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[RP Libre] Retour à la maison... 'fin presque...

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Kalaïd:
4ème jour de la troisième décade d'automne 1484...

La caserne enfin...
Dans la nuit, elle étirait ses murs hauts vers le ciel noir de jais, massif édifice fortifié dans la noble et glorieuse cité de Haven. Les hommes l'avaient souvent détestée, elle était le lieux de leurs entraînements les plus difficiles, des réprimandes de leurs supérieurs, de blessures en tout genre dans le cadre des manœuvres... Elle représentait de près comme de loin leur attachement à l'armée de Haven et par là-même des contraintes que leur condition de militaire représentait. Les astreintes perpétuelles, les patrouilles, les intervention diverses dans les limites du royaume voir au-delà dans des contrées où tout leur était hostile. Le tout au nom du Roi, et pour sa gloire et celle de ses sujets. Tant de sacrifices... Que ce bâtiment représentait si bien.

Et pourtant, ce n'était pas ce sentiment qui primait à l'instant précis où Kalaïd et sa compagnie franchirent les hautes portes de la Caserne. Bien au contraire, tout au long de leur voyage de retour ils avaient appelé de leurs vœux ses murs, ses créneaux et ses dortoirs... Loin d'être le symbole de leur abnégation envers la couronne, c'était à cet instant précis ce qui se rapprochait le plus du tant attendu retour dans leurs foyers respectifs auquel ils auraient bientôt tous droit.

Par conséquent, ce ne furent que des soupirs de soulagement et des rires qui retentirent alors qu'ils déposaient enfin leurs sacs sur la place d'armes, que les cavaliers mettaient pieds à terre et que les chariots s'arrêtaient tout autour.
Alertés par ces sons et par la rumeur qui se répandait comme une traînée de poudre entre les murs de l'enceinte militaire, ceux d'entre les soldats qui étaient rentrés avant vinrent les accueillir et prendre dans leurs bras les derniers à rentrer de cette guerre enfin terminée. Rapidement, ils se retrouvèrent plus du double de la compagnie à se masser sur la place d'arme, dans un vacarme assourdissant de claques dans le dos et de serrages de mains.

Et c'est un Kalaïd particulièrement souriant qui serra la main de ses sous-officiers, reconnaissant envers eux d'avoir su maintenir le moral des troupes pendant la durée de leur engagement au front, mais aussi d'avoir pu faire conserver aux hommes un semblant de tenue alors qu'ils parcouraient les routes du retour. L'arrivée ayant eu lieu de nuit et en toute discrétion, Kalaïd leur avait demandé de faire en sorte que leur traversée de Haven se fasse calmement et le plus silencieusement possible. Bien entendu les sons des pas des soldats et de ceux des chevaux sur les pavés de la cité n'avaient pas manqué d'attirer les habitants à leurs fenêtres, et rapidement il y avait eu des applaudissements et des hourra pour saluer leur passage. Mais dans l'ensemble tout le monde s'était très bien tenu, il n'y avait pas eu de débordement, les hommes avaient su faire appelle à leurs dernières réserves de patience pour éviter de s'éparpiller dans la ville comme une envolée de moineaux. Cette maîtrise de la troupe, Kalaïd le devait à la vigilance de ses sous-off, et il le savait fort bien...

Ce qu'il savait aussi c'est qu'il ne ferait plus rien de ses hommes après leur arrivée à la caserne. Aussi avait-il pris soin d'ordonner avant leur arrivée à Haven que les hommes seraient libres de leurs mouvements, uniquement à l'intérieur de la caserne toutefois, à compter du moment où tous se trouveraient, sur la place d'arme. Et c'était chose faite...

Petit à petit, la place d'arme se vida de ses occupants, et ne restèrent que les chariots et leur chargement qu'il était bien trop tard pour prendre en compte. Ils seraient débarrassés dès le lendemain à la première heure par l'ensemble de la compagnie, juste avant le rapport du matin qui les libérerait tous de leurs obligations à l'occasion d'une perm bien méritée.

