Valdemar RPG

Palais - Collegia => Caserne => Discussion démarrée par: Héraut Irmingarde le 12 avril 2014, 14:57:28

Titre: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Héraut Irmingarde le 12 avril 2014, 14:57:28
Suite du retour des troupes (http://http://forum.valdemar.fr/index/viewtopic.php?f=136&t=1113).  
Début de la 2ème décade de printemps 1481 - Le soir

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Irmingarde traversait les couloirs en essayant de raser les murs. Elle avait espéré que l’heure plutôt tardive lui vaudrait de pouvoir sortir discrètement du Collegium, mais elle s’était trompée ! D’abord, elle avait oublié qu’il y avait toujours de l’animation dans le Collegium des Hérauts, quelle que soit l’heure. Les Hérauts confirmés qui choisissaient de dormir sur place arrivaient à n’importe quel moment, de retour de mission, de soirée, de promenade... Quant aux apprentis, ils passaient d’une chambre à l’autre pour parler, rire, ou plus. Mais surtout, ce soir, le retour des troupes étaient sur toutes les lèvres, les soldats, la guerre... Beaucoup de questions circulaient, d’hypothèses, notamment une. La guerre imminente allait-elle accélérer la formation des Gris pour qu’ils soient plus rapidement sur le terrain ? On s’apostrophait, on s’arrêtait pour en parler dans les couloirs, on supputait, on angoissait, on essayait de soutirer des informations aux Hérauts qui étaient sur le terrain...
Et Mina essayait de passer au milieu de tout ce monde tapageur en tout discrétion. Plutôt raté !
L’arrivée romanesque de Beltran avait déjà fait le tour du Palais et on la suivait du regard, curieux. Mortifiée, la jeune femme traçait sa route en tentant d’ignorer le reste du monde, espérant que personne ne savait où elle allait.

« Vu que t’es fait toute belle, crois-moi, des spécialistes des histoires de coeurs et de... enfin bref, des spécialistes comme les Gris savent parfaitement où tu vas ! »
« La barbe ! »


Elle pouvait accueillir le retour du Capitaine en tenue grise classique, mais quant à aller dîner chez lui, tout informel soit ce repas, elle ne pouvait pas s’y rendre en uniforme froissé. Du coup, elle avait succombé à une certaine coquetterie. Qui consistait à enfiler une vague tenue féminine qu’elle avait acheté quelques mois auparavant sur le marché, une longue jupe verte, un corsage brun et une chemise beige. Ses cheveux étaient remontés en gros chignon lâche, et elle portait les bijoux d’ambre offerts par Isabeau. Le résultat donnait l’impression qu’elle s’était déguisée en femme plus qu’autre chose, mais elle espérait juste que son effort serait salué par son hôte.

Elle finit par sortir du Collegium et apostropha son Compagnon :

« Ezarell ? »
« Je n’arrive pas à croire que je suis en train de faire ça... »
« Soit charitable s’il te plait... »
« Bien... »
« La voix est libre ? »
« Oui. Plus ou moins»


Irmingarde avait tout bonnement assigné Ezarell au poste de guet. A l’extérieur, son Compagnon ouvrait l’oeil pour vérifier que son élue croiserait le moins de monde possible en rejoignant les quartiers de Beltran, la guidant le cas échéant. Inutile de nourrir les rumeurs et les ragots plus que nécessaire.
Elle parcourut la distance qui séparait leurs logements sans trop d’encombre. Il y avait tout de même un certain nombre de soldats qui parcouraient les lieux, eux aussi se rendant à des rendez-vous galants après des mois à faire la guerre, elle récolta donc son lot de regard curieux. Enfin, un lot peu conséquent, puisque d'une, jusqu'à ce matin, peu de monde la connaissait et donc était en mesure de la reconnaître, de deux, elle était habillée en femme, de trois, il faisait nuit.
Mais ces-dit soldats étant infiniment respectueux de la vie de leur Capitaine, ceux qui comprirent qu'elle n'avait rien à faire ici sauf à se rendre chez Beltran se contentèrent d'avoir un sourire espiègle.

Elle se retrouva plus vite qu’elle ne le pensait devant la porte du Capitaine. La dernière fois qu’elle s’était retrouvée ici, c’était pour s’excuser d’être une affreuse rabat-joie coincée, il y avait donc tout lieu d’espérer que cette rencontre-ci serait plus calme.
Elle tapa quelques coups à la porte et attendit qu’il vienne lui ouvrir. Vite de préférence, histoire qu'elle ne reste pas sur le pas de sa porte trop longtemps. D'abord, elle avait un peu froid, les nuits de printemps étant encore fraîches, et la mince cape qu'elle portait était loin de lui donner chaud. Et puis, elle avait faim. Les rapports que Beltran devrait traiter avait tout de même pris un certain temps, et le page chargé de lui transmettre un message indiquant qu'il l'attendait était arrivé assez tard.

« Passe une bonne soirée Eza’ »
« Toi aussi mon élue »


Il avait été convenu qu’une fois passée cette porte, son Compagnon se couperai d’elle pour la soirée, la laissant tranquille.
Pas qu'elle ait prévu quoique ce soit de précis et surtout qui nécessiterait une intimité absolue - surtout pas! - juste qu'elle voulait que leurs retrouvailles soient enfin privées. Il lui avait dit "je vais bien", mais c'était devant tout le conseil, le comité d'accueil. Elle était curieuse de voir s'il allait vraiment bien. Peut-être avait-il besoin de parler à quelqu'un.
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Beltran le 12 avril 2014, 18:14:47
Après avoir tourné le dos à Irmingarde devant Haven pour retourner tout à son poste de Capitaine des armées de Valdemar, Beltran avait été plongé dans le tourbillon des choses à faire. Tout d'abord, il avait pris à coeur de vérifier lui-même que ses hommes étaient bien rentrés - pas qu'il ne faisait pas confiance à Fitz, mais c'était un de ses devoirs de capitaine de s'occuper en personne de ses hommes. Après avoir fait une courte toilette dans ses appartements, il avait pris le chemin du Palais et remis ses premiers rapports au Roi, puis au Conseil, avec quelques raccourcis et la promesse d'exposer tout en détail à la réunion du lendemain à laquelle assisteraient plusieurs personnes étrangères aux conseils ordinaires. Les nouvelles étaient mauvaises et Beltran avait eu toutes les peines du monde à s'extirper de la salle du Conseil, assailli de questions et de mises en doute. Il avait pris le temps de donner ses rapports écrits à Arthon ainsi que certains écrits qui ne seraient pas rendus publics avant d'insister sur le fait que lui et ses hommes avaient une longue journée de marche dans les jambes en plus de longues semaines sur la frontière et qu'il nécessitait un repos bien mérité avant de reparaître pour la réunion du lendemain. Arthon avait volé au secours de son chef des armées et Beltran avait pu s'éclipser.

Une fois revenu à la caserne, il se dépêcha de se rendre dans ses appartements où il se nettoya entièrement, avec un soulagement indicible. Ce genre de luxe lui manquait de plus en plus en campagne. De l'eau chaude, du savon, un miroir pour se raser. Le blond capitaine passa un bon moment à se raser de près et arranger à peu près ses cheveux (qui avaient bien repoussés) avant de se mettre à son bureau voulant écrire à Irmingarde. Il se rendit alors compte que quelqu'un avait déposé une bouteille à son intention. Un petit mot l'accompagnait. "Pour fêter ton retour, seul... ou avec ta belle." Wylan. Il n'y avait que son cousin pour être déjà au courant et oser une telle offensive directe. Beltran eut un rictus amusé. Bientôt son cousin saurait sans doute mieux que lui ce qui le liait à Irmingarde. Il fourra le papier dans un tiroir et rédigea une missive pour Irmingarde, l'invitant à dîner, et un remerciement à Wylan, promettant de partager une autre bouteille avec lui dès que possible, potentiellement après la réunion du lendemain.

Une minute plus tard, ses messages partaient. Le soldat ignorait cependant si ce n'était pas trop tard et si Irmingarde avait déjà dîné et déciderait de reporter leur entrevue à plus tard. Il sentait bien que son comportement à son retour avait dû la prendre par surprise. A dire vrai, cela l'avait pris lui au dépourvu. Il n'était pas sûr de ce qu'il ressentait par rapport à ça - et le brave guerrier tremblait à l'idée d'une réprimande de la part de la menue jeune fille. Il était sincère lorsqu'il avait dit à Thalyana que les histoires de coeur ne lui valaient rien. Décidé à ne pas se morfondre sur quelque chose qu'il ne pouvait pas changer, Beltran alla s'installer au bureau et commença à ranger ses notes pour le lendemain. Quelques instants plus tard, les domestiques à son service vinrent apporter un dîner chaud et copieux, pour deux personnes, vin de luxe inclu, avec les amitiés du chef cuisinier. Beltran rédigea une fois de plus un message, cette fois de remerciement reconnaissant à son bienfaiteur et disposa lui-même couverts et plats sur la table qu'il libéra près de la cheminée, dans la salle attenante à son bureau. Il posa la bouteille offerte par Wylan en plein milieu de la table, prête à être ouverte. Il revint se perdre dans les comptes de soldats à affecter aux places fortes et s'y plongea si profondément qu'il faillit ne pas entendre les coups frappés à la porte. Cela prit une bonne seconde avant qu'il ne sursaute et ne se lève brusquement. D'un geste nerveux, il réarrangea sa coiffure et alla ouvrir, l'estomac dans les talons.

Quand le battant de bois se rabattit pour laisser paraître Irmingarde, Beltran rata une respiration. Devant lui, la jeune femme resplendissait. Coiffée, avec des bijoux originaux, en jupe, elle semblait s'être apprêtée complètement pour l'occasion. Beltran marqua un temps d'arrêt. A ses yeux, il ne pouvait y avoir plus jolie femme. Une partie de son cerveau se félicita d'avoir lui aussi fait un effort. Rasé de près, les cheveux bien ordonnés, il avait fait disparaître tant que se peut les traces du voyage et de la fatigue. Il était habillé en civil, dans des tissus d'un brun chaud - pourpoint bien taillé, pantalon à la coupe militaire mais élégantes, bottes de ville. Il avait tenté de lui faire honneur même s'il n'avait pas été sûr qu'elle le rejoigne.
Se rappelant subitement ses bonnes manières, il s'arracha à la contemplation béate de la jeune femme pour lui sourire, soulagé:

"Merci d'être venue. J'avais peur qu'il soit trop tard pour toi."

Il s'effaça pour la laisser passer et, galamment, lui proposa de s'occuper de sa cape. Il ajouta, un peu guindé:

" Tout est près dans le salon d'à côté. J'ai fait du feu. Veux-tu un verre de vin?"

Restons-en aux banalités pour ne pas faire de faux-pas, n'est-ce pas? Pourtant un compliment lui brûlait les lèvres sans qu'il ose s'épancher, de peur d'effrayer Irmingarde. Qu'elle accepte de dîner avec lui était déjà un grand pas en avant, Beltran s'en rendait bien compte. Il ne voulait rien gâcher mais mourrait d'envie de lui avouer que la voir lui faisait chaud au coeur, qu'il avait douté de son envie de le revoir, qu'il ignorait comment s'y prendre avec elle, et que la voir pomponnée comme cela lui nouait l'estomac. De tout cela, il réussit à tourner une phrase beltranesque qui résumait le tout:

"C'est étrange de te voir sans uniforme. Ca te va très bien." Puis désignant les bijoux: "Création de Girier, non?"

Bon, il trichait, il connaissait bien le travail de la famille de Girier. Déjà parce qu'il avait passé commande avant de partir et qu'il avait travaillé sur un bijou, qui attendait bien caché, avant d'être appelé à la frontière. Mais bon, ça Mina ne pouvait le savoir. Et le soldat, pourtant noble et plié aux compliments galants et aux ronds de jambes, avait du mal à formuler quoi que ce soit de poétique pour le moment. Il espéra que la future Héraut se rendait compte qu'il la complimentait du fond du coeur.
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Héraut Irmingarde le 12 avril 2014, 19:15:00
Quand Beltran demeura muet quelque secondes après avoir ouvert la porte, Irmingarde se demanda sincèrement si elle n'était pas ridicule dans son accoutrement au point de le choquer.
Parce que lui, il était vraiment très élégant. Pas qu'il se soit mis en frais et porte une tenue très travaillée, comme certains nobles qui se pavanaient dans des vêtements improbables, mais il était en civil, et ses vêtements étaient, pour le peu qu'elle puisse en juger avec sa connaissance inexistence du textile, d’excellente facture, ce qui rendait le résultat ma foi... fort plaisant. Et intimidant. Comme au cours de danse. Dans cette tenue, elle le voyait tel qu'il était, un homme de sang noble.
Et elle se sentait d'autant plus mal à l'aise dans sa jupe.
Elle se secoua un peu et lui sourit:

"Il n'est jamais trop tard si tu acceptes de me consacrer un peu de temps, c'est déjà beaucoup vu le travail que tu as."

Elle pénétra dans ses quartiers et lui tendit gauchement sa cape. Elle chercha des yeux l'entrée du salon qu'elle ne connaissait pas. Elle n'était jamais allé plus loin que son bureau. Elle se dirigea vers la pièce et découvrit une très joli table dressée près de la cheminée. Hola, ça donnait à leur dîner une certaine aura romantique assez étrange, et Mina sentit les paumes de ses mains devenir étrangement moite et son souffle s’accélérer.
Toute seule avec Beltran. Chez lui. Autour d'un dîner -qui avait l'air atrocement bon. Devant un feu de cheminée. Hon hon...

"Du vin? Je ne sais pas, heu... pourquoi pas? Je te rappelle que la seule et unique fois que j'ai bu de l'alcool, c'était avec toi, et tu m'as servi quelque chose de corsé. Ce sera moins fort j'espère?"  

Ce que ça pouvait l'énerver d'avoir l'air d'une paysanne face à lui! Pauvre petit Irmingarde qui ne connaissait rien à la vie en dehors de ses cours et de son Compagnon. Face à un homme pour qui les manières du monde étaient maîtrisées depuis qu'il avait cinq ans! Cela se sentit dans le compliment qu'il lui fit et la toucha:

"Tu es gentil, mais tu es beaucoup plus élégant que moi. Moi je suis..." elle haussa les épaules "... je me sens un peu déguisée, j'ai failli me prendre les pieds dans ma jupe!" ajouta-t-elle en plaisantant.

Puis elle se reprit de justesse:

"Enfin, déguisée. J'ai mis ça pour... heu pour..." Elle avait l'impression de s'enfoncer encore plus. "Pour essayer d'être jolie."

La jeune femme rougit de son aveu et enchaîna tout de suite sur la provenance de ces bijoux pour essayer de changer de sujet. Elle tritura son pendentif et dit:

"Oui, c'est un cadeau d'Isabeau. C'est un peu trop précieux pour moi, je sais même pas si ça va avec ma tenue..."

Et là voilà qui se remettait à parler chiffons et style. Bon sang ce qu'elle était cruche!
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Beltran le 12 avril 2014, 19:36:08
Irmingarde réagit d'une manière que Beltran n'avait pas prévu. Il avait imaginé une réponse caustique, mettant de la distance entre eux... et voilà qu'elle le remerciait presque de la solliciter si tard. Le capitaine hésita une seconde de plus avant de la débarrasser de sa cape, ne sachant pas s'il devait rebondir sur sa réponse ou pas. La possibilité lui échappa avec le temps qui passait et il se retrouva à tenter de lui faire des compliments. Visiblement peu habituée à un tel accoutrement, Irmingarde se dirigea vers la pièce que lui montrait Beltran. Il savait qu'il avait tout bien préparé mais il jeta un coup d'oeil inquiet à son invitée pour tenter de voir si cela lui plaisait. Le regard qu'elle lui avait jeté l'avait conforté dans l'idée que se faire beau pour elle avait été une bonne idée - elle n'avait pas semblé le trouver repoussant ou inquiétant.

Beltran eut un petit sourire et sans mentionner le mot de Wylan, il lui répondit bravement, vainquant l'indécision qui lui brouillait l'estomac:

"Ce sera moins fort. Mon cousin m'a fait porter une bonne bouteille... Rien de corsé, c'est un vin qui devrait te plaire." Il ajouta vivement: "Et si ça ne te plait pas, je peux te trouver autre chose. Bien sûr."

Il la guida avec ce qui ressemblait à de l'empressement jusqu'à la table et guetta avec inquiétude sa réaction à ses commentaires. La jeune femme sembla comprendre ses efforts et elle se dénigra une fois de plus. Beltran secoua la tête d'un air peu convaincu:

"Je ne suis pas élégant. Demande à n'importe quel dandy de la cour... Et pour moi tu ne fais pas déguisée. C'est inhabituel oui, et je te trouve aussi jolie dans ton uniforme, mais ces vêtements... te changent et te vont bien. Je suis honoré que tu veuilles... heu... être ... là... avec ces vêtements... heu... jolie ... ici... très jolie..."

Mon dieu, mon dieu, mon dieu, qu'il avait l'air idiot. Tous ses cours de diplomatie et de maintien avaient disparu au fond des oubliettes avec les traitres à Valdemar. Il en oublia presque qu'elle venait également de répondre pour ses bijoux. Il ne s'était pas trompé (mais n'en avait guère douté) et sa langue bougea avant que son cerveau ne réagisse:

"Cette jeune fille a bon goût, ça ne fait pas trop précieux pour toi et ça met tes yeux en valeur."

L'éducation de Beltran était revenue des oubliettes et avait pris le pas sur son impossibilité à réfléchir correctement devant Irmingarde. Gêné, un millième noeud venant de se rajouter à ses tripes, Beltran se détourna pour ouvrir la bouteille de vin. Il servit deux verres et en tendit un à Irmingarde.

"A nos retrouvailles?" proposa-t-il simplement.

Il la regarda droit dans les yeux et s'autorisa un sourire heureux, une seconde, avant de reprendre son sérieux et de présenter son verre à son invitée pour qu'ils portent leur toast.
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Héraut Irmingarde le 12 avril 2014, 20:27:37
Quand Beltran lui parla de l'origine du vin, Irmingarde sourit:

"Je te fais confiance, je gouterai."

Puis vient le moment où elle s'empêtra dans ses explications, ses compliments, ses réactions. Et finalement, elle se retrouva moins gênée qu'elle le pensait pour la simple est bonne raison que la gêne était partagée à égalité. Beltran s'enfonçait autant qu'elle, c'était même divertissant quand elle arrivait à oublier à quel point elle était tendue.
Il était honoré qu'elle veuille bien venir avec des vêtements? Si elle était moins coincée, elle aurait répondu qu'elle n'allait tout de même pas venir toute nue!
Mais elle était coincée, et sa voix était bloquée dans sa gorge quand il lui avait dit qu'en plus d'être jolie, les bijoux mettait ses yeux en valeur. Elle était donc délicieusement rouge, mais on voyait son amusement dans les yeux.

Elle tourna en rond quand il s'occupa d'ouvrir la bouteille de vin, ne sachant pas où aller, s'assoir ou pas.
Et puis il y avait autre chose. La même sensation que plus tôt, quand elle l'avait accueilli. Les fourmillements dans les main, les spasmes dans les muscles de ses bras. Cette idée qui lui trottait dans la tête, l’obsédait presque alors qu'elle venait juste d'identifier ce qui la tracassait.
Le faire, ne pas le faire? Comment, pourquoi?
Non elle ne le ferait pas, c'était impossible, pourquoi elle ferait ça, qu'est-ce que ça lui apporterai, comment ce serait perçu? Pourquoi elle avait l'impression d'en avoir besoin? Peut-être plus tard... Oui mais plus tard quand? Ils n'avaient pas le temps, pas le temps, pas le temps...

Finalement, quand il se tourna vers elle avec le verre de vin et lui proposa de boire à leurs retrouvailles, elle respira un bon coup et se décida:

"Attend."

Elle prit non pas un seul verre, mais les deux, et alla les poser sur la table, maladroitement. Elle revint sur ses pas, regarda Beltran sans trop savoir quoi dire, comment le dire, quoi faire. Elle se tritura les mains, affreusement mal à l'aise, et finalement:

"Je... je vais faire quelque chose d'un peu dingue, enfin pour moi alors... sois indulgent. C'est juste que je crois que j'ai besoin de... bref..."

Et Mina fit une chose incroyable - sur l'échelle Irminganesque - elle s'approcha du Capitaine et... le prit sans ses bras!
Le corps collé au sien, ses bras autour de sa taille le serraient assez fort. Elle pouvait sentir ses muscles à travers ses vêtements, et son cœur qui battait. Sa joue droite était posée contre son épaule - il faisait tout de même 10 bons centimètres de plus qu'elle et elle s'était mise sur la pointe des pieds - et elle soupira en avouant:

"Merci d'être rentré... en vie."

Elle voulut rajouter qu'il lui avait manqué, malgré tout ce qu'elle s'était dit pendant ces longs mois pour se convaincre du contraire, mais n'osa pas. Elle apprécia juste de le sentir dans ses bras, présent, vivant, avec elle. Effectivement, ses mains arrêtèrent de fourmiller instantanément, comme soulagées d'avoir eu ce qu'elles voulaient. Étrange comme c'était réconfortant.
La scène ne dura pourtant que quelques secondes, et Mina se détacha de Beltran, rouge tomate, et retourna chercher les verres de vins. Elle tendit le sien au Capitaine, sans oser le regarder dans les yeux et dit du bout des lèvres:

"A nos retrouvailles alors."

Et elle siffla le verre de vin en entier. Cela dit, le breuvage était vraiment très bon, même s'il piquait un peu la gorge.
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Beltran le 13 avril 2014, 09:26:02
Face à n'importe qui d'autre, Beltran se serrait incliné avec humour et aurait répondu légèrement qu'il était honoré de la confiance que l'autre mettait dans ses goûts. Face à Irmingarde, toute velléité d'humour fut bloquée à peu près à hauteur du plexus et le capitaine ne put sortir qu'une phrase moyennement intelligente:

"C'est du vin de glace que mon cousin m'a fait porter. Cela devrait être bon. Il a bon goût."

Autant dire une réponse plate, même si très vraie. Beltran aurait pu se claquer lui-même. Où était passé le charme dont on parlait tant lorsqu'il fréquentait encore les femmes de la Cour? "Perdu à la hauteur de ses chausses" pensa-t-il en lui-même en se giflant mentalement.
Même si l'homme se doutait que sa compagne n'en pensait pas moins - et qu'elle avait sans doute dans sa tête un interlocuteur chevalin très curieux, ce qui le stressait encore plus - il se demanda brièvement ce qu'elle pouvait penser de lui à ce moment là et cela ne le rassura guère. Dieux, il menait des armées au combat et s'empêtrait les pinceaux dès qu'une jeune femme l'approchait d'un peu trop près. Valdemar mettait sa confiance dans de bien étranges personnes. Beltran se savait qualifié pour organiser la défense du royaume, heureusement, car il n'avait pas besoin de plus de doutes.

Le Capitaine put se détourner un moment pour s'occuper de la bouteille et des verres, extrêmement conscient de la présence d'Irmingarde à ses côtés. Elle n'avait pas répondu à ses compliments. Etaient-ils si mal tournés que cela? N'avait-elle pas compris qu'il la complimentait? Ou pire qu'il appréciait ce qu'elle faisait? Les questions tourbillonnaient alors que le vin blanc remplissait les coupes. Quand il se tourna vers elle, il réussit à proposer un toast d'une voix à peu près normale. Il vit Mina prendre une grande respiration et l'ordre tomba, tel un couperet. "Attend."

Beltran se figea. Dans sa tête, il repassa tout ce qu'il avait dit depuis leurs retrouvailles devant Haven. Il alla même jusqu'à relire mentalement les rares missives qu'il avait envoyées. Il ne trouva rien qui pouvait justifier un "attend" si clair et définitif. Elle allait lui dire qu'elle ne voulait plus le voir... que ça ne servait à rien, qu'ils n'avaient rien en commun... qu'elle refusait les attentions d'un homme aussi pris que lui... Tous les scénarios catastrophes traversèrent l'esprit du Greenhaven alors que Irmingarde les débarrassait tous deux des verres remplis. Il voulut dire quelque chose mais la voir se triturer les mains d'un air désespéré lui coupa le sifflet. Il ne pouvait qu'attendre et refusait de provoquer le moment où elle allait lui dire qu'elle partait.

