Palais - Collegia > Caserne
Demande administrative ~ Beltran
Jehanne:
1ère Décade de l'été
Bien sanglée dans son uniforme de lieutenant de la Garde, Jehanne se dirige de son pas alerte vers le bureau de son supérieur. Elle a évité autant que possible le palais et ses alentours. Mais il lui faut faire face à ses responsabilités. Les rumeurs prétendants que la jeune femme avait séduit le cousin de Beltran pour obtenir avantages ou avancement s'éteignent peu à peu. La Cour ayant bien plus croustillant à se mettre sous la dent que les frasques d'une garde et d'un Héraut presque tout le temps absent, fut-il noble.
Elle avait envoyé un rapport à Beltran sur la présence d'un mage noir dans les bas quartiers dont elle a la charge. Mage bien heureusement neutralisé avec l'aide de Sourcedésert. Mais cela lui a permis de pointer du doigt une déficience majeure. Une déficience dans son travail. Et celui-ci lui tient à cœur.
Trois coups secs à la porte avant l'invitation à entrer. La jeune femme entre avec un grand sourire. Ce qui change de sa colère de la dernière fois. Non pas contre Beltran mais contre les imbéciles - Fleur de Trevale - ayant lancé la vilaine rumeur plus haut. Son sourire et sa décontraction actuelle sont bien plus dans ses manières habituelles.
"Bonjour Commandant ! Comment allez-vous ? Avez-vous quelques minutes. Je souhaites faire une demande d'intégration dans mon équipe. En clair, suite à l'incursion d'un mage noir sur mes terres, je veux la présence d'un mage dans mes rangs."
Jehanne ne veut pas de refus et c'est bien pourquoi elle est présente dans ce bureau. Les mages sont rares. Dans l'armée ils sont précieux. Mais elle sait être opiniâtre.
Beltran:
Beltran entendit les trois coups secs à sa porte, et à peine eut-il le temps de répondre "entrez", voilà déjà qu'une figure familière et souriante se frayait un chemin vers le bureau du Capitaine.
"je vais, je vais...." répondit Beltran en évitant du regard la pile de documents qu'il avait encore à gérer.
"Que puis je faire pour toi?" voulut-il dire ensuite, mais Jehanne l'avait devancé. Alors Beltran l'écouta jusqu'au bout.
"Un mage... voilà une denrée bien rare ces derniers temps, tu le sais... je ne vois pas qui pourrait lâcher son poste pour venir te soutenir. Si j'arrive à trouver quelqu'un, ce ne sera pas un Adepte, tu le comprends bien j'espère."
Beltran écarta d'une main le document qu'il était en train de lire avant l'arrivée de l'officier.
"Je vais essayer de te trouver mieux qu'un Apprenti mais je ne peux pas te promettre que ce soit rapide et efficace, surtout en ce moment..."
Le capitaine fit signe à sa subordonnée de s'asseoir.
"Aurais-tu déjà quelqu'un à me proposer?"
Jehanne:
Jehanne n'a même pas un pincement au cœur en voyant la pile de dossier sur le bureau de son commandant. Aucune culpabilité parce qu'elle va très certainement y poser un autre dossier. Après tout c'était son boulot. Et voir plus de paperasseries ici que dans son propre bureau lui tirait un petit sourire carnassier et satisfait. Intérieur ce sourire là bien évidement. Au moins quand elle était sergent elle faisait les rapports, elle avait pas à les lire. La rançon de l'élévation sociale et militaire.
La jeune femme s'assoit à l'invitation de son supérieur. Elle prend le temps de d'ajuster une mèche de ses cheveux cours derrière son oreille avant de répondre avec calme.
« A vrai dire, comme vous le dites il n’est pas facile de trouver qui serait susceptible d’être détaché dans mon secteur. Surtout dans mon secteur pourri. - Jehanne sourit avec tendresse pour son dit secteur pourri. - La porte de l'Exil n'est pas le poste le plus convoité, ni le plus prestigieux. Ce que faisant convaincre un mage confirmé de s'y aventurer plus que quelques heures ou jours pourrait être ardu. Aussi, monsieur, j'aurais deux personnes à vous soumettre. Deux jeunes mages venant tout juste de passer compagnon. J’aimerais les rencontrer et voir s’ils pourraient être intéressés par un engagement au sein de ma brigade. En parallèles de leurs études de magie. Je m’engage à les former militairement et sur mon territoire et si cela ne leur convient pas… - Elle hausse les épaules – Qui ne tente rien n’a rien. Et si j’arrive à n’en convaincre ou en garder qu’un seul des deux quelques mois j’aurais gagné un mage quelques mois. Un avantage non négligeable contre ces foutus mages de sang qui s’attaquent à mes enfants ou à mes filles ! Qui sait certains aiment bien travailler avec nous au final. »
Jehanne parlait par analogie. Enfants de la rue et putains ne lui appartenaient pas mais elle se surprenait souvent à ressentir ce sentiment de possession un peu bizarre. Comme avec ses hommes d’ailleurs même si elle montrait rarement cette facette d’elle-même.