Des chariots et... Kalaïd. Assis sur l'un d'entre eux, il s'était fait tout petit, observant attentivement les retrouvailles de ses hommes avec ces lieux et ceux de leurs camarades qui les gardaient en leur absence. Il les avait observé et n'avait rien dit, accoudé à une caisse, attendant patiemment que la nuit devienne aussi calme qu'elle l'était avant leur arrivée. Là, seul avec Elazur sous la voûte céleste zébrée d'une voie lactée majestueuse, il s'était allongé sur la bâche du chariot et avait simplement observé les étoiles, entendant ça et là les apaisant rires de ses camardes de bataille. Sans que ça paraisse, se poser simplement pour admirer la beauté d'un lieux, d'un paysage, ou du ciel de jour ou de nuit, était un luxe particulièrement inaccessible sur le front. La vie normale... C'était ça le plus grand luxe du soldat finalement. Pouvoir agir normalement, évoluer normalement au sein de la société, et au sein de sa famille...

Ô comme elle lui manquait... Comme elleS lui manquaient... Ils avaient tous laissé tellement de choses derrière eux en partant au combat. Pouvoir enfin retrouver ses dames, les serrer contre son cœur qui se languissait terriblement d'elles...
Assez curieusement, il n'avait pas vu Amalia depuis plus longtemps qu'il n'avait vu Thalyana, mais c'était pourtant bien pour cette dernière que le manque était de très loin (trop loin ?) supérieur. Et c'était là un sentiment étrange, qui pouvait faire naître parfois un certain sentiment de culpabilité. La force du Lien était décidément une chose bien difficile à saisir...

Kalaïd pris brutalement conscience que quelque chose lui rentrait dans les cotes...
Une botte de carottes... Il s'était posé sur le chariot du popotier...

- Ah bah tiens, si c'est pas ton jour de chance à toi aussi..., s'exclama-t-il en jetant une carotte à son compagnon de toujours...

Fitz:
Il avait attendu. L'avantage de ne pas être parti à la guerre, c'est qu'on était là pour accueillir les survivants, et parmi les compagnies parties au combat celle de Kalaïd était de celle que Fitz ne voulait surtout pas manquer. Et il était là. Enfin là… Dans l'ombre, dans un coin, caché derrière l'arbre où il se posait régulièrement, le conctat rassurant de l'écorce contre son dos il écoutait le brouhaha familier d'une compagnie qui rentrait enfin. Le bruit était moins imposant que ce à quoi il s'attendait. Une seule explication:

Il manquait des hommes.

Trop surement au goût de Kalaïd. Mais avait-on le choix ?

Sa hache posée contre l'arbre, les bras croisés sur le torse il attendait. Fondamentalement Fitz était là pour voir combien étaient revenus, il ne tenait pas à être vu, et encore moins à les accueillir. Qui voudrait être accueilli par l'homme qui était absent ? Le frère d'arme qui n'a de frère que le nom ?

Le temps passé avec les Kal'enedral avait ca de bon. Il avait appris à être patient, à attendre dans l'ombre sans agir, sans bouger, simplement être là et écouter.  Et là il entendait la joie d'être rentré, le plaisir d'être de retour, d'être enfin à la maison auprès des siens. Il entendait nettement moins Kalaïd qui devait savourer l'instant présent.

La place se vida, ne laissant au loin que l'ombre d'Elazur. Fitz laissa passer encore quelques minutes, laissant à son ami le temps de se retrouver un peu, après tout, cela faisait un moment qu'il n'avait pas mis les pieds à Haven, et personne n'aimait se faire sauter dessus à la première occasion. C'est un peu comme si le matin on venait vous réveiller avec un seau d'eau. Ca ne se fait pas. Ou du moins pas tout le temps. De plus le capitaine voulait être certain qu'il n’interromprait aucune retrouvaille passionnée en se dévoilant. Il était déjà pas évident de se présenter comme ça, mais ca l'était encore plus en plein milieu d'une étreinte. Que ce soit avec la femme de Kalaïd ou avec Beltran (on sait jamais!). Quand il entendit la voix du capitaine il sortit de l'ombre.
 
"Navré je n'ai pas de carottes pour toi, mais je peux peut être compenser.  "

Il lança une outre de vin dans la direction de Kalaïd le sachant capable de réagir assez rapidement pour pas se la prendre en plein face. Puis récupérant sa hache qu'il balança sur son épaule il s'approcha du capitaine.

"Content de te retrouver en un seul morceau ! Le voyage de retour a du vous sembler durer une éternité!"

Kalaïd:
La nuit était devenue calme. Tranquille même. Car c'était bien des instants de tranquillité pure que Kalaïd goûtait là. Les premiers depuis... Depuis...

