Valdemar RPG
Palais - Collegia => Espaces communs => Jardins => Discussion démarrée par: Thalyana le 18 octobre 2014, 13:17:55
-
1er jour de la 4e décade d'automne 1481 - jardins entre le Palais et le Collegium des Guérisseurs.
Thalyana en avait marre. Depuis deux décades, sa présence à la Maison de Guérison n'avait de sens que parce qu’ainsi, elle était directement au bon endroit pour accoucher. Mais elle ne pouvait plus participer aux soins, et on la tenait éloignée des malades qui auraient pu la contaminer et compliquer ainsi son accouchement. Elle s'occupait tant bien que mal dans le laboratoire, mais elle supportait mal de rester longtemps debout, ou assise, ou n'importe quelle position d'ailleurs. Elle n'était donc pas en état de préparer des mélanges délicats, ou de surveiller la distillation des teintures.
Finalement, on lui avait suggéré de se trouver un endroit confortable et de lire quelques traités de Guérison de l'Esprit. Ce qu'elle avait fait. Mais au bout de deux décades, elle commençait à se lasser des gros volumes poussiéreux et des pattes de mouche. Elle voulait accoucher. Elle voulait se remettre au travail.
En se levant, au matin du 1er jour de la 4e décade d'automne, elle avait ressenti une très légère appréhension. Elle n'y avait pas attaché trop d'importance et s'était rendue, comme chaque jour, au Palais, et plus précisément à la bibliothèque des Guérisseurs. À midi, l'appréhension s'était transformée en angoisse et son cœur battait la chamade. Alors qu'elle retournait vers le Collegium des Guérisseurs, elle se trouva soudain paralysée. Elle sentait un liquide tiède lui couler entre les cuisses. Elle venait de perdre les eaux.
Elle savait qu'elle devait se rendre à la Maison de Guérison, que le bébé arrivait enfin. Mais l'angoisse qui avait monté toute la journée l'empêchait maintenant d'agir. Pourtant, elle savait comment se déroulait un accouchement. Elle n'avait aucune raison d'avoir peur. Mais ses jambes refusaient, elles, d'être raisonnées. Elle finit par s'asseoir par terre pour tenter de se calmer. Mais rien à faire. Une énorme boule de terreur lui habitait maintenant le ventre.
Soudain, elle comprit. Ce n'était pas son angoisse à elle. C'était la peur du bébé qui se savait sur le point de quitter son ventre. Elle devait se barricader, mais elle en était incapable. Comment se couper de sa fille alors que celle-ci était terrifiée?
Pourquoi personne ne l'avait prévenu? Pourquoi personne ne lui avait-il dit qu'elle risquait d'être handicapée par la peur de son bébé? Voilà donc la raison qui avait poussé ses confrères à la garder sous surveillance, à proximité.
Complètement désarmée, Thalyana fit la seule chose qu'elle pouvait faire. Elle cria à l'aide.
«À l'aide, au secours! Venez m'aider!» Malheureusement, sa voix était très faible. Mais son angoisse, elle, était si forte qu'elle rayonnait autour d'elle, prête à envahir quiconque s'approcherait.
[Au premier qui passe par là?]
-
Fleur faisait sa sortie quasi hebdomadaire en direction du Collegium des Guérisseurs. En effet, Owen devait très souvent prendre un traitement pour sa digestion, et quoi d'étonnant, au regard de ce qu'il était capable d'engloutir quotidiennement!
Mais elle ne prenait pas ça comme une corvée, car ses visites dans l'enceinte du Palais et des Collegia ramenaient toujours leur lot de potins et de surprises. Quant à la journée qui s'annonçait, la jeune femme ne croyait pas si bien dire!
Alors qu'elle traversait les jardins, en admirant le superbe travail des jardiniers - elle avait plus d'une fois essayé de débaucher un de ces artistes de la nature, mais ceux-ci étaient trop attaché à leur poste au Palais, même contre une rémunération scandaleusement élevée - elle se sentit plongée au cœur d'une peur et d'une angoisse étrangère qui la clouèrent sur place et lui donnèrent envie de hurler.
Ayant déjà, à son corps défendant, fait l'expérience de ce qu'il lui arrivait Fleur sut tout de suite qu'elle ressentait la peur d'une tierce personne, et comme elle ne connaissait qu'une personne capable de projeter ainsi ses sentiments, elle en déduit qu'il s'agissait de Thalyana.
Elle eut vraiment l'envie de partir en courant, et tant pis pour le traitement d'Owen! Mais même elle, si joliment égoïste, ne pouvait rester muette à une détresse si poignante. Si ce n'avait été qu'une impression, sur un visage, dans des gestes, elle aurait pu l'ignorer. Mais là, la peur l'habitait toute entière, et faire marche arrière était inimaginable. Et ce n'était pas dans son caractère de ne pas aider son prochain.
Automatiquement, ses pas l'amenèrent donc vers la source de l'angoisse qu'elle sentait.
La vision qu'elle eut de Thalyana, qui perdait totalement ses moyens, lui permit de sortir momentanément de l'emprise empathique de la guérisseuse.
"Thalyana? Vous avez mal?"
Fleur savait qu'elle ne devait pas perdre trop de temps pour l'emmener entre les mains adéquates. Thalyana était enceinte, et si elle souffrait, elle se mettait en danger, avec son enfant. Des drames de ce genre arrivait souvent, et Fleur avait quelques amies qu'elle n'avait jamais revu, mortes en couche. Cela expliquait en partie sa franche aversion à l'idée de devenir mère, et sa joie à l'idée qu'Owen serait incapable de se reproduire. Cela expliquait aussi sa panique, bien à elle cette fois-ci, devant le problème Thalyana.
Elle appela à l'aide à son tour:
"Quelqu'un s'il vous plait!"
-
Quelqu'un avait bien capté les émotions environnantes, et quelqu'un venait bien à la rescousse des deux femmes.
Liane jaillit hors d'un buisson pour se précipiter vers Thalyana, ignorant bien conscienscieusement l'autre femme.
* Elle a peur. Il faut pas avoir peur * conseilla l'enfant d'un ton tellement sérieux qu'on aurait pu oublier son âge.
