Enora rit à la blague de Fitz, comme lui et comme Alemdar semblait l'avoir compris, elle ne prenait pas souvent de vacance. Elle aurait pu aller dans sa famille, ou visiter des connaissance, mais ses rares amis étaient ici à Haven, et elle avait peu d'affinité avec sa famille aux finales. Il était très fier d'elle, il la visitait chaque fois qu'il se croisait à Haven, ou qu'elle passait près du domaine familiales, mais elle n'y était pas retourner souvent depuis ses 15 ans. Et avant, leur famille avait beau être soudée et aimante, elle était plus près de ses neveux et nièce, en âge, que de ses frères et soeurs. Ses parents avaient été pris dans la politique avant sa naissance et jusqu'à plusieurs années ensuite. Elles les aimaient, les adoraient, même, mais de loin. Elle ne ressentait pas le besoin de les visiter ou de se confier à eux. Elle menait une vie différente et comme beaucoup de héraut, sa vie s'était les membres du cercle et les quelques soldats, comme Fitz, avec qui elle avait noué des liens.
"Oui, c'est normal, et pourtant, avant que Jorel ne puisse me parler, je crois que je ne réalisais même pas que j'étais fatigué. Je prenais bien des vacance durant mes années de grises, pour visiter mes parents une fois par année, mais je n'en avais jamais vu le besoin avant qu'Alemdar m'y oblige. Je ne pense pas que je vais jamais les rechercher, mais je serai plus attentive à quand j'en reçoit ou que j'en ai besoin. La vie est trop courte."
Elle hocha la tête aux autres paroles du capitaine. Oui, c'était exactement pour ça qu'elle avait besoin de son aide, apprendre à vivre entre les missions, apprendre à décompresser, ne pas peser chaque geste, chaque mot comme si tout était d'une importance capitale. Se détendre et avoir du plaisir, vivre l'instant présent.
Elle sourit devant son inquiétude, avec l'affection d'une amie.
"Je vais bien, et non, ce n'est pas que je ne veux pas en parler avec toi... c'est simplement difficile de trouver les mots. Je n'ai pas l'habitude de parler de mes problèmes ou de mes difficultés. C'est une des choses que je veux changer. Ne plus peser chaque mot, tenter d'avoir l'air professionnelle ou parfaite en tout temps. Mais... les vielles habitudes ont la vie dure, et ça été douloureux et effrayant aussi en parti."
Elle sourit, mais ses yeux parlaient de tout ce qu'elle avait vécu, confusion, douleur, peur, mais aussi de son désir de se battre et une bonne dose d'émerveillement et de gratitude.
"J'ai subi une attaque involontaire de la part d'un collègue héraut dans une situation où nous ne nous en serions probablement pas sorti vivant. Jorel n'a pas réussi à me protéger suffiraient et ça a ouvert des biefs... je te fait confiance pour savoir ce que sait, vu qui est ta femme." Elle lui fit un clin d'œil, pour tenter d'alléger un peu l'atmosphère et ses souvenirs. Sa voix était chargée d'émotion, toute la douleur et les sentiments qu'elle avait vécu à fleur de peau. "Ça surchargé mon esprit d'information, et il a coupé ma vue pour essayer de tout gérer. C'est pour ça que les premiers jours après mon retour, j'avais l'air de ne plus savoir marché."
Elle inspira et revint à son récit, elle ne devait pas se laisser distraire et raconter tout de travers.
"Pendant deux jours, le héraut qui nous a sauvées tous les trois s'est occupé de moi. On a eu nos querelles, il était vraiment fâché contre Jorel parce qu'il n'avait pas anticipé la force de son attaque... et ce n'était pas à lui d'avoir cette discutions avec mon compagnon." On pouvait sentir un peu de sa colère encore dans sa voix, mais surtout sa loyauté et son caractère protecteur. Enora était de ceux qui était comme une mère ourse, il ne fallait pas s'en prendre à ceux qu'elle aimait ou qu'elle protégeait. "Mais je n'aurais pas dû perdre mon calme, ni lui non plus. La situation était stressante et nous à pousser à nos limites. On a fini par mettre ça de côté quand Charwin est arrivé. Il s'est plus ou moins excusé, et moi aussi. On n'est pas d'accord, mais c'était correcte quand même. On ne peut pas toujours être d'accord non plus, la vie serait ennuyeuse." Elle le dit avec une pointe d'humour et plus de maturité qu'elle n'en avait envers ce genre de chose autrefois. Ce n'était pas une phrase toute faite, elle avait réellement compris ce principe.
"Bon, je t'épargne les détails sur les dons, mais ce ne fut pas une partie de plaisir, ni pour lui, ni pour moi. Il a dû me faire travailler en deux jours, ce qu'un héraut apprend normalement d'instinct et peaufine sur plusieurs mois. Moi, je n'avais aucune base, j'ai donc dû lui hurler dans la tête mainte et mainte fois avant de comprendre les bases, et il m'a assené de parle et d'exercices pour que je maîtrise au moins la base des boucliers pendant près d'une journée complète. On y est finalement arrivé, il m'a ramené en ville sanglé sur Jorel, mais j'étais au-delà de la honte à ce moment. J'étais seulement contente de rentrer, et un peu inquiète d'être hors service alors qu'on est dans une situation difficile, mais je n'y pouvais rien. J'ai suivi à la lettre tout ce que les guérisseurs m'ont dit de faire pour tenter de revenir plus vite. C'est aussi durant toute cette période que je me suis promis d'apprendre à me battre et me déplacer en aveugle et avec mon don de vision à distance. Si jamais je me retrouve à ne rien voir, peut importe la raison, plus jamais je ne serai à la merci de mon environnement ou des autres. J'ai confiance en mes amis et mes collègues, mais si je suis seule, je ne veux pas me retrouver aussi impuissante."
Elle prit une grande inspiration, pour chasser la peur et la douleur résiduelle qui avait fait leur chemin dans sa tête. Elle but aussi une gorgée de sa bière pour faire passer la sécheresse de sa bouche et de sa gorge. Parlé de ce qu'elle avait vécu, n'était pas facile, mais ça faisait du bien de les verbalisé avec un ami. Lui aussi, comme la plupart de ses amis, devait avoir ses propres inquiétudes, mais contrairement aux autres hérauts, et plus encore à la reine, il n'avait pas le royaume en entier sur les épaules. Et en parler avec Thalyanna ou les guérisseurs, ce n'était pas la même chose. Il n'avait pas la même vision de la vie. Enora et Fitz étaient, chacun à leur manière, des soldats de Valdemar.
Jorel, lui, resta silencieux, mais Enora sentait sa présence et son amour. Il n'avait pas toujours besoins de parler.