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Messages - PNJ

Pages: [1] 2 3
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Caserne / Re : Boys Club
« le: 30 août 2020, 15:28:05 »

Héraut Matt

Le quiproquo entre Matt et Raimon fut vite balayé mais n'en restait pas moins amusant, et Matt éclata de rire.

"Dieux, tu m'a fait tellement peur Raimon ! Je dit pas qu'elle est pas jolie, ce serait mentir, mais non, elle est très... trop... Elle te dévorerait tout cru !"

Non pas que l'idée de se faire dévorer par une jolie femme fut dérangeante, mais la vérité, c'est que Méra lui faisait un peu peur. Quand elle était là, elle occupait tout l'espace. Il l'avait vu combattre, et il n'était pas sûr que sa force fasse la différence. Jusque-là, il avait toujours réussi à pas se retrouver face à elle en entraînement, et profitait des leçons de Jarhindel. Pourvu que ça dure.

"Tu parles de fougue au combat, et comme tu était à ses côtés pendant la bataille de Haven, je me suis dit... J'avais oublié Enora. Attend... Enora ? La flèche ? Aussi blanche que son Compagnon ?"

Il la connaissait mal, la jeune femme étant tout son opposé. Bien élevé, de bonne famille, manière implacables, posée. Elle n'était qu'une Soeur de cercle à ses yeux. Pourtant:

"Je reconnais qu'elle est jolie, dans le genre poupée. C'est cette différence entre son aspect et son attitude sur un champ de bataille qui t'émoustille? Ce qu'elle cache derrière son visage lisse ?"


Il ponctua sa remarque d'un sourire coquin qui laissait bien comprendre à quoi il pensait.

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Caserne / Re : Boys Club
« le: 29 août 2020, 21:43:41 »

Héraut Matt

"Ce serait pas mon genre..."


Il ponctua sa réponse d'un sourire enjôleur, très fier de son demi-mensonge.
Son corps, il le devait en partie à ses entraînements régulier et il en était fier. Et depuis peu, pas avare de le montrer. C'était pourtant un grand timide, mais il essayait de gagner en confiance, et cette méthode avait le net avantage de lui faire... voir du pays.
Il lança un regard charmeur aux filles qui le regardaient, sans toutefois s'y attarder. D'une, aucune n'était son genre - en avait-il seulement un? se moqua son Compagnon - de deux Raimon voulait parler. C'était plus important que faire le coq. 
Et la nouvelle était de taille !

"Le béguin? Carrément ?"

Le mariage du Héraut du Maréchal avec Isabeau avait toujours laissé Matt perplexe. Son ami lui avait expliqué sa vision des choses, sa famille, son Nom, les alliances à faire, et Matt n'avait pas cherché à le contredire. Il avait l'air sûr de son choix, et puis, ça donnerait une belle fête !  Mais se marier sans amour, bizarre...
Cela dit, il ne se souvenait pas d'avoir vu Raimon vraiment amoureux un jour.

"Attend, tu viens me dire ça ici? Tu sais qu'on est sur les terres de l'homme à qui appartient cette femme non?"


Oui, Matt pouvait se montrer extrêmement macho. Dieu sait pourtant qu'il avait eu des modèles féminins dans sa vie. 

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Caserne / Re : Boys Club
« le: 29 août 2020, 19:19:13 »

Héraut Matt

Mat savourait le calme retrouvé à Haven pour s'entraîner. Comme il n'avait aucun Don particuliers, il prenait soin de s'entretenir. Pas besoin de quoique ce soit de magique pour mettre de retentissantes droites musclées dans la tête d'un ennemi, par exemple, ou le passer au fil de son épée.

Le haut de son uniforme, trempé de sueur, traînait quelque part dans la poussière. Il avait le cuir épais et n'avait pas peur de tomber malade à cause de la température.

La voix de son meilleur ami le tira de son concentration martiale, et il lui fit un grand sourire amical.

"Raimon ! Tu sais que je suis toujours  à ta disposition."


Il lui indiqua un banc, et s'en alla chercher le matériel pour nettoyer et entretenir son arme. Avant de venir s’asseoir, il attrapa un sceau d'eau froide et le renversa sur sa tête avant de s'ébrouer. Ses cheveux long gouttèrent sur son torse couvert de poussière et l'eau y traça des rigoles plus claires avant de finir dans ses chausses. Il rattacha correctement ses cheveux long et s'installa sur le banc, son épée sur ses genoux, prêt à écouter son ami.

"Tu m'as l'air troublé. Tout va bien chez toi ?"

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Collegium des Mages / Re : [Jerem/Sou] Espio...mage
« le: 22 août 2020, 19:47:38 »

PNJ: Mage Adrien

"Je connais un jeune Mage. Andod. Pour le reste, je vais bientôt voyager, je ferai probablement de rencontres intéressantes. C'est même le but du voyage."

Adrien le dissimule, mais la réponse véhémente de la jeune Page l'amuse, et l'attendrit aussi un peu, lui qui se montre habituellement peu sensible aux états d'âmes, ceux d'autrui comme les siens.

"Tu sembles bien chapitrée sur ce que l'on attend d'un fille de ton âge. Qui t"a présenté ça ainsi ? Qui donc essaye de te convaincre que tu n'es plus celle que tu as été toute ta courte vie, que tu devrais y renoncer ? L’individualité, c'est une richesse."

Adrien espère qu'elle comprend. Il a longtemps souffert de ne pas rentrer dans le rang, même dans un Collegium rassemblant tant de personnes dissemblables.