Puis Beltran se rendit compte qu'Irmingarde parlait. Il mit une seconde à remettre son cerveau en marche pour qu'il traduise ce qu'elle disait. Il ne comprit pas. Quelque chose de dingue qu'il devait voir avec indulgence? Ca ne sonnait pas vraiment comme un adieu - mais on ne savait jamais. Elle avait besoin de quelque chose. Plus d'alcool - fit l'esprit mal intentionné de l'homme, lui même désirant la boisson forte plus que jamais. Il ne bougea pas, ne parla pas, ne fit aucun geste pour ne pas brusquer Irmingarde.
Il fut tellement immobile qu'elle le prit dans ses bras et se serra contre lui sans qu'il ne réagisse. Il était sûr que si Irmingarde avait tendu l'oreille, elle aurait pu entendre le "tilt" qu'avait fait le cerveau du blond en se déconnectant.

Puis son corps réagit mécaniquement. Son bras alla entourer la jeune femme avec douceur et le serra un peu plus contre lui, pris de vertiges. Elle sentait bon. Il était terriblement conscient de son odeur, de la fragilité de son corps sous son bras, de la proximité de sa tête sur son épaule. Elle parla tout contre lui, le remerciant d'être en vie. Il la serra légèrement plus en réponse, sûr qu'il serait incapable de parler tant sa voix serait rauque.

Puis Mina s'arracha à l'étreinte et ce fut elle qui se détourna pour récupérer les verres d'alcool. Elle porta le toast elle-même alors qu'il récupérait sa propre coupe et, sous les yeux effarés du Capitaine, avala le vin de glace cul sec. Le Capitaine s'inquiéta une seconde de l'état dans lequel elle allait se trouver et... avala son verre de même.

"A nos retrouvailles. Tu devrais manger quelque chose maintenant..." fit-il avec tendresse avant d'ajouter: "Je repartirai plus souvent en campagne si tu m'accueilles à chaque retour comme ça..."

Merci Wylan. L'alcool faisait dire la vérité, non?
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Héraut Irmingarde le 13 avril 2014, 14:06:57
Mina ne s'était jamais considérée comme chétive. Il y avait plusieurs raisons à cela. D'abord, des années de travail dans les champs Hold l'avaient musclée. Enfin l'équitation, les entraînements, la vie de Grise en général, avaient fait d'elle, par la force des choses, une jeune femme possédant une force physique honorable.
Il était donc étrange à quel point, dans les bras de Beltran, elle se sentait fragile. Vulnérable.
Mais infiniment bien. Surtout quand son bras s'était refermé sur elle. Cela ne lui provoquait aucun sentiment d'être enfermé, les dieux savaient pourtant que la jeune femme avait du mal avec la proximité d'un homme. Non, elle se sentait juste... protégée. Rassurée.
Cette sensation fut volontairement courte, puisqu'elle se détacha de Beltran rapidement. Si elle s'était écoutée, elle y serait restée. Mais la dernière fois qu'elle s'était retrouvé collée à lui, en dansant, les choses avaient légèrement... dégénérées.

Alors qu'elle venait de descendre son verre d'alcool, alcool qui commençait lentement mais sûrement à la réchauffer, elle osa jeter un œil vers Beltran. Il avait l'air un peu absent.
L'espace d'un instant, Irmingarde se demanda si elle ne venait pas de faire une bourde monumentale. Comme appuyer sur un bouton invisible qui déclencherait une sérié d'évènements imprévisibles. Ou lui faire passer un message plus sérieux que le simple réconfort dont elle avait eu besoin.
Visiblement, elle avait fait une bêtise, mais ce n'était pas de l'avoir pris dans ses bras, plutôt d'avoir bu d'une traite le vin de glace.
Il fit la même chose qu'elle et cela lui arracha un léger rire amusé. Quant à son aveu sur sa façon de l'accueillir, elle fut très touchée mais préféra en plaisanter:

"Je veux bien... t'accueillir comme ça à chaque fois, mais à une condition!"

Elle pointa son index vers son torse, le touchant du bout du doigt, et ajouta:

"Ne me fais plus de révérence devant tout Haven comme tout à l'heure!"

Et comme elle ne voulait pas qu'il comprenne mal ce qu'elle venait de lui dire, elle posa sa main en entier sur son torse, dans un geste tendre, comme une caresse, même si elle ne se rendait pas compte d'à quel point ce genre de geste pouvait être intime. Elle rajouta:

"Ne te méprend pas. Je suis très heureuse de te revoir, vraiment. Mais devant tout le monde... Oh mon dieu Beltran, c'était terriblement gênant!"

Voilà, c'était dit. Parce que si elle était prête à essayer de transformer leur tendre amitié en quelque chose de plus sérieux, elle se sentait beaucoup plus à l'aise de le faire en tout discrétion. Elle n'avait pas besoin d'un public pour ça, surtout pas. Être à l'abri des regards étaient tellement plus confortable, surtout si elle faisait des erreurs. Et si on s'appuyait sur l'étreinte impromptue qu'ils venaient d'échanger, il y avait tout lieu de croire qu'elle en ferait des tas.

"Manger? Oui, excellente idée, j'ai très faim!" conclu-t-elle pour se donner une contenance.

De nouveau, elle tourna en rond, près de la table, ne sachant pas où s'assoir. Puisque Beltran était, de par son éducation, quelqu'un de très... à cheval sur les us et coutume de la haute société du pays, elle voulait éviter de faire un faux pas.

Et elle commençait à légèrement paniquer en prenant conscience de ce qu'elle avait fait.
Le prendre dans ses bras, sérieusement?! Mais à quoi avait-elle pensé, ou plutôt à quoi n'avait-elle pas pensé? Elle n'aurait pas pu se retenir, tout bêtement, plutôt que de lui sauter dans les bras comme ça? Elle venait juste de les embarrasser pour tout le reste du dîner... Ah bravo Mina, très intelligent!
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Beltran le 14 avril 2014, 16:33:31
La situation échappait au contrôle de Beltran. Comme souvent lorsque Mina le retrouvait. Il semblait qu'il n'était pas capable d'ordonner les choses comme pour les manoeuvres militaires et qu'elle trouvait toujours la faille pour le faire déraper encore plus loin qu'il ne croyait possible. S'il se posait deux minutes pour analyser leur relation, Beltran n'aurait qu'à secouer la tête d'un air malheureux et avouer qu'il faudrait mieux, pour l'un comme pour l'autre, qu'ils arrêtent de se voir sans avoir préparé un script auparavant. L'aventure fait la vie, disaient certains. Irmingarde était une vie d'aventures à elle toute seule. Le blond ne la comprenait pas. Une fois proche de lui, amicale, et l'instant d'après le fuyant. Et là, elle avouait qu'il l'avait mortellement gênée et le prenait dans ses bras avant de s'en arracher soudainement. Que devait-il faire, nom des Dieux!? Il hésita à la retenir mais il la connaissait assez maintenant pour savoir que ce n'était pas approprié. Une partie de son esprit se félicita pourtant que cette fois aucune manifestation physique gênante n'était la raison de leur rupture de contact. Sur cette pensée, il avala cul sec son vin et bénit son cousin de son présent - même s'il ne lui dirait jamais de cette manière.

Beltran tenta de reprendre les rênes de la conversation, enchaînant quelques phrases qui semblaient appropriées pour la situation. Il réussit à faire réagir Irmingarde... d'une manière qu'il ne put réellement analyser. Etait-ce de l'humour? Lui en voulait-elle? Il ne put que s'incliner et répondre avec sérieux:

"Sur mon honneur, plus de révérence."

Voui. Le voilà donc dans la mouise. S'il n'avait pas le droit de s'incliner devant la jeune femme, la question était donc qu'avait-il le droit de faire? Etrangement, il doutait qu'un baiser langoureux lui convienne mieux. L'image était pourtant fort agréable et la sensation d'intimité renforcée par le poids et la chaleur de la main de la future Héraut sur le torse du Capitaine.

"Je n'ai pas réfléchi." Avoua le chef des armées. " Je voulais juste... Je ne sais jamais comment me comporter correctement avec toi."

Et un aveu durement arraché au pitaine, un! Heureusement, le dîner sentait bon et il se rappella aux deux protagonistes de ce combat d'aveus difficiles. Beltran se dépêcha de venir tenir la chaise à sa partenaire une fois qu'elle accepta de s'interesser à la nourriture.

"Ici, demoiselle. Puis-je te resservir du vin?"

Platitude, oui. Une fois qu'Irmingarde fut installée, Beltran fit le service. Il ouvrit les plats et une odeur agréable envahit la pièce. L'entrée était composée de plusieurs petits feuilletés aux champignons et d'un potage aux courges. Dans le plat principal, le Capitaine découvrit deux cailles rôties (... visiblement le cuisinier avait bien compris qu'il ne dînerait pas seul... qui allait payer pour avoir donné cette information cruciale?). Curieux, Beltran s'autorisa à jeter un coup d'oeil au dessert et ne fut pas déçu: une tarte aux pommes à la cannelle les attendait sagement. Après des mois en campagne, ce repas, bien que simple, valait tous les trésors du monde. Si ils arrivaient à avaler quoi que ce soit.

Beltran se força à reprendre contenance en remettant les cailles au chaud et en remplissant les assiettes de l'entrée et les petits bols pour la soupe. Il alla ensuite s'asseoir et s'efforça de prendre un air moins guindé. Il ignorait s'il y était parvenu, mais il réussit à dire d'un ton enjoué:

"Et bien, bon appétit."

Et là, il pria pour trouver quoi dire pendant le repas. Il réfléchit rapidement. Il perdait ses moyens devant Mina et cela leur rendait la vie impossible. Que se passerait-il si ce n'était pas Irmingarde? Peut-être que la solution se trouvait là.
Après avoir goûté son potage et fait la mine satisfaite d'usage devant un bon repas, il commença lentement à manger puis se lança:

"Ta dernière missive me disait que les cours se sont accentués ici. Tu t'en sors bien?" Puis avec un sourire complice qu'il estima pas trop forcé: "Tu as trouvé quelqu'un pour les cours de danse?"

Ou comment casser l'ambiance? Il espérait que non. En même temps, il doutait qu'elle ait envie qu'ils s'abrutissent de politique alors qu'ils venaient juste de se retrouver. Il espéra qu'elle rebondirait sur un sujet qui lui plaisait à elle.
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Héraut Irmingarde le 14 avril 2014, 17:59:53
"Je ne sais pas comment me comporter avec toi." Aie. C'était bien le problème. Irmingarde en avait douloureusement conscience. Elle savait son comportement étrange, et ne savait pas trop comment y remédier, ni comment l'expliquer. Or, Beltran avait l'air d'avoir besoin d'explications, d'être... guidé?  
Mina comprenait bien le dilemme pour lui. C'était un noble doublé d'un soldat. Son ascendance le prédisposait naturellement à respecter certains codes qui ne marchaient pas face à elle tout simplement parce qu'il n'était pas du même monde, pas du même monde du tout. Et son métier lui avait donné la faculté de juger d'une situation, d'un danger, rapidement et sans erreur pour savoir l'affronter, mais elle, elle était quelqu'un qui ne savait même ce qu'elle voulait. Alors trouver une parade face à ça, c'était plutôt difficile!
L'aveu avait du lui coûter, alors elle essaya de s'expliquer, prenant du temps à choisi ses mots:

 "Je sais que je suis capable d'envoyer des messages contradictoire. L'ennui... c'est que je ne sais pas lesquels le sont. Je suis... dans l'inconnu total. Je dis des choses, je fais le contraire, je ne m'en rend pas toujours compte. Je suis désolée d'être une casse-pied. Je t'impose un rythme impossible hein? Il faut me dire si je vais trop loin."

Mina aller trop loin? Un comble tout de même. C'est que ce n'était pas exactement ce qu'elle voulait dire. Ce qu'elle entendait, ce qu'elle voulait, c'est qu'il sache l'arrêter si ce qu'elle faisait était trop difficile à supporter pour lui. Mais elle n'allait tout de même pas lui dire "Préviens-moi si je me comporte comme une catin sans m'en rendre compte? Comme le fois où je me suis frotté à toi au point de te faire perdre ton contrôle."
Et puis il y avait toujours ce facteur temps. Ce maudit temps, qui filait inlassablement, vers la guerre en plus. Les promesses qu'ils s'étaient faites dataient d'une époque où ils pensaient avoir plus de temps. A présent... Il fallait accélérer les choses, pour ne pas regretter. Comme toutes ces dernières décades. Et naviguer dans l'inconnu était déjà difficile pour Mina, alors le faire à grande vitesse! Ça rendait les choses plus compliquées encore. Comme s'ils avaient besoin de ça!

Elle préféra lui sourire plutôt que de dire le fond de sa pensée et accepta de s'assoir. C'était agréable tout de même, la galanterie! Cela la fit même rire.

"Je veux bien du vin oui, c'est très bon, même si je suppose que c'est traître. Et pardon si je ris, mais je pense à... chez moi. Enfin chez moi... Les Holds quoi. C'est pas là-bas qu'un homme tiendrai la chaise d'une femme! Ce sont plutôt les femmes qui se battent pour qui aura l'honneur de pousser la chaise de leur époux. Mes belle-mères seraient... choquées de voir ça!"

Ce n'est pas tous les jours que Mina parlait de sa famille en plaisantant. Il fallait croire que l'effet du vin se faisait déjà sentir.
Quand Beltran découvrit les plats, l'estomac d'Irmingarde grogna bruyamment.

"Oh pardon, ce n'est pas vraiment très distingué mais... ça a l'air délicieux Beltran, qui as-tu soudoyé pour avoir un repas pareil? On mange bien, au Collegium, mais ça n'a rien à voir avec ça!"

Dans sa vie, Mina n'avait jamais "mal mangé". Dans les Holds, la nourriture était rustique, mais très bonne, la raison pour laquelle les surplus de stock se revendait à prix d'or sur les marchés. Les quantités étaient soigneusement calculées (quand il y a une vingtaine de bouche à nourrir, mieux vaut savoir compter) mais elle avait toujours mangé à sa faim, sauf quand elle était punie bien sûr.
Au Collegium, la nourriture était très correcte et les recettes variées.
Mais ce soir... la jeune femme allait découvrir le sens du mot gastronomie.

Avant de commencer, elle but une nouvelle gorgée de vin et demanda:

"Tu as donc un cousin à Haven? Qui est-ce? En tout cas, il sait bien choisir le vin. Enfin je suppose, puisque je trouve ça bon."

Puis elle goûta la soupe et soupira de contentement. Irmingarde n'était pas une glouton et savait se tenir à table, mais elle essayait tout de même de faire attention à la façon dont elle s'y prenait histoire de ne pas passer pour une mal élevée.

"Les cours? Oh... Tu sais, je ne me rends pas compte s'il y en a vraiment plus ou pas, je suis disciplinée, on m'assigne un cours, je m'y rends, même si je dois confesser que... je ne suis pas une élève des plus douée. Sauf en Karsite. Mais j'ai vécu à la frontière, j'ai donc un avantage sur les autres."

La nourriture était vraiment délicieuse, et cela la mettait de bonne humeur.

"Quant à la danse, honnêtement... J'ai fait l'effort d'être assidue au cours de maniement des armes, mais la danse étant une option, non je n'ai pas pris de cours avec quelqu'un d'autre que toi."

"Vu la façon dont s'est terminé mon seul et unique cours..." eut-elle envie de rajouter. Mais elle se retint. Mieux valait éviter ce sujet, oui.
Pendant quelques minutes, elle continua à manger et face au silence se dit que c'était peut-être à elle de relancer la conversation. Houla...

"Ce qui tourmente le plus les Gris en ce moment, malheureusement, c'est si la guerre ne va pas accélérer notre formation."

Ben oui tient, parlons de la guerre, en voilà un sujet qu'il est gai!
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Beltran le 15 avril 2014, 19:52:11
Respirer avec le ventre. Lentement. Non, ses mains ne tremblaient pas - mais c'était par pur effort de volonté. Ne pas dire de bêtise. Ne pas dire de chose qui la choquerait. Ne pas laisser paraître son trouble. Peut-être qu'il aurait dû remettre ce dîner à un moment où il aurait été moins fatigué: c'était une bataille de tous les instants pour ne pas franchir la ligne invisible entre eux et Beltran aurait eu besoin de toute son énergie. Mais son envie de voir Irmingarde avait dépassé ses réticences, et le voilà totalement gauche à commencer un dîner avec la demoiselle. Il lui fallait prier pour ne pas faire de faux-pas. Il crut en avoir fait un quand il avoua son incompétence en face d'elle parce qu'elle mit un moment avant de lui répondre. Il leva ensuite un sourcil étonné quand elle analysa la situation avec un angle qu'il n'avait pas. Il s'empressa de la rassurer:

" Je ne suis pas plus doué pour décrypter les messages. Je n'ai ... pas l'habitude de ce genre de situations. J'essaye de suivre le rythme."

Il refusa de finir par "tu ne vas pas assez loin, c'est ça notre problème" et il se contenta de poser brièvement sa main sur l'épaule de la jeune femme pour la rassurer physiquement avant de reprendre ses distances pour ne pas empiéter sur son espace vital. Il l'aida à s'asseoir comme la galanterie l'exigeait puis proposa de remplir les verres. Quand elle eut accepté de reprendre du vin et de ne pas passer à l'eau, Beltran s'exécuta pendant qu'elle parlait un peu de sa famille. Elle était plus proche de se confier un peu à lui qu'il n'en avait l'habitude alors il l'écouta attentivement avant de lui poser son verre près de son assiette et de commencer le service.

"Je connais mal les Holds." avoua-t-il. "Mais je me rappelle d'épouses très effacées... Je les imagine mal ne serait-ce qu'hausser la voix, je dois avouer... Chez moi, ma mère a toujours eu le dernier mot sur mon père. Il l'aimait et la respectait énormément, mais ils pouvaient aussi se crier dessus à pleins poumons quand ils pensaient qu'on n'entendait pas. Le reste du temps, mon père insistait sur l'importance de la galanterie et de l'honneur. S'il n'avait pas considéré ma mère comme son égale, jamais il n'aurait accepté de se battre verbalement avec elle. J'ai grandi avec ce concept de valeur: l'époux doit autant que l'épouse. C'est sans doute pour cela que je n'ai jamais accepté les alliances qu'on m'a proposées... Les jeunes femmes nobles ont tendance à soit se considérer inférieures, soit manigancer dans leurs coins... Je n'aurais pas pu m'entendre avec elles." Puis il sourit: "Ils ont arrêté de me faire des propositions depuis quelques années, je m'en porte parfaitement bien." Et, curieux, il demanda: "Avais-tu des envies de mariage avant d'être Elue?"

Beltran s'étonnait lui-même de parler autant. Il espérait qu'il n'avait pas abordé un sujet tabou pour sa compagne. Il enfourna une bouchée de friand en souriant lorsque la jeune femme s'excusa du bruit de son estomac, puis, l'ayant avalé, expliqua:

"Oh tu sais, partir en campagne c'est aussi ramener quelques trucs à Haven, et j'ai souvent fourni le chef cuisinier en vins et autres spécialités... Depuis, il me gave quand je reviens, lorsque je ne partage pas le repas de mes hommes. Quelqu'un l'a prévenu que j'étais rentré... J'ignore qui lui a dit de faire assez pour deux, mais nous pouvons nous en féliciter. Et je dois avouer que je rêvais d'un tel repas depuis des semaines."

Le commandant prit à son tour une gorgée de vin et répondit à propos de sa famille:

"J'ai un cousin éloigné qui est Héraut. Wylan. Tu ne dois pas le connaître, il est souvent loin de Haven. Il travaille essentiellement avec le Roi et le Héraut du roi mais il nous arrive de devoir travailler ensemble... et comme on vient de la même région et de la même famille, on peut dire que c'est un de mes proches désormais..."

Irmingarde enchaînait sur la soupe et sur ses cours pendant que Beltran se régalait de son friand. Il hochait régulièrement la tête d'un air approbateur pour montrer qu'il suivait, et faillit s'étrangler de honte quand elle mentionna leur dernier cours ensemble. Il n'avait toujours pas avalé son propre manque de contrôle. Il fit d'un ton légèrement honteux:

"Il doit pourtant y avoir de meilleurs professeurs que moi... Mais tu as raison, les armes sont plus importantes..."

Irmingarde devait être aussi gênée que lui parce qu'elle enchaîna directement sur la guerre. Beltran se rembrunit.

"Je te le dis parce qu'il ne servirait à rien de mentir. La guerre est à nos portes et la réunion de demain portera sur les manoeuvres. Nous aurons besoin de tout le monde plus rapidement que prévu... Mina... Même à Haven, il faut que toi et les autres élèves Hérauts fassiez attention. En tant que lames de Valdemar vous serez les premiers concernés. J'ai peur pour vous... pour toi."

En essayant de garder l'air brave et détaché malgré la gravité de ses paroles, Beltran tendit la main vers celle de la jeune femme... heurta la carafe d'eau qui se renversa en direction d'Irmingarde et alla l'inonder. D'un bon, le soldat fut debout, renversant sa chaise, serviette à la main et excuses à la bouche pour venir éponger les dégats...

"Je suis mortellement désolé.."

Il était penché sur la jeune femme quand un "hm Commandant?" retentit à la porte. Le maréchal venait d'entrer, une pile de parchemins à la main, l'air interloqué. Beltran savait bien qu'il était dans une position inconvenante. Et pour la première fois depuis longtemps, Beltran rougit.
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Héraut Irmingarde le 15 avril 2014, 23:13:45
Pour conclure le débat qui devenait aussi gênant pour l'un que pour l'autre, Irmingarde se contenta de sourire. Elle avait pourtant bien envie de dire "Ah bah nous v'la bien parti!", mais ce n'était pas vraiment le moment. Parce qu'en plus, sentir sa main sur son épaule avait le don de la rendre muette. Se mettre à table était donc une bonne façon de passer à un autre sujet que leur handicap sentimental.

Elle secoua la tête, amusée, quand il lui dit mal connaître les Holds.

"Personne ne les connait sauf eux-même, et encore... Enfin, disons que leur réputation n'est pas infondée! Oui, en général, les épouses secondaires sont assez effacées, voire invisibles. Mais les Premières épouses, je peux te garantir que souvent, elle font profiter tout le monde de leurs statuts... privilégiés."

Puis elle l'écouta lui raconter un morceau de son histoire avec passion, en oubliant même de mâcher ce qu'elle avait dans la bouche. C'était fascinant de découvrir dans quel univers il avait grandit. Tellement différent de ce qu'elle-même avait vécu, à mille lieux!
Heureusement qu'elle se souvint d'avaler son morceaux de feuilleté, car elle l'aurait craché de surprise quand il lui parla des projets de mariage qu'avaient pu faire sa famille pour lui. Elle avait singulièrement du mal à imaginer le Commandant coincé dans une vie maritale avec une noble! Pourtant, quand elle pensait à Isabeau, c'était l'ordre des choses.
Elle posa sa fourchette et répondit:

"Tu as l'air d'avoir eu une enfance heureuse. Ce bonheur conjugal dont tu parles... c'est assez difficile à imaginer pour moi, mais je suppose que ça doit être agréable, en tout cas tu fais honneur aux valeurs de tes parents, ils sont sûrement fiers de toi. Et ils t'ont laissé décidé ou non d'accepter de te marier, c'est rare. Et tant mieux pour moi. Parce que je ne serais pas là, si tu étais marié. Toi, tu serais fidèle à tes valeurs, et donc à ta femme. Moi... j'ai des valeurs aussi."

Avant de répondre plus en détail à sa question concernant ses aspirations à elle, elle mangea un peu de soupe, le temps d'ordonner ses pensées avant de les exprimer. Il lui avait confié un peu de son histoire, elle pouvait en faire autant.

"Des envies de mariage, moi? Grands dieux non, c'est même pour ça que je suis ici. Je... j'ai toujours pensé réussir à y échapper. Parce qu'au fond, et bien... je suis une fille illégitime, et dans les Holds, c'est aussi mal vu qu'ici. Une fille illégitime, sans dot, ça n’intéressait personne. Et ça me convenait."