L'enfant toucha Thalyana. Elle sentait ses émotions comme les siennes. Peur, angoisse, elle ne savait pas si c'était la mère ou l'enfant, mais elle savait ce que Pluiechantante aurait fait, alors elle le fit aussi. Elle n'avait pas peur. Elle savait que tout était bien. Alors elle transmit ces émotions-là au bébé dans le ventre de Thalyana. C'était normal, ce qui se passait, même si Liane ne comprenait absolument pas ce qui allait arriver. Tout allait bien, il ne fallait pas avoir peur.
* Tout va bien. On est gentil. On aime les bébés dans le ventre. Tout va bien * répétait l'enfant constamment sans prendre le temps de formuler les mots à haute voix.
" Elle veut sortir mais elle a peur." finit par comprendre Liane au bout d'un moment. Un coup d'oeil méfiant au ventre de Thalyana plus tard, elle avoua: "Si elle veut sortir trop vite tu vas exploser non?"
Oui, Liane savait se montrer très rassurante à ses moments perdus. Elle se mit à chantonner, ignorant toujours Fleur:
Bébé vient
Maman aime
Bébé pleure
Maman câline
Bébé vient
Maman serre
Bébé vient
Liane est contente!*
Se tournant brusquement vers Fleur, la gamine, quatre ans à peine, ordonna d'une voix posée, un peu comme si elle s'adressait à une idiote:
"Cherche un Vert. C'est les Verts qui font les bébés."
* 1D10: 8 - l'Empathie de Liane touche fortement Thalyana et le bébé
-
Thalyana tentait vainement de reprendre le contrôle de son Empathie et donc de la terreur qui la paralysait. Mais elle avait trop peu d'énergie à opposer à la puissance brute d'un enfant sur le point de naître. Elle ne parvenait même pas à relever ses barrières pour éviter de diffuser sa panique. À la fois, elle espérait toucher quelqu'un qui comprendrait qu'il était face à un Empathe en détresse, et à la fois elle avait peur du jugement qu'une personne bien renseignée ne pourrait manquer de lui porter.
Finalement, la tempête émotionnelle qui sévissait dans les jardins ne fit s'échouer aucun jardinier près d'elle ni aucun Guérisseur. La personne qui s'approchait maintenant, c'était Fleur de Trevale, la noble un peu nunuche qui avait tenté de lui faire parler de Pluiechantante en mal. Pas la personne qu'elle aurait choisie pour s'occuper d'une femme sur le point d'accoucher.
La réaction de Fleur justifia totalement cette réticence. Entre les questions stupides et le manque d'initiative, Thalyana ne risquait pas d'être sauvée de sitôt. Elle s'efforça néanmoins de lui répondre avec le peu de patience qu'il lui restait — très peu, donc.
« Je viens de perdre les eaux... et je crois que le bébé est terrifié de naître. »
Puis, venue de nulle part, Liane accourut vers elle. Elle mima alors, inconsciemment ou non, les gestes des Guérisseurs. Elle s'efforça de calmer le bébé et la mère avec ses mots d'enfants et du haut de ses quatre ans, posa son diagnostic comme une grande.
« Je vais pas exploser... je n'ai juste pas envie d'accoucher ici. »
Puis, contre toute attente, Liane se mit à chanter. Sans doute imitait-elle sa mère, dont la capacité à guérir par la musique était célèbre ? Sa chanson eut cependant un effet calmant sur Thalyana et celle-ci sentit le nœud de panique qui l'habitait se relâcher un peu. Elle tenta alors de reprendre possession de ses défenses, de les relever suffisamment pour pouvoir marcher. Elle parvint à enfermer l'angoisse à l'intérieur d'elle-même et à s'isoler un peu de sa fille. Maintenant, son Empathie ne rayonnait plus tout autour d'elle. C'était une amélioration certaine.
Thalyana entendit à peine la petite Liane prendre les opérations en main et envoyer la noble chercher de l'aide (ce qu'elle aurait dû penser à faire seule).
« Je crois que je peux me re... » Une douloureuse contraction l'interrompit. « Je crois que je peux me relever et marcher. »
Mais la contraction avait provoqué une flambée d'angoisse chez le bébé qui voyait sa naissance de rapprocher à chaque instant. Thalyana aussi était terrifiée. Elle avait assisté à bien des naissances elle avait même accouché la reine. Or c'était très différent de le vivre soi-même. Mais contrairement à son bébé, elle avait sa raison pour la soutenir. Sa grossesse s'était bien passée, elle allait accoucher entourée de Guérisseurs compétents, il n'y avait aucune raison de quoi que ce soit se passe mal. Même si elle accouchait ici, dans l'herbe humide du jardin, elle ne courrait pas de grand risque.
Son bébé, lui, ne voyait que l'imminence d'un changement radical, peut-être douloureux. Comment lui faire comprendre que tout se passerait bien ?
-
"Terrifiée, comment ça terrifié, un bébé ne peut pas être terrifié, c'est un... bébé!" réagit Fleur, surprise.
C'est vrai quoi, un bébé ça pleurait, manger, et remplissait des langes, ça n'avait pas peur, ça n'angoissait pas enfin!
Alors que Fleur se retrouvait comme une cruche devant Thalyana, ne sachant que faire de ses bras, la petite Liane débarqua comme un boulet de canon, surgissant d'un buisson proche. Sa soudaine apparition couplée à la panique palpable de Thalyana arrache un saut et un cri à la jeune femme.
L'enfant donna l'impression d’ausculter la Guérisseuse, et Fleur eut la furtive pensée que, dans un monde normal, les rôles auraient dû être inversés. Mais comme elle n'avait aucune idée de ce qu'il fallait faire, elle laissa Liana prendre la tête des opérations. Même si l'enfant avait des réaction de son âge, se demandant si le bébé n'allait pas la faire exploser, et se mettant à chanter. Mais quoi de moins surprenant, c'était la fille de Riannon!
Est-ce que la mélodie eut un effet, il lui semblait bien, car l'angoisse que Thalyana diffusait diminua clairement, et Fleur se sentit à nouveau maîtresse d'elle-même.
Ce qui ne l'aida pas, cependant, à trouver une solution au problème présent, à savoir que faire. Mais elle pouvait compter sur Liane qui lui ordonna d'aller trouver un Guérisseur, et Fleur ne pensa pas une seconde à discuter cet ordre.
"Un vert? Oui, oui, un vert..."
Mais elle n'allait tout de même pas laisser Thalyana seule, sur l'herbe, en train de perdre les eaux.
"Vous ne voulez pas que je vous y emmène, en vous tenant à moi?"
