Auteur Sujet: [Enora/Fitz] Une bière chaude et une taverne fraiche... Ou l'inverse.  (Lu 4735 fois)

Fitz

8eme jour de la 6eme décade d'été


Avant chaque bataille, Fitz avait 2 rituels. Le premier c’était d’aller boire quelques bières bien fraiches dans une taverne, le deuxième c’était de chanter une chanson qui sans raison le motivait toujours.
Un truc qu'il avait entendu durant ses voyages, et qu'il chantait avant chaque bataille comme une sorte de rituel.

Le voilà donc dans les rues de Haven, chantant à tue-tête.

♪Là-bas, là-bas
Dans les grands espaces.
Entre Berrybay & Haven
La terre garde encore la trace
De notre Actarus
Il rêvait de notre cité
et son ciel bleu
dont il voyait la lumière
A cent mille lieux

Notre merveilleux Herault
De lumière et d’acier
Ce chevalier des temps nouveaux
Se bat pour l'humanité
Actarus monté sur Goldorak
Voici la légende
Que l'on va vous raconter...♪



Il ouvrit la porte de la taverne sur son dernier couplet. Il avait proposé à une amie de venir, une personne qu’il n’avait pas vu depuis bien longtemps, mais qui, il l’avait appris, était de passage en ville. Après tout cela semblait logique, la plupart des Héraults étaient de retour en ville.

Il aperçut enfin celle qu'il était venu voir assise à une table.

- Enora ! Ravi de voir que tu as répondu à mon appel !

Il vint s’assoir en face d’elle.

- Cela fait longtemps ! Comment vas-tu ?
« Modifié: 22 avril 2020, 07:58:52 par Fitz »
"Ça marchait vachement moins bien, un cerveau avec une hache au milieu." -Isabeau-

Héraut Enora

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Enora avait reçu une invitation d'un ami pour aller boire un verre dans une taverne. Enora s'était un peu sentie coupable au départ, elle avait été hors de service, ou presque, pendant une décade à cause de son don. Il y avait eu les cours, qu'elle continuait de suivre, et elle s'était beaucoup entraîné à combattre avec son don au lieu de ses yeux, mais elle n'avait pas vraiment aidé à l'effort de guerre.

Jorel lui avait alors fait remarqué que c'était justement une autre raison de prendre du temps pour elle, pour décompresser. Elle était humaine et elle avait besoin de ses amis. Certes, c'était merveilleux de pouvoir enfin ce parler, mais il avait raison aussi de dire que ça avait été pas mal traumatique. Elle s'était promis de profiter de la vie, d'arrêter de se sentir coupable de vivre quand elle en avait la possibilité. Sa vie ne se limiterait plus uniquement à ses devoirs de hérauts. Et qui de mieux que Fitz pour l'aider à apprendre à faire ça.

C'était encore un sujet d'émerveillement pour la jeune héraut. Elle ne se lassait pas de discuter avec lui. Leur lien était fort depuis des années, ils avaient un système de communication auparavant, mais pouvoir réellement discuter ensemble, peut importe la distance, c'était un cadeau.

Elle avait donc fait son chemin sur le dos de Jorel jusqu'à la taverne où il lui avait donné rendez-vous. La jeune femme réalisa que depuis son intronisation comme flèche, elle n'avait presque plus mis les pieds dans ce genre d'endroit, sauf pour remplir ses missions. Ouais, elle devait vraiment faire quelque chose pour ça.

:: Je ne te le fais pas dire. Tu dois apprendre à t'amuser mon Élue. Sinon, un jour tu va craquer.::

Il avait raison bien sur, mais elle ne pouvait pas s'empêcher de se demander si elle ne sacrifiait pas son devoir ou une tâche importante. Et comme pour lui changer les idées et la ramener à la raison de sa venue à la taverne. La porte venait de s'ouvrir sur le chant un peu faux, mais très enthousiaste de son ami.

Enora lui fit signe pour qu'ils la rejoignent. Elle lui fit un sourire radieux, heureuse de revoir son ami après tout ce temps.

"Je vais bien... Même si j'en ai des trucs à te raconter."

Elle se demandait d'ailleurs si les rumeurs concernant sa "cécité" s'étaient rendu jusqu'à lui. Après tout, elle n'avait pas été très discrète les premiers jours où elle avait essayé d'utiliser son don de vision à distance pour compenser son aveuglement. Elle s'était ramassé autant de bleu que lors de ses premiers entraînements à l'épée durant les premiers jours.

Fitz

 Pour Fitz il y avait ce qu’on racontait, ce qu’on lui rapportait, ce qu’il lisait, et ce qu’on lui disait de vive voix. Par principe il n’accordait d’intérêt qu’à la dernière chose.

Tant que les choses n’avaient pas été dites en face, racontées par l’intéressée, elles n’étaient que des bruits de couloir. Et Fitz détestait les bruits de couloirs.

Il héla rapidement le tavernier, avant de répondre à Enora.