Parfois, Mina se demandait comment elle aurait fini, dans les Holds, si personne n'avait voulu d'elle et si elle ne s'était pas enfui. Une femme célibataire, c'était très mal vu. En général, les femmes dans ce cas prenaient le voile au Temple. Brrr, quel perspective terrifiante!

"Finalement, quand j'ai eu seize ans... un cousin a voulu de moi parce que toutes ses femmes étaient enceintes, fatiguées, fatigantes... J'ai refusé. Ca... ne s'est pas bien passé."

Comme avec Isabeau, elle essaya de ne pas trop grimacer. D'autant plus qu'évoquer ce détestable jour était encore plus difficile face à un homme qui ne le voyait pas comme une Grise lambda, mais comme une femme.

"Et me voilà! C'est terriblement commun finalement. Rares sont les Holds qui quittent volontairement la région, et quand c'est le cas, c'est que l'on fuit ce genre de chose."

Tout ça n'était pas franchement joyeux et la jeune femme haussa les épaules avec fatalisme.

"Donc non. Même au delà de ça, ça ne m'a jamais tenté. C'est trop important, trop sacré pour faire ça à la légère avec le risque de se tromper. Ou de laisser les autres le décider à votre place."

Elle pensait encore à Isabeau, même si elle ne prononça pas son nom, parce que leurs conversations à ce sujet étaient privées. Elle éluda:

"Et puis j'ai Ezarell. Je suis comme mariée finalement. Même si je lui dit parfois qu'elle a peut-être choisi trop vite!"

Elle finit son entrée en l'arrosant de vin et l'écoutant parler de campagne.

"Oh tu sais, je crois que tout Haven est au courant de ton arrivée, et de nos... retrouvailles, alors je ne suis pas étonnée. Et je comprends que tu en ai rêvé, c'est délicieux!"

Soudain, la jeune femme eut une idée qu'elle exprima sans réfléchir:

"Faisons un marché Beltran. Ce repas est une conséquence de ta révérence devant tout le monde. Or, je t'ai demandé de ne plus m'en faire en public, contre la promesse de... d'étreintes quand tu rentres de campagne. C'est ennuyeux, je perd tout de même une récompense par procuration. Je propose donc: un excellent repas comme celui-là contre mon enthousiasme à ton retour!"

Mina eut un moment d'absence et rougit quand elle se rendit compte de ce qu'elle venait de dire. Vraiment? Elle venait vraiment de monnayer son affection contre un repas de luxe? Oh pitié, par tous les Dieux du royaume de Velgarth...
Elle enchaîna pour essayer de noyer sa proposition totalement inconvenante sinon ridicule dans la conversation.

"Tient donc, Héraut Wylan alors?" s'exclama-t-elle avec un enthousiasme forcé. "C'est donc lui, le Héraut de la famille? Il y a toujours un Héraut dans les grandes familles."

Elle fronça les sourcils, cherchant à poser un visage sur ce nom mais en fut incapable.

"En revanche, je ne me souviens pas de lui. Son nom me dit quelque chose, Wylan... Mais, non, rien à faire, je ne sais pas qui il est. J'en suis navrée, parce qu'il est très généreux!"

Elle conclut sa réflexion en levant son verre de vin et le finit.
Même si le breuvage était très bon, il eut un goût amer quand Beltran lui révéla quelques détails à propos de la guerre imminente. De la guerre tout court d'ailleurs. Irmingarde eut un frisson désagréable qui lui parcourut le dos. La confession partit toute seule, même si elle aurait à tout prix préféré éviter de l'avouer devant le Commandant de la Garde de Valdemar:

"Je... je suis terrifiée."

Elle baissa la tête, un peu sonnée, et vit la main de Beltran s'approcher de la sienne. Et elle l'aurait laissé la lui prendre si... si il n'avait pas renversé la carafe d'eau en plein sur elle!

"Nom d'un..."

Mina recula sur sa chaise pour éviter de plus de liquide lui coule dessus. La catastrophe! Son corsage était trempé, une partie de sa jupe aussi. Seule sa chemise était encore indemne. Elle eut une pensée terriblement superficielle, à savoir qu'elle avait perdue son temps à essayer de s'habiller correctement. Puis elle eut froid. Et enfin, elle eut le bon goût d'être intensément gênée.
Sa gêne s'accentua quand Beltran tenta de... de quoi au juste? L'essuyer? Sérieusement?
Elle eut juste le temps d'attraper ses mains pour les empêcher de la toucher, même si elle savait que ce n'était que pour s'excuser et pas pour la tripoter, et glapir:

"Pas la peine je..."

Et là, comme si cet instant n'était pas assez gênant, le Maréchal en personne les interrompit. Et les vit, tous les deux. Beltran penché sur elle, elle, lui enserrant les poignées, ses mains dangereusement près de sa poitrine par un malheureux hasard. Avait-elle vraiment pensé que le moment le plus gênant de toute sa vie était celui où Beltran lui avait fait une révérence devant tout Haven? Grossière erreur...
Le moment était tellement embarrassant qu'elle lâcha même une réflexion très impolie:

"On vous a jamais appris à frapper?!"

Très impolie, et surtout, très mal venue. Il y a encore une seconde, le visiteur aurait pu penser que ce qu'il avait sous les yeux n'était pas ce qu'il croyait, il y avait une chance infime pour ça. A présent, alors qu'il se recevait ce genre de remarque, le convaincre du contraire serait difficile!
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Beltran le 16 avril 2014, 18:43:28
Passant de la vie des épouses secondaires des Holds au couple Maman de Beltran-Papa de Beltran, malgré quelques hésitations et quelques blancs, la conversation prenait cependant des airs de vrai échange. Une partie de Beltan le nota et en fut soulagée. Le commandant hochait la tête de temps en temps, émerveillé que Irmingarde commence à se sentir assez à l'aise pour bavarder avec lui d'un ton léger. Elle semblait réellement s'intéresser à ses radotages sur sa famille et elle s'attarda un peu sur le sujet du mariage.

"Ils n'ont pas eu le choix. J'étais trop pris par l'académie militaire et on me donnait trop de responsabilités pour qu'ils puissent insister trop souvent. Je les ai déçu à cet égard mais nous avons assez de jeunes gens dans la famille pour que le domaine soit entre de bonnes mains même si je n'ai pas d'héritier. Mais tu as raison... j'aurais été marié, tout aurait été différent. J'aurais peut-être abandonné mon poste, je n'aurais pas fait les missions... Mais tu me connais un peu maintenant, ça n'aurait pas correspondu à mes valeurs. Valdemar d'abord. Je ne suis pas Héraut mais j'appartiens au royaume autant que vous."

Et ça, les Hérauts le savaient bien. Beltran était à leurs yeux un homme de confiance, marié au royaume comme d'autres l'étaient à leur passion. C'est pour cela qu'il comprenait le sens du devoir des Compagnons et de leurs Liés. A sa manière, Beltran avait développé un Sens de la Terre dérivé, profondément ancré dans son coeur. Il savait que Irmingarde comprenait.
Et une minute plus tard, Beltran s'avouait à lui-même qu'il était soulagé que la jeune femme n'ait pas d'envies particulières de mariage comme beaucoup de femmes à son âge. Ce qu'elle avoua sur son cousin toucha Beltran. Il ne connaissait guère les Holds, comme il l'avait déjà dit, mais il en savait assez pour savoir que cette période avait dû être réellement éprouvante pour Irmingarde. Il hocha la tête:

"Tu as raison, le mariage n'est pas à prendre à la légère, quelle que soit la religion. Et puis... Nous sommes mariés à Valdemar non? Et toi à Ezarell, comme tu dis. En tout cas, ta place est ici. Peu importe de quel côté du lit tu es née, ta valeur ne vient pas de ça. Tu le sais, maintenant, n'est-ce pas?" fit-il d'un ton ferme.

Il aurait pu être un peu plus diplomate mais il prenait à coeur que Mina s'occupe d'elle-même et s'avoue ses propres valeurs. Elle n'avait que trop tendance à se replier sur elle-même. Beltran n'avait pas besoin de savoir quelles horreurs elle avait pu vivre pour savoir qu'elle était une femme forte qui s'en sortirait par elle-même quoi qu'il arrive (et tant qu'il était derrière l'épée dégainée pour botter le cul à qui oserait faire un commentaire).

Beltran réussit à ne pas prendre l'air coupable quand l'apprentie Héraut lui rappela que la moitié de Haven l'avait vu être accueilli par elle et que les rumeurs avaient déjà dû atteindre la frontière depuis... Elle se réjouit cependant du repas et soudainement, fit une proposition qui fit lever un sourcil au commandant de la garde. Beltran s'autorisa un sourire en coin:

"Tu es facile à acheter, dis-moi. Je te promets autant de dîners que tu veux. Je peux même te faire faire des plats à emporter pour tes pauses de midi quand tu as cours, si tu insistes." plaisanta-t-il. "Nous avons un marché donc. C'est noté."

Un peu d'humour faisait du bien avant de repartir dans les méandres des souvenirs et des liens familiaux. Beltran parla un peu de Wylan et devant la réaction de Mina, il précisa:

"Wylan est un personnage très dur à cerner. Il est souvent en mission, et personne n'arrive à se rappeler à quoi il ressemble, ça fait partie de ses dons. Très utile pour Valdemar. Et il ne se lie à personne, il joue cavalier seul. Mais je doute que son... cadeau soit seulement par générosité. Je crains qu'il ne s'en serve comme excuse pour venir plus tard me tirer les verres du nez quant à la jolie demoiselle que j'ai embarrassé devant tout le monde." fit-il d'un air un peu penaud (mentalement bien décidé à ne pas donner cette joie à son cousin).

Revenus sur un terrain plus sérieux, Beltran comme Irmingarde se rembrunirent en parlant de la guerre. Irmingarde eut même le temps de s'ouvrir à Beltran et s'avouer terrifiée - ce dont il ne pouvait la blâmer- mais le commandant fracassa cet instant d'intimité en faisant preuve d'une maladroitesse extrême. L'eau atteignit le corsage de la jeune femme avant qu'ils ne puissent réagir. Jaillissant de sa chaise au point de la faire tomber, Beltran tenta d'éponger les dégats mais c'était sans compter les réflexes d'Irmingarde concernant les hommes qui la touchaient. Maudissant sa bêtise (à lui), Beltran se retrouva à s'excuser une fois de plus et à lui tendre sa serviette. Il n'eut pas le temps de reculer que le Maréchal venait achever le tableau.

Si les Dieux existent, qu'ils rient bien à mes dépends... pensa Beltran très fort avant de s'insulter mentalement de rougir comme un gosse pris à faire une bêtise.

Il se redressa brusquement pour regarder son subalterne et ne put s'empêcher d'approuver mentalement la pertinente question de sa compagne.
Le Maréchal eut le bon goût de se montrer gêné.

"Désolé. Je ne m'attendais pas... Beltran est toujours... J'ai les papiers pour demain." finit-il lamentablement en agitant ses parchemins.

Beltran hésita. Il ne savait pas ce qui était pire: renvoyer son maréchal en lui faisant promettre de ne rien dire - ce qui confirmait qu'il contait fleurette à Irmingarde- ou faire comme si de rien n'était et avoir la moitié de l'armée au courant avant que le dîner ne soit fini. Ses joues rouges le trahissaient plus sûrement encore que sa position intéressante au-dessus d'une jeune femme dans ses appartements. Il finit par se décider:

"Pose tout ça sur mon bureau, je m'en occuperai après le dîner. La prochaine fois, frappe à la porte. Et on est bien d'accord que ce dîner est d'ordre privé..."

Ce n'était pas une question. Le Maréchal salua, bredouilla quelques excuses plus choquées que contrites, et s'exécuta. Une minute plus tard, la porte du bureau se ferma et le silence revint.
Beltran regardait ses pieds. Il leva enfin le regard vers Irmingarde.

"Par les Dieux, je ne suis pas doué, n'est-ce pas?"

Ce n'était pas non plus une question.
Du coin de l'oeil, il nota que l'eau avait coulé autour des plats mais évité de tremper la nourriture. Tout n'était pas gâché. Mais Irmingarde voudrait peut-être fuir maintenant.
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Héraut Irmingarde le 16 avril 2014, 23:53:45
Tout ça, Mina le savait fort bien. Beltran vivait pour son pays et la défense de celui-ci. Et c’était un choix. Pas qu’un Héraut se sente obligé, mais disons qu’il n’avait pas tellement voix au chapitre lors de son élection. Ce qui était d’autant plus noble dans le cas de Beltran.

« Valdemar d’abord oui, je trouve que c’est un bon résumé. »

Puis il insista sur la nécessité pour elle de se connaître, elle, ses valeurs… Vaste débat dans lequel Irmingarde n’avait pas tellement envie de s’engager. Elle se méfiait encore trop de son propre jugement. Ou s’arrêtait l’humilité pour devenir de la prétention ?

« Tu parles de confiance en soi ? J’y… travaille. Je n’ai pas trop le choix de toute façon si je veux avancer. Enfin, c’est l’avis général, surtout en cours de Don d’ailleurs… »

Plus facile à dire qu’à faire cependant. Mais tout comme il fallait agir dans l’urgence avec Beltran, il fallait faire de même avec elle-même. La guerre ne laissait pas le loisir de regarder passer le temps en remettant les choses à plus tard. Ni celui de se chercher trop longtemps.

Elle n’insista pas, espérant ne pas relancer ce sujet, mais ne put pas éviter que Beltran relève sa proposition totalement fantaisiste, forcément. Cependant, il le fit avec humour, ce qui la rassura.

« Ne répète pas à Arthon et Saskia que leurs Hérauts sont corruptibles avec une tarte aux pommes ! Si ça se savait, cela écornerait notre prestige ! Quant à toi, je crois que tu es assez occupé, surtout en ce moment, pour y rajouter la cuisine. Et puis ça rendrait jaloux mes camarades gris, c’est un risque trop grand ! Non, mieux vaut que nous en tenions à des repas en privée ici, c’est plus sûr. »

Et puis imaginer Beltran lui ramener une gamelle au Collegium le midi. Oh bon sang, ce serait réellement la fin de toute tranquillité !

Quand il lui parla de son cousin, Mina comprit mieux pourquoi elle ne mettait pas de visage sur ce nom avec un don pareil. Don qu’elle ne connaissait du reste absolument pas et qui lui semblait sacrément étrange.

"Ca doit être bizarre, que les gens ne se souviennent pas de toi. Pratique, mais pas forcément facile à vivre. Enfin, je suppose qu'il a appris à faire avec au mieux. Et toi, tu sais à quoi il ressemble, à l'origine?"

Quand Beltran parla des techniques détournées de son cousin pour le faire parler, et qu'il rajouta qu'elle était jolie, Mina s'empourpra et ne rajouta rien. Qu'aurait-elle dit? S'il fallait commencer à se faire confiance à un moment, pourquoi ne pas commencer à accepter les compliments qu'il lui faisait en les considérant comme vrais?
Elle était jolie à ses yeux. Oui, c'était un bon début, définitivement.

La suite le fut moins, puisque le sujet de la guerre tomba réellement à l'eau. Et s'y noya, en même temps que sa dignité et ses bonnes manières.
Elle eut envie de répondre au maréchal "Quoi Beltran est toujours seul? Et c'est une raison pour rentrer ici comme dans un moulin?". mais cette fois-ci, Irmingarde eut la sagesse de ne pas en rajouter, se contentant de virer au rouge pivoine.
C'est Beltran qui usa de son grade pour chasser poliment mais fermement l’intrus qui sorti avec l'air de celui qui ne croit pas ce qu'il a vu. Pendant ce temps-là, Irmingarde essaya de se rendre invisible, mais se rappela que ce n'était pas sans ses cordes. A la loterie du Don, elle avait pioché les flammes, pas la transparence.

Enfin, une sensation de froid lui rappela que son corsage était trempé, et Beltran renouvela ses excuses, ou plutôt se fustigea. Mina se leva et fit une grimace fataliste:

"Je crois qu'il faut admettre que les catastrophes sont plus fréquentes quand nous sommes ensemble..."

Elle regarda la porte quelques secondes et posa une question qui lui brûlait les lèvres:

"Le maréchal semblait vraiment tomber des nues en nous voyant. Personne ne t'as jamais vu avec... de la compagnie?"

Cette idée la surprenait. Voilà des années que Beltran était à son poste, et il était plus âgée qu'elle, il devait y avoir eu des femmes dans sa vie. Avait-il toujours été discret avant aujourd'hui?

"Enfin, ça ne change rien au fait que je suis trempée..."

Oui, et elle faisait quoi maintenant? Le plus logique, le plus évident, fut qu'elle se change. Sauf qu'évidemment, elle n'était pas venue dîner avec une tenue de rechange. Jamais de la vie elle n'enverrai un page chercher une autre tenue dans sa chambre pour l'amener ici, cela équivaudrai à hurler à tout le Collegium qu'elle et Beltran faisaient... des choses qui n'étaient absolument pas à l'ordre du jour et même inenvisageable pour Mina. Donc quoi, elle devait rentrer se changer chez elle, si tard, pour mieux revenir et perdre un temps précieux?
Avec regret, elle regarda le délicieux repas qui risquait de refroidir. Ne restait qu'une solution. Elle réfléchit à haute voix:

"Je suppose que tu n'as pas de tenue féminine de rechange chez toi. Ma jupe peut sécher rapidement sur moi, surtout près du feu, en revanche, je vais devoir enlever mon corsage. Si tu acceptes de partager ton dîner alors que je serai en simple jupe et chemise - rassure-toi, elle est opaque - finissons ce festin. Mais pour en arriver à cette extrémité, je crois que je vais avoir besoin d'un autre verre de vin, j'ai assez bu d'eau pour la soirée!"

Et assez de vin aussi apparemment! Mina découvrait qu'elle ne tenait pas l'alcool. Elle avait bu quoi, deux verres? Non mais qu'est-ce qu'ils mettaient dans ce vin de glace?
Et puis sérieusement, elle allait enlever une partie de sa tenue pour une caille rôtie, après avoir promis à Beltran des câlins contre des feuilletés? Elle avait déjà entendu dire que le plus court chemin pour atteindre le cœur d'un homme était son estomac, dans le cas de Mina, elle donnait juste l'impression qu'on pouvait obtenir bien plus que son cœur avec un bon repas!
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Beltran le 18 avril 2014, 18:52:26
Pour pouvoir protéger autrui, il fallait croire en ses propres capacités à se protéger soi-même. Si Beltran n'avait aucun doute sur son habileté à défendre à la fois sa personne et son pays, il fallait avouer qu'il doutait qu'Irmingarde soit à cent pourcent sûre de la sienne. Et elle avait sans doute raison de se méfier. Il ne mettait pas en doute qu'elle avait fait des progrès concernant son don et sa manière de tenir une épée, mais il s'inquiétait tout de même pour elle. En tant que capitaine général des armées de Valdemar, il allait devoir l'envoyer au casse-pipe, elle et ses camarades gris et blancs. Et il s'en sentait coupable d'avance. Nombre d'entre eux n'étaient pas prêts. Mina n'était pas prête, malgré toutes ses capacités et son envie d'avancer. Et ça, ils le savaient tous les deux pertinamment. Alors personne ne le mentionna. La soirée prenait déjà un tour trop sérieux et attristant pour qu'on insiste sur un futur peu prometteur. Beltran décida de voir les bons côtés de la chose et il hocha la tête:

"Tu peux avoir confiance en toi. J'ai confiance en toi." Et il ne mentait pas, même s'ils n'évoquèrent pas les choses qui pouvaient la mettre en danger.

Plutôt que de s'attrister par avance des blessures et morts à venir, Irmingarde proposa un marché que Beltran s'empressa d'accepter à sa manière. Il prit un air complice à son commentaire sur Arthon et Saskia et finit par acquiescer gravement:

"Bien, pas de gamelle à midi. Ne le répète pas, mais en réalité Arthon est un gourmand, je suis sûr que j'arriverais à l'acheter avec cette même tarte aux pommes. Tiens, je devrais lui en faire envoyer une part pour qu'il me dispense de réunion demain..." plaisanta le capitaine avec un clin d'oeil. "Je suis sûr qu'il serait d'accord."

Autre sujet non directement relié à la guerre: Wylan. Beltran savait bien que son cousin sacrifiait le plus clair de son temps à espionner pour Valdemar et que c'est grâce à lui que nombres des rapports venant de Rethwellan revenaient si complets, mais il décida de donner à Irmingarde une image plus familiale que militaire.

"Nous avons grandi non loin l'un de l'autre. Ma famille est la branche riche de la famille mais ça ne m'a pas empêché de jouer avec lui lors des réunions interminables. Les Dons de Wylan se sont réveillés à l'adolescence et je soupçonne que je n'ai connu son vrai visage que jusque là. C'est sacrément difficile pour moi d'imaginer un tel Don et surtout de vivre avec. Je ne l'envie pas, même s'il s'en sert à bon escient. J'apprécie mon cousin et je pense qu'il gagne à être connu, mais je n'irais pas jusqu'à dire que je suis sûr de savoir à quoi il ressemble sans son don. Parfois je me demande si lui-même le sait."

En tout cas, Wylan maîtrisait les jeux politiques et diplomatiques quand il désirait apprendre ou obtenir quelque chose. Il n'hésitait pas à user de ses tours même sur sa famille. Cette fois-ci, l'appel avait été peu discret: "ou avec ta belle". Bon, Beltran pouvait lui pardonner puisqu'il lui donnait l'occasion de faire un nouveau compliment à Irmingarde de manière détournée, ce qui lui convenait mieux que de tenter un chassé-croisé amoureux avec la moitié du cerveau marchant au ralenti. Il devait vraiment se reprendre et appliquer ce qu'il avait maîtrisé jeune homme, à la Cour. Il doutait que tous ses trucs marchent sur une fille des Holds, qui plus est Héraut, mais il aurait voulu au moins avoir l'opportunité de tester au lieu de s'embrouiller les pinceaux à chaque fois qu'elle le regardait d'un air un peu trop candide.
Le capitaine perdit définitivement toute occasion d'expérimenter la galanterie valdemarane sur son invitée. Tout s'enchaîna: l'eau qui souillait les habits de la jeune femme, le Maréchal qui entrait à l'impromptu, Beltran qui le chassait avec (plus ou moins de) dignité, ... Une seconde, Beltran et Irmingarde eurent le même rouge carmin pour agrémenter leurs joues. Puis ils se reprirent plus ou moins vite. Le soldat se plia en mille excuses, ne sachant que faire. Il abonda silencieusement, presque tristement, à la remarque de la jeune femme sur les catastrophes: quand ce n'était pas le feu, c'était l'eau. L'univers devait leur en vouloir.

Beltran ne s'attendait pas à la question que lui posa soudain Irmingarde. Il la regarda une seconde sans savoir quoi répondre. Il dut lui-même réfléchir pour savoir quand il avait eu de la "compagnie" pour la dernière fois. Il se demanda si Mina voulait vraiment le savoir et si elle n'allait pas le juger. Mais Beltran était honnête et il faisait confiance à son amie.

"Je n'ai pas eu de compagne officielle depuis des années. Quant à des compagnies moins... durables si on peut dire, je ne les reçois pas ici. Mais..." Il hésita une seconde puis regarda Irmingarde: "Je fais très attention à ne pas avoir d'aventures publiques pour ne pas mettre mes compagnes en danger. La dernière... amie que j'ai eu est la mère de ma fille. Qu'elle refuse que je reconnaisse pour ne pas la mettre en danger. Je respecte son choix et m'occupe d'elle comme je peux quand je suis là. Mais non, le Maréchal ne m'avait jamais vu inviter quelqu'un d'autre que des amis dans mes appartements. Ce qui n'excuse pas son comportement évidemment. Ni le mien, d'ailleurs. Et je comprendrais si tu préfères que nous fassions en sorte que tout le monde croit que nous ne nous reverrons pas."

Beltran espérait qu'elle n'allait pas choisir une solution plus définitive, qui serait de ne réellement plus le revoir. En lui parlant, il avait tenté de la regarder dans les yeux, car il lui livrait plus qu'il ne l'avait voulu et il voulait qu'elle sente que c'était important pour lui. Il avait machinalement épongé la table également d'une main distraite.