Difficile à dire en réalité. Et c'était bien là l'un des effets du front, l'alternance de fureur et d'attente interminable qui s'achève pourtant généralement en un trait de flèches fait perdre la notion du temps. On n'ose même plus l'envisager à vrai dire. Les marques défilent, les jours et les nuits se succèdent, et on ne pense finalement plus qu'à la survie. La sienne, celle de son voisin, celle de sa troupe... Quand enfin on trouve le temps de faire autre chose que survivre, on ne pense qu'à ceux qui sont loin de nous, ceux que l'on attend, ceux dont on espère qu'ils ont parfois une pensée pour nous... Il n'y a rien de pire pour un soldat loin de chez lui que de réaliser que ceux qui sont restés au pays ne pensent à lui qu'une fois de temps en temps lorsqu'ils n'ont plus rien à faire. Et c'est pourtant le cas...

Alors la tranquillité... Elle n'a finalement pas vraiment le temps de nous manquer. Nous ne nous rendons compte de son absence qu'au moment où nous y sommes de nouveau confronté. Et c'était là le cas. A tel point que c'en était enivrant, presque dérangeant... Désorientant. C'est peut-être pour cela d'ailleurs qu'il n'avait pas senti tout de suite l'inconfort de la position dans laquelle il se trouvait avec cette botte de carotte. Heureusement qu'Elazur était là pour le soulager de ces maux !

Alors qu'il regardait son camarade faire disparaître les racines entre ses longues dents avides, une voix s'éleva dans l'obscurité. Le premier réflexe du Lieutenant fut sa main glissant vers sa dague, avant même d'avoir reconnu son interlocuteur et assimilé ce qu'il lui disait. Il y aurait des réflexes à tordre dans les semaines à venir, des fantômes à chasser...

- Tiens donc ! s'exclama Kalaïd en se redressant rapidement.

...juste à temps pour saisir une outre sauvage en plein vol...

- Mais oui, mes yeux ne m'abusent pas, c'est bien le Capitaine Fitz ! constata-t-il, un franc sourire naissant sur son visage. Et entier de surcroît !

Il avait vécu avec ses hommes en permanence pendant toute sa période au front, se retrouver seul avec Elazur était vraiment quelque chose de particulier... Ce n'était pas un sentiment de bonheur ni de sérénité qu'il ressentait, c'était plus une sensation de vide en quelque sorte... Alors à demi noyé dans toute cette tranquillité gênante qui finalement ne rimait pas encore réellement avec plaisir mais plus avec malaise, Kalaïd était particulièrement reconnaissant à son Capitaine de camarade d'être venu le sortir de ce mauvais pas.

Descendant de chariot, il déboucha prudemment son nouveau cadeau bien plein. Portant le goulot à sa bouche il en avala une rasade tout en se dirigeant vers son acolyte, auquel il offrit une franche poignée de main.

- C'est une joie de te voir mon ami ! Une double joie même devrais-je dire... ajouta-t-il en brandissant l'outre.

Et c'était vrai, le Lieutenant était particulièrement en joie de retrouver son compagnon d'armes. Ces derniers temps n'avaient été marqués que par les ténèbres grandissantes et une lutte complexe contre leurs forces. C'était là des épreuves qu'il eut été plus simple de traverser avec des gens que l'on connaît bien, dont on sait pouvoir être sûr. Des gens comme Fitz. Seulement voilà le destin avait choisi de faire suivre momentanément des voies différentes aux deux guerriers. Et isolé sur le front Kalaïd ne savait presque rien de ce qu'avait connu son ami pendant tout ce temps. Ils auraient beaucoup à se dire...

- Oui j'ai eu de la chance c'est vrai, reconnut l'officier en se regardant comme pour vérifier que c'était toujours bien le cas. Je n'ai eu que mon lot de cicatrices mais rien d'extraordinaire disons. Si j'avais été moins chanceux je serai sans doute étendu sous l'une de ces bâches... ironisa-t-il.

L'espace d'un instant une ombre passa dans son regard. Ce disant il venait d'avoir une pensée pour les vrais héros, ceux qui étaient restés là-bas, dans un fossé ou au pied d'une muraille... Ceux-là avaient eu moins de chance...

- …Oui, le voyage a semblé bien long, se reprit-il rapidement. Je savais que nous étions loin de chez nous, mais j'avais oublié à quel point depuis la dernière perm... C'est sans doute le signe que je n'en ai pas eu assez, plaisanta-t-il avec un sourire en coin. Une chose curieuse à ce propos à laquelle j'ai souvent pensé pendant de longs voyages, c'est qu'ils semblent plus interminables à chaque pas qui nous rapproche de notre objectif. Alors même que nous n'en avons jamais été aussi proche précisément...