"Loin de moi l'idée de te faire croire que le mal n'existe pas dans nos rangs. Je sais très bien jusqu'à quelles extrémités peuvent aller... certains des miens, par goût du pouvoir, ou simple machiavélisme. Je ne suis pas naïf non plus. Je te dis juste que le Collegium est sencé instaurer des gardes fou contre ces tentations, mais il n'est pas omnipotent. Si ton passe-temps est de traquer la méchanceté et la cruauté, je te conseille le Palais comme terrain de chasse, même si je pense que je ne t'apprends rien vu ton travail."

Il constate avec amusement le réaction vive de Jeremahiam face au conseil de Sou. Elle est peut-être tristement lucide sur les cruautés de la vie, elle reste une gamine avec une bouille d'ange en train de partager sa sagesse de rue avec un Prince. Qui a du avoir sa part de complot vu son titre.

Il se lève d'un geste souple et déplie son grand corps maigre.

"En attendant, ce n'est pas le mal qui me ronge de l’intérieur, mais la faim, je vais donc devoir vous laisser. Prince Jeremahiam, ce fut un plaisir de vous rencontrer, et si vous avez d'autres question à l'avenir, venez me voir directement, ce sera sans doute plus efficace que l’espionnage."

Il se montre volontairement quelque peu flagorneur. Il donne peut-être de grandes leçons d'éthique, il ne reste pas moins parfaitement conscient qu'en tant que Mage, avoir ses entrées dans une cour Étrangère est une belle opportunité.

"Quant à toi, Sou, je suis heureux de t'avoir rencontré aussi. Tu es différente des gamines de ton âge, N'essaye pas de changer."

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Collegium des Mages / Re : [Jerem/Sou] Espio...mage
« le: 25 juin 2020, 22:00:09 »

PNJ: Mage Adrien

Le jeune Prince est peut-être méfiant, mais il s'assoit sans trop se faire prier. La gamine, en revanche, refuse de baisser trop la garde.
Adrien retient un soupir. Il n'est pas la personne la plus douée avec les enfants...
Jeremahiam se montre un peu vif quand le mage évoque le Don de la Terre. Orgueil national, secret d'état ou autre chose ? Difficile de le savoir pour le moment. Il le respecte. Lui non plus ne va pas révéler ce qu'il sait faire. Mais cela vaut quand même la peine de creuser.

"Oh je pense que ce Don a du être un peu répandu ici depuis trois générations."

En tout cas, lui a toujours pensé que c'était pour cette raison qu'il possédait son propre Don. Son arrière-arrière grand père était Rethwellan, arrivé dans le pays dans la suite du Prince Daren. Sa capacité à sentir les nodes et savoir qui s'en nourrit lui semble venir d'une dilution de ce Don. Enfin, c'est une hypothèse. Dont il aimerait discuter avec un Rethwellan, et la famille royale de ce pays possède notoirement le Don de la terre. Le Prince Jeremahiam est donc une rencontre intéressante.

"Les frontières ne sont que des lignes sur une carte pour moi. Je crois qu'il y a du bon à apprendre de partout, et je suis un esprit plutôt ouvert. Si vous êtes curieux, je pense que vous pouvez comprendre."

L'histoire de Sou semble plus complexe que celle d'un Prince qui cherche à protéger de faux secrets d'état. Il a vu juste. Cette enfant - car elle n'est encore qu'une enfant - a vu des choses sordides. Cependant, ce n'est pas une raison valable, à ses yeux, pour trop la ménager. Il croise les bras et l'observe avant de répondre, un léger sourire aux lèvres:

"Ne t'es-tu jamais dit que si tu ne voulais pas que je t'entende, il  fallait juste êtes plus discrète encore ? Ce n'est pas à moi de m’aligner à tes désirs. Et je pense que c'est une leçon qu'on a du t'apprendre."

Sa réponse semble un peu rude, même à ses propres oreilles. Mais elle a du entendre, voir, et subir bien pire que sa leçon de vie.

"Tu sembles impressionnée mais je peux t'assurer que je ne suis pas un mage très puissant. Quant à mettre mon Don au service de personnes qui s'en serviraient pour des... vilaines affaires comme tu dis, je suis protégé par une chose qu'on nous enseigne ici. L'éthique."

Adrien passe une main sur sa nuque un peu douloureuse et la fait craquer d'un mouvement sec.

"Tu es Page ici maintenant, c'est quelque chose qu'on t'apprendra. Valdemar n'est pas parfait, mais en terme de formation des jeunes esprits, je crois que le pays se débrouille plutôt bien."

La gamine doit avoir, entre les murs d'un des Collegium ou du Palais, un protecteur. On ne sort des gosses des bas quartiers que pour les protéger en général, surtout en leur proposant un poste de Page.

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Collegium des Mages / Re : [Jerem/Sou] Espio...mage
« le: 15 juin 2020, 18:05:09 »

PNJ: Mage Adrien

L'attitude et la réponse de la gamine couplées au comportement un peu grotesque du jeune prince provoqua chez Adrien quelque chose qui ne lui arrivait pas si souvent. L’hilarité.
Il éclata franchement de rire, un rire grave et profond.

"Dangereux, moi ? Ce serait une première !"

Adrien n'était pas un Mage destiné à devenir très puissant. Compagnon, il le resterai à priori toute sa vie, et même si cela lui avait pris quelques années à l'accepter, il le vivait à présent assez bien. De fait, s'il ne faisait pas peur, il n'impressionnait pas non plus, sauf ses pairs quand il s'agissait d'utiliser son Don. 
Son rire fut court, il ne voulait pas donner l'impression de se moquer.
Il étudia avec attention ses deux interlocuteurs. S'ils le voyaient tous deux d'un oeil inquiet, il y avait forcément une raison.  C'était ça qui le poussa à continuer:

"Jusqu'à preuve du contraire, ce n'est pas moi qui espionne les autres avec un air méfiant. S'il fallait choisir lequel serait le plus douteux de nous trois, ce ne serait pas moi. Je n'ai rien contre la curiosité..."