Irmingarde s'intéressait à un autre aspect de la soirée, un peu plus pressant. Elle réfléchit à voix haute sur ce qu'elle pouvait faire pour ne pas tomber malade et tout de même apprécier la fin du repas. Beltran hocha la tête et lui proposa:

"Je n'ai pas de tenue féminine, mais je peux te passer une chemise à moi. Avec ta ceinture, je pense que tu pourras l'arranger pour être tout de même très féminine. Et ensuite nous finissons à manger. Je vais te chercher ça tout de suite."

Le soldat quitta la pièce par la porte opposée à celle qu'avait ouvert le maréchal. Il ne mit guère de temps avant de revenir, une chemise en soie blanche pliée dans les mains. Il vint la donner à Irmingarde et galamment la prévint:

"Je vais chercher quelque chose dans mon bureau, et je ne reviendrais que lorsque tu seras prête, d'accord?"

Jamais Beltan n'aurait tiré avantage de la situation, même s'il n'avait pas touché une femme depuis des mois. Il s'éclipsa rapidement vers son bureau et ferma la porte. Il s'appuya une seconde contre la table et soupira. Qu'il était nul! Il s'en mordrait les doigts. De son tiroir, il finit par tirer un petit paquet. C'était le pendentif qu'il avait commandé au père d'Isabeau pour Irmingarde. Il n'osait pas le lui donner. C'était un présent qui aurait fait rougir d'excitation n'importe quelle noble de Haven, mais pour Irmingarde... Elle risquait de trouver que cela l'engageait trop, et de refuser. Beltran hésitait à prendre le risque. Il se fustigea mentalement mais finit par reposer le paquet dans le tiroir. Puis il le reprit et le mit dans sa poche. Il survola rapidement la pile de parchemin qu'avait laissé le Maréchal. Rien de nouveau. Enfin, il frappa à la porte:

"Je peux revenir?"
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Héraut Irmingarde le 19 avril 2014, 22:59:22
Le problème, c'est que Mina avait peur. Peur de constater qu'autant de personne avaient confiance en elle. Peut-être pensaient-ils que la confiance était contagieuse et qu'elle-même finirait par être consciente de sa valeur? Possible. Mais effrayant. Ce n'était pas leur confiance qui les sauverai, à la guerre.
Mais mieux valait discuter gastronomie que combat, si on voulait garder un ton léger pour la soirée.
Irmingarde jeta un oeil à la tarte aux pommes et soupira:

"Comme c'est dommage que les problèmes diplomatiques ne puissent tous être réglés par un bon dessert, les choses seraient tellement plus simple... Bon, je t'accorde qu'en l'absence totale de conflit armé, tu aurais moins de travail. Mais tu passerais beaucoup plus de temps en cuisine. Et nous, Hérauts, ne serions plus les flèches du Roi mais ses tournebroches..."

Hey, mais c'est que l'alcool donnerait presque un semblant d'humour à la jeune femme! Même s'il n'était pas certain qu'elle s'en rende compte.
Elle enchaîna sur le cas de Wylan:

"Si il y a bien une chose que le Héraut Jalena m'a appris, c'est que chaque Don a son revers. Risquer d'oublier qui l'on est... mieux vaut bien se connaître."

Seconde surprise de la soirée, mais c'est qu'il semblerai que les cours de Jalena portent leurs fruits! Si celle-ci le savait, cela lui ferait plaisir. Elle lui demanderai sûrement d'où lui venait cette soudaine clairvoyance. Et Irmingarde éviterai à tout prix de lui dire que c'était Beltran qui la poussait à réfléchir.

Enfin, pendant les minutes qui suivirent, il n'y eu pas tellement besoin de réfléchir, juste d'essayer d'éviter qu'une énième catastrophe se rajoute à celles qui venaient d'arriver.

Puis Beltran lui parla de sa vie sentimentale de ces dernières années. Ce qu'elle pouvait être idiote dans ses questions, il fallait vraiment qu'elle apprenne à ne pas demander tout ce qui lui passait par la tête! La voilà qui rougissait, encore, en l'entendant parler de ses compagnes d'un soir. Elle ne pouvait pas s'empêcher d'imaginer. De l'imaginer, lui, et une autre femme. Ca provoquait en elle quelque chose qui ressemblait à de la jalousie.
Et elle se sentait toujours mal à l'aise par rapport à la mère de Liane. Et de Liane tout court. Beltran était papa. Leur différence d'âge faisait qu'il avait eu une vie bien remplie avant de la connaître. Là, ce n'était pas de la jalousie, elle n'y pouvait rien, et elle était heureuse pour lui qu'il ait un enfant, qu'il connaisse la joie (et les soucis) de la paternité. Mais elle se sentait dépassée, un peu déprimée. Qu'est-ce qu'une jeune femme de son âge, coincée, ingénue, naïve, pourrait espérer lui apporter? Avec quoi arriverait-elle à le retenir? Et pourquoi nom d'un Kyree pensait-elle à le retenir tout court d'ailleurs?
Quand il lui expliqua les raisons de son habituelle discrétion, elle se sentit au départ vexée. Elle se dit que peut-être, s'il se permettait de montrer à tout le monde l'importance qu'elle avait pour lui, c'est qu'il se moquait qu'il lui arrive quoique ce soit à cause de ça, que finalement, elle n'était pas si importante, qu'elle se faisait des illusions. Puis elle se mit une baffe mentale de penser une telle chose de lui. C'était tellement improbable venant de sa part. La seule explication, c'est qu'il avait été assez ému pour en oublier sa prudence coutumière. Finalement, c'était un constat plutôt plaisant, au milieu de tout ce maelstrom de sentiments et de sensations.  
Elle abonda dans son sens, en restant mesurée et réaliste.

"Il ne servirait à rien d'essayer de faire croire aux autres que tu ne représentes rien pour moi, pas après la scène de ton retour"

Elle aurait pu tourner la phrase autrement. Lui dire "que je ne représente rien pour toi" au lieu du contraire. Mais tout d'abord, ça aurait été incroyablement prétentieux de sa part, et ensuite, Beltran savait qu'il était important à ses yeux, ou si ce n'était pas le cas, il fallait qu'il le comprenne. Elle s'était déplacée, pour l'accueillir. La Grise rabat-joie et terne de seconde année avait fait le chemin pour venir le voir, et avait montré à tout le monde, dans sa hâte à quitter la place une fois qu'elle l'avait vu, qu'elle se fichait plus ou moins des autres, en tout cas sur un plan personnel. Finalement, elle avait été plus bavarde par son comportement que si elle avait hurlé la vérité devant tout le monde. Et il serait difficile à tous les deux de faire comme si rien n'était arrivé. Les gens avaient de la mémoire, surtout en ce qui concernait les potins sentimentaux. Isabeau le lui avait bien appris.

"Je suis une très mauvaise actrice, personne ne me croirait, même si je tiens à ma vie privée. Aux curieux qui me poseront des questions, je ne donnerai pas de réponse, ça ne les regarde pas. Ou alors juste une partie de la vérité, que tu es mon ami. Et que quand un ami revient de la frontière, on va l’accueillir. Qu'ils fassent les conclusions qu'ils veulent! Continuons juste, pendant le temps dont nous disposons, entre tes réunions et mes cours, à nous voir loin des regards curieux. Pour notre tranquillité, et notre sécurité. Personne n'irait s'en prendre à toi dans le but de me faire du mal, je n'ai aucun poids dans la guerre imminente, aucune importance, personne ne sait qui je suis, et c'est très bien ainsi. En revanche, même si je ne peux évidemment pas me mettre au même niveau que Liane, s'il doit m'arriver quelque chose, autant que ce soit en combattant pour Valdemar - ce qui risque de m'arriver - plutôt que pour t'atteindre toi, le Capitaine de la Garde. Entendu?"

C'était la soirée des marchés de toute évidence.
Et c'était la sa promesse de se voir encore, après ce soir. Vu son expression consternée devant sa maladresse et sa peur palpable qu'elle le repousse, c'était là une confession qu'elle faisait de bon cœur. Outre le fait que le revoir encore, après ce soir, lui faisait plaisir.

Elle n'eut pas vraiment le temps de s'opposer au prêt de vêtement à lui pour finir la soirée au sec. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, elle se retrouva avec sa chemise dans les mains et il la prévint qu'il la laissait seule se changer.
Et elle se retrouva seule, trempée, la chemise d'un homme dans la main.
Mentalement, elle se félicita de s'être coupée de son Compagnon pour la soirée. Ezarell en aurait rit pendant des heures!  Son élue, se demandant s'il était vraiment correct de se dévêtir dans le salon d'un homme avec qui elle dînait quelques minutes plus tôt.
Oh et puis zut, au diable la pudibonderie pendant au moins quelques minutes! En dépit de l'accident du pichet d'eau et de l'arrivée du Maréchal, elle passait une bonne soirée. Et Mina savait que Beltran ne profiterait pas de la situation.
Quand il lui demanda s'il pouvait revenir, elle n'avait toujours rien fait. Elle paniqua un peu:

"Une minute!"

Elle délaça son corsage avec difficulté, s'emmêlant les doigts dans les rubans. Hésitante, elle retira sa propre chemise - qui était mouillée aussi en dépit de ce qu'elle avait cu - et se retrouva à moitié nue à côté de la table qui soutenait leur repas. La situation lui arracha un rire incrédule. Si on lui avait dit ça le jour de son arrivée à Haven! Elle, en sous-vêtement dans les appartements d'un homme! Pire, si c'est ce moment qu'avait choisi le Méréchal pour débarquer! Oh par les Dieux! Elle en serait morte de honte!
Elle enfila la chemise de Beltran et soupira. Ce vêtement était infiniment plus confortable que sa chemise de qualité bien moindre. Et ça lui faisait quelque chose, au creux du ventre, de savoir qu'elle portait un vêtement à lui. C'était plutôt très intime. Elle avait vu un certain nombre de ses condisciples traverser les couloirs du Collegium, tard le soir, dans des vêtements qui n'étaient pas les leurs. Elle n'était pas dans la même situation, mais forcément, elle y pensait, son imagination, cette traitresse, lui renvoyait certaines images, certains possibles. Inenvisageable pour le moment, cela dit, ça lui faisait quelque chose quand même.

Irmingarde secoua la tête pour chasser ce genre de pensée et ceintura la chemise sur sa taille. Un coup d’œil dans un miroir proche lui renvoya son image. C'est sûr, c'était moins apprêté que la tenue dans laquelle elle était arrivée, mais après tout, ce n'est pas comme si c'était important. La chemise était bien trop grande pour elle et arrivait jusqu'à ses genoux, alors elle en coinça quelques centimètres sous la ceinture en faisant des plis. Au niveau des épaules, vu la carrure de Beltran comparé à la sienne, c'était la grande débandade, et même en l'attachant jusqu'en haut, le vêtement était assez large pour qu'elle se retrouve avec un décolleté plus profond que celui qu'elle avait en arrivant. Il fallait choisir que dévoiler le plus, et en bougeant la chemise et la ceinture, son choix se porta sur une partie de son épaule gauche plutôt que la naissance de sa poitrine.
Elle posa ses vêtements mouillés sur le dos d'une chaise en attendant qu'elle sache où les mettre à sécher.

"Tu peux revenir Beltran."

En l'attendant, elle commença à débarrasser la vaisselle de leur entrée sans trop savoir où la poser ensuite.
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Beltran le 21 avril 2014, 09:56:41
Beltran avait le cerveau traversé d'idées étranges, illogiques, ce qui ne lui arrivait que très rarement, et quasiment toujours lorsque la soirée incluait beaucoup d'alcool. Ce soir-là, il n'avait pas bu assez pour ne pas s'interroger sur l'émergence de pensées irrationnelles. Certes il avait avalé cul sec un verre de vin de glace made in Greenfield et il accumulait une sacrée dose de fatigue, mais il n'était pas pompette, il était juste... perdu. Il se promit à lui-même de ne jamais voir Irmingarde avant une réunion importante s'il ne voulait pas perdre tout avantage tactique sur ses ennemis. Alors qu'il se faisait cette réflexion, il dut s'avouer à lui-même que les sentiments peu mesurés qu'elle réveillait en lui étaient de nature plus profonde que ce qu'il aurait souhaité - mais tout son comportement le trahissait déjà depuis quelques temps. Noble élevé pour survivre à la Cour, Beltran avait développé deux sens de l'humour: celui qui était prisé dans les salons plein de jeunes gens sensibles, et celui, plus caustique, qu'il pouvait montrer aux personnes moins superficielles. Dans son salon, en plein dîner, il n'était plus très sûr de lequel il avait le droit d'utiliser. Heureusement, Irmingarde semblait vouloir montrer la voie en plaisantant elle-même, et le Capitaine n'eut plus qu'à suivre lorsqu'il eut quelques doutes.

"J'imagine bien les présentations de Hérauts lors des réunions officielles... Seigneur Rafalentha, voici le Roi Tournebroche Arthon de Haven. Il est spécialisé dans le cochon grillé. Et voici le Héraut du Roi, Aranel, spécialisée dans le roti de boeuf. On aurait l'air fin."

Beltran hésita, se rendant compte de ce qu'il venait de dire. Alcool, amour, délire? Il n'avait fait que suivre l'exemple de sa jolie partenaire mais il s'étonnait lui-même d'aller si loin. Le séjour sur le front avait-il eu des conséquences inhabituelles sur son organisme? Il n'empêche que le soldat trouvait l'idée très amusante et il croisa mentalement les doigts pour ne pas avoir d'idées bizarres lorsqu'il serait en face d'Arthon le lendemain.

"Tout cela reste entre nous n'est-ce pas?" vérifia-t-il par acquis de conscience.

Beltran n'eut rien à ajouter sur le cas Wylan. Irmingarde s'y connaissait bien mieux en Dons que lui, qui n'en avait qu'une connaissance théorique. Il savait très bien que les Dons pouvaient autant servir d'arme au service de Valdemar que blesser, voire tuer, ceux qui les prenaient trop à la légère. Et lui, qui détestait ce qui n'était pas rationnel, et en général tout ce qui avait trait à la magie et aux aptitudes extra-sensorielles, se retrouvait à tenter maladroitement de séduire une femme qui avait un des Dons les plus dangereux du palmares. Décidément, ses neurones avaient dû griller en même temps que ses poils et ses capacités moteur.

Etait-ce dû à l'alcool ou à une intimité grandissante, Beltran l'ignorait, mais la crise qu'il avait senti venir alors qu'il éclaboussait sa compagne ne vint pas. L'intervention du Maréchal ne la déclencha pas plus. Le Capitaine et l'élève Héraut se retrouvèrent à parler de sujets sensibles malgré le ridicule de la situation. Le gradé se confia un peu plus que prévu et se rendit compte qu'il attendait la réaction de la jeune Hold avec appréhension. Quand celle-ci finit par donner son avis, il aurait pu en soupirer de soulagement mais il se contenta de hocher la tête, notant mentalement au passage avec une sensation de chaleur dans la poitrine qu'elle venait de dire qu'il représentait "quelque chose" pour elle:

" Je crois que personne n'osera me poser de questions - avantage du grade." Bon, probablement à l'exception de Wylan, de Fitz, de Arthon, d'Aranel, d'Isabeau, de... bref. " Je serai plus discret. Mon problème n'est pas qu'on s'en prenne à moi pour te toucher toi mais plutôt l'inverse. Je... J'ai un poids certain dans les décisions du Conseil et d'Arthon. Les gens qui me sont proches peuvent... me déconcentrer ou me rendre subjectif. Si on attaque Liane ou si on t'attaque toi, je n'aurais pas la capacité d'être objectif et concentré sur le royaume, je crois. Et même si j'y arrive, cela ébranlerait la confiance des autres sur ma capacité à réagir. En réalité, tout de même, je doute qu'on s'en prenne à une élève Héraut en plein milieu du Collegium mais ne pars pas du principe que personne ne tenterait de t'approcher. Tu seras Héraut et tu as des liens avec les stratèges de Valdemar. Tu peux attirer de ce fait des gens mal intentionnés. Je sais que tu fais attention à tes fréquentations mais certains nobles à Haven même ont des intérêts à discréditer ou attaquer les Hérauts ou les proches des décideurs."

Sans parler des espions étrangers ou des traitres à la solde de Rethwellan (ou de Hardorn, ou de Karse, ou de Iftel, ou... bref de n'importe quel endroit où des anti-Valdemar pouvaient avoir un siège, ce qui incluait Valdemar lui-même). Beltran arrêta sa mise en guarde à ce point-là car il lui semblait inutile d'exagérer mais tout de même nécessaire de lui montrer qu'il s'intéressait à sa sûreté.

"Promets-moi de faire attention à toi. Je ne supporterais pas qu'il t'arrive quelque chose par ma faute. Tout ça parce que j'ai été un idiot sentimental devant une amie en rentrant du front."

Il sourit à son amie. Ensuite les choses s'accélérèrent pour lui et il se retrouva dans son bureau pendant qu'Irmingarde se changeait. Elle mit un peu de temps puis le Capitaine eut le droit de revenir dans le salon. La jeune femme était changée, et il trouva que malgré les tailles en trop, la chemise lui donnait un petit air sensuel et moins coincé. Il se refusa à faire un tel commentaire mais il osa un compliment:

"Ca te va bien. Tu m'expliques comment tu arrives à avoir cet air là même après que je t'aies toute éclaboussée?" Il eut un sourire sadique et oublia un peu sa retenue face à la fragile demoiselle: "Je suis sûr que les bardes pourraient écrire une ballade sur cette abilité, tiens..."

Il s'approcha d'elle et lui retira la vaisselle des mains pour aller la poser sur une petite table de service près de la porte tout en entonnant d'un air mortellement sérieux:

" Demoiselle Héraut d'une carafe d'eau fut éclaboussée
Mais rien d'aussi bas que de l'eau son éclat ne put ternir.
Le Maréchal lui même dut admettre son péché
Et le Capitaine de s'agenouiller une fois de plus dut se retenir.


Ou quelque chose comme ça. Je demanderais à Riannon..."

Il lui fit un clin d'oeil puis revint à la table et fit le service pour le plat principal et remplit de nouveau les verres (visiblement l'alcool les détendait tous les deux, pourquoi se priver...?). Il attendit qu'Irmingarde soit prête à manger pour réengager la conversation:

" Nous allons proposer des cours directement avec mes hommes pour les gens qui risquent de nous rejoindre sur le front. Mes officiers en seront responsables. Je pense nommer Fitz pour ces cours-là. Les hommes l'aiment bien, il a un humour... particulier. Tu le connais? Je pense que ça serait bien que toi et quelques camarades aillent voir si vous pouvez participer..."
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Héraut Irmingarde le 23 avril 2014, 00:42:11
Entendre Beltran la suivre dans sa plaisanterie en en rajoutant une couche, lui qui était le plus souvent si sérieux provoqua chez Irmingarde un grand éclat de rire. Ce qui arrivait très rarement, et il était fort probable que Beltran ne l'ai jamais entendu.
Le vin et la présence de Beltran rendait la jeune femme de belle humeur, et elle put constater à quel point rire de bon cœur pouvait faire du bien.

"Je ne répèterai rien, en revanche, je ne peux pas promettre de me retenir de sourire devant Arthon en l'imaginant avec une toque et un cochon de compagnie!"

Nouvel éclat de rire. Elle essaya de faire durer ce sentiment de bien être que cela lui procurait le plus longtemps possible, mais il s'évanouit quand ils se mirent à parler des dangers à se fréquenter. Ce n'était pas franchement romantique comme façon d'envisager le futur, mais en même temps, ce n'est pas comme s'ils avaient le choix.
Cela dit, ça la touchait beaucoup qu'il lui avoue penser perdre ses moyens si on s'en prenait à elle. Même si ce n'était pas très glorieux comme sentiment, attendu qu'il ne valait mieux pas qu'il les perde. Elle préférait largement qu'il lui fasse la révérence pour lui montrer qu'il tenait à elle, plutôt qu'il fasse des bêtise dans le cadre de ses fonctions.

"Je vais partir du principe que je suis en danger. C'est bientôt la guerre, tout le monde va être en danger, encore plus les Hérauts et les Gris."

La perspective de la guerre la remplissait d'angoisse, et ça se voyait sur son visage. Comme plus tôt dans la soirée, avant de se retrouver trempée, elle était incapable de mentir à ce sujet.

"Il vaut mieux pour moi que j'apprenne à faire attention, même si cela veut dire devenir un peu paranoïaque... Et tu seras le seul Noble que je fréquenterai, en dehors d'Isabeau, mais ça ne compte pas elle est Grise, et Saskia, bon, je ne pense pas à avoir à craindre quelque chose de la Princesse Consort. Je ferai attention, c'est promis. Surtout au pichet d'eau d'ailleurs!"

Mina ponctua sa conclusion d'un clin d’œil amusé.

Après qu'elle se soit changée, Beltran revint dans le salon et lui donna de nouveau l'occasion de piquer un fard en la complimentant. Une véritable avalanche ce soir! Et alors soudainement, il fit quelque chose à laquelle la jeune femme ne s'attendait absolument pas... il se mit à chanter! Avec un étonnement visible, Irmingarde l'écouta, la bouche légèrement entrouverte. Le cachotier! En plus de savoir trousser des vers avec une rapidité déconcertante, il chantait très bien!

Muette de surprise, elle se rassit à table et but une gorgée de vin pour s'éclaircir les idées.

"Tu... mais tu chantes!"

Bravo, quel esprit de synthèse! Quelle remarque originale!

"Et bien avec ça! Je n'en savais rien! Pas étonnant que tu ais été le compagnon de Riannon!"

Elle l'imagina, chantant avec Riannon, dans l’intimité. Enfin, elle essaya, mais c'était trop étrange pour qu'elle arrive à mettre des images sur ces idées. Et un peu déplaisant.

"Beltran tu es décidément un homme... plein de surprises!"

L'alcool lui déliant la langue plus qu'elle ne l'aurait voulu, beaucoup plus, elle continua sur sa lancée sans vraiment se rendre compte de ce qu'elle disait.

"Noble, bel homme, galant, drôle, et musicien... Et c'est sur moi que tu as bien voulu poser les yeux..."

Elle se laissa flotter une minute dans cet état romanesque, puis, se rendant compte de sa niaiserie, elle se donna une claque mentale.

"Hum... oublie ça..."

Moui, il y avait peu de chance que cela arrive, mais elle pouvait toujours espérer!
Mina préféra se concentrer sur son assiette - et bien lui en prit car, de nouveau, c'était délicieux - et sur le sujet que lança Beltran.

"Fitz? Je l'ai... déjà rencontré. Il y a quelques temps."

Le souvenir n'était pas agréable, parce qu'elle l'avait rencontré en présence d'Elryk. Parler de lui à Beltran ne serait pas forcément une bonne idée, alors, elle préféra gommer son existence et s'en tenir au principal.

"Je n'étais que Chef des Pages, et il avait terrorisé un page, avec sa hache je crois? Je suis allée lui crier dessus! Donc oui, on se connait vaguement. Mais si tu l'as nommé Lieutenant, c'est qu'il doit être un homme de valeur. Bien que je sois certaine qu'il ne soit pas aussi bon professeur que toi. Mais je saurais m'en contenter..." soupira-t-elle en surjouant sa déception.

Il était loin aussi, le temps où Beltran pouvait se consacrer uniquement à elle pour lui apprendre à ne pas tuer quelqu'un parce qu'elle ne avait pas par quel bout tenir son épée. Le temps où ils pouvaient en plaisanter avec insouciance.
Aujourd'hui, il était vital pour Mina, comme pour le reste des étudiants gris, de pouvoir défendre sa vie, parce que la probabilité de devoir le faire n'avait jamais été aussi grande.

"Je m'y rendrai."

Elle scella sa promesse d'un nouvelle gorgée de vin, posa son verre sur la table, puis son menton sur la paume de sa main. Dans cette position, elle regarde Beltran et lui demanda:

"Mais toi Beltran. Comment vas-tu?"