- Deux bières. La meilleure, c’est moi qui offre.

Alors que leur serveur du soir s’éloignait pour accéder à sa demande, il se concentra de nouveau sur on interlocutrice.

- J’espère bien que tu as des choses à raconter ! C’est qu’on te voit rarement dans le coin, ou alors en coup de vent, je pense que nous n’avons pas discuté ensemble depuis des décades.

Il allait continuer mais le tavernier vint déposer les deux chopes demandées, Fitz le congédia d’un geste de la main en le remerciant, et reprit.

- Mais premièrement comment va Jorel ? Et deuxièmement, j'avoue que j'ai craint un instant que tu refuses de venir dans un coin pareil. Du moins, à une époque, je suis presque certain que tu n'aurais pas accepté.  L'idée de faire une pause par ici t'aurait pétrifié rien que de l'avoir eue. 

C’était la moindre des choses que de demander à une Héraut comment allait son compagnon ! 
« Modifié: 22 avril 2020, 19:09:03 par Héraut Irmingarde »
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Enora laissa Fitz payer leur première bière, son enthousiasme était communicatif et faisait beaucoup de bien à la jeune femme. C'était exactement ce dont elle avait besoin en ce moment. Certes, elle avait pris des résolutions, et Jorel l'aidait beaucoup à les tenir, mais jusqu'à l'arrivée de Fitz, elle avait quand même du bataillé son éducation et la petite voix dans sa tête qui tentait de la convaincre qu'elle avait plus important à faire.

Elle se promit cependant, de payer la seconde. Elle avait une paie conséquente en tant que Héraut, et comme elle n'avait presque jamais la possibilité de la dépenser sauf pour des cadeaux à sa famille ou ses amis, elle avait un bon pécule de côté déjà.

Elle hocha la tête à la mention du temps qui s'était écoulé depuis qu'il avait eu la possibilité de discuter. Trop longtemps, c'était certain.

- Mais premièrement comment va Jorel ? Et deuxièmement, j'avoue que j'ai craint un instant que tu refuses de venir dans un coin pareil. Du moins, à une époque, je suis presque certain que tu n'aurais pas accepté. L'idée de faire une pause par ici t'aurait pétrifié rien que de l'avoir eue.

Enora fit un sourire à la fois taquin et qui laissa entrevoir son malaise de se trouver ici. Elle avait fait du progrès, mais l'éducation avait la vie dure.

::Dit lui que je le salue et que je le remercie de t'avoir sorti de ton ermitage se soir.::

La remarque de Jorel l'amusa et elle obtempéra. La répétant presque mot pour mot.

- Il te salue et te fait dire qu'il te remercie de m'avoir sorti de ma solitude ce soir. Lui aussi trouve que je ne m'amuse pas assez. Maintenant qu'il peut me parler, je ne l'arrête plus. Tous ça est une bonne partie ce qui m'a fait accepter ton invitation d'ailleurs. Qui de mieux pour m'apprendre à vivre le moment présent que toi ?

La phrase avait été dite avec humour, mais aussi beaucoup d'affection. Les yeux de le héraut pétillaient de bonheur.

Fitz

Ainsi elle était partie à la base pour une soirée seule. Fitz leva son verre pour trinquer.

- Aux amis qui vous font sortir du lit ! Et aux compagnons qui les encourage !

Il prit une première gorgée de sa bière.

- Ho je sais pas si je suis le plus apte à t’apprendre à vivre l’instant . Mais je me débrouille assez bien avec l’idée. Je n’aime pas perdre mon temps, et je préfère largement avoir des remords que des regrets.

Ce qui était plus que vrai.

Fitz s’était toujours dit qu’il fallait prendre un chemin. Tant pis si ce n’était pas le bon, quoiqu'il arrive il t’emmenait plus loin. L’immobilisme ce n’était pas pour lui et il préférait largement avancer plutôt que d’attendre indéfiniment sur le bas-côté que quelque chose se passe.

Il adressa un sourire à la jeune femme en posant sa bière sur la table.

- Mais parle-moi de toi. Il a dû t’en arriver des choses depuis la dernière fois. Vas-y je veux tout savoir.

De part son grade il savait déjà pas mal de chose. Mais, comme toujours, l’apprendre de la bouche d’Enora était pour lui la seule source fiable.
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Enora leva son verre à la suggestion de Fitz pendant que Jorel riait un peu dans sa tête.

:: Bien dit ! ::

Elle but elle aussi un peu de bière, elle était effectivement excellente.

Ensuite, Enora sourit à ce que dit le capitaine, parfois Fitz était trop modeste. Quand c'était important, entre autres choses. Elle ne s'étendit pas sur le sujet et accepta d'être redirigé.