Il posa un regard perçant sur le jeune Prince, puis enfin sur la Page.

"En revanche, l'hostilité me dérange plus, surtout quand elle n'a pas lieu d'être. Jeune fille, vous m'avez tout l'air de confondre la caste et la personne, et je vous assure que vous avez devant vous probablement un des Mages les moins représentatifs de son Cercle !"

Il s'assit en tailleur à même le sol, les invitant à faire de même s'ils le souhaitaient.

"Sans vouloir faire de la psychologie de comptoir, je dirai que l'un comme l'autre n'avait pas eu de belles expériences avec la magie si vous l'abordez avec autant de crainte, voire... d'agressivité. Je ne suis pas au fait des mœurs des Mages de Rethwellan, et je le regrette, car j'adorerai m'y rendre et étudier ce que vous appeler le Don de la Terre"

Il fit un geste du menton vers Jeremahiam, puis se tourna vers Sou, et pesa ses mots avant de lui dire :

"Par contre, la Magie n'est pas censée servir à... faire du mal à Haven. Alors si tu as été témoin - ou victime - de quelque chose, sache que le Collegium ne tolère pas cela."

Il ne l'obligeait pas à parler, et puis, il pouvait tout à fait faire fausse route. Mais on nourrit rarement de tels préjugés si jeune sans aucune raison, du moins dans le cas de Sou.  Le Prince, lui, était assez grand pour qu'on lui ai fourré le crâne d'inepties.

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Collegium des Mages / Re : [Jerem/Sou] Espio...mage
« le: 01 juin 2020, 22:09:27 »

PNJ: Mage Adrien

Adrien finit par se retourner en répondant:

"Non, je n'ai pas d'yeux derrière la tête. La vue n'est pas le sens auquel je me fie le mieux."

Il pencha un peu la tête pour observer les deux jeunes gens, enfin surtout le garçon, puisque la jeune fille se cachait derrière lui. Elle avait manifestement peur, et ça, Adrien n'en avait pas l'habitude. Doté d'une silhouette maigrichonne, il n'était sauvé de l'insignifiance que par un visage expressif. Mais dans tous les cas, il n'était pas effrayant. A part dans le genre corbeau malingre, et encore... 
Pourtant, il n'y avait pas que la gamine qui était effrayée, mais aussi le jeune homme, malgré le mal qu'il se donnait à vouloir montrer le contraire.

"Mais tu n'as pas répondu à ma question, ni toi."

Il regarda Sou dans les yeux, essayant de ne montrer aucune agressivité.

"En tout cas inutile d'avoir peur. Je suis juste surpris de trouver des étrangers au Collegium dans les Jardins, plus encore à m'épier. Je doute que vous me connaissiez donc je me présente, Adrien. A qui ais-je l'honneur ?"

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Collegium des Mages / Re : [Jerem/Sou] Espio...mage
« le: 21 mai 2020, 20:00:21 »

PNJ: Mage Adrien

Adrien était venu ici chercher la solitude afin de se concentrer. C'était assez facile, tant le mage avait peu de lien, même avec ses consœurs et frères. Il connaissait des gens mortifiés d'être choisis en dernier lors de création de groupe quelconque.
Pas lui.
Et ce n'était pas par timidité, car timide, il ne l'était pas du tout. Il n'avait pas non plus sa langue dans sa poche.

"Je vous entend. L'un d'entre vous est certes assez discret, il faut le reconnaître, mais je l'entend aussi. Qu'est-ce que vous faites ici ?"

Il n'avait pas parlé fort. Sa voix grave portait naturellement. Il ne s'était pas retourné, il n'en avait pas besoin. Et cela lui permit de cacher le mince sourire qui naquit sur ses lèvres.

"En dehors d'essayer de faire voler des livres, bien sûr. Ou de les faire pousser dans les arbres"

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Haven / Re : Convenances (sans convens)
« le: 29 avril 2020, 21:08:04 »

À présent que le Commandant Beltran s’était éloigné, Ingrid se détendait. Elle n’avait pas noté les sous-entendus de sa voisine et était tout prête à excuser ses erreurs de valdemaran ou l’imperfection de ses manières par ses origines et sa gentillesse. Après tout, ce n’était pas de sa faute si elle n’avait pas reçu une éducation valdemaranne complète, et elle lui était reconnaissante d’avoir signifié à l’Héritier de Greenhaven que sa présence n’était pas bienvenue. Elle, elle n’aurait jamais su le faire.

Aussi, la blondinette ne se fit-elle pas prier pour répondre à Pluiechantante quand celle-ci détourna la conversation vers les Bardes. Elle ne pouvait qu’être d’accord avec la Kestra’chern quand elle disait que le premier avait l’air plus expérimenté et hocha la tête quand elle parla du deuxième.

« Spontanéité, oui. Il a l’air en tout cas. »

Après, savoir si c’était une réalité ou juste une impression était difficile. Ça restait un Barde, et elle n’était pas certaine que la spontanéité fasse vraiment partie de leurs traits de caractère. Du moins, pas dans leur métier.

Une fois que la ménestrelle fut passée demander leurs propositions pour le duel des deux Bardes, Pluiechantante s’excusa et Ingrid la salua d’un sourire et d’un « Bonne soirée » sincère – pour une fois, pourraient dire les mauvaises langues. Elle, assise sur son banc, n’avait pas l’intention d’en bouger. Elle aurait aimé pouvoir danser un peu, mais elle n’avait pas envie de se risquer dans la foule et de se voir invitée par un rustre, un ivrogne ou pire.