Cette question était moins simple qu'elle en avait l'air. Elle voulait dire en fait "Assez parler de moi, comment va ton moral, comment as-tu vécu ces mois à la frontière, comment supportes-tu la pression de la guerre qui arrive, as-tu besoin de parler?".
Mais elle ne voulait pas avoir l'air de forcer ces confidences non plus. Juste qu'il sache qu'il avait raison d'avoir confiance en elle au moins sur un point: il pouvait se confier à elle, s'il le voulait.
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Beltran le 25 avril 2014, 09:50:35
Beltran hocha la tête avec un large sourire, heureux que sa compagne se laisse aller au rire en sa compagnie. Ils n'avaient que trop tendance à se retrouver dans des circonstances peu propices à l'humour et au lâcher prise.

"Je sens que j'aurai moi-même du mal à ne pas y penser demain. Je pars du principe que si Arthon découvre toute cette conversation, ma crédibilité risque d'en prendre un coup quand même..."

Le Capitaine tenta de garder à l'esprit la fraîcheur du rire d'Irmingarde alors même qu'ils replongeaient dans les sujets obscurs de la guerre et du danger. Il tenta de se montrer ouvert et honnête concernant ses sentiments et ses peurs pour la jeune femme tout en ne lui mettant aucune pression sentimentale. C'était un exercice difficile mais Irmingarde ne fit pas mine de s'enfuir - et, au contraire, sembla comprendre où le soldat voulait en venir. Elle eut de plus une réponse qui le satisfit. Sa compagne semblait consciente à la fois des risques qu'impliquait le port de son uniforme et des dangers accrus à cause de la guerre à venir. Elle ne tentait pas de se boucher les yeux comme le faisait Riannon par exemple. Sur le visage de Mina, l'angoisse n'était pas feinte et elle prit au sérieux les conseils de Beltran avant de le rassurer.

"Tu ne crains rien avec les Gris ou les Hérauts. Je pars du principe que tu ne crains rien non plus avec les Guérisseurs, surtout les Empathes. Même si au cas où... Bref... Evite de te retrouver seule quand tu peux - et préviens les autres de même. Tu es particulièrement en vue à cause de moi, mais si un traître tentait de déstabiliser Valdemar, le meurtre de n'importe quel Héraut ou apprenti Héraut serait suffisant. N'hésite pas à dire que tu as reçu ces conseils de moi ou de mes officiers si on ne te prend pas au sérieux. Il est déjà prévu que moi ou mes lieutenants nous intervenions auprès de vous pour vous préparer du mieux que l'on peut." Puis il eut un sourire honteux et sauta sur l'occasion que lui présentait Irmingarde pour paraître un peu moins sérieux: "Et je promets de ne pas venir en cours avec une carafe d'eau. Ou alors de l'eau tiède, ça fera moins froid."

Beltran faisait de l'humour en plein milieu d'une tirade sur la sécurité, lui qui était légèrement paranoïaque... Mina avait décidément un effet un peu trop puissant sur lui. Mais l'homme était las de s'inquiéter tout le temps pour ses proches et pour ses hommes. Il était épuisé par les dernières semaines et à l'idée de devoir assumer ses fonctions le lendemain. Son sens du devoir et son aptitude à prendre soin des autres l'empêchaient de démissionner (qui prendrait la relève? Il était peut-être un peu trop sûr de ses capacités personnelles, mais sérieusement, qui aurait les épaules de reprendre la tête des armées de Valdemar? Personne. Bien qu'il formât ses officiers à pouvoir agir au maximum sans lui s'il se faisait blesser par exemple, personne n'avait encore la carure de reprendre son rôle. Mais bientôt, se promit-il. Bientôt, il aurait un ou plusieurs "héritiers" qu'il pourrait présenter au Roi et au Conseil, ce qui lui permettrait à lui de s'en faire moins pour Valdemar. Peut-être pas de prendre sa retraite, il était encore trop jeune et trop impliqué dans le bien-être du pays, mais au moins soulager ses épaules d'une partie de ses devoirs. Il regrettait tellement Elia, la capitaine mercenaire. Elle l'aurait conseillé au mieux - et il lui aurait fait confiance pour l'assister ou le remplacer. Maintenant, ses espoirs se plaçaient dans ses plus proches collaborateurs. C'était une des raisons qui l'avaient poussé à faire assister Kalaïd au Conseil du lendemain.

Ces pensées se bataillèrent un moment avec celles concernant Irmingarde alors qu'il lui laissait le temps de se changer et de le rappeler dans le salon. Quand il poussa la porte et revint à elle, il se concentra de nouveau entièrement sur son invitée. Elle l'avait tellement impressionnée dans sa manière de bien prendre tout ce qu'il lui imposait ce soir-là qu'il s'autorisa à pousser la chance jusqu'à pousser la chansonnette. La réaction de la jeune femme salua ses efforts positivement.

"Ca m'arrive de chanter oui. Je sais même jouer un peu du luth. Mais je suis meilleur danseur. Je t'assure." plaisanta-t-il avant de préciser, un peu gêné: "Riannon et moi avons plus été des amis que des... compagnons. Mais la musique est une chose que nous avons en commun. Et visiblement Liane s'y intéresse aussi. Je me demande si elle héritera des Dons de sa mère. Elle est déjà très... particulière."

Ce qui le mettait mal à l'aise, il fallait l'avouer. Beltran détestait - et craignait - tout ce qui avait trait à la magie, que ce soit la vraie Magie ou les Dons des Hérauts. Tout n'était pas rationnel et obéissait à des règles qu'il ne maîtrisait pas, et cela faisait intervenir trop d'incertitudes pour qu'il l'apprécie, bien qu'il prit tout cela en compte dans ses stratégies militaires. Mais par exemple, l'intervention divine ou magique innattendue des fidèles d'Aanor avait tendance à le hérisser quelque peu. Beltran tenta de revenir au sujet alors que Mina l'abreuvait de compliments. Il se sentit toute chose surtout quand elle conclut par un "Et c'est sur moi que tu as bien voulu poser les yeux..." qui le fit hésiter: était-ce une bonne chose à ses yeux? Il pensait que oui, vu les adjectifs le décrivant. Puis l'élève Héraut se reprit et lui demanda d'oublier ce qu'elle venait de dire. Doucement il refusa:

"Je n'ai pas assez de compliments dans mes journées pour ne pas profiter au maximum de ceux qui me tombent dessus par surprise." fit-il doucement. "Et face à une jeune femme intelligente, indépendante, débrouillarde, courageuse, charmante et attirante, nul besoin de s'étonner que mes yeux veuillent se poser dans ses environs."

Et à son tour il fuit la conversation un peu trop tendre à son goût pour se concentrer sur son assiette. Puis pour vaincre le silence qui risquait de s'installer, il se lança dans un sujet qu'il maîtrisait mieux. Irmingarde se mit à lui raconter sa rencontre avec Fitz et Beltran sourit, amusé.

"Il terrorise certains de mes hommes aussi. Ils ne savent souvent pas si ses menaces sont sérieuses ou non. Mais il est apprécié en général. Mais je t'imagine mal lui crier dessus, je dois avouer. Oh et je peux toujours tenter de te servir de professeur de nouveau maintenant que je suis de retour, si tu n'as pas peur que je me ridiculise de nouveau."

Il savait que la déception de Mina était un peu exagérée mais... cela lui avait fait tout de même plaisir. Il se ramollissait vraiment. Il tenta de se reconcentrer sur ses paroles suivantes -sa promesse d'assister aux cours de "soutien"- avant qu'elle se penche vers lui, visage dans sa paume de main, et lui demanda très calmement comment il allait.
Beltran hésita. C'était une réponse compliquée. Il était épuisé, moralement comme physiquement. Il était inquiet et tendu, car la guerre était plus proche que ce que croyaient la plupart des gens. Il était angoissé à l'idée de perdre le contrôle parce qu'il avait laissé à son coeur une ouverture trop inattendue - et pourtant il ne pouvait se motiver à tirer un trait sur cet aspect de sa vie. Que répondre à une jeune femme de vingt ans sa cadette, qui avait encore des idéaux et n'avait pas connu la violence des combats? Elle était Héraut, et son amie, et méritait de ce fait une réponse honnête. Mais elle était si jeune et si fragile - et lui si orgeuilleux et si borné - qu'il hésitait à donner une réponse complète. Il prit le temps d'avaler sa bouchée et de se rincer la gorge avant de répondre le plus sincèrement possible.

" J'ai le poids de la guerre sur les épaules. J'ai du mal à penser à autre chose qu'à mes hommes qu'on va envoyer au casse-pipe. Je n'ai pas le temps de me reposer, trop de vies dépendent des décisions que l'on prend ces jours-ci. Je ne suis pas au meilleur de ma forme mais je ne peux pas prendre le temps de me reposer. C'est une situation telle qu'un dirigeant ne veut pas assumer dans sa vie même si nous sommes tous conscients que c'est notre rôle. Par rapport à Arthon, je vais bien je pense. Je profite des rares instants où je n'ai pas à compter le nombre de vies qui vont partir ou qui nous ont quitté le matin même. Mais j'ai besoin de toute ma concentration sur ces affaires et ma vie privée... risque d'être un lointain souvenir dans les prochains jours. Mais je suis assez fort pour ça - je m'y suis préparé toute ma vie. Ces dernières années n'ont pas été tendres avec nous mais je connais mes limites et j'en suis encore bien loin. Ne t'inquiète pas pour moi."

Il sourit:

"De plus, des moments comme celui-ci où je peux me reposer l'esprit quelques heures, ça me remonte le moral et me donne la force de continuer plus encore. Merci."

Beltran tenta d'éviter de penser qu'il faudrait cependant prendre d'ici quelques temps une décision définitive concernant leur relation. Si Irmingarde lui prenait trop d'énergie, si leur relation n'avançait pas et qu'il n'arrivait pas à écarter les pensées la concernant, il serait obligé de tirer un trait sur ses espoirs. Lui rendre sa "liberté". Le devoir avant tout. Il avait besoin de garder la tête claire. Mais aucune raison d'en parler à ce moment précis. Il se contenta donc de lever son verre en remerciement. Avec la fatigue et les émotions, le Capitaine, pourtant habitué à l'alcool, commençait à être légèrement pompette.
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Héraut Irmingarde le 29 avril 2014, 00:00:20
Après leur fou-rire, Mina fit la grimace quand Beltran lui conseilla de ne pas trop se retrouver seule.

"Je ne suis pas un personnage sociable tu sais... Il n'y a guère qu'avec Saskia et Isabeau, et toi, que je suis à l'aise. Et puis je ne suis jamais seule. J'ai Ezarell avec moi. Sauf ce soir, elle a été assez gentille pour me laisser ma soirée, en toute initmité..."

Elle ponctua sa phrase par un sourire presque enfantin. Enfin, dans son esprit, c'était l'idée. Dans la réalité, c'était plus aguicheur qu'autre chose, et si son Compagnon avait été là, il aurait pu lui rappeler à quel point elle n'avait aucune idée des messages qu'elle pouvait faire passer sans le savoir. Il n'y avait qu'as espérer que Beltran le lui explique gentiment.

"Je sais que tu m'as dit que tu m'apprendrai à nager un jour mais tout de même, si tu t'y prends comme ça, ça risque d'être long!" conclut-elle avec bonne humeur.

Parler de musique donna l'occasion à Beltran de lui parler de sa fille. Cette marque de confiance touchait beaucoup la jeune femme. Beltran était très réservé sur sa vie privée, à raison, comme il venait de lui expliquer, mais pour autre chose aussi. Mina ne savait pas tellement quelle position il adoptait face à cette fille qu'il n'avait jamais officiellement reconnue. Il semblait très mal à l'aise. Irmingarde doutait que la situation actuelle soit son choix à lui. C'était un tout, sacrément inconfortable pour ce papa perdu.
La Grise choisit de ne pas trop faire de supposition en le forçant à analyser des sentiments contradictoires, après tout, elle n'était pas là pour faire sa psychanalyse, et répondit en choisissant ses mots:

"Liane est une petite fille très vive, et très curieuse. Je l'ai rencontré peu après la mort du Roi, elle voulait jouer. Elle savait des choses étonnantes sur moi, je ne serai pas surprise qu'elle se montre Douée, même si je sais que l'idée ne te plait pas. Elle a une maman très aimante, un père très protecteur, et une nounou compétente, pour le peu que je puisse en juger. Elle est bien entourée."

Elle ne rajouta pas que l'enfant parlait par l'esprit avec plus de facilité qu'avec sa bouche, histoire de ne pas l'effrayer plus encore.
Elle préféra essayer de ne pas trop rougir quand elle récolta son lot de compliment en retour du sien. Intelligente, elle? Elle se considérait plutôt comme une idiote. Dans le sens où elle manquait cruellement de culture, même si elle essayait de combler cette lacune.
Indépendante, ça, elle ne pouvait pas le nier.
Débrouillarde? Elle ne s'était jamais vu ainsi, mais soit.
Courageuse? C'était une façon comme une autre de donner un autre nom à son habitude de ne pas réfléchir avant de faire quelque chose. C'était gentil de sa part de le tourner ainsi.
Quant à charmante et attirante... ces qualificatifs, dans sa bouche... Aussi sûrement que le vin, cela la réchauffait de l'intérieur.

Elle ne répondit rien, de peur de passer pour prétentieuse en réfutant des compliments comme si elle voulait qu'il insiste.

Puis Beltran lui parla de Fitz et de ses cours, de sa façon d'être. C'était intéressant, mais elle n'avait pas tellement envie de discuter de la personnalité d'un tiers totalement étranger à leur relation. Mina, intelligente, indépendante, débrouillarde, courageuse, charmante, attirante et... égoïste.

"Oh, je sais crier! J'ai passé de sacré savons à mes petits frères et sœurs, dans tous les sens du terme d'ailleurs. Et Fitz était pour moi comme un enfant. Mais dans le rôle de Professeur, je ferai sûrement profil bas! Même si je préférerai de loin que ce soit toi, mais je suis raisonnable, tu as des choses autrement plus importantes à faire pendant que tu es là."

Irmingarde eut une réminiscence, un souvenir fugace, une sensation qui revint avec une étonnante précision. Ce cours de combat, où pour la première fois, il l'avait touché, sans aucune arrière pensée, pour lui indiquer comment se tenir. Ce frisson qui l'avait parcouru, qu'elle avait assimilé à de la peur.
Pour s'éclaircir les idées - ou les embrumer plus encore - elle but à nouveau une grande gorgée de vin.

Sa question sur son état d'esprit fit mouche et Beltran se confia plus qu'elle ne l'aurait pensé.
En toute honnêteté, même si Saskia était son amie, et même si le Roi était le premier Héraut du royaume, elle ne s'était jamais vraiment posé de question sur son bien-être. La chose certaine, c'était qu'elle ne voudrait pour rien au monde être à sa place. En revanche, elle savait qu'elle aurait tout donné pour, ne serait-ce qu'un instant, porter un peu les soucis de Beltran à sa place, le soulager. Elle ne voulait pas devenir un lointain souvenir pour lui à cause de la guerre. Elle voulait être un soutien.
Elle s’éclaircit la gorge et avança sa main, effectuant ce que Beltran avait voulu faire tout à l'heure mais n'avait pas finit, l’inondant à la place. Elle posa sa main sur la sienne.

"De rien."

Elle ne savait pas trop quoi ajouter, mais ne déplaça pas sa main. Elle repassa la conversation dans sa tête et un sourire éclaira son visage:

"Après notre premier cours, tu m'as envoyé chez une Kestra'chern, me faire masser, tu te souviens?"

Oui, à son avis, il devait se souvenir qu'elle s'était tellement mal réceptionnée qu'elle avait du se faire masser le fondement pour pouvoir marcher correctement.

"Si le poids sur tes épaules devient trop lourd, alors tu as besoin d'un massage. Je suis pas une professionnelle, mais j'ai à peu près comprit comment elle faisait, si tu veux, je peux essayer, si tu n'as pas peur que je te déboite une clavicule."

Fallait-il qu'elle tienne à lui pour lui proposer en toute conscience de le toucher!
Elle n'avait toujours pas ôté sa main de la sienne.

"Enfin, après le dessert qui a l'air diablement délicieux..."

De sa main gauche, elle finit son verre d'une traite puis les derniers reliefs de son plat. Les émotions, ça creuse.
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Beltran le 29 avril 2014, 11:27:16
Irmingarde rappela à Beltran une de leurs différences: dans sa tête, il y avait toujours son âme-soeur. Une seconde, Beltran se sentit jaloux de l'intimité que la jeune femme partageait avec Ezarell. Puis son esprit pratique reprit le dessus et le sentiment mesquin s'estompa. Irmingarde était un (futur) Héraut. Ezarell la complètait. On ne pouvait pas être jaloux d'une part d'elle-même, n'est-ce pas? Et même si Beltran aurait eu en horreur de partager sa tête avec quelqu'un d'autre, il pouvait comprendre que le Compagnon était une part intrinsèque de ce que Mina était. Mais le raisonnement de sa dulcinée péchait par un tout petit excés de confiance.

"Ezarell n'est pas toujours physiquement avec toi. Si tu n'est pas avec un groupe, essaye de toujours rester à portée de vue de gens que tu connais, de préférence des Gris ou des Hérauts. Je serais plus rassuré. Je ne remets pas en doute la capacité d'Ezarell à te protéger, note bien, juste que traverser le Collegium risque de lui prendre du temps."

Puis une phrase, puis deux, firent tilt dans la cervelle du blond. Irmingarde venait de dire qu'elle était à l'aise avec lui. Et qu'Ezarell lui laissait son intimité pour la soirée. Mauvais choix de mot. Intimité, dans la tête pratique d'un soldat, cela voulait sans doute dire bien plus que ce qu'Irmingarde suggérait. Bien que le sourire ingénue de la Grise eut un effet tout à fait suggestif sur le système digestif du Capitaine. Il se força à se rappeler qu'elle n'était juste pas douée pour tout ce qui était relation homme-femme. Elle ne pensait sans doute pas ce qu'il aurait espéré qu'elle pense. (C'est bon, vous suivez encore?). Il déglutit un peu difficilement la bouchée qu'il avait prise. Il tenta un sourire un peu bancal qu'il camouffla dans une gorgée de vin. Il rebondit sur l'histoire des cours.

"Les prochains jours vont être très chargés mais dès que j'ai un peu de temps libre et toi aussi, n'hésite pas à me solliciter. Il fait peut-être encore un peu froid pour apprendre à nager maintenant mais on peut voir ce qu'on peut faire."

Ne pas imaginer Irmingarde nue plongeant dans la rivière. Ne pas imaginer Irmingarde nue plongeant dans la rivière. Trop tard. Une gorgée de vin plus tard, Beltran se sentit légèrement mieux.

"Ca nous fait un sérieux programme quand même. Danser, nager, manger des tartes, ..." plaisanta-t-il. "Le tir à l'arc, ça t'intéresse? Ou le lancer de couteaux... J'avoue que ça me rassurerait que tu puisses arrêter quelqu'un avant qu'il ne soit assez proche de toi."

Bien sûr, l'option "crâmer son adversaire" ne lui traversa pas l'esprit... Enfin, pas tout suite. Une seconde plus tard, il tentait de ne pas blêmir quand certains souvenirs lui revinrent. Il ne les évoqua pas. Au contraire, il s'ouvrit un peu à son invitée à propos de Liane. Malgré la situation compliquée, il se rendit compte que parler de sa petite fille lui faisait plaisir, comme s'il récupérait un peu de légitimité à être fier de ses progrès. Mais parler sentiments et paternité, c'était quelque chose qui le mettait assez mal à l'aise. Il n'avait jamais réussi à accepter totalement la situation - qu'il avait lui-même cautionnée pourtant.
Irmingarde le surprit quand elle lui avoua qu'elle connaissait l'enfant. L'esprit de Beltran zappa le "Douée" pour le remplacer par un simple "douée", et il sourit:

"C'est une petite chose bien étonnante. Elle me surprend chaque fois. Et elle veut toujours jouer. Mais je ne suis pas très doué pour tout ça. Elle veut apprendre à monter à cheval. Ca je peux lui apprendre. Elle rêve de devenir Héraut, tu sais. A quatre ans, tu te rends compte?"

Irmingarde affirmait que Liane était bien entourée. Beltran le savait bien. D'ailleurs, les gardes affectés aux Collegia avaient pour ordre de surveiller de loin la petite - tous les petits vivant dans le coin en fait. Beltran savait que sa fille était plus en sécurité avec Riannon qu'avec lui. Le Capitaine enchaîna sur d'autres compliments, cette fois dirigés vers Mina. Elle ne répondit pas sur le sujet, ce qui n'étonna guère le soldat. Lui non plus ne savait jamais comment réagir aux compliments qu'on lui adressait. Du coup, le sujet dévia sur un autre homme qui méritait quelques compliments - et quelques critiques. Cela amena de nouvelles confidences de la part de la jeune femme. Beltran tenta de l'imaginer hurlant contre quelqu'un... et réussit plutôt bien. Quand Irmingarde se débarrassait de sa timidité maladive, elle avait un certain caractère.

"Je ne peux pas assurer des cours officiels pour le moment. Mais je prendrais le temps de te donner quelques conseils dès que je peux." Il se pencha vers elle et d'un ton de secret lui murmura: "Premier conseil... Le bout pointu n'est pas celui que tu dois prendre à pleines mains. D'accord?"

Il conclut sur un clin d'oeil, espérant qu'elle ne prenne pas mal son trait d'humour. Il ne voulait pas qu'elle se mette à lui hurler dessus, lui insensible égoïste condescendant.
Mais Irmingarde semblait profiter du vin de glace autant que le soldat, et l'humeur semblait plutôt légère. Pour une fois. Et soudain, la main de la jeune femme traversa la table. Elle ne rencontra aucune carafe d'eau avant de se poser légèrement sur la main du Capitaine qui se figea. Il se sentait comme un géant sur lequel un bébé oiseau venait de se poser. Il n'osait plus bouger. C'est du bout des lèvres qu'il répondit sur sa santé et son moral. Il ne voulait pas la faire fuir. Elle sembla comprendre l'effort que ça avait demandé d'être si franc. Elle ne déplaça pas sa main, la laissant couvrir celle de Beltran jusqu'à le réchauffer de l'intérieur. Il avait une main énorme comparée à la fine menotte de l'élève Héraut. Le contraste était frappant. Beltran sentit son estomac se nouer. Ils étaient trop différents. Ils ne se comprenaient pas. Pourquoi s'acharnaient-ils à se voir alors? Pourquoi craquait-il dès qu'il la voyait?

Puis Irmingarde se mit à sourire et évoqua une Kestra'chern. Oui, Beltran se rappelait bien la situation qui les avait menés à une telle discussion. Il hocha la tête:

"Je me rappelle oui. Ca avait bien marché?"

Il devait avouer que lui n'irait jamais volontairement voir ce genre de personne à moins d'être gravement blessé ou handicapé dans son travail. Même s'il devait avouer qu'un massage l'aiderait sans doute dans bien des cas. Il n'eut pas le temps de s'apesantir sur une telle idée car Mina enchaînait sur une proposition étrange. Les sourcils de Beltran (qui avaient repoussé...) montèrent d'un étage. Il bougea les épaules d'un air viril et sourit largement:

"Je doute que tu puisses me déplacer une clavicule... Vu la taille des noeuds que j'ai dans le dos, j'aurais plus peur pour tes mains à toi."

Irmingarde venait de lui proposer un massage. Le soldat tombait des nues. Il hésitait. Dans un sens, son corps tout entier se réjouissait à l'idée qu'elle le touche enfin. Dans l'autre, son esprit se rebellait contre un contact intime qui rendrait les choses encore plus compliquées après. Beltran savait qu'il saurait se retenir de la toucher elle, de lui laisser voir quel effet cela lui faisait. Mais cela s'apparentait à de la torture. Il n'osait pas dire non. Heureusement, elle lui offrit une porte de sortie.

"Voyons voir si ce dessert ne te décourage pas." sourit-il.

Il voulut couper la tarte. Mais d'une seule main, c'était un peu compliqué. Mina s'occupait de finir son plat de sa main libre. Beltran n'avait pas envie de retirer sa main. Il savait manier le couteau des deux mains. Il se servit de cette capacité pour attaquer le dessert pour en faire quelques parts. Ils pouvaient se servir à la main désormais. Beltran remplit une nouvelle fois leurs verres pour accompagner le dessert. Une gorgée plus tard, il s'éclaircissait la gorge.

