Début de la 1ère décade d'été 1485
« Eh toi, la gamine! Oui toi. Viens donc m'aider ici. Je crois que j'ai accroché ma veste dans le treillage de cette fenêtre. »
Un homme au physique peu avenant, habillé avec une ostentation bon marché, se tenait contre une fenêtre. Le Guido. Il fixait la petite page de son regard mauvais, qui lui promettait les pires tortures si elle ne se dépêchait pas de venir l'aider.
Quand enfin l'enfant l'eut rejoint, il reprit à voix basse:
« Alors, tu t'es pas enfuie? C'est qu'elle aurait ptêt' que'qu'chose dans la cervelle, la gamine. » Il eut un sourire mauvais. « C'est bien. Qui sait, ptêt' même que tu s'ras contente de travailler pour moi. J'ai vu ta maman, hier. Elle avait l'air d'aller bien. Ce s'rait bien qu'ça continue comm' ça, hein? »
Il la prit violemment par le menton pour lui faire lever la tête.
« Si on est d'accord, c'est parfait. De toute façon, c'est très facile c'que tu dois faire. Faut qu't'aille dans les appartements du Héraut du Roi, et que tu voles un bijou, une bague, quelque chose qu'il pourrait avoir donné en gage d'amour. Il faut pas qu'il voit tout de suite c'que tu lui as pris, donc cherche bien. Je viendrai récupérer ça dans six jours. T'as pas intérêt à ce qu'il découvre le vol d'ici là. À ta place j'attendrais le dernier moment. Mais t'avise pas de venir me voir les mains vides! »
Sur ce, il s'écarta de la fenêtre.
« Merci, petite. Bonne journée à toi. »
Et il s'en alla, jetant un dernier regard menaçant sur l'enfant.