De sa place, elle continua donc à observer les évolutions des invités, avant d’écouter le duel des Bardes qui finit bien plus rapidement qu’il n’aurait dû. Dommage. Si elle ne savait pas trop quoi penser des deux concurrents, la prestation était intéressante et elle n’avait pas souvent l’occasion – pour ne pas dire jamais – d’assister à une telle démonstration de talent. Mais, puisqu’elle se terminait et que la soirée avançait, la blonde se décida à se lever. Elle n’avait toujours pas été saluer son cousin et sa femme et elle ne pouvait décemment pas quitter la fête sans l’avoir fait. Aussi traversa-t-elle la place jusqu’à Micha et sa femme, en essayant d’éviter au maximum les invités qui avaient l’air le plus aviné, avant qu’ils ne retournent danser.

« Bonsoir Micha, déclara-t-elle avant de sourire à la jeune femme qui l’accompagnait en attendant que son cousin la présente. C’est une très belle fête – pas question de dire qu’elle trouvait tout ça de très mauvais goût – et je vous souhaite plein de bonheur à tous les deux. »

Puis elle s’éloigna de nouveau du cœur de la place, pour attendre en périphérie la fin des festivités et que ses parents se décident à rentrer. À tous les coups, ils avaient réussi à obtenir encore quelques couronnes de l’Oncle Sertan et elle aurait droit à toutes leurs critiques sur la famille, la fête et les invités pendant le chemin du retour. Père et Mère étaient les premiers à défendre la branche artisane de la famille quand ils avaient besoin d’argent… et les premiers à la critiquer quand ils l’avaient obtenu…

[HJ : Fini pour moi sauf si il y a encore besoin.]

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Haven / Re : Convenances (sans convens)
« le: 21 avril 2020, 20:38:16 »

Ça pour être exotique, la robe de la jeune femme l’était. Mais pas « trop » aux yeux d’Ingrid, dont les compliments étaient sincères. Si elle avait dû commenter la robe de la femme aux cheveux blancs, en revanche, les « trop » auraient sans doute fusé. Mais elle n’allait certainement pas critiquer à haute voix la toilette criarde d’une personne qu’elle ne connaissait pas, surtout qu’elle ne connaissait pas non plus son interlocutrice. Du moins, jusqu’à ce qu’elle se présente et présente ladite personne comme sa compagne.

La cadette des de Girier n’eut cependant pas le temps d’investiguer ce que le terme « compagne » signifiait dans la bouche de la Kestra’chern qu’elles étaient interrompues par le Commandant des Armées. Choquée, désemparée, perdue, la blondinette oublia complètement ce qui lui posait question un peu plus tôt. Les fautes (éventuelles) de valdemaran de Pluiechantante n’étaient rien comparées au manque de manière de Beltran. On ne lui avait appris ni à rembarrer quelqu’un de si haut rang ni à gérer un homme ivre. Les hommes bien élevés ne devaient pas s’enivrer ! Surtout en public ! Heureusement la Kestra’chern semblait avoir compris le regard qu’elle lui avait lancé et elle répondit de façon plus catégorique qu’elle au Commandant.

Soulagée, tant par l’intervention de Pluiechantante que par l’abandon de Beltran, Ingrid loupa complètement la nouvelle formulation un peu étrange de son interlocutrice. Et aurait-elle eu l’esprit en mesure de noter que la mage était « la cavalière préférée » de l’étrangère, le remue-ménage et les discours des deux Bardes auraient de toute façon détourné son attention.

« Bonne soirée, Messire, » répondit-elle toutefois lorsque le Commandant pris congés.

Elle était polie et elle avait des manières, elle.

Mais elle était comme tout le monde, captivée par les paroles des deux Bardes. Le premier maniait l’art de la parole comme personne. Il était beau, il parlait bien, il mettait l’emphase où il fallait, ménageait des pauses captivantes et, si Ingrid ne comprenait pas la moitié des mots qu’il utilisait, elle était subjuguée et forcément d’accord avec lui. Lorsqu’il se tut enfin, elle fit comme la majorité des invités : elle applaudit. En revanche, elle ne put s’empêcher de hausser un sourcil à la proposition qui suivit. S’offrir comme Barde attitré de Micha et sa femme ? D’un couple d’artisans ? Riches, certes, mais artisans quand même. Et sans qu’ils aient rien demandé, en plus ? Ça sonnait louche, ça. La blondinette n’eut pas le temps de formuler consciemment la pensée que l’homme en voulait sans doute à l’argent de ses cousins – il ne serait pas le premier, après tout, il suffisait de voir ses parents… – que le deuxième Barde prenait la parole.

Instinctivement, la préférence d’Ingrid allait au premier. Il avait meilleure allure, plus de prestance, plus de… ce truc-là qui fait les Bardes. Mais le second n’était pas en reste tout de même. Et son attitude était moins celle d’un poseur… Et le commentaire de Pluiechantante lui fit remarquer que, effectivement, ses paroles sonnaient plus justes. En fait, elle était incapable de se rappeler vraiment les mots du premier. Aussi applaudit-elle également le second.

« Je ne sais pas, répondit-elle à la question de la Kestra’chern. Le premier parle bien, mais je ne suis pas sûre d’avoir tout compris. »

Elle ne dit rien de ses soupçons quant à sa vénalité. Surtout que le deuxième avait renchéri. Deux Bardes pour un ménage d’artisans ? Absurde.

« Le second semble plus sincère, oui. En tout cas, ses mots sont plus simples. Mais les Bardes sont censés utiliser des images, non ? »

Lorsque la ménestrelle s’avança dans la foule pour collecter les propositions de thèmes, Ingrid ne prit même pas le temps de réfléchir.Les méfaits de l’alcool s’échappa de ses lèvres avant même qu’elle ne le réalise.