Elle essaya très fort de ne pas penser à l'état de sa robe si elle devait soutenir la Guérisseuse pleine de terre et d'autres substance moins... bref.
-
Liane sentit que ses efforts n'étaient pas vains et que Thalyana arrivait à se reprendre un peu et à ajuster ses barrières. Elle eut un petit sourire satisfait - et légèrement soulagée quand la Guérisseuse affirma qu'elle ne sentait pas encore sur le point d'exploser.
"Ici c'est pas bien. Tu dois être avec les Verts." confirma la petite en touchant le ventre de Thalyana dans un geste apaisant.
Elle se lança dans sa petite chanson pour continuer son effet calmant sur la parturiente et l'enfant à naître. Elle n'avait pas de paroles précises mais la musique l'aidait à concentrer ses efforts. La petite savait donner mal à la tête à ceux qui lui faisaient peur, mais elle savait également rendre une émotion douce et chaleureuse à ceux qu'elle appréciait... et c'était précisément ce qu'elle envoyait à Thalyana et sa petite. Puis elle se tourna vers la potiche habillée noblement près d'elles et donna ses ordres, n'hésitant pas un instant sur son bon droit. Le neurone de Fleur sembla être atteint par la demande alors que Thalyana affirmait qu'elle pouvait se lever. Une vague de peur traversa Liane. Pas la sienne. Celle du bébé.
La main toujours sur le ventre de la blondinette, Liane se mit à émettre*.
* Tout va bien. Maman t'aime. Tu seras au chaud dans ses bras. Tu respireras de l'air. Tu auras ton papa. Tu auras la musique. * et elle ajoutait des images d'amour et de tendresse, un sentiment chaud et rassurant. Ne sachant pas se maîtriser, elle l'envoyait à des kilomètres à la ronde, mais son but principal - le bébé - était totalement inclu dans cette bulle d'émotion pure.
Liane fut dérangée par la proposition de Fleur. Elle continua cependant à émettre vers Thalyana en répondant d'un ton docte:
" Va d'abord chercher le Vert! Elle a besoin le Vert! Moi je fais le reste."
C'était peut-être un peu prétentieux de sa part mais Liane se sentait prête à accoucher Thalyana s'il le fallait. Après tout, il suffisait que le bébé veuille sortir et il sortirait, non?
(* 1D10: 10)
-
Thalyana avait suffisamment mal et peur pour ne pas foudroyer la jeune noble du regard. On avait pas idée de faire des commentaires pareils. Elle espérait sincèrement que Fleur de Trevale n'aurait jamais d'enfants. Jamais. Comment pouvait-on décemment croire qu'un bébé ne pouvait pas avoir peur?
«Je crois malheureusement que les faits vous donnent tort.»
Liane, petit ange providentiel, essayait comme une grande de calmer la mère et l'enfant, ce qu'elle parvint à faire sans trop de mal. Et elle approuva Thalyana qui ne voulait pas accoucher dans l'herbe.
Après la première contraction, Thalyana faillit perdre à nouveau son contrôle, mais la présence de Liane l'aida à maintenir ses barrières*. La petite fille, qui avait senti elle aussi la panique renouvelée du bébé, avait posé ses deux petites mains sur le ventre de la Guérisseuse en envoyait tout autour d'elle un flot d'amour, de paroles et d'images réconfortantes. Elle diffusait si fortement que Thalyana était persuadée que la moindre personne un peu réceptive sur la colline devait être au courant de son accouchement. Elle s'attendait même à voir débouler un Compagnon ou deux, attirés par tant de bruit.
La Guérisseuse avait presque oublié la présence de la noble. Celle-ci proposa d'aider Thalyana à marcher plutôt que d'aller chercher un Guérisseur. Thalyana voulut s'abord faire remarquer qu'elle n'était pas certaine que Fleur pourrait vraiment la supporter en cas de besoin. Mais Liane la prit de vitesse et ordonna simplement que Fleur de Trevale aille chercher la personne adaptée. Thalyana appuya les ordres de Liane:
«Je ne crois pas que vous ayez très envie de me toucher en ce moment. Contrairement à Liane, vous n'avez aucune barrière et vous allez tout simplement vous retrouver prisonnière de mes émotions.»
Thalyana n'avait aucune envie de partager son intimité plus que nécessaire avec la jeune femme. Après son commentaire sur les bébés, elle n'éprouvait plus pour elle que dédain.
L'émission mentale de Liane eut l'effet que Thalyana avait imaginé*, et un Compagnon arriva vers eux, curieux. Il s'approcha de Thalyana et de Liane, sembla jauger la situation, puis se coucha à côté de la Guérisseuse, comme pour l'inviter à se laisser aller contre lui. Un peu surprise, Thalyana le regarda d'abord d'un air interdit, puis s'appuya doucement contre le flan chaud du Compagnon.
«Liane, tu connais ce Compagnon?»
Elle espérait que l'intervention de Liane ferait aussi venir un Guérisseur, de préférence suffisamment fort pour la soutenir jusqu'à la Maison de Guérison.
* 1d10: 9
* 1d10: 4
-
Fleur choisit finalement de ne pas pousser l'enquête plus loin au sujet des angoisses d'un bébé même pas né. Il ne fallait pas braquer outre mesure la future maman, pas quand elle avait le pouvoir de vous envoyer ses sentiments en pleine figure.
Elle se fit rappeler à l'ordre par la petite Liane - pas de doute, son père devait être un officier pour avoir cette autorité naturelle à un âge si tendre - et par Thalyana en même temps, qui lui exposa une raison tout à fait légitime, et qui acheva de convaincre Fleur.
"Un Guérisseur, d'accord, bien..."
Elle se tourna en direction du Collegium des Guérisseurs et se dirigea vers l'entrée en appelant à l'aide:
"S'il vous plaiiiiit? J'ai besoin de quelqu'un toute urgence, il y a quelqu'un en train d'accoucher, s'il vous plaiiiit?"
Elle espérait fortement tomber sur quelqu'un rapidement sans avoir besoin de courir au travers des couloirs.
Fort heureusement, un Vert n'était pas loin et entendit son appel.*
*1D10 : 7
-
Une silhouette vêtu de vert fit effectivement son apparition sur le pas d'une des salles de repos. Elle arborait le vert des apprenties, ce qui n'était peut-être pas ce que recherchait la hurleuse à la mort pourtant, se fit Isibeal qui répondit d'un ton glacial et professionnel.