"Irmingarde... cette histoire de massage n'est pas... très recommandée." Il essaya de prendre un ton léger. "Je risquerais d'y prendre goût et de ne pas te laisser repartir. N'alimentons pas les rumeurs en te faisant rester ici pour la nuit."

A moins que tu le veuilles hein - mais Beltran ravala cette dernière partie en offrant un sourire plein de tendresse à son invitée.
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Héraut Irmingarde le 30 avril 2014, 00:10:19
Quand Beltran nuança le fait qu'elle n'était jamais seule, Irmingarde lui sourit et capitula:

"Bien Capitaine!"

Elle n'ajouta pas qu'à son avis, il n'avait aucune idée de la vitesse à laquelle pouvait galoper un Compagnon quand son élu était en danger. A vrai dire, elle ne le savait pas tellement non plus, et n'avait pas vraiment envie de le savoir.
Elle hocha la tête devant sa proposition. Il avait sincèrement l'air de vouloir l'aider à se préparer à la guerre le plus sérieusement possible. En temps normal, être formée pour devenir une machine de guerre n'était pas vraiment romantique ou touchant, mais dans ces circonstances, ça l'était.

"Je sais tirer à l'arc. Je suis une Hold, depuis les Guerres Tedrelles, nous y sommes tous formés, et je me débrouille assez bien je dois dire."

La jeune femme se permit une expression satisfaite. Ce n'était pas tous les jours qu'elle pouvait se vanter de quelque chose qu'elle savait faire! S'entraîner à tirer était quelque chose qu'elle aimait faire, quand elle avait le temps. Les arcs d'entraînements était d'assez bonne qualité, et elle avait passé de nombreuses heures à les tester.

Puis elle écouta Beltran, et sa fierté de Père. Elle l'imagina jouer autour d'un arbre avec sa fille, lui courant après pendant qu'elle crierait de joie. Elle doutait que cela arrive un jour, mais ce serait une bonne façon d'oublier le poids de sa missions quelques heures.
Quand il la taquina sur le sens dans lequel tenir son épée, Mina fit une grimace amusée et secoua la tête:

"Je te l'ai dit, j'ai fais des progrès. Un peu... Et puis j'ai une arme d'excellente qualité grâce à toi, j'ai tout intérêt à bien m'en servir!"

Même si, là encore, elle préférait ne jamais avoir à le faire. Blesser, pire, tuer... Mais c'était la guerre, et elle savait que ça lui arriverait.

Quand il parlèrent de lui, et qu'Irminarge posa sa main sur la sienne, elle vit bien que son geste le paralysait presque. C'était tellement étrange de constater le pouvoir qu'elle pouvait avoir sur lui. Elle, l'apprentie maladroite et coincée, elle pouvait, d'un geste, immobiliser le Capitaine de la garde de Valdemar. Cette prise de conscience lui donna presque le vertige et un sentiment inconnu. Comme une espèce d''invulnérabilité. A moins que ce soit l'alcool? Elle ne savait pas trop.

"Pluiechantante est très compétente, mais je crois qu'il ne serait pas très... appropriée de te raconter de quelle façon elle a posé ses mains sur moi non?"

Et oui, même à la limite de l'ivresse, Mina avait réussi à faire preuve d'un peu de bon sens, même si le choix des mots appelait bien plus à l'imagination qu'à la clôture de la conversation.
Elle haussa les épaules quand il lui dit qu'elle ne pourrait pas lui faire de mal:

"Si ce n'est que ça, je veux bien prendre le risque."

Elle le regarda avec amusement servir le dessert et le vin d'une seule main, dans le but de ne pas rompre le contact avec elle. C'est que par un simple geste, elle l'avait privé de l'usage d'un bras!
Elle accompagna généreusement sa tarte de vin de Glace, ne se rendant plus vraiment compte de sa consommation d'alcool totalement folle de ce soir, surtout pour elle qui n'en avait absolument pas l'habitude.

La dernière remarque de Beltran, alors qu'elle savourait son dessert, la prit totalement au dépourvu.

"Ne pas me laisser partir? Qu'est-ce que ça... Oh..."

Alors qu'elle comprenait ce qu'il était en train de suggérer, Mina baissa la tête vers sa tarte pour ne pas montrer à quel point son visage avait viré au cramoisi. La gêne, et autre chose aussi. Qui bouillonnait dans ses veines, dans le creux de ses hanches, au bout de ses doigts.
Est-ce qu'elle voulait vraiment rentrer, ce soir?

Mina n'était pas bête, elle savait ce que tout cela impliquait, de passer la nuit avec un homme. Et d'ailleurs, il n'était absolument pas question de ça. Alors pourquoi se posait-elle la question?
Parce que d'un autre côté, l'idée de passer la nuit dans ses bras, juste dans ces bras... Elle y avait été tellement bien tout à l'heure... Voler les heures de cette nuit pour rester avec lui était si tentant... Elle ne connaissait pas la tendresse, et pourtant, tout son corps en réclamait.
Et puis qui le saurait, si elle était discrète? Si elle partait tôt, demain?
Oui mais c'était peut-être beaucoup trop lui demander non? De passer la nuit avec lui, mais sans aller trop loin. Elle avait déjà eu la preuve que s'il savait garder son calme et était respectueux, il restait un homme. Il en avait souffert, et elle ne voulait pas le faire souffrir davantage avec ses exigences éthyliques bizarres.
En même temps... elle crevait d'envie de découvrir sa réaction si elle le touchait. Son corps en mourrait d'envie, semant le chaos total dans sa tête. Décidément, elle ne savait pas ce qu'elle voulait vraiment!
Et puis elle ne lui dirait jamais tout ça!

Elle retira lentement sa main de la sienne, et en ramenant son bras, fit glisser sa serviette qui s’envola un peu plus loin.
Elle se leva rapidement tout en se penchant, pour la ramasser, et quand elle se redressa, le monde se mit dangereusement à tourner. Elle dut se retenir au manteau de la cheminée tant le sol tanguait sous ses pieds. Elle avait la très curieuse impression que son cerveau flottait dans du coton.

"Tu sais, je ne suis même pas sûre de savoir rentrer jusqu'à ma chambre sans me perdre..."

Irmingarde ne se sentait pas malade, elle avait juste conscience que son sens de l'orientation s'était noyé dans le vin de glace, en même temps que son équilibre. Tout comme elle avait conscience d'en profiter un peu pour sortir cette excuse. Cette constatation la fit rire, à moins que ce soit son état, elle ne savait pas. C'était juste drôle.

"Ton cousin est un sacré farceur, ce vin est traître!"

Elle avait chaud bon sang! Elle secoua la chemise ample de Beltran pour essayer de se faire un peu d'air.

"J'ai besoin de me rafraîchir."

Avec précaution, elle s'approcha de la fenêtre, l'ouvrit, et plaça son visage dans le courant d'air, le bas du corps collé au mur, les paumes des mains soutenant le reste sur le rebord. Dehors, il faisait nuit noire, et les étoiles étaient particulièrement brillantes. La fraîcheur de la nuit lui arracha un soupir de contentement et elle pencha légèrement la tête en arrière.

"Comment un vin dit De Glace peut donner aussi chaud?"
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Beltran le 30 avril 2014, 15:26:31
C'était étonnant qu'une phrase aussi simple que "Bien Capitaine" change de nuance dans la bouche de Mina. Honnêtement, cela sonnait bien mieux que, disons, dans la bouche de Fitz. Cela n'avait pas la même saveur. Quand c'était Fitz qui répondait, le Capitaine n'avait guère envie de l'embrasser lui. Beltran devenait un expert pour cacher les remous que causait Irmingarde dans ses organes intérieurs quand elle le regardait de cette manière. Se réfugier dans les conseils militaires et le maniement des armes lui permit de ramener un peu de calme dans ses intestins et d'avaler quelques bouchées de son repas. A ce point-là, ça aurait pu être de la bouffe de cantine, Beltran ne s'en serait même pas rendu compte. Il hocha la tête d'un air approbateur quand Irmingarde lui rappela qu'elle savait tirer à l'arc.

" Les armes de jet seront donc les armes que tu privilégieras. Si tu sais tirer à l'arc, tu ne devrais avoir aucun mal à apprendre le lancer de couteaux. Ou l'arbalète. Tu es peut-être un peu vieille pour apprendre à devenir une escrimeuse de talent même si tu ne bouges pas si mal que ça, mais si tu parviens à te défendre correctement... l'idée serait que tu puisses empêcher un ennemi d'approcher aussi longtemps qu'il te faut pour qu'Ezarell t'emmène hors de portée. Mais je suppose que ton maître d'arme t'a déjà fait le même discours... Désolé. Déformation professionnelle." lui sourit-il, un peu honteux.

Puis il eut sa déformation paternelle qui entra en jeu. Le Capitaine se permit ensuite un peu d'humour avec son invitée, qui le prit heureusement plutôt bien. Elle répondit d'un ton plus sérieux que lui cependant, et il ne put qu'acquiescé, content intérieurement qu'elle estime l'arme qu'elle possédait. Il décida de ne pas l'embêter plus sur le sujet et de revenir à un ton plus léger. Ce fut pourtant une décision qu'il eut du mal à mener à bout car Irmingarde envahit son espace personnel en posant sa main sur la sienne. De plus, sa posture avait le don de lui échauffer les sangs, ainsi que les sous-entendus de ses propos. Il était pourtant quasiment certain qu'Irmingarde ne le provoquait pas sciemment. Ne pas répondre était pourtant très difficile à ses yeux. L'image de mains qui se posaient de manière inappropriée sur le corps d'Irmingarde envahit la vision du Capitaine qui battit plusieurs fois des cils pour évacuer ce fantasme alors qu'il répondait un peu vite:

"Oui peut-être que c'est un peu privé."

Ce trouble expliqua peut-être pourquoi il ne refusa pas carrément une première fois le massage que la Grise voulait tenter sur lui. Il retourna le problème plusieurs fois dans sa tête tout en servant dessert et vin, et finit par trouver une formulation qui ne devrait pas trop faire peur à son invitée. Il la prit visiblement au dépourvu et il la vit changer du tout au tout. Elle passa à un rouge écrevisse très seyant alors que son regard évitait celui du Capitaine. Il déglutit une nouvelle fois avec difficulté, persuadé qu'elle allait abréger leur repas maintenant qu'il avait suggérer une chose aussi horrible que de rester la nuit dans ses appartements.

Irmingarde retira sa main doucement. Beltran récupéra son bras avec l'impression qu'on lui appuyait un gros poids sur l'estomac. La jeune femme fit tomber sa serviette et son geste indécis pour se lever inquiéta Beltran. Alors que Mina se rattrappait au montant de la cheminée, Beltran se leva également, tendant le bras pour porter secours à son invitée. Il réalisa soudainement que pour quelqu'un qui n'était pas habituée à boire de l'alcool, elle avait avalé quasiment une demi-bouteille. Et lui aussi.
Irmingarde avouait qu'elle ne saurait sans doute pas rentrer jusqu'à sa chambre. Ce n'était guère un problème pour Beltran. Il pouvait la ramener - ou si elle ne voulait pas attirer l'attention, il pouvait la faire ramener par un soldat ou un serviteur.
Cependant, ce constat indiquait à quel point l'alcool faisait effet sur la jeune fille. Le rire qui lui échappa prit Beltran par surprise mais il ne put qu'approuver le commentaire sur Wylan.

"C'est de ma faute également..." fit-il doucement. "Je n'aurais pas dû te resservir autant..."

Irmingarde secoua sa chemise et Beltran détourna le regard pour ne pas reluquer les courbes qui apparaissait. Une seconde plus tard, sa compagne s'appuyait sur le rebout de la fenêtre ouverte et soupirait d'aise. Inquiet pour l'équilibre de son amie, Beltran vint se placer à ses côtés. Il avait également trop bu et son esprit fonctionnait légèrement au ralenti bien que ses réflexes restent plus aiguisés que la moyenne. Il posa une main sur l'épaule d'Irmingarde et se rapprocha d'elle.

"Le vin de Glace de Wylan est toujours bon mais fort. Je m'excuse de t'avoir fait boire autant."

Il osa lui passer un bras autour des épaules et lui souffla doucement à l'oreille:

"Respire un bon coup et je te ramène à ta chambre. Tu n'es pas en état de rentrer seule."

Il s'en voulait. En plus de sa légère ivresse, l'odeur des cheveux d'Irmingarde, la chaleur du corps près du sien, le décallage de la soirée, tout le poussait vers son amie. La seule barrière restait son sens de l'honneur et ses valeurs. C'était un bras plus fraternel qu'amoureux qui enserrait la jeune fille pour l'empêcher de trop se pencher.
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Héraut Irmingarde le 01 mai 2014, 14:48:32
Un instant, Irmingarde pensa sérieusement à répondre à Beltran "Comment ça vieille, tu t'es vu toi?". Sur le ton de l'humour bien sûr, mais même avec de l'alcool dans le sang, elle ne pensait pas que cette blague fut vraiment nécessaire, il pourrait le prendre mal. C'était déjà assez déstabilisant de penser au fait qu'il avait le double de son âge!

"Tes conseils sont précieux, et je t'écoute plus volontiers que n'importe qui d'autre à ce sujet. Une arbalète, ça semble tentant à essayer..."

Si on avait dit un jour à la jeune femme qu'elle sourirait en pensant apprendre à se servir d'une arme mortelle! Elle rêvassa quelques seconde, imaginant l'arme être un prolongement de son bras, mettant le feu aux flêches par la simple pensée. Oh ça!
Mina n'était pas prétentieuse, ne cherchait pas non plus à se mettre en avant, se faire admirer, c'était même le contraire, mais pour une fois, s'imaginer comme une espèce de justicière, mieux, comme un Héraut confirmé... c'était sacrément agréable!

Après avoir parlé de sa fille et de ses vieilles blessures ridicules, le Capitaine admit que le sujet était trop intime pour être abordé autour d'un repas. Ce n'était pas tant lui raconter précisément ce qu'elle avait fait, mais au delà des gestes, les deux femmes avaient beaucoup parlé. Du désir, entre autre, ce même désir qui semblait vouloir prendre toute la place dans son corps, comme si l'alcool l'avait libéré de l'espace réduit où elle enfermait habituellement ce genre de sensation. Et à raison! Elle devait lutter pour ne pas laisser son corps prendre des  décisions à sa place!

En fait, sa prudence, sa timidité, sa peur habituelle étaient en train de rendre les armes face à l'ivresse et ce désir brûlant qui menaçait de la consumer quand elle posait ses yeux sur lui. C'était ridicule! C'était comme si l'effet qu'elle savait lui faire état contagieux. Combien d'étapes avait-elle sauté entre l'envie de fuir de ce matin aux portes de Haven et celle de foncer dans ses bras?!

Alors que l'air frais tentait vainement de la calmer, Beltran s'approcha, posa sa main sur son épaule et ce simple contact annula tous les bienfaits qu'aurait pu avoir le moindre courant d'air.
Puis il poussa le rapprochement jusqu'à faire glisser son bras sur ses épaules, leurs peaux se touchant là où la chemise de Beltran était trop large pour la couvrir. Elle n'eut pas le temps de s'en remettre qu'elle sentit son souffle sur son visage, près, si près d'elle...
Elle se mordit les lèvres presque à s'en faire saigner. Beltran ne devait pas se rendre compte qu'il lui rendait la monnaie de sa pièce, quand elle l'avait provoqué sans le vouloir lors de leur cours de danse privé. Elle se retrouvait exactement à sa place. Sauf que son trouble ne se voyait qu'à la fine pellicule de sueur qui recouvrait son corps.

Il n'y avait que quelques centimètres, quelques malheureux centimètres entre eux. Il ne tenait qu'à elle de combler cet espace presque douloureux.
Oui mais faire ça... ce n'était pas que faire un premier pas, mais un pas de géant.

Elle profita de quelques secondes où son cerveau se déconnecta totalement pour légèrement reculer, et son dos se colla contre le torse de Beltran. Elle soupira puis avoua du bout des lèvres:

"Je n'ai pas envie de rentrer. Pas maintenant."

Pas maintenant, pas tout de suite, alors qu'elle état exactement à l'endroit où elle voulait être.
Elle tourna la tête à quatre-vingt dix degrés, pour le regarder.

"Sauf si tu es fatigué, où si tu veux que je m'en aille."

Irmingarde avait à ce moment une conscience aiguë de chaque centimètre carré de son corps en contact avec celui du Capitaine. Si c'était également son cas, il devait aussi sentir chacun des battements de son cœur.
"Ne me dis pas de m'en aller" pensa-t-elle.
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Beltran le 01 mai 2014, 18:51:30
Beltran se sentait bien. Cela ne voulait pas dire qu'il n'était pas épuisé, ou pas frustré. Juste, les soucis semblaient moins lourds, l'atmosphère se faisait ouatée, comme tendre, et il n'avait pas à porter un masque officiel. Oui, ils parlaient de la guerre à venir, d'armes mortelles et de cours ayant mal tournés. Mais ils le faisaient en sachant que l'autre était là, entendait, soutenait. Aux yeux de Beltran, cette amitié était reposante et valait tous les trésors. Malgré son désir inassouvi, il n'aurait échangé sa place pour rien au monde à ce moment précis.

"Je te trouverai une arbalète à ta taille pour ton prochain cours." proposa-t-il. "Si tu es douée à l'arc, tu devrais être douée avec aussi. Ah, et j'ai vu certains guerriers shin'a'hin et tayledras utiliser des fléchettes empoisonnées. Tu pourrais apprendre ça aussi, c'est rapide à charger et à envoyer et ça peut faire de sérieux dégats. Avec ça et des armes de combat rapproché, tu devrais être parée pour faire assez de problèmes à un attaquant pour qu'on vienne t'aider. Je m'en occuperai. Tu n'es pas la seule à avoir besoin de ce genre d'armes. Je pense sérieusement qu'Isabeau également et certains des étudiants du Collegium. Je pourrais charger Fitz de vous faire des démonstrations. Ce gars-là a un démon au corps quand il s'agit de trouver un moyen d'éliminer un ennemi."

Il avait un autre avantage mais celui-ci mettait Beltran beaucoup trop mal à l'aise pour qu'il en parle, même à Irmingarde. Et puis, il aimait trop le regard sérieux de son amie qui écoutait ses divagations militaires pour l'inquiéter avec des marques étranges qui forçaient des morts à être moins morts et des traîtres à parler. Il valait mieux parler de choses qu'il maîtrisait - et l'idée de redonner un cours à Irmingarde lui plaisait plutôt même s'il parlait d'en charger Fitz. Et pour se forcer à montrer à Irmingarde qu'il n'oubliait pas ses particularités et qu'il ne doutait pas de leur valeur malgré son incompréhension, il précisa:

"De plus, les flèches des Hérauts sont un bon moyen de communication rapide... Et tes... Dons... enfin tu sais, ton Don, peut être très utile en cas d'attaque. Une arme de jet associé à ça et ton Compagnon, je me ferais beaucoup moins de soucis."

Beltran conclut le sujet par un sourire plus léger, à la limite du tendre. Il évacua rapidement la Kestra'chern de la conversation et se retrouva soudain, presque sans s'en apercevoir, à entourer les épaules de la demoiselle à la fenêtre, ne sachant plus trop quoi dire. Le soldat se rendait bien compte que la Grise n'était pas dans son état normal. La pauvre aurait sûrement un gros mal de tête et des nausées le lendemain. Protecteur - et honteux - il assura sa prise sur ses épaules, à la fois pour s'assurer qu'elle ne plongerait pas malencontreusement par la fenêtre et pour la garder auprès de lui.
Doucement, il s'excusa de l'avoir fait boire et lui proposa de la ramener à sa chambre. Son honneur lui hurlait à la figure qu'elle était saoûle et vulnérable et qu'aucun homme digne de ce nom n'en profiterait. Il n'avait donc réellement aucune intention de faire basculer la situation. Irmingarde semblait d'un autre avis.

La demoiselle recula légèrement jusqu'à s'appuyer contre Beltran. Instinctivement, l'homme la soutint et raffermit son bras autour d'elle. Elle lui souffla qu'elle n'avait pas envie de rentrer. Le Capitaine avait espéré qu'elle dise ça, même si cela rendait la situation compliquée. Elle empira encore lorsque le visage innocent d'Irmingarde se tourna vers lui, inquiet.

"Je ne veux pas que tu t'en ailles. Mais j'ai peur que tu m'en veuilles ensuite. Plus tard. Tu as bu, Ashke."

Le surnom tayledras pour "bien-aimée" était souvent utilisé même à Valdemar depuis que les ambassadeurs et mages s'étaient installés à demeure dans le palais. C'était un mot que le très valdemaran Capitaine trouvait agréable à l'oreille, et comme ce n'était pas sa langue, il lui semblait plus acceptable qu'un très simple "amour". Il la ferait peut-être moins fuir. Sa voix se brisa quand il ajouta:

"Et j'ai trop bu aussi."

Par les dieux, cette femme abandonnée dans ses bras le rendait fou. Presqu'inconsciemment il la serra un peu plus pour elle. Il croisa son regard.

"Oh Mina-Ashke, qu'est-ce que tu me fais...?" murmura-t-il désespéré.

Ses lèvres rencontrèrent celles de la jeune fille. Elle était toute douce et chaude. Il déposa un très léger baiser sur la bouche offerte. S'écarta légèrement une seconde, prêt à être repoussé. De sa main libre, il fit tourner la jeune fille pour qu'elle se retrouve face à lui alors que son autre bras se portait au creux des reins d'Irmingarde pour la soutenir. Il était prêt à reculer si elle le rejetait.
Son coeur battait la chamade, ses paumes se faisaient brûlantes, sa respiration plus lourde. Il se tendait entièrement vers son aimée et redoutait sa réaction sans pouvoir pour autant la laisser s'échapper. Il espérait qu'il n'avait pas mal lu les signes contradictoires qu'elle lui avait envoyé. L'idée d'aller se coucher seul dans son lit vide le rendait malade d'avance.

"Désolé..." souffla-t-il doucement.

Il se pencha et cette fois le baiser se fit plus pressant, tout en restant tout doux et non-invasif.
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Héraut Irmingarde le 02 mai 2014, 00:38:49
Quand Beltran lui dit qu'il allait lui trouver une arme adaptée, le visage de Mina s'éclaira:

"Vrai?"

On aurait dit une enfant à qui on promettait un cadeau. C'était d'ailleurs assez proche de la réalité. Et des flèches empoisonnées, alors ça, c'est qu'elle pourrait devenir dangereuse avec ça! Il n'y avait qu'à espérer qu'elle ne s'empoisonne pas elle-même par mégarde!
Elle hocha la tête quand il émit l'idée de penser à préparer sérieusement les apprentis Hérauts qui n'étaient pas vraiment porté au combat direct. Surtout Isabeau, son amie. Il fallait qu'elle pense à se protéger elle aussi.
Il évoqua alors l'idée d'enflammer ses projectiles comme elle le pensait et cela agrandit son sourire. Ah, elle serait tellement effrayante!
D'ailleurs, cela l'effrayait, lui. Il parlait toujours des dons avec difficulté, elle savait qu'il en avait peur. Comme il savait que ça ferait la différence entre sa survie ou sa mort. Même s'il préférait oublier qu'elle était une incendiaire en puissance.
Son enthousiasme retomba comme un soufflé:

"Je ne devrais pas me réjouir de pouvoir tuer des gens..."

C'était très simpliste comme raisonnement, surtout face à quelqu'un qui avait du tuer un nombre conséquent de personne au cours de sa vie. Soldats, traîtres, civils...
Mais pour quelqu'un comme Mina qui n'avait même jamais physiquement blessé quelqu'un sciemment, c'était normal.  

Fort heureusement, l'alcool avait sur Irmingarde un effet assez joyeux qui ne la poussait pas à s'appesantir sur les perspectives déprimantes. Non, l'alcool la mettait de bonne humeur, et la désinhibait beaucoup aussi. Le monde cotonneux de l'ivresse était infiniment mieux que le monde réel quand il s'agissait d'écouter ses sentiments et ne pas avoir peur. Un peu trop peut-être?