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Haven / Re : Convenances (sans convens)
« le: 18 avril 2020, 16:42:34 »

Les paroles de la nouvelle venue étaient toutes empreintes d’exotisme. Le nom de l’Empire, la mention de l’ouest, l’évocation de la mer… Tant de choses dont Ingrid ne connaissait que ce qu’elle avait pu en lire ou en entendre parler – c’est-à-dire pas grand-chose. Néanmoins, elle ne put que hocher la tête quand la femme évoqua la difficulté de trouver les bons tissus ou les bons motifs pour réaliser une tenue de chez elle. Elle, elle n’avait jamais fait dans l’exotisme, évidemment, mais elle avait bien remarqué que certaines vieilles robes n’étaient pas faite de la même matière que celles à la mode. Et, parfois, ce n’était pas facile à adapter. Pourtant c’était des toilettes valdemaranes, même si elles dataient de plusieurs décennies… Alors avec un continent de distance, elle n’imaginait même pas le problème. Mais, bien sûr, elle se garda bien de dire tout ça. Pas question que l’étrangère – ou qui que ce soit à proximité – puisse faire des déductions.

« Je ne connais pas la mode de chez vous, je ne peux donc pas dire si elle est fidèle au modèle ou pas, mais c’est sûr que cette robe vous va très bien, » se contenta donc de répondre la blondinette.

Elle ne put s’empêcher de sourire lorsque la femme raconta qu’elle avait modifié une vieille robe pour la remettre au goût du jour et qu’elle avait trouvé ça amusant.

« J’imagine. »

Elle se mordit l’intérieur des joues pour se retenir de surenchérir. Amusant n’était certainement pas le terme qu’aurait utilisé Ingrid en premier, mais c’était vrai que ça l’était au fond. Elle aimait coudre et broder, les travaux d’aiguille la détendaient et l’occupaient tout en lui donnant l’impression d’être un peu utile. Mère n’avait pas l’intention de lui laisser mettre le nez dans la gestion autrement que pour regarder – dommage, elle aurait pu faire faire des économies au domaine, elle – et les journées à la maison pouvaient vite être longues quand on était désœuvrée. Et puis, voir son travail progresser de jour en jour, jusqu’au résultat final, c’était quand même très gratifiant.

Quand le sujet dévia vers son lien avec les mariés, Ingrid était un poil plus détendue. Mais elle ne put s’empêcher de hausser un sourcil quand la femme nomma sa profession. Kestra’chern ? Ça ne lui disait rien. Mais ça sonnait exotique aussi, comme son accent, comme sa robe, et c’était donc certainement un métier de là-bas loin à l’ouest. La blondinette hocha donc simplement la tête à l’explication qui suivit – masseuse et oreille attentive, ma foi, pourquoi pas – mais la vraie surprise vint après. La mage Sourcedésert, sa compagne ? C’était probablement une faute de valdemaran, n’est-ce pas ? Parce que toute autre explication était au mieux absurde au pire complètement scandaleuse.

Instinctivement, Ingrid chercha la femme aux cheveux blancs et à la robe criarde dans la foule, tandis que ses lèvres répondaient machinalement à la question. On lui avait appris les bonnes manières depuis sa naissance, elles lui étaient chevillées au corps. Et elles étaient bien utiles quand le reste de son cerveau se déconnectait.

« Non, pas encore. Je m’appelle Ingrid, Ingrid de Girier, » ajouta-t-elle puisque l’étrangère s’était présentée et que la moindre des politesses était de lui rendre la pareille.

Elle allait ouvrir la bouche pour demander plus de détails à la kestra’chern sur sa relation avec la mage – oui bon, ça ne se faisait pas, mais mais… soupçonner quelqu’un sans preuve non plus, n’est-ce pas ? – quand un homme de belle prestance se matérialisa soudain près d’elles. Et se présentait comme ça, de lui-même, de la plus cavalière des façons ! Avant de l’inviter à danser !

Incrédule, presque choquée, Ingrid dévisagea le nouveau venu en silence pendant au moins quelques secondes. Le nom de Beltran ne lui était évidemment pas inconnu – même si elle n’avait aucune idée de ses compétences de danseur – mais comment l’héritier de la grande famille de Greenhaven, a fortiori Commandant des armées, pouvait-il se comporter avec si peu de correction ?! Et voilà qu’il s’inclinait devant elle… et manquait de tomber ?! Ça ne présumait pas bien de ses capacités de danse. Et, lorsqu’il fit signe à un serveur de s’approcher, elle comprit. Il était ivre. Les lèvres de la blonde se pincèrent et elle refusa d’un signe de tête l’offre du serveur. Bien sûr, elle avait bu un verre un peu plus tôt, lorsqu’elle avait grignoté, mais s’enivrer, c’était… un manque total de savoir-vivre !

Malheureusement, ivre ou pas, le Commandant avait de la suite dans les idées et semblait vraiment tenir à l’inviter à danser. Et Ingrid n’avait clairement pas envie d’accepter. Plutôt rester assise sur son banc pendant encore des heures que de danser avec un tel homme. Mais c’était un Greenhaven. Et un homme important. Si elle lui refusait une danse, ça risquait de rejaillir sur sa famille, non ?

« Je suis loin d’être la meilleure des danseuses, Messire, » répondit-elle donc, pour se donner du temps, mais sachant qu’elle devrait accepter s’il insistait.

Sa réponse aurait pu passer pour une minauderie et elle tâcha d’y mettre le ton… mais le regard un peu perdu qu’elle jeta à Pluiechantante la trahissait sans doute.