- Et bien, j'ai fait pas mal de mission dans les derniers mois, ce n'est pas très différent de l'ordinaire. C'était de la routine en sommes, jusqu'à ce qu'Alemdar me force à prendre des vacances, mais même là, j'avais quelques choses en tête. Une amie en particulier avait besoin de quelqu'un pour discuter et dédramatisé. Je ne suis pas la meilleure, mais j'ai une bonne écoute et je suis têtue. Et je ne m'étais pas rendu compte à quel point mon corps était fatigué.

Elle aurait bien renoué avec d'autres pendant ce temps, mais une fatigue qu'elle n'avait pas anticipé l'avait rattrapé, comme quoi Alemdar n'avait pas eu complètement tort d'appeler ça des vacances quand même. Il l'avait bien piégé, mais elle ne lui en voulait nullement.

- Tu connais une partie de la suite j'imagine. La vision, le rapatriement des troupes, et tous ça.

Fitz

-Des vacquoi ? Qu’est-ce donc que ce mot bizarre ?

Dit-il en éclatant de rire. Fitz connaissait le concept, on le forçait aux jours de repos après ses jours de garde, et encore il se faisait tirer les oreilles par sa femme, car il profitait des jours de repos pour s'entraîner, ce qui n’était donc pas un repos… Ouais, en fait, le concept lui échappait.

- Mais Alemdar a raison, on attend énormément des Hérauts bien plus que de la garde, il est normal de se reposer un peu parfois.

Il avait déjà vu des hommes arrivés exténués, au bout de leur limite, c’est là que l’erreur arrivée, le coup de trop, ou le coup pas assez. Rien ne méritait qu’on s’épuise au point de ne plus pouvoir faire quoique ce soit. Et si on aimait son métier il était plus important encore de savoir rester en forme pour le faire.

Concernant le reste, oui il était malheureusement au courant. La caserne était en effervescence, et Fitz désespérait que la moitié des conscrits soient ne serait-ce que capable de tenir une arme sans mouiller leur pantalon. Il y avait de forte chance que la bataille tourne en charnier si ils n’arrivaient pas à diriger l’attaque vers le front qu’ils voulaient pour protéger au mieux l’arrière-garde qui ne pourrait jamais soutenir une attaque de front.

Le capitaine soupira.

- Oui je suis au courant de tout ça. Haven est remplie de Héraut sur le retour, de guérisseurs qui font des provisions, de soldats effrayés, et de jeunes beaucoup trop impatients de faire enfin couler le sang. il secoua la tête comme l’homme d’expérience qui voit ce qui va venir et sait qu’il ne peut l’empêcher Mais c’est justement pour ça qu’on est là non ? il leva de nouveau son verre pour prendre une gorgée Décompresser, penser à autre chose, savoir ce que c’est d’être vivant, ça nous rappelle pour quoi on se bat.

La bataille pour Fitz était simple. Tu vivais, ou tu mourrais, il n’y avait pas d’entre deux. Il n’y avait pas de blessures superficielles, et Feuille le savait. Blessait ou pas, s’il pouvait se relever pour frapper, il se relèverait pour frapper, le combat n’avait donc que deux sorties possibles.

Et c’est aussi pour ça qu’il appréciait tant ces courts instant de détente qu'il s'octroyait. Une bonne bière dans une taverne, une belle chanson dans une auberge, une nuit d’amour avec sa femme, ou regarder les nuages, adossé à un arbre. Ça lui rappelait ce qu’il risquait de perdre, et ça l’obligeait au combat à tout faire pour survivre. Pour pouvoir en profiter encore une fois, jusqu’à la prochaine bataille.

- La vie est courte, surtout pour nos métiers respectifs, il est vraiment dommage de se priver de ses petits plaisir ! il adressa un clin d’œil à la jeune femme. Mais dis-moi… J’ai entendu d’autres rapports à ton sujet. Tu ne sembles pas vouloir aborder le sujet. Après si tu préfères l’éviter pas de problème, on continuera juste notre bière en bavardant. Mais confirmes moi juste que tu vas bien, et que tu es en pleine possession de tes sens pour les combats à venir.

Il savait Enora douée, il savait aussi qu’elle savait se défendre, il savait par contre que combattre un ennemi dans le noir était compliqué, et que le combattre dans le noir quand lui voit, ça devenait quasiment suicidaire.

Il adressa un sourire plein de tendresse à la jeune femme.


- C'est juste histoire de me rassurer, mais dis-moi la vérité.

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Héraut Enora

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Enora rit à la blague de Fitz, comme lui et comme Alemdar semblait l'avoir compris, elle ne prenait pas souvent de vacance. Elle aurait pu aller dans sa famille, ou visiter des connaissance, mais ses rares amis étaient ici à Haven, et elle avait peu d'affinité avec sa famille aux finales. Il était très fier d'elle, il la visitait chaque fois qu'il se croisait à Haven, ou qu'elle passait près du domaine familiales, mais elle n'y était pas retourner souvent depuis ses 15 ans. Et avant, leur famille avait beau être soudée et aimante, elle était plus près de ses neveux et nièce, en âge, que de ses frères et soeurs. Ses parents avaient été pris dans la politique avant sa naissance et jusqu'à plusieurs années ensuite. Elles les aimaient, les adoraient, même, mais de loin. Elle ne ressentait pas le besoin de les visiter ou de se confier à eux. Elle menait une vie différente et comme beaucoup de héraut, sa vie s'était les membres du cercle et les quelques soldats, comme Fitz, avec qui elle avait noué des liens.

