suspendues à des fils. Yvelin devait se pencher pour circuler entre les lignes. Il se dirigea vers la fenêtre. Là, il put se redresser.

«Voilà... tu vois tout le quartier du coup.»

Elke

Re : Visite guidée
« Réponse #9 le: 06 octobre 2016, 00:03:31 »
Elke jeta un autre regard sur le temple. Encore une fois, l'image d'un petit Yvelin qui se rendait au temple avec des livres sous les bras à en faire tomber quelques pages par mégarde la fit sourire doucement. Rien de méchant, c'était une vision attendrissante qui se déroulait dans son crâne. À vrai dire, elle ne pouvait pas s'empêcher de l'envier un peu... Bien qu'ils aient un parcours assez similaire, sa mère à elle ne lui avait rien transmis du tout. Sa passion de la magie, elle lui venait exclusivement de sa propre fascination de l'étrange.

Repenser à tout ça, contempler ce paysage, ça rendait Elke un peu nostalgique. Elle ne pouvait pas s'empêcher de faire le parallèle avec tout ce qu'elle avait vécu. Le temple et Pierre-de-Shor, escalader les toits et escalader la roue à aubes, deux enfances pleines de vie.

« J'ai appris à lire à douze ans. Écrire aussi. J'en avais besoin pour commencer mon apprentissage en magie ! Mais ce n'était pas sur mon village perdu au milieu de nulle part que j'aurais pu compter. » Elle haussa les épaules, regrettant bien moins son temps sur sa terre natale qu'elle ne l'aurait cru. « J'avais des amis, on jouait dans les bois, on escaladait tout ce qu'on pouvait ! Le but, c'était d'être le plus haut possible sans se faire attraper et disputer par les parents. Oh je gagnais souvent ! Et mon père détestait ça. J'étais irresponsable, immature, simplette, et incroyablement sale ! Tu m'aurais vue, j'avais toujours les genoux écorchés ou pleins de boue... »

Elle en riait encore, d'ailleurs. Bien sûr, à l'époque, elle n'avait aucune idée de combien c'était laborieux de raccommoder ses vêtements. Elle n'était qu'une enfant hyperactive et garçon-manqué de surcroît. La totalité de ses amis d'ailleurs étaient des garçons : les filles préféraient rester sages, sans trop s'aventurer là où elles ne connaissaient pas. Avec les années, Elke avait grandi, bien sûr, et même si elle avait assez pris de hauteur pour comprendre combien elle avait été une fille intenable, elle restait une grande gamine. Ah ce n'était pas comme si elle n'en avait pas conscience !

Hochant la tête à la proposition d'Yvelin, elle ne se fit pas prier pour le suivre à l'intérieur. Elke n'avait aucune idée des grandes questions que se posait le jeune barde en ce moment même. Pour elle, la situation se définissait simplement : un nouvel ami lui faisait visiter la ville, et il n'y avait rien d'ambiguë à ça. Elle avait su que c'était quelqu'un de gentil à l'instant même où elle avait commencé à lui parler...

« T'en fais pas, je serai discrète comme une ombre ! » assura-t-elle avec un sourire.

Si son père était en train de travailler, elle ne voudrait certainement pas le déranger !

« Ton père travaille aussi dans les mots ? » demanda-t-elle une fois arrivée dans les combles. « Que fait-il exactement ? »

On la trouverait certainement un peu trop curieuse, ou un peu trop oppressante à poser autant de questions sur des choses qui ne la regardaient pas. Elle ne manqua pas d'admirer le paysage d'ici, adorant les vues en hauteur. On se sentait voler, même s'ils n'étaient pas si hauts que ça comparés aux autres bâtiments... Cependant c'était l'endroit rêvé pour faire un peu plus connaissance, non ?

« Et ta mère ? Que fait-elle ? Est-ce que tu as des frères et sœurs ? Et les amours ? Ha ha, ne t'inquiète pas, tu n'es pas obligé de me répondre. Mais si tu ne le fais pas, eh bien ma foi, ce serait déjà une réponse en soi ! »

Souriant gentiment, mais également avec un fond de malice, elle ne voulait absolument pas le mettre mal à l'aise ou quoi que ce soit. Elle voulait simplement en savoir plus sur lui, toujours un peu plus. Il était probablement la première personne à qui elle avait discuté aussi longtemps depuis son arrivée à Haven, c'était très important pour la jeune mage.