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Haven / Re : Convenances (sans convens)
« le: 15 avril 2020, 00:06:51 »

L’avantage d’être assise un peu à l’écart à un mariage où elle ne connaissait personne – ou très peu de monde – c’était qu’elle ne risquait pas d’être importunée. Il n’y avait que les membres de sa famille qui pouvaient la présenter et ils étaient tous trop occupés pour ça : ses parents étaient sans doute en train de brosser l’Oncle Sertan dans le sens du poil pour lui soutirer quelques couronnes, Isa et Mina étaient… elle ne savait pas où mais loin d’elle et c’était bien, quant à Micha, il était un peu occupé. Juste un peu. L’inconvénient, évidemment, c’était que le temps passait relativement lentement et qu’elle ne pouvait pas danser. Mais bon. Mieux valait ne pas danser que d’avoir un mauvais cavalier. Et elle avait quand même plein de choses à observer – et à commenter en silence – c’était pas si mal.

D’ailleurs, dans les choses à observer, il y avait la femme à la robe exotique. Enfin les femmes aux robes exotiques, mais il y en avait une qui ne lui aurait pas manqué si elle avait quitté son champ de vision. Sérieusement, cette robe était une insulte au bon goût. Et… elles dansaient ensemble ? Ingrid haussa un sourcil surpris en voyant les deux étrangères évoluer ensemble sur la piste de danse. Bon, en même temps, elles étaient étrangères justement. Peut-être qu’elles ne connaissaient pas trop les coutumes de Valdemar. Ou juste qu’elles ne connaissaient pas de cavalier pour danser avec elles.

Avec un soupir – c’était quand même chouette de danser, quand on avait un bon partenaire – la blondinette reporta son regard sur le reste de la place. Tiens, le gros bonhomme qui se croyait important s’était enraciné près du buffet. Pas étonnant… et puis, elle n’osait pas imaginer ce qu’il donnerait sur la piste de danse. Et celle qui se prenait pour une élégante venait de trébucher dans les plis de sa robe. Mesquine, Ingrid ne se priva pas de se moquer intérieurement… surtout que la jeune femme avait été rattrapée par son voisin qui semblait prêt à se couper en quatre pour elle. C’était injuste, hein !

La blondinette se détourna donc du spectacle pendant que la première danse se terminait et laissa son regard errer sur la foule. Avant de voir l’étrangère à la robe élégante s’approcher. Bon, elle avait le droit, la place était à tout le monde, après tout… Enfin aux invités du mariage, du moins, puisque son oncle l’avait privatisée – sérieusement… enfin. Ingrid ne s’attendait toutefois pas à ce qu’elle lui adresse la parole. Elles ne se connaissaient pas. Mais l’accent de la femme soulignait ce qu’elle savait déjà : elle ne venait pas d’ici et les coutumes valdemaranes lui étaient sans doute inconnues. Aussi la benjamine des de Girier décida-t-elle de passer outre pour une fois. Et même de lui offrir un sourire poli – voire un peu plus sincère que juste poli. Ce n’était pas difficile, vus les compliments que l’inconnue faisaient sur sa robe.

« Je vous remercie. Je transmettrai vos compliments. »

Elle faillit ajouter que la broderie n’était pas si difficile une fois qu’on savait ce qu’on voulait faire, qu’il suffisait juste de patience et de précision, mais elle se retint à temps. Les jeunes filles nobles étaient censées savoir broder, mais elle ne voulait pas en dire trop. Elle ne pouvait décemment pas dire que c’était elle, la couturière, et elle ne voulait pas que la femme puisse faire le rapprochement. Mais c’était quand même agréable de voir que quelqu’un appréciait son travail.

« La vôtre est très belle aussi. D’où vient-elle ? »

Elle hocha simplement la tête à la question suivante.

« Oui. Micha, le marié, est mon cousin, répondit-elle, avant de hausser un sourcil surpris : Votre patiente ? Vous êtes Guérisseuse ? »

Elle ne portait pas de vert, mais personne ne portait d’uniforme aujourd’hui. Donc tout était possible.

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Haven / Re : Convenances (sans convens)
« le: 12 avril 2020, 20:25:34 »

Lucile de Girier était une parvenue. Elle portait le même nom de famille qu’elle, mais elle était née artisane et, tout dans ses manières le prouvait. Si Isabeau était insupportable, sa mère n’était pas en reste. Et vue l’affluence sur la place, le succès du mariage de son fils aîné, elle devait jubiler. Ce qui la rendait sans aucun doute d’autant plus imbuvable. À tous les coups, elle n’avait aucune conscience du mauvais goût de tout… de tout ça.

Pourtant, pour une fois, Ingrid aurait presque pu remercier les dieux, voire la Couleuse, même, pourquoi pas, pour avoir conduit sa tante non loin d’elle. Et surtout non loin d’Isabeau qui réalisa soudain que sa mère était en train d’importuner un des invités et s’éclipsa pour résoudre le problème. Parfaaaait. Le sourire poli que la blonde arborait se détendit imperceptiblement quand elle se retrouva face à la seule Irmingarde. Malgré tous les défauts et les manques dans sa parenté ou son éducation, la Héraut paraissait infiniment plus fréquentable qu’Isa. La preuve, elle ne lui imposait pas sa présence et s’esquivait elle aussi.

« À plus tard, » répondit simplement Ingrid à sa… cousine, tout en espérant que le plus tard en question serait vraiment très tard – genre un autre jour, par exemple.