"Oui, c'est normal, et pourtant, avant que Jorel ne puisse me parler, je crois que je ne réalisais même pas que j'étais fatigué. Je prenais bien des vacance durant mes années de grises, pour visiter mes parents une fois par année, mais je n'en avais jamais vu le besoin avant qu'Alemdar m'y oblige. Je ne pense pas que je vais jamais les rechercher, mais je serai plus attentive à quand j'en reçoit ou que j'en ai besoin. La vie est trop courte."

Elle hocha la tête aux autres paroles du capitaine. Oui, c'était exactement pour ça qu'elle avait besoin de son aide, apprendre à vivre entre les missions, apprendre à décompresser, ne pas peser chaque geste, chaque mot comme si tout était d'une importance capitale. Se détendre et avoir du plaisir, vivre l'instant présent.

Elle sourit devant son inquiétude, avec l'affection d'une amie.

"Je vais bien, et non, ce n'est pas que je ne veux pas en parler avec toi... c'est simplement difficile de trouver les mots. Je n'ai pas l'habitude de parler de mes problèmes ou de mes difficultés. C'est une des choses que je veux changer. Ne plus peser chaque mot, tenter d'avoir l'air professionnelle ou parfaite en tout temps. Mais... les vielles habitudes ont la vie dure, et ça été douloureux et effrayant aussi en parti."

Elle sourit, mais ses yeux parlaient de tout ce qu'elle avait vécu, confusion, douleur, peur, mais aussi de son désir de se battre et une bonne dose d'émerveillement et de gratitude.

"J'ai subi une attaque involontaire de la part d'un collègue héraut dans une situation où nous ne nous en serions probablement pas sorti vivant. Jorel n'a pas réussi à me protéger suffiraient et ça a ouvert des biefs... je te fait confiance pour savoir ce que sait, vu qui est ta femme." Elle lui fit un clin d'œil, pour tenter d'alléger un peu l'atmosphère et ses souvenirs. Sa voix était chargée d'émotion, toute la douleur et les sentiments qu'elle avait vécu à fleur de peau. "Ça surchargé mon esprit d'information, et il a coupé ma vue pour essayer de tout gérer. C'est pour ça que les premiers jours après mon retour, j'avais l'air de ne plus savoir marché."

Elle inspira et revint à son récit, elle ne devait pas se laisser distraire et raconter tout de travers.

"Pendant deux jours, le héraut qui nous a sauvées tous les trois s'est occupé de moi. On a eu nos querelles, il était vraiment fâché contre Jorel parce qu'il n'avait pas anticipé la force de son attaque... et ce n'était pas à lui d'avoir cette discutions avec mon compagnon." On pouvait sentir un peu de sa colère encore dans sa voix, mais surtout sa loyauté et son caractère protecteur. Enora était de ceux qui était comme une mère ourse, il ne fallait pas s'en prendre à ceux qu'elle aimait ou qu'elle protégeait. "Mais je n'aurais pas dû perdre mon calme, ni lui non plus. La situation était stressante et nous à pousser à nos limites. On a fini par mettre ça de côté quand Charwin est arrivé. Il s'est plus ou moins excusé, et moi aussi. On n'est pas d'accord, mais c'était correcte quand même. On ne peut pas toujours être d'accord non plus, la vie serait ennuyeuse." Elle le dit avec une pointe d'humour et plus de maturité qu'elle n'en avait envers ce genre de chose autrefois. Ce n'était pas une phrase toute faite, elle avait réellement compris ce principe.

"Bon, je t'épargne les détails sur les dons, mais ce ne fut pas une partie de plaisir, ni pour lui, ni pour moi. Il a dû me faire travailler en deux jours, ce qu'un héraut apprend normalement d'instinct et peaufine sur plusieurs mois. Moi, je n'avais aucune base, j'ai donc dû lui hurler dans la tête mainte et mainte fois avant de comprendre les bases, et il m'a assené de parle et d'exercices pour que je maîtrise au moins la base des boucliers pendant près d'une journée complète. On y est finalement arrivé, il m'a ramené en ville sanglé sur Jorel, mais j'étais au-delà de la honte à ce moment. J'étais seulement contente de rentrer, et un peu inquiète d'être hors service alors qu'on est dans une situation difficile, mais je n'y pouvais rien. J'ai suivi à la lettre tout ce que les guérisseurs m'ont dit de faire pour tenter de revenir plus vite. C'est aussi durant toute cette période que je me suis promis d'apprendre à me battre et me déplacer en aveugle et avec mon don de vision à distance. Si jamais je me retrouve à ne rien voir, peut importe la raison, plus jamais je ne serai à la merci de mon environnement ou des autres. J'ai confiance en mes amis et mes collègues, mais si je suis seule, je ne veux pas me retrouver aussi impuissante."

