Auteur Sujet: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"  (Lu 10189 fois)

Héraut Irmingarde

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[Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
« le: 12 avril 2014, 14:57:28 »
Suite du retour des troupes.  
Début de la 2ème décade de printemps 1481 - Le soir

_____________________________________________________________________________________________________

Irmingarde traversait les couloirs en essayant de raser les murs. Elle avait espéré que l’heure plutôt tardive lui vaudrait de pouvoir sortir discrètement du Collegium, mais elle s’était trompée ! D’abord, elle avait oublié qu’il y avait toujours de l’animation dans le Collegium des Hérauts, quelle que soit l’heure. Les Hérauts confirmés qui choisissaient de dormir sur place arrivaient à n’importe quel moment, de retour de mission, de soirée, de promenade... Quant aux apprentis, ils passaient d’une chambre à l’autre pour parler, rire, ou plus. Mais surtout, ce soir, le retour des troupes étaient sur toutes les lèvres, les soldats, la guerre... Beaucoup de questions circulaient, d’hypothèses, notamment une. La guerre imminente allait-elle accélérer la formation des Gris pour qu’ils soient plus rapidement sur le terrain ? On s’apostrophait, on s’arrêtait pour en parler dans les couloirs, on supputait, on angoissait, on essayait de soutirer des informations aux Hérauts qui étaient sur le terrain...
Et Mina essayait de passer au milieu de tout ce monde tapageur en tout discrétion. Plutôt raté !
L’arrivée romanesque de Beltran avait déjà fait le tour du Palais et on la suivait du regard, curieux. Mortifiée, la jeune femme traçait sa route en tentant d’ignorer le reste du monde, espérant que personne ne savait où elle allait.

« Vu que t’es fait toute belle, crois-moi, des spécialistes des histoires de coeurs et de... enfin bref, des spécialistes comme les Gris savent parfaitement où tu vas ! »
« La barbe ! »


Elle pouvait accueillir le retour du Capitaine en tenue grise classique, mais quant à aller dîner chez lui, tout informel soit ce repas, elle ne pouvait pas s’y rendre en uniforme froissé. Du coup, elle avait succombé à une certaine coquetterie. Qui consistait à enfiler une vague tenue féminine qu’elle avait acheté quelques mois auparavant sur le marché, une longue jupe verte, un corsage brun et une chemise beige. Ses cheveux étaient remontés en gros chignon lâche, et elle portait les bijoux d’ambre offerts par Isabeau. Le résultat donnait l’impression qu’elle s’était déguisée en femme plus qu’autre chose, mais elle espérait juste que son effort serait salué par son hôte.

Elle finit par sortir du Collegium et apostropha son Compagnon :

« Ezarell ? »
« Je n’arrive pas à croire que je suis en train de faire ça... »
« Soit charitable s’il te plait... »
« Bien... »
« La voix est libre ? »
« Oui. Plus ou moins»


Irmingarde avait tout bonnement assigné Ezarell au poste de guet. A l’extérieur, son Compagnon ouvrait l’oeil pour vérifier que son élue croiserait le moins de monde possible en rejoignant les quartiers de Beltran, la guidant le cas échéant. Inutile de nourrir les rumeurs et les ragots plus que nécessaire.
Elle parcourut la distance qui séparait leurs logements sans trop d’encombre. Il y avait tout de même un certain nombre de soldats qui parcouraient les lieux, eux aussi se rendant à des rendez-vous galants après des mois à faire la guerre, elle récolta donc son lot de regard curieux. Enfin, un lot peu conséquent, puisque d'une, jusqu'à ce matin, peu de monde la connaissait et donc était en mesure de la reconnaître, de deux, elle était habillée en femme, de trois, il faisait nuit.
Mais ces-dit soldats étant infiniment respectueux de la vie de leur Capitaine, ceux qui comprirent qu'elle n'avait rien à faire ici sauf à se rendre chez Beltran se contentèrent d'avoir un sourire espiègle.

Elle se retrouva plus vite qu’elle ne le pensait devant la porte du Capitaine. La dernière fois qu’elle s’était retrouvée ici, c’était pour s’excuser d’être une affreuse rabat-joie coincée, il y avait donc tout lieu d’espérer que cette rencontre-ci serait plus calme.
Elle tapa quelques coups à la porte et attendit qu’il vienne lui ouvrir. Vite de préférence, histoire qu'elle ne reste pas sur le pas de sa porte trop longtemps. D'abord, elle avait un peu froid, les nuits de printemps étant encore fraîches, et la mince cape qu'elle portait était loin de lui donner chaud. Et puis, elle avait faim. Les rapports que Beltran devrait traiter avait tout de même pris un certain temps, et le page chargé de lui transmettre un message indiquant qu'il l'attendait était arrivé assez tard.

« Passe une bonne soirée Eza’ »
« Toi aussi mon élue »


Il avait été convenu qu’une fois passée cette porte, son Compagnon se couperai d’elle pour la soirée, la laissant tranquille.
Pas qu'elle ait prévu quoique ce soit de précis et surtout qui nécessiterait une intimité absolue - surtout pas! - juste qu'elle voulait que leurs retrouvailles soient enfin privées. Il lui avait dit "je vais bien", mais c'était devant tout le conseil, le comité d'accueil. Elle était curieuse de voir s'il allait vraiment bien. Peut-être avait-il besoin de parler à quelqu'un.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Beltran

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Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
« Réponse #1 le: 12 avril 2014, 18:14:47 »
Après avoir tourné le dos à Irmingarde devant Haven pour retourner tout à son poste de Capitaine des armées de Valdemar, Beltran avait été plongé dans le tourbillon des choses à faire. Tout d'abord, il avait pris à coeur de vérifier lui-même que ses hommes étaient bien rentrés - pas qu'il ne faisait pas confiance à Fitz, mais c'était un de ses devoirs de capitaine de s'occuper en personne de ses hommes. Après avoir fait une courte toilette dans ses appartements, il avait pris le chemin du Palais et remis ses premiers rapports au Roi, puis au Conseil, avec quelques raccourcis et la promesse d'exposer tout en détail à la réunion du lendemain à laquelle assisteraient plusieurs personnes étrangères aux conseils ordinaires. Les nouvelles étaient mauvaises et Beltran avait eu toutes les peines du monde à s'extirper de la salle du Conseil, assailli de questions et de mises en doute. Il avait pris le temps de donner ses rapports écrits à Arthon ainsi que certains écrits qui ne seraient pas rendus publics avant d'insister sur le fait que lui et ses hommes avaient une longue journée de marche dans les jambes en plus de longues semaines sur la frontière et qu'il nécessitait un repos bien mérité avant de reparaître pour la réunion du lendemain. Arthon avait volé au secours de son chef des armées et Beltran avait pu s'éclipser.

Une fois revenu à la caserne, il se dépêcha de se rendre dans ses appartements où il se nettoya entièrement, avec un soulagement indicible. Ce genre de luxe lui manquait de plus en plus en campagne. De l'eau chaude, du savon, un miroir pour se raser. Le blond capitaine passa un bon moment à se raser de près et arranger à peu près ses cheveux (qui avaient bien repoussés) avant de se mettre à son bureau voulant écrire à Irmingarde. Il se rendit alors compte que quelqu'un avait déposé une bouteille à son intention. Un petit mot l'accompagnait. "Pour fêter ton retour, seul... ou avec ta belle." Wylan. Il n'y avait que son cousin pour être déjà au courant et oser une telle offensive directe. Beltran eut un rictus amusé. Bientôt son cousin saurait sans doute mieux que lui ce qui le liait à Irmingarde. Il fourra le papier dans un tiroir et rédigea une missive pour Irmingarde, l'invitant à dîner, et un remerciement à Wylan, promettant de partager une autre bouteille avec lui dès que possible, potentiellement après la réunion du lendemain.

Une minute plus tard, ses messages partaient. Le soldat ignorait cependant si ce n'était pas trop tard et si Irmingarde avait déjà dîné et déciderait de reporter leur entrevue à plus tard. Il sentait bien que son comportement à son retour avait dû la prendre par surprise. A dire vrai, cela l'avait pris lui au dépourvu. Il n'était pas sûr de ce qu'il ressentait par rapport à ça - et le brave guerrier tremblait à l'idée d'une réprimande de la part de la menue jeune fille. Il était sincère lorsqu'il avait dit à Thalyana que les histoires de coeur ne lui valaient rien. Décidé à ne pas se morfondre sur quelque chose qu'il ne pouvait pas changer, Beltran alla s'installer au bureau et commença à ranger ses notes pour le lendemain. Quelques instants plus tard, les domestiques à son service vinrent apporter un dîner chaud et copieux, pour deux personnes, vin de luxe inclu, avec les amitiés du chef cuisinier. Beltran rédigea une fois de plus un message, cette fois de remerciement reconnaissant à son bienfaiteur et disposa lui-même couverts et plats sur la table qu'il libéra près de la cheminée, dans la salle attenante à son bureau. Il posa la bouteille offerte par Wylan en plein milieu de la table, prête à être ouverte. Il revint se perdre dans les comptes de soldats à affecter aux places fortes et s'y plongea si profondément qu'il faillit ne pas entendre les coups frappés à la porte. Cela prit une bonne seconde avant qu'il ne sursaute et ne se lève brusquement. D'un geste nerveux, il réarrangea sa coiffure et alla ouvrir, l'estomac dans les talons.

Quand le battant de bois se rabattit pour laisser paraître Irmingarde, Beltran rata une respiration. Devant lui, la jeune femme resplendissait. Coiffée, avec des bijoux originaux, en jupe, elle semblait s'être apprêtée complètement pour l'occasion. Beltran marqua un temps d'arrêt. A ses yeux, il ne pouvait y avoir plus jolie femme. Une partie de son cerveau se félicita d'avoir lui aussi fait un effort. Rasé de près, les cheveux bien ordonnés, il avait fait disparaître tant que se peut les traces du voyage et de la fatigue. Il était habillé en civil, dans des tissus d'un brun chaud - pourpoint bien taillé, pantalon à la coupe militaire mais élégantes, bottes de ville. Il avait tenté de lui faire honneur même s'il n'avait pas été sûr qu'elle le rejoigne.
Se rappelant subitement ses bonnes manières, il s'arracha à la contemplation béate de la jeune femme pour lui sourire, soulagé:

"Merci d'être venue. J'avais peur qu'il soit trop tard pour toi."


Il s'effaça pour la laisser passer et, galamment, lui proposa de s'occuper de sa cape. Il ajouta, un peu guindé:

" Tout est près dans le salon d'à côté. J'ai fait du feu. Veux-tu un verre de vin?"