Kalaïd se dit soudainement que c'était une considération peut-être un peu trop philosophique pour l'heure et jetant un regard suspicieux à l'outre, se mit à penser que son contenu en était peut-être en partie responsable.

- Ah oui, heu... Il faut que je t'apprenne une bien triste nouvelle : si tu étais venu pour la botte de carottes, désolé mais Elazur a tout mangé..., prévint-il en pointant le fautif du doigt. Alors dis-moi : comment t'en es-tu sortie de ton côté ?

Fitz:
Ce qu'il vit passer dans le regard de son ami, Fitz ne le connaissait que trop bien. Cette pensée qui reste pour les hommes partis trop tôt . Ce rappel insidieux qu'on aurait pu, non du, faire quelque chose pour eux. Cette idée tenace qu'on a laissé des hommes derrière, beaucoup trop comme toujours. 

Il ne s'étendit pas sur la question. Il était un soldat, et comme tout bon soldat, il savait à quel moment les mots n'étaient finalement que du vent. Et à cet instant précis ils auraient semblé être une brise perdu dans un ouragan que lui comme Kalaïd ne pouvaient contrôler. On avait fait ce qu'on fait toujours: limiter la casse et réparer les dégâts.

" Je me doutais bien qu'il faudrait bien plus qu'une armée pour te botter le derrière ! Et puis si il t'était arrivé quelque chose je serai moi-même venu te chercher pour te montrer ce que c'est d'abandonner son poste quand on a encore besoin de toi ici ! " et il n'aurait surement pas été le seul "Et j'ai aussi eu cette impression que quelqu'un s'amusait à rallonger le chemin à chaque fois qu'on fait un pas pour rentrer. Ce qui est encore plus étrange ? C'est qu'une fois dans les bras de sa femme, ou avec une bonne choppe avec des amis, le temps cette fois-ci parait bien trop court ! Surtout durant les perms!"

A croire que tout est relatif pensait le Soldat. Il sourit à son ami lorsqu'il lui annonça que les carottes étaient cuites. Ou plutôt mangées dans ce cas précis. Mais cependant il n'arriva pas à exprimer un sourire aussi joyeux qu'il l'espérait car la question suivante l'amenait exactement là où il le redoutait.

"Ne t'en fais pas pour les carottes, et puis je ne me battrai pas avec Elazur pour en avoir, il serait ridicule de parler du capitaine qui s'est fait battre par un cheval." Son regard était perdu un peu plus loin, dans le noir "Quant à moi je… je…"

Se mains se serrèrent autour du manche de sa hache qui avait rejoint le sol, à en rendre ses articulations blanches.

"Ils m'ont envoyé loin des combats Kalaïd… Je suis… J'aurai dû être avec vous, j'aurai du vous aider, te soutenir… Mais non… Etre élu tout le tointoin divin… On m'a envoyé apprendre avec les Kal'enedral."

Son regard se porta sur les chariots qui avaient accompagnés Kalaïd sur son chemin de retour. Bien moins qu'il n'y en avait au départ. Bien moins d'hommes aussi.

"J'ai pas dégainé mon arme de toute la guerre Kal ! Tu te rends compte de ça ? J'ai laissé mes hommes, mes responsabilités, mes amis pour… Pour les plaines de Dorisha et la douceur de la couche de ma femme… Je suis navré…"

Des mois qu'il était tourmenté à l'idée d'avoir laissé partir les troupes sans rien avoir pu faire, il fallait que cela sorte, et Kalaïd était le mieux placé pour l'entendre.

"Et tout cela pour quoi ? Apprendre que tout était fini ? Qu'on avait plus entendu parler de qui que ce soit menaçant le royaume ? Tout ça pour une déesse qui ne pointe même plus le bout de son auréole ?"

Kalaïd:
...Et c’était vrai qu’à bien y réfléchir le temps était particulièrement relatif. Probablement une histoire de référentiel. Il y avait sans doute quelques questions à se poser sur le sujet et quelques vérités scientifiques à découvrir, mais Kalaïd n’était pas non plus du genre à s’ébouriffer les cheveux et à tirer la langue sur les portraits qu’on aurait eu envie de faire de lui…

Aïe… Son ami avait visiblement mal vécu les choix d’affectation. Kalaïd ne savait auparavant absolument rien de ce qu’avait fait Fitz pendant tout le temps que lui et ses gars avaient passé au front. Et il est vrai qu’il ne l’avait pas imaginé ailleurs qu’au contact des lignes ennemies. La révélation que lui faisait là Fitz laissa son interlocuteur sans voie. Comment avait-on pu prendre une telle décision ? Dans quel intérêt ? Cela ne risquait-il pas de saper l’autorité du Capitaine si les gars savaient ça ? Est-ce qu’ils ne le savaient pas déjà ? Et si eux le savaient, pourquoi lui n’était pas au courant ?


-… Les "Cannelles-à-Quoi" ? buta Kalaïd. C’est qui ça ? Connais pas… Ah si c’est pas les mecs qui sont fans de la déesse là ? La version guerrière de la déesse ? Ou un truc comme ça ?… C’est pas ça nan ?..., hésita le guerrier.

Honnêtement, il ne savait pas trop ce qu’étaient les… Les « machins » là, et du coup pas non plus ce qu’avait fait Fitz en leur compagnie. Mais visiblement ça posait un souci à son compagnon d’armes et rien que ça suffisait à inquiéter Kalaïd.

- Écoutes, dit Kalaïd en saisissant son camarade par l’épaule, du calme Fitz, tu n’as laissé tomber personne. Tu as fais ton devoir, tu as fais ce qu’on attendais de toi. Tu as exécuté les ordres. Ce n’était pas ceux que tu attendais, et je ne les comprends pas personnellement de nous avoir privé de l’excellent élément que tu es sur le terrain. On aurait eu besoin de toi sans aucun doute, on a eu besoin de temps pour tout te dire… On est passé par des moments durs et franchement compliqués, ta hache et le bras qui la sert auraient été bien utiles… Mais ce n’est pas ce qu’on t’a demandé de faire. On t’as envoyé voir les… "Canada-Dry" là... Et tu l’as fais. C’est ce qu’il fallait, ils n’en attendaient pas moins de toi, c’est une grande preuve d’abnégation, et quoi que tu aies appris là-bas, je suis sûr que ça te seras utile un jour… Et ta revanche face à nos adversaires n’en pourra être alors que plus grande…

Kalaïd voyait que son ami était mal d’avoir vécu cette guerre de cette façon. D’autant plus qu’il avait comme lui fait partie du détachement ayant préparé le front, puis l’entraînement des troupes qu’ils avaient mis au point ensemble. Il savait très bien à quoi ils allaient être confrontés une fois face à l’ennemi. Se voir privé de la possibilité de peser dans cette guerre, Kalaïd imaginait très bien quel effet cela pouvait faire à son ami.

- Ne blasphème pas camarade…, dit-il doucement. Les dieux sont partout et tout le temps…

Curieusement Kalaïd ne se serait jamais vu dire ce genre de choses, mais il ressentait à l’instant même la force du Lien qui l’unissait par la force de ces mêmes Dieux à sa moitié d’âme restée loin de lui. En se concentrant un peu il était sûr qu’il aurait pu se tourner dans la direction où elle était, marché droit devant lui et trouver ses bras… Alors même si la magie le répugnait et qu’il n’aimait pas tout ce qui n’était pas tangible, il devait bien reconnaître qu’il avait appris à reconnaître l’existence et la toute puissance de certaines forces en ce monde. Des forces omniprésentes…

-… Je ne sais pas, nuança-t-il, je n’ai pas encore pu lire les rapports, je ne connais presque rien de la situation en dehors du fait que les affrontements sont finis sur le front. Pour moi ça ne veut pas dire que tout est fini. J’ai vu la détermination et la sournoiserie de nos adversaires, ma vigilance ne va pas brutalement retomber sous prétexte que des aristocrates qui se pensent stratèges nous rappellent à la maison... Les Dieux ont plus d’un tour dans leur sac, et je pense qu’il faut rester méfiants tout de même… M’est avis que tes capacités pourraient tout de même nous servir un de ces quatre, on ne sait jamais…

Kalaïd ne savait pas si c’était vrai, étant donné qu’il ne connaissait pas la portée de l’apprentissage qu’avait connu Fitz auprès des… "Quelle-année-d’ail". Mais il valait mieux rester prudents quoi qu’il advienne, et cela permettrait à son ami de ne pas s’imaginer que son temps avait été dilapidé en vain...

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