Elle prit une grande inspiration, pour chasser la peur et la douleur résiduelle qui avait fait leur chemin dans sa tête. Elle but aussi une gorgée de sa bière pour faire passer la sécheresse de sa bouche et de sa gorge. Parlé de ce qu'elle avait vécu, n'était pas facile, mais ça faisait du bien de les verbalisé avec un ami. Lui aussi, comme la plupart de ses amis, devait avoir ses propres inquiétudes, mais contrairement aux autres hérauts, et plus encore à la reine, il n'avait pas le royaume en entier sur les épaules. Et en parler avec Thalyanna ou les guérisseurs, ce n'était pas la même chose. Il n'avait pas la même vision de la vie. Enora et Fitz étaient, chacun à leur manière, des soldats de Valdemar.

Jorel, lui, resta silencieux, mais Enora sentait sa présence et son amour. Il n'avait pas toujours besoins de parler.

Fitz

Fitz laissa la jeune femme vider son sac, lui raconter les choses à sa façon. Il savait qu’elle avait été aveugle un moment, il avait aussi entendu qu’elle avait un don supplémentaire durant les préparations de la défense, bref il savait pas mal de choses.

Mais il était là pour qu’elle décompresse, et qu’elle puisse partir l’esprit léger sur le chemin qui les attendait tous. Alors il acquiesçait, buvant une gorgée de sa bière en l’écoutant patiemment.

Comme il s’en doutait, elle avait décidé d’apprendre à se battre à l’aveugle, et ca le faisait sourire. Forcément qu’elle avait décidé ça, elle n’était pas du genre à aimer être diminuée, et ne rien pouvoir faire contre.

Il siffla avant de répondre.

– Et ben. Pas vraiment reposant toute ton affaire tu sais ?  Mais c’est bien de t’être entrainée pour le combat en aveugle. Maintenant il faut surtout espérer pour que tu n’en aies pas besoin.

Le capitaine sembla réfléchir un instant avant de reprendre.

- C’est marrant quelque part, que ce soit l’attaque d’un de tes collègues qui a provoqué cette état de fait. il éclata de rire un instant Je me souviens d’une de nos dernières discussions. Je te demandais déjà d’apprendre à te reposer et à être moins rigide avec toi.

Tellement de temps avait passé depuis. A l’époque il apprenait à peine à maitriser son pouvoir, il suivait des cours d’ancrage et de centrage pour pouvoir monter des boucliers, et elle partait pour ses premières missions sur le terrain. Aujourd’hui, on avait fait de lui un « élu » et elle était une Héraut confirmée avec de nouveaux dons.

- Le temps a filé depuis, nous avons vécu des choses plus ou moins agréable, et regarde, au final, tu fais ce que je t’avais dit à l’époque : venir boire un verre dans une taverne avec un ami.

Il leva de nouveau sa choppe.

- Nous savons tout les deux ce qui nous attend bientôt, contrairement à beaucoup des hommes et femmes ici présents. As-tu des appréhensions Enora ? Attention, je ne dis pas que tu n’es pas prête ! Je te sais plus qu’apte à manier l’épée, et je suis certain que ces années sur la route t’ont permis de développer ta relation avec Jorel ainsi que tes dons mais… En toute franchise je veux savoir comment tu abordes ce qui va se produire.
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Héraut Enora

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Enora rit un peu quand Fitz la félicita de s'être entraîner à l'aveugle.

"Tu ne dirais pas que je me suis entraîné si tu m'avais vu. Je pense que tu dirais surtout ridiculisé. Il me faudra beaucoup plus de temps que je n'en ai pour maîtriser ses différentes techniques que je veux apprendre, autant à l'aveugle qu'en visualisant avec mon don. Mais j'y mettrais le temps qu'il faut pour tous ça quand cette histoire sera terminé."

Elle hocha la tête et rit avec Fitz quand il mentionna que c'était un de ses collègues qui était à la source de toute cette histoire. Il avait eu raison à l'époque, bien sûr, mais entre savoir ce qu'on doit faire et vraiment comprendre pourquoi et comment, il y avait presque tout un monde.

Elle leva sa choppe avec lui.