De nouveau seule, la cadette des de Girier hésita une seconde. Elle avait envie de suivre son idée première, de s’éloigner du cœur de la fête et de se trouver un siège au calme pour attendre que le temps passe et, pourquoi pas, regarder – et critiquer et enregistrer – les toilettes des invités. Mais elle avait aussi envie de goûter aux petits fours. Elle était certaine que les cousins avaient mis le paquet et qu’ils devaient être excellents… bien plus que tout ce qu’elle pouvait manger chez elle. Mais ça voulait dire s’approcher du cœur de la foule. Mais sinon, elle n’aurait rien à manger avant la fin de la fête…

La blondinette finit par se décider pour une approche rapide du buffet. Elle n’avait pas l’intention de s’éterniser, de toute façon. Les jeunes filles comme il faut ne se goinfraient pas, hein. Elle tâcha donc de se faufiler parmi la foule, saluant au passage ceux qu’elle connaissait ou qui la saluaient en premier – aucun savoir-vivre, ces gens ; d’où on engageait la conversation à des inconnus sans être introduits convenablement par une connaissance commune ? – jusqu’au buffet où elle se permit de goûter quatre ou cinq mignardises et un verre de vin avant de retourner se poser un peu à l’écart.

~*~

Le temps passait et Ingrid aurait pu s’ennuyer si elle avait osé employer ce terme. Sauf que ça ne se faisait pas. Il était plus correct de dire qu’elle attendait simplement. Et puis, pour être honnête, de sa place, elle pouvait voir sans mal les différents invités se déplacer sur la place et ne se privait pour commenter silencieusement chacune des personnes qui passait dans son champ de vision. Celle-ci portait une robe si chargée que c’en était ridicule. Celle-là évoluait dans une tenue clairement démodée, de deux ou trois saisons, mais qui, au moins, mettait sa silhouette en valeur. Cette autre, encore, ne savait pas se tenir et jouait à l’élégante alors qu’elle n’avait ni le port de tête ni la démarche qui allait avec. Quant à ce vieux bonhomme, là-bas, il se croyait visiblement très important… alors qu’il ne l’était probablement pas puisque personne ne le regardait.

Et… wouah ! Enfin… Disons que la femme qu’elle venait de voir, elle, ne pouvait pas passer inaperçu. Sa robe n’était pas démodée… elle était juste différente. Très très différente. Et Ingrid était bien incapable de dire quelle en était l’origine ou l’époque. Mais elle lui allait comme un gant. Le tissu ocre semblait fluide, le voile assorti aux passements… C’était exotique mais incroyablement élégant. Et avec un tissu pareil il y aurait eu de quoi faire ! Et… et sa voisine, en revanche, n’avait rien de comparable. Sauf peut-être dans l’exotisme de la coupe mais c’était bien tout ce qu’on pouvait dire d’à peu près positif sur la tenue de la femme aux cheveux blancs. Ce dégradé de mauve au rouge était criard, presque vulgaire. Et les plis compliqués étaient du plus mauvais goût. On aurait dit qu’ils n’étaient là que pour montrer qu’elle pouvait se permettre de porter des kilomètres de tissus. Ils ne mettaient même pas en valeur celle qui les portait ! Alors qu’avec une telle quantité de matière première, même aux couleurs si vives, il y aurait eu moyen de faire quelque chose de beaucoup plus distingué !

Secouant la tête, dépitée par tant de mauvais goût, Ingrid reporta son attention sur le groupe de ménestrels qui commençaient à jouer de la musique à danser et sur son cousin qui devait donc ouvrir le bal avec sa femme. Il faudrait qu’elle se décide à se rapprocher aussi, à un moment, pour aller les féliciter. Mais pour le moment, elle était bien là. Elle n’avait pas envie de risquer de se faire inviter par un cavalier qui ne ferait que lui marcher sur les pieds. Au moins, la jeune mariée avait de la chance, elle : Micha, malgré tous les défauts qu’elle pouvait lui trouver, savait danser.

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Haven / Re : Convenances (sans convens)
« le: 04 avril 2020, 22:46:01 »

Ses parents s’étaient éloignés pour aller féliciter les jeunes mariés, mais Ingrid, elle, n’avait pas bougé. Pas encore. Son regard errait sur la place et la foule rassemblée, s’arrêta un instant sur l’orchestre de ménestrels – dont la musique ne lui parlait pas plus que ça – avant de se poser sur les tentes qui abritaient le buffet. Elle songea une seconde à aller goûter ce qui s’y trouvait, persuadée que ses cousins n’avaient pas regardé à la dépense – et que le moindre petit four serait sans aucun doute meilleur que ce qu’elle mangeait chez elle – mais renonça bien vite. Trop de monde, de bousculades, de conversations inintéressantes. À la place, elle décida plutôt de s’éloigner vers la périphérie de la place et détourna les yeux de la foule à la recherche d’un banc à l’écart.

Mal lui en prit.

Elle ne vit pas les deux jeunes femmes s’approcher d’elle et ne réalisa ce qui lui tombait dessus que lorsqu’un bras entoura ses épaules et que son nom fut prononcé par une voix qu’elle connaissait bien. Ingrid se raidit de tout son corps et tâcha de se débarrasser du bras d’Isabeau avant de pivoter sur elle-même pour faire face à sa cousine. À ses cousines.

Machinalement, les lèvres d’Ingrid s’étirèrent dans un sourire poli. Le genre de sourire que les jeunes filles nobles apprenaient à porter très tôt pour ressembler aux gentilles poupées de porcelaine qu’on voulait qu’elles soient tout en masquant leurs pensées.