Elle n'aurait jamais du s'imbriquer ainsi contre lui, jamais, c'était trop... osé? Et cette supplique qu'elle prononçait pour appuyer son geste, au cas où il n'aurait pas compris à quel point elle était... elle était quoi d'ailleurs bon sang?! Tout à l'heure, c'était l'arroseur arrosé et là c'était quoi, l'allumeuse allumée?
Les évènements commençaient sérieusement à lui échapper, et elle aurait du être terrifiée! Elle aurait du fuir, pas lui envoyer une invitation aussi claire!
Mais même dans son état d’ébriété, elle savait parfaitement ce qu'elle faisait, et si elle continuait, c'est qu'elle le voulait. L'alcool... il se contentait d'exacerber ses désirs, certainement, mais surtout de faire s'écrouler les barrières dont elle s’entourait habituellement.

La réponse de Beltran fut celle qu'elle attendait, bien qu'il la nuança. Le surnom dont il la gratifia, et surtout le ton qu'il employa en le prononçant lui fit le même effet qu'un verre de vin, la réchauffant de l'intérieur. Elle connaissait la signification de ce mot, elle l'avait déjà entendu. Ce simple mot était dix fois plus puissant que tous les compliments qu'il avait pu lui faire précédemment, que toutes les courbettes, les baises-mains...  On ne l'employait pas à la légère. Pas lui. Ca équivalait à un engagement.

"Comme tu dis, on a bu tous les deux, nous sommes donc à égalité! Et puis, t'en vouloir de quoi?"

Oui, qu'est-ce qu'elle pouvait lui reprocher? C'était elle qui les torturait tous les deux, pas lui. Lui, il méritait une médaille pour ne pas baisser les bras face à un cas aussi complexe que le sien.
L'espace d'un instant, il lui parut sincèrement au bord du désespoir. Même l'emploi de son nouveau surnom n'arriva pas à faire passer ce pincement au coeur de le voir si secoué par sa faute. C'est peut-être pour ça qu'elle ne vit pas venir ce qui allait se passer. Elle eut à peine le temps de s'étonner:

"Mais je ne..."

Les lèvres du Capitaine la réduisirent au silence. Sa première pensée fut pour le moins originale. Mina se fit la réflexion que les livres mentaient.
Pour s'entraîner à la lecture, la jeune femme se forçait à lire le soir, dans son lit. Elle avait lu beaucoup de livres d'histoires, et parfois des romances. C'était un type de lecture qu'elle appréciait peu mais qu avait le mérite d'être assez simple à lire. Et sous la plume des écrivains, un premier baiser était souvent vécu intensément, comme si le monde s'arrêtait de tourner, comme si tout se déroulait au ralenti. Ors, Mina trouvait au contraire que tout s'était passé vite, trop vite. Elle n'avait pas eu le temps de comprendre ce qu'il se passait que c'était déjà terminé.
D'où sa seconde pensée tout aussi ridicule: "C'est tout?". Elle avait bien ses lèvres qui picotaient légèrement mais... c'était tout? Elle s'attendait à... à quelque chose de plus bouleversant, sans trop savoir exactement à quel point.

Mais les choses changèrent brutalement quand Beltran la tourna face à lui, le bras dans son dos. Ses yeux croisèrent les siens, et elle y lut sans difficulté son combat intérieur. Cela l'enflamma littéralement, et leur proximité physique aggravait encore plus les choses. Le pas était franchi pour de bon alors qu'ils se trouvaient au bord d'un gouffre émotionnel et passionnel. Maintenant, la question était: l’atterrissage se ferait-il en douceur ou plus brutalement?
Il s'excusa comme un enfant pris en faute et Mina secoua la tête de gauche à droite en murmurant d'une voix rauque:

"Sois pas désolé..."

Désolé de quoi d'ailleurs? Il ne lui faisait pas peur. Tout ses gestes envers elle étaient infiniment respectueux, même ce minuscule baiser.

Cette fois-ci, elle le vit clairement se pencher de nouveau vers elle. C'était étrange, et encore une fois, elle n'eut pas envie de s'enfuir. Elle était curieuse, elle avait envie, même si elle était perdue.
Ce baiser fut alors radicalement différent. C'était un peu moins... un peu plus... elle n'arrivait pas à mettre de mot dessus, d'ailleurs, sa réflexion avait foutu le camps. Elle ne savait pas quoi faire de sa bouche, de ses mains, de son corps entier, elle voulait répondre mais ignorait comment faire.
Elle choisit de faire confiance à son instinct. Une de ses mains se posa sur son torse et l'autre derrière sa nuque, ses doigts à la naissance de ses cheveux. Elle ferma les yeux - elle les avait gardé ouvert tout ce temps? - et pencha légèrement le visage, puis effectua une légère pression avec sa main dans son cou pour l’encourager. Enfin, elle remua ses lèvres contre les siennes. Ce contact-là nourrit son incendie intérieur avec une telle violence que son corps s’arcbouta contre celui de Beltran et qu'un gémissement lui échappa. Il était là, le déferlement intense, dans le creux de ses hanches, dans son bas-ventre, dans son cœur... En même temps, le feu qui ronflait dans la cheminée redoubla de puissance. On disait que le plaisir pouvait faire grimper au rideau, Mina, elle, du se contrôler pour ne pas y mettre le feu.

Avant de perdre définitivement son contrôle, elle retira sa main de sa nuque, la posa aussi sur son torse pour s’éloigner de lui et s’obliger à détacher sa bouche de la sienne.
Ce n'était absolument pas un rejet, et le très léger sourire coupable qui étirait ses lèvres devrait convaincre le Capitaine.
La jeune femme se pencha légèrement et essaya de contrôler sa respiration erratique tant elle avait le souffle court. Ses mains étaient toujours sur lui, et elle se rendit compte qu'elle l'avait presque griffé.

"Désolée..." murmura-t-elle à son tour.

Elle finit par retirer ses mains et tritura son pendentif histoire d'occuper ses doigts.
Et maintenant? Qu'est-ce qu'elle était censé faire? Censé dire?
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Beltran le 02 mai 2014, 13:57:01
"Vrai." promit Beltran en espérant que sa mémoire ne lui jouerait pas de tour et qu'il aurait le temps de s'en occuper rapidement.

Une arbalète n'était pas un cadeau très ordinaire mais il avait une certaine valeur, passé le prix même de l'objet: c'était comme l'épée que le jeune noble reçoit à ses seize ans, la possibilité d'être indépendante et de se protéger soi-même. Il se promit que même s'il n'avait pas le temps de choisir lui-même l'arme parfaite, il trouverait quelqu'un qui s'arrangerait pour qu'elle en ait une utilisable le temps qu'il puisse en acheter une plus personnalisée. C'était étonnant que la douce jeune femme se réjouisse d'un tel présent, mais cela ne dérangeait pas Beltran. Qui mieux que lui pourrait en choisir une pour quelqu'un qu'il connaissait bien? Soudain, Irmingarde se reprit et souffla qu'elle ne devrait pas se réjouir d'avoir à tuer des gens. Beltran répondit immédiatement, d'un ton très doux mais sûr de lui:

"Ce qui te réjouit n'est pas de tuer des gens mais d'avoir le pouvoir de ne pas te faire tuer toi, c'est différent. Même les soldats n'aiment pas tuer. Pourtant nous nous réjouissons d'avoir cette puissance au service de notre cause. Tu es un Héraut. Tu n'aimeras pas tuer, je te le garantis. Mais ton être se réjouit d'avoir la possibilité de vivre malgré les attaques. C'est cette joie- que tu dois retenir."

Pourtant, pour la soirée, les idées guerrières et la promesse de cours s'effacèrent rapidement pour laisser la place uniquement au moment présent. Il faut dire qu'une fois qu'Irmingarde trouva sa place dans les bras de Beltran, tout ce qui n'était pas elle disparut comme par magie de l'esprit du soldat. Bouleversé jusqu'au plus profond de lui-même par la créature fragile qu'il tenait contre lui, il osa plus qu'il n'avait osé en plusieurs mois. Le surnom qu'il employa ne sembla pas choquer Irmingarde qui réagit à peine. Elle s'offusqua juste légèrement qu'il se reproche de l'avoir fait boire et s'étonna même qu'il s'en veuille. Beltran ne répondit pas. C'était tellement compliqué. Comment lui dire qu'une jeune femme saoûle à cause de lui, c'était un manquement à l'honneur que son propre état n'excusait pas. Et que ses excuses concernaient tout autant ce qu'il allait faire que ce qu'il avait fait.

Le premier baiser qu'il lui offrit fut léger et rapide. Beltran prenait le risque qu'Irmingarde se sente agressée, ou trahie, et qu'elle perde le contrôle du Don qui le terrorisait tant. Cette fois, il doutait qu'une Déesse ou un Mage passe par hasard dans le coin pour le sauver des flammes. Mais c'était Mina dans ses bras et tout en elle semblait l'appeler et l'obliger à passer à l'acte. Voyant qu'il ne finissait pas en petit tas de cendres, il eut l'audace de la faire tourner pour la prendre dans ses bras en face-à-face. Elle ne lui résista pas mais il implora tout de même son pardon d'un ton misérable, certain qu'il avait tout gâché mais incapable de s'arrêter. Alors qu'il se penchait à nouveau sur elle, la voix de la jeune femme devint un peu rauque alors qu'elle refusait ses excuses. De toutes façons, il était trop tard. Encouragé par le manque évident de peur de sa compagne, Beltran entreprit de lui donner un véritable baiser cette fois-ci.

Le Capitaine s'attendait à peu près tout... sauf à une réaction telle qu'en eut Mina. La délicate jeune femme appeurée s'était transformée en délicate jeune femme passionnée. Elle répondit au baiser avec tout son corps, rapprochant elle-même leurs deux visages pour s'y adonner complètement, les ongles enfoncés dans le cou de son compagnon. Elle se colla au soldat qui raffermit sa prise sur elle avec plus de passion. Sa main alla rejoindre la nuque d'Irmingarde alors qu'elle gémissait. Il s'écarta légèrement à cause du soupir, inquiet de l'avoir blessée ou trop pressée. Voyant qu'il n'en était rien, il se sentit soulagé.

Irmingarde insinua sa main entre eux et s'écarta de Beltran. Elle souriait légèrement et respirait trop rapidement. Elle s'excusa à son tour, et Beltran, ne pensant absolument pas à l'infime douleur sur sa nuque, crut qu'elle regrettait d'avoir répondu à son baiser. Qu'elle se mette à tripoter son pendentif en signe de gêne renforça cette idée erronnée.

"Je suis désolé, c'est ma faute... Je n'aurais pas dû... J'ai cru..."

Il avait le souffle court et en perdait ses mots. Il se reprit cependant et saisit les mains d'Irmingarde dans les siennes.

"Je ne suis pas un courreur de jupons. Je ne suis pas quelqu'un qui se livre facilement. Je ne veux pas t'effrayer. Et je ne veux pas perdre ton amitié. Mais tu me rends fou, Mina-Ashke. Et si je te blesse de quelque manière que ce soit, je m'en voudrai à mort. Alors si tu veux que je te fasse ramener à ta chambre maintenant et qu'on n'en parle plus, je peux le faire."

Il prit une goulée d'air avant de conclure:

"Mais si tu veux rester ici pour la nuit, sans que je cherche à faire autre chose que te prendre dans mes bras -c'est promis- tu peux aussi le dire. En sachant que cela m'engage auprès de toi et que tu seras la seule à pouvoir reculer - me rejeter, ensuite."

Il réprima son envie de lui dire que si ça ne tenait qu'à lui, il aurait les mains bien moins sages sur elle, et qu'elle le rendait fou autant d'amour que de désir physique. Dormir à ses côtés serait une torture, il le savait. Mais il n'arrivait pas à s'empêcher de le proposer quand même. Il était certain qu'il se contrôlerait - comme toujours. Il voulait lui montrer que quoi qu'il arrive il l'estimait et la respectait et ne forcerait jamais rien à venir si ce n'était pas le moment. Il pria pour que son corps lui obéisse et ne la fasse pas paniquer comme lors du cours de danse. Maintenant, elle pouvait aussi s'enfuir en hurlant. Il espérait que non. Mais il ne pouvait plus garder ça pour lui.
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Héraut Irmingarde le 02 mai 2014, 18:02:46
Irmingarde n'avait pas vraiment compris que Beltran comptait lui faire cadeau d'une arbalète, faites pour elle, comme son épée. Dans son esprit, il lui en trouverait une dans le râtelier qui convienne à sa morphologie. Et rien que cela lui faisait plaisir.
Puis le Capitaine lui donna sa propre vision de ce qu'était la guerre, le vie de soldat, de Capitaine, de Héraut. La vie de quelqu'un qui se bat pour son pays. Ce qu'il disait était très vrai. C'était l'image de sa propre puissance qui lui plaisait, pas le reste. Mais tout de même...

"Hum... Si rien que d'y penser me rend malade, je ne sais pas comment tu fais, toi, pour faire la part des choses. Je t'admire pour ça... entre autre. Je ne suis pas étonnée de la fidélité de tes soldats."

Ce qu'il y avait de bien, avec Beltran, c'était que l'on pouvait passer d'un sujet à un autre sans trop de peine, parce qu'une fois qu'on le connaissait, il était aisé de parler avec lui. Dans le cas présent, le passage de la guerre à ses bras lui parut tellement rapide que c’en était presque effrayant. Et que dire des baisers qui suivirent...

Finalement, l'instinct ne l'avait pas trompé. Si lui-même resserrait son étreinte autour d'elle, c'est qu'ils parlaient le même langage. Oh bien sûr, ils n'avaient pas vraiment disons... le même niveau. Mais ils se comprenaient plutôt bien dans ce domaine, ce qui était rassurant.
C'était assez bouleversant de prendre conscience de l'effet qu'il pouvait lui faire juste en caressant sa nuque. Sa nuque enfin! Juste ce qui servait à garder la tête vissée sur ses épaules, pas franchement la partie du corps la plus... sensible. Et pourtant...
Ce fut très difficile de se séparer de lui, mais la jeune femme avait besoin de garder un minimum de contrôle sur elle-même au risque de se mettre à paniquer. Ou de mettre le feu à la nappe. Ou les deux.
Comment avait-il rendu ça possible? Comment quelque chose qu'elle ne connaissait pas cinq minutes auparavant pouvait tout à coup lui devenir presque essentiel? Parce qu'elle avait envie de l'embrasser à nouveau, ça, elle en était sûre! C'était même la chose la plus agréable qu'elle ai jamais fait.

En revanche, le Capitaine ne le compris pas ainsi et se mit à parler, s'excuser, s'empêtrer à toute vitesse dans des explications bizarres. Elle eut comme une envie de ronronner de plaisir quand il lui dit qu'elle le rendait fou. Il avait définitivement raison sur le plaisir que pouvait apporter la sensation d'avoir le pouvoir. Elle perdait le contrôle d'elle-même mais l'avait sur lui, sans aucun doute.
Il conclut maladroitement en lui proposant de dormir avec lui, dormir sans essayer de la brusquer pour faire quoique ce soit. Irmingarde apprécia infiniment qu'il la respecte autant.
Avec maladresse, elle tendit la main et la passa dans sa nuque, là à ses ongles avaient laissé une trace de leur passage.  

"Je ne suis pas désolée pour ce qu'on vient de faire, c'est juste que je crois... que je t'ai griffé."

La jeune femme s'empourpra.

"Et tu ne t'es pas trompé."

Sa main descendit de sa nuque pour passer sur son épaule, lentement, puis descendre le long de son torse, pour finir sur sa taille.

"C'est juste que c'était... waw, Beltran c'était renversant..."

Renversant n'était pas un mot qu'elle employait à la légère. Elle chancela un peu, prise d'un vertige. Moitié à cause de l'alcool, moitié à cause de l'émotion.

"Et je... j'ai eu besoin de me calmer, c'est très... intense..."

Quelqu'un qui aurait écouté la conversation sans les voir aurait pu croire qu'il s'était passé quelque chose de bien plus sérieux qu'un simple baiser. Mais pour Irmingarde, c'était aussi intense qu'elle le décrivait. Intense dans les sensations, autant que dans les implications de ce baiser. Qu'est-ce qu'ils allaient faire maintenant? Maintenant qu'elle avait réussi à se laisser approcher ainsi? Ce serait quoi, le futur avec cette relation au milieu? L'horloge dans sa tête, celle qui égrenait les secondes comme un compte à rebours avant la guerre, était moins envahissante mais toujours là néanmoins.
C'était totalement dingue de tomber amoureuse de lui alors qu'ils pourraient facilement mourir demain!
Cependant, elle n'arrivait pas à le regretter. Elle s'étonnait juste de la vitesse à laquelle elle avait succombé, elle qui lui avait demandé d'être patient. Elle lui avait demandé de la séduire, de prendre du temps. Et elle était déjà dans ses bras!

Mina compris alors qu'il l'avait séduit, sans même avoir besoin d'être présent. C'était même la clef. Il avait été absent, du jour au lendemain, et même s'il elle avait essayé de ne pas penser à lui, il lui avait manqué. Et parce qu'il lui avait manqué, cela avait définitivement fait basculer ses sentiments.

"Je reste ce soir."

Sa main n'avait pas bougé de la taille du Capitaine. Elle la remonta à nouveau, observant l'effet produit sur le visage de Beltran, goûtant les répercutions sur elle-même de cette caresse tout sauf amicale. Mais elle ne voulait pas être cruelle:

"Je... c'est à toi de me prévenir si je vais trop loin avec toi, je ne veux pas que tu en souffres, et je pense que tu sais quelles sont mes... limites infranchissables pour le moment. Je ne m'en rendrais pas compte si je te demandes trop."

Sa main remonta sur sa joue et de l'index, elle suivit la courbe de son sourcil.

"Beltran... cela s’apaise avec le temps, et parce que je suis ici, mais les hommes me terrifient, tu le sais. Pas toi, toi, tu ne me fais pas peur, et j'ai confiance mais... cela laisse ses traces. J'ai été élevé dans une région où l'homme est tout puissant, et où..."

Sa voix se brisa. Mais si elle voulait que les choses se passent au mieux, quelques soient ces choses, elle devait être honnête.

"Je pense que tu as compris que quelqu'un, là-bas, as essayé de... posséder ce qui ne lui appartenait pas. Mon frère. Ce qui veut dire que tout ce que je sais de l'intimité avec un homme se résume à une agression, alors il est plus que possible que sur ce point, mes réactions soient encore plus imprévisible que d'habitude. Je n'ai aucune idée de la façon dont je vais vivre chacune des nouveautés que tu vas me faire découvrir. Je sais seulement que je veux les découvrir avec toi. Et je ne veux pas qu'en testant mes propres limites sur toi, tu ais à en souffrir. Ce n'est pas le but. Et ce ne serait pas juste."

Sa main finit sa course dans ses cheveux.

"Alors je te promets de te dire si tu vas trop loin si tu le fais aussi. Si je t'en demande trop."

Elle combla à nouveau l'espace entre eux et le regarda dans les yeux.

"J'ai bien peur que tu deviennes mon cobaye..."

Elle appuya cette remarque d'un sourire timide. La main qui n'était pas dans ses cheveux attrapa la sienne et elle la guida vers sa taille. Elle n'en revenait pas de provoquer elle-même ce contact. Mais c'était plus fort qu'elle, irrésistible, nécessaire, vital.

"Pour le moment, l'expérience est concluante." souffla-t-elle.

Et c'est elle cette-fois ci qui l'embrassa. Parce que c'était ce qu'il fallait faire, parce qu'elle en avait envie. Et tant pis si elle mettait le feu au tapis. C'était un simple détail matériel.
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Beltran le 04 mai 2014, 18:42:17
Malgré l'intérêt certain que Beltran et Irmingarde pouvaient avoir pour des sujets tels que les arbalètes, le combat, la menée d'hommes, et autres terrains théoriques de leurs métiers, ils s'accordèrent encore plus vite pour les oublier aux dépens d'intérêts plus pratiques tels que l'instant présent et la potentialité énorme qu'un simple baiser pouvait faire surgir.

Beltran n'aurait jamais cru, à peine quelques minutes auparavant, qu'il prendrait ainsi le risque de perdre Irmingarde et de la faire fuir. Qu'elle le laisse la toucher, et mieux qu'elle réponde à son baiser, était plus que ce qu'il avait espéré. Qu'elle réponde avec quelque chose qui ressemblait à de la passion dépassait même son entendement au point que son esprit transforma les mots de Mina en quelque chose de plus logique à ses yeux - soit donc un rejet. Il s'excusa donc - et une fois sa langue lancée, il ne put s'empêcher de mettre certaines choses à clair, persuadé qu'il allait se prendre un râteau mais décidé à tenter sa chance parce que... Et bien parce que les mots passèrent la barrière de sa bouche avant qu'il y réfléchisse vraiment, déjà.

Beltran ne bougea pas quand la main d'Irmingarde alla rejoindre sa nuque. Il en conclut avec clairvoyance qu'elle n'était pas si fâchée que ça si elle le touchait encore. Cela le rassura et il alla jusqu'à sourire timidement. Sourire qui fut plus franc quand la jeune femme expliqua qu'elle était surtout désolée de l'avoir griffé.

"Ce n'est rien." écarta-t-il d'un sourire l'explication.

Il devait avoir l'air légèrement béat quand elle continua à le caresser, allant de la nuque à sa taille et qu'elle qualifia leur moment d'intimité de renversant. Il retint l'humour de soldat graveleux qui faillit lui faire dire qu'elle aurait d'autres chances d'être renversée - par exemple sur la table, contre la fenêtre, ... Il doutait qu'elle saisisse l'humour d'une telle déclaration, tout comme la réponse "oui je sais" pouvait également être mal interprétée. Il ne dit rien alors qu'elle chancelait et se contenta de la retenir contre lui.

"C'est intense pour moi aussi." fit-il doucement. "Prends le temps dont tu as besoin."

Il avait l'impression d'avoir couru un marathon - et d'avoir fait du saut en longueur: ils avaient réellement fait un pas de géant dans leur relation. C'est lui qui faillit être renversé quand la décision d'Irmingarde résonna entre eux. Elle voulait rester. Avec lui. Cette nuit. Le pire cauchemar du Capitaine (et son plus grand désir) se réalisait donc. Il frissonna sous la main légère de la demoiselle. Elle ne semblait pas avoir conscience de l'effet en profondeur qu'elle lui faisait, bien qu'elle reprenne la parole pour clarifier certains points précis dans ce domaine. Il ne sut pas immédiatement quoi lui répondre. C'était très prévenant de sa part qu'elle prenne le temps de lui rappeler ses limites - mais il ne les avait pas oubliées et il savait pertinemment que l'inviter à partager son lit était bien loin de vouloir dire qu'il aurait le droit de lui faire l'amour. Il se contenta donc de hocher doucement la tête sans parler, alors que les doigts de Mina jouaient sur son visage. Elle continua avec cet air fragile qu'il avait appris à reconnaître. Elle parla pour la première fois presque ouvertement de son traumatisme. Il prit cette marque de confiance pour ce qu'elle était et il lui caressa le visage:

"N'hésite jamais à dire ce qui ne va pas, si je vais trop loin, ou pas assez. Tu mènes la danse, Mina, et je n'irais qu'au rythme qui te convient. Je dois avouer que certains gestes sont ... difficiles à gérer pour moi. Mais tu ne vas pas me faire souffrir moi. En tout cas rien qui ne soit pas gérable. Je suis ... sensible au fait que tu veux connaître tes limites avec moi. Alors oui, je te dirais quand tu vas trop loin si tu me dis quand je vais trop loin... Je serai un cobaye obéissant..." finit-il d'un ton presque inaudible, avec un grand sourire sincère.

Le Capitaine laissa Irmingarde guider ses gestes. Sa main se posa sur sa taille lorsqu'elle l'y amena, et il la serra de nouveau contre lui avec un sourire. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle ose plus encore mais elle alla jusqu'à l'embrasser. Il répondit avec passion à son baiser, lui caressant le dos et les hanches d'une main, pressant sa nuque avec légèreté de l'autre. Il la laissa décider de l'intensité et de la longueur du baiser, et lorsqu'ils se séparèrent pour respirer il lui proposa doucement:

"Nous pouvons rejoindre le lit ou un sofa pour être plus à l'aise que debout sur la pointe des pieds..."