"Il m'en a fallu du temps pour vraiment comprendre ce que tu voulais dire. Je ne peux pas dire que ses années sont été perdue, mais après avoir vraiment cru que mon heure était venue, et ensuite pensée que j'était vraiment aveugle, je comprend mieux ce que tu veux dire. Pourquoi, c'est vraiment si important ce que toi et mon mentor aviez essayé de me faire comprendre. Je ne peux pas passer ma vie à vivre que pour mon devoir. Pour avoir quelque chose à protégé et vers lequel retourné, il faut que je vive. Je me suis rendu compte dans les dernières années, aussi, que quand je discute avec des collègues et des amis, je n'ai rien à raconter, rien d'autre que mon métier. Je n'étais que ça. Et avoir beaucoup de temps pour réfléchir, pris dans mon corps et mon esprit en quelques sortes, ça m'a refait pensée à tous ça. Aidé Saskia à prendre du temps pour elle, à s'amuser, m'y a aidé aussi. Je ne sais toujours pas exactement quoi faire pour avoir du plaisir... Déesse, je ne sais même pas comment être impulsive et ne pas retourner chaque pensée et chaque action dans ma tête cent fois avant de dire ou faire."

Elle eu un sourire d'auto-dérision. Elle partait de loin. Elle aimait passer du temps avec Jorel, elle aimait voyager et elle aimait s’entraîner à l'épée, mais sa vie ne pouvait pas se résumer seulement à ça. Elle allait devoir se trouver des passe-temps qui n'étaient pas nécessairement en lien avec sa vocation. Apprendre une nouvelle langue peut-être, mais même ça, c'était encore quelque chose qui était plus du domaine de l’intellectuelle ou en lien avec être un héraut. Elle aimait aussi ça, mais ce n'était pas à proprement dit reposant.

Et ensuite, il lui demanda si elle avait des appréhensions. Un frisson la parcourut juste d'y penser. Elle était familière avec la peur, ce sentiment ne l'avait jamais complètement quitté depuis son élection, ou plus précisément, depuis qu'elle savait ce qui se cachait derrière la maladie des compagnons. Tant que la Déesse Aanor ne serait pas sauvée, Enora aurait toujours peur qu'il arrive quelque chose à Jorel, et par extension, aux Compagnons et aux pays qu'elle aimait tant.

"Bien sûr que j'ai peur. Si ont ne réussit pas à faire notre devoir... c'est tout ce en quoi on croit qui sera détruit. C'est Jorel et tous les autres compagnons, et mes frères et sœur du cercle, qui y goûterons en premier. Mais je n'ai pas l'intention de laisser cette peur me dominer. Je n'ai jamais combattu contre de vrais soldats, enfin en dehors des entraînements. Je sais que je ne suis pas prête pour ce dont il vient, mais je ferai quand même de mon mieux. Je ne suis pas seule, je ne le serai jamais non plus. Jorel et moi allons nous battre avec nos frères et sœur du cercle et avec tes frères et sœur d'armes. J'ai confiance en chacun d'eux, et j'ai confiance en ce que nous défendons. Honnêtement, par contre, c'est une des rares choses qui fait que je ne suis pas roulé en boule quelque part."

Bon, les dernières paroles était dites avec une pointe d'humour, mais le reste était parfaitement honnête. Elle n'était pas morte de peur, mais c'était probablement parce qu'elle était rendu habitué à ce sentiment, autant que parce qu'elle avait confiance aux gens à côté desquelles elle allait se battre très prochainement. Elle avait confiance en Beltran, en Alemdar et dans le Roi pour avoir la meilleure stratégie possible. Elle avait confiance en Mina qui était une sacrée boutefeu. Il pouvait gagner. Elle croyait en la Déeese, et cette dernière ne les abandonnerait pas.

"Et toi ? Je sais que tu es un soldat de métier et bla bla bla, mais je sais aussi que tu es un homme, derrière le fait d'être un élu, un homme avec une famille. Ta femme sera une guérisseuse ici en ville, pas au front, mais presque autant en danger malgré tout. Je me souviens de l'homme un peu amère qui avait été éloigné du front la dernière fois. Comment est-ce que toi, tu vas ?"

Même dans sa manière de parler, on voyait qu'elle tentait d'être moins réfléchie, qu'elle laissait ses paroles sortir sans les retenir nécessairement, mais ce n'était pas fluide, il y avait de l'effort dans tous ça. Un peu comme si quelque chose l'empêchait de dire toute ce qu'elle voulait et qu'elle se forçait pour dire tous ce qu'il lui passait pas la tête après-coup.

::Et bla bla bla ? Tu es sur que c'est ce que tu voulais dire ?:: la taquina Jorel.

Fitz

Fitz sembla réfléchir un instant, avant d’éclater de rire

– Moi ? J’ai peur du matin au soir chaque jour qui passe. J’ai peur pour Feuille, pour mes hommes, pour le capitaine, pour Kalaïd, toi, mes amis. J’ai peur que le plan ne soit qu’un foutu merdier duquel on n’arrivera pas à sortir, j’ai peur qu’on n’ait pas tout prévu, j’ai peur de ne pas pouvoir faire le destin qui m’a été prédit, j’ai peur de rater ma cible et de plonger Haven dans le chaos, j’ai peur de ne pas être suffisant pour ce qu’on attend de moi. J’ai peur de mourir avant même d’avoir pu essayer.

Il reprit une gorgée de sa bière avant de continuer.