- Voulez-vous bien cesser de hurler Madame ! Des guérisseurs sont entrain d’œuvrer sur un cas important et doivent maintenir une concentration constante.
Surtout qu'un accouchement ne demandait pas autant de décibel. A la rigueur, pour la mère et le nourrisson lorsqu'il pousserait son premier crie.
- La mère ou le bébé présentent-ils des complications ?
Parce que si tel n'était pas le cas, ce n'était pas la peine de pousser ses fameux hurlements ni de perdre son calme comme cela. A première vue, la femme n'était pas de celle à être très dégourdie ! Isibeal espérait n'avoir pas à œuvrer pour un membre de sa famille ou alors, il y avait intérêt qu'elles ne soient pas faite du même moule.
- Je prend de quoi œuvrer et je vous accompagne.
La verte disparut dans une autre pièce et réapparut assez rapidement avec une besace contenant quelques objets essentielles pour ce genre de cas.
-Je vous suis ! Déclara-t-elle avec un ton moins froid cette fois.
-
Liane se lançait à coeur perdu dans sa mission de mini-Guérisseuse. Elle captait tout ce que le bébé et Thalyana envoyaient et répondait en retour par des flots d'émotions pures, à peine contrôlés mais tellement emplis de bonnes ondes qu'elles ne pouvaient qu'aider. L'enfant savait au dedans d'elle qu'elle faisait ce qu'il fallait - que Pluiechantante serait fière d'elle... et que le bébé comprenait. Après tout, la petite de Thalyana et Liane avaient un point en commun: elles fonctionnaient à l'émotion pure.
A côté du couple Liane-Thalyana, la noble se montrait totalement inutile. Même une gamine de quatre ans était plus efficace. Cependant, Liane le savait, on écoutait rarement les enfants et il fallut que Thalyana appuie ses ordres pour que la gourdasse se déplace enfin. Alors qu'elle s'éloignait - pas trop tôt - Liane leva les yeux et sourit largement. Un Blanc était là. Tout allait bien alors. Continuant à émettre sa joie et sa chaleur vers la Guérisseuse, Liane contacta le Compagnon:
* La Verte elle fait un bébé qui a peur. Tu aides pour qu'elle a pas peur. D'accord? *
A Thalyana, elle répondit avec un large sourire:
"Oui, c'est Fundael. Il a pas de Blanc avec lui mais il aime les bébés, ne t'inquiète pas."
Elle laissa Thalyana s'installer et se mit à genoux pour continuer à toucher son ventre. Elle chantonna de nouveau, mélangeant la langue de Pluie et le valdemaran, en un chant d'accueil venant du coeur. Du haut de ses quatre ans, elle savait que tout irait bien.
Un bruit plus tard, Liane tournait la tête et voyait Fleur revenir avec...
"Elle s'est trompée de Vert!" s'étouffa Liane, convaincue à présent que Fleur était vraiment très très bête.
Prise au dépourvu, elle regarda Thalyana:
"Tu veux je reste ou tu veux je cherche un vrai Vert?"
-
Enfin, la noble se décida à écouter Liane et Thalyana. Mais elles ne restèrent pas longtemps en tête à tête, car un Compagnon arriva. Il avait été attiré par le raffut mental provoqué par la petite Liane.
La présence d'un Compagnon était toujours rassurante, même si dans le cas présent, il ne pouvait guère se montrer utile. À la demande de Thalyana, Liane s'informa sur le Compagnon. Fundael aimait donc les bébés; le contraire eut surpris Thalyana.
«D'accord.»
La Guérisseuse n'était plus tellement inquiète. Le bébé paniquait certes toujours, les contractions se rapprochaient, mais elle savait qu'enfin on allait venir l'aider. Si la noble ne remplissait pas sa mission, le Compagnon préviendrait sans doute la personne adéquate.
Liane chantonnait maintenant dans un mélange de valdemaran et d'une langue inconnue. Thalyana tenta de la reconnaître, de l'identifier. Puis finalement, elle déduisit que ce devait être la langue natale de Pluiechantante. Car qui aurait pu apprendre une langue étrangère à une enfant, si ce n'était sa nourrice?
Enfin, Fleur revint accompagnée de... Liane exprima son désarroi face à la couleur vert pâle de la tenue de la Guérisseuse. C'était une étudiante, et Thalyana la connaissait. Elle aurait vraiment préféré que la noble ramène un Guérisseur bien bâti qui aurait pu la porter jusqu'à la maison de Guérison. Elle devrait se débrouiller avec Isibeal.
«C'est bon Liane... ça ira... après tout, j'ai moi-même accouché la reine en étant encore étudiante.»
Elle ne précisa cependant pas qu'elle revenait alors d'une longue mission qui l'avait confronté à la réalité de la pratique du métier de Guérisseur et qu'elle avait reçu son uniforme peu après. Cependant, les apprentis apprenaient très tôt à accoucher les femmes, car c'était une tâche dont ils pouvaient s'occuper sans grande formation.
Et ainsi, Thalyana n'avait plus le choix. Il faudrait qu'elle réussisse à se lever, à gérer ses barrières, à contenir la panique du bébé et à tenir sur ses jambes.
Elle attendit qu'Isibeal arrive à sa hauteur pour expliquer la situation.
«J'ai besoin d'aide pour marcher jusqu'à la Maison de Guérison. Dame de Trevale ne peut malheureusement pas me soutenir car je maîtrise à peine mes barrières, et qu'elle risquerait donc de se retrouver largement contaminée par la panique du bébé. Quant à Liane, elle est trop petite pour que je puisse m'appuyer sur elle.»
Elle tendit la main pour que l'apprentie l'aide à se relever.
-
Les cris de Fleur attirèrent enfin quelqu'un, mais une apprentie. Qui en plus se permit de la rabrouer. La jeune femme, paniquée, ne le prit pas vraiment bien.
"Je ne hurle pas, je... m'exprime. Et le cas que je vous demande d'aider est tout aussi important!"
Isabeal lui posa ensuite des renseignement sur Thalyana, et Fleur répondit d'une voix qui montait au fur et à mesure dans les aigus:
"Si par complications vous prenez en compte que la future maman transmet ses angoisses à toute personne à moins de dix mètres, on peut appeler ça comme ça oui!"
