Les choses avaient changé. Beaucoup de choses. Des entraînements pour maîtriser ses pouvoirs, des journées à entraîner les nouvelles recrues, d'autres à planifier des choses qu'il ne comprenait pas toujours. Et pourtant Fitz avait pris du temps. Du temps pour lui. Il était parti, plusieurs foi. En accompagnement de dignitaire, en délégation, en tant que garde du corps pour des hauts fonctionnaires, ou juste pour assurer les routes de quelques bandits de grand chemin. Il avait mis un point d'honneur à garder un pied sur le terrain. Pour ne pas perdre la main. Pour ne pas s'oublier, pour ne pas s'oublier. Ce souvenir ce qu'il était, et pourquoi il était là.
Vivre son ancienne vie de mercenaire mais en tant que Capitaine de la Garde.
Pour le reste.… Le temps était passé, les cheveux du capitaine avait pris un peu de blanc, sa barbe était un peu plus fournie, et quelques nouvelles cicatrices ornées son corps.
Devant la porte où il avait été invité il se questionna un instant sur ce qu'il venait faire ici. Après tout, tout avait été un fiasco, depuis la décision de faire lui 'le glaive' jusqu'à leur mission pour Aanor. Rien n'avait tourné comme ils l'avaient prévu. Rien. Peut-être que cela était en grande partie de sa faute ? Il faut dire qu'il avait mis beaucoup de mauvaise volonté à accepter ce qu'on avait fait de lui, ce qu'on avait décidé de ce qu'il serait. Il avait peut-être trop "lutté" contre son destin, contre leurs destins.
Mais finalement il était passé outre. Il avait passé plusieurs semaines, plusieurs mois même, à s'en vouloir, à regarder dans le miroir jusqu'à s'en cracher dessus. Jusqu'à ce qu'il accepte le fait qu'il n'était simplement pas prêt. Qu'on ne pouvait pas toujours tout contrôler, prévoir, planifier. Qu'il fallait parfois juste laisser les choses aller. Accepter. C'est ce qu'il avait eu le plus de mal à apprendre, accepter. Pourtant il avait fini par comprendre, tout comme il comprenait maintenant son pouvoir, son don. Il avait appris.
Et aujourd'hui il se trouvait là, dans le collégium où les choses avaient pour lui commençaient, sur le perron d'une porte, derrière laquelle il trouverait Riannon.
Seul dans le couloir, Fitz souriait. Il se demandait au fond si il était le même homme qu'à l'époque. Quand il l'avait rencontré la première fois, il était un mercenaire, un peu brut de décoffrage, qui découvrait un pouvoir qu'il ne comprenait pas. Un ours descendu de son pays lointain, habillé simplement, une grande hache dans les mains, & très peu de fioritures.
Aujourd'hui derrière ce bout de bois, se tenait un homme avec bien plus d'expériences, qui arborait une chemise blanche ouverte sur tout le haut de son torse, laissant apparaitre de nouvelles cicatrices (dont il était forcément très fier), un pantalon noir, droit . Il portait une longue cape noire, tenue par un lacet de cuir partant de son épaulière droite, traversant son torse et remontant par l'arrière. Sur cette même épaule, une protection en métal recouvrant l'intégralité de sa clavicule, et descendant sur son avant-bras, le tout gravé aux armoiries de Valdemar. Sa barbe, qui trahissait quelques poils blancs était taillée, ses cheveux attachés en queue de cheval haute laissaient eux aussi apparaître des reflets gris, et l'on pouvait apercevoir à son oreille gauche un petit saphir maintenau dans une spirale d'argent.
Il ne portait avec lui qu'une seule arme, il n'avait pas fait l'affront à Riannon d'emmener ses armes principales, uniquement sa dague, son 'glaive', dont il ne se séparait plus. Attachée à sa ceinture, il la toucha comme pour se rassurer.
Il frappa, ouvrit la porte, entra dans la pièce, et lança un :
"C'est moi ! "
Bien trop sonore. Si il y a une chose que Fitz n'avait toujours pas intégré, c'était bien la capacité de résonnance des salles des Collégiums, et encore plus quand celles-ci étaient dans celui des Bardes.
Et voilà… Le beau capitaine, dans sa belle tenue, pétri de sa belle expérience, gaffé de nouveau comme le jeune homme peu habile qui s'était présenté la première fois à Riannon. Toujours aussi incapable de se plier aux conventions. Il aurait pu dire un "Dame Riannon, Capitaine Fitz pour vous servir", ou simplement attendre le "entrer" de la maitresse des lieux. Mais non, il avait frappé, était entré et avait dit simplement "C'est moi". Comme si cette phrase était suffisante. Le capitaine se mit à rougir, salua dame Riannon et tenta de se reprendre.
"Enfin moi. Capitaine Fitz quoi. Enfin. Vous le voyez bien n'est-ce-pas ? Pas besoin de vous expliquer qui je suis, surtout après être rentré… Je… Comment allez-vous ? "
Il vit la harpe
"Je vous interromps, je peux revenir plus tard si il faut, je peux aussi attendre dehors, ou plus loin, ou……"
Le capitaine baissa la tête, et commença à faire un pas en arrière pour sortir de la pièce. Ha il est beau notre capitaine avec de l'expérience….