Yvelin

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Re : Visite guidée
« Réponse #10 le: 08 octobre 2016, 09:56:19 »
Yvelin n'avait aucun mal à imaginer Elke en gamine crasseuse et agitée. Cela ne représentait pas à un effort de visualisation extrême... il suffisait de la voir plus petite et moins propre. Elle n'avait pas beaucoup changé. Ce qui, d'une certaine manière, était rassurant. S'il existait encore à l'âge adulte des gens avec une âme d'enfant, c'était que le monde n'allait pas si mal.

Elke le suivit sans hésitation dans la maison et grimpa silencieusement dans les combles à ses côtés. Arrivée au sommet, elle admira la vue brièvement. Puis elle sembla décider que c'était l'endroit idéal pour lui poser moult questions intimes. Elle s'enquit d'abord de la profession de son père. La réponse lui avait semblé évidente, pourtant.

«Si nous sommes dans un moulin à papier, c'est bien que mon père est papetier.»Il avait mis plus de sarcasmes dans cette phrase qu'il ne l'aurait voulu. Tant pis. Il n'avait jamais eu de patience pour les questions idiotes. «Il produit du papier, donc. Pas seul, évidemment. Mais le moulin appartient à sa famille.»

Puis Elke repartit à la charge en le questionnant sur sa famille. Puis sur ses amours. Il se sentit rougir. Dieux! Était-ce là le seul sujet dont les gens voulaient parler? Déjà Dunwyd l'autre jour avait tenté d'en savoir plus. Et ses petites camarades qui lui tendaient inlassablement des pièges grossiers pour essayer de lui soutirer la vérité.

«Ma mère est relieuse. Elle travaille avec mon père ou réalise des commandes privées. Ma grande sœur est mariée avec un facteur d'encre... mais je la connais très mal, elle est beaucoup plus âgée que moi. Elle est partie de la maison quand j'avais cinq ans.»

La question suivante n'avait pas de réponse aussi facile à donner.

«Quant aux amours...»

Il eut l'air profondément mal à l'aise. Elke était le genre de personne à raconter sa vie à tout le monde, sans gêne, et à attendre que les autres agissent de même en retour. Yvelin sentait qu'il aurait pu lui parler. Mais elle était de Rethwellan. Et là-bas, on tolérait moins les comportements amoureux minoritaires. Certains étaient même particulièrement haineux à l'endroit de gens comme Yvelin. Le futur Barde parlait déjà difficilement de ce sujet avec des gens ouverts d'esprit. Il n'avait pas honte, le problème n'était pas là. C'était plutôt qu'il était très secret, et qu'il ne parlait d'un sujet que lorsqu'il se sentait parfaitement à l'aise vis-à-vis de celui-ci. Or, pour le moment, il savait bien qu'il ne le vivait pas aussi bien qu'il aurait du.

Il avait envie d'en parler pourtant. Et Elke était peut-être la seule personne avec qui il pouvait discuter sans que cela ne prête à conséquence.

«C'est un peu compliqué pour moi d'en parler.» Il se gratta la tête. «Je... tu vois, Elke, je suis ce qu'on appelle ici un shyach'. J'aime les hommes. À Valdemar, cela ne pose pas trop de problèmes, surtout pas pour les Bardes. En fait, le plus difficile c'est surtout qu'on est peu, et qu'il est donc plus difficile de trouver l'amour. Mais le problème n'est pas là. Toi, tu es une fille, donc si je t'en parle, tu ne vas pas tout d'un coup avoir peur que je veuille t'embrasser contre ton gré, ou que je te regarde de manière concupiscente. En fait...» Il fronça les sourcils. «D'une certaine manière, je crois que les hommes ont peur des gens comme moi parce qu'ils craignent d'être traités comme ils traitent les femmes... Comme un bout de viande, si tu vois ce que je veux dire...» Il soupira. «Bref. Le problème c'est que je ne veux pas décevoir mes parents. Je suis leur seul fils vivant, mais il savent bien que je ne pourrai jamais reprendre l'affaire familiale. Or, je pense qu'ils espèrent au fond d'eux avoir un petit-fils qui le fera, alors que pour moi, il est clair que je n'offrirai jamais de descendants à la famille.»

Il haussa les épaules d'un air désolé, comme pour dire qu'il regrettait la situation.

«Et toi? J'ai bien compris que tu es là pour chercher ton maître. Mais j'imagine que tu dois avoir une famille aussi. Et pourquoi es-tu venue ici? Ça n'a pas dû être facile avec la guerre.»