Et elle parti le plus rapidement possible - perchée sur des talons et engoncée dans une robe - vers les jardins. Sans percevoir le mépris de la petite Liane, elle fut d'accord avec l'enfant. Si elle avait pu choisir, elle aurait préféré un Guérisseur titulaire! Mais celle-ci ne lui avait pas laissé le choix et l'avait accompagné, seule. Il faudrait donc faire contre mauvaise fortune bon coeur!
Elle attendit que la jeune Verte prenne les choses en mains, et avec un peu de chance, elle pourrait rentrer chez elle!
-
Isibeal suivit donc la Dame jusqu'au jardin où se trouvait Thalyana ... à même le sol. Elle s'approcha rapidement en hochant la tête aux paroles de son professeur.
- Je veux bien essayer de vous soutenir jusqu'à la maison des guérisseuses mais si nous n'y arrivons pas, je serais obligé de vous accoucher ici Thalyana.
Elle tourna la tête vers la jeune demoiselle en lui adressant un sourire et demanda gentillement
- Veux-tu bien transporter pour moi ma besace pendant que je m'occupe de Thalyana ?
Elle fit passer le lien de cuire par dessus sa tête et déposa ses affaires dans l'herbe avant de sa saisir de la main de sa patiente. En douceur, elle parvient à faire mettre debout l'autre guérisseuse car oui, malgré l'apparence frêle de l'apprentie, il y avait des muscles camouflés.
- Vous sentez-vous capable de marcher ?!
HJ : Honte à moi pour mon retard !
-
Fundael comme Liane restèrent près de Thalyana jusqu'à ce que l'apprentie Guérisseuse se mette en devoir de hisser la parturiente sur ses pieds. Le Compagnon fournit le support nécessaire pour que le changement de position ne se fasse pas qu'à la simple force physique d'Isibeal et que le choc ne soit pas trop fort pour la pauvre Thalyana. Ceci se fit bien évidemment sous la surveillance accrue de Liane qui doutait encore des capacités mentales de Fleur et bien malgré elle de celles d'Isibeal qu'elle ne connaissait pas et dont elle se méfiait instinctivement, comme elle se méfiait de tous les adultes inconnus. Cependant Thalyana semblait accorder sa confiance à la nouvelle venue, alors pour une fois la petite fille se retint de lui infliger un mal de tête dont elle se souviendrait longtemps.* Elle décida de continuer son rôle de calmant vivant et continua à chantonner pour le ventre tendu - toujours incertaine qu'il n'allait pas exploser.
" Fundael il aide pour le bébé. " déclara subitement Liane. "Moi aussi."
Elle s'adressait à la nouvelle venue, excluant avec dédain Fleur qui ne servait pas à grand chose, même si sa grande mission semblait d'être de tenir la trousse médicale d'Isibeal - Liane ne l'avait pas pris pour elle, elle avait mieux à faire.
Le Compagnon en effet, après s'être montré physiquement aidant, se décida, sur la demande de la petite, à apporter son support à Thalyana et son bébé avec des barrières supplémentaires pendant que Liane se concentrait sur le bébé.
Chantonnant toujours dans son mélange de langues pour se concentrer, Liane raconta au bébé ce que c'était d'être dans les bras aimants d'une maman, de manger des aliments chauds dans sa bouche, d'être baigné dans de l'eau douce et chaude, tout ce qu'elle se rappelait du rôle de maman et enfant. Elle y mit tant de bonne volonté que n'importe qui à proximité et sans barrière devait avoir régressé au stade de nourrisson**. Encore un petit détail à régler pour Pluiechantante.
"On peut y aller. Appuie toi aussi sur Fundael. Moi je garde ton bébé."
Liane n'en avait rien à faire qu'officiellement les deux adultes en vert soient les personnes ayant le plus d'autorité. Elle-même s'occupait du bébé, elle avait donc le droit de choisir pour les autres aussi. Après tout, la petite ne naîtrait que si elle n'avait pas peur, et ça c'était le rôle de Liane.*** En tout cas, elle était prête à aller jusqu'au bout pour aider Thalyana et sa petite.
[* : 1D10: 4 : elle a du mal à se contenir, tout dépend donc de tes barrières Isibeal
**: 1D10: 2 : elle se contrôle très mal, n'importe qui sans barrière a envie de voir sa maman.
*** 1D10: 10 : elle calme au fur et à mesure la peur du bébé de Thalyana qui réagit mieux que prévu à tout ce chamboulement]
-
«Je ne pense pas être à ce point -là proche d'accoucher... D'après la fréquence des contractions, nous avons le temps.» Elle fut interrompue par une nouvelle contraction. «Ce n'est pas la douleur qui m'empêche de marcher...»
Quand elle saisit la main de la jeune Verte, elle adressa une courte prière à la Déesse. Mais les barrières d'Isibeal semblèrent tenir. Celle-ci, en tout cas, ne s'écroula pas paralysée d'angoisse. Elle s'appuya beaucoup sur le Compagnon et un peu sur la jeune Guérisseuse pour se relever. Elle sentit ses jambes trembler un peu, mais elle pensait pouvoir atteindre la Maison de la Guérison. La présence de Fundael était particulièrement réconfortante, et elle se laissait aller contre lui.
Liane, malgré l'arrivée d'un adulte compétent et d'un Compagnon, dirigeait toujours les opérations. Elle annonça son intention de continuer à aider la future mère, et affirma que Fundael aiderait lui aussi. À peine la fillette eut-elle prononcé ses mots que Thalyana se sentit soudain protégée de l'extérieur. Le Compagnon semblait avoir étendu ses propres barrières sur elle. Elle sentait toujours l'angoisse du nourrisson, mais les chansons de Liane avaient déjà largement contribué à la rendre supportable.
La petite fille continuait d'ailleurs à chanter, et elle y mettait tant de bonne volonté que Thalyana perçut, malgré les barrières du Compagnon, les émotions et les pensées que la petite diffusait. Elle regarda autour d'elle, et plus particulièrement Fleur, qui devait avoir été touchée de plein fouet par les Dons de la fillette.
Liane, toujours très concentrée sur son rôle d'accoucheuse, ramena Thalyana au moment présent et celle-ci se mit péniblement en route. Ses jambes lui faisaient mal. Elle s'était visiblement déchiré un muscle lorsqu'elle s'était laissée tomber sur le sol. Mais grâce au soutien de Fundael, elle parvenait à marcher, à vitesse réduite néanmoins.
