Enora ne savait pas trop pourquoi elle se sentait si timide tout à coup. Bon, oui elle le savait, mais il était marié ! Elle n'avait pas le droit de se l'admettre. Elle sentait bien aussi, dans son esprit que Jorel se retenait, pour la première fois depuis longtemps, de dire quoi que se soit. Elle comprenait, on lui avait expliqué et elle en était reconnaissante, que les compagnons ne se mêlaient jamais de la vie privé de leur Élue, sauf quelque exception, il y en avait toujours. La jeune femme était cependant reconnaissante de se fait, mais aussi de la présence de son ami dans son esprit. Elle n'était pas seule avec tous ça maintenant. Et contrairement à avant, elle pouvait demander conseil si elle le voulait. Et elle n'était plus une jeune adolescente, même si elle savait être encore trop naïve et romantique pour son bien.
Elle devait reprendre sur elle. Si ça se trouvait, il n'était même pas intéressé par elle, après tout, il était marié. Elle devait reprendre le contrôle de ses émotions. Déjà, elle était certaine d'avoir rosi. Sa peau ne cachait absolument rien. Elle avait appris à contrôler ses réactions physiologiques la plupart du temps, pour éviter de se trahir ainsi, mais en ce moment, elle n'avait pas réussi. Une part d'elle voulait se sentir femme, se sentir plus qu'une simple héraut, plus qu'un agent du Roi. C'était pour ça qu'elle s'était faite belle, pour se faire plaisir, se sentir femme, se donner le droit d'aimer son apparence. Mais l'envers de la médaille, c'était que maintenant, elle se sentait vulnérable, mise à nue et qu'une part d'elle voulait être admiré. Si ce n'avait pas été du fait qu'il était MARIÉ merde. Elle ne sut quoi dire sur ce qu'il dit en premier, il y avait peu à dire, elle était encore en convalescence, et si elle s'en donnait le droit, elle n'aimait toujours pas l'oisiveté, encore moins quand c'était forcé.
"Je... Oui, merci pour la bière." Elle la prit d'une main, qui heureusement était ferme. Elle n'était plus si maladroite au moins. Elle devait se reprendre, se focaliser sur les paroles et la conversation au lieu de sa timidité. Elle était adulte maintenant, plus une jeune fille. "Et pour mes blessures, on me dit que cela prendre encore du temps avant que je ne puisse reprendre complètement du service actif, et comme vous le savez sans doute déjà, on m'a affecté à un des palais de justice en ville. Ainsi, je pourrai malgré tout reprendre du service, même si voyager par monts et par veau sera hors de questions pour plusieurs mois encore."
Elle n'était pas vraiment triste de cet état des choses. Elle aurait pensé que oui, mais aux finales, en fait, elle était heureuse de pouvoir servir malgré ses blessures, et surtout heureuse de pouvoir utilisé ses compétences intellectuelles tous les jours, et pas seulement pour gagner un peu de temps sur les routes ou éviter les rares pépins qui se présentaient à Jorel et elle. La route, le grand air et les paysages allaient lui manquer, bien sûr, et possiblement la solitude aussi dans quelque temps, mais en même temps, c'était un soulagement de ne plus avoir à courir tous les jours, pour elle comme pour Jorel.
"Le discours du Héraut Attitré était... Inspirant, plus que je ne l'aurais cru étant donné les circonstances et le moment de son Élection. Il a fait un récapitulatif court, mais exact de tout ce qu'il sait passé. Je pense qu'il a su être précis, mais avec suffiraient d'émotions pour donner au gens la fermeture que méritaient les sacrifices que beaucoup, on fait."
Elle ne put s'empêcher de repenser à tout ce que ses frères et sœur du cercle avait vécu, les morts, ses morts aussi, ses propres deuils et ses propres difficultés. Oui, c'était une sorte de fermeture aujourd'hui. Les gens en avaient besoin, elle en avait besoin aussi.
Elle sentit de nouveau l'esprit de Jorel, sa présence silencieuse en elle. Il ne dit rien, n'ajouta rien, il n'en avait pas besoin.
"Sommes toutes, j'ai trouvé que c'était vraiment un bon discourt, il s'est bien intégré dans le cercle et dans la société Valdemaran, je suis contente de voir qu'il a semblé trouver les mots dont la foule avait besoin. Je suis consente aussi à voir qu'il semble avoir trouvé sa place avec nous. Ça n'a pas du être facile de prendre la suite d'Aranel. Je..."
Elle ne savait trop pas quoi dire de plus sans raviver de vieux souvenir. Raimon n'était pas encore un membre du cercle au début, elle non plus d'ailleurs, mais elle avait été la deuxième élue après la Reine, une des rares à l'avoir été durant la maladie des compagnons. Elle se souvenait aussi de la mort du Roi et d'Aranel, de tout ce que ça avait causé comme émotions et détresse dans le cercle. Des missions de cette année-là, et de tous le restes. Elle n'était qu'une apprentie à cette époque, elle n'avait pas vécu tous ça aussi vivement que les plus âgés, mais elle se souvenait de l'impuissance d'aider son amie, d'aider les membres plus âgés du cercle, d'aider ses frères et sœurs. De sa propre détresse devant cette maladie qui les décimaient tous.