Elke

Re : Visite guidée
« Réponse #11 le: 11 octobre 2016, 00:24:21 »
« Oh oui, suis-je idiote... ! » lâcha Elke quand elle entendit la réponse du barde.

Évidemment qu'il devait être papetier. Surtout avec autant de papier autour. Un rire nerveux s'échappa de sa gorge, tandis qu'elle se sentit honteuse de sa question crétine.

Quand vint la réponse concernant les relations amoureuses d'Yvelin, honnêtement, la jeune femme ne pensait pas qu'il s'expliquerait. Ni aussi longtemps. Elle avait bien compris que c'était un sujet sérieux, sur lequel le barde semblait plus sensible. Quoi de plus normal, en parlant d'amour ? Au début, Elke fut un peu surprise d'apprendre qu'il aimait les hommes : ce n'était pas quelque chose qu'elle voyait souvent à Rethwellan, et elle se souvint de discours peu sympathiques qu'elle avait entendu, ici et là. Cependant, malgré la surprise, elle n'en fut nullement dégoûtée ou écœurée. Comme première réponse, elle haussa un peu les épaules, en faisant de son mieux pour ne pas mettre Yvelin plus mal à l'aise qu'il ne l'était déjà.

« Shyach'... Shyyyach'... » essaya-t-elle d'articuler avec un accent encore plus étranger que d'ordinaire. « C'est étrange cette façon de vous nommer. Mais c'est un mot plutôt joli, j'aime bien. J'espère que ça n'a pas une connotation négative, ce serait dommage... Shyach'»

Elle esquissa alors un sourire, qui se voulait un peu plus rassurant et gentil. Elle en connaissait trop peu sur Valdemar, sur les coutumes, sur la société, alors elle ne savait pas ce qui était davantage accepté ou non.

« Je ne sais pas si ça va te rassurer, mais tu vois, moi aussi j'aime les hommes. Mais ne t'inquiète pas, je n'ai jamais pensé à te sauter dessus ou quoi que ce soit ! Hum, c'est très mal dit... En fait, l'idée c'est qu'en fait, ça ne me pose pas de problème du tout ! C'est juste que je serai sans doute affreusement maladroite. Non, je suis affreusement maladroite. »

La jeune mage fit quelques pas tout en se raclant la gorge. Elle n'avait pas la moindre idée de la façon dont elle voulait organiser ses mots, cependant elle désirait réellement lui faire comprendre qu'elle ne comptait pas changer de point de vue sur lui juste à cause de cette révélation. Et puis dans un sens, elle était ravie : il n'avait pas l'air de donner cette information sur lui au premier venu, alors ça voulait dire qu'elle était spéciale ? Il avait suffisamment confiance en elle pour lui dire quelque chose d'aussi sensible ? Ce n'était peut-être pas approprié, mais elle se sentait flattée.

« Pour ce qui est de la question des parents, je ne serai pas de bon conseil, tu sais... Je suis une fille, je suis mage, et je n'ai absolument jamais fait ce qu'on attendait de moi ! Mais on n'avait pas de grands espoirs non plus. Je suis la cadette d'une famille de paysans, voilà la grandeur ! Mon frère était bien plus important. Il est l'aîné, il est le garçon, et il héritera du petit bout de champ de mon père. Probablement. Dans tous les cas, je ne sais pas trop ce que ça fait que d'avoir le genre de responsabilité que tu as sur les épaules. À ta place, je pense que je ne m'en ferai pas trop : vis comme tu veux, fais ce qui te plaît, et peu importe les conséquences ! Tu es un gars bien Yvelin, vraiment. Tu mérites d'être avec qui tu veux, et tant pis pour les petits-enfants de sang ! »

D'autant plus que rien ne l'empêchait plus tard d'adopter et d'aimer un enfant comme son propre fils ou comme sa propre fille. Elke n'était pas réellement une spécialiste dans ce domaine (d'autant plus qu'elle ne s'était jamais imaginée mère ou quoi que ce soit), mais elle était sûre que c'était un cas bien plus fréquent qu'on le disait.

« Et tu as ta sœur. Si ça se trouve, tes parents auront leurs petits-enfants et tout le monde sera content. Ne te fais pas de cheveux blancs pour ça, ce serait dommage. »

Le voir avec cet air si désolé, ça donnait vraiment envie à la jeune mage de lui remonter le moral. Se faire du mouron pour cette simple raison c'était quand même triste !