« Bonjour Isabeau. Bonjour Irmingarde. Enchantée, de même. »

Enfin presque. La fille de Kylbeth, hein ? Même si Isabeau n’avait pas précisé, Ingrid n’aurait pas eu de mal à deviner qui était « Mina Sadare ». La nouvelle avait fait grand bruit dans la famille. Et il n’y avait pas beaucoup de Sadare dont elle ne connaissait pas le prénom ou qu’elle n’avait jamais rencontrés, hein. Mais ce n’était pas une raison pour faire la grimace. Après tout, Irmingarde n’y était pour rien, non ? C’était sa mère qui avait fauté. Et ses grands-parents qui avaient merdé, puisqu’ils auraient dû se débrouiller pour marier leur fille au plus vite et éviter que ça se sache. Et… Bon. En plus, elle était Héraut, c’était donc quelqu’un de bien, non ? Enfin, en théorie. Isabeau aussi était Héraut, et même mariée et tout, mais, étrangement, Ingrid n’arrivait pas à la voir comme quelqu’un de bien. En réalité, sa cousine lui tapait carrément sur le système.

Mais Irmingarde, elle, semblait plus… calme ? polie ? fréquentable ? Malgré toute son éducation qui lui criait que, non, elle n’était sans doute pas fréquentable, puisqu’elle était bâtarde, à demie roturière et sans doute pas éduquée moitié aussi bien qu’il l’aurait fallu, Ingrid décida donc de lui laisser le bénéfice du doute. Pour le moment.

« Un peu, mais la saison ne le rend pas trop désagréable. »

En vrai, elle détestait voyager, les cahots des routes, les voitures inconfortables et la poussière des chemins. Mais bon, ça ne se disait pas, hein. Tout le monde passait par là. Enfin, non, pas les Hérauts qui voyageaient à dos de Compagnons, mais une jeune fille comme il faut ne voyageait pas à cheval.

« C’est une belle fête. »

Si on ne comptait pas tout ce qui était de mauvais goût… donc quasiment tout en fait. Mais ça ne se disait pas. Au moins, il y avait de belles toilettes à regarder, ce qui pourrait lui donner des idées. Même ses cousines avaient de belles robes… bien qu’elles soient franchement démodées. Et la mode de Rethwellan du siècle dernier avait ceci de désagréable que les robes n’étaient pas très amples. Pas facile de les retoucher pour les remettre au goût du jour.

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Haven / Re : Convenances (sans convens)
« le: 29 mars 2020, 20:24:59 »

La Couleuse. Allons bon. Quelle idée de se marier sous la bénédiction d’une déesse d’artisans. Bon, certes, le cousin l’était, artisan, mais il était aussi un de Girier, quoi. Un nom qui avait de la prestance et de l’importance. Il aurait dû y songer, quand même. Ils auraient dû y songer, tous, avant d’organiser tout… tout ça. C’était ostentatoire, outrageusement somptueux, complètement de mauvais goût. Réserver une place entière de la ville, sérieusement ? Et, si la robe de la mariée était plutôt pas mal – voire carrément belle, mais plutôt se couper la langue que de le reconnaître –, le costume de Micha était ridicule. Un manteau, long, noir, couvert de bronze, par un après-midi d’été ? Absurde. Si ce n’était pas juste pour se la raconter, hein.

Ingrid, elle, était vêtue d’une robe crème, qui mettait sa silhouette en valeur et qui s’harmonisait parfaitement avec la saison, avec les quelques broderies et dentelles aux motifs estivaux qui en décoraient le corsage. Elle y avait passé du temps, mine de rien, à partir du moment où sa mère lui avait annoncé qu’ils étaient invités au mariage de son cousin. Ce n’était pas parce qu’elle n’avait pas envie de s’y rendre et qu’elle ne comprenait pas les raisons qui poussaient ses parents à y aller, qu’elle n’allait pas faire d’efforts. Elle avait trouvé une vieille robe, sans doute portée par une aïeule, mais qui, malgré son âge était en parfait état. Il n’avait pas été difficile de la remettre au goût du jour, d’y ajouter la dentelle qu’elle avait récupérée sur une ancienne toilette et de la broder avec soin. Au moins, si ses ancêtres étaient des quiches en gestion, elles savaient prendre soin de leurs affaires…

… mais pas économiser là où elles le pouvaient. Et Mère était sans doute la pire. Elle avait d’ailleurs essayé de la convaincre d’aller en ville pour se faire faire une tenue pour l’occasion, mais Ingrid avait tenu bon. Ce qui n’avait pas empêché la Dame de Girier d’y traîner son mari et ses autres enfants. Ils arboraient tous des tenues flambant neuves – et hors de prix, ces crétins, alors qu’elle aurait pu faire aussi bien sans leur faire dépenser un liard ! – mais ne se gênaient pas pour critiquer les cousins. Ingrid ne comprenait pas pourquoi ils avaient tellement tenu à venir si ça leur déplaisait tant de se mêler aux roturiers. Elle, elle serait sans souci rester à la maison. Ils avaient déjà eu droit au mariage d’Isabeau, c’était bien suffisant, hein ! Surtout que, au moins, au mariage de sa cousine, la compagnie était autrement plus noble ! Mais non, Père lui avait fait remarquer d’un air blessé que l’Oncle Sertan était son frère, et qu’il était normal d’être là au mariage de son héritier. Mouais. Venant de Wilfried de Girier qui considérait aussi normal de dépenser sans compter l’argent que lui alouait ledit frère, Ingrid avait comme un doute.

Alors, quand son père et sa mère s’avancèrent pour aller féliciter les jeunes mariés, la blondinette resta-t-elle en arrière. Il y avait bien suffisamment de monde comme ça, elle n’avait pas envie d’aller se faire écraser par la foule pour souhaiter longue et heureuse vie commune à ses cousins. Elle aurait bien le temps de le faire plus tard. Elle aurait laaaargement le temps, hélas.

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