Il lui prit la main et l'écarta de la fenêtre. Pour être sûre qu'elle ne se méprenne pas, il répéta:

"Je suivrais ton rythme. Tu me dis quand quelque chose te gêne."

Il les fit passer dans la pièce suivante, une antichambre avec un sofa, deux fauteuils et une bibliothèque mais sans cheminée. Il s'arrêta:

"Ici, ou la chambre... Ton choix. La chambre est chauffée." précisa-t-il tout de même.
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Héraut Irmingarde le 04 mai 2014, 23:11:58
Quand Beltran lui dit que la légère blessure que Mina lui avait faite n'était rien, la jeune femme sourit. Évidemment que ce n'était rien pour un Capitaine de la Garde que de se faire à peine griffer. Ca ne l'empêchait pas d'être désolée et de paniquer légèrement. Si rien qu'un baiser lui faisait perdre le contrôle à ce point, il était inquiétant d'imaginer quel genre de dégât elle pourrait faire par la suite.

Elle trouvait follement amusant l'expression un peu ailleurs qu'il arborait alors qu'elle le touchait seulement. Elle aurait donner cher pour savoir ce qui se passait dans sa tête. Ou pas. Peut-être fallait-il mieux qu'elle ne le sache pas tout compte fait.
Elle se contenta sagement d'apprécier que ce baiser soit aussi agréable pour lui que pour elle. Même si elle le soupçonnait d'en rajouter un peu. C'était impossible, elle ne comprenait tout simplement pas comment une gamine comme elle pouvait troubler un homme comme lui, qui avait connu bien des femmes tellement plus expérimentées avant elle.

Mais elle n'allait certainement pas lui dire qu'elle pensait de jamais être à sa hauteur. Elle en avait assez dit, assez confié pour la soirée. Des confidences aussi intimes n'étaient pas faciles à faire. Mais nécessaires. Parce que son passé avait fait d'elle ce qu'elle était à présent. Une jeune femme au caractère bien trempé mais timide à outrance, méfiante envers les hommes. Une jeune femme que rien dans son éducation sommaire et ses expériences n'avait préparé à la violence des sensations qui pouvaient étreindre un corps sous des baisers et des caresses. A l'intensité de sentiments naissants. A l'envie incompréhensible de répondre au désir brûlant qu'elle lisait dans les yeux de Beltran.

Elle pria très fort pour ne pas avoir l'air d'une enfant alors qu'elle écoutait, presque bouché bée, ses mots rassurants et ses promesses. Alors qu'elle savourait la tendresse de sa caresse sur sa joue.
Ce que Mina considérait comme de la hardiesse de sa part - poser les larges mains musclées du Capitaine sur elle - sembla lui plaire, et plus encore le baiser. Elle ne sut pas vraiment combien de temps il dura car elle en perdit la notion. Il y avait juste ses lèvres, qu'elle apprenait à goûter, et ses mains - par tous les dieux ses mains - qui semblaient laisser des traces sur elle. Incandescentes.
Quand elle s'éloigna de lui, elle tremblait légèrement.

Elle le suivit avec docilité dans l'antichambre, ne lâchant pas sa main. Elle fut impressionnée par ses appartements. Ils étaient plutôt très confortable, presque luxueux. Elle en lâcha même un sifflement admiratif. Puis c'est un bâillement sonore qui lui échappa.

"Dans la chambre. Je suis fatiguée Beltran, et toi, tu dois l'être bien plus que moi, avec ta dernière journée de voyage dans les jambes. Oh, mais je n'ai pas de tenue pour dormir..."

Dans la bouche de n'importe quelle autre femme dans sa position face à Beltran, cette remarque aurait parut très provocatrice. Mais pour Irmingarde, c'était vraiment une considération pratique. Elle n'avait pas de pyjama. Fort heureusement, la chemise prêtée par le Capitaine lui arrivait au genoux.

"Je vais devoir garder ta chemise pour dormir, mais je te la rendrai propre ne t’inquiète pas."

Ca aussi c'était une détail pratique, mais important pour elle. La propreté, c'était un basique incontournable dans les Holds. Même si le rappeler n'était pas vraiment la chose la plus romantique du monde, surtout ce soir.

"Je ne suis pas contre un peu de chaleur bien que..."

L'alcool ingurgitée dans la soirée la rendait toujours bavarde, mais cela ne l'empêcha pas de rougir quand elle avoua du bout des lèvres:

"Explique-moi comment, alors que la Boutte-feu c'est moi, j'ai l'impression que ma peau s'est enflammée partout où tu m'as touchée..."
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Beltran le 06 mai 2014, 09:16:00
Dans un cas aussi intime que celui-ci, le Capitaine avait souvent pour habitude - enfin, souvent... on se comprend- de laisser les corps parler et de fermer sa bouche, de crainte qu'il ne sorte exactement les mots qu'il ne fallait pas dire. Il ne faisait pas tellement confiance à son cerveau pour garder le contrôle de ses émotions quand il se laissait enfin déborder par elles. Sauf que dans ce cas précis, refuser de répondre à Irmingarde ou tenter de la laisser comprendre ses intensions par le seul fait de ses actes s'avérait un exercice encore plus dangereux que prendre le risque de parler. Irmingarde était une jeune femme très cérébrale et qui, comme elle le lui avait déjà dit, était loin d'être une experte dans le déchiffrage des signes du corps. Beltran dut donc rassembler ses neurones pour trouver les mots qui sauraient la toucher et la rassurer.
Il y alla de toute la douceur dont il était capable et il espéra qu'elle sentait qu'il était sincère et honnête envers elle - et qu'elle passerait à côté de la signification masochiste de ce qu'il lui proposait.

Après un baiser plus que passionné, Beltran saisit la main de sa compagne et la fit passer dans l'anti-chambre. Le luxe de cette pièce comme celui du salon n'était pas dû au soldat lui-même mais à un prédécesseur plus âgé. Beltran avait gardé certains aspects intouchés pour pouvoir accueillir n'importe qui n'importe quand. Le bureau en lui-même était plus spartiate ainsi que la chambre à coucher. Chambre qu'Irmingarde ne refusa pas de rejoindre. Elle semblait épuisée et l'alcool ne devait pas l'aider à garder les yeux ouverts. Soudain, elle s'inquiéta de sa tenue pour dormir.

"Tu peux garder ma chemise autant que tu veux, et si il y a besoin, je peux sans doute te trouver un caleçon long ou des chausses, si ça te gêne moins." proposa-t-il presque en chuchotant pour ne pas l'effrayer.

Sans lui lâcher la main, il la conduisit jusqu'à la porte de la chambre alors qu'elle avouait qu'elle avait besoin d'un peu de chaleur. Sur le point d'ouvrir la porte, Beltran se retourna vers Irmingarde qui lui posait une bien bonne question. Le blond hésita. C'était un peu prétentieux de lui dire que c'était sans doute du désir à son égard, bien qu'il pense sincèrement que ça soit quelque chose du genre. Il opta pour une voie de secours:

" Ca arrive quand quelqu'un qu'on apprécie vient combler le besoin d'être touché avec tendresse." Le voilà poétique.

Ouvrant la porte, il fit entrer la jeune femme. Beaucoup plus simple que l'antichambre, la chambre à coucher était extrêmement bien rangée. Rien ne dépassait. Un grand lit, héritage également d'un Commandant marié à l'époque, prenait quasiment toute la place. Deux coffres ouvragés servaient à ranger les affaires du Capitaine - un servant également de table de nuit, l'autre à la base du lit, servant également potentiellement de banc. Le lit ne comportait qu'un oreiller, et était tiré aux quatres épingles, avec des draps blancs et une couverture bleu nuit, de la même couleur que les rideaux tirés. La cheminée émettait une lueur douce, leur permettant cependant à peine de se voir.

Beltran installa la jeune femme sur le lit. Assise dans sa pièce personnelle, il eut l'impression qu'elle entrait bien officiellement dans sa vie. Il lui sourit.

"Je vais te trouver de quoi pouvoir dormir décemment. Mets-toi à l'aise, je ne regarde pas." plaisanta-t-il en lui plantant un léger baiser sur les lèvres.

Il la quitta pour aller fouiller dans une sorte de cagibi caché derrière un rideau de la couleur des murs. On put entendre un "aoutch" suivi d'un bruit de ferraille avant que Beltran ne ressorte en se frottant la tête, un oreiller supplémentaire dans les mains.

"J'avais oublié qu'on avait déplacé le ratelier..." grogna-t-il comme un enfant pris en faute. Puis il sourit à Irmingarde et lui montra fièrement sa trouvaille. "Il ne sera pas dit que tu doives supporter la vie spartiate d'un soldat par ma faute."

Oui, il retardait le moment de se mettre au lit, terrifié par ce que Mina ou lui pouvait faire. Mais il n'avait pas plus le choix que cela maintenant. Il posa l'oreiller sur le lit et se détourna. Il se débarrassa de sa veste et de son veston, pour apparaître à son tour en chemise. Il se baissa pour enlever ses bottes et les chausses mais garda son pantalon qu'il ne desserra que d'un cran pour pouvoir mieux respirer. Il prit le tout, le plia très proprement et le posa sur le coffre au pied du lit. Puis il se tourna vers sa compagne.

"Tu es sûre...?" fit-il doucement en la regardant dans les yeux.

Elle savait qu'il ne la toucherait jamais si elle ne l'y autorisait pas. Mais se glisser dans le même lit qu'elle était un pas qu'elle n'était peut-être pas si prête à faire.
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Héraut Irmingarde le 06 mai 2014, 20:17:52
Irmingarde hocha la tête quand le Capitaine lui proposa d'autres vêtements à lui pour dormir. A cet instant, elle eut un doute assez ridicule. Si ça se trouve, Beltran dormait nu?
Mhh, non, il faisait bien ce qu'il voulait après tout, mais avec elle ce soir, ça l'étonnerait beaucoup qu'il se mette dans le plus simple appareil, même si bien malgré elle, elle n'ignorait pas grand chose de la physionomie de Beltran.

La réponse honnête qu'il lui donna avec précaution au sujet de ses caresses n'était pas tellement une découverte pour Mina. Parce qu'au fond, elle se doutait bien de la réponse. Elle ne savait pas trop pourquoi elle avait posé la question. Une façon détournée de lui faire comprendre l'effet qu'il lui faisait peut-être? De façon subtile? Alors ça, c'était une nouveauté dû à l'alcool, parce qu'Irmingarde était habituellement tout sauf subtile.

Quand Beltran lui ouvrit la porte de sa chambre, Mina eut un instant d'hésitation en découvrant la pièce. Un peu effrayée et incrédule, elle se répéta  "Je vais dormir avec Beltran... dans le même lit... par tous les Dieux... il est immense ce lit!"
A ce niveau, même l'alcool ne pouvait l'empêcher de s'en rendre compte. Elle prit une grande respiration et passa le pas de la porte pendant que sa conscience, qui refaisait surface de temps en temps, lui soufflait qu'elle n'allait que dormir. Uniquement. Pas de quoi partir en courant en somme. Non, pas de quoi s'enfuir. On respire, et on avance, un pas après l'autre.  

Mina se laissa encore guider presque à l'aveugle dans la chambre plongée dans la pénombre. Difficile de discerner précisément le décor le temps que ses yeux s'habituent à l'obscurité.
Très rapidement, trop rapidement, il la laissa, après un rapide baiser, se changer. Se changer? Avec lui si près, même dans le noir?!
C'était une chose de changer de chemise quand il était dans une autre pièce, là, c’en était une autre, même si un rideau les séparait. Mais il fallait qu'elle se dépêche si elle ne voulait pas qu'il la surprenne à moitié nue. L'urgence de la situation eut le mérite de court-circuiter ses doutes.
La coordination de mouvement dont elle avait besoin pour retirer le plus rapidement possible sa jupe et rabattre la chemise du Capitaine lui fit assez défaut et il fut heureux que Beltran s'assomme et ne la voit pas emmêlée dans sa jupe, une jambe en l'air, le pied coincé dans un ourlet. Elle faillit en tomber du lit. Très distinguée!
Avant qu'il ne réapparaisse, elle eut le temps de tirer un morceau de couverture pour recouvrir ses jambes. Elle était à peu près décemment couverte mais tout de même...
Le lit était très, très confortable et semblait accentuer son envie de dormir. C'était tout aussi bien qu'elle soit trop fatiguée pour ne pas se répéter encore et encore où elle se trouvait.
Elle attrapa l'oreiller que Beltran lui tendit en souriant maladroitement.

"Merci..."

Alors il se retourna et commença à se dévêtir, en partie du moins. Yeux grands ouverts, Irmingarde dut faire violence à ses jambes qui avaient envie de prendre la fuite. En même temps, elle n'arrivait pas à détacher son regard du Capitaine - dans le cas présent surtout de son derrière il fallait bien avouer - et sa bouche était curieusement sèche.

Quand il fut plus à l'aise, Beltran lui demanda si elle était sûre, et Mina répondit en plaisantant:

"Je ne vais tout de même pas te chasser de ton propre lit, j'ai un certain savoir vivre."

Elle avait envie de passer la nuit ici, mais elle était terrifiée. Elle avait confiance, mais est-ce que ça suffirait?
Elle ne savait pas trop quoi faire, alors elle détacha ses cheveux et commença à les tresser. Si elle avait le malheur de dormir les cheveux lâchés, Beltran se réveillerait aux côté d'une vraie sorcière, les cheveux électriques et en pétard. Elle n'avait pas trop envie de lui imposer ça de bon matin!
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Beltran le 07 mai 2014, 16:25:13
Une fois revenu dans la chambre, Beltran trouva Irmingarde déjà dans le lit, cachée en partie sous la couverture. Il n'en fut pas surpris et il lui passa son oreiller sans faire de commentaire inutile sur sa tenue. Ce fut ensuite à son tour de se préparer pour la nuit. Pour ne pas embarrasser sa compagne, il garda une bonne dose de vêtements sur lui. La morale était sauve. La pruderie également. Mais il avait promis de tout faire pour ne pas l'effrayer et il soupçonnait que se mettre torse nu à ce moment précis risquait de la dégriser au point qu'elle s'en aille. Ceci dit, cela n'aurait peut-être pas une mauvaise idée. La nuit de Beltran s'annonçait très longue - et trop courte à la fois. Avant de rejoindre son amie sous les couvertures, Beltran vérifia une dernière fois qu'elle n'allait pas se mettre à hurler ( ou à le crâmer). Le ton léger de la réponse le fit sourire.

"J'arrive alors. Attention..."  

Il escalada Mina en essayant de ne pas la toucher pour se retrouver côté mur dans le lit. Ce n'était certes pas très élégant mais elle prenait le côté droit du lit, plus communément nommé "le côté du lit que tu prends si tu veux pouvoir t'enfuir discrètement pendant la nuit" dans certains milieux protégés. Il lui laissait ainsi tout loisir de partir si elle se mettait à étouffer ou à paniquer.
Beltran laissa Irmingarde s'occuper des cheveux en la regardant, appuyé sur un bras, à moitié sous la couverture.

"Je suis sûr que les cheveux lâchés te vont très bien..." fit-il d'un ton doux avant de préciser, au cas où: "Mais les tresses sont jolies."

Une fois qu'elle fut coiffée, Beltran passa doucement un bras autour de ses épaules et l'attira pour qu'elle repose contre lui. Il n'appuyait pas assez fort pour qu'elle soit forcée de quoi que ce soit. En même temps, il se força à formuler quelques pensées qui - à l'époque où il était jeune et innocent- lui aurait été bien utile autrefois. Il le fit à voix basse, toujours aussi doux et prévenant.

"J'ai envie de te prendre dans mes bras, juste pour te sentir contre moi. Par contre, je te préviens, si tu t'endors comme ça, mon bras risque de peser lourd. N'hésite pas à me repousser ou à te retourner si c'est trop lourd ou si c'est trop pour toi. Quand on est habitué à dormir seul, certains... réflexes sont amusants aussi." Plus ou moins. "Tu es bien installée?"
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Héraut Irmingarde le 08 mai 2014, 01:11:13
C'était mignon. Touchant. De constater toutes les précautions que Beltran prenait pour ne pas que Mina s'enfuit. Presque trop. Enfin trop...
Elle ne put pas tellement empêcher son coeur de rater un battement quand il la rejoignit pour de bon, faisant de l’équilibrisme afin de ne pas l'effrayer. Pas plus qu'elle ne put s'empêcher d'analyser la situation, la configuration de la pièce, repérant le chemin le plus court pour s'en aller.

Occupée à tresser ses cheveux avec agilité et rapidité - l'alcool n'avait aucun poids face à l'habitude - elle écouta en souriant son compliment.

"Mes cheveux lâchés sont certainement très jolis, mais si je les laisse comme ça pour dormir, je ne suis pas sûre que tu te réveillera demain. Je risque de d'étrangler avec!"

Elle se tourna vers lui et lui sourit. Alors il l'attira doucement à lui en lui expliquant ce qu'il faisait.
Calée ainsi au creux de ses bras, Mina n'avait plus aucune raison d'avoir peur. C'était juste bien. L'endroit où elle voulait être. Ses bras, son odeur, son souffle et les battements de son coeur qui lui faisaient l'effet d'une berceuse. Elle pencha la tête légèrement en arrière, posant son crâne contre son épaule, et ferma les yeux.

"De quel genre de réflexe parles-t..."

Elle n'eut pas le temps de finir sa question qu'elle s'endormit purement et simplement, le visage retombant vers la gauche. Son souffle régulier devait chatouiller le cou de Beltran.
Irmingarde avait le sommeil facile, mais rarement autant, encore plus dans ces conditions. Mais l'ivresse, le confort du lit et des bras de Beltran, tout ça eu raison de sa conscience.

Quant aux réflexes dont parlait le Capitaine, elle en donna elle-même un exemple peu de temps après. Ne lui laissant profiter que quelques minutes de sa présence tout contre lui, elle s'éloigna vers le bord du lit inconsciemment, prenant le moins de place possible.
C'était automatique chez elle, logistique même. Des années durant, elle avait partagé un lit avec un grand nombre de ses sœurs, et avait pris l'habitude de dormir à l'extrémité des couches qu'elles partageaient ensemble.
Son arrivée à Haven et l'obtention d'un lit pour elle seule n'avait rien changé. La présence d'un homme dans celui-ci non plus, apparemment.
Gênée par le bout d'une de ses tresses, elle chassa les cheveux envahissant d'un geste agacée, ronchonnant dans son sommeil.
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Beltran le 09 mai 2014, 09:43:55
Beltran fut rassuré que même avec lui prenant (un peu plus de) la moitié du lit, Irmingarde ne perdait pas son sens de l'humour et ne s'enfuyait pas de la pièce. Une fois ses cheveux arrangés, alors qu'il l'attirait contre lui en lui expliquant sa technique infaillibre (...) pour la retenir un peu dans ses bras et les possibilités qu'elle avait de l'envoyer paître, il se sentit inexplicablement très calme et serein alors qu'elle se laissait aller contre son épaule. En quelques secondes, l'alcool et la chaleur eurent raison de la très sage Grise. Son poids augmenta contre le corps du soldat et sa tête glissa sur le côté, au repos. Quelques minutes, Beltran n'osa plus bouger de peur de la réveiller. C'était exactement ce genre de situation qu'il avait en tête en parlant à Mina... ce qui ne l'empêcha pas de se figer en se demandant si il devait la déposer sur le côté ou non. Avant qu'il ne parvienne à une décision, la tête toute embrouillée par la présence de sa compagne et par l'alcool, elle se dégagea et s'installa en boule au bord du lit. Avec un sourire tendre, Beltran arrangea la couverture sur elle et lui caressa quelques secondes les cheveux après qu'elle ait dégagé son visage d'un geste agacé. Il la regarda dormir avant que ses propres yeux ne se ferment tous seuls. Il se tourna vers le mur et s'endormit presque instantanément.

Beltran rêva. De beaucoup de choses qu'il ne valait mieux pas qu'Irmingarde apprenne. Il se réveilla plusieurs fois durant la nuit, vérifiant à chaque fois qu'elle était toujours là avant de replonger dans un sommeil agité. A l'aube, son système interne l'informa qu'il avait une réunion à préparer et que le Roi l'attendait aux premières heures du jour. Avec un soupir, il se retourna sur le dos et regarda le plafond jusqu'à sortir complètement de l'hébétitude du sommeil. Il dut calmer son corps après les ardeurs (fantasmagoriques) de la nuit avant de pouvoir se décider à escalader discrètement Irmingarde pour sortir du lit. Il lui embrassa ensuite tendrement le front avant de prendre ses affaires sous le bras et quitter la chambre. Il s'habilla dans l'anti-chambre et rejoignit son bureau. Peu après il écrivait un petit mot à Irmingarde (expliquant qu'il allait voir le Roi pour sa réunion et qu'il lui souhaitait une bonne journée, et surtout qu'elle pouvait revenir quand elle voulait) qu'il alla déposer sur ses affaires dans la chambre. Il s'accroupit près d'elle et lui souffla doucement:

"Je dois m'en aller. Dors tant que tu veux, tu es ici chez toi, Mina-Ashke."

Il quitta discrètement ses appartements. Personne n'osa lui poser de questions.
Titre: Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
Posté par: Héraut Irmingarde le 09 mai 2014, 11:11:03
Irmingarde se réveilla avec l'impression d'avoir fermé les yeux seulement quelques minutes plus tôt. Pourtant, le soleil commençait à pointer le bout de son nez, signe qu'il était temps de se lever. Quand elle se redressa, la jeune femme eut une très désagréable sensation. Comme si quelqu'un avait placé une pince autour de son crâne et l'y avait laissé. En même temps, son estomac grogna mais l'idée même d'avaler quelque chose lui donna la nausée. Nom d'un kyree, elle était malade?

Alors enfin, elle se rendit compte qu'elle n'était absolument pas dans son lit au Collegium. Il s'en suivit quelques secondes de panique, surtout quand elle se rendit compte que la moitié de la chemise dans laquelle elle avait dormi s'était déboutonnée - n'est-ce pas la raison de vivre d'un bouton que de se déboutonner après tout?
Puis elle se souvint d'où elle était précisément, et pourquoi. Elle jeta un oeil autour d'elle mais pas de trace du Capitaine, alors elle se leva avec précaution.
Elle ouvrit légèrement la porte et constata que l'appartement était totalement silencieux. Assurée d'être seule, elle partit à la recherche de ses vêtements sur lesquels elle trouva un mot de Beltran. Il lui était difficile de lire en règle général, mais avec le cerveau dans cet état! Néanmoins, elle y apprit l'emploi du temps de Beltran et rougit en rependant à la soirée d'hier.

"Bon maaaaatin mon élue!"
"Oh mon dieu Ezarell, pas trop fort je t'en supplie, j'ai la tête qui va exploser..."
"Tu as passé une bonne soirée?"
questionna son Compagnon, un ton mental plus bas.
"D'après-toi?" répondit-elle en partageant ses souvenirs avec elle.
"Oooohhh... il était temps, j'ai cru que ça n'arriverait jamais!"
"Tu n'es pas... jalouse?"
"Jalouse de quoi, d'un humain? Allons! Non, je suis ravie!"


Continuant à bavarder mentalement, Mina s'habilla, à son grand dépit, avec ses vêtement de la veille froissés. Elle rêvait d'une douche glacée qui la réveillerait pour de bon. Et d'un uniforme propre. Et d'un Guérisseur. Et de dormir, mais elle avait une journée chargée devant elle.
Avant de partir, elle prit le temps de refaire le lit, emporta ses vêtements encore humides de la veille - elle portait toujours la chemise de Beltran - et essaya de quitter discrètement ses appartements, espérant que l'heure matinale l'aiderait à passer inaperçue.
Mais ça, elle n'y arriva pas totalement, et avant d'arriver à sa chambre, il y eut quelques personnes pour se rendre compte qu'une femme non-soldat sortait de la caserne, et qu'elle ressemblait beaucoup à celle qui avait accueillit le Capitaine la veille. Dans le Collegium des Hérauts aussi, certaines personnes tombèrent des nues en constatant qu'Irmingarde, la grise serviable mais coincée, avait découché!

[RP CLOS]