« En ce qui concerne ma famille, eh bien pour être tout à fait honnête je n'ai plus la moindre nouvelle d'eux depuis que je suis arrivée à Pierre-de-Shor. Que ce soit mon frère – que je ne supportais pas – ou mon père. Ça fait bien... Piuuuf ! Six ans ? Quelque chose dans cet ordre-là. Pas que j'ai cherché à retrouver contact, par contre. Au début, je les ai détestés pour m'avoir forcée à partir. Ma maison n'était plus ma maison, et je n'ai jamais considéré Pierre-de-Shor comme chez moi. Quitter tout ça et rechercher professeur Therecer, c'était bien moins difficile que tu le crois ! Je crois plutôt que ça m'a fait du bien. »

Bien décidée à redonner un petit peu le sourire à Yvelin en lui changeant un peu les idées - ce n'était pas la peine de ressasser ces regrets -, la mage se mit alors à fouiller dans sa besace pour finalement en ressortir deux dés de couleurs. Parfait !

« Tu veux qu'on se fasse un petit cul de chouette ? » demanda-t-elle avec un grand sourire. « De toute façon, il va pas tarder à être le soir, alors on peut se faire une ou deux parties vite fait ! T'en penses quoi ? »

Yvelin

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Re : Visite guidée
« Réponse #12 le: 23 octobre 2016, 10:10:18 »
«Aucune connotation négative. À la base, c'est un mot tayledras... shay'a'chern, qui signifie, je crois, que tu aimes quelqu'un comme toi. Mais ça fait longtemps que sa version raccourcie est entrée dans le langage courant à Haven. Du coup, je crois que nous n'avons pas d'autre mot... Enfin, pas d'autres mots qui ne sont pas des insultes.»

La réaction d'Elke à son aveu fit sourire le Barde. Yvelin n'avait jamais imaginé qu'elle puisse vouloir lui sauter dessus. Il n'était pas le genre de garçon à qui cela arrivait. Il était trop grand, trop maigre et pas forcément très beau. Il avait plutôt craint qu'elle puisse penser qu'il puisse être intéressé. Après tout, combien de ses camarades étudiantes semblaient persuadées qu'il les aimait en secret? Simplement parce qu'il appréciait leur compagnie et que cela ne lui posait pas de problème de les écouter raconter leur vie.

Yvelin n'avait attendu aucun conseil de la mage. Il avait bien compris qu'elle vivait dans un monde légèrement différent du sien. Un monde où tout était merveilleux, intéressant, et où les règles étaient plus que floues. Mais il fut néanmoins touché par ses tentatives pour le rassurer. Même si Elke n'avait décidément aucune idée du fonctionnement de la société ici.

«Mais ma sœur a des enfants... simplement, on attend d'eux qu'ils reprennent l'affaire de leur père. Tu sais, le monde des artisans et des marchands, c'est très compliqué en termes de succession. Normalement, un artisan espère que son fils reprendra son affaire. Parfois, c'est vrai, c'est le mari de la fille qui le fait. Mais c'est pour les cas où le gendre désire apprendre de son beau-père. Dans ma famille, bah ma sœur a "quitté" notre affaire pour apprendre le métier de son mari. Donc à moins qu'un de ses enfants ne se découvre l'envie d'apprendre le métier de son grand-père... Pfff... De toute manière, je ne peux rien y faire. J'aimerais juste que mon père réalise assez vite que compter sur moi est illusoire, et qu'il se trouve un apprenti de confiance à qui transmettre le moulin à sa mort.»

Ses parents finiraient bien par comprendre, non? Car même si Yvelin avait été "normal", il aurait été très improbable que ses enfants finissent artisans. Les Bardes avaient tendance à se marier entre eux, parfois à des Guérisseurs ou des Hérauts. Et il était donc rare qu'ils retournent aux métiers de leurs ancêtres. Car deux Doués donnaient le plus souvent un enfant Doué.

Yvelin enviait Elke. Elle était libre, elle n'avait plus personne qui l'attendait nulle part. Mais, d'une certaine manière, il la plaignait aussi. Il souffrait de la situation compliquée dans laquelle il se trouvait vis-à-vis de ses parents, mais il savait qu'il pourrait toujours compter sur eux. Que sa famille serait toujours là pour lui. Et malgré tout, il appréciait de faire partie d'un clan, d'une confrérie, d'un quartier. Il avait beau vivre sur la colline, il serait toujours un membre de cette communauté d'artisans. Elke, elle, était libre, mais elle n'avait plus de famille.