La petite avait vraiment des Dons prodigieux, et elle les maîtrisait plutôt bien pour une enfant de son âge. Le bébé semblait très réceptif aux chansons et aux encouragements de Liane. Une nouvelle contraction obligea Thalyana à marquer un bref temps d'arrêt. L'intervalle se raccourcissait. Le bébé semblait visiblement pressé de sortir... ou moins réticent en tout cas.
«Isibeal, tu as prévenu quelqu'un de la situation? Est-on attendue?»
Thalyana avait le sentiment que non, car personne ne semblait venir à leur rencontrer. Or, si une personne seule pouvait accoucher une femme, il fallait être au moins deux pour amener la mère et le bébé au chaud.
Soudain, sa cheville claqua et elle manqua de perdre l'équilibre. Elle regarda par terre et ne put que constater qu'elle avait marché sur un marron. Elle avait maintenant très mal et espérait que cela ne raviverait pas l'angoisse du bébé à naître.
Cachant son boitillement en s'appuyant davantage sur Fundael, elle tenta de plaisanter.
«Je n'avais jamais réalisé à quel point la Maison de Guérison est loin du Palais...»
Serrant les dents, elle posait délicatement sa jambe gauche. Il était hors de question qu'elle s'arrête pour accoucher ici.
-
Y'avait-il un pire endroit où être que celui où se trouvait Fleur à cet instant? Elle en doutait!
Et même si elle adorait se trouver face à l'inattendu, elle avait des limites. L'accouchement en était une, par exemple.
Et elle se trouvait là, une besace d'un poids considérable dans la main - mais la verte transportait des briques ou bien? - encore secouée par les ondes de Thalyanna et celles de l'enfant.
Elle suivit la marche, ne pouvant pas vraiment s'enfuir avec les affaires de l'apprentie guérisseuse, coincée dans cette situation ubuesque. Et elle vit Thalyana tomber à nouveau.
"Je... vous avez besoin d'aide?"
Puisqu'après tout, elle était embarqué dans l'aventure, autant y jouer un rôle plus actif. Raconter comment elle avait aidé Thalyana a accoucher avec une petite fille, une apprentie verte et un Compagnon serait du plus captivant en société!
-
Isibeal fut un instant perplexe devant l'air décidé de la fillette. L'apprentie ne savait pas vraiment en quoi la petite pouvait être utile au bébé, à en croire l'attitude de Thalyana, il y avait quelque chose qui échappait à sa compréhension. Un sourire naquit sur son visage qu''elle adressa à Liane en lui répondant.
- Vous aider le bébé tout les deux et moi je vous assiste cela te va ?
Marchant au rythme de la future mère qu'elle soutenait, Isibeal se retient de jeter un regard à la cinquième roue du carrosse. Il semblerait que l'information la plus importante soit rester bloquer dans le coin d'un cerveau défaillant.
- Je suis vraiment navré Thalyana ! Je n'imaginais pas que votre travail avait lieu en plein milieu des jardins ...
-
Liane sentit la douleur de Thalyana quand elle se foula la cheville. Malgré tous les efforts de la Guérisseuse pour ne pas le montrer ni le faire ressentir, l'enfant savait que la future mère avait plus encore besoin du soutien de Fundael et d'elle-même. L'éclair de douleur avait paniqué le bébé et il fallut toute son énergie à l'enfant dans le jardin pour rassurer de nouveau l'enfançon dans le ventre. Le chant de Liane se fit plus léger, plus doux. Dans son mélange de langues, elle vantait les mérites de la vie au grand air, d'être entourée de gens qui l'aimeraient, d'avoir le doux cocon des bras de sa mère... Tout ce dont Liane se souvenait de beau à l'idée d'être vivante ici bas.
"Toi tu portes. Pas toucher. Tu as mauvaises ondes." gronda-t-elle soudain vers Fleur qui tentait vainement de se rendre utile. "Tu vas chercher quelqu'un fort. Maintenant."
Pas de contestation possible. Surtout que Liane administra à Fleur l'équivalent d'un coup de cravache mentale que la noble ne put éviter.
L'enfant se reconcentra sur sa future amie. Elle reprit son chant puis, alors que l'apprentie Guérisseuse se révélait navrée pour Thalyana, Liane l'interrompit d'une voix stridente:
"Elle vient!" *
(1D20: 4 - désolée Thaly mais les contractions se rapprochent de plus en plus et tu sais que tu n'arriveras pas à la Maison de Guérison même avec de l'aide. Le bébé est très bas - déjà engagé pour sortir. Tu dois t'arrêter. Fundael, stable et d'un grand soutien moral, renforce les barrières et reste collé à toi pour te soutenir.
Le bébé a beaucoup moins peur mais l'angoisse résiduelle est collante et persiste.
Fleur - tu es calmée aussi par la chanson de Liane même si elle ne t'est pas destinée, et tu prends son coup mental en pleine face.
Isibeal - tu vois bien qu'il est trop tard pour réussir à rejoindre la Maison de Guérison. La chanson de Liane te touche aussi et tu as l'esprit très clair et calme même si c'est une situation que tu n'as jamais vécue.)
-
«Ce n'est pas de ta faute. Je n'aurais pas dû m'agiter comme ça si proche du terme. Mais je m'ennuyais tellement. Enfin... j'imagine que c'était la dernière fois avant longtemps que j'avais l'occasion de m'ennuyer.»
Avec sa cheville foulée, elle progressait péniblement. Une contraction plus forte encore que les précédentes la fit gémir. Et Liane annonça que le bébé arrivait. Thalyana le savait, elle aussi. Mais elle avait espéré, en vain, atteindre la Maison de Guérison.
C'est avec un soupir qu'elle confirma les dires de la fillette.
«Oui...»
Thalyana se laissa glisser sur le sol. Un instant, elle hésita à rester accroupie. C'était, avait-elle appris, comme cela que les femmes accouchaient avant l'essor d'une médecine populaire. Le poids du bébé le faisait naturellement descendre et la position du bassin de la mère était tout aussi bonne ainsi. Mais ce n'était pas l'idéal avec une cheville foulée.
Malgré les contractions et la douleur intense qui naissait entre ses cuisses, Thalyana ne pouvait s'empêcher de penser à de nombreuses futilités, comme sa robe qu'elle allait tacher, ou l'absence de son mari pour ce moment si important.
