[justify:2cgjh271]Sur le chemin qui les menaient à la bibliothèque, Isabeau s'approcha de la karsite pour lui présenter des excuses. Enju ne comprenait pas, et la regardait, surprise :
- Je ne comprends pas pourquoi vous vous excusez, Demoiselle Isabeau... Vous n'avez rien fait que je ne puisse mal prendre. Au contraire, je n'ai pas eu le temps de vous remercier : vous avez agi rapidement, et si j'avais du pousser mon fauteuil, qui sait ? Peut-être aurai-je pu perdre les manuscrits, ou être rattrapée par l'incendie. Vraiment, de tout coeur, je ne vous remercierai jamais assez, Demoiselle Isabeau.
Même si elle savait que le feu avait été rapidement maîtrisé, Enju ne voulait pas que la jeune fille pense que la prêtresse avait été humiliée par son geste. Très peu de gens pensaient qu'il pouvait être fatigant pour la karsite de pousser ce lourd fauteuil à longueur de journée, aussi, rares étaient ceux qui lui proposaient parfois de la pousser. Non, Enju avait apprécié ce geste, contrairement à ce que pensait Isabeau. D'ailleurs, juste avant d'entrer, Enju la remercia une nouvelle fois d'un murmure.
La prêtresse s'inclina chaque fois que la doyenne des Bardes présentait quelqu'un. Dans son esprit, elle mémorisait déjà tout : les noms, les titres, les visages... Quelques détails donnés au hasard. Pourtant, un détail la chiffonna... Elle n'osa pas se manifester tout de suite, aussi excitée que Riannon à la vue de la cicatrice sur la main du Seigneur Fitz. Toute l'histoire qu'il raconta est gravée dans sa mémoire, et elle se promit de la consigner dès qu'elle pourra saisir une plume et de l'encre. Son pouvoir était stupéfiant. Le Mage ne disait rien, mais Enju se doutait qu'il n'en pensait pas moins : pourquoi ne partageait-il pas son savoir ? Elle ne s'en offusqua pas, et décida de prendre sa planche d'écriture, calée à l'arrière de son fauteuil, et sortit d'une besace plume et encre. Elle se tourna vers le mercenaire alors qu'elle remue la bouteille d'encre, pour la diluer correctement :
- Monseigneur, avec votre autorisation, j'aimerai prendre des notes de votre histoire. Je ne doute pas qu'il pourrait nous être utile à tous d'en avoir un résumé, pour y réfléchir plus tard, sait-on jamais !
Le parchemin était à plat sur la planche, et Enju commença à écrire - ceux qui sont présents, et pourquoi ils le sont... Pourtant, sa plume arrêta d'écrire, et elle est prise d'un mauvais pressentiment, qui lui étreint le coeur : Dame Ysaline aurait du être là... Enju se retourne vers le petit page qui les a accompagnées jusqu'ici, et lui demande :
- Excuse moi, jeune homme.
Elle ignore comment s'adresser aux pages, surtout qu'elle ne connait pas son prénom...
- Dame Ysaline de Louhens, n'aurait-elle pas du être avec nous ? Sais-tu si son emploi du temps la retient ailleurs ?
Enju a un pincement au coeur, et murmure :
- J'espère qu'elle va bien.
Quelque chose lui murmure le contraire, au fond de son esprit. Pourtant, elle continue à prendre des notes de ce qui peut se dire, pourtant légèrement déconcentrée par ce sentiment qui lui étreint le coeur.[/justify:2cgjh271]