- Mais c’est pas vraiment ça qui m’arrêtera. Et puis ce n’est pas vraiment ça l’important en fait. Avoir peur c’est bien du moment qu’on n’est pas paralysé, et je ne suis pas vraiment du genre à être paralysé. C’est un excellent moteur pour rester en vie.

Et resté en vie il comptait bien le faire, tant qu’il n’aurait pas planté sa dague où il pensait dans qui il le pensait.

Par contre le souvenir des combats ratés le travaillait encore parfois. Mais il savait que c’était pour le mieux, que sans ça il n’aurait jamais pu tenir le rôle qu’on attendait de lui aujourd’hui. Celui du glaive. La maitrise de son don, de ses capacités, pour pouvoir enfin

- Et je suis plus aussi amère qu’avant. J’ai accepté cet éloignement forcé, je sais que c’était pour le mieux, pour que je puisse être utile aujourd’hui, face à l’ennemi qui va se présenter. Je sais que c’était ce qui était prévu. Et même si j’ai toujours un peu de mal avec l’idée de destinée, j’ai décidé d’accepter, c’est finalement ce que j’ai de mieux à faire.

Il adressa un sourire à la jeune femme

- Personne ne veut d’un capitaine qui bougonne dans son coin en ressassant le passé. il lui fait un clin d’œil avant de continuer J’ai évolué sur ce point. Tout comme toi finalement. Tu semblais terrifié à l’idée de devenir une flèche, et de mal faire à l’époque. Et regarde-toi. Tu sembles parfaitement accomplie dans ta tâche et ta mission. 
"Ça marchait vachement moins bien, un cerveau avec une hache au milieu." -Isabeau-

Héraut Enora

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  • Fiche: Dossier de Héraut
  • Compagnon ou Familier: Jorel
  • Âge: 23 ans, 1ere Déca automne
  • Langues: Valdemarien | Shin'a'in | Hardonien | (oral) Karsite | (oral) Tayledras
Enora écouta tous ce qu'avait à dire Fitz, et ça faisait du sens. Elle se doutait bien que son ami avait peur, tout comme elle, mais tout comme elle, il avait aussi mûrit. Il n'avait certes pas le même métier, ou la même compréhension du monde, mais leur sens du devoir les liait. Elle était contente de savoir qu'il avait pris du recul face à son éloignement du front lors de la guerre. C'était se qui l'avait inquiété le plus par rapport à son ami.

Elle lui sourit.

"Oui, tout comme toi, j'ai mûrit et j'ai appris à me faire confiance. Et maintenant, j'ai Jorel qui peut vraiment me faire savoir quand je suis une idiote et que je retombe dans le doute et l'auto-apitoiement. Ça aide aussi."

:J'ai toujours pu te le faire savoir, c'est juste que maintenant, tu comprend ce que je veux dire.:

:Oui, absolument.:

Elle était encore émerveillé chaque fois qu'elle entendait sa voix mentale. C'était merveilleux.

"Bon, il a quand même fallu qu'on adapte notre horaire de chevauché à ma condition particulière, on est devenue des oiseaux de nuit. Parfois, j'avais peur que les gens nous prennent pour des fantômes chevauchant la nuit. Mais tous c'est bien passé. Je peut toujours pas bronzé, mais j'arrive à faire mon travail sans trop de difficulté."

Et les étoiles était tellement belle la nuit. Elle avait eu des chevauché magnifique sous la lune et les étoiles, remerciement souvent la Déesse.

"Comment va Feuillemalice ? Ça doit pas être amusant pour les guérisseur non plus en ce moment ?"

Enora était heureuse que son ami est une famille, des gens vers qui retourner le soir. Elle avait Jorel, et parfois le reste du cercle. Certes, par moment, elle enviait les gens qui avait un amoureux, une famille qu'il voyait le soir, mais en même temps, elle était heureuse de la vie qu'elle menait. Jorel comblait une bonne part du vide qu'aurait pu laissé l’absence d'amoureux ou de famille.

Et pour le taquiner, elle ajouta.

"A quand les mini Fitz qui court partout ?"

Fitz

- Tant mieux pour toi et Jorel, vous m'avez l'air de former un duo parfaitement assorti. Et puis c’est important d’arriver à adapter son travail et y trouver un rythme. Si celui-ci te convient alors on se moque bien que les gens te prennent pour une chouette ou un renard !

Quand Enora le questionna sur Feuille, celui-ci était en train de prendre une gorgée de bière, quand elle mentionna les mini Fitz, il la recracha.

S’essuyant le visage dégoulinant il répondit

- Non, pas de mini Fitz. Je ne suis pas un… Je ne serai pas un très bon père. Crois-moi. Non. On n’a pas abordé le sujet avec Feuille, et c’est mieux ainsi. Quant à elle, elle va bien. Ça lui a fait du bien de passer du temps dans sa famille je pense, tant mieux, comme tu le dis, le travail ne va pas manquer pour eux dans les périodes à venir. 