Dans les faits, elle sentait Kalaïd. Il n'était pas là, pas physiquement, mais elle savait qu'il avait lâché ce qu'il était en train de faire pour la soutenir mentalement. Quand elle fermait ses yeux, elle pouvait presque voir son visage et sentir ses mains calleuses et musclées sur ses bras. La douleur la traversa comme un éclair, et elle ne put que regretter d'avoir ainsi resserré le lien avec son Lié. Le pauvre Kalaïd avait dû ressentir pleinement la douleur de la jeune femme.
«Désolée, Kal...» murmura-t-elle.
Maintenant, elle devait pousser. Maintenant, elle avait besoin de la force de son mari. Elle anticipa la contraction et quand celle-ci arriva, elle poussa de toutes ses forces en hurlant.
-
- Allons Thalyana rien n'est de votre faute. Toutes les futures mères tournent en rond durant les dernières semaines avant l'accouchement. Et puis, vous n'étiez pas non plus entrer de galoper sur un cheval en direction des lignes de front.
La chanson de la fillette la toucha en plein coeur. L'inquiétude qui l'avait gagner quelques minutes auparavant semblait à présent avoir disparut. Même si la Maison de Guérison ne pourrait être atteinte à temps, Isibeal était très calme devant la situation. Elle aida sa patiente à s'installer par terre puis releva le pan de sa robe pour pour bien lui écarter les jambes.
- Pousser Thalyana, pousser.... tout va bien ce passer et bientot vous tiendrez votre enfant dans vos bras.
-
Liane sentait bien que quelque chose n'allait pas chez Thalyana mais elle ignorait ce qui la bloquait ainsi. Si elle voulait accoucher, pourquoi ne pas le faire là où elle n'aurait pas besoin de se tirer par la force? Un beau petit bosquet, un Compagnon, une Guérisseuse, voilà qui suffisait largement aux yeux de la gamine. Mais comme on ne lui demandait pas son avis, elle se contenta de continuer à chantonner.
"Pas désolée Kal..." grommela tout de même la gamine quand elle entendit le murmure, avant de reprendre sa chanson.
Elle accentua les aigus et augmenta le tempo alors que la mise bas continuait tout à fait normalement. Le rythme de la petite ballade suivait celui des contractions. Enfin la tête apparut.
Liane s'était positionnée contre le Compagnon Fundael, et proche à en toucher de Thalyana, sans lui imposer son contact... et sans avoir une vue parfaite sur le bébé qui arrivait - ce qui déjà était un peu traumatisant.
Quand les oreilles du bébé furent délivrées, Liane changea de chanson. Elle fit une petite berceuse très calme et très simple, accueillant le nouveau-né dans les bras aimants de sa mère.
[ L'accouchement se passe bien jusqu'au moment où la tête passe... Ensuite on se rend compte que le cordon gène la respiration du petit. Heureusement Isibeal parvient à l'enlever du cou avant de continuer l'accouchement. Fleur, tu te sens presque mal (à toi de voir si tu tombes dans les pommes), et Thalyana tu sens comme si Kal était subitement avec toi...]
-
Fleur se retrouva bloqué, spectatrice passive d'un accouchement plutôt... surprenant.
Elle aurait tout donné pour être à des lieues d'ici, mais ses jambes ne répondaient pas, et elle se retrouvait comme enchainée au sol, le regard vrillé sur ce que Thalyana était en train de faire. Et même si elle se disait que jamais, plus jamais elle ne laisserait Owen la toucher, on est pas trop prudent, cela réveilla quelque chose d'animal, de primaire au fond d'elle.
Quand le bébé sortit dans le hurlement de sa mère, Fleur vacilla, pensa un instant tourner de l'oeil, et finalement... vomit sur la pelouse qui n'avait pas franchement besoin de ça ne plus du reste.
Le jardinier allait être ravi!
-
Si Thalyana n'avait pas été très occupée à pousser et à mettre au monde un enfant, elle aurait ri de la situation. Elle accouchait de son premier bébé entourée d'une fillette, d'un Compagnon, d'une Guérisseuse débutante et d'une noble qui semblait être sur le point de tomber dans les pommes. Et cerise sur le gâteau, son compagnon (ou plutôt son mari depuis la fin de l'été) était quelque part à la frontière, en train de planifier comment tuer le plus d'ennemis de la manière la moins dommageable pour Valdemar.
Malgré sa situation, ou plutôt à cause de sa situation, Thalyana ne pouvait manquer de sentir l'état de la jeune noble. Entre deux contractions, le souffle court, elle interpella la jeune femme.
« Asseyez-vous!... Aïe... il n'y a personne ici pour... huh... si vous tomber dans les pommes. »
Thalyana se sentit soudain une immense douleur, puis elle ne vit plus rien. Elle sentit qu'il y avait un problème, mais elle ne parvenait plus à se concentrer. Elle perçut Isibeal s'agiter autour d'elle, mais la chanson de Liane agissait autant sur la mère que sur le bébé, et elle ne parvenait pas à s'inquiéter réellement. Dans un vague éclair de lucidité, Thalyana se dit que la petite ferait un jour une très grande Barde, du genre qu'on appelle pour apaiser et soigner.
Puis le monde autour d'elle changea. Sa douleur sembla s'alléger un peu, et elle sentit une paire de bras puissants l'enlacer, la soutenir, partager sa souffrance. Finalement, il avait pu venir, il était là! Si elle en avait eu la force, elle se serait retourné pour l'embrasser à pleine bouche. Il lui avait tant manqué!
« Kal... elle est presque là. Notre fille! »
: Courage, ma douce. :
Elle ne réalisait pas que pour toutes les autres personnes présentes, elle parlait tout seule, elle donnait l'impression de délirer.
À la contraction suivante, elle poussa plus fort encore et sentit que tout devenait plus simple.
