Il soupira, avant de rire doucement.
- Le parfait Soldat ? Je te rappelle que tu m’as fait capitaine, tu as encore de la marge pour briser ton image si on te compare à moi. Et puis non…. Une ou deux corvées bien placées et tu reprendras ton image aussi rapidement qu’un soldat qui se rhabille en sortant de chez une tenancière de bordel.
Cependant il y avait des choses de brisé en Beltran, et il ne fallait pas être devin pour s’en rendre compte. Il n’avait d’ailleurs pas besoin de le dire, rien que le fait qu’il se soit senti obligé de faire sa tirade devant le capitaine, était déjà une preuve en soit que ça n’allait pas bien.
-Non je suis là car je m’inquiète. Liane est venue à moi… Enfin à moi…
Il braqua son regard dans celui de son supérieur, et repris d’une voix plus basse, plus lente aussi, comme s’il pesait chaque mot.
- A Mina… Tu sais qu’elle est mon élève non ? Tu m’avais demandé de les entrainer, et je continue à le faire. Il prit une profonde inspiration Liane nous a interrompu durant un entrainement, elle pleurait, en voulait à Mina... Beltran… Je n’ai jamais vu ta fille dans cet état. Je n’ai d’ailleurs jamais vu Mina comme ça non plus… Et encore moins toi !
Une respiration de plus pour laisser à Beltran le temps de digérer tout ça. Il y allait peut-être un peu fort, sûrement un peu vite, mais il était là pour percer l’abcès.
- J’ai calmé Liane en lui promettant de venir te voir, j’ai demandé la permission à Mina pour venir parler avec toi, j’ai tout fait dans les règles.
Il se leva pour faire le tour de sa chaise, il avait du mal à tenir en place. Il avait longtemps voulu que Beltran se confie un peu plus, qu’il se détende un peu avec ses hommes, et ses subordonnés. Mais pas forcément dans ce genre de situation.
Maintenant je suis là… Beltran, qu’est-ce qui s’est passé exactement ? Vous vous êtes fâché, très bien, ça arrive à d’autre. Pourquoi à ce point-là ? Qu’est-ce qu’elle a fait ? Qu’est-ce que tu as fait, pour que tu sois « brisé » comme tu le dis si bien ? Elle est belle, et puissante, peut-être, et ? Tu es Beltran de Greenhaven par les dieux ! Tu commandes toute l’armée de Valdemar ! Tu n’es pas Jean l’éleveur de chèvre !
Il prit le temps de se réinstaller confortablement sur son fauteui.
- Tout le monde s’inquiète, et moi aussi. Je sais que tu ne me dois rien, que je ne suis qu’un homme sous tes ordres. Mais je te respecte ici plus que personne d’autre, tu as vu en moi ce que d’autres n’avaient pas vu, tu m’as fait confiance, et tu le sais je crèverai l’arme à la main pour toi. Et te savoir comme ça c’est pire encore en sachant qu’on part au combat. Je ne veux pas que tu partes dans cet état. Mourir à la guerre on est tous préparé à le faire. Et on sera envoyé embrasser nos aïeux toi et moi l’arme à la main on le sait. Mais pas comme ça ! Tu ne peux pas te battre dans cet état, tu ne peux pas commander dans cet état.
Il reprit sa respiration. Quand avait-il arrêter de respirer d’ailleurs ? Sûrement depuis un moment.