Serrée ainsi dans les bras de Kalaïd, Thalyana vivait ses émotions comme les siennes. Ce qui la fit fortement rougir, très fortement. Ce qu'elle ressentait la chamboulait énormément. Elle n'avait jamais expérimenté ce genre de choses. Elle était bien plus habituée à ressentir la souffrance que le bonheur. Ou que la passion, d'ailleurs. Et, en jeune fille plutôt innocente, elle ne savait comment réagir à cela. Elle était parfaitement au fait de l'aspect théorique, après tout, elle était Guérisseuse, elle savait donc ce qu'il était censé se passer entrer homme et femme. Mais passer à la pratique... elle n'était pas sûre d'être prête. Surtout ici, loin de chez elle.
Elle chassa ses craintes et profita de l'instant présent. Mais d'autres doutes vinrent l’assaillir, et d'un genre bien différent.
" Je réalise... eh bien, je ne sais rien de toi. Tu pourrais être déjà marié, avoir déjà un ou deux enfants. Tu pourrais tout aussi bien repartir après avoir rempli ton contrat avec mon pays. Je crois que tu viens d'ici, non? "
Thalyana était fleur bleue, sans conteste, mais elle savait aussi que l'amour n'était pas forcément une chose simple. Ce qu'elle savait de Kalaïd tiendrait sur le dos de sa main. Et encore, il resterait de la place.
Elle voudrait pouvoir lui donner son entière confiance. Mais pour cela, elle devait quand même en savoir un minimum.
Mais elle se dit qu'il n'était peut-être pas évident pour lui de commencer à parler, alors elle se lança.
" Moi, tu vois, avant ce voyage, j'avais jamais quitté Valdemar. Je sus née quelque part dans un tout petit village de bûcheron. Mon père en était un guerrier, ma mère une fille du coin. Lui a essayé de m'apprendre le combat. Et si j'aimais bien l'aspect technique, j'étais incapable d'appliquer ce que je savais, de peur de blesser les autres. Ma mère m'a donc enseignée ce qu'elle pouvait, c'est-à-dire comment être une épouse parfaite. Je n'étais pas non plus très douée. Finalement, c'est le soigneur du village qui m'a prise sous son aile. Et avec lui j'ai appris à soigner. Enfin, je croyais. Puis à sa mort je suis venue à Haven pour appendre correctement à soigner. C'est là que j'ai appris que j'avais un Don, en fait deux. L'Empathie, et la Guérison par l'Esprit. Avant, je croyais juste être folle, à ressentir ce que les gens éprouvaient, que c'était dans ma tête... Enfin, j'ai été prise pour la mission, et me voilà. Et je suis venue ici car le Hardornien est la langue que j'ai choisi d'apprendre au Collégium. Voilà."
Elle savait que sa vie n'avait rien de spectaculaire. Mais elle espérait l'avoir mis en confiance en racontant - brièvement - sa courte existence.