Restons-en aux banalités pour ne pas faire de faux-pas, n'est-ce pas? Pourtant un compliment lui brûlait les lèvres sans qu'il ose s'épancher, de peur d'effrayer Irmingarde. Qu'elle accepte de dîner avec lui était déjà un grand pas en avant, Beltran s'en rendait bien compte. Il ne voulait rien gâcher mais mourrait d'envie de lui avouer que la voir lui faisait chaud au coeur, qu'il avait douté de son envie de le revoir, qu'il ignorait comment s'y prendre avec elle, et que la voir pomponnée comme cela lui nouait l'estomac. De tout cela, il réussit à tourner une phrase beltranesque qui résumait le tout:

"C'est étrange de te voir sans uniforme. Ca te va très bien." Puis désignant les bijoux: "Création de Girier, non?"

Bon, il trichait, il connaissait bien le travail de la famille de Girier. Déjà parce qu'il avait passé commande avant de partir et qu'il avait travaillé sur un bijou, qui attendait bien caché, avant d'être appelé à la frontière. Mais bon, ça Mina ne pouvait le savoir. Et le soldat, pourtant noble et plié aux compliments galants et aux ronds de jambes, avait du mal à formuler quoi que ce soit de poétique pour le moment. Il espéra que la future Héraut se rendait compte qu'il la complimentait du fond du coeur.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Héraut Irmingarde

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Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
« Réponse #2 le: 12 avril 2014, 19:15:00 »
Quand Beltran demeura muet quelque secondes après avoir ouvert la porte, Irmingarde se demanda sincèrement si elle n'était pas ridicule dans son accoutrement au point de le choquer.
Parce que lui, il était vraiment très élégant. Pas qu'il se soit mis en frais et porte une tenue très travaillée, comme certains nobles qui se pavanaient dans des vêtements improbables, mais il était en civil, et ses vêtements étaient, pour le peu qu'elle puisse en juger avec sa connaissance inexistence du textile, d’excellente facture, ce qui rendait le résultat ma foi... fort plaisant. Et intimidant. Comme au cours de danse. Dans cette tenue, elle le voyait tel qu'il était, un homme de sang noble.
Et elle se sentait d'autant plus mal à l'aise dans sa jupe.
Elle se secoua un peu et lui sourit:

"Il n'est jamais trop tard si tu acceptes de me consacrer un peu de temps, c'est déjà beaucoup vu le travail que tu as."


Elle pénétra dans ses quartiers et lui tendit gauchement sa cape. Elle chercha des yeux l'entrée du salon qu'elle ne connaissait pas. Elle n'était jamais allé plus loin que son bureau. Elle se dirigea vers la pièce et découvrit une très joli table dressée près de la cheminée. Hola, ça donnait à leur dîner une certaine aura romantique assez étrange, et Mina sentit les paumes de ses mains devenir étrangement moite et son souffle s’accélérer.
Toute seule avec Beltran. Chez lui. Autour d'un dîner -qui avait l'air atrocement bon. Devant un feu de cheminée. Hon hon...

"Du vin? Je ne sais pas, heu... pourquoi pas? Je te rappelle que la seule et unique fois que j'ai bu de l'alcool, c'était avec toi, et tu m'as servi quelque chose de corsé. Ce sera moins fort j'espère?"  


Ce que ça pouvait l'énerver d'avoir l'air d'une paysanne face à lui! Pauvre petit Irmingarde qui ne connaissait rien à la vie en dehors de ses cours et de son Compagnon. Face à un homme pour qui les manières du monde étaient maîtrisées depuis qu'il avait cinq ans! Cela se sentit dans le compliment qu'il lui fit et la toucha:

"Tu es gentil, mais tu es beaucoup plus élégant que moi. Moi je suis..."
elle haussa les épaules "... je me sens un peu déguisée, j'ai failli me prendre les pieds dans ma jupe!" ajouta-t-elle en plaisantant.

Puis elle se reprit de justesse:

"Enfin, déguisée. J'ai mis ça pour... heu pour..." Elle avait l'impression de s'enfoncer encore plus. "Pour essayer d'être jolie."

La jeune femme rougit de son aveu et enchaîna tout de suite sur la provenance de ces bijoux pour essayer de changer de sujet. Elle tritura son pendentif et dit:

"Oui, c'est un cadeau d'Isabeau. C'est un peu trop précieux pour moi, je sais même pas si ça va avec ma tenue..."

Et là voilà qui se remettait à parler chiffons et style. Bon sang ce qu'elle était cruche!
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Beltran

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Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
« Réponse #3 le: 12 avril 2014, 19:36:08 »
Irmingarde réagit d'une manière que Beltran n'avait pas prévu. Il avait imaginé une réponse caustique, mettant de la distance entre eux... et voilà qu'elle le remerciait presque de la solliciter si tard. Le capitaine hésita une seconde de plus avant de la débarrasser de sa cape, ne sachant pas s'il devait rebondir sur sa réponse ou pas. La possibilité lui échappa avec le temps qui passait et il se retrouva à tenter de lui faire des compliments. Visiblement peu habituée à un tel accoutrement, Irmingarde se dirigea vers la pièce que lui montrait Beltran. Il savait qu'il avait tout bien préparé mais il jeta un coup d'oeil inquiet à son invitée pour tenter de voir si cela lui plaisait. Le regard qu'elle lui avait jeté l'avait conforté dans l'idée que se faire beau pour elle avait été une bonne idée - elle n'avait pas semblé le trouver repoussant ou inquiétant.

Beltran eut un petit sourire et sans mentionner le mot de Wylan, il lui répondit bravement, vainquant l'indécision qui lui brouillait l'estomac:

"Ce sera moins fort. Mon cousin m'a fait porter une bonne bouteille... Rien de corsé, c'est un vin qui devrait te plaire." Il ajouta vivement: "Et si ça ne te plait pas, je peux te trouver autre chose. Bien sûr."

Il la guida avec ce qui ressemblait à de l'empressement jusqu'à la table et guetta avec inquiétude sa réaction à ses commentaires. La jeune femme sembla comprendre ses efforts et elle se dénigra une fois de plus. Beltran secoua la tête d'un air peu convaincu:

"Je ne suis pas élégant. Demande à n'importe quel dandy de la cour... Et pour moi tu ne fais pas déguisée. C'est inhabituel oui, et je te trouve aussi jolie dans ton uniforme, mais ces vêtements... te changent et te vont bien. Je suis honoré que tu veuilles... heu... être ... là... avec ces vêtements... heu... jolie ... ici... très jolie..."

Mon dieu, mon dieu, mon dieu, qu'il avait l'air idiot. Tous ses cours de diplomatie et de maintien avaient disparu au fond des oubliettes avec les traitres à Valdemar. Il en oublia presque qu'elle venait également de répondre pour ses bijoux. Il ne s'était pas trompé (mais n'en avait guère douté) et sa langue bougea avant que son cerveau ne réagisse:

"Cette jeune fille a bon goût, ça ne fait pas trop précieux pour toi et ça met tes yeux en valeur."

L'éducation de Beltran était revenue des oubliettes et avait pris le pas sur son impossibilité à réfléchir correctement devant Irmingarde. Gêné, un millième noeud venant de se rajouter à ses tripes, Beltran se détourna pour ouvrir la bouteille de vin. Il servit deux verres et en tendit un à Irmingarde.

"A nos retrouvailles?" proposa-t-il simplement.

Il la regarda droit dans les yeux et s'autorisa un sourire heureux, une seconde, avant de reprendre son sérieux et de présenter son verre à son invitée pour qu'ils portent leur toast.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Héraut Irmingarde

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Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
« Réponse #4 le: 12 avril 2014, 20:27:37 »
Quand Beltran lui parla de l'origine du vin, Irmingarde sourit:

"Je te fais confiance, je gouterai."

Puis vient le moment où elle s'empêtra dans ses explications, ses compliments, ses réactions. Et finalement, elle se retrouva moins gênée qu'elle le pensait pour la simple est bonne raison que la gêne était partagée à égalité. Beltran s'enfonçait autant qu'elle, c'était même divertissant quand elle arrivait à oublier à quel point elle était tendue.
Il était honoré qu'elle veuille bien venir avec des vêtements? Si elle était moins coincée, elle aurait répondu qu'elle n'allait tout de même pas venir toute nue!
Mais elle était coincée, et sa voix était bloquée dans sa gorge quand il lui avait dit qu'en plus d'être jolie, les bijoux mettait ses yeux en valeur. Elle était donc délicieusement rouge, mais on voyait son amusement dans les yeux.

Elle tourna en rond quand il s'occupa d'ouvrir la bouteille de vin, ne sachant pas où aller, s'assoir ou pas.
Et puis il y avait autre chose. La même sensation que plus tôt, quand elle l'avait accueilli. Les fourmillements dans les main, les spasmes dans les muscles de ses bras. Cette idée qui lui trottait dans la tête, l’obsédait presque alors qu'elle venait juste d'identifier ce qui la tracassait.
Le faire, ne pas le faire? Comment, pourquoi?
Non elle ne le ferait pas, c'était impossible, pourquoi elle ferait ça, qu'est-ce que ça lui apporterai, comment ce serait perçu? Pourquoi elle avait l'impression d'en avoir besoin? Peut-être plus tard... Oui mais plus tard quand? Ils n'avaient pas le temps, pas le temps, pas le temps...

Finalement, quand il se tourna vers elle avec le verre de vin et lui proposa de boire à leurs retrouvailles, elle respira un bon coup et se décida:

"Attend."

Elle prit non pas un seul verre, mais les deux, et alla les poser sur la table, maladroitement. Elle revint sur ses pas, regarda Beltran sans trop savoir quoi dire, comment le dire, quoi faire. Elle se tritura les mains, affreusement mal à l'aise, et finalement:

"Je... je vais faire quelque chose d'un peu dingue, enfin pour moi alors... sois indulgent. C'est juste que je crois que j'ai besoin de... bref..."

Et Mina fit une chose incroyable - sur l'échelle Irminganesque - elle s'approcha du Capitaine et... le prit sans ses bras!
Le corps collé au sien, ses bras autour de sa taille le serraient assez fort. Elle pouvait sentir ses muscles à travers ses vêtements, et son cœur qui battait. Sa joue droite était posée contre son épaule - il faisait tout de même 10 bons centimètres de plus qu'elle et elle s'était mise sur la pointe des pieds - et elle soupira en avouant:

"Merci d'être rentré... en vie."

Elle voulut rajouter qu'il lui avait manqué, malgré tout ce qu'elle s'était dit pendant ces longs mois pour se convaincre du contraire, mais n'osa pas. Elle apprécia juste de le sentir dans ses bras, présent, vivant, avec elle. Effectivement, ses mains arrêtèrent de fourmiller instantanément, comme soulagées d'avoir eu ce qu'elles voulaient. Étrange comme c'était réconfortant.
La scène ne dura pourtant que quelques secondes, et Mina se détacha de Beltran, rouge tomate, et retourna chercher les verres de vins. Elle tendit le sien au Capitaine, sans oser le regarder dans les yeux et dit du bout des lèvres:

"A nos retrouvailles alors."

Et elle siffla le verre de vin en entier. Cela dit, le breuvage était vraiment très bon, même s'il piquait un peu la gorge.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Beltran

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Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
« Réponse #5 le: 13 avril 2014, 09:26:02 »
Face à n'importe qui d'autre, Beltran se serrait incliné avec humour et aurait répondu légèrement qu'il était honoré de la confiance que l'autre mettait dans ses goûts. Face à Irmingarde, toute velléité d'humour fut bloquée à peu près à hauteur du plexus et le capitaine ne put sortir qu'une phrase moyennement intelligente:

"C'est du vin de glace que mon cousin m'a fait porter. Cela devrait être bon. Il a bon goût."


Autant dire une réponse plate, même si très vraie. Beltran aurait pu se claquer lui-même. Où était passé le charme dont on parlait tant lorsqu'il fréquentait encore les femmes de la Cour? "Perdu à la hauteur de ses chausses" pensa-t-il en lui-même en se giflant mentalement.
Même si l'homme se doutait que sa compagne n'en pensait pas moins - et qu'elle avait sans doute dans sa tête un interlocuteur chevalin très curieux, ce qui le stressait encore plus - il se demanda brièvement ce qu'elle pouvait penser de lui à ce moment là et cela ne le rassura guère. Dieux, il menait des armées au combat et s'empêtrait les pinceaux dès qu'une jeune femme l'approchait d'un peu trop près. Valdemar mettait sa confiance dans de bien étranges personnes. Beltran se savait qualifié pour organiser la défense du royaume, heureusement, car il n'avait pas besoin de plus de doutes.

Le Capitaine put se détourner un moment pour s'occuper de la bouteille et des verres, extrêmement conscient de la présence d'Irmingarde à ses côtés. Elle n'avait pas répondu à ses compliments. Etaient-ils si mal tournés que cela? N'avait-elle pas compris qu'il la complimentait? Ou pire qu'il appréciait ce qu'elle faisait? Les questions tourbillonnaient alors que le vin blanc remplissait les coupes. Quand il se tourna vers elle, il réussit à proposer un toast d'une voix à peu près normale. Il vit Mina prendre une grande respiration et l'ordre tomba, tel un couperet. "Attend."

Beltran se figea. Dans sa tête, il repassa tout ce qu'il avait dit depuis leurs retrouvailles devant Haven. Il alla même jusqu'à relire mentalement les rares missives qu'il avait envoyées. Il ne trouva rien qui pouvait justifier un "attend" si clair et définitif. Elle allait lui dire qu'elle ne voulait plus le voir... que ça ne servait à rien, qu'ils n'avaient rien en commun... qu'elle refusait les attentions d'un homme aussi pris que lui... Tous les scénarios catastrophes traversèrent l'esprit du Greenhaven alors que Irmingarde les débarrassait tous deux des verres remplis. Il voulut dire quelque chose mais la voir se triturer les mains d'un air désespéré lui coupa le sifflet. Il ne pouvait qu'attendre et refusait de provoquer le moment où elle allait lui dire qu'elle partait.

Puis Beltran se rendit compte qu'Irmingarde parlait. Il mit une seconde à remettre son cerveau en marche pour qu'il traduise ce qu'elle disait. Il ne comprit pas. Quelque chose de dingue qu'il devait voir avec indulgence? Ca ne sonnait pas vraiment comme un adieu - mais on ne savait jamais. Elle avait besoin de quelque chose. Plus d'alcool - fit l'esprit mal intentionné de l'homme, lui même désirant la boisson forte plus que jamais. Il ne bougea pas, ne parla pas, ne fit aucun geste pour ne pas brusquer Irmingarde.
Il fut tellement immobile qu'elle le prit dans ses bras et se serra contre lui sans qu'il ne réagisse. Il était sûr que si Irmingarde avait tendu l'oreille, elle aurait pu entendre le "tilt" qu'avait fait le cerveau du blond en se déconnectant.

Puis son corps réagit mécaniquement. Son bras alla entourer la jeune femme avec douceur et le serra un peu plus contre lui, pris de vertiges. Elle sentait bon. Il était terriblement conscient de son odeur, de la fragilité de son corps sous son bras, de la proximité de sa tête sur son épaule. Elle parla tout contre lui, le remerciant d'être en vie. Il la serra légèrement plus en réponse, sûr qu'il serait incapable de parler tant sa voix serait rauque.

Puis Mina s'arracha à l'étreinte et ce fut elle qui se détourna pour récupérer les verres d'alcool. Elle porta le toast elle-même alors qu'il récupérait sa propre coupe et, sous les yeux effarés du Capitaine, avala le vin de glace cul sec. Le Capitaine s'inquiéta une seconde de l'état dans lequel elle allait se trouver et... avala son verre de même.

"A nos retrouvailles. Tu devrais manger quelque chose maintenant..."
fit-il avec tendresse avant d'ajouter: "Je repartirai plus souvent en campagne si tu m'accueilles à chaque retour comme ça..."

Merci Wylan. L'alcool faisait dire la vérité, non?
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Héraut Irmingarde

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Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
« Réponse #6 le: 13 avril 2014, 14:06:57 »
Mina ne s'était jamais considérée comme chétive. Il y avait plusieurs raisons à cela. D'abord, des années de travail dans les champs Hold l'avaient musclée. Enfin l'équitation, les entraînements, la vie de Grise en général, avaient fait d'elle, par la force des choses, une jeune femme possédant une force physique honorable.
Il était donc étrange à quel point, dans les bras de Beltran, elle se sentait fragile. Vulnérable.
Mais infiniment bien. Surtout quand son bras s'était refermé sur elle. Cela ne lui provoquait aucun sentiment d'être enfermé, les dieux savaient pourtant que la jeune femme avait du mal avec la proximité d'un homme. Non, elle se sentait juste... protégée. Rassurée.
Cette sensation fut volontairement courte, puisqu'elle se détacha de Beltran rapidement. Si elle s'était écoutée, elle y serait restée. Mais la dernière fois qu'elle s'était retrouvé collée à lui, en dansant, les choses avaient légèrement... dégénérées.

Alors qu'elle venait de descendre son verre d'alcool, alcool qui commençait lentement mais sûrement à la réchauffer, elle osa jeter un œil vers Beltran. Il avait l'air un peu absent.
L'espace d'un instant, Irmingarde se demanda si elle ne venait pas de faire une bourde monumentale. Comme appuyer sur un bouton invisible qui déclencherait une sérié d'évènements imprévisibles. Ou lui faire passer un message plus sérieux que le simple réconfort dont elle avait eu besoin.
Visiblement, elle avait fait une bêtise, mais ce n'était pas de l'avoir pris dans ses bras, plutôt d'avoir bu d'une traite le vin de glace.
Il fit la même chose qu'elle et cela lui arracha un léger rire amusé. Quant à son aveu sur sa façon de l'accueillir, elle fut très touchée mais préféra en plaisanter:

"Je veux bien... t'accueillir comme ça à chaque fois, mais à une condition!"

Elle pointa son index vers son torse, le touchant du bout du doigt, et ajouta:

"Ne me fais plus de révérence devant tout Haven comme tout à l'heure!"


Et comme elle ne voulait pas qu'il comprenne mal ce qu'elle venait de lui dire, elle posa sa main en entier sur son torse, dans un geste tendre, comme une caresse, même si elle ne se rendait pas compte d'à quel point ce genre de geste pouvait être intime. Elle rajouta:

"Ne te méprend pas. Je suis très heureuse de te revoir, vraiment. Mais devant tout le monde... Oh mon dieu Beltran, c'était terriblement gênant!"

Voilà, c'était dit. Parce que si elle était prête à essayer de transformer leur tendre amitié en quelque chose de plus sérieux, elle se sentait beaucoup plus à l'aise de le faire en tout discrétion. Elle n'avait pas besoin d'un public pour ça, surtout pas. Être à l'abri des regards étaient tellement plus confortable, surtout si elle faisait des erreurs. Et si on s'appuyait sur l'étreinte impromptue qu'ils venaient d'échanger, il y avait tout lieu de croire qu'elle en ferait des tas.

"Manger? Oui, excellente idée, j'ai très faim!" conclu-t-elle pour se donner une contenance.

De nouveau, elle tourna en rond, près de la table, ne sachant pas où s'assoir. Puisque Beltran était, de par son éducation, quelqu'un de très... à cheval sur les us et coutume de la haute société du pays, elle voulait éviter de faire un faux pas.

Et elle commençait à légèrement paniquer en prenant conscience de ce qu'elle avait fait.
Le prendre dans ses bras, sérieusement?! Mais à quoi avait-elle pensé, ou plutôt à quoi n'avait-elle pas pensé? Elle n'aurait pas pu se retenir, tout bêtement, plutôt que de lui sauter dans les bras comme ça? Elle venait juste de les embarrasser pour tout le reste du dîner... Ah bravo Mina, très intelligent!
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Beltran

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Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
« Réponse #7 le: 14 avril 2014, 16:33:31 »
La situation échappait au contrôle de Beltran. Comme souvent lorsque Mina le retrouvait. Il semblait qu'il n'était pas capable d'ordonner les choses comme pour les manoeuvres militaires et qu'elle trouvait toujours la faille pour le faire déraper encore plus loin qu'il ne croyait possible. S'il se posait deux minutes pour analyser leur relation, Beltran n'aurait qu'à secouer la tête d'un air malheureux et avouer qu'il faudrait mieux, pour l'un comme pour l'autre, qu'ils arrêtent de se voir sans avoir préparé un script auparavant. L'aventure fait la vie, disaient certains. Irmingarde était une vie d'aventures à elle toute seule. Le blond ne la comprenait pas. Une fois proche de lui, amicale, et l'instant d'après le fuyant. Et là, elle avouait qu'il l'avait mortellement gênée et le prenait dans ses bras avant de s'en arracher soudainement. Que devait-il faire, nom des Dieux!? Il hésita à la retenir mais il la connaissait assez maintenant pour savoir que ce n'était pas approprié. Une partie de son esprit se félicita pourtant que cette fois aucune manifestation physique gênante n'était la raison de leur rupture de contact. Sur cette pensée, il avala cul sec son vin et bénit son cousin de son présent - même s'il ne lui dirait jamais de cette manière.

Beltran tenta de reprendre les rênes de la conversation, enchaînant quelques phrases qui semblaient appropriées pour la situation. Il réussit à faire réagir Irmingarde... d'une manière qu'il ne put réellement analyser. Etait-ce de l'humour? Lui en voulait-elle? Il ne put que s'incliner et répondre avec sérieux:

"Sur mon honneur, plus de révérence."

Voui. Le voilà donc dans la mouise. S'il n'avait pas le droit de s'incliner devant la jeune femme, la question était donc qu'avait-il le droit de faire? Etrangement, il doutait qu'un baiser langoureux lui convienne mieux. L'image était pourtant fort agréable et la sensation d'intimité renforcée par le poids et la chaleur de la main de la future Héraut sur le torse du Capitaine.

"Je n'ai pas réfléchi."
Avoua le chef des armées. " Je voulais juste... Je ne sais jamais comment me comporter correctement avec toi."

Et un aveu durement arraché au pitaine, un! Heureusement, le dîner sentait bon et il se rappella aux deux protagonistes de ce combat d'aveus difficiles. Beltran se dépêcha de venir tenir la chaise à sa partenaire une fois qu'elle accepta de s'interesser à la nourriture.

"Ici, demoiselle. Puis-je te resservir du vin?"

Platitude, oui. Une fois qu'Irmingarde fut installée, Beltran fit le service. Il ouvrit les plats et une odeur agréable envahit la pièce. L'entrée était composée de plusieurs petits feuilletés aux champignons et d'un potage aux courges. Dans le plat principal, le Capitaine découvrit deux cailles rôties (... visiblement le cuisinier avait bien compris qu'il ne dînerait pas seul... qui allait payer pour avoir donné cette information cruciale?). Curieux, Beltran s'autorisa à jeter un coup d'oeil au dessert et ne fut pas déçu: une tarte aux pommes à la cannelle les attendait sagement. Après des mois en campagne, ce repas, bien que simple, valait tous les trésors du monde. Si ils arrivaient à avaler quoi que ce soit.

Beltran se força à reprendre contenance en remettant les cailles au chaud et en remplissant les assiettes de l'entrée et les petits bols pour la soupe. Il alla ensuite s'asseoir et s'efforça de prendre un air moins guindé. Il ignorait s'il y était parvenu, mais il réussit à dire d'un ton enjoué:

"Et bien, bon appétit."

Et là, il pria pour trouver quoi dire pendant le repas. Il réfléchit rapidement. Il perdait ses moyens devant Mina et cela leur rendait la vie impossible. Que se passerait-il si ce n'était pas Irmingarde? Peut-être que la solution se trouvait là.
Après avoir goûté son potage et fait la mine satisfaite d'usage devant un bon repas, il commença lentement à manger puis se lança:

"Ta dernière missive me disait que les cours se sont accentués ici. Tu t'en sors bien?" Puis avec un sourire complice qu'il estima pas trop forcé: "Tu as trouvé quelqu'un pour les cours de danse?"

Ou comment casser l'ambiance? Il espérait que non. En même temps, il doutait qu'elle ait envie qu'ils s'abrutissent de politique alors qu'ils venaient juste de se retrouver. Il espéra qu'elle rebondirait sur un sujet qui lui plaisait à elle.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Héraut Irmingarde

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Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
« Réponse #8 le: 14 avril 2014, 17:59:53 »
"Je ne sais pas comment me comporter avec toi." Aie. C'était bien le problème. Irmingarde en avait douloureusement conscience. Elle savait son comportement étrange, et ne savait pas trop comment y remédier, ni comment l'expliquer. Or, Beltran avait l'air d'avoir besoin d'explications, d'être... guidé?  
Mina comprenait bien le dilemme pour lui. C'était un noble doublé d'un soldat. Son ascendance le prédisposait naturellement à respecter certains codes qui ne marchaient pas face à elle tout simplement parce qu'il n'était pas du même monde, pas du même monde du tout. Et son métier lui avait donné la faculté de juger d'une situation, d'un danger, rapidement et sans erreur pour savoir l'affronter, mais elle, elle était quelqu'un qui ne savait même ce qu'elle voulait. Alors trouver une parade face à ça, c'était plutôt difficile!
L'aveu avait du lui coûter, alors elle essaya de s'expliquer, prenant du temps à choisi ses mots:

"Je sais que je suis capable d'envoyer des messages contradictoire. L'ennui... c'est que je ne sais pas lesquels le sont. Je suis... dans l'inconnu total. Je dis des choses, je fais le contraire, je ne m'en rend pas toujours compte. Je suis désolée d'être une casse-pied. Je t'impose un rythme impossible hein? Il faut me dire si je vais trop loin."

Mina aller trop loin? Un comble tout de même. C'est que ce n'était pas exactement ce qu'elle voulait dire. Ce qu'elle entendait, ce qu'elle voulait, c'est qu'il sache l'arrêter si ce qu'elle faisait était trop difficile à supporter pour lui. Mais elle n'allait tout de même pas lui dire "Préviens-moi si je me comporte comme une catin sans m'en rendre compte? Comme le fois où je me suis frotté à toi au point de te faire perdre ton contrôle."
Et puis il y avait toujours ce facteur temps. Ce maudit temps, qui filait inlassablement, vers la guerre en plus. Les promesses qu'ils s'étaient faites dataient d'une époque où ils pensaient avoir plus de temps. A présent... Il fallait accélérer les choses, pour ne pas regretter. Comme toutes ces dernières décades. Et naviguer dans l'inconnu était déjà difficile pour Mina, alors le faire à grande vitesse! Ça rendait les choses plus compliquées encore. Comme s'ils avaient besoin de ça!

Elle préféra lui sourire plutôt que de dire le fond de sa pensée et accepta de s'assoir. C'était agréable tout de même, la galanterie! Cela la fit même rire.

"Je veux bien du vin oui, c'est très bon, même si je suppose que c'est traître. Et pardon si je ris, mais je pense à... chez moi. Enfin chez moi... Les Holds quoi. C'est pas là-bas qu'un homme tiendrai la chaise d'une femme! Ce sont plutôt les femmes qui se battent pour qui aura l'honneur de pousser la chaise de leur époux. Mes belle-mères seraient... choquées de voir ça!"


Ce n'est pas tous les jours que Mina parlait de sa famille en plaisantant. Il fallait croire que l'effet du vin se faisait déjà sentir.
Quand Beltran découvrit les plats, l'estomac d'Irmingarde grogna bruyamment.

"Oh pardon, ce n'est pas vraiment très distingué mais... ça a l'air délicieux Beltran, qui as-tu soudoyé pour avoir un repas pareil? On mange bien, au Collegium, mais ça n'a rien à voir avec ça!"


Dans sa vie, Mina n'avait jamais "mal mangé". Dans les Holds, la nourriture était rustique, mais très bonne, la raison pour laquelle les surplus de stock se revendait à prix d'or sur les marchés. Les quantités étaient soigneusement calculées (quand il y a une vingtaine de bouche à nourrir, mieux vaut savoir compter) mais elle avait toujours mangé à sa faim, sauf quand elle était punie bien sûr.
Au Collegium, la nourriture était très correcte et les recettes variées.
Mais ce soir... la jeune femme allait découvrir le sens du mot gastronomie.

Avant de commencer, elle but une nouvelle gorgée de vin et demanda:

"Tu as donc un cousin à Haven? Qui est-ce? En tout cas, il sait bien choisir le vin. Enfin je suppose, puisque je trouve ça bon."

Puis elle goûta la soupe et soupira de contentement. Irmingarde n'était pas une glouton et savait se tenir à table, mais elle essayait tout de même de faire attention à la façon dont elle s'y prenait histoire de ne pas passer pour une mal élevée.

"Les cours? Oh... Tu sais, je ne me rends pas compte s'il y en a vraiment plus ou pas, je suis disciplinée, on m'assigne un cours, je m'y rends, même si je dois confesser que... je ne suis pas une élève des plus douée. Sauf en Karsite. Mais j'ai vécu à la frontière, j'ai donc un avantage sur les autres."

La nourriture était vraiment délicieuse, et cela la mettait de bonne humeur.

"Quant à la danse, honnêtement... J'ai fait l'effort d'être assidue au cours de maniement des armes, mais la danse étant une option, non je n'ai pas pris de cours avec quelqu'un d'autre que toi."

"Vu la façon dont s'est terminé mon seul et unique cours..." eut-elle envie de rajouter. Mais elle se retint. Mieux valait éviter ce sujet, oui.
Pendant quelques minutes, elle continua à manger et face au silence se dit que c'était peut-être à elle de relancer la conversation. Houla...

"Ce qui tourmente le plus les Gris en ce moment, malheureusement, c'est si la guerre ne va pas accélérer notre formation."

Ben oui tient, parlons de la guerre, en voilà un sujet qu'il est gai!
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Beltran

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Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
« Réponse #9 le: 15 avril 2014, 19:52:11 »
Respirer avec le ventre. Lentement. Non, ses mains ne tremblaient pas - mais c'était par pur effort de volonté. Ne pas dire de bêtise. Ne pas dire de chose qui la choquerait. Ne pas laisser paraître son trouble. Peut-être qu'il aurait dû remettre ce dîner à un moment où il aurait été moins fatigué: c'était une bataille de tous les instants pour ne pas franchir la ligne invisible entre eux et Beltran aurait eu besoin de toute son énergie. Mais son envie de voir Irmingarde avait dépassé ses réticences, et le voilà totalement gauche à commencer un dîner avec la demoiselle. Il lui fallait prier pour ne pas faire de faux-pas. Il crut en avoir fait un quand il avoua son incompétence en face d'elle parce qu'elle mit un moment avant de lui répondre. Il leva ensuite un sourcil étonné quand elle analysa la situation avec un angle qu'il n'avait pas. Il s'empressa de la rassurer:

" Je ne suis pas plus doué pour décrypter les messages. Je n'ai ... pas l'habitude de ce genre de situations. J'essaye de suivre le rythme."

Il refusa de finir par "tu ne vas pas assez loin, c'est ça notre problème" et il se contenta de poser brièvement sa main sur l'épaule de la jeune femme pour la rassurer physiquement avant de reprendre ses distances pour ne pas empiéter sur son espace vital. Il l'aida à s'asseoir comme la galanterie l'exigeait puis proposa de remplir les verres. Quand elle eut accepté de reprendre du vin et de ne pas passer à l'eau, Beltran s'exécuta pendant qu'elle parlait un peu de sa famille. Elle était plus proche de se confier un peu à lui qu'il n'en avait l'habitude alors il l'écouta attentivement avant de lui poser son verre près de son assiette et de commencer le service.

"Je connais mal les Holds." avoua-t-il. "Mais je me rappelle d'épouses très effacées... Je les imagine mal ne serait-ce qu'hausser la voix, je dois avouer... Chez moi, ma mère a toujours eu le dernier mot sur mon père. Il l'aimait et la respectait énormément, mais ils pouvaient aussi se crier dessus à pleins poumons quand ils pensaient qu'on n'entendait pas. Le reste du temps, mon père insistait sur l'importance de la galanterie et de l'honneur. S'il n'avait pas considéré ma mère comme son égale, jamais il n'aurait accepté de se battre verbalement avec elle. J'ai grandi avec ce concept de valeur: l'époux doit autant que l'épouse. C'est sans doute pour cela que je n'ai jamais accepté les alliances qu'on m'a proposées... Les jeunes femmes nobles ont tendance à soit se considérer inférieures, soit manigancer dans leurs coins... Je n'aurais pas pu m'entendre avec elles." Puis il sourit: "Ils ont arrêté de me faire des propositions depuis quelques années, je m'en porte parfaitement bien." Et, curieux, il demanda: "Avais-tu des envies de mariage avant d'être Elue?"

Beltran s'étonnait lui-même de parler autant. Il espérait qu'il n'avait pas abordé un sujet tabou pour sa compagne. Il enfourna une bouchée de friand en souriant lorsque la jeune femme s'excusa du bruit de son estomac, puis, l'ayant avalé, expliqua:

"Oh tu sais, partir en campagne c'est aussi ramener quelques trucs à Haven, et j'ai souvent fourni le chef cuisinier en vins et autres spécialités... Depuis, il me gave quand je reviens, lorsque je ne partage pas le repas de mes hommes. Quelqu'un l'a prévenu que j'étais rentré... J'ignore qui lui a dit de faire assez pour deux, mais nous pouvons nous en féliciter. Et je dois avouer que je rêvais d'un tel repas depuis des semaines."

Le commandant prit à son tour une gorgée de vin et répondit à propos de sa famille:

"J'ai un cousin éloigné qui est Héraut. Wylan. Tu ne dois pas le connaître, il est souvent loin de Haven. Il travaille essentiellement avec le Roi et le Héraut du roi mais il nous arrive de devoir travailler ensemble... et comme on vient de la même région et de la même famille, on peut dire que c'est un de mes proches désormais..."

Irmingarde enchaînait sur la soupe et sur ses cours pendant que Beltran se régalait de son friand. Il hochait régulièrement la tête d'un air approbateur pour montrer qu'il suivait, et faillit s'étrangler de honte quand elle mentionna leur dernier cours ensemble. Il n'avait toujours pas avalé son propre manque de contrôle. Il fit d'un ton légèrement honteux:

"Il doit pourtant y avoir de meilleurs professeurs que moi... Mais tu as raison, les armes sont plus importantes..."

Irmingarde devait être aussi gênée que lui parce qu'elle enchaîna directement sur la guerre. Beltran se rembrunit.

"Je te le dis parce qu'il ne servirait à rien de mentir. La guerre est à nos portes et la réunion de demain portera sur les manoeuvres. Nous aurons besoin de tout le monde plus rapidement que prévu... Mina... Même à Haven, il faut que toi et les autres élèves Hérauts fassiez attention. En tant que lames de Valdemar vous serez les premiers concernés. J'ai peur pour vous... pour toi."

En essayant de garder l'air brave et détaché malgré la gravité de ses paroles, Beltran tendit la main vers celle de la jeune femme... heurta la carafe d'eau qui se renversa en direction d'Irmingarde et alla l'inonder. D'un bon, le soldat fut debout, renversant sa chaise, serviette à la main et excuses à la bouche pour venir éponger les dégats...

"Je suis mortellement désolé.."

Il était penché sur la jeune femme quand un "hm Commandant?" retentit à la porte. Le maréchal venait d'entrer, une pile de parchemins à la main, l'air interloqué. Beltran savait bien qu'il était dans une position inconvenante. Et pour la première fois depuis longtemps, Beltran rougit.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Héraut Irmingarde

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Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
« Réponse #10 le: 15 avril 2014, 23:13:45 »
Pour conclure le débat qui devenait aussi gênant pour l'un que pour l'autre, Irmingarde se contenta de sourire. Elle avait pourtant bien envie de dire "Ah bah nous v'la bien parti!", mais ce n'était pas vraiment le moment. Parce qu'en plus, sentir sa main sur son épaule avait le don de la rendre muette. Se mettre à table était donc une bonne façon de passer à un autre sujet que leur handicap sentimental.

Elle secoua la tête, amusée, quand il lui dit mal connaître les Holds.

"Personne ne les connait sauf eux-même, et encore... Enfin, disons que leur réputation n'est pas infondée! Oui, en général, les épouses secondaires sont assez effacées, voire invisibles. Mais les Premières épouses, je peux te garantir que souvent, elle font profiter tout le monde de leurs statuts... privilégiés."

Puis elle l'écouta lui raconter un morceau de son histoire avec passion, en oubliant même de mâcher ce qu'elle avait dans la bouche. C'était fascinant de découvrir dans quel univers il avait grandit. Tellement différent de ce qu'elle-même avait vécu, à mille lieux!
Heureusement qu'elle se souvint d'avaler son morceaux de feuilleté, car elle l'aurait craché de surprise quand il lui parla des projets de mariage qu'avaient pu faire sa famille pour lui. Elle avait singulièrement du mal à imaginer le Commandant coincé dans une vie maritale avec une noble! Pourtant, quand elle pensait à Isabeau, c'était l'ordre des choses.
Elle posa sa fourchette et répondit:

"Tu as l'air d'avoir eu une enfance heureuse. Ce bonheur conjugal dont tu parles... c'est assez difficile à imaginer pour moi, mais je suppose que ça doit être agréable, en tout cas tu fais honneur aux valeurs de tes parents, ils sont sûrement fiers de toi. Et ils t'ont laissé décidé ou non d'accepter de te marier, c'est rare. Et tant mieux pour moi. Parce que je ne serais pas là, si tu étais marié. Toi, tu serais fidèle à tes valeurs, et donc à ta femme. Moi... j'ai des valeurs aussi."

Avant de répondre plus en détail à sa question concernant ses aspirations à elle, elle mangea un peu de soupe, le temps d'ordonner ses pensées avant de les exprimer. Il lui avait confié un peu de son histoire, elle pouvait en faire autant.

"Des envies de mariage, moi? Grands dieux non, c'est même pour ça que je suis ici. Je... j'ai toujours pensé réussir à y échapper. Parce qu'au fond, et bien... je suis une fille illégitime, et dans les Holds, c'est aussi mal vu qu'ici. Une fille illégitime, sans dot, ça n’intéressait personne. Et ça me convenait."


Parfois, Mina se demandait comment elle aurait fini, dans les Holds, si personne n'avait voulu d'elle et si elle ne s'était pas enfui. Une femme célibataire, c'était très mal vu. En général, les femmes dans ce cas prenaient le voile au Temple. Brrr, quel perspective terrifiante!

"Finalement, quand j'ai eu seize ans... un cousin a voulu de moi parce que toutes ses femmes étaient enceintes, fatiguées, fatigantes... J'ai refusé. Ca... ne s'est pas bien passé."

Comme avec Isabeau, elle essaya de ne pas trop grimacer. D'autant plus qu'évoquer ce détestable jour était encore plus difficile face à un homme qui ne le voyait pas comme une Grise lambda, mais comme une femme.

"Et me voilà! C'est terriblement commun finalement. Rares sont les Holds qui quittent volontairement la région, et quand c'est le cas, c'est que l'on fuit ce genre de chose."

Tout ça n'était pas franchement joyeux et la jeune femme haussa les épaules avec fatalisme.

"Donc non. Même au delà de ça, ça ne m'a jamais tenté. C'est trop important, trop sacré pour faire ça à la légère avec le risque de se tromper. Ou de laisser les autres le décider à votre place."

Elle pensait encore à Isabeau, même si elle ne prononça pas son nom, parce que leurs conversations à ce sujet étaient privées. Elle éluda:

"Et puis j'ai Ezarell. Je suis comme mariée finalement. Même si je lui dit parfois qu'elle a peut-être choisi trop vite!"


Elle finit son entrée en l'arrosant de vin et l'écoutant parler de campagne.

"Oh tu sais, je crois que tout Haven est au courant de ton arrivée, et de nos... retrouvailles, alors je ne suis pas étonnée. Et je comprends que tu en ai rêvé, c'est délicieux!"

Soudain, la jeune femme eut une idée qu'elle exprima sans réfléchir:

"Faisons un marché Beltran. Ce repas est une conséquence de ta révérence devant tout le monde. Or, je t'ai demandé de ne plus m'en faire en public, contre la promesse de... d'étreintes quand tu rentres de campagne. C'est ennuyeux, je perd tout de même une récompense par procuration. Je propose donc: un excellent repas comme celui-là contre mon enthousiasme à ton retour!"

Mina eut un moment d'absence et rougit quand elle se rendit compte de ce qu'elle venait de dire. Vraiment? Elle venait vraiment de monnayer son affection contre un repas de luxe? Oh pitié, par tous les Dieux du royaume de Velgarth...
Elle enchaîna pour essayer de noyer sa proposition totalement inconvenante sinon ridicule dans la conversation.

"Tient donc, Héraut Wylan alors?" s'exclama-t-elle avec un enthousiasme forcé. "C'est donc lui, le Héraut de la famille? Il y a toujours un Héraut dans les grandes familles."

Elle fronça les sourcils, cherchant à poser un visage sur ce nom mais en fut incapable.

"En revanche, je ne me souviens pas de lui. Son nom me dit quelque chose, Wylan... Mais, non, rien à faire, je ne sais pas qui il est. J'en suis navrée, parce qu'il est très généreux!"

Elle conclut sa réflexion en levant son verre de vin et le finit.
Même si le breuvage était très bon, il eut un goût amer quand Beltran lui révéla quelques détails à propos de la guerre imminente. De la guerre tout court d'ailleurs. Irmingarde eut un frisson désagréable qui lui parcourut le dos. La confession partit toute seule, même si elle aurait à tout prix préféré éviter de l'avouer devant le Commandant de la Garde de Valdemar:

"Je... je suis terrifiée."

Elle baissa la tête, un peu sonnée, et vit la main de Beltran s'approcher de la sienne. Et elle l'aurait laissé la lui prendre si... si il n'avait pas renversé la carafe d'eau en plein sur elle!

"Nom d'un..."

Mina recula sur sa chaise pour éviter de plus de liquide lui coule dessus. La catastrophe! Son corsage était trempé, une partie de sa jupe aussi. Seule sa chemise était encore indemne. Elle eut une pensée terriblement superficielle, à savoir qu'elle avait perdue son temps à essayer de s'habiller correctement. Puis elle eut froid. Et enfin, elle eut le bon goût d'être intensément gênée.
Sa gêne s'accentua quand Beltran tenta de... de quoi au juste? L'essuyer? Sérieusement?
Elle eut juste le temps d'attraper ses mains pour les empêcher de la toucher, même si elle savait que ce n'était que pour s'excuser et pas pour la tripoter, et glapir:

"Pas la peine je..."

Et là, comme si cet instant n'était pas assez gênant, le Maréchal en personne les interrompit. Et les vit, tous les deux. Beltran penché sur elle, elle, lui enserrant les poignées, ses mains dangereusement près de sa poitrine par un malheureux hasard. Avait-elle vraiment pensé que le moment le plus gênant de toute sa vie était celui où Beltran lui avait fait une révérence devant tout Haven? Grossière erreur...
Le moment était tellement embarrassant qu'elle lâcha même une réflexion très impolie:

"On vous a jamais appris à frapper?!"

Très impolie, et surtout, très mal venue. Il y a encore une seconde, le visiteur aurait pu penser que ce qu'il avait sous les yeux n'était pas ce qu'il croyait, il y avait une chance infime pour ça. A présent, alors qu'il se recevait ce genre de remarque, le convaincre du contraire serait difficile!
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Beltran

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Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
« Réponse #11 le: 16 avril 2014, 18:43:28 »
Passant de la vie des épouses secondaires des Holds au couple Maman de Beltran-Papa de Beltran, malgré quelques hésitations et quelques blancs, la conversation prenait cependant des airs de vrai échange. Une partie de Beltan le nota et en fut soulagée. Le commandant hochait la tête de temps en temps, émerveillé que Irmingarde commence à se sentir assez à l'aise pour bavarder avec lui d'un ton léger. Elle semblait réellement s'intéresser à ses radotages sur sa famille et elle s'attarda un peu sur le sujet du mariage.

"Ils n'ont pas eu le choix. J'étais trop pris par l'académie militaire et on me donnait trop de responsabilités pour qu'ils puissent insister trop souvent. Je les ai déçu à cet égard mais nous avons assez de jeunes gens dans la famille pour que le domaine soit entre de bonnes mains même si je n'ai pas d'héritier. Mais tu as raison... j'aurais été marié, tout aurait été différent. J'aurais peut-être abandonné mon poste, je n'aurais pas fait les missions... Mais tu me connais un peu maintenant, ça n'aurait pas correspondu à mes valeurs. Valdemar d'abord. Je ne suis pas Héraut mais j'appartiens au royaume autant que vous."

Et ça, les Hérauts le savaient bien. Beltran était à leurs yeux un homme de confiance, marié au royaume comme d'autres l'étaient à leur passion. C'est pour cela qu'il comprenait le sens du devoir des Compagnons et de leurs Liés. A sa manière, Beltran avait développé un Sens de la Terre dérivé, profondément ancré dans son coeur. Il savait que Irmingarde comprenait.
Et une minute plus tard, Beltran s'avouait à lui-même qu'il était soulagé que la jeune femme n'ait pas d'envies particulières de mariage comme beaucoup de femmes à son âge. Ce qu'elle avoua sur son cousin toucha Beltran. Il ne connaissait guère les Holds, comme il l'avait déjà dit, mais il en savait assez pour savoir que cette période avait dû être réellement éprouvante pour Irmingarde. Il hocha la tête:

"Tu as raison, le mariage n'est pas à prendre à la légère, quelle que soit la religion. Et puis... Nous sommes mariés à Valdemar non? Et toi à Ezarell, comme tu dis. En tout cas, ta place est ici. Peu importe de quel côté du lit tu es née, ta valeur ne vient pas de ça. Tu le sais, maintenant, n'est-ce pas?" fit-il d'un ton ferme.

Il aurait pu être un peu plus diplomate mais il prenait à coeur que Mina s'occupe d'elle-même et s'avoue ses propres valeurs. Elle n'avait que trop tendance à se replier sur elle-même. Beltran n'avait pas besoin de savoir quelles horreurs elle avait pu vivre pour savoir qu'elle était une femme forte qui s'en sortirait par elle-même quoi qu'il arrive (et tant qu'il était derrière l'épée dégainée pour botter le cul à qui oserait faire un commentaire).

Beltran réussit à ne pas prendre l'air coupable quand l'apprentie Héraut lui rappela que la moitié de Haven l'avait vu être accueilli par elle et que les rumeurs avaient déjà dû atteindre la frontière depuis... Elle se réjouit cependant du repas et soudainement, fit une proposition qui fit lever un sourcil au commandant de la garde. Beltran s'autorisa un sourire en coin:

"Tu es facile à acheter, dis-moi. Je te promets autant de dîners que tu veux. Je peux même te faire faire des plats à emporter pour tes pauses de midi quand tu as cours, si tu insistes."
plaisanta-t-il. "Nous avons un marché donc. C'est noté."

Un peu d'humour faisait du bien avant de repartir dans les méandres des souvenirs et des liens familiaux. Beltran parla un peu de Wylan et devant la réaction de Mina, il précisa:

"Wylan est un personnage très dur à cerner. Il est souvent en mission, et personne n'arrive à se rappeler à quoi il ressemble, ça fait partie de ses dons. Très utile pour Valdemar. Et il ne se lie à personne, il joue cavalier seul. Mais je doute que son... cadeau soit seulement par générosité. Je crains qu'il ne s'en serve comme excuse pour venir plus tard me tirer les verres du nez quant à la jolie demoiselle que j'ai embarrassé devant tout le monde." fit-il d'un air un peu penaud (mentalement bien décidé à ne pas donner cette joie à son cousin).

Revenus sur un terrain plus sérieux, Beltran comme Irmingarde se rembrunirent en parlant de la guerre. Irmingarde eut même le temps de s'ouvrir à Beltran et s'avouer terrifiée - ce dont il ne pouvait la blâmer- mais le commandant fracassa cet instant d'intimité en faisant preuve d'une maladroitesse extrême. L'eau atteignit le corsage de la jeune femme avant qu'ils ne puissent réagir. Jaillissant de sa chaise au point de la faire tomber, Beltran tenta d'éponger les dégats mais c'était sans compter les réflexes d'Irmingarde concernant les hommes qui la touchaient. Maudissant sa bêtise (à lui), Beltran se retrouva à s'excuser une fois de plus et à lui tendre sa serviette. Il n'eut pas le temps de reculer que le Maréchal venait achever le tableau.

Si les Dieux existent, qu'ils rient bien à mes dépends... pensa Beltran très fort avant de s'insulter mentalement de rougir comme un gosse pris à faire une bêtise.

Il se redressa brusquement pour regarder son subalterne et ne put s'empêcher d'approuver mentalement la pertinente question de sa compagne.
Le Maréchal eut le bon goût de se montrer gêné.

"Désolé. Je ne m'attendais pas... Beltran est toujours... J'ai les papiers pour demain." finit-il lamentablement en agitant ses parchemins.

Beltran hésita. Il ne savait pas ce qui était pire: renvoyer son maréchal en lui faisant promettre de ne rien dire - ce qui confirmait qu'il contait fleurette à Irmingarde- ou faire comme si de rien n'était et avoir la moitié de l'armée au courant avant que le dîner ne soit fini. Ses joues rouges le trahissaient plus sûrement encore que sa position intéressante au-dessus d'une jeune femme dans ses appartements. Il finit par se décider:

"Pose tout ça sur mon bureau, je m'en occuperai après le dîner. La prochaine fois, frappe à la porte. Et on est bien d'accord que ce dîner est d'ordre privé..."

Ce n'était pas une question. Le Maréchal salua, bredouilla quelques excuses plus choquées que contrites, et s'exécuta. Une minute plus tard, la porte du bureau se ferma et le silence revint.
Beltran regardait ses pieds. Il leva enfin le regard vers Irmingarde.

"Par les Dieux, je ne suis pas doué, n'est-ce pas?"

Ce n'était pas non plus une question.
Du coin de l'oeil, il nota que l'eau avait coulé autour des plats mais évité de tremper la nourriture. Tout n'était pas gâché. Mais Irmingarde voudrait peut-être fuir maintenant.
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Héraut Irmingarde

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Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
« Réponse #12 le: 16 avril 2014, 23:53:45 »
Tout ça, Mina le savait fort bien. Beltran vivait pour son pays et la défense de celui-ci. Et c’était un choix. Pas qu’un Héraut se sente obligé, mais disons qu’il n’avait pas tellement voix au chapitre lors de son élection. Ce qui était d’autant plus noble dans le cas de Beltran.

« Valdemar d’abord oui, je trouve que c’est un bon résumé. »

Puis il insista sur la nécessité pour elle de se connaître, elle, ses valeurs… Vaste débat dans lequel Irmingarde n’avait pas tellement envie de s’engager. Elle se méfiait encore trop de son propre jugement. Ou s’arrêtait l’humilité pour devenir de la prétention ?

« Tu parles de confiance en soi ? J’y… travaille. Je n’ai pas trop le choix de toute façon si je veux avancer. Enfin, c’est l’avis général, surtout en cours de Don d’ailleurs… »

Plus facile à dire qu’à faire cependant. Mais tout comme il fallait agir dans l’urgence avec Beltran, il fallait faire de même avec elle-même. La guerre ne laissait pas le loisir de regarder passer le temps en remettant les choses à plus tard. Ni celui de se chercher trop longtemps.

Elle n’insista pas, espérant ne pas relancer ce sujet, mais ne put pas éviter que Beltran relève sa proposition totalement fantaisiste, forcément. Cependant, il le fit avec humour, ce qui la rassura.

« Ne répète pas à Arthon et Saskia que leurs Hérauts sont corruptibles avec une tarte aux pommes ! Si ça se savait, cela écornerait notre prestige ! Quant à toi, je crois que tu es assez occupé, surtout en ce moment, pour y rajouter la cuisine. Et puis ça rendrait jaloux mes camarades gris, c’est un risque trop grand ! Non, mieux vaut que nous en tenions à des repas en privée ici, c’est plus sûr. »

Et puis imaginer Beltran lui ramener une gamelle au Collegium le midi. Oh bon sang, ce serait réellement la fin de toute tranquillité !

Quand il lui parla de son cousin, Mina comprit mieux pourquoi elle ne mettait pas de visage sur ce nom avec un don pareil. Don qu’elle ne connaissait du reste absolument pas et qui lui semblait sacrément étrange.

"Ca doit être bizarre, que les gens ne se souviennent pas de toi. Pratique, mais pas forcément facile à vivre. Enfin, je suppose qu'il a appris à faire avec au mieux. Et toi, tu sais à quoi il ressemble, à l'origine?"


Quand Beltran parla des techniques détournées de son cousin pour le faire parler, et qu'il rajouta qu'elle était jolie, Mina s'empourpra et ne rajouta rien. Qu'aurait-elle dit? S'il fallait commencer à se faire confiance à un moment, pourquoi ne pas commencer à accepter les compliments qu'il lui faisait en les considérant comme vrais?
Elle était jolie à ses yeux. Oui, c'était un bon début, définitivement.

La suite le fut moins, puisque le sujet de la guerre tomba réellement à l'eau. Et s'y noya, en même temps que sa dignité et ses bonnes manières.
Elle eut envie de répondre au maréchal "Quoi Beltran est toujours seul? Et c'est une raison pour rentrer ici comme dans un moulin?". mais cette fois-ci, Irmingarde eut la sagesse de ne pas en rajouter, se contentant de virer au rouge pivoine.
C'est Beltran qui usa de son grade pour chasser poliment mais fermement l’intrus qui sorti avec l'air de celui qui ne croit pas ce qu'il a vu. Pendant ce temps-là, Irmingarde essaya de se rendre invisible, mais se rappela que ce n'était pas sans ses cordes. A la loterie du Don, elle avait pioché les flammes, pas la transparence.

Enfin, une sensation de froid lui rappela que son corsage était trempé, et Beltran renouvela ses excuses, ou plutôt se fustigea. Mina se leva et fit une grimace fataliste:

"Je crois qu'il faut admettre que les catastrophes sont plus fréquentes quand nous sommes ensemble..."

Elle regarda la porte quelques secondes et posa une question qui lui brûlait les lèvres:

"Le maréchal semblait vraiment tomber des nues en nous voyant. Personne ne t'as jamais vu avec... de la compagnie?"

Cette idée la surprenait. Voilà des années que Beltran était à son poste, et il était plus âgée qu'elle, il devait y avoir eu des femmes dans sa vie. Avait-il toujours été discret avant aujourd'hui?

"Enfin, ça ne change rien au fait que je suis trempée..."

Oui, et elle faisait quoi maintenant? Le plus logique, le plus évident, fut qu'elle se change. Sauf qu'évidemment, elle n'était pas venue dîner avec une tenue de rechange. Jamais de la vie elle n'enverrai un page chercher une autre tenue dans sa chambre pour l'amener ici, cela équivaudrai à hurler à tout le Collegium qu'elle et Beltran faisaient... des choses qui n'étaient absolument pas à l'ordre du jour et même inenvisageable pour Mina. Donc quoi, elle devait rentrer se changer chez elle, si tard, pour mieux revenir et perdre un temps précieux?
Avec regret, elle regarda le délicieux repas qui risquait de refroidir. Ne restait qu'une solution. Elle réfléchit à haute voix:

"Je suppose que tu n'as pas de tenue féminine de rechange chez toi. Ma jupe peut sécher rapidement sur moi, surtout près du feu, en revanche, je vais devoir enlever mon corsage. Si tu acceptes de partager ton dîner alors que je serai en simple jupe et chemise - rassure-toi, elle est opaque - finissons ce festin. Mais pour en arriver à cette extrémité, je crois que je vais avoir besoin d'un autre verre de vin, j'ai assez bu d'eau pour la soirée!"

Et assez de vin aussi apparemment! Mina découvrait qu'elle ne tenait pas l'alcool. Elle avait bu quoi, deux verres? Non mais qu'est-ce qu'ils mettaient dans ce vin de glace?
Et puis sérieusement, elle allait enlever une partie de sa tenue pour une caille rôtie, après avoir promis à Beltran des câlins contre des feuilletés? Elle avait déjà entendu dire que le plus court chemin pour atteindre le cœur d'un homme était son estomac, dans le cas de Mina, elle donnait juste l'impression qu'on pouvait obtenir bien plus que son cœur avec un bon repas!
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Beltran

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Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
« Réponse #13 le: 18 avril 2014, 18:52:26 »
Pour pouvoir protéger autrui, il fallait croire en ses propres capacités à se protéger soi-même. Si Beltran n'avait aucun doute sur son habileté à défendre à la fois sa personne et son pays, il fallait avouer qu'il doutait qu'Irmingarde soit à cent pourcent sûre de la sienne. Et elle avait sans doute raison de se méfier. Il ne mettait pas en doute qu'elle avait fait des progrès concernant son don et sa manière de tenir une épée, mais il s'inquiétait tout de même pour elle. En tant que capitaine général des armées de Valdemar, il allait devoir l'envoyer au casse-pipe, elle et ses camarades gris et blancs. Et il s'en sentait coupable d'avance. Nombre d'entre eux n'étaient pas prêts. Mina n'était pas prête, malgré toutes ses capacités et son envie d'avancer. Et ça, ils le savaient tous les deux pertinamment. Alors personne ne le mentionna. La soirée prenait déjà un tour trop sérieux et attristant pour qu'on insiste sur un futur peu prometteur. Beltran décida de voir les bons côtés de la chose et il hocha la tête:

"Tu peux avoir confiance en toi. J'ai confiance en toi." Et il ne mentait pas, même s'ils n'évoquèrent pas les choses qui pouvaient la mettre en danger.

Plutôt que de s'attrister par avance des blessures et morts à venir, Irmingarde proposa un marché que Beltran s'empressa d'accepter à sa manière. Il prit un air complice à son commentaire sur Arthon et Saskia et finit par acquiescer gravement:

"Bien, pas de gamelle à midi. Ne le répète pas, mais en réalité Arthon est un gourmand, je suis sûr que j'arriverais à l'acheter avec cette même tarte aux pommes. Tiens, je devrais lui en faire envoyer une part pour qu'il me dispense de réunion demain..." plaisanta le capitaine avec un clin d'oeil. "Je suis sûr qu'il serait d'accord."

Autre sujet non directement relié à la guerre: Wylan. Beltran savait bien que son cousin sacrifiait le plus clair de son temps à espionner pour Valdemar et que c'est grâce à lui que nombres des rapports venant de Rethwellan revenaient si complets, mais il décida de donner à Irmingarde une image plus familiale que militaire.

"Nous avons grandi non loin l'un de l'autre. Ma famille est la branche riche de la famille mais ça ne m'a pas empêché de jouer avec lui lors des réunions interminables. Les Dons de Wylan se sont réveillés à l'adolescence et je soupçonne que je n'ai connu son vrai visage que jusque là. C'est sacrément difficile pour moi d'imaginer un tel Don et surtout de vivre avec. Je ne l'envie pas, même s'il s'en sert à bon escient. J'apprécie mon cousin et je pense qu'il gagne à être connu, mais je n'irais pas jusqu'à dire que je suis sûr de savoir à quoi il ressemble sans son don. Parfois je me demande si lui-même le sait."

En tout cas, Wylan maîtrisait les jeux politiques et diplomatiques quand il désirait apprendre ou obtenir quelque chose. Il n'hésitait pas à user de ses tours même sur sa famille. Cette fois-ci, l'appel avait été peu discret: "ou avec ta belle". Bon, Beltran pouvait lui pardonner puisqu'il lui donnait l'occasion de faire un nouveau compliment à Irmingarde de manière détournée, ce qui lui convenait mieux que de tenter un chassé-croisé amoureux avec la moitié du cerveau marchant au ralenti. Il devait vraiment se reprendre et appliquer ce qu'il avait maîtrisé jeune homme, à la Cour. Il doutait que tous ses trucs marchent sur une fille des Holds, qui plus est Héraut, mais il aurait voulu au moins avoir l'opportunité de tester au lieu de s'embrouiller les pinceaux à chaque fois qu'elle le regardait d'un air un peu trop candide.
Le capitaine perdit définitivement toute occasion d'expérimenter la galanterie valdemarane sur son invitée. Tout s'enchaîna: l'eau qui souillait les habits de la jeune femme, le Maréchal qui entrait à l'impromptu, Beltran qui le chassait avec (plus ou moins de) dignité, ... Une seconde, Beltran et Irmingarde eurent le même rouge carmin pour agrémenter leurs joues. Puis ils se reprirent plus ou moins vite. Le soldat se plia en mille excuses, ne sachant que faire. Il abonda silencieusement, presque tristement, à la remarque de la jeune femme sur les catastrophes: quand ce n'était pas le feu, c'était l'eau. L'univers devait leur en vouloir.

Beltran ne s'attendait pas à la question que lui posa soudain Irmingarde. Il la regarda une seconde sans savoir quoi répondre. Il dut lui-même réfléchir pour savoir quand il avait eu de la "compagnie" pour la dernière fois. Il se demanda si Mina voulait vraiment le savoir et si elle n'allait pas le juger. Mais Beltran était honnête et il faisait confiance à son amie.

"Je n'ai pas eu de compagne officielle depuis des années. Quant à des compagnies moins... durables si on peut dire, je ne les reçois pas ici. Mais..." Il hésita une seconde puis regarda Irmingarde: "Je fais très attention à ne pas avoir d'aventures publiques pour ne pas mettre mes compagnes en danger. La dernière... amie que j'ai eu est la mère de ma fille. Qu'elle refuse que je reconnaisse pour ne pas la mettre en danger. Je respecte son choix et m'occupe d'elle comme je peux quand je suis là. Mais non, le Maréchal ne m'avait jamais vu inviter quelqu'un d'autre que des amis dans mes appartements. Ce qui n'excuse pas son comportement évidemment. Ni le mien, d'ailleurs. Et je comprendrais si tu préfères que nous fassions en sorte que tout le monde croit que nous ne nous reverrons pas."

Beltran espérait qu'elle n'allait pas choisir une solution plus définitive, qui serait de ne réellement plus le revoir. En lui parlant, il avait tenté de la regarder dans les yeux, car il lui livrait plus qu'il ne l'avait voulu et il voulait qu'elle sente que c'était important pour lui. Il avait machinalement épongé la table également d'une main distraite.

Irmingarde s'intéressait à un autre aspect de la soirée, un peu plus pressant. Elle réfléchit à voix haute sur ce qu'elle pouvait faire pour ne pas tomber malade et tout de même apprécier la fin du repas. Beltran hocha la tête et lui proposa:

"Je n'ai pas de tenue féminine, mais je peux te passer une chemise à moi. Avec ta ceinture, je pense que tu pourras l'arranger pour être tout de même très féminine. Et ensuite nous finissons à manger. Je vais te chercher ça tout de suite."

Le soldat quitta la pièce par la porte opposée à celle qu'avait ouvert le maréchal. Il ne mit guère de temps avant de revenir, une chemise en soie blanche pliée dans les mains. Il vint la donner à Irmingarde et galamment la prévint:

"Je vais chercher quelque chose dans mon bureau, et je ne reviendrais que lorsque tu seras prête, d'accord?"

Jamais Beltan n'aurait tiré avantage de la situation, même s'il n'avait pas touché une femme depuis des mois. Il s'éclipsa rapidement vers son bureau et ferma la porte. Il s'appuya une seconde contre la table et soupira. Qu'il était nul! Il s'en mordrait les doigts. De son tiroir, il finit par tirer un petit paquet. C'était le pendentif qu'il avait commandé au père d'Isabeau pour Irmingarde. Il n'osait pas le lui donner. C'était un présent qui aurait fait rougir d'excitation n'importe quelle noble de Haven, mais pour Irmingarde... Elle risquait de trouver que cela l'engageait trop, et de refuser. Beltran hésitait à prendre le risque. Il se fustigea mentalement mais finit par reposer le paquet dans le tiroir. Puis il le reprit et le mit dans sa poche. Il survola rapidement la pile de parchemin qu'avait laissé le Maréchal. Rien de nouveau. Enfin, il frappa à la porte:

"Je peux revenir?"
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Héraut Irmingarde

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Re: [Beltran/Irmingarde] "Je vais bien"
« Réponse #14 le: 19 avril 2014, 22:59:22 »
Le problème, c'est que Mina avait peur. Peur de constater qu'autant de personne avaient confiance en elle. Peut-être pensaient-ils que la confiance était contagieuse et qu'elle-même finirait par être consciente de sa valeur? Possible. Mais effrayant. Ce n'était pas leur confiance qui les sauverai, à la guerre.
Mais mieux valait discuter gastronomie que combat, si on voulait garder un ton léger pour la soirée.
Irmingarde jeta un oeil à la tarte aux pommes et soupira:

"Comme c'est dommage que les problèmes diplomatiques ne puissent tous être réglés par un bon dessert, les choses seraient tellement plus simple... Bon, je t'accorde qu'en l'absence totale de conflit armé, tu aurais moins de travail. Mais tu passerais beaucoup plus de temps en cuisine. Et nous, Hérauts, ne serions plus les flèches du Roi mais ses tournebroches..."

Hey, mais c'est que l'alcool donnerait presque un semblant d'humour à la jeune femme! Même s'il n'était pas certain qu'elle s'en rende compte.
Elle enchaîna sur le cas de Wylan:

"Si il y a bien une chose que le Héraut Jalena m'a appris, c'est que chaque Don a son revers. Risquer d'oublier qui l'on est... mieux vaut bien se connaître."

Seconde surprise de la soirée, mais c'est qu'il semblerai que les cours de Jalena portent leurs fruits! Si celle-ci le savait, cela lui ferait plaisir. Elle lui demanderai sûrement d'où lui venait cette soudaine clairvoyance. Et Irmingarde éviterai à tout prix de lui dire que c'était Beltran qui la poussait à réfléchir.

Enfin, pendant les minutes qui suivirent, il n'y eu pas tellement besoin de réfléchir, juste d'essayer d'éviter qu'une énième catastrophe se rajoute à celles qui venaient d'arriver.

Puis Beltran lui parla de sa vie sentimentale de ces dernières années. Ce qu'elle pouvait être idiote dans ses questions, il fallait vraiment qu'elle apprenne à ne pas demander tout ce qui lui passait par la tête! La voilà qui rougissait, encore, en l'entendant parler de ses compagnes d'un soir. Elle ne pouvait pas s'empêcher d'imaginer. De l'imaginer, lui, et une autre femme. Ca provoquait en elle quelque chose qui ressemblait à de la jalousie.
Et elle se sentait toujours mal à l'aise par rapport à la mère de Liane. Et de Liane tout court. Beltran était papa. Leur différence d'âge faisait qu'il avait eu une vie bien remplie avant de la connaître. Là, ce n'était pas de la jalousie, elle n'y pouvait rien, et elle était heureuse pour lui qu'il ait un enfant, qu'il connaisse la joie (et les soucis) de la paternité. Mais elle se sentait dépassée, un peu déprimée. Qu'est-ce qu'une jeune femme de son âge, coincée, ingénue, naïve, pourrait espérer lui apporter? Avec quoi arriverait-elle à le retenir? Et pourquoi nom d'un Kyree pensait-elle à le retenir tout court d'ailleurs?
Quand il lui expliqua les raisons de son habituelle discrétion, elle se sentit au départ vexée. Elle se dit que peut-être, s'il se permettait de montrer à tout le monde l'importance qu'elle avait pour lui, c'est qu'il se moquait qu'il lui arrive quoique ce soit à cause de ça, que finalement, elle n'était pas si importante, qu'elle se faisait des illusions. Puis elle se mit une baffe mentale de penser une telle chose de lui. C'était tellement improbable venant de sa part. La seule explication, c'est qu'il avait été assez ému pour en oublier sa prudence coutumière. Finalement, c'était un constat plutôt plaisant, au milieu de tout ce maelstrom de sentiments et de sensations.  
Elle abonda dans son sens, en restant mesurée et réaliste.

"Il ne servirait à rien d'essayer de faire croire aux autres que tu ne représentes rien pour moi, pas après la scène de ton retour"

Elle aurait pu tourner la phrase autrement. Lui dire "que je ne représente rien pour toi" au lieu du contraire. Mais tout d'abord, ça aurait été incroyablement prétentieux de sa part, et ensuite, Beltran savait qu'il était important à ses yeux, ou si ce n'était pas le cas, il fallait qu'il le comprenne. Elle s'était déplacée, pour l'accueillir. La Grise rabat-joie et terne de seconde année avait fait le chemin pour venir le voir, et avait montré à tout le monde, dans sa hâte à quitter la place une fois qu'elle l'avait vu, qu'elle se fichait plus ou moins des autres, en tout cas sur un plan personnel. Finalement, elle avait été plus bavarde par son comportement que si elle avait hurlé la vérité devant tout le monde. Et il serait difficile à tous les deux de faire comme si rien n'était arrivé. Les gens avaient de la mémoire, surtout en ce qui concernait les potins sentimentaux. Isabeau le lui avait bien appris.

"Je suis une très mauvaise actrice, personne ne me croirait, même si je tiens à ma vie privée. Aux curieux qui me poseront des questions, je ne donnerai pas de réponse, ça ne les regarde pas. Ou alors juste une partie de la vérité, que tu es mon ami. Et que quand un ami revient de la frontière, on va l’accueillir. Qu'ils fassent les conclusions qu'ils veulent! Continuons juste, pendant le temps dont nous disposons, entre tes réunions et mes cours, à nous voir loin des regards curieux. Pour notre tranquillité, et notre sécurité. Personne n'irait s'en prendre à toi dans le but de me faire du mal, je n'ai aucun poids dans la guerre imminente, aucune importance, personne ne sait qui je suis, et c'est très bien ainsi. En revanche, même si je ne peux évidemment pas me mettre au même niveau que Liane, s'il doit m'arriver quelque chose, autant que ce soit en combattant pour Valdemar - ce qui risque de m'arriver - plutôt que pour t'atteindre toi, le Capitaine de la Garde. Entendu?"

C'était la soirée des marchés de toute évidence.
Et c'était la sa promesse de se voir encore, après ce soir. Vu son expression consternée devant sa maladresse et sa peur palpable qu'elle le repousse, c'était là une confession qu'elle faisait de bon cœur. Outre le fait que le revoir encore, après ce soir, lui faisait plaisir.

Elle n'eut pas vraiment le temps de s'opposer au prêt de vêtement à lui pour finir la soirée au sec. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, elle se retrouva avec sa chemise dans les mains et il la prévint qu'il la laissait seule se changer.
Et elle se retrouva seule, trempée, la chemise d'un homme dans la main.
Mentalement, elle se félicita de s'être coupée de son Compagnon pour la soirée. Ezarell en aurait rit pendant des heures!  Son élue, se demandant s'il était vraiment correct de se dévêtir dans le salon d'un homme avec qui elle dînait quelques minutes plus tôt.
Oh et puis zut, au diable la pudibonderie pendant au moins quelques minutes! En dépit de l'accident du pichet d'eau et de l'arrivée du Maréchal, elle passait une bonne soirée. Et Mina savait que Beltran ne profiterait pas de la situation.
Quand il lui demanda s'il pouvait revenir, elle n'avait toujours rien fait. Elle paniqua un peu:

"Une minute!"

Elle délaça son corsage avec difficulté, s'emmêlant les doigts dans les rubans. Hésitante, elle retira sa propre chemise - qui était mouillée aussi en dépit de ce qu'elle avait cu - et se retrouva à moitié nue à côté de la table qui soutenait leur repas. La situation lui arracha un rire incrédule. Si on lui avait dit ça le jour de son arrivée à Haven! Elle, en sous-vêtement dans les appartements d'un homme! Pire, si c'est ce moment qu'avait choisi le Méréchal pour débarquer! Oh par les Dieux! Elle en serait morte de honte!
Elle enfila la chemise de Beltran et soupira. Ce vêtement était infiniment plus confortable que sa chemise de qualité bien moindre. Et ça lui faisait quelque chose, au creux du ventre, de savoir qu'elle portait un vêtement à lui. C'était plutôt très intime. Elle avait vu un certain nombre de ses condisciples traverser les couloirs du Collegium, tard le soir, dans des vêtements qui n'étaient pas les leurs. Elle n'était pas dans la même situation, mais forcément, elle y pensait, son imagination, cette traitresse, lui renvoyait certaines images, certains possibles. Inenvisageable pour le moment, cela dit, ça lui faisait quelque chose quand même.

Irmingarde secoua la tête pour chasser ce genre de pensée et ceintura la chemise sur sa taille. Un coup d’œil dans un miroir proche lui renvoya son image. C'est sûr, c'était moins apprêté que la tenue dans laquelle elle était arrivée, mais après tout, ce n'est pas comme si c'était important. La chemise était bien trop grande pour elle et arrivait jusqu'à ses genoux, alors elle en coinça quelques centimètres sous la ceinture en faisant des plis. Au niveau des épaules, vu la carrure de Beltran comparé à la sienne, c'était la grande débandade, et même en l'attachant jusqu'en haut, le vêtement était assez large pour qu'elle se retrouve avec un décolleté plus profond que celui qu'elle avait en arrivant. Il fallait choisir que dévoiler le plus, et en bougeant la chemise et la ceinture, son choix se porta sur une partie de son épaule gauche plutôt que la naissance de sa poitrine.
Elle posa ses vêtements mouillés sur le dos d'une chaise en attendant qu'elle sache où les mettre à sécher.

"Tu peux revenir Beltran."

En l'attendant, elle commença à débarrasser la vaisselle de leur entrée sans trop savoir où la poser ensuite.
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