«Et... tu n'aimerais pas les contacter maintenant? De l'eau a coulé sous les ponts, ils seraient peut-être heureux d'avoir de tes nouvelles? C'est un peu triste de rester en froid, non?»

Vivre totalement détaché de ses racines... c'était quasiment inconcevable pour le Barde. Pour lui, il était évident que les parents d'Elke attendaient impatiemment de ses nouvelles. Et qu'ils seraient ravis qu'elle les recontacte. Mais peut-être se trompait-il.

Elke, en tout cas, n'avait visiblement pas envie de parler davantage de cet épineux sujet. Elle proposa sans transition un petit jeu de dés.

«Euh... oui, on peut jouer. Par contre, il me semblait que ça se jouait avec trois dés?»

Spoiler: montrer
[Je te propose de clore avec ton post.]


Elke

Re : Visite guidée
« Réponse #13 le: 29 octobre 2016, 02:30:27 »
Elke ne tenta même pas de prononcer ce mot, mais elle le trouvait tout de même très poétique, très beau. Il y avait des mots comme ça, ils avaient ce genre de charme.

Entendre parler de ses parents fit légèrement tiquer la jeune mage. La famille, ça n’avait jamais été son sujet de conversation préféré. Oh évidemment, Yvelin n’était pas courant, et elle comprenait très bien que, selon un autre point de vue, son détachement pouvait être triste. Pourtant, quand elle y repensait, elle avait surtout sur la langue un goût d’amertume.

« Tu ne connais pas mon frère… »

Et son père, eh bien… C’était différent. Mais elle ne se voyait guère reprendre contact. C’était il y a des années, et elle avait toujours chéri cette liberté ! Elle allait où elle voulait, elle faisait ce qui lui chantait, elle se débrouillait… De toute façon, Elke n’avait jamais été la fille que sa famille avait attendue ! Quand bien même elle n’aurait jamais été mage, est-ce qu’un jour elle serait devenue une femme respectable, une mère de famille et la digne sœur de son digne frère ? La belle plaisanterie.

« Alors oui de l’eau a coulé sous les ponts… Le problème, c’est qu’on les a coupés ! »

Elke ne s’étala pas davantage sur le sujet, bien trop occupée à chercher au fond de son sac le troisième dé dont parlait le jeune barde. Effectivement, avec seulement deux dés, ils n’iraient pas loin ! Mais trouver un si petit objet dans le fouillis de sa besace, c’était toute une épreuve. Il devait bien exister un sort pour ça… Tiens, encore un truc à aller chercher dans les livres de magie du Collegium ! Ce qui était pratique avec le Cul de Chouette, c’était que sa pratique dépassait les frontières… C’était beau ! Bon certaines règles que connaissait Yvelin n’étaient pas les mêmes que dans son souvenir, mais avec la distance, deux ou trois choses devaient avoir changé.

Comme beaucoup de jeux dont elle adorait jouer, la jeune mage ne brillait pas par sa performance. Sur les quelques parties qu’elle avait fait avec le jeune homme, elle en avait perdu la plupart. Cependant, ça ne l’empêchait nullement de s’amuser ! La soirée passait vite, et peut-être un peu trop vite à son goût. Quand elle releva la tête, c’était pour s’apercevoir qu’elle voyait mal les couleurs sur les dés. Effectivement, avec le soleil couché, ça n’aidait pas.

« Déjà… » marmonna-t-elle tout bas en faisant une grimace.

Si ça n’en tenait qu’à elle, Elke continuerait certainement de jouer avec Yvelin pendant toute la nuit. Elle lui parlait de tout et de n’importe quoi, des choses inutiles pour la plupart… mais elle avait vraiment passé un bon moment. Différent de ce qu’elle avait imaginé à l’instant où elle était sortie du Collegium, mais mille fois mieux ! Malheureusement, les meilleures choses avaient toujours une fin, et c’était avec une moue un peu déçue que la jeune femme finit par ranger les dés et se relever.

« Il va falloir que je me sauve… Mais c’était génial ! Enfin, excepté les moments où je perdais tout le temps. Ça c’était moins cool. Enfin, dans l’idée, il faudra qu’on se refasse ça ! Quand tu veux… Tout ça, tout ça ! »

[ RP CLOS ]
« Modifié: 02 novembre 2016, 17:53:39 par Elke »