Il soupira un instant, l'air pensif… Est-ce lui qui évitait le sujet ? Feuille y pensait-elle ? Non, il ne pouvait décemment pas se considérer comme un père modèle, il ne risquerait certainement pas de remettre ça.  Tout cela finirait bien par lui retomber sur le nez, il le savait pertinemment, mais il ne pouvait pas faire subir ça à Feuille, encore moins avec l'époque qui s'annonçait. Non leur couple était très bien ainsi, centré uniquement sur eux et personne d'autre. C'était tout ce qu'il voulait .

- Mais non, je crois qu'elle est heureuse avec moi comme ça, sans plus. Enfin pour l’instant en tout cas c'est l'impression que j'ai eu, et ca me va. Mais et toi ? Ta vie amoureuse ? As-tu rencontré quelques âmes sœurs potentielles durant tes voyages ?

Oui il tentait de détourner la conversation. Et oui c’était flagrant.
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Héraut Enora

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Enora n'était pas peu fière de son petit effet et elle se permit un petit rire, ce qu'elle n'aurait jamais osé avant l'Incident. Mais maintenant, la vie était trop courte pour ne pas profiter de ce qu'elle avait à nous offrir.

: Bien envoyé Enora ! :

Si Jorel lui-même était amusé, où allait le monde ? Mais c'était agréable de l'entendre rire avec elle, littéralement.

Par contre, le reste la surpris. Pas un bon père ?! Mais qu'est-ce qu'il racontait ? Tout le monde qui l'avait vu avec des enfants penserait le contraire. Et en plus, il tentait de faire diversion. Non, il y avait anguille sous roche ici et Enora était bien décidée à faire parler son ami ! Elle y était même tellement concentré, qu'elle ne rougit ni ne releva l'allusion à son absence de vie amoureuse.

Elle regarda donc son ami dans les yeux, et très sérieusement, elle déclara.

"Foutaise ! Tous ça, c'est de la merde. Je pourrais respecter que tu ne veuilles pas d'enfant, mais pas que tu te mentes. Tu serais un très bon père, et pour ça, on a seulement à te regarder agir avec tous les bambin du coin pour s'en rendre compte. Même une aveugle s'en rendrait compte. Allez, crache, qu'est-ce qui te tracasse ?"

Enora n'avait pas pensée touchée une corde sensible avec sa blague, mais elle n'allait pas laisser passé ça. Il y avait un bobo, et elle était bien placé pour savoir qu'il ne fallait pas les laissés pourrir.

Fitz

La réaction d’Enora ne surprit Fitz qu’à moitié. A moitié car, il n’était pas surpris qu’on se rende compte qu’il essayait de fuir la conversation. Par contre, il était surpris de la façon dont Enora lui répondait. Il lui adressa un sourire.

- En effet tu as changé ! Tu as grandi.

Il prit une gorgée de bière supplémentaire et soupira comme si le monde entier s’échappait de sa gorge.

- Un bon père Enora n’abandonne pas son enfant. Un bon père, ne laisse pas une femme enceinte dans une campagne lointaine en sortant de sa vie. Un bon père ne disparait pas de sa vie pendant 12 ans. Un bon père ne part pas mener sa vie alors que sa fille est seule.

Une autre gorgée.

- Tu vois. Je ne suis pas un bon père.

Et un nouveau soupir.  Pourquoi le dire ainsi ? Pourquoi le dire maintenant ? Et pourquoi pas après tout. Il pouvait tout aussi bien mourir bientôt, autant qu’une personne à Haven soit au courant.

- J’avais à peine 18 ans, c’était mes premières armes. Une mission de protection d’un domaine, le truc assez bateau. Longue histoire version courte, j’ai dépassé un peu la limite de la bienséance avec la fille du domaine. On m’a demandé de ne jamais remettre les pieds là-bas, et je ne me suis pas fait prier.

La vie était étrange parfois. Il avait enfoui tout ça pendant longtemps, n’avait jamais voulu en parler, avait réussi à éviter la discussion comme la peste. Mais depuis la mort de son ancienne maitresse, les choses dans sa tête se bousculait. Et cela ne s’arrêtait pas.

- La seule chose que j’ai fait pour ma fille ? Tu te souviens les premières fois qu’on s’est vu ? Je taillais des jouets en bois dans une branche. C’est tout ce que j’ai fait. Et elle ne les a jamais reçus. Je les enferme dans une armoire, à prendre la poussière, et ne pas voir le jour. 

Il braqua son regard dans celui d’Enora.

- Nous avons tous notre passé, nos démons, notre histoire. Je suis un homme bon, c’est certain, un bon père, ça, non.

Sa fille avait été heureuse dans le domaine, il n’en avait jamais douté. Elle avait été heureuse là-bas, avec sa mère et sa famille. Il le savait. Ou tout du moins, il s’en persuadait.
"Ça marchait vachement moins bien, un cerveau avec une hache au milieu." -Isabeau-