Beltran:
Beltran laissa sa subordonnée s'asseoir et lui expliquer la situation. Il retint une grimace quand Jehanne lui proposa non pas un, mais deux Mages pour l'aider à la porte de l'Exil. Selon Beltran, les Mages intervenaient pour mettre le foutoir, se battre en duel et draguer la donzelle. Pas vraiment ce dont un Commandant avait besoin, mais il devait admettre que parfois ils avaient leur utilité. Or, Jehanne semblait persuadée que c'était le cas. Et elle prenait leur "éducation" en main. Beltran frissonna à la mention des mages de sang. Il n'en fallait pas plus pour le convaincre: sa propre fille avait subi les sevices d'une mage noire et elle n'en était toujours pas remise!
Beltran ne répondit pas tout de suite. Il lui semblait que Jehanne s'attachait un peu trop à son quartier, mais cela avait l'avantage de la faire respecter, aimer, protéger. Il retint alors sa remarque un peu sèche et finit par hocher la tête et par répondre.
"J'aimerai rencontrer tes recrues avant de donner mon accord. Je ne suis pas contre l'idée, mais je n'aime pas les mages - on se débrouille bien sans eux. Mais si la situation est telle que tu l'as décrite, je ne m'oppose pas à l'engagement de deux Compagnons si tu arrives à en trouver des stables. Tu as déjà une idée à ce que j'ai compris? Tu te sens capable d'éduquer militairement deux incapables heu débutants...?"
Jehanne:
Mon commandant semble prendre le temps de la réflexion. Ce qui est tout à fait normal après une telle demande. A moi aussi il m'avait fallu du temps pour en arriver à la conclusion que les mages avaient aussi leur place au sein d'une caserne, d'un guet. Et que l'on ne vienne pas me dire qu'ils sont rares et donc précieux. Les Hérauts aussi le sont et ils sont pourtant en première ligne. Et si j'éprouve une certaine appréhension en attendant la réponse de Beltran elle est tout à fait normale.
Ce n'est pas une acceptation pleine et entière qui sort de sa bouche mais au moins un début. Je ne fait que ciller en guise de contentement.
"Vous n'êtes pas le seul à ne pas les aimer. Mais les gens du commun comme moi sommes incapables de voir au delà des illusions créés justement pour nous duper. Et les Hérauts rattachés aux différentes postes et guets de la ville n'ont pas forcément les dons nécessaires non plus. Preuve en est le nid découvert par Sourcedésert en plein cœur de mon territoire alors même que notre héraut n'a rien soupçonné."
Jehanne prend un instant pour revoir sa stratégie. Et les deux candidats qu'elle avait choisit. Si l'expérience fonctionnait alors ce serait un grand pas pour Haven.
"Je vous ferrais rencontrer ces deux mages s'ils se montrent d'accord pour intégrer nos rangs. - Son sourire se fait presque carnassier. - Les mages ne sont pas incapables de discipline. Il leur en faut forcément pour maîtriser les forces qu'ils utilisent. Alors, même s'ils ne sortent pas directement du giron d'un sergent instructeur, j'ai assez de bouteille pour leur faire biberonner le lait de l'armée. Espérons seulement qu'ils l'aiment. Et si ça fonctionne on pourra même envisager une pouponnière. Mais là je m'emballe. Navrée commandant."
Dit-elle l'air aussi bien peu navrée en vérité. Jehanne avait vu passé assez de troufions tout juste sorti de formation pour ne pas avoir peur de se coltiner deux jeunes recrues, fusse t'elles un peu spéciales. Et aujourd'hui elle savait que son équipe comportaient un noyau dur qui la seconderait efficacement. Ne pas travailler seule était une base qu'elle appliquait avec... application.
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