:Je vous aime toutes les deux.:
-
Les jardiniers n'étaient pas encore présents sur les lieux du crime mais Liane si, et elle hocha la tête avec desespoir. Comment Fleur allait-elle faire pour les aider si elle vomissait à tout va et tentait de prendre l'avantage de l'attention des gens présents ? Liane soupira brièvement avant de reprendre sa petite chanson. Elle fit la grimace quand Thalyana s'occupa de Fleur plutôt que de son accouchement alors elle serra bien fort de sa petite menotte la main de la parturiente et tira vers elle pour attirer son attention. Liane continua sa petite chanson avec une note plus urgente dans la mélodie. Elle sentit qu'il se passait quelque chose du côté de la Guérisseuse mais elle ne savait pas quoi. Il y avait comme une présence supplémentaire, pas menaçante – au contraire. Mais elle ne voyait pas qui ou quoi, jusqu'à ce qu'elle entende les murmures de Thalyana. L'accouchement sembla se simplifier. La tête du bébé mit un peu de temps à sortir mais cela laissa tout le temps à l'apprentie Guérisseuse de faire sa part du travail d'accueil du bébé dans le monde. Elle était prête quand, dans une ultime contraction, elle recueillit le corps entier du bébé dans ses mains. Immédiatement elle ausculta la petite chose vagissante (pas besoin de tape sur le derrière, les poumons étaient bien développés tous seuls) et avec un grand sourire vint déposer le butin dans les bras de Thalyana.
« Félicitation, c'est une jolie petite fille. As-tu déjà un nom pour ta petite ? »
« Oh oui oui ! » s'enthousiasma Liane, ne saisissant pas vraiment que ce moment ne la regardait plus. Elle avait arrêté de chanter et elle dévorait des yeux le nourrisson tout rouge et sale. Elle avait aidé à donner naissance à cette chose... qu'elle captait à peine mentalement. C'était très étrange et Liane était un peu perdue.
« Son nom, comme ça elle pense aussi. » exigea la plus grande des deux gamines du coin.
[Des contractions reprennent, et bientôt tout le placenta est hors de Thalyana, et les guérisseurs accourent, un peu en retard.
Thalyana, tu sens que Kal est toujours « 'avec » toi et qu'il sent son enfant où qu'il soit.]
-
Il n'y avait bien que Liane, dans sa candeur d'enfant, pour penser que Fleur pourrait être d'une quelconque aide.
Aussi, quand Thalyana conseilla à la jeune femme de s'assoir, celle-ci obéit sans discuter, ayant juste la présence d'esprit de ne pas s'assoir dans son vomi. Il faut dire que la chanson de Liane la plongeait également dans un état second.
Mais ça rendait fou, d'accoucher! Non seulement c'était douloureux, et laid, mais en plus la future maman délirait sévèrement en parlant à quelqu'un qui n'était, de toute évidence, pas ici.
Et enfin, le bébé fut là, rose, gluant vagissant, et Fleur eut clairement un mouvement de recul. Pourquoi tout cet enthousiasme, bon sang?
Elle prit appui sur un arbre pour se lever, et chercha une bonne façon de s'éclipser. Elle détacha sa cape et la tendit à la parturiente en balbutiant:
"Le bébé doit avoir froid, non?"
C'était énorme, pour Fleur, de se dessaisir d'un vêtement!
"Je... je pense que je vais y aller, sauf si vous avez besoin d'autre chose?"
Le ton suppliant relevait nettement qu'elle préférerai tout sauf de rester.
-
Thalyana était épuisée maintenant. Mais en Guérisseuse, elle savait que ce n'était pas encore fini. Les contractions ne lui laissèrent que quelques instants de répit avant de reprendre. Le placenta fut expulsé sans peine et la toute jeune mère put enfin souffler un peu.
Elle avait la tête qui tournait, et étrangement, elle avait faim. Elle entendait à présent sa fille vagir, et Liane qui la pressait de question sur le nom de l'enfant. Elle sentait aussi au loin l'approbation et la joie de Kalaïd.
«Amalia...»
À peine avait-elle répondu que la jeune noble se précipitait sur elle en lui tendant un vêtement pour couvrir le bébé. Thalyana fut surprise que Fleur ait fait preuve d'une telle présence d'esprit et elle fut aussi touchée par le geste de la jeune femme.
«Vous êtes certaine? Merci.»
Elle put emmailloter le bébé dans la cape, en prenant garde au cordon qu'elle n'avait pas encore pu couper.
Enfin, d'autres Guérisseurs arrivèrent. Trois plus précisément: deux pour soutenir la mère et un pour le bébé. Ils s'occupèrent de couper le cordon ombilical et contrôlèrent que Thalyana ne saignait pas de manière inquiétante. Rassurés par la condition de la mère et de l'enfant, ils firent signe à Isibeal (et à Fleur) que tout allait bien. Ils entreprirent ensuite de ramener Thalyana à la Maison de Guérison. Les deux Guérisseurs les plus forts firent la chaise pour la jeune femme et celle-ci se hissa sur leurs mains jointes avec l'aide du troisième.
Alors qu'ils se mettaient en route, Thalyana s'adressa à Liane.
«Merci Liane. Un jour, tu seras une grande Guérisseuse.» *ou Barde, c'est selon.*
Le trajet qui avait semblé interminable peu de temps auparavant se déroula très rapidement et la jeune Guérisseuse se laissa coucher avec reconnaissance, fatiguée, mais heureuse du travail accompli.
[Je clos là ou vous voulez encore répondre?]
-
C'est en voyant Thalyana langer son bébé luisant de fluides divers et variés que Fleur se rendit compte de ce qu'elle avait fait en prêtant sa cape. Ou en la donnant d'ailleurs, car pour rien au monde elle ne la porterai à nouveau!
"Bonté divine, merci, du monde!"
Fleur lâcha cette remarque en soupirant de soulagement quand la cavalerie verte débarqua. Elle n'aurait pas pu partir sereinement dans être certaine que la guérisseuse était correctement prise en charge, malgré tout.
L'image de la jeune maman resterai à jamais gravé dans son esprit.
Elle ne prit pas le temps de faire des adieux protocolaires et s'enfuit rejoindre Owen, à qui elle pourrait faire un récit de ses folles aventures.
-
Le compliment de Thalyana toucha Liane au coeur, qui lui décerna un immense sourire édenté. Puis, voyant que mère et enfançon étaient pris en charge par des gens plus compétents que Fleur, elle s'éclipsa tout simplement. Un instant là, l'autre enfuie vers d'autres aventures. Elle s'était bien amusée, et elle irait veiller sur tout ce beau monde une fois qu'ils seraient installés à l'abris. Pour le moment, il fallait qu'elle aille tout raconter à Pluiechantante.
Une fois les "invités" partis, Thalyana fut totalement prise en charge par la Maison des Guérisseurs. L'enfant était en parfaite santé, et la Guérisseuse n'avait pas de complications. Tout allait bien dans le meilleur des mondes... au moins pour ce